Les derniers avis (39208 avis)

Par Canarde
Note: 4/5
Couverture de la série Une Soeur
Une Soeur

Juste après avoir relu Cet été-là de Jillian et Mariko Tamaki qui traite un peu du même sujet de l'adolescence qui pointe son nez pendant des vacances en bord de mer, c'est intéressant de lire une sœur, de Bastien Vivès. L'un présente deux filles qui s'ennuient pendant les vacances et la plus grande commence à s'intéresser aux garçons, c'est long, c'est pleins de détails psycho familiaux, alors que l'autre album présente deux frères tout sages (toujours à dessiner sur la table de la cuisine) qui doivent accueillir pendant une semaine de leurs vacances une très belle adolescente dans leur chambre. Une approche de long bain tiède entre la légèreté et la tristesse d'un coté et de l'autre un court récit d'intrusion de la sexualité dans la vie d'un jeune homme qui n'était pas demandeur. Chez Vivès, c'est la jeune fille qui se sert un peu du garçon (Antoine) comme d'une doublure, pour essayer et avoir moins peur de "le faire" avec un garçon de son âge. Et ce coup d'essai pour elle est un viol pour lui. N'est-il qu'un objet sexuel ou pas ? Tout ceci est présenté dans une fluidité effrayante, seuls les regards sidérés et enfantins d'Antoine laissent entrevoir une cassure qui n'est pas développée. Tout est très rapide et silencieux. comme d'habitude avec Vivès, les traits économes et les dialogues très justes nous rappellent tellement de situations vécues... Évidemment cet enfant dessinateur et la subtilité des observations (les paroles du petit frère, celles des grands ados inconscients...) tendent à nous faire penser qu'il s'agit d'une situation réellement vécue par l'auteur... Je comprends que les femmes victimes de viol puissent craindre devant toute cette subtilité que le viol fait par une femme ne puisse effacer celui réalisé par les hommes. Mais cela doit être dit. Aussi. Et cela semble expliquer en partie la fascination de Vivès pour ces situations de beauté dans la violence.

06/08/2025 (modifier)
Par Brodeck
Note: 4/5
Couverture de la série L'Île aux orcs
L'Île aux orcs

C'est un récit franchement gore, violent, brutal, mais objectivement il faut reconnaître que pour un trip sous acide, c'est quand même très maîtrisé. :) La colorisation, le dessin pourraient être à première vue repoussants, mais à l'arrivée, ils expriment très bien la saleté, la puanteur, la misère, le fourmillement des cités. Les cadrages sont spectaculaires et le trait vif et dynamique est adapté à ce récit de dark fantasy dont le côté sombre est là aussi bien maîtrisé. C'est brutal, mais très efficace et l'aventure est bien présente. Avis aux amateurs du genre. Un bon 3,5 pour moi, je ne me suis pas du tout ennuyé, un 4/5 si vous êtes un adepte de cet univers, voire plus si affinités.

06/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Plein feu sur l'escalope milanaise
Plein feu sur l'escalope milanaise

Je surnote à l’évidence ce petit album. Mais je suis le cœur de cible de ce type d’humour, et le développer sur une histoire complète – en proposant très régulièrement des gags – est un exercice assez casse-gueule, rarement réussi. Malgré l’inégalité de l’ensemble, je me suis bien amusé à suivre ces aventures ridicules, Ami Inintéressant (alias Pascal Galibourg) nous propose là quelque chose de très réussi dans son genre. Son style très minimaliste (il a depuis publié plusieurs albums toujours avec ces bonhommes bâtons) se révèle efficace et n’empêche nullement le lecteur de comprendre histoires et dialogues. Une histoire qui baigne dans l’absurde le plus loufoque, dans la lignée de Fabcaro. Et d’ailleurs ce dernier participe à l’album en intervenant plusieurs fois, dans son propre rôle (voir extrait dans la galerie) pour menacer Ami Inintéressant d’ennuis judiciaires et autres tortures si celui-ci continue de la plagier. Mais en fait Ami Inintéressant développe son propre style – dans les limites imparties par le genre absurde – et s’il y a parfois parenté au niveau de l’humour, ça s’en éloigne aussi rapidement. Un autre spécialiste actuel de l’absurde réussi – Tienstiens – fournit lui une postface en forme de making-of. Résumer l’histoire est difficile et finalement pas très important. Mais elle part donc dans un humour crétin, comme ses protagonistes (surtout un contrôleur de la RATP et une policière), de nombreux gags étant poilants. Ami Inintéressant s’acharne aussi sur Guillaume Musso (en nous livrant en particulier la recette de son succès…) de façon assez jubilatoire. A réserver aux amateurs d’humour con et absurde, avec dessins minimalistes. Mais dans le genre, c’est assez drôle. Note réelle 3,5/5.

