Les derniers avis (38707 avis)

Couverture de la série Le Secret du Roi
Le Secret du Roi

Une petite perle relativement passée inaperçue en fin d’année dernière qu’il est temps de réhabiliter. Le Secret du Roi se pose comme une série historique très romancée racontant en quelque sorte les premiers pas des services secrets au temps de Louis XV durant la Guerre de Sept Ans. Alors, ce n’est pas une uchronie où on modifierai le sens des grands évènements, nous sommes plutôt dans « l’Histoire secrète » où on nous cache des choses sur le comment cela s’est déroulé. Il y a de grosses libertés prises notamment concernant la technologie militaire, sans que l’on soit pour autant dans la SF le récit reste ancré dans le réel : et là l’inspiration est clair, c’est du James Bond avec le carrosse truffé de gadgets, des flingues improbables qui fonctionnent et ont une utilité, entrecoupé d’images et clins d’œil assez équivoques. Le récit réussit son pari d’être à la fois fun et entraînant, tout en restant tangible historiquement. De plus il y a de vrais bons rebondissements, cela fait du bien de lire une histoire qui s’écarte des sentiers battus. Les personnages sont bien campés, l’héroïne a du mordant, les seconds couteaux ont de la ressources, et les méchants… pas de spoilers  :) Cet album nous laissant sur notre faim, il faudra attendre au moins le tome 2 pour connaître le fin mot de ce complot hourdi par la perfide Albion et ses cobelligérants. Dessins et couleurs m’ont tout de suite fait de l’œil, du semi-réaliste bien chatoyant qui me fait penser à du Eric Herenguel dans l’idée : c’est vachement généreux, après les proportions… chacun jugera. C’est dynamique comme se le doit un récit d’aventure, les personnages sont facilement reconnaissables, rien de négatif à redire là-dessus. En fait, tout est bien maîtrisé ici, juste, peut-être qu’un manque de pub fait que cette série n’a pour l’instant pas trouvé son public. Reste plus qu’à espérer que le bouche à oreille fera son effet.

08/03/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cache-cache bâton
Cache-cache bâton

L’espérance est un risque à courir. – Bernanos - Ce tome contient une histoire, de nature biographique, complète et indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Emmanuel Lepage pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend trois cents pages de bande dessinée. Il y a des dizaines d’années de cela, un groupe d’une demi-douzaine d’enfants joue à cache-cache bâton à la nuit tombée. Quatre d’entre eux sont assis et ils regardent intensément, les deux autres étant tout aussi intensément impliqués dans le jeu. En parallèle, Jean-Paul Lepage échange avec son fils, en lui indiquant que ce projet de bande dessinée lui donne des sueurs froides, que raconter c’est figer. Emmanuel lui répond que cet homme qu’il va raconter, ce n’est plus son père, et puis ce sera l’interprétation de l’artiste. Il continue : on change, Jean-Paul n’est plus l’homme qu’il était il y a cinquante ans. On se défait de ses vies, comme des mues. Comme ceux qui ont partagé l’aventure d’alors. On a le droit de s’accorder de nouvelles chances. C’est une histoire ancienne, et lui Emmanuel a besoin de comprendre. Juin 2015, Emmanuel arrive au lieu-dit Gille Pesset. Il entend la voix de son père en son for intérieur : c’est Jean qui avait planté ces bouts de poutre dans le sol, moins pour signifier la limite de propriété que pour inciter les voitures à ralentir. Mais pour Jean-Paul, c’est comme franchir la porte du Paradis. Quarante-cinq ans après, évidemment, tout est devenu plus petit. Emmanuel pousse la porte de la maison commune, et il entre et salue les personnes présentes : Marie-France, Yves, et les autres. La discussion porte sur les habitats partagés : réduire son train de vie, faire des choses avec d’autres, avoir des projets collectifs, ne pas vieillir bêtement dans son coin, etc. Emmanuel est toujours troublé par les gens qui imaginent de vivre autrement, les gens qui