Arrivé presque à la fin de l’album, j’ai réalisé qu’il restait un ultime chapitre… et j’ai compris à quel rôle était destiné un personnage dont longtemps on ne comprend pas trop ce qu’il vient faire là…
Et là, je me suis dit qu’Edward Abbey, l’auteur du livre dont est adaptée cette bande dessinée, n’était qu’un « p*** de b*** de m*** de l’enc*** de sa race ! », qu’il ne pouvait pas nous faire ça (ni à Jack Burns, son personnage de fiction, ni à moi, simple lecteur) ! Le salaud avait préparé son coup depuis le début et il m’a fallu attendre de voir qu’il restait ce chapitre pour le comprendre !!! Et je ne pouvais m’empêcher de penser « Non ! Pas ça ! Ne lui donne pas ce rôle-là ! Allez ! Sois sympa ! » Mais non, les rôles étaient distribués et l’inéluctable arrive… comme prévu…
Et là-dessus, voilà qu’Hugo Piette en rajoute encore une petite couche pour la route et nous gratifie d’une ultime planche qui sonne comme un glas dans un désert navajo… Une page muette qui m’a rendu sourd.
J’ai refermé le livre à moitié K.O.
C’est pour ça que je lis des bandes dessinées, pour ressentir ce genre d’émotion, d’empathie pour des personnages qui, au départ, ne me semblent pourtant pas spécialement attachants !! Alors, messieurs les auteurs, pour ce pur instant d’émotion : merci !
Pourtant, tout avait commencé assez mollement. Le début du récit ne m’a guère passionné. Je m’attardais alors plus sur le dessin d’Hugo Piette, et sa colorisation qui rend autant hommage au Lucky Luke de Morris qu’à celui de Matthieu Bonhomme. Le personnage principal du récit m’énervait un peu, les événements s’enchaînaient dans un rythme très lent… En fait, je ne voyais pas vraiment où les auteurs voulaient en venir mais le personnage central se construisait peu à peu…
Puis vient la seconde partie du récit ! Bordel ! La seconde partie du récit ! Cette chasse à l’homme improbable, où toute la bêtise humaine semble s’être liguée contre Jack Burns et sa soif inextinguible de liberté, qu’est-ce qu’elle est bien foutue.
Seuls sont les indomptés est une ode à la liberté mais aussi le triste constat qu’à notre époque les cowboys solitaires n’ont plus vraiment leur place.
(Et si je n’ai rien dit du travail de Max de Radiguès, c’est parce que je ne vois pas ce que je pourrais en dire tant cette bande dessinée ne souffre jamais du fait qu’il s’agit d’une adaptation, tant les dialogues sonnent juste, tant le découpage est bon. Il n’y a rien d’exceptionnel, mais simplement une justesse parfaite).
Décidément, Didier Tronchet et sa famille ont des choix de vies assez exotiques et originaux. Après leurs séjours en Amérique du Sud, voilà que Tronchet prend la décision de s'installer dans un îlot au large de Madagascar, seul avec son fils adolescent, simplement pour voir à quoi ça ressemble de vivre dans de telles conditions et voir combien de temps ils tiendront sans Internet, ni électricité, ni eau courante. Il faut avouer que si mon travail et ma situation financière me laissaient une telle liberté de vivre où l'envie m'en prendrait, j'aimerais aussi faire de telles expériences, même si pas forcément sur une île tropicale.
Recadrons les choses tout de même : l’île aux Nattes où ils s'installent n'est pas une île déserte. Elle possède sa population malgache et aussi quelques rares expatriés, et surtout elle dispose sur l’île voisine d'une école française (quoique fonctionnant par correspondance) ce qui permet au fils de 13 ans de continuer ses études. S'il n'y a pas l’électricité de jour, des groupes électrogènes en fournissent le soir. Et s'il n'y a pas d'eau courante, des livreurs en ramènent des bidons en pirogue. Et puis il y a un phare : j'ai toujours aimé les îles avec des phares.
Tronchet raconte donc son installation là, les quelques péripéties que cela implique et toutes les pensées qui lui ont traversé l'esprit au cours des mois que l'expérience a duré. Alors que le fils profite pleinement de ce cadre tropical, de l'école où aller en bateau tous les jours, de ses nouveaux amis avec qui il parcourt l'île et se baigne tous les jours, le père lui se retrouve très vite dans une situation très mitigée. L'angoisse de l'isolation, de ne rien avoir à faire, les vieilles pensées sombres qui remontent, un sentiment de culpabilité d'être là loin de tous et de l'agitation du monde, la peur de faire une grosse bêtise en ayant décidé de vivre une telle expérience et d'y avoir entraîné son fils. Je comprends assez bien ses sentiments, et j'ai bien ri sur la plupart des gags et des fois où l'auteur se tourne lui-même en dérision pour contrebalancer le sérieux de ses angoisses.
Et surtout, la seconde vraie grande thématique de cet album est son inquiétude paternelle face à son fils qui vit son adolescence, celle d'un père qui essaie de gérer aussi bien qu'il le peut sa progéniture qui s'éloigne radicalement de lui et tue l'enfant qu'il était avant et par extension la relation fusionnelle qu'il avait avec ses parents. Là encore, le discours de Tronchet me parle beaucoup et là aussi je m'amuse de ses différentes pointes d'humour et de mise en perspective.
Tout ce séjour semble se passer pour le mieux, de manière plutôt idyllique pour le père malgré ses angoisses, et de manière purement paradisiaque pour le fils. Je n'imaginais pas qu'ils tiendraient aussi longtemps et aussi bien dans de telles conditions de vie. Jusqu'à ce que finalement un événement plus grave vienne mettre fin à l'expérience. Mais là encore, j'ai trouvé la fin assez touchante et offrant une belle conclusion.
J'ai donc apprécié cette BD qui a su me toucher et me faire rire. Du bon Tronchet plein de sincérité, d'exotisme et d'humour !
