Je ne saurais classer de manière objective cette BD. Elle s'apparente à une série jeunesse, elle en partage de nombreux critères : le graphisme qui est tout mignon et tout en couleurs pastels, l'héroïne qui doit avoir moins de 10 ans, les personnages secondaires également mignons comme dans les contes pour enfants, et des protagonistes qui s'y expriment parfois comme des gamins qui s'inventeraient une histoire. Et pourtant j'ai été emporté par le récit, comme par une belle histoire qui remue des souvenirs d'enfance, des instincts ludiques et des rêves d'aventures où on joue à se faire peur.
Parle-t-elle davantage aux enfants ou plutôt aux adultes ?
Je n'en sais rien mais toujours est-il que j'ai été charmé.
C'est une longue aventure où il se passe beaucoup de choses. Cela commence comme un Voyage de Chihiro avec une jeune fille qui traverse un tunnel qui l'amène dans un monde de fantasy et puis cela continue comme dans un rêve ou plutôt comme dans une histoire qu'un parent raconterait à son enfant le soir puis que l'enfant guiderait lui-même pour l'amener là où ça lui fait plaisir. Elle est parsemée de petits éléments loufoques, à la manière de ces vermeilles, des petits poneys arc-en-ciel gourmands, insouciants et têtus, ou de ce jeu des Petits Chevaux grandeur réelle façon Alice au pays des Merveilles, mais aussi d'éléments plus cruels comme cette mère emprisonnée ou ce chat tyran qui griffe jusqu'au sang des enfants. Il y a de l'humour, un peu de frayeur, de l'aventure pas très sérieuse et d'autres fois de vrais dangers. C'est un beau melting-pot complètement dépaysant, entraînant comme une grande aventure qu'on prend plaisir à vivre et emplie aussi d'une jolie part de poésie, surtout sur la fin.
Pour une fois, je suis d'accord avec un prix d'Angoulême de ces dernières années ! Cet album là est vraiment chouette, et clairement pas destiné uniquement à la jeunesse.
Un titre énigmatique pour un manga culte.
Gunnm est pour moi l'énième démonstration de la suprématie des Japonais dans le genre du cyberpunk. Les chefs-d’œuvre sont légions : Ergo Proxy, Ghost in the Shell, Tehnolyze, Serial Experiment Lain, et bien évidemment l'indétrônable Akira.
Parue à la toute fin du siècle dernier, c'est l'une des premières séries nippones à s'être exportée avec succès en Occident : en parallèle avec Dragon Ball par exemple, on peut dire sans trop se tromper qu'elle a contribué à démocratiser le manga, et on ne lui en saurait trop gré !
Dans cette dystopie la Terre n'est plus qu'un immense no man's land infâme, dévasté par quelque catastrophe naturelle (il me semble) qui a laissé une population humaine affaiblie et misérable, qui en est réduit à survivre et vivoter dans des conditions miteuses et précaires comme de vulgaires ilotes. Au dessus de cet océan ininterrompu de déchéance, flotte Zalem, une sorte de cité mystérieuse et inaccessible , à la forme d'une toupie, ou d'autres humains vivent sans contact avec ceux d'en bas. Deux mondes qui se regardent sans se côtoyer : l'un avec envie et émerveillement, l'autre avec morgue et dédain. En haut l'élite technocratique aisée, en bas le lumpenprolétariat. Vraiment pas réjouissant...
A kuzuetsu, l'une des innombrables favelas du monde d'en bas, un cybernéticien va trouver dans une décharge le corps mutilé d'une cyborg. Il va la réparer entièrement , lui donner un nom et la prendre sous son aile comme sa propre fille. cependant Gally, puisque c'est ainsi qu'elle s'appelle désormais, se questionne sur elle même, sur son passé, et les circonstances impromptues vont l'amener à partir loin, dans une quête existentielle et identitaire.
Derrière cette superbe série se dessine en filigrane une subtile critique sociale et écologiste ou se mélangent pêle-mêle les inégalités, le darwinisme social et le struggle for life. Une satire, un miroir ou se reflètent toutes les tares de notre société contemporaine, ou les plus riches, les happy few, pètent dans la soie, dégradent l'environnement pour maintenir leur niveau de vie tout en abandonnant les plus pauvres dans leur fange où la pègre règne en shérif et ou le chaos et la violence sont le pain quotidien. D'ailleurs le sport favori à Kuzuetsu est emblématique de cette violence : le motorball, ou les cyborgs s'affrontent dans des joutes impitoyables et sanglantes sur des patins à roulettes.
L'intrigue est captivante, suffisamment rythmée pour que l'ennui ne pointe pas le bout de son nez même s'il y a quelques trous d'air , en particulier vers les tomes du milieu quand Gally s'aventure au dehors de la décharge. L'auteur arrive à insuffler un dynamisme qui s'exprime dans les scènes de combat, dans la violence graphique, toujours impressionnante mais jamais gratuite, dans les dessins vivants et les visages si expressifs, humains comme cyborgs.
Le dernier tome est génial et reste mon préféré d'entre tous : tout prend enfin sens, tous les fils du scénario se dénouent et les révélations s'enchaînent les unes après les autres : on se prend une succession d'uppercuts comme un boxeur groggy sur le ring. Magistral.