inventent d’autres façons d’être ensemble. Et il voudrait comprendre aussi pourquoi ça le touche autant. Place de la République, avril 2016, nuit debout. Emmanuel aime les gens qui tentent, quitte parfois à trébucher. Il aime les gens qui rêvent de tout remettre à plat. Ceux qui se disent : Et si… Notre-Dame-des-Landes. Chaque fois, de Nuit debout à Notre-Dame-des-Landes, dans le chaos des idées qui fusent, dans les mots qui se cherchent, dans l’émotion à fleur de peau, dans l’espoir ou les déceptions… Un frisson monte en lui, comme une nostalgie… Lepage père reprend la parole : Six familles ont imaginé ce lieu, Gille Pesset. Il ne reste aujourd’hui plus que trois des fondateurs. Sa famille était l’une d’elle. Rennes, janvier 2019, le père et le fils marchent ensemble dans la rue, Jean-Paul Lepage évoque son enfance : C’est ici qu’il a vécu, boulevard de la Liberté. Son père était vaguemestre. Il distribuait le courrier d’une caserne à l’autre. Rennes était alors une grosse ville de garnison. Sa mère faisait office de concierge et de femme de chambre. Pour sa peine, ils étaient logés dans un deux pièces, une de chaque côté d’un couloir. Le texte de la quatrième de couverture synthétise bien la démarche de l’auteur : De cinq à neuf ans j’ai grandi dans une communauté en Bretagne, j’ai toujours su que j’en ferai un livre. Le lecteur s’attend plus ou moins à un récit chronologique de cette période la vie d’Emmanuel Lepage, entrecoupé de digressions pour expliquer tel ou tel aspect de cette forme d’habitat partagé. La bande dessinée s’ouvre avec une partie de cache-cache bâton dépourvue de toute explications quant aux règles du jeu, avec l’explicitation de la motivation de l’auteur, c’est-à-dire sa fascination pour les individus qui souhaitent changer l’ordre établi. Le lecteur découvre les règles dudit jeu en page 163 : Emmanuel Lepage les énonce, avec une mise en situation. Il indique également qu’un de ses amis lui a fait observer que choisir le nom de ce jeu spécifique à leur petit groupe d’enfants se heurterait à l’incompréhension des lecteurs. Le lecteur apprécie cette première séquence, racontée avec des images de type réaliste et descriptif, quelques contours encrés, des larges portions rendues en couleur direct, un degré de simplification imputable pour partie à la nuit tombante. Dans la séquence suivante, il constate que le bédéiste continue de jouer sur le degré de précision de dessins, que les traits de contour peuvent devenir prépondérants, que les personnages parlent beaucoup tout en continuant à vaquer à leur occupations banales et ordinaires. Enfin, le récit suit une construction découlant des souvenirs des uns et des autres, au fur et à mesure que l’auteur les interroge et recueille leur témoignage. Il s’agit indubitablement d’un récit de nature autobiographique, et aussi biographique touchant à la vie de différentes personnes, à commencer par celle des parents d’Emmanuel, pour dessiner les chemins de vie ayant amené une douzaine de personnes à créer une communauté, celle de Gille Pesset. Le lecteur se laisse donc porter par la narration de l’auteur, lui accordant sa confiance pour savoir où il va, pour que chaque nouvelle partie s’intègre avec les précédentes pour former un tout cohérent. Lepage lui-même indique en cours de route que certains faits se sont peut-être déroulés dans un ordre différent, que la mémoire peut être trompeuse. Il montre que le ressenti des uns peut être différent de celui des autres pour un même événement, en l’occurrence lorsque cette communauté indique à l’un des couples qu’elle ne souhaite pas l’accompagner dans l’adoption d’une fratrie de quatre enfants vietnamiens. La raison de cette forme kaléidoscopique apparaît progressivement, sa justification se trouvant dans l’effet qu’elle produit lorsque la communauté se constitue, que les uns et les autres interagissent. Un groupe de personnes est constitué de plusieurs individualités, chacune avec leur parcours de vie préalable, chacune avec