06/08/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft
Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft

Acheté sur le stand de l'éditeur à Angoulême en début d'année, ce n'est que pendant mes vacances de cet été que j'ai enfin trouvé le temps de lire cet album. Pour commencer on remarquera et on appréciera la qualité portée à l'objet. Les éditions 404 nous gâtent et nous régalent ! Ajoutez à cela le graphisme fantasmagorique de Jakub Rebelka qui se prête si bien à l'univers halluciné de H. P. Lovecraft et nous voilà parti pour suivre cette dernière journée que lui prête Romuald Giulivo. Alors oui, les fans de l'auteur se sentiront moins perdus ; avoir des références en littérature fantastique donne d'avantage d'éclairages également. Car les références et auteurs du genre sont nombreux dans cette dernière journée fantasmée, mais sans tomber dans le pompeux ni le catalogue. C'est finement amené et souvent peu amène envers Lovecraft. On ne peut pas dire que ses travers soient cachés sous le tapis, bien au contraire ; c'est d'ailleurs l'une des forces de cet album de tendre ce miroir sans complaisance à l'auteur, l'autre résidant dans cette démonstration d'une certaine forme d’immortalité qu'acquièrent certains auteurs à travers leur œuvre. Et c'est là toute la singularité et le jeu que construit le scénariste, car Lovecraft n'aspirait plus qu'au néant et à l'oubli ! Un album envoutant qui ravira les amateurs de Lovecraft et saura certainement séduire les néophytes curieux.

06/08/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Carnet chinois
Carnet chinois