Les Spaghetti Brothers de Mandrafina et Trillo ont eu droit à un génial épilogue censé se dérouler quelques années plus tard avec les Vieilles Canailles. Aujourd'hui Torpedo 1936 a droit également à un traitement équivalent avec la présente série censée se dérouler en 1972, année cinéma du "Godfather" de Coppola.
Petit rappel : Torpedo c'est ce mafieux de seconde zone à l'enfance bien barrée et qui sait autant se servir de son feu que de sa queue. Affublé de son fidèle martyr euh lieutenant Rascal, Abuli nous avait copieusement régalé de ces aventures souvent courtes et gorgées d'humour très noir sous le crayon habile de Toth puis de Bernet.
On retrouve donc la même fine équipe exactement 36 ans plus tard dans un New York psychédélique. Luca Torelli a claqué tout son fric et vit toujours dans un studio minable. Toujours habillé de son costard en soie, il souffre de la maladie de Parkinson mais semble toujours aussi alerte. Rascal est un poivrot sans cerveau qui leur prépare de somptueux pigeons ..... ramassés à Central Park.
Un journaliste et sa plantureuse petite amie vont essayer de la leur jouer "à l'envers". La réaction de Torpedo risque d'être aussi cinglante que marrante !
C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé le petit plaisir coupable de mes 20 ans. Torpedo grabataire n'a rien perdu de sa verve légendaire. Véritable ordure pisse-froid, il est devenu une véritable légende pour ses ennemis qu'il a tous entraînés au cimetière et ses amis ben euh il n'en a guère.
Peu de chance également d'être déçu avec Eduardo Risso dont le style se prête admirablement bien pour cette comédie très noire. Si les héros sont fatigués, tirent un peu moins vite leurs cibles ou leurs conquêtes, on rit toujours autant de bon cœur à toutes ces conneries parfois encore un peu trash. La seule déception c'est que les années passent mais que le style ne se renouvelle guère passés les quelques gags liés à l'âge de nos protagonistes.
Torpedo 1972 se lit vite, très vite, bien trop vite mais c'était déjà le cas de la série d'origine.
Reste à savoir si l'histoire s'en tiendra à ce seul tome comme un ultime au revoir ou si, succès et viagra aidant, nous retrouverons Les Vieux Fourneaux version Sicile sanglante dans de nouvelles aventures.
Je risque d'être encore de la partie au vu des nombreux fous rires de cette courte rencontre.
Je voulais juste apporter une petite correction. Que ce soit pour le scénario, tout comme pour les dessins, nous parlons d'un travail à 4 mains. Les auteurs ont chacun au niveau des dessins, fait du travail séparé pour certaines planches, comme pour d'autres, fait chacun une partie de la même case. Ce qui est justement très fort, c'est qu'il faille être très très attentif pour voir une différence entre les 2 dessinateurs.
Cette BD est vraiment de toute beauté et m'a donné envie de me plonger dans l'histoire de la Révolution française...c'est peu dire en ce qui me concerne.
J'ai relu le premier tome et lu les tomes suivants pour la première fois et j'ai bien mieux accroché.
On suit trois enfants qui vont devenir résistants durant la guerre. Ce qui est génial est qu'ils vont grandir et qu'au fil des tomes ils vont en apprendre plus sur le monde et tout n'est pas manichéen. De plus, à la fin de chaque album il y a un dossier éducatif qui se lit très bien. C'est le genre de série que je recommande pour les parents ayant des enfants faisant partie du groupe des 10-14 ans. C'est une lecture parfaite pour eux car ils risquent d'en apprendre sur la seconde guerre tout en s'amusant à lire les aventures de ces gamins qui vont finir par devenir de grands résistants.
Le scénario est prenant et j'ai souvent eu peur que quelque chose de grave arrive à un des trois protagonistes, surtout que les auteurs n'ont pas peur de montrer la dure réalité de l'occupation allemande. On pouvait mourir en résistant aux Allemands et il existait des Français collabos qui n'avaient aucune honte à écrire des dénonciations anonymes aux nazis. On est loin de certaines œuvres de fiction qui proposent des récits de luttes entre les gentils Français et les méchants Allemands et les Français peuvent prendre tous les risques sans recevoir de conséquences graves. Les personnages principaux sont attachants et j'aime particulièrement Lisa, un personnage ambigu vu qu'il est clair que les auteurs n'ont pas encore tout dit sur son passé.
Le dessin est très bon. J'ai tout de même un reproche à faire : deux personnages se ressemblent un peu trop et je me suis finalement aperçu que c'était en fait deux personnages et non pas le même lorsque je les ai aperçus dans la même scène. Cela a rendu le scénario inutilement compliqué pour moi parce que je pensais qu'il y avait eu une erreur dans le scénario !
Longtemps j'attendrai la suite. Carolyn sera-t-elle l'amour de sa vie de Jim ? Tant de promesses dans chaque tome, qui appellent le suivant, et particulièrement dans le dernier tome. Celui qui aime Blueberry ne devrait pas ne pas aimer cette série. Jean-Michel Charlier est un bon faiseur de scénario, certes mais c'est quand même toujours la même chose. (Sorry pour les fans mais je viens de relire tous les Blueberry et c'est ce qui m'a le plus frappé.) Ici, c'est amour et folie et amour de la folie.
Rien de forcément révolutionnaire dans les aventures de ce tueur à gages, mais pourtant la lecture se révèle agréable.
Il faut dire que le ton adopté (faussement nonchalant, désinvolte), la narration (la plupart du temps les textes en off sont constitués des états d’âmes, des réflexions de notre héros de tueur, ces commentaires étant bien plus nombreux que les dialogues), tout concourt à développer une ambiance étonnamment calme, posée et « limpide », alors même que le sujet prêterait davantage à la noirceur et à un rythme saccadé.