leurs aspirations et leurs attentes. Le lecteur peut à certains moments se demander si c’est bien la peine de raconter telle ou telle chose : par exemple de passer autant de temps sur la jeunesse de de Jean-Paul Lepage, d’évoquer longuement l’état de l’Église à cette époque ainsi que Vatican II, de s’attarder sur la présence d’un chien amené par un couple, ou les problèmes de vue d’Emmanuel. Il accepte bien volontiers que l’auteur raconte son histoire à sa manière, il se rend compte les différentes pièces s’assemblent parfaitement, s’enrichissent de l’interaction avec les autres, se répondent entre elles, apportent un éclairage particulier, des saveurs qui se complètent. Plus que les pièces d’un miroir brisé (tels les fragments de la vérité détenu par chaque personne), c’est le constat et l’affirmation que chacun a vécu une expérience qui est propre au sein de la communauté, s’y est enrichi personnellement de manière différente aux autres, en résonnance avec son passé, son milieu socioprofessionnel, ses origines. En fonction de sa propre vie, de son âge, de ses centres d’intérêt, l’expérience du lecteur s’avère également fort différente. Il peut avoir déjà entendu parler de ces expériences de création d’une communauté, ou il peut avoir vécu au moment de Vatican II en ayant été croyant, ou au contraire être ignorant de la Foi catholique, ou encore très sceptique d’une tentative de créer une société alternative en marge de la société. Et forcément très curieux de la forme qu’elle peut prendre, de la façon dont elle peut fonctionner. Dans tous les cas, il est sensible à la bienveillance et à la curiosité de l’auteur vis-à-vis de ses parents, de l’honnêteté intellectuelle avec laquelle les propos sont rapportés, avec lesquelles les amis s’expriment. La narration repose essentiellement sur les souvenirs des personnes interrogées, ainsi que sur les questions que se pose l’auteur. Tout du long, l’artiste fait œuvre de reconstitution historique, que ce soit pour la vie à Gille Pesset ou pour les grands événements de l’époque ayant un impact sur les familles. Le lecteur peut reconnaître aussi bien un modèle de tracteur que le maréchal Philippe Pétain (1856-1951), Paul VI (1897-1978), Monseigneur Lefèbvre (1905-1991) ou Georges Brassens (1921-1981). Il accompagne Emmanuel dans sa vie de tous les jours, dans le quotidien de cette vie en communauté, avec les autres enfants, les jeux, l’accueil des autres parents, la vie au grand air, etc. La narration visuelle se composent de cases rectangulaires avec bordure, sagement alignées en bande. La taille et le nombre de cases s’adaptent à la séquence, en fonction qu’elle présente de grands espaces, ou qu’elle soit de nature plus intimiste. Le lecteur prend progressivement conscience de l’approche protéiforme de la narration : il s’agit d’une histoire collective, les différents points de vue rendent compte des différentes expériences. La présentation de l’histoire personnelle de Jean-Paul et de Marie-Thérèse, les parents, raconte comment ils en viennent à souhaiter vivre d’une manière différente, sur la base de quelles convictions. Au fil des semaines et des mois, le lecteur peut faire l’expérience d’une enfance dans un tel cadre de vie, atypique, ce que cela induit sur la méthode d’éducation. Dans le même temps, il (re)découvre l’importance de Vatican II, que ce soit par les signes extérieurs (le prêtre qui face au fidèle, et plus à Dieu), par ses enjeux fondamentaux (intégrer les laïcs dans la vie de l’institution), par ses frustrations (une réforme laissée en plan au décès du pape Jean XXIII, 1881-1963). Il mesure l’importance et l’impact de la communauté de Boquen, et des actions de Bernard Besret (Emmanuel relatant son entretien avec lui), dans la continuité historique (par exemple en évoquant les différents mouvements des jeunesses catholiques (JOC pour Jeunesse Ouvrière Catholique, JAC pour Agricole, JEC pour Étudiante, JIC pour Indépendante). Le lecteur constate que le contexte