Un vrai coup de coeur pour ce manga, je suis tombé amoureux de cette androïde féminine (et féministe), cette femme à poigne à la recherche de son identité et de son humanité, qui grandira et avancera dans sa quête à chaque épreuve que le destin dressera devant elle.
Japanese cyberpunk is the fuck..g shit !
Philippe Pelaez est un passionné de cinéma et des classiques de la littérature anglaise notamment et cela se ressent dans cette série.
Il mêle habilement plusieurs personnages de la littérature : Zaroff, Shelley, Moreau... et construit finement une intrigue qui se dévoile juste assez pour nous faire attendre impatiemment la suite. Il sait en plus doser les rebondissements et les révélations.
Le dessin de Carlos Puerta rend très bien l'ambiance qui se dégage de l'histoire même si j'ai toujours un peu de mal avec les visages sur ce type d'illustration mais il faut reconnaître que même à ce niveau la qualité et la précision sont incroyables.
A voir sur les trois tomes mais c'est peut-être un futur classique
BAM ! C'te claque ! Ça c'est LA BD qui m'aura marqué cet été !
C'est en allant trainer chez mon libraire pour récupérer une commande que j'ai été attiré par cette couverture intrigante et un petit papillon "coup de coeur"... Feuilletage rapide et là, WOW !, rien que certaines planches m'ont fait ouvrir les yeux bieeeen grands ! Allez je prends ! Et j'ai bien fait !
Alors oui au début on comprend pas grand chose à ce qui se trame avec cette intro en flash back dans la jeunesse de notre future héroïne... Encore moins quand apparaît notre fameuse Karmen dans l'appartement où vient de se tailler les veines notre Catalina... Mais on se fait très rapidement happer par ce qu'on croit être un bad trip tant le dessin et la narration de Guillem March sont envoûtants. Son trait maîtrisé, sa colorisation un brin surannée dans les tons pastels roses, ses découpages et surtout ses cadrages... WOW !!! C'est juste hallucinant ! Et cette maîtrise de l'anatomie sous toutes ses coutures ! Impressionnant !
Mais sorti de ces qualités graphiques, Guillem March nous propose également une petite réflexion assez intéressante et bien amenée sur nos petites vies, nos sentiments, nos relations avec nos proches et bien sûr la mort. Tout cela est amené intelligemment, sans que cela soit trop lourd ni pesant. Ajoutez à cela un "personnage" original en la ville de Majorque qui sert de décor omniprésent au récit permettant à l'auteur de rendre un hommage assez vibrant à sa ville et vous obtenez ce petit bijou dont j'ai failli rater la lecture pour n'avoir pas entendu parler de cet album alors qu'il aurait mérité davantage.
A découvrir !
(4.5/5)
Une série dont le héros est un chercheur d'objets non pas d'art mais avec soit un pouvoir magique soit une symbolique historique. Ils ont tous un point commun, ils ont appartenu à un grand chef guerrier ou un homme de pouvoir.
Notre héros parcourt le monde avec une avidité sans borne pour retrouver ces objets.
J'ai lu l'intégrale qui se compose de 5 aventures, le scénario est toujours construit sur le même schéma avec à chaque fois un continent différent et un objet recherché qui possède un pouvoir spécifique.
Ces aventures situées aux quatre coins du monde avec un héros qui se déplace sans arrêt m'ont rappelé Corto Maltese mais la comparaison s'arrête là, leurs personnalités sont complètement différentes.
Le dessin en noir et blanc est juste incroyable, une précision des traits, des décors avec des perspectives qui vous donnent envie de voyager, la plupart des planches pourraient servir de couverture.
La représentation des personnages est proche du portrait y compris pour les personnages secondaires, les panoramas de montagnes sont tous travaillés avec des détails qui démontrent le talent et le travail de TOPPI.
Pour le dessin en noir et blanc cette bd est une référence.
Toppi est un auteur qui à chaque lecture m'a enchanté, pour l'ambiance avec Blues pour le scénario avec Sharaz-De et maintenant " Le collectionneur " pour le dessin.
Brüno étant l’un de mes dessinateurs préférés, mon attention a logiquement été attirée lorsque je suis tombé sur cet album. Mon intérêt s’est retrouvé grandement renforcé quand j’ai réalisé que l’album parlait du même Chris Kyle qu’« American Sniper » de Clint Eastwood. En 2014, j’avais déjà bien aimé le film, malgré le biais ultra patriotique - à l’américaine - choisi par ce cher Clint. Quand j’ai compris que Fabien Nury avait opté pour un documentaire, je n’ai plus hésité une seule seconde.
Je précise encore avoir lu l’édition en noir et blanc. Après avoir feuilleté la version couleur, je ne regrette pas mon choix. Les couleurs n’apportent en effet pas grand-chose et atténuent selon moi la puissance de certaines planches. Graphiquement, les amateurs de Brüno voyageront en terres connues. Épurés, nets et tranchants, les dessins sont une réussite. Ces caractéristiques sont encore renforcées par la version B&W, ce d’autant plus que les planches sont plus grandes. Everything is bigger in Texas !
Le scénario est linéaire, mais rappelons qu’il s’agit ici d’un documentaire. Une temporalité classique est donc non seulement prévisible, mais adaptée et bienvenue. Ici et là, j’ai lu plusieurs critiques qui comparaient cet album à la série Tyler Cross, autre œuvre des mêmes auteurs. Autant le dire tout de suite, ces deux histoires n’ont rien en commun, ce qui est tout à fait normal. Tyler Cross est une fiction policière façon gangster, alors que « L’Homme qui tua Chris Kyle » relate des faits réels, avec tout ce que cela implique en terme de narration. Le suspense ne disparaît pas pour autant, surtout dans le chapitre qui traite d’Eddie Ray Routh.
Nul besoin d’avoir vu le film pour comprendre et apprécier ce beau one shot. Toutefois, la lecture me paraît bien plus intéressante après l’avoir regardé. La différence de point de vue est frappante, même si prévisible. Nury et Brüno remettent l’église au milieu du village. Ils livrent sans doute ici l’histoire de Chris Kyle que Clint Eastwood aurait racontée, s’il n’était pas un américain made in Hollywood et républicain de surcroît. Si le ton reste neutre, le lecteur restera perplexe devant ce patriotisme primaire teinté de religion, cet amour irrationnel pour les armes et ce capitalisme à tout épreuve. Les interviews télévisées sont particulièrement inquiétantes… merci Fox news… Dieu pourtant sait si j’aime ce magnifique pays que sont les États-Unis.
Contrairement au film, l’album couvre un spectre beaucoup plus large, puisqu’au contexte et à la vie de Chris Kyle s’ajoute le parcours de son meurtrier et l’exploitation de sa mort par son épouse, qui semble encore plus dangereuse que son défunt mari car moins primaire.
« L’Homme qui tua Chris Kyle » est un bel album et une très bonne lecture que je recommande chaudement.
Composé d'histoires courtes ayant pour fil rouge un bar sordide dans une Amérique latine de début XXième siècle, Far South ravira à coup sur les amateurs de polar violent façon Sin City ou Torpedo auquel l'éditeur fait également référence.
Ce mélange inédit de western sauce tortilla et de trafic de grappa met en scène une multitude de personnages récurrents aux trognes patibulaires. Qu'il s'agisse de la blonde mafieuse n'hésitant pas à payer de sa (jolie) personne pour commanditer quelques exactions peu catholiques, d'un duo de tueurs à l'humour sarcastique et à la gachette facile ou d'une armoire à glace increvable, les chapitres commencent toujours dans le tripo de Montoya pour généralement dans un bain de sang.
Rodolfo Santullo tisse ainsi un univers noir sur base de flashbacks et de légendes urbaines avec le redoutable tueur mystérieux Carpincho Lopez. La sauce prend ainsi forme avec un final assez dantesque et choral plutôt inattendu mais réjouissant.
Tout cela ne pourrait être qu'un joli divertissement pour adultes mais le trait de Leandro Fernandez déjà aperçu dans Northlanders ou The Old Guard décuple doublement le plaisir en rappelant celui de Risso dont il fut le disciple. Chaque chapitre possède également sa propre colorimétrie dans une bichromie vraiment jolie.
Petit divertissement malin ou grosse claque graphique, Far South remplit brillamment toutes les cases de son contrat et ne devrait pas passer si inaperçu pour les amateurs de polar un rien provocateur... Une bien bonne pioche.
J’ai farfouillé à la librairie, au coin BD et … j’ai découvert « Notre part des ténèbres ». Et je peux vous l’annoncer haut et fort, cet album m’a procuré un intense moment jubilatoire. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas trouvé autant de plaisir à lire une bande dessinée. Le dessin est juste magnifique et le scénario captivant. Je suis très enthousiaste pour cet album qui mérite de sortir de l’anonymat.
En cas de conflit social, il y a un lieu commun dont le patronat use et abuse… nous sommes tous dans le même bateau, scellant théoriquement l’alliance entre patrons et ouvriers dans la difficulté, dans la tempête. Passée cette déclaration rituelle vient l’annonce de l’arrêt de la production, la fermeture d’unités, la liste des licenciements, cyniquement appelés plan de sauvegarde de l’emploi !
Dans « Notre part des ténèbres », le personnel de Mondial laser, vendu à un fond spéculatif, délocalisé, vidé de ses salariés et de ses machines, décide de donner corps aux métaphores maritimes des dirigeants et des actionnaires réunis sur un navire de luxe pour célébrer le jour de l’an et les bénéfices records de l’année. C’est alors un jeu de cache-cache qui commence.
Au cœur d’un cauchemar polaire, par force 10 avec des creux de dix mètres, ce n’est pas la nef des fous, mais la nef du capitalisme qui fait naufrage. S’ils sont tous dans le même bateau, pour une fois, ceux qui seront épargnés ne seront pas ceux qui d’ordinaire attendent leur salut du dieu Profit.
Pour résumer, nous sommes sur un thriller social politique entre le loup de Wall Street et Titanic. C’est évidemment séduisant et cela m’a harponné tout le long de ma lecture.
Je recommande vivement cet album.
Enfin, sort en langue française l'adaptation en manga d'un des meilleurs light novels jamais créés ! Habituellement, je ne suis pas du genre à mettre 5 étoiles à une série qui vient de sortir, particulièrement pour les longs mangas, j'attends au moins qu'une dizaine de tomes soient disponibles, mais là Konosuba est l'exception à la règle avec Iruma-Kun qui va sortir à la rentrée. Oh joie cette année ne sera pas totalement merdique !
J'ai découvert la franchise avec la première saison de l'anime. Au début, j'ai regardé par curiosité et sans grande conviction et puis au fil des épisodes je suis complètement tombé amoureux de cet univers. J'ai alors recherché le light novel sur internet et aussi les différents mangas et spin-off de la série dont celui-ci, qui adapte bien la série mère. J'ai ensuite écouté avec plaisir la seconde saison et aussi le film qui est un des meilleurs films d'animation que j'ai vus ! D'ailleurs, le scénariste de Pulp Fiction adore le film donc ça prouve que j'ai bon goût !
De quoi parle Konosuba ? Et ben un jour un jeune Japonais meurt et va se réincarner dans un univers de fantasy rpg et il va sauver le monde. En gros, l'intrigue la plus banale depuis une dizaine d'années au Japon, où on retrouve ce schéma dans des centaines de séries à travers différents médiums. En plus, le gars il se retrouve entouré de belles filles, que c'est cliché tout ça !
Sauf que la série est avant tout une comédie et tourne les clichés du genre en ridicule. Ainsi, Kazuma, le héros, est très loin du modèle style du jeune héros japonais valeureux et chaste. C'est un pervers qui agit souvent comme un gros con, même s'il a bon cœur par moment, et les filles qui l'entourent sont vraiment les pires compagnons qu'on puisse imaginer. Par exemple, Megumin la mage est très bonne avec un sort d'explosion et c'est le seul truc qu'elle sait faire, et en plus elle ne peut jeter le sort d'une fois par jour ! Il y a de l'originalité dans le scénario, les situations sont imprévisibles et le scénario est vite prenant.
Même si c'est avant tout une comédie, il y a tout de même des moments sérieux et des scènes d'action, comme dans toute bonne fantasy qui se respecte. Les personnages vont se développer au fil des tomes et ne sont pas juste là pour faire les mêmes blagues encore et encore comme c'est le cas avec certaines séries japonaises. On n'hésite pas à aller à l'encontre de certains clichés. Par exemple, Kazuma est entouré principalement par trois femmes, Aqua, Darkness et Megumin. Si les deux dernières vont développer des sentiments amoureux pour lui, cela prend plus de temps qu'avec un manga harem normal où parfois les filles tombent amoureuses du héros juste parce qu'il a été gentil avec elles ou parce qu'il les a sauvées d'une situation dangereuse. Pour ce qui est d'Aqua, alors qu'elle a le rôle désigné de la fille qui passe son temps à détester le héros alors que dans le fond elle l'aime, et ben ici ils vont juste rester des amis.
J'ai lu les 8 premiers tomes de ce manga (la traduction est un peu en retard) et c'est vraiment fidèle à la série. L'humour est excellent et se renouvelle bien, il y a de l'imagination, notamment au niveau des ennemis et la manière dont le groupe les bat. Le dessin est bon, bien mieux que certaines adaptations de light novels qui ont un dessin vraiment moyen. Bref, j'adore cet univers, les personnages sont attachants malgré leurs défauts, et c'est une de mes séries cultes que je suis content de partager sur ce site !
Je découvre avec cet album la maison d’édition, et cet auteur roumain, dont le travail – graphique en particulier – mérite indéniablement d’être connu et reconnu.
C’est en effet ce qui saute aux yeux dès qu’on ouvre l’album (et ce qui me l’a fait acheter – j’allais dire les yeux fermés, mais ce serait plutôt les yeux écarquillés !) : j’ai vraiment trouvé très beau l’univers créé par Andrei Puica !
Un univers qui fait la part belle à l’onirisme, à un fantastique merveilleux, tout en développant en parallèle un monde quasi post apocalyptique, une cité dans l’espace sans ancrage (géographique, sidéral ou temporel), sur laquelle une sourde fatalité oppresse quelques rares survivants.
Et ce qui magnifie vraiment ce dessin et cet univers, c’est la colorisation, qui joue sur toutes les nuances du mauve, du violet, en allant parfois vers des verts pâles.
Un univers noir et lumineux à la fois, d’une grande beauté, très géométrique (quelque chose des décors d’Escher parfois).
L’histoire est, elle, moins facile à appréhender, et surtout à résumer. Certains aspects la font pencher vers un public jeune, mais en fait ce n’est pas vraiment le public cible. Car il y a, par-delà la poésie de l’ensemble (un peu du "Roi et l’oiseau" de Prévert et Grimault, dans certaines séquences – les décors, un peu la colorisation, mais aussi l’omniprésence de plumes m’y ont fait penser), un conte philosophique qui se révèle plus difficile d’accès et ne livre pas facilement tous ses secrets. Mais peu importe, je me suis laissé porter par le courant, sans chercher à le remonter pour en trouver la source. Mais c’est clair que l’intrigue peut rebuter certains lecteurs.
Une chouette découverte, achat d’impulsion que je ne regrette pas.
Note réelle 3,5/5.
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Les Vermeilles
Je ne saurais classer de manière objective cette BD. Elle s'apparente à une série jeunesse, elle en partage de nombreux critères : le graphisme qui est tout mignon et tout en couleurs pastels, l'héroïne qui doit avoir moins de 10 ans, les personnages secondaires également mignons comme dans les contes pour enfants, et des protagonistes qui s'y expriment parfois comme des gamins qui s'inventeraient une histoire. Et pourtant j'ai été emporté par le récit, comme par une belle histoire qui remue des souvenirs d'enfance, des instincts ludiques et des rêves d'aventures où on joue à se faire peur. Parle-t-elle davantage aux enfants ou plutôt aux adultes ? Je n'en sais rien mais toujours est-il que j'ai été charmé. C'est une longue aventure où il se passe beaucoup de choses. Cela commence comme un Voyage de Chihiro avec une jeune fille qui traverse un tunnel qui l'amène dans un monde de fantasy et puis cela continue comme dans un rêve ou plutôt comme dans une histoire qu'un parent raconterait à son enfant le soir puis que l'enfant guiderait lui-même pour l'amener là où ça lui fait plaisir. Elle est parsemée de petits éléments loufoques, à la manière de ces vermeilles, des petits poneys arc-en-ciel gourmands, insouciants et têtus, ou de ce jeu des Petits Chevaux grandeur réelle façon Alice au pays des Merveilles, mais aussi d'éléments plus cruels comme cette mère emprisonnée ou ce chat tyran qui griffe jusqu'au sang des enfants. Il y a de l'humour, un peu de frayeur, de l'aventure pas très sérieuse et d'autres fois de vrais dangers. C'est un beau melting-pot complètement dépaysant, entraînant comme une grande aventure qu'on prend plaisir à vivre et emplie aussi d'une jolie part de poésie, surtout sur la fin. Pour une fois, je suis d'accord avec un prix d'Angoulême de ces dernières années ! Cet album là est vraiment chouette, et clairement pas destiné uniquement à la jeunesse.
Gunnm
Un titre énigmatique pour un manga culte. Gunnm est pour moi l'énième démonstration de la suprématie des Japonais dans le genre du cyberpunk. Les chefs-d’œuvre sont légions : Ergo Proxy, Ghost in the Shell, Tehnolyze, Serial Experiment Lain, et bien évidemment l'indétrônable Akira. Parue à la toute fin du siècle dernier, c'est l'une des premières séries nippones à s'être exportée avec succès en Occident : en parallèle avec Dragon Ball par exemple, on peut dire sans trop se tromper qu'elle a contribué à démocratiser le manga, et on ne lui en saurait trop gré ! Dans cette dystopie la Terre n'est plus qu'un immense no man's land infâme, dévasté par quelque catastrophe naturelle (il me semble) qui a laissé une population humaine affaiblie et misérable, qui en est réduit à survivre et vivoter dans des conditions miteuses et précaires comme de vulgaires ilotes. Au dessus de cet océan ininterrompu de déchéance, flotte Zalem, une sorte de cité mystérieuse et inaccessible , à la forme d'une toupie, ou d'autres humains vivent sans contact avec ceux d'en bas. Deux mondes qui se regardent sans se côtoyer : l'un avec envie et émerveillement, l'autre avec morgue et dédain. En haut l'élite technocratique aisée, en bas le lumpenprolétariat. Vraiment pas réjouissant... A kuzuetsu, l'une des innombrables favelas du monde d'en bas, un cybernéticien va trouver dans une décharge le corps mutilé d'une cyborg. Il va la réparer entièrement , lui donner un nom et la prendre sous son aile comme sa propre fille. cependant Gally, puisque c'est ainsi qu'elle s'appelle désormais, se questionne sur elle même, sur son passé, et les circonstances impromptues vont l'amener à partir loin, dans une quête existentielle et identitaire. Derrière cette superbe série se dessine en filigrane une subtile critique sociale et écologiste ou se mélangent pêle-mêle les inégalités, le darwinisme social et le struggle for life. Une satire, un miroir ou se reflètent toutes les tares de notre société contemporaine, ou les plus riches, les happy few, pètent dans la soie, dégradent l'environnement pour maintenir leur niveau de vie tout en abandonnant les plus pauvres dans leur fange où la pègre règne en shérif et ou le chaos et la violence sont le pain quotidien. D'ailleurs le sport favori à Kuzuetsu est emblématique de cette violence : le motorball, ou les cyborgs s'affrontent dans des joutes impitoyables et sanglantes sur des patins à roulettes. L'intrigue est captivante, suffisamment rythmée pour que l'ennui ne pointe pas le bout de son nez même s'il y a quelques trous d'air , en particulier vers les tomes du milieu quand Gally s'aventure au dehors de la décharge. L'auteur arrive à insuffler un dynamisme qui s'exprime dans les scènes de combat, dans la violence graphique, toujours impressionnante mais jamais gratuite, dans les dessins vivants et les visages si expressifs, humains comme cyborgs. Le dernier tome est génial et reste mon préféré d'entre tous : tout prend enfin sens, tous les fils du scénario se dénouent et les révélations s'enchaînent les unes après les autres : on se prend une succession d'uppercuts comme un boxeur groggy sur le ring. Magistral. Un vrai coup de coeur pour ce manga, je suis tombé amoureux de cette androïde féminine (et féministe), cette femme à poigne à la recherche de son identité et de son humanité, qui grandira et avancera dans sa quête à chaque épreuve que le destin dressera devant elle. Japanese cyberpunk is the fuck..g shit !
Maudit sois-tu
Philippe Pelaez est un passionné de cinéma et des classiques de la littérature anglaise notamment et cela se ressent dans cette série. Il mêle habilement plusieurs personnages de la littérature : Zaroff, Shelley, Moreau... et construit finement une intrigue qui se dévoile juste assez pour nous faire attendre impatiemment la suite. Il sait en plus doser les rebondissements et les révélations. Le dessin de Carlos Puerta rend très bien l'ambiance qui se dégage de l'histoire même si j'ai toujours un peu de mal avec les visages sur ce type d'illustration mais il faut reconnaître que même à ce niveau la qualité et la précision sont incroyables. A voir sur les trois tomes mais c'est peut-être un futur classique
Karmen
BAM ! C'te claque ! Ça c'est LA BD qui m'aura marqué cet été ! C'est en allant trainer chez mon libraire pour récupérer une commande que j'ai été attiré par cette couverture intrigante et un petit papillon "coup de coeur"... Feuilletage rapide et là, WOW !, rien que certaines planches m'ont fait ouvrir les yeux bieeeen grands ! Allez je prends ! Et j'ai bien fait ! Alors oui au début on comprend pas grand chose à ce qui se trame avec cette intro en flash back dans la jeunesse de notre future héroïne... Encore moins quand apparaît notre fameuse Karmen dans l'appartement où vient de se tailler les veines notre Catalina... Mais on se fait très rapidement happer par ce qu'on croit être un bad trip tant le dessin et la narration de Guillem March sont envoûtants. Son trait maîtrisé, sa colorisation un brin surannée dans les tons pastels roses, ses découpages et surtout ses cadrages... WOW !!! C'est juste hallucinant ! Et cette maîtrise de l'anatomie sous toutes ses coutures ! Impressionnant ! Mais sorti de ces qualités graphiques, Guillem March nous propose également une petite réflexion assez intéressante et bien amenée sur nos petites vies, nos sentiments, nos relations avec nos proches et bien sûr la mort. Tout cela est amené intelligemment, sans que cela soit trop lourd ni pesant. Ajoutez à cela un "personnage" original en la ville de Majorque qui sert de décor omniprésent au récit permettant à l'auteur de rendre un hommage assez vibrant à sa ville et vous obtenez ce petit bijou dont j'ai failli rater la lecture pour n'avoir pas entendu parler de cet album alors qu'il aurait mérité davantage. A découvrir ! (4.5/5)
Le Collectionneur
Une série dont le héros est un chercheur d'objets non pas d'art mais avec soit un pouvoir magique soit une symbolique historique. Ils ont tous un point commun, ils ont appartenu à un grand chef guerrier ou un homme de pouvoir. Notre héros parcourt le monde avec une avidité sans borne pour retrouver ces objets. J'ai lu l'intégrale qui se compose de 5 aventures, le scénario est toujours construit sur le même schéma avec à chaque fois un continent différent et un objet recherché qui possède un pouvoir spécifique. Ces aventures situées aux quatre coins du monde avec un héros qui se déplace sans arrêt m'ont rappelé Corto Maltese mais la comparaison s'arrête là, leurs personnalités sont complètement différentes. Le dessin en noir et blanc est juste incroyable, une précision des traits, des décors avec des perspectives qui vous donnent envie de voyager, la plupart des planches pourraient servir de couverture. La représentation des personnages est proche du portrait y compris pour les personnages secondaires, les panoramas de montagnes sont tous travaillés avec des détails qui démontrent le talent et le travail de TOPPI. Pour le dessin en noir et blanc cette bd est une référence. Toppi est un auteur qui à chaque lecture m'a enchanté, pour l'ambiance avec Blues pour le scénario avec Sharaz-De et maintenant " Le collectionneur " pour le dessin.
L'Homme qui tua Chris Kyle
Brüno étant l’un de mes dessinateurs préférés, mon attention a logiquement été attirée lorsque je suis tombé sur cet album. Mon intérêt s’est retrouvé grandement renforcé quand j’ai réalisé que l’album parlait du même Chris Kyle qu’« American Sniper » de Clint Eastwood. En 2014, j’avais déjà bien aimé le film, malgré le biais ultra patriotique - à l’américaine - choisi par ce cher Clint. Quand j’ai compris que Fabien Nury avait opté pour un documentaire, je n’ai plus hésité une seule seconde. Je précise encore avoir lu l’édition en noir et blanc. Après avoir feuilleté la version couleur, je ne regrette pas mon choix. Les couleurs n’apportent en effet pas grand-chose et atténuent selon moi la puissance de certaines planches. Graphiquement, les amateurs de Brüno voyageront en terres connues. Épurés, nets et tranchants, les dessins sont une réussite. Ces caractéristiques sont encore renforcées par la version B&W, ce d’autant plus que les planches sont plus grandes. Everything is bigger in Texas ! Le scénario est linéaire, mais rappelons qu’il s’agit ici d’un documentaire. Une temporalité classique est donc non seulement prévisible, mais adaptée et bienvenue. Ici et là, j’ai lu plusieurs critiques qui comparaient cet album à la série Tyler Cross, autre œuvre des mêmes auteurs. Autant le dire tout de suite, ces deux histoires n’ont rien en commun, ce qui est tout à fait normal. Tyler Cross est une fiction policière façon gangster, alors que « L’Homme qui tua Chris Kyle » relate des faits réels, avec tout ce que cela implique en terme de narration. Le suspense ne disparaît pas pour autant, surtout dans le chapitre qui traite d’Eddie Ray Routh. Nul besoin d’avoir vu le film pour comprendre et apprécier ce beau one shot. Toutefois, la lecture me paraît bien plus intéressante après l’avoir regardé. La différence de point de vue est frappante, même si prévisible. Nury et Brüno remettent l’église au milieu du village. Ils livrent sans doute ici l’histoire de Chris Kyle que Clint Eastwood aurait racontée, s’il n’était pas un américain made in Hollywood et républicain de surcroît. Si le ton reste neutre, le lecteur restera perplexe devant ce patriotisme primaire teinté de religion, cet amour irrationnel pour les armes et ce capitalisme à tout épreuve. Les interviews télévisées sont particulièrement inquiétantes… merci Fox news… Dieu pourtant sait si j’aime ce magnifique pays que sont les États-Unis. Contrairement au film, l’album couvre un spectre beaucoup plus large, puisqu’au contexte et à la vie de Chris Kyle s’ajoute le parcours de son meurtrier et l’exploitation de sa mort par son épouse, qui semble encore plus dangereuse que son défunt mari car moins primaire. « L’Homme qui tua Chris Kyle » est un bel album et une très bonne lecture que je recommande chaudement.
Far South
Composé d'histoires courtes ayant pour fil rouge un bar sordide dans une Amérique latine de début XXième siècle, Far South ravira à coup sur les amateurs de polar violent façon Sin City ou Torpedo auquel l'éditeur fait également référence. Ce mélange inédit de western sauce tortilla et de trafic de grappa met en scène une multitude de personnages récurrents aux trognes patibulaires. Qu'il s'agisse de la blonde mafieuse n'hésitant pas à payer de sa (jolie) personne pour commanditer quelques exactions peu catholiques, d'un duo de tueurs à l'humour sarcastique et à la gachette facile ou d'une armoire à glace increvable, les chapitres commencent toujours dans le tripo de Montoya pour généralement dans un bain de sang. Rodolfo Santullo tisse ainsi un univers noir sur base de flashbacks et de légendes urbaines avec le redoutable tueur mystérieux Carpincho Lopez. La sauce prend ainsi forme avec un final assez dantesque et choral plutôt inattendu mais réjouissant. Tout cela ne pourrait être qu'un joli divertissement pour adultes mais le trait de Leandro Fernandez déjà aperçu dans Northlanders ou The Old Guard décuple doublement le plaisir en rappelant celui de Risso dont il fut le disciple. Chaque chapitre possède également sa propre colorimétrie dans une bichromie vraiment jolie. Petit divertissement malin ou grosse claque graphique, Far South remplit brillamment toutes les cases de son contrat et ne devrait pas passer si inaperçu pour les amateurs de polar un rien provocateur... Une bien bonne pioche.
Notre part des ténèbres
J’ai farfouillé à la librairie, au coin BD et … j’ai découvert « Notre part des ténèbres ». Et je peux vous l’annoncer haut et fort, cet album m’a procuré un intense moment jubilatoire. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas trouvé autant de plaisir à lire une bande dessinée. Le dessin est juste magnifique et le scénario captivant. Je suis très enthousiaste pour cet album qui mérite de sortir de l’anonymat. En cas de conflit social, il y a un lieu commun dont le patronat use et abuse… nous sommes tous dans le même bateau, scellant théoriquement l’alliance entre patrons et ouvriers dans la difficulté, dans la tempête. Passée cette déclaration rituelle vient l’annonce de l’arrêt de la production, la fermeture d’unités, la liste des licenciements, cyniquement appelés plan de sauvegarde de l’emploi ! Dans « Notre part des ténèbres », le personnel de Mondial laser, vendu à un fond spéculatif, délocalisé, vidé de ses salariés et de ses machines, décide de donner corps aux métaphores maritimes des dirigeants et des actionnaires réunis sur un navire de luxe pour célébrer le jour de l’an et les bénéfices records de l’année. C’est alors un jeu de cache-cache qui commence. Au cœur d’un cauchemar polaire, par force 10 avec des creux de dix mètres, ce n’est pas la nef des fous, mais la nef du capitalisme qui fait naufrage. S’ils sont tous dans le même bateau, pour une fois, ceux qui seront épargnés ne seront pas ceux qui d’ordinaire attendent leur salut du dieu Profit. Pour résumer, nous sommes sur un thriller social politique entre le loup de Wall Street et Titanic. C’est évidemment séduisant et cela m’a harponné tout le long de ma lecture. Je recommande vivement cet album.
Konosuba - Sois béni monde merveilleux !
Enfin, sort en langue française l'adaptation en manga d'un des meilleurs light novels jamais créés ! Habituellement, je ne suis pas du genre à mettre 5 étoiles à une série qui vient de sortir, particulièrement pour les longs mangas, j'attends au moins qu'une dizaine de tomes soient disponibles, mais là Konosuba est l'exception à la règle avec Iruma-Kun qui va sortir à la rentrée. Oh joie cette année ne sera pas totalement merdique ! J'ai découvert la franchise avec la première saison de l'anime. Au début, j'ai regardé par curiosité et sans grande conviction et puis au fil des épisodes je suis complètement tombé amoureux de cet univers. J'ai alors recherché le light novel sur internet et aussi les différents mangas et spin-off de la série dont celui-ci, qui adapte bien la série mère. J'ai ensuite écouté avec plaisir la seconde saison et aussi le film qui est un des meilleurs films d'animation que j'ai vus ! D'ailleurs, le scénariste de Pulp Fiction adore le film donc ça prouve que j'ai bon goût ! De quoi parle Konosuba ? Et ben un jour un jeune Japonais meurt et va se réincarner dans un univers de fantasy rpg et il va sauver le monde. En gros, l'intrigue la plus banale depuis une dizaine d'années au Japon, où on retrouve ce schéma dans des centaines de séries à travers différents médiums. En plus, le gars il se retrouve entouré de belles filles, que c'est cliché tout ça ! Sauf que la série est avant tout une comédie et tourne les clichés du genre en ridicule. Ainsi, Kazuma, le héros, est très loin du modèle style du jeune héros japonais valeureux et chaste. C'est un pervers qui agit souvent comme un gros con, même s'il a bon cœur par moment, et les filles qui l'entourent sont vraiment les pires compagnons qu'on puisse imaginer. Par exemple, Megumin la mage est très bonne avec un sort d'explosion et c'est le seul truc qu'elle sait faire, et en plus elle ne peut jeter le sort d'une fois par jour ! Il y a de l'originalité dans le scénario, les situations sont imprévisibles et le scénario est vite prenant. Même si c'est avant tout une comédie, il y a tout de même des moments sérieux et des scènes d'action, comme dans toute bonne fantasy qui se respecte. Les personnages vont se développer au fil des tomes et ne sont pas juste là pour faire les mêmes blagues encore et encore comme c'est le cas avec certaines séries japonaises. On n'hésite pas à aller à l'encontre de certains clichés. Par exemple, Kazuma est entouré principalement par trois femmes, Aqua, Darkness et Megumin. Si les deux dernières vont développer des sentiments amoureux pour lui, cela prend plus de temps qu'avec un manga harem normal où parfois les filles tombent amoureuses du héros juste parce qu'il a été gentil avec elles ou parce qu'il les a sauvées d'une situation dangereuse. Pour ce qui est d'Aqua, alors qu'elle a le rôle désigné de la fille qui passe son temps à détester le héros alors que dans le fond elle l'aime, et ben ici ils vont juste rester des amis. J'ai lu les 8 premiers tomes de ce manga (la traduction est un peu en retard) et c'est vraiment fidèle à la série. L'humour est excellent et se renouvelle bien, il y a de l'imagination, notamment au niveau des ennemis et la manière dont le groupe les bat. Le dessin est bon, bien mieux que certaines adaptations de light novels qui ont un dessin vraiment moyen. Bref, j'adore cet univers, les personnages sont attachants malgré leurs défauts, et c'est une de mes séries cultes que je suis content de partager sur ce site !
Les Oiseaux lumineux
Je découvre avec cet album la maison d’édition, et cet auteur roumain, dont le travail – graphique en particulier – mérite indéniablement d’être connu et reconnu. C’est en effet ce qui saute aux yeux dès qu’on ouvre l’album (et ce qui me l’a fait acheter – j’allais dire les yeux fermés, mais ce serait plutôt les yeux écarquillés !) : j’ai vraiment trouvé très beau l’univers créé par Andrei Puica ! Un univers qui fait la part belle à l’onirisme, à un fantastique merveilleux, tout en développant en parallèle un monde quasi post apocalyptique, une cité dans l’espace sans ancrage (géographique, sidéral ou temporel), sur laquelle une sourde fatalité oppresse quelques rares survivants. Et ce qui magnifie vraiment ce dessin et cet univers, c’est la colorisation, qui joue sur toutes les nuances du mauve, du violet, en allant parfois vers des verts pâles. Un univers noir et lumineux à la fois, d’une grande beauté, très géométrique (quelque chose des décors d’Escher parfois). L’histoire est, elle, moins facile à appréhender, et surtout à résumer. Certains aspects la font pencher vers un public jeune, mais en fait ce n’est pas vraiment le public cible. Car il y a, par-delà la poésie de l’ensemble (un peu du "Roi et l’oiseau" de Prévert et Grimault, dans certaines séquences – les décors, un peu la colorisation, mais aussi l’omniprésence de plumes m’y ont fait penser), un conte philosophique qui se révèle plus difficile d’accès et ne livre pas facilement tous ses secrets. Mais peu importe, je me suis laissé porter par le courant, sans chercher à le remonter pour en trouver la source. Mais c’est clair que l’intrigue peut rebuter certains lecteurs. Une chouette découverte, achat d’impulsion que je ne regrette pas. Note réelle 3,5/5.