Matz réussit ainsi à faire sortir de la banalité l’ordinaire de ses histoires. Le cynisme, les réflexions de ce tueur amoral, désabusé et anonyme (qui serait presque un homme quelconque, n’était son « sale » métier) le font pencher vers certains personnages des polars de Manchette. J’ai aussi songé un temps au ton de « L’Etranger » de Camus ».
Il faut dire aussi que le dessin de Jacamon est pour beaucoup dans la fluidité de la lecture, dans un style semi réaliste efficace, dynamique, un trait gras – lui qui se fait parfois plaisir sur certaines planches (les crocodiles dans les premiers albums par exemple, avec un jeu intéressant sur les ombres). La colorisation manque toutefois de nuance.
Sans trop de surprises donc, mais c’est du travail très bien fait. Voilà des albums bien fichus pour quelques moments de détente sans prise de tête.
J’ai lu pour le moment le premier cycle de 5 tomes (les seuls albums que je possède), et poursuivrai sans doute ma lecture plus loin à l’occasion.
Note réelle 3,5/5.
The Kong Crew se présente comme une uchronie de fiction dans laquelle King Kong aurait survécu à l’armée américaine en 1933.
Nous sommes en 1947, une unité d’élite est chargée de surveiller Manhattan désertée par la population et devenue repère du monstre. Alors qu’un journaliste et un professeur se sont introduits sur le territoire interdit, Virgil est envoyé en mission de reconnaissance...
L’auteur s’en donne à cœur joie en nous proposant un cocktail détonnant, hommage aux films pulp des années 50. Car Manhattan n’abrite pas qu’un singe de 11 tonnes ! On y trouvera également des plantes venues d’une autre époque, des dinosaures, des militaires, un groupe d’amazones et un teckel à la recherche de son maître... Sans pour autant que ses éléments paraissent incongrus.
Le récit est mené tambour battant et les pages se tournent toutes seules pour ce premier tome qui se lit sans faim, superbement servi par un dessin parfaitement maîtrisé.
Sans prétention moralisatrice sous jacente, The Kong Crew est un divertissement d’action qui atteint pleinement son but. Nul doute que l’expérimenté Eric HERENGUEL saura transformer l’essai lors des tomes suivants.
Je suis parfois gêné en mettant une note, parce qu'elle pourrait être bien trop personnelle et induire en erreur d'autres lecteurs. C'est pour ça que j'essaye de toujours être le plus clair possible dans mes avis. Mais là, j'ai beau essayer, je mets le culte. Parce que franchement, je suis bluffé.
L'idée d'un spin-off sur deux personnages secondaires de Sunstone me plaisait énormément, ne serait-ce que pour avoir l'opportunité de retourner dans cet univers-là. Mais, comme souvent avec les spin-off, j'avais également de l'appréhension quant à l'histoire. L'auteur parlait de dévoiler l'histoire de Anne et de Alan, et si celle de Anne nous était totalement inconnue, celle de Alan avait déjà été racontée par bribes dans la série Sunstone. Donc j'avais peur d'une redondance, d'une histoire sans grand intérêt si l'on avait déjà lu l'autre série.
Mais qui suis-je pour juger avant de lire ? Et la lecture fut merveilleuse. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que ce soit si bon. Parce que l'auteur a fait fort, très fort même : il a créé une histoire qui s'articule parfaitement autour de celle de Sunstone, reprenant des éléments mais créant quelque chose de neuf, de différent et sur un autre propos. Bref, l'auteur a fait une nouvelle BD.
Je m'attendais à ce que l'album soit centré sur la vie d'Alan et que le second soit centré sur Anne, mais l'auteur a choisi de mêler les deux voix en faisant raconter alternativement leurs aventures aux deux. Et l'idée est remarquablement trouvée, puisque chacun présentera sa découverte de la sexualité, son histoire "d'amour" (les guillemets sont importants) et l'état d'esprit avec lequel ils abordent tout cela. Le mélange des deux histoires met en parallèle leurs vies, mais aussi leurs attentes, et surtout le rapport de chacun à la sexualité. Rien que pour cela, je trouve que l'auteur fait incroyablement fort : son histoire réussit à mettre sur un pied d'égalité deux sexualités différentes, en montrant que toutes se ressemblent. En terme de message tolérant, on est sur du parfait : homosexualité féminine face à BDSM, hétérosexualité face à sexualité ordinaire, même combat, mêmes enjeux. J'ai hâte qu'il parle de l'homosexualité masculine et du transgenre, mais il semblerait que cela arrive dans la série suivante ... Vivement la suite donc !
Bref, le message est fort, et très bien amené. Tout ceci reposant principalement sur la force de l'auteur : les personnages. Encore une fois, on sent dans le développement une tendresse. Une tendresse incroyable de la part de l'auteur pour ces humains qu'il a créés et développés. On sent qu'il les aime, qu'il aime leur développement et qu'il s'est attaché (huhu, attaché, bdsm ... Quoi, faut bien rire un peu !) à les rendre le plus humain possible. L'empathie est totale avec ces personnes qui se découvrent, tout autant dans leurs sexualités que dans leurs vies (en même temps ça va souvent de paire). A ce titre, l'histoire d'Anne et son père est superbe, hilarante face à cette gêne qui nait de la situation, mais touchante par le rapport qu'ils entretiennent. Et montrer un père qui ne condamne pas la sexualité de sa fille même s'il n'y était pas préparé et qu'il n'y connait presque rien, c'est encore une fois un très beau message.
Après tout cela, que dire de plus ? J'ai une attente énorme de la suite, parce que contrairement à Sunstone, on sait que ces histoires ne finiront pas heureuses. Enfin, si, mais pas dans la voie qu'elles suivent actuellement. Et de sentir que le drame arrive (il est annoncé clairement au fil des pages), ça rajoute une dimension tragique qui donne envie de découvrir la suite.
En fait, le souci que j'ai avec cette BD, c'est que j'ai un mal fou à la considérer comme érotique, parce qu'en dehors de quelques scènes gentillettes de nues, on a rien de bien excitant. C'est vraiment une BD sur les liens sociaux, sur l'amour et sur l'humain. Le sexe, c'est ici une partie de l'être humain, rien de plus et rien de moins. Rien de honteux, rien de scandaleux, mais pas négligeable pour autant. Stjepan Sejic transmet un message de tolérance, d'humanité, mais aussi un message positif au possible. Comme s'il avait envie de crier "vivez votre sexualité comme vous l'entendez !" au monde. Et ça me touche beaucoup, parce que cette bienveillance permet de s'éloigner un peu de la lourdeur du réel. On aimerait que ce soit aussi simple et aussi beau dans notre monde, mais pour fabriquer un autre monde il faut commencer par le rêver. Et cette BD donne envie de le faire.
Je suis très -trop- élogieux envers cette BD, mais j'ai ri à la lecture, au point de devoir poser la BD et attendre quelques minutes que le fou rire passe, et j'ai été touché par les personnages. Alors même que je pensais que l'auteur ne réussirait pas à faire mieux que Sunstone. Et il n'a pas fait mieux : il a fait complémentaire et différent. C'est du grand art. Son dessin reste toujours aussi agréable, on y trouvera des belles idées de mise en scène, de composition et de colorisation. Et bien sûr, quelques scènes agréables à l'oeil. Mais si peu importantes face au reste, finalement ... Allez, je peux quand même faire une critique (si, je vous jure) : c'est quoi cette tête d'Alan sur la couverture ? Sérieusement, elle fait tâche par rapport au reste, et je ne la comprends pas.
En résumé, -parce que j'ai encore été écrire des caisses sur une BD que j'aime beaucoup- Sunstone : Mercy était un pari selon moi, et l'auteur l'a réussi sans conteste. Il a fait un réel tour de force au niveau du message, des personnages et de l'ambiance d'ensemble. C'est une BD qui fait du bien à lire, qui redonne le sourire et donne espoir. En fait, cette BD est une de ces histoires que j'aime parce qu'elle me fait sentir bien pendant la lecture, et encore plus après. Parce que l'auteur nous invite à voir sans juger, à apprécier sans participer et à faire son propre avis. C'est d'une justesse touchante, et j'attends impatiemment la suite.
Et s'il fallait le préciser, je crois bien que cette BD devrait trainer entre le plus de mains possible. Partager une part d'humanité, ça ne peux que faire du bien dans la situation actuelle ...
Bon, je suis enthousiaste et je rehausse ma note de 3.5 à 4, mais parce que j'attends la suite avec impatience et que je suis vraiment confiant sur ce que l'on aura.
J'ai fini ma lecture avec un grand sourire, parce que cette BD est à la fois une bonne BD mais aussi parce qu'elle semble augurer des bonnes choses à l'avenir. Elle fait directement suite au gros succès que fut Sunstone, et prolonge la réflexion qui a été menée dans cette autre série : comment vivre une sexualité heureuse lorsque nos goûts ne sont pas communs. Et j'ai retrouvé ici tout ce que j'avais aimé dans Sunstone : la bienveillance, la vision juste de cette sexualité, l'absence de voyeurisme (rassurez-vous, on a de quoi se rincer l’œil quand même !) et surtout une histoire avant tout humaine.
Cette fois-ci c'est une histoire de couple qui s'essaye à l'échangisme. L'histoire est donc loin de la découverte de l'autre, on est dans les relations de couple, dans la confiance et dans l'amour durable. Mais question plaisir, c'est une autre paire de manches, surtout après quelques années, quand on ne retrouve plus la passion du début ... J'ai beaucoup apprécié l'idée de commencer par un texte de présentation qui met immédiatement les choses au clair sur l'échangisme (pratique qui développe beaucoup de fantasmes et d'idées reçues) avant de développer une histoire qui nous permettra de découvrir comment ce couple y est venu, ce qu'il lui a apporté etc ... Le premier tome se lit très vite, et ne pose que les bases de l'histoire, mais on sent la volonté de faire à son propre rythme pour réellement développer une histoire humaine. Les personnages sont présentés dans leurs vies de tous les jours pendant la moitié de l'album avant que l'idée de l'échangisme apparaisse, et le premier tome se conclut sans que rien n'ait été amorcé. Et je trouve ça très bien, déjà parce que ça me donne envie de découvrir la suite, et surtout parce que j'ai eu le temps de découvrir ces personnes, leurs idées et les raisons qui les ont amenées là-dedans. Et que quand on parle d'intimité et surtout d'intimité pas forcément des plus simples à expliquer, j'aime qu'on prenne le temps.
Niveau dessin, je n'ai pas grand chose à dire, c'est très fonctionnel et bien mis en page, même si j'ai des petites réticences sur la façon de représenter la bouche de certains personnages (qui fait un peu artificielle pour le coup). On retrouve la patte des auteurs de comics, mais je regrette qu'il n'y ait pas quelques petites trouvailles dans la mise en scène, quelques petites variations qui rajouteraient du piment visuel. Peut-être pour la suite, qui sait ?
En tout cas, je semble peut-être dithyrambique, mais j'ai des bonnes attentes à propos de cette série. On découvre une nouvelle intimité de couple, une nouvelle intimité sexuelle, mais toujours avec une histoire avant tout humaine et qui s'attache à ses personnages. J'ai eu, dans ma vie personnelle, des rencontres de plusieurs personnes qui assument désormais une sexualité hors-norme, et ce genre de BD me fait plaisir, parce qu'au-delà de la découverte de ce qu'ils vivent réellement, j'y vois un message positif sur l'acceptation de tout cela. Loin d'une invitation au fantasme ou d'un appel à les rejoindre, on retrouve une BD qui invite à regarder ce qui existe et le voir sous son jour réel : un plaisir d'adultes, sans violence, sans haine et sans mépris. Un regard d'adulte, quoi !
J'attends la suite avec avidité, en espérant que tout cela me laissera un aussi bon goût en bouche !
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Seuls sont les indomptés
Arrivé presque à la fin de l’album, j’ai réalisé qu’il restait un ultime chapitre… et j’ai compris à quel rôle était destiné un personnage dont longtemps on ne comprend pas trop ce qu’il vient faire là… Et là, je me suis dit qu’Edward Abbey, l’auteur du livre dont est adaptée cette bande dessinée, n’était qu’un « p*** de b*** de m*** de l’enc*** de sa race ! », qu’il ne pouvait pas nous faire ça (ni à Jack Burns, son personnage de fiction, ni à moi, simple lecteur) ! Le salaud avait préparé son coup depuis le début et il m’a fallu attendre de voir qu’il restait ce chapitre pour le comprendre !!! Et je ne pouvais m’empêcher de penser « Non ! Pas ça ! Ne lui donne pas ce rôle-là ! Allez ! Sois sympa ! » Mais non, les rôles étaient distribués et l’inéluctable arrive… comme prévu… Et là-dessus, voilà qu’Hugo Piette en rajoute encore une petite couche pour la route et nous gratifie d’une ultime planche qui sonne comme un glas dans un désert navajo… Une page muette qui m’a rendu sourd. J’ai refermé le livre à moitié K.O. C’est pour ça que je lis des bandes dessinées, pour ressentir ce genre d’émotion, d’empathie pour des personnages qui, au départ, ne me semblent pourtant pas spécialement attachants !! Alors, messieurs les auteurs, pour ce pur instant d’émotion : merci ! Pourtant, tout avait commencé assez mollement. Le début du récit ne m’a guère passionné. Je m’attardais alors plus sur le dessin d’Hugo Piette, et sa colorisation qui rend autant hommage au Lucky Luke de Morris qu’à celui de Matthieu Bonhomme. Le personnage principal du récit m’énervait un peu, les événements s’enchaînaient dans un rythme très lent… En fait, je ne voyais pas vraiment où les auteurs voulaient en venir mais le personnage central se construisait peu à peu… Puis vient la seconde partie du récit ! Bordel ! La seconde partie du récit ! Cette chasse à l’homme improbable, où toute la bêtise humaine semble s’être liguée contre Jack Burns et sa soif inextinguible de liberté, qu’est-ce qu’elle est bien foutue. Seuls sont les indomptés est une ode à la liberté mais aussi le triste constat qu’à notre époque les cowboys solitaires n’ont plus vraiment leur place. (Et si je n’ai rien dit du travail de Max de Radiguès, c’est parce que je ne vois pas ce que je pourrais en dire tant cette bande dessinée ne souffre jamais du fait qu’il s’agit d’une adaptation, tant les dialogues sonnent juste, tant le découpage est bon. Il n’y a rien d’exceptionnel, mais simplement une justesse parfaite).
Robinsons père & fils
Décidément, Didier Tronchet et sa famille ont des choix de vies assez exotiques et originaux. Après leurs séjours en Amérique du Sud, voilà que Tronchet prend la décision de s'installer dans un îlot au large de Madagascar, seul avec son fils adolescent, simplement pour voir à quoi ça ressemble de vivre dans de telles conditions et voir combien de temps ils tiendront sans Internet, ni électricité, ni eau courante. Il faut avouer que si mon travail et ma situation financière me laissaient une telle liberté de vivre où l'envie m'en prendrait, j'aimerais aussi faire de telles expériences, même si pas forcément sur une île tropicale. Recadrons les choses tout de même : l’île aux Nattes où ils s'installent n'est pas une île déserte. Elle possède sa population malgache et aussi quelques rares expatriés, et surtout elle dispose sur l’île voisine d'une école française (quoique fonctionnant par correspondance) ce qui permet au fils de 13 ans de continuer ses études. S'il n'y a pas l’électricité de jour, des groupes électrogènes en fournissent le soir. Et s'il n'y a pas d'eau courante, des livreurs en ramènent des bidons en pirogue. Et puis il y a un phare : j'ai toujours aimé les îles avec des phares. Tronchet raconte donc son installation là, les quelques péripéties que cela implique et toutes les pensées qui lui ont traversé l'esprit au cours des mois que l'expérience a duré. Alors que le fils profite pleinement de ce cadre tropical, de l'école où aller en bateau tous les jours, de ses nouveaux amis avec qui il parcourt l'île et se baigne tous les jours, le père lui se retrouve très vite dans une situation très mitigée. L'angoisse de l'isolation, de ne rien avoir à faire, les vieilles pensées sombres qui remontent, un sentiment de culpabilité d'être là loin de tous et de l'agitation du monde, la peur de faire une grosse bêtise en ayant décidé de vivre une telle expérience et d'y avoir entraîné son fils. Je comprends assez bien ses sentiments, et j'ai bien ri sur la plupart des gags et des fois où l'auteur se tourne lui-même en dérision pour contrebalancer le sérieux de ses angoisses. Et surtout, la seconde vraie grande thématique de cet album est son inquiétude paternelle face à son fils qui vit son adolescence, celle d'un père qui essaie de gérer aussi bien qu'il le peut sa progéniture qui s'éloigne radicalement de lui et tue l'enfant qu'il était avant et par extension la relation fusionnelle qu'il avait avec ses parents. Là encore, le discours de Tronchet me parle beaucoup et là aussi je m'amuse de ses différentes pointes d'humour et de mise en perspective. Tout ce séjour semble se passer pour le mieux, de manière plutôt idyllique pour le père malgré ses angoisses, et de manière purement paradisiaque pour le fils. Je n'imaginais pas qu'ils tiendraient aussi longtemps et aussi bien dans de telles conditions de vie. Jusqu'à ce que finalement un événement plus grave vienne mettre fin à l'expérience. Mais là encore, j'ai trouvé la fin assez touchante et offrant une belle conclusion. J'ai donc apprécié cette BD qui a su me toucher et me faire rire. Du bon Tronchet plein de sincérité, d'exotisme et d'humour !
Torpedo 1972
Les Spaghetti Brothers de Mandrafina et Trillo ont eu droit à un génial épilogue censé se dérouler quelques années plus tard avec les Vieilles Canailles. Aujourd'hui Torpedo 1936 a droit également à un traitement équivalent avec la présente série censée se dérouler en 1972, année cinéma du "Godfather" de Coppola. Petit rappel : Torpedo c'est ce mafieux de seconde zone à l'enfance bien barrée et qui sait autant se servir de son feu que de sa queue. Affublé de son fidèle martyr euh lieutenant Rascal, Abuli nous avait copieusement régalé de ces aventures souvent courtes et gorgées d'humour très noir sous le crayon habile de Toth puis de Bernet. On retrouve donc la même fine équipe exactement 36 ans plus tard dans un New York psychédélique. Luca Torelli a claqué tout son fric et vit toujours dans un studio minable. Toujours habillé de son costard en soie, il souffre de la maladie de Parkinson mais semble toujours aussi alerte. Rascal est un poivrot sans cerveau qui leur prépare de somptueux pigeons ..... ramassés à Central Park. Un journaliste et sa plantureuse petite amie vont essayer de la leur jouer "à l'envers". La réaction de Torpedo risque d'être aussi cinglante que marrante ! C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé le petit plaisir coupable de mes 20 ans. Torpedo grabataire n'a rien perdu de sa verve légendaire. Véritable ordure pisse-froid, il est devenu une véritable légende pour ses ennemis qu'il a tous entraînés au cimetière et ses amis ben euh il n'en a guère. Peu de chance également d'être déçu avec Eduardo Risso dont le style se prête admirablement bien pour cette comédie très noire. Si les héros sont fatigués, tirent un peu moins vite leurs cibles ou leurs conquêtes, on rit toujours autant de bon cœur à toutes ces conneries parfois encore un peu trash. La seule déception c'est que les années passent mais que le style ne se renouvelle guère passés les quelques gags liés à l'âge de nos protagonistes. Torpedo 1972 se lit vite, très vite, bien trop vite mais c'était déjà le cas de la série d'origine. Reste à savoir si l'histoire s'en tiendra à ce seul tome comme un ultime au revoir ou si, succès et viagra aidant, nous retrouverons Les Vieux Fourneaux version Sicile sanglante dans de nouvelles aventures. Je risque d'être encore de la partie au vu des nombreux fous rires de cette courte rencontre.
Révolution (Locard / Grouazel)
Je voulais juste apporter une petite correction. Que ce soit pour le scénario, tout comme pour les dessins, nous parlons d'un travail à 4 mains. Les auteurs ont chacun au niveau des dessins, fait du travail séparé pour certaines planches, comme pour d'autres, fait chacun une partie de la même case. Ce qui est justement très fort, c'est qu'il faille être très très attentif pour voir une différence entre les 2 dessinateurs. Cette BD est vraiment de toute beauté et m'a donné envie de me plonger dans l'histoire de la Révolution française...c'est peu dire en ce qui me concerne.
Les Enfants de la Résistance
J'ai relu le premier tome et lu les tomes suivants pour la première fois et j'ai bien mieux accroché. On suit trois enfants qui vont devenir résistants durant la guerre. Ce qui est génial est qu'ils vont grandir et qu'au fil des tomes ils vont en apprendre plus sur le monde et tout n'est pas manichéen. De plus, à la fin de chaque album il y a un dossier éducatif qui se lit très bien. C'est le genre de série que je recommande pour les parents ayant des enfants faisant partie du groupe des 10-14 ans. C'est une lecture parfaite pour eux car ils risquent d'en apprendre sur la seconde guerre tout en s'amusant à lire les aventures de ces gamins qui vont finir par devenir de grands résistants. Le scénario est prenant et j'ai souvent eu peur que quelque chose de grave arrive à un des trois protagonistes, surtout que les auteurs n'ont pas peur de montrer la dure réalité de l'occupation allemande. On pouvait mourir en résistant aux Allemands et il existait des Français collabos qui n'avaient aucune honte à écrire des dénonciations anonymes aux nazis. On est loin de certaines œuvres de fiction qui proposent des récits de luttes entre les gentils Français et les méchants Allemands et les Français peuvent prendre tous les risques sans recevoir de conséquences graves. Les personnages principaux sont attachants et j'aime particulièrement Lisa, un personnage ambigu vu qu'il est clair que les auteurs n'ont pas encore tout dit sur son passé. Le dessin est très bon. J'ai tout de même un reproche à faire : deux personnages se ressemblent un peu trop et je me suis finalement aperçu que c'était en fait deux personnages et non pas le même lorsque je les ai aperçus dans la même scène. Cela a rendu le scénario inutilement compliqué pour moi parce que je pensais qu'il y avait eu une erreur dans le scénario !
Jim Cutlass
Longtemps j'attendrai la suite. Carolyn sera-t-elle l'amour de sa vie de Jim ? Tant de promesses dans chaque tome, qui appellent le suivant, et particulièrement dans le dernier tome. Celui qui aime Blueberry ne devrait pas ne pas aimer cette série. Jean-Michel Charlier est un bon faiseur de scénario, certes mais c'est quand même toujours la même chose. (Sorry pour les fans mais je viens de relire tous les Blueberry et c'est ce qui m'a le plus frappé.) Ici, c'est amour et folie et amour de la folie.
Le Tueur
Rien de forcément révolutionnaire dans les aventures de ce tueur à gages, mais pourtant la lecture se révèle agréable. Il faut dire que le ton adopté (faussement nonchalant, désinvolte), la narration (la plupart du temps les textes en off sont constitués des états d’âmes, des réflexions de notre héros de tueur, ces commentaires étant bien plus nombreux que les dialogues), tout concourt à développer une ambiance étonnamment calme, posée et « limpide », alors même que le sujet prêterait davantage à la noirceur et à un rythme saccadé. Matz réussit ainsi à faire sortir de la banalité l’ordinaire de ses histoires. Le cynisme, les réflexions de ce tueur amoral, désabusé et anonyme (qui serait presque un homme quelconque, n’était son « sale » métier) le font pencher vers certains personnages des polars de Manchette. J’ai aussi songé un temps au ton de « L’Etranger » de Camus ». Il faut dire aussi que le dessin de Jacamon est pour beaucoup dans la fluidité de la lecture, dans un style semi réaliste efficace, dynamique, un trait gras – lui qui se fait parfois plaisir sur certaines planches (les crocodiles dans les premiers albums par exemple, avec un jeu intéressant sur les ombres). La colorisation manque toutefois de nuance. Sans trop de surprises donc, mais c’est du travail très bien fait. Voilà des albums bien fichus pour quelques moments de détente sans prise de tête. J’ai lu pour le moment le premier cycle de 5 tomes (les seuls albums que je possède), et poursuivrai sans doute ma lecture plus loin à l’occasion. Note réelle 3,5/5.
The Kong Crew
The Kong Crew se présente comme une uchronie de fiction dans laquelle King Kong aurait survécu à l’armée américaine en 1933. Nous sommes en 1947, une unité d’élite est chargée de surveiller Manhattan désertée par la population et devenue repère du monstre. Alors qu’un journaliste et un professeur se sont introduits sur le territoire interdit, Virgil est envoyé en mission de reconnaissance... L’auteur s’en donne à cœur joie en nous proposant un cocktail détonnant, hommage aux films pulp des années 50. Car Manhattan n’abrite pas qu’un singe de 11 tonnes ! On y trouvera également des plantes venues d’une autre époque, des dinosaures, des militaires, un groupe d’amazones et un teckel à la recherche de son maître... Sans pour autant que ses éléments paraissent incongrus. Le récit est mené tambour battant et les pages se tournent toutes seules pour ce premier tome qui se lit sans faim, superbement servi par un dessin parfaitement maîtrisé. Sans prétention moralisatrice sous jacente, The Kong Crew est un divertissement d’action qui atteint pleinement son but. Nul doute que l’expérimenté Eric HERENGUEL saura transformer l’essai lors des tomes suivants.
Sunstone - Mercy
Je suis parfois gêné en mettant une note, parce qu'elle pourrait être bien trop personnelle et induire en erreur d'autres lecteurs. C'est pour ça que j'essaye de toujours être le plus clair possible dans mes avis. Mais là, j'ai beau essayer, je mets le culte. Parce que franchement, je suis bluffé. L'idée d'un spin-off sur deux personnages secondaires de Sunstone me plaisait énormément, ne serait-ce que pour avoir l'opportunité de retourner dans cet univers-là. Mais, comme souvent avec les spin-off, j'avais également de l'appréhension quant à l'histoire. L'auteur parlait de dévoiler l'histoire de Anne et de Alan, et si celle de Anne nous était totalement inconnue, celle de Alan avait déjà été racontée par bribes dans la série Sunstone. Donc j'avais peur d'une redondance, d'une histoire sans grand intérêt si l'on avait déjà lu l'autre série. Mais qui suis-je pour juger avant de lire ? Et la lecture fut merveilleuse. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que ce soit si bon. Parce que l'auteur a fait fort, très fort même : il a créé une histoire qui s'articule parfaitement autour de celle de Sunstone, reprenant des éléments mais créant quelque chose de neuf, de différent et sur un autre propos. Bref, l'auteur a fait une nouvelle BD. Je m'attendais à ce que l'album soit centré sur la vie d'Alan et que le second soit centré sur Anne, mais l'auteur a choisi de mêler les deux voix en faisant raconter alternativement leurs aventures aux deux. Et l'idée est remarquablement trouvée, puisque chacun présentera sa découverte de la sexualité, son histoire "d'amour" (les guillemets sont importants) et l'état d'esprit avec lequel ils abordent tout cela. Le mélange des deux histoires met en parallèle leurs vies, mais aussi leurs attentes, et surtout le rapport de chacun à la sexualité. Rien que pour cela, je trouve que l'auteur fait incroyablement fort : son histoire réussit à mettre sur un pied d'égalité deux sexualités différentes, en montrant que toutes se ressemblent. En terme de message tolérant, on est sur du parfait : homosexualité féminine face à BDSM, hétérosexualité face à sexualité ordinaire, même combat, mêmes enjeux. J'ai hâte qu'il parle de l'homosexualité masculine et du transgenre, mais il semblerait que cela arrive dans la série suivante ... Vivement la suite donc ! Bref, le message est fort, et très bien amené. Tout ceci reposant principalement sur la force de l'auteur : les personnages. Encore une fois, on sent dans le développement une tendresse. Une tendresse incroyable de la part de l'auteur pour ces humains qu'il a créés et développés. On sent qu'il les aime, qu'il aime leur développement et qu'il s'est attaché (huhu, attaché, bdsm ... Quoi, faut bien rire un peu !) à les rendre le plus humain possible. L'empathie est totale avec ces personnes qui se découvrent, tout autant dans leurs sexualités que dans leurs vies (en même temps ça va souvent de paire). A ce titre, l'histoire d'Anne et son père est superbe, hilarante face à cette gêne qui nait de la situation, mais touchante par le rapport qu'ils entretiennent. Et montrer un père qui ne condamne pas la sexualité de sa fille même s'il n'y était pas préparé et qu'il n'y connait presque rien, c'est encore une fois un très beau message. Après tout cela, que dire de plus ? J'ai une attente énorme de la suite, parce que contrairement à Sunstone, on sait que ces histoires ne finiront pas heureuses. Enfin, si, mais pas dans la voie qu'elles suivent actuellement. Et de sentir que le drame arrive (il est annoncé clairement au fil des pages), ça rajoute une dimension tragique qui donne envie de découvrir la suite. En fait, le souci que j'ai avec cette BD, c'est que j'ai un mal fou à la considérer comme érotique, parce qu'en dehors de quelques scènes gentillettes de nues, on a rien de bien excitant. C'est vraiment une BD sur les liens sociaux, sur l'amour et sur l'humain. Le sexe, c'est ici une partie de l'être humain, rien de plus et rien de moins. Rien de honteux, rien de scandaleux, mais pas négligeable pour autant. Stjepan Sejic transmet un message de tolérance, d'humanité, mais aussi un message positif au possible. Comme s'il avait envie de crier "vivez votre sexualité comme vous l'entendez !" au monde. Et ça me touche beaucoup, parce que cette bienveillance permet de s'éloigner un peu de la lourdeur du réel. On aimerait que ce soit aussi simple et aussi beau dans notre monde, mais pour fabriquer un autre monde il faut commencer par le rêver. Et cette BD donne envie de le faire. Je suis très -trop- élogieux envers cette BD, mais j'ai ri à la lecture, au point de devoir poser la BD et attendre quelques minutes que le fou rire passe, et j'ai été touché par les personnages. Alors même que je pensais que l'auteur ne réussirait pas à faire mieux que Sunstone. Et il n'a pas fait mieux : il a fait complémentaire et différent. C'est du grand art. Son dessin reste toujours aussi agréable, on y trouvera des belles idées de mise en scène, de composition et de colorisation. Et bien sûr, quelques scènes agréables à l'oeil. Mais si peu importantes face au reste, finalement ... Allez, je peux quand même faire une critique (si, je vous jure) : c'est quoi cette tête d'Alan sur la couverture ? Sérieusement, elle fait tâche par rapport au reste, et je ne la comprends pas. En résumé, -parce que j'ai encore été écrire des caisses sur une BD que j'aime beaucoup- Sunstone : Mercy était un pari selon moi, et l'auteur l'a réussi sans conteste. Il a fait un réel tour de force au niveau du message, des personnages et de l'ambiance d'ensemble. C'est une BD qui fait du bien à lire, qui redonne le sourire et donne espoir. En fait, cette BD est une de ces histoires que j'aime parce qu'elle me fait sentir bien pendant la lecture, et encore plus après. Parce que l'auteur nous invite à voir sans juger, à apprécier sans participer et à faire son propre avis. C'est d'une justesse touchante, et j'attends impatiemment la suite. Et s'il fallait le préciser, je crois bien que cette BD devrait trainer entre le plus de mains possible. Partager une part d'humanité, ça ne peux que faire du bien dans la situation actuelle ...
Swing
Bon, je suis enthousiaste et je rehausse ma note de 3.5 à 4, mais parce que j'attends la suite avec impatience et que je suis vraiment confiant sur ce que l'on aura. J'ai fini ma lecture avec un grand sourire, parce que cette BD est à la fois une bonne BD mais aussi parce qu'elle semble augurer des bonnes choses à l'avenir. Elle fait directement suite au gros succès que fut Sunstone, et prolonge la réflexion qui a été menée dans cette autre série : comment vivre une sexualité heureuse lorsque nos goûts ne sont pas communs. Et j'ai retrouvé ici tout ce que j'avais aimé dans Sunstone : la bienveillance, la vision juste de cette sexualité, l'absence de voyeurisme (rassurez-vous, on a de quoi se rincer l’œil quand même !) et surtout une histoire avant tout humaine. Cette fois-ci c'est une histoire de couple qui s'essaye à l'échangisme. L'histoire est donc loin de la découverte de l'autre, on est dans les relations de couple, dans la confiance et dans l'amour durable. Mais question plaisir, c'est une autre paire de manches, surtout après quelques années, quand on ne retrouve plus la passion du début ... J'ai beaucoup apprécié l'idée de commencer par un texte de présentation qui met immédiatement les choses au clair sur l'échangisme (pratique qui développe beaucoup de fantasmes et d'idées reçues) avant de développer une histoire qui nous permettra de découvrir comment ce couple y est venu, ce qu'il lui a apporté etc ... Le premier tome se lit très vite, et ne pose que les bases de l'histoire, mais on sent la volonté de faire à son propre rythme pour réellement développer une histoire humaine. Les personnages sont présentés dans leurs vies de tous les jours pendant la moitié de l'album avant que l'idée de l'échangisme apparaisse, et le premier tome se conclut sans que rien n'ait été amorcé. Et je trouve ça très bien, déjà parce que ça me donne envie de découvrir la suite, et surtout parce que j'ai eu le temps de découvrir ces personnes, leurs idées et les raisons qui les ont amenées là-dedans. Et que quand on parle d'intimité et surtout d'intimité pas forcément des plus simples à expliquer, j'aime qu'on prenne le temps. Niveau dessin, je n'ai pas grand chose à dire, c'est très fonctionnel et bien mis en page, même si j'ai des petites réticences sur la façon de représenter la bouche de certains personnages (qui fait un peu artificielle pour le coup). On retrouve la patte des auteurs de comics, mais je regrette qu'il n'y ait pas quelques petites trouvailles dans la mise en scène, quelques petites variations qui rajouteraient du piment visuel. Peut-être pour la suite, qui sait ? En tout cas, je semble peut-être dithyrambique, mais j'ai des bonnes attentes à propos de cette série. On découvre une nouvelle intimité de couple, une nouvelle intimité sexuelle, mais toujours avec une histoire avant tout humaine et qui s'attache à ses personnages. J'ai eu, dans ma vie personnelle, des rencontres de plusieurs personnes qui assument désormais une sexualité hors-norme, et ce genre de BD me fait plaisir, parce qu'au-delà de la découverte de ce qu'ils vivent réellement, j'y vois un message positif sur l'acceptation de tout cela. Loin d'une invitation au fantasme ou d'un appel à les rejoindre, on retrouve une BD qui invite à regarder ce qui existe et le voir sous son jour réel : un plaisir d'adultes, sans violence, sans haine et sans mépris. Un regard d'adulte, quoi ! J'attends la suite avec avidité, en espérant que tout cela me laissera un aussi bon goût en bouche !