social de l’époque s’avère indispensable pour comprendre les motivations du groupe de personnes fondant Gille Pesset : l’importance de l’Église, la Vie Nouvelle (une association d’éducation populaire agréée par l’État), le personnalisme (courant d'idées spiritualiste qui met l'accent sur l'importance des personnes humaines, par opposition à l’individualisme et au totalitarisme) et le courant personnaliste fondé par Emmanuel Mounier (1905-1950, philosophe catholique français), etc. En toile de fond, se dessine l’utopie d’inventer une forme de société en accord avec des principes humanistes, à la fois dans ce qu’elle a d’exaltant, de frustrant au quotidien (la nécessité d’expliciter ce que cela signifie pour chaque personne de la communauté), et de démesuré (prendre en compte toutes les dimensions d’une société, des tâches de construction et d’entretien, à l’éducation, à l’épineuse question du partage des richesses, aussi bien en termes de revenus que de compétences). Le lecteur comprend petit à petit l’image récurrente des arbres, de magnifiques illustrations en pleine page, à la fois comme une enfance passée dans des espaces naturels, à la fois comme un être vivant avec des racines profondément enfouies et un développement vers le haut, comme l’existence de cette communauté. Un titre peu explicite évoquant un jeu d’enfance, une couverture qui n’en dit pas beaucoup plus. Une narration visuelle personnelle à la fois très classique dans sa forme de cases rectangulaires alignées en bande, à la fois très libre dans sa gestion du niveau de détail, de l’approche réaliste ou plus évocatrice, de l’usage discret d’une métaphore visuelle. Un récit qui semble partir de loin, avec l’enfance des parents de l’auteur, de plusieurs endroits à la fois avec les souvenirs des différents membres de la communauté, de s’appesantir sur des éléments historiques très particulier (en l’occurrence le deuxième concile œcuménique du Vatican, 1962-1965). Au fil de l’eau, le lecteur voit comment chaque partie contribue à présenter l’expérience de vie en communauté dans sa globalité, une approche autant holistique, que personnelle, de la part d’un être humain revenant sur ses souvenirs d’enfance, voulant découvrir comment ses parents ont été les acteurs d’une démarche aussi singulière. Un partage généreux, chaleureux, formidable.

08/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Croques
Les Croques

Bonne surprise que cette série. La première impression que l'on a face à ce triptyque c'est qu'on se dit que c'est classique, une histoire sur le harcèlement et le mal-être des enfants. Et puis en fait on se rend compte que les deux enfants en question, Céline et Colin, sont fille et fils de croque-morts (enfin, d'employé-e-s de pompes funèbres) et que leur vie familiale n'est pas toute rose. Leurs parents les ont catégorisés comme "enfants à problèmes" et ne les écoutent plus, ne prêtent plus vraiment attention à elleux, ne remarque même pas que leurs enfants vont mal. Alors, quand un jour Céline et Colin tombent sur d'étranges marques sur des tombes, c'est une grande enquête qui se lance. Mais quand bien-même découvriraient-iels quelque chose, qui donc voudraient croire deux enfants bizarres ? L'histoire est prenante de bout en bout, nos deux protagonistes sont attachant-e-s dans leur imagination enfantine et la dureté de ce qu'iels subissent, l'enquête prend rapidement des tournants dramatiques, la tension monte, nos protagonistes se montrent malins mais l'on craint jusqu'au bout qu'un malheur ne parvienne, ... bref, mine de rien un bon rythme s'installe rapidement et on est pris dans le récit. J'ai été personnellement très touchée par la situation de ce frère et de cette sœur, martyrisé-e-s à l'école car vu-e-s comme des parias et ignoré-e-s à la maison car vu-e-s comme des enfants à problème. Ayant moi-même subit beaucoup de brimade durant ma scolarité et ayant été malheureusement aussi ignorée par mes parents et statufiée comme "enfant à problème" sