Les Amants d'Hérouville - Une histoire vraie

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 8 avis)

Le château d'Hérouville est un véritable condensé des années 70. En y créant ses célèbres studios, Michel Magne découvre l'amour fou, rassemble les plus grands créateurs de l'époque et révolutionne le sens de la fête.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Biographies Futurs immanquables Les prix lecteurs BDTheque 2021 Musique Photo et dessin Région parisienne

1970. Marie-Claude rencontre Michel Magne, génial compositeur de musiques de films. C’est le coup de foudre. Elle le rejoint dans son château d’Hérouville où Bowie, Elton John et bien d’autres stars se pressent pour enregistrer des disques. Mais le succès attise les convoitises. Derrière le conte de fée, la tragédie se profile. Ce roman vrai révèle le destin inouï de Michel Magne au cœur de la pop culture des années 50 à 80.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Février 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Amants d'Hérouville - Une histoire vraie © Delcourt 2021
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 8 avis)
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30/03/2021 | grogro
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L'avatar du posteur Tomdelapampa

Un peu ennuyé avec cet album. Une lecture fluide et intéressante, servie par un bon dessin et couleur, je trouve que les auteurs ont fait du super boulot. Il propose un bel hommage au lieu, à l’époque et au compositeur, dont j’ignorais tout. Bref une réalisation solide et plaisante, content de l’avoir lu mais à mes yeux, c’est typique de l’album que je ne relis pas, une fois les faits connus, ça perd de l’intérêt. 3,5

10/10/2022 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
L'avatar du posteur cac

Je ne connaissais ni ce château d'Hérouville et son histoire musicale, ni Michel Magne qui eut un parcours de vie tout à fait singulier comme nous le montre ce gros ouvrage. Il faut dire que les compositeurs de films, qui fut une de ses activités, ne sont pas toujours les plus mis en avant. On a une bonne partie des faits qui semble avoir été recueillie directement auprès de Marie-Claude, sa compagne qui était tout d'abord habitante de la commune et la babysitter des enfants de Michel, le nouveau châtelain. Il faut dire que d'après les quelques photos qui parsèment le récit dessiné c'était une très belle femme et Michel Magne ne put y résister, et réciproquement. On nous montre cet homme comme un touche-à-tout musical de génie, un perfectionniste et avant-gardiste incompris qui fit néanmoins fortune ce qui lui permit d'acheter et créer ce lieu dédié à la musique éloigné de Paris. Les fêtes y étaient gargantuesques, beaucoup profitaient de la générosité de leur hôte qui débouchait les meilleurs vins. Cela causera en partie sa perte et l'album conclut sur sa déchéance après les problèmes financiers qui vont le miner. Le livre s'attache à toute la biographie de M. Magne et pas seulement la période du château. Parti de rien et d'origine modeste il côtoya plein de personnalités culturelles de l'époque telle que Françoise Sagan. J'ai lu ça sans déplaisir mais sans emballement non plus. Peut-être un peu trop hagiographique même si les auteurs montrent aussi une face plus sombre vis-à-vis de sa famille.

24/01/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne connaissais ni Michel Magne, ni ce « manoir », et cet album, en plus de me les faire découvrir, a le mérite de nous faire visiter un pan de l’histoire culturelle et mondaine des années 1950 à 1980. Car Magne a été au cœur d’une certaine agitation, créant un pont entre une certaine avant-garde – qu’il incarnait au niveau musical, mais aussi par ses actions proches de l’agit-prop lettriste, et la pop culture naissante dans l’après-guerre. Et le fait est que ce bonhomme a vraiment brûlé la vie par tous les bouts, à tel point que sa fin est presque prévisible, tant sa santé devait en prendre un coup, et tant on pressent que les pique-assiettes, mais aussi la société et autres rapaces affairistes, ne manqueraient pas de lui transmettre la note. Très intéressant sur le fond donc, au niveau sociologique, historique et culturel, cet album ravira aussi les amateurs du sujet car au milieu de la partie proprement BD, une biographie, mais aussi de nombreux documents (photos, articles de presse, etc.) donnent un petit air anthologique au travail des auteurs. Les auteurs ont fait le choix de tout centrer sur Magne, et sa biographie éclipse donc un peu l’activité du « château », ou les personnalités gravitant autour de lui (même si Marie-Claude sa dernière épouse apparait beaucoup, plutôt comme spectatrice d’ailleurs). Reste quelques bémols. L’aspect touche-à-tout de Magne peut aussi avoir un côté gênant, surtout lorsque pointe son côté mondain (avec Sagan, Cocteau ou Barclay par exemple). De plus, si le personnage de Magne, haut en couleurs, toujours en mouvement, peut captiver, on comprend qu’il n’était pas facile de le supporter sur la durée. Et la violence qu’il a pu montrer envers ses proches, lorsque sa vie a commencé à mal tourner, détériore l’image que l’on pouvait avoir de lui. Mais ça reste quand même un album intéressant, riche.