Comment faire avec les juxtapositions de la vie ? - Ce tome constitue un témoignage complet, ne nécessitant pas de connaître l’auteur ou son œuvre pour l’apprécier. Son édition originale date de 2019. Il a été réalisé par Edmond Baudoin pour les observations, le scénario et les dessins. Il comporte quarante-neuf pages de bande dessinée. Il se termine avec six dessins réalisés par des artistes chinois : Yang Liuja, Zhang Yuxi, Cao Yan, Han Xiayue, Ge Yang. 24 mai 2017. Sur un écran devant son siège dans l’avion, un paysage défile. Le désert de Gobi. Dans une demi-heure, il sera à Beijing… Pékin. Il est en Classes affaires. Champagne et la nuit couché, comme dans un lit. En Israël, la mère de Béatrice est morte. Il va rester en Chine jusqu’au 19 juin. Béatrice, un grand amour, la maman de Anne leur fille. Dimanche dernier, il était à Faus-la-Montagne. C’était pour un anniversaire, celui de Laetitia. Ses dix ans. Il y a dix ans qu’un test lui a dit qu’elle n’avait pas le gène de sa mère. Un gène qui a pour nom Hutington. C’était une belle fête. Un grand bal. Faux-la-Montagne, un village de la Creuse, si loin de la Chine. Il s’endort. Edmond Baudoin aimerait que ses amours, ses enfants vivent ce qu’il vit. Comment le leur donner ? Il y a deux jours, un homme à Manchester s’est fait exploser au milieu d’enfants venus écouter une chanteuse dans une salle de spectacle. Comment faire avec les juxtapositions de la vie ? L’avion est arrivé, Edmond est dans un bel hôtel, dans un quartier populaire. Il faut qu’il dessine, qu’il écrive encore et encore, tant qu’il peut, avant que tout s’arrête pour lui. Ça s’arrêtera quand ? Edmond ne sait pas. Mais il sait que c’est bientôt. Le 25 au matin, il est avec les étudiants, une cinquantaine. C’est une jeune femme, Claire, qui est la traductrice (son vrai prénom est Shaojin). Les étudiants, certains ont déjà été publiés, sont très doués. Il le verra plus tard, en découvrant leurs travaux. Ils vont rester trois jours avec lui. Naturellement Edmond Baudoin n’a aucun plan. Alors comme d’habitude, il commence par la musique du dessin, une vague. La suite, on verra. Il y a de très jolies filles. De ce voyage, il veut laisser une trace sur du papier. Alors quand il a un moment à lui, il marche dans le quartier où il loge. Cette scène de rue le fait voyager dans le temps, dans d’autres villes, dans son village. Dans quelque chose d’immuable… quelque chose de l’humanité. Les étudiants lui demande comment lui vient l’idée d’un livre. Comment vient l’idée d’un livre. Le vingt-six mai 2017, sur son portable, un message : Jeanine est partie. C’est un de ses fils qui lui a envoyé cette nouvelle, Hughes. Jeanine… était… sa maman. Il avait vingt-et-un ans, vingt-deux peut-être. Elle en avait vingt, vingt-et-un peut-être. Ils étaient pauvres, leur amour était riche. Edmond n’est pas fidèle avec son corps, mais les amours qu’il a eues à vingt ans sont toujours dans ses jours. Jeanine était un arbre dans son jardin. Quelque chose comme un églantier devenu arbre. Cet arbre est tombé. Il a eu trois fruits magnifiques. C’est beau les fruits des églantiers farouches. Dans l’espace où elle vivait, elle l’a fait vivre. Merci Jeanine. Ouvrir une bande dessinée d’Edmond Baudoin, c’est l’assurance de découvrir une narration intimement personnelle que ce soit dans la forme ou dans le fond. Carnet chinois : bon, ben, c’est clair, l’auteur a bénéficié d’un voyage tous frais payés et il en a profité pour faire quelques dessins qu’il a réuni dans un recueil. En effet, ça commence exactement comme ça. Avec ce coup de pinceau reconnaissable entre mille, il réalise des prises de vue de ce qu’il voit dans cet environnement exotique : une rue telle qu’elle se présente devant avec des formes difficiles à distinguer du fait d’un dessin trop charbonneux, puis une vue de la salle de classe dans laquelle il intervient mais vue depuis le fond plutôt que depuis la position d’intervenant, trois étudiants dehors devant un scooter parce que c’est ce qui a retenu l’attention de l’artiste à un moment donné et qu’il s’est dit que cela constitue un instant signifiant à défaut d’être représentatif, un portrait en plan poitrine de Jeanine pour évoquer la défunte, une jeune femme penchée sur son établi dans un atelier à côté de laquelle Edmond a choisi de s’asseoir, etc. Une collection d’instantanés, à laquelle a présidé la subjectivité de ce créateur. De fait, il s’agit d’une visite guidée qui en dit plus sur l’auteur que sur le pays, qui évoque une phase de deuil survenu en simultané, qui intègre aussi bien des vues touristiques (un bouddha dans un temple), que ses activités d’intervenant, que des souvenirs. Dans un premier temps, la lecture donne l’impression d’illustrations relevant du thème de ce séjour en Chine, dont l’ordre logique ne tient que par le texte qui évoque aussi bien le but du voyage (animer un atelier de bande dessinée), les impressions sur place, le décès de celle qui fut sa compagne pendant plusieurs années, le temps qu’ils aient ensemble trois enfants, attentat-suicide terroriste islamiste à la Manchester Arena le 22 mai 2017 à la sortie d'un concert d’Ariana Grande. D’un point formel, la première planche contient deux dessins, la troisième également ainsi que la quatrième, la sixième, la septième… Le lecteur ressent que cette succession de pages forme plus qu’une simple collection d’illustrations, assemblées au gré de souvenirs progressant sur deux lignes temporelles : il ressent une progression narrative, aussi bien chronologique au fur et à mesure du déroulement du séjour, que émotionnelle pour ce deuil presque conceptuel du fait de milliers de kilomètres qui le sépare de la Chine, et dans les considérations sur l’expérience de cette dissociation, des réactions des étudiants, sur l’existence. Il se produit des interactions entre texte et image, des réponses d’une image à une autre, une forme très éloignée des caractéristiques habituelles de la bande dessinée, tout en relevant bel et bien de la narration séquentielle. Le lecteur se sent embarqué dans l’avion qui figure dans la première planche, une esquisse sommaire, et il regarde lui aussi par le hublot, une autre esquisse sommaire. Il regarde enfin le visage de Laetitia, avec une curiosité toute relative. Dès la seconde planche, il retrouve les illustrations caractéristiques de Baudoin : des dessins au pinceau, s’attachant avant tout aux formes et à l’impression dont l’œil fait l’expérience, avec quelques détails choisis, plus ou moins précis. Cela constitue déjà une sensation singulière de lecture. La salle d’étudiants vue depuis le fond : des silhouettes très vagues assises sur des chaises, des traits très sommaires pour indiquer la présence d’une tale, des masses noires pour les chevelures. L’ensemble fonctionne parfaitement ; s’il s’attarde sur une forme ou une autre le lecteur perd la cohérence d’ensemble pour ne plus voir qu’un assemblage de trait au pinceau dépourvu de sens. En fonction de ce qu’il représente, l’artiste peut insister sur de gros blocs irréguliers de noir, sur des traits secs à l’encre, sur des zones frottées de gris, sur une représentation beaucoup plus concrète et détaillée, sur des formes épurées jusqu’à l’abstraction, etc. C’est toute la magie de son art : aboutir à une collection de dessins hétéroclites qui forment un tout cohérent. La narration textuelle peut donner une impression tout aussi hétéroclite, un collage juxtaposant allègrement des phrases sans rapport les unes aux autres, comme un flux de pensées jetées comme elles viennent. Là encore, le lecteur perçoit la trame que tissent ces différents fils, leur intrication aussi inattendue que indissociable, amenant vers une personnalité intégrée, celle de ce créateur unique. Son séjour en Chine l’emmène aussi bien à analyser la production des jeunes étudiants qu’ils trouvent très forts en dessin, moins bons en scénario, qu’à admirer les vestiges des siècles passés, et à être consterné par le comportement des visiteurs d’un zoo qui photographient les pandas dans une cage en verre, un miroir. Il ne sait pas si on va sauver les pandas, il ne sait pas si l’humanité va se sauver. Et si les taches noires autour des yeux du panda avaient été différentes ?… La culture, peinture, théâtre, danse, cinéma, littérature, bande dessinée… développent l’esprit critique, cette forme de pensée qui aide à vivre et à mourir. Si la culture ne fait pas cela, elle fait quoi ? Que font ces pauvres gens qui, voulant photographier un panda, photographient leurs images dans une vitre ? Et le terrifiant, c’est que ça va s’aggraver. En mémoire de la défunte Jeanine, il pense à leurs enfants, à une anecdote quand ils étaient à une terrasse de café et qu’il n’avait pas de quoi payer leur consommation. Tout naturellement la relation avec les étudiants et ses interventions (non préparées) l’amènent à des réflexions sur son art et son métier : la réalisation et la présentation de ses œuvres du moment (Dali par Baudoin en 2012, Ballade pour un bébé robot écrit avec Cédric Villani et paru en 2015, Peau d’âne en 2010), dessiner encore et encore, tant qu’il peut (ce qui le ramène à son âge, et à sa propre finitude), sur la source de l’idée d’un livre, sur la joie tranquille de contempler une autre personne en train de créer, sur l’accroissement de l’importance et de l’aura des œuvres religieuses avec l’ancienneté, sur la confrontation des messages dans un même dessin (En Chine, il est gâté.), sur les grands territoire du jardin secret de deux autres artistes qui sont également invités à la fête des bulles (Pénélope Bagieu, Jean-Marc Rochette, Thierry Robin), sur la fonction de l’art, sur ce qui fait le bonheur, etc. Arrivé en page cinquante-et-un, le lecteur découvre qu’il passe à un deuxième récit intitulé Shi Tao, le moine Citrouille Amère, comportant des citations de cet artiste, six illustrations en pleine pages dont quatre consacrées à un arbre, une grande spécialité de Baudoin. Il explique que Shi Tao (1641-1719) a été pour lui un professeur, et qu’il aime beaucoup ses textes. Le lecteur découvre la sagesse de cet artiste : sur la règle et l’absence de règle, sur l’apport de la Nature et la possibilité qu’elle donne de transformer l’apport des Anciens, sur le fait que la réceptivité doit précéder la connaissance, sur l’idée que la substance du paysage se réalise en atteignant le principe de l’Univers. À nouveau, le lecteur ressent en son for intérieur la manière dont l’artiste a assimilé ces principes et les met en œuvre dans cette bande dessinée. Décidément, chaque ouvrage de ce créateur constitue une aventure unique en son genre. Un carnet de dessins à l’occasion d’un séjour en Chine. Oui, il y a de cela, et tellement plus. Des illustrations extraordinaires de Chine et d’arbres, un effet de narration visuelle à la forme aussi unique que personnelle, ses réactions de touriste assez particulier, d’autres événements qui s’entremêlent avec son expérience du moment présent, un regard bienveillant et humaniste. En pleine empathie avec l’auteur, le lecteur se demande avec lui : Comment faire avec les juxtapositions de la vie ?

06/08/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Monster Club
Monster Club

Une note légèrement supérieure à ce que je pense réellement de ces deux tomes, mais l'évolution se fait dans le bon sens, donc j'arrondis la note au supérieur. Encore loin de la finesse de son merveilleux Le Baron, Masbou montre toutefois qu'il est capable d'écrire une histoire débordant de personnages. Peut-être un peu trop d'ailleurs, car certains manquent légèrement de développement, mais il parvient à orchestrer toute une intrigue et des scènes d'action de manière fort cohérente pour un nombre de personnages particulièrement élevé. Il est alors dommage que la qualité des dessinateurs ne suivent pas tout à fait celle des scénarios. Leprévost et Faw ne déméritent pas, mais leur dessin manquent de la finesse qui aurait conféré au récit l'ampleur nécessaire. Cela gâte un peu la dimension épique, mais on goûte quand même avec beaucoup de plaisir la dimension Jules Verne/Conan Doyle de ces deux tomes savoureux. Le récit et l'humour étant mieux rodés dans le deuxième tome, on regrette d'ailleurs que cette saga n'ait pas continué après Décapodes et veilles lanternes (surtout quand on commence à mieux connaître les personnages), mais en l'état, ça se lit et relit agréablement, tout en étant conscient qu'on n'est pas là dans le genre de BD qui va marquer l'histoire du genre.

04/08/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde
Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde

Quelle belle trouvaille de la part des auteurs d’avoir conçu une enquête policière se déroulant sur l’île de Pâques, une petite île au bout du monde connue d’abord pour ses célèbres statues monumentales, les moaï ! Mais ici, ces vestiges de la civilisation autochtone n’apparaîtront qu’en toile de fond, spectateurs silencieux d’un crime sordide d’une violence inouïe. La victime, un notable anglais résident sur l’île à la tête d'un élevage de chevaux, n’avait pourtant aucune raison d’avoir des ennemis. Selon les informations recueillies par l’inspecteur Valverde, Anthony Wilcox semblait être le gendre idéal, bien sous tous rapports et apprécié par l’ensemble des habitants, qu’ils soient pascuans ou chiliens. Alors qui pourrait être à l’origine du meurtre ? Valverde va vite comprendre que l’accusé, d’origine autochtone, est innocent, même si son apparente folie et une certaine agressivité comportementale ne jouent guère en sa faveur… L’inspecteur va d’abord se heurter à l’hostilité du gouverneur, qui accepte mal cet « intrus » ami du président chilien missionné pour résoudre cette affaire… Captivant et très bien ficelé, le scénario, dans sa tonalité hitchcockienne, joue sur la lenteur tout en maintenant le mystère jusqu’au dénouement, avec une galerie de personnages qui va défiler sous le regard patient et acéré de l’inspecteur Valverde… Des personnages pour la plupart très bien campés, à commencer par Valverde lui-même, un homme qui malgré sa morgue apparente de départ, va révéler ensuite des qualités contradictoires avec son statut, celui d’agent gouvernemental de la police précédé par une réputation d’enquêteur impitoyable avant qu’il ne débarque sur l’île… Mais au-delà de l’intrigue policière, c’est une autre grille de lecture que nous proposent les auteurs : un condensé de l’histoire coloniale d’un pays, le Chili, héritage des conquistadors qui s’emparèrent d’un continent de la manière la plus brutale, tout comme l’île de Pâques — même si elle se trouve à 3500 km de la côte —, et consécutivement une dénonciation du traitement indigne infligés aux populations natives qui perdura jusqu’au XXe siècle. Pour concevoir son scénario, Thomas Lavachery s’est inspiré du témoignage de son grand-père, qui avait séjourné sur l’île en 1934 lors d’une mission archéologique, comme il l’évoque en post-face. Celui-ci s’était dit hanté à jamais par le fait divers évoqué dans le livre (dont je ne peux rien dire au risque de gâcher la surprise du dénouement). C’est ainsi que l’on découvre une communauté autochtone sous la domination des colonisateurs. Les Pascuans (gentilé des habitants) sont exploités pour les tâches subalternes, relégués dans des habitations de fortune. Et lorsqu’ils sont contaminés par la lèpre qui à cette époque faisait des ravages dans les pays tropicaux, ils sont confinés et entassés dans une léproserie qui n’est rien d’autre qu’un taudis humide, tandis que les colons blancs jouissent du plus grand confort. Les dialogues possèdent une belle qualité littéraire pour des personnages très incarnés. Il y a évidemment l’inspecteur, impressionnant par sa stature mais aussi par son extravagance et son érudition, mais tous celles et ceux qui vont graviter autour de lui durant son séjour sur l’île, les plus marquants étant la jeune et jolie archéologue Miss Burnett, au fort tempérament, et le docteur Giraldo, dandy un brin sarcastique et désabusé. Thomas Gilbert a su leur donner un visage en phase avec leur personnalité, d’une expressivité éloquente. Son trait semi-réaliste et maîtrisé s’accorde bien avec la mise en page dynamique et un cadrage bien étudié. Les couleurs oscillent entre une certaine sombreur et une clarté désaturée pour les scènes extérieures, imprimant une ambiance en phase avec le propos doux-amer de ce polar sociologique. Du beau travail ! Le duo Lavachery-Gilbert semble avoir bénéficié d’une bonne alchimie, ce qui se ressent à la lecture de « Caballero Bueno ». Les deux auteurs ont d’ailleurs déjà collaboré pendant plusieurs années sur la série jeunesse « Bjorn le Morphir », dans le registre de l’heroic fantasy. L’univers de Thomas Gilbert est quant à lui assez unique, et chacune de ses publications ne manque jamais de susciter la curiosité. Indéniablement, ce dernier opus est une totale réussite.

04/08/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Les 3 Quêtes d'Hypercondrie (Fuzz et Fizzbi)
Les 3 Quêtes d'Hypercondrie (Fuzz et Fizzbi)

Une série de fantasy issue de la vague des années 90, que j'avais jusque-là laissée de côté, en partie à cause du dessin de Ciro Tota, dont le style ne m'a jamais vraiment séduit. Son trait me paraît trop froid, sans que je puisse dire exactement pourquoi, et ses visages me rebutent un peu. En revanche, j'ai été agréablement surpris par la qualité des décors dans cette série : ils sont soignés, détaillés, et contribuent bien à l'atmosphère. Comme l'annonce le titre de l'intégrale, il ne s'agit pas d'une véritable trilogie au sens narratif du terme, mais plutôt de trois aventures distinctes se succédant, chacune tenant en un album. Ce découpage fonctionne bien, car il correspond parfaitement au ton léger et dynamique de l'ensemble. On est ici dans une fantasy assez typique de son époque : un univers médiéval fantastique mâtiné d'humour, de jeux de mots (particulièrement dans les incantations), sans pour autant tomber dans la parodie ni l'excès de fan-service sexy qu'on retrouvait souvent à la même époque. Cela s'adresse visiblement à un public plutôt adolescent, avec des intrigues simples, des obstacles rapidement surmontés et une narration fluide. Et malgré tout, ça fonctionne. Les personnages sont attachants, l'humour est bien dosé, et même moi qui suis d'ordinaire assez réticent face aux jeux de mots à répétition, j'ai trouvé le ton plutôt plaisant. Ce n'est pas une série marquante, ni bouleversante, mais elle accomplit exactement ce qu'elle promet : un bon moment de lecture, divertissant, sans prétention mais avec sérieux et application. Une petite surprise, honnête et réussie, qui fait mieux que la moyenne de son genre.

04/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Albertine a disparu
Albertine a disparu

Etrange et édifiant, ce récit se base sur un simple fait divers très révélateur de l’individualisme de nos sociétés occidentales. Autant polar que chronique sociale, cette bande dessinée m’a très agréablement surpris : le sujet est original et peu traité, le dessin est efficace et expressif, la lecture est très fluide. Le résultat ? J’ai dévoré l’album et en suis sorti quelque peu estomaqué (d’autant plus que je n’ai vu qu’a posteriori qu’il s’agit d’une histoire vraie). Ce récit nous parle de la vieillesse, de la solitude, de la culpabilité des enfants vis-à-vis de leurs parents, dont ils ont le sentiment de ne pas assez s’occuper, de l’isolement qui accompagne la crainte de déranger. Il soulève pas mal de questions dont, dans le cas présent, plusieurs restent sans réponses (et cela fait clairement partie du charme de cet album à mes yeux). Il est donc autant prenant que matière à réflexion. A titre personnel, je recommande (même s’il y a quelques rares longueurs et pertes de rythme).

04/08/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Spider-Man - Fake Red
Spider-Man - Fake Red

3.5 Un manga bien divertissant sur Spider-Man et surtout sur ce qu'est Spider-Man. En effet, on suit un jeune étudiant, Yu, l'adolescent typique mal dans sa peau et fan de Spider-Man qui un jour va tomber sur le costume de son idole et va devenir un nouveau Spider-Man pendant que Peter Parker a un problème. Le récit n'est pas exceptionnel, mais il est très bien fait. Contrairement à plein de comics de super-héros modernes, le scénario n'a pas peur d'être amusant à lire et ne se prend pas trop au sérieux. Il y a un bon mélange de comique et de drame, le dessin est dynamique et les scènes de combats sont réussies. Il y a quelques surprises dans le scénario qui parfois n'est pas aussi cliché qu'il parait au premier coup d'œil. Un bon divertissement pour les fans de l'homme araignée !

03/08/2025 (modifier)