19/12/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Si j’ai trouvé cet album plaisant à lire, je l’ai également trouvé très édulcoré. A la lecture de cette bande dessinée, on pourrait en effet penser que c’est le matériel mis à disposition des artistes ainsi que les talents d’hôte de Michel Magne qui ont fait la notoriété du lieu. La fourniture de drogues en tous genres (mais du LSD principalement) et de jeunes (voire très jeunes) filles dénudées et 'libérées' n’est jamais clairement évoquée alors que confirmée par plus d’un musicien de l’époque. Le rôle de certains ingénieurs-son de très grand talent (Dominique Blanc-Francard, e.a.) me semble également trop minimisé. Et lorsque les auteurs disent que les spectateurs présents au concert de Grateful Dead se retrouvent dans un sentiment d’ivresse provoqué par la seule musique, je ris sous cape (il est connu notoirement que Michel Magne avait chargé en LSD champagne et victuailles sous, selon la légende, surveillance d’un médecin spécialement engagé pour éviter tout risque de surdosage). A la lecture, le caractère sombre et manipulateur de Michel Magne n’apparait que très partiellement, au profit de son indéniable talent de musicien, de ses qualités d'hôte et de ses gentilles « fantaisies ». Malgré ce caractère édulcoré, j’ai bien aimé ma lecture car cet album est très bien réalisé d’un point de vue technique. C’est vivant et agréable à lire et j’ai apprécié l’intégration de photographies d’époque qui permettent d’ « authentifier » les anecdotes racontées. J’aurais juste préféré que l’album se concentre uniquement sur le château durant la période 1970-1978 plutôt que de nous offrir ce qui s’apparente en définitive à une biographie de Michel Magne. Donc voilà, pas exactement le sujet auquel je m’attendais, un peu trop édulcoré à mon goût mais un album techniquement très bien réalisé et agréable à lire. Une bonne approche de ce que fût « Le Château d’Hérouville » durant sa période studios d’enregistrement… mais si vous voulez en apprendre plus sur ce sujet, je pense que d’autres livres sont plus complet (notamment « Hérouville, le château hanté du rock » de Laurent Jaoui).

18/10/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Je suis bien moins enthousiasme que les autres posteurs. Certes, c'est un album bien joli, mais le contenu ne m'a pas charmé. Le dessin est bon, mais je n'ai pas aimé lorsqu'on mettait des photos sauf pour l'épilogue où c'est la seule fois que ce procédé m'a semblé pertinent. Il faut dire aussi que cette partie est 100% photos alors que les autres fois c'était intercalé entre des dessins ce qui m'a plutôt dérouté. J'avoue que je ne connaissais Michel Magne que de nom. J'avais vu son nom au générique de plusieurs vieux films français et c'est tout ce que je connaissais de son œuvre. Je n'avais aucune idée qu'il avait fait installer des studios d'enregistrement dans un château et qu'il a connu autant de grands noms de la musique francophone et anglophone. Le scénario se laisse lire, mais j'avoue que la vie de Michel Magne ne m'a pas trop passionné. Il faut dire que la plupart des artistes qu'on voit défiler me laissent indifférent et que Magne devient vite insupportable. Saluons d'ailleurs les auteurs d'avoir montré le côté sombre de l'artiste alors que d'autres biographies en BD font passer le sujet principal pour des gens pratiquement parfaits. Je pense que globalement ce qui a fait en sorte que je trouve cet album 'juste' correct est qu'il y a toujours eu une certaine distance entre moi et le personnage de Magne qui n'est pas très attachant. J'ai été plus touché par ce qu'il arrivait à son épouse Marie-Claude. J'ai aussi eu l'impression de lire une énième biographie d'un chanteur qui tourne mal après avoir connu la gloire et l'argent sauf que cette fois-ci le musicien ne meurt pas accidentellement d'une overdose de drogue.

04/10/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

L’histoire des studios d’Hérouville, intimement liée au destin de l’artiste Michel Magne, peu de gens la connaissent. Et pourtant, à la lecture de ce formidable one-shot, on a envie de remercier ses auteurs pour nous l’avoir mise en lumière d’aussi belle façon. Michel Magne était surtout connu pour ses musiques de films (Les Tontons Flingueurs, …), bien que sa notoriété n’ait jamais égalé celle d’un Vladimir Cosma ou d’un Maurice Jarre. Pourtant, ce dernier avait bien d’autres cordes à son arc, notamment à travers la peinture. Véritable touche-à-tout à l’appétit insatiable en matière de création artistique, il se situait à l’avant-garde dans une approche pour le moins facétieuse, qui pouvait rappeler celle des Dadaïstes. Magne a fréquenté l’élite artistique et noué de nombreuses amitiés (François Sagan, Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, la liste est longue…). Il faut dire que l’homme avait une personnalité hors-du-commun, notamment par l’énergie qu’il était capable de déployer pour faire avancer ses projets, même si, las, le succès ne fut pas toujours au rendez-vous. La création des studios d’Hérouville au début des seventies inaugura une période de foisonnement artistique hors du commun. La partie du château où vivait et travaillait Michel Magne depuis 1962 venait d’être détruite par un incendie, provoquant la perte irrémédiable des documents et enregistrements de l’artiste. C’est sur ce drame que s’ouvre Les Amants d’Hérouville, montrant comment Magne trouva le moyen de rebondir en restaurant l’aile endommagée et en convertissant le château en studio, équipé des dernières technologies de pointe, avec la participation de Dominique Blanc-Francard. Dès lors, le lieu va attirer le gratin de la chanson française et du rock international, profitant d’un contexte jamais vu de libération des mœurs et d’hédonisme psychédélique (on n’oubliera pas de sitôt le passage relatant le concert des Grateful Dead donné aux habitants du village). Dépensant sans compter, Magne continuait à organiser des fêtes excentriques autour de la piscine construite sur sa propriété, aux petits soins avec ses invités (y compris les pique-assiettes…), avec le concours d’un chef cuisinier amateur de poésie… il y aura la même année la rencontre avec sa baby-sitter, Marie-Claude, qui devint rapidement la femme de sa vie et avec qui il vécut un amour passionné. Jusqu’au jour où, après quelques années fastes, le déclin et les coups durs pointèrent de nouveau le bout de leur nez… Cette biographie romancée n’est rien de moins qu’un conte de fées moderne, et la couverture ne dit pas autre chose en montrant les deux amants sur le toit du château, Magne en train de jouer une ritournelle à la guitare à l’adresse de sa bien-aimée au look hippie médiéval. Pendant ce temps, la fête bat son plein à l’intérieur comme à l’extérieur des murs, et l’on peut apercevoir Bowie en train d’enregistrer des vocaux. La narration de Yann Le Quellec est très bien construite, toute en fluidité, avec une trame principale entrecoupée de passages documentaires agrémentés de photos et d’articles de journaux sur la vie et l’œuvre de Magne. Pour accentuer l’authenticité des faits, des clichés ont été insérés sur certaines cases, répandant des arômes nostalgiques très puissants. Ce kaléidoscope chamarré et dynamique traduit parfaitement l’atmosphère de l’époque et du lieu, tel un tourbillon de folie douce et créativité libératrice sur fond d’amour pur et de substances psychotropes. Romain Ronzeau possède un trait léger et vif, jouant plus sur l’expressivité que sur la technique, avec un sens aigu du mouvement et une mise en page très variée. Son Michel Magne est dépeint comme un personnage bondissant et exubérant, haut en couleurs, mégalomane (voire mythomane) mais profondément généreux et désintéressé, d’abord amoureux de toutes les formes d’art et de leurs promoteurs. Hélas, l’aura bienveillante et hors-normes de Magne trouvera assez rapidement ses limites, suscitant la rapacité (et la jalousie peut-être) de ses partenaires, qui lui feront payer chèrement ses frasques et son style de vie dispendieux. La frénésie festive et créatrice mis en œuvre pour le projet hérouvillois se transformera alors en chaos destructeur et lugubre. Un dur retour à la réalité pour le démiurge exalté qui finira expulsé de son propre paradis, une aberration cruelle dont il ne se remettra pas. Son côté sombre sera parfaitement représenté, contrastant singulièrement avec le personnage solaire du début, dès lors que le « prince charmant » — et accessoirement prince de la nuit (toujours vêtu de noir) comme on le voit dans une scène au début du livre lorsqu’il pénètre dans la chambre de Marie-Claude — se transformera en ogre démoniaque et violent, fragile aussi, taraudé par la ruine ricanante, comme aspiré de l’intérieur par ses propres gouffres. Ou quand la bête n’est jamais loin de l’ange… En résumé, Les Amants d’Hérouville, en dehors de la touchante « love story », est le portrait tragique d’un homme dont la vie était entièrement dédiée à l’art et n’aura finalement fait que vivre dans l’ombre du gratin artistique qu’il côtoyait et aidait. Une vie dont les moments d’extase absolue précédaient immanquablement les zones de turbulence brutale où tout partait en cacahuète. Ce splendide roman graphique, chef d’œuvre de pop-culture, en constitue un excellent hommage, contribuant un peu plus à faire entrer le château dans la légende. Et si aujourd’hui les mythiques studios d’Hérouville fonctionnent encore, après plusieurs périodes de fermeture, c’est peut-être parce ses fantômes ne parviennent pas à se résoudre à la fin de cet incroyable âge d’or.

20/08/2021 (modifier)
Par JAMES RED
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur JAMES RED

Comme l'a dit le posteur précédent, Delcourt publie un roman graphique qui sera sans nul doute un des albums de l'année. Ce livre évoque le destin tragique de Michel Magne musicien prolifique des années 60-70, souvent novateur dans son travail et parfois génie incompris. Je dois bien dire que je connaissais mal Michel Magne ; de lui, je connaissais surtout ses compositions des musiques de films pour Jean Yanne, ou encore celle des tontons flingueurs. Cela n'est qu'une infime partie de son œuvre car il a fait d'innombrables choses dans des domaines assez variés (il suffit de voir à la fin du livre le nombre de ses œuvres et de ses collaborations). Les auteurs Yann Le Quellec au scénario et Romain Ronzeau au dessin s'intéressent surtout à l'histoire du château d'Hérouville qui servit de salle d'enregistrement à des groupes aussi mythiques que Canned Heat, Magma, T Rex ou encore à des chanteurs solo comme David Bowie ou Eddy Mitchell. Le château, acheté par Michel Magne en 1962, d'abord destiné à des événements festifs devient réellement un grand studio d'enregistrement en 1969 après l'incendie qu'il a connu. Les auteurs montrent toute la démesure de Michel Magne qui dépense sans compter achetant les meilleures bouteilles pour ses convives et qui se retrouve vite en difficulté financière ainsi que sa relation tumultueuse avec sa compagne Marie-Claude beaucoup plus jeune que lui. L'album est comme constitué de chapitres entrecoupés par des entractes biographiques évoquant la vie et la carrière de Magne avant 1969 où alternent des pages illustrées quasi en roman-photo et des illustrations de l'auteur. Cela a parfois tendance à alourdir la narration. Le trait de Ronzeau est assez intéressant et traduit bien le côté bouillonnant de la vie qui se déroule au Château (qui fut -Magne ne cessant de le rappeler-un endroit que fréquentèrent Chopin et Sand). Le château est donc un élément essentiel de l'histoire ; l'on y croise un certain nombre de groupes et de pop-stars de l'époque. Il faut quand même avoir une bonne connaissance de ces années et cela fera quand même plus d'effets à un nostalgique des années 70. Le concert des Grateful Dead au château est un morceau d'anthologie, avec -histoire vraie- des policiers chargés de la sécurité sous LSD. La relation de couple entre Michel Magne et Marie-Claude sert aussi de fil narratif. Les auteurs ont d'ailleurs eu les confidences de Marie-Claude, comme nous pouvons le voir à la fin de l'ouvrage. Elle montre le côté sombre de Michel Magne car comme souvent les histoires d'amour finissent mal. On apprend donc beaucoup sur cette époque et sur ce compositeur un peu oublié et cela vaut clairement l'achat pour des passionnés d'une période beaucoup plus insouciante que celle d'aujourd'hui.

30/04/2021 (modifier)
Par grogro
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur grogro

Cette bande-dessinée s'impose d'emblée comme une candidate très sérieuse au titre de Meilleure BD de l'année. Et pour plusieurs raisons. Le dessin tout d'abord : sans être bouleversifiant, le trait est fluide et vif, un peu "à la Blain". Il retranscrit parfaitement le souffle épique qui agita les années 60 et 70. Le scénario est mené de main de maitre. Mais aussi tambour battant ! Le moins que l'on puisse dire est que Yann Le Quellec ménage ses effets. On commence ainsi par un petit flashback (l'incendie qui ravagea les studios), pour suivre le fil des années effervescentes des studios créés par Michel Magne à partir de sa rencontre avec Marie-Claude, sa seconde femme de vingt ans sa cadette. Ca et là, on découvre plusieurs pages, sortes de poses narratives largement composées de textes et de photos, qui permettent au fil du livre de raccrocher les wagons. Y sont racontées les années de jeunesse de Michel Magne que l'on découvre donc petit à petit et qui viennent éclairées certains passages du récit. C'est un montage très habile. Les photographies sont parfaitement incluses dans les pages. ATTENTION SPOIL !!! Le récit s'achève d'ailleurs par une série de clichés poignantes présentant l'actuel château (en ruine) où déambulent les auteurs en compagnie de Marie-Claude qui tient le rôle de guide touristique. Cette BD toute emprunte de vérité déborde d'émotions. Mais l'intérêt principal des Amants d'Hérouville est de nous introduire dans l'intimité de Michel Magne, touche à tout de génie. De lui, je connaissais uniquement son œuvre de composition pour le cinéma. Ici, on découvre tour à tour son génie visionnaire (il s'intéressa à la musique électronique bien avant la lettre), sa générosité illimitée (il est présenté comme un monstre d'humanité) et le lien viscérale qu'il entretenait avec la création artistique (il dépensa sans compter pour donner une âme à ce lieu et aux artistes de s'exprimer sans limite), le talent sauvage d'un homme qui s'essaya à la peinture, aux arts du cirque... Bref ! Un homme qui semble avoir eu à cœur de constamment faire advenir ce qui le traversait. L'immersion dans les années 60 et 70 est complète. Le souffle libérateur de ces années de cocagne nous parvient aux yeux et aux oreilles aussi surement que si l'on avait ouvert un échantillon de parfum. On assiste à des scènes mythiques (le concert de Grateful Dead au bord de la piscine, avec flics et pompiers sous LSD. Grandiose !...) que les moins de vingt ans ne pourront que difficilement croire, pour paraphraser Aznavour... Un aperçu de la vie d'avant le libéralisme triomphant qui a sacrifié tous les aspects de la vie sur l'autel de la rentabilité ! Michel Magne (du verbe se magner, se dépêcher) semble avoir été touché par la grâce dès son plus jeune âge. Le genre de type qui avance vers la lumière comme le papillon de nuit, au risque de se brûler les ailes. Le genre de type qui sacrifie tout pour "la cause". Le genre de type qui a vécu en dévorant la vie par les deux bouts. Le genre de type conscient qui a suivi sa bille coute que coute... Voilà une histoire absolument passionnante. Impossible de lâcher un tel livre avant de l'avoir terminé. Les anecdotes y sont légions (et vraies), l'émotion est là, palpable, y compris dans les témoignages écrits figurant en annexe. Quand on est mélomane, il parait difficile de s'affranchir de cette lecture que l'on ne manquera pas de retrouver dans toutes les palmarès de fin d'année.

30/03/2021 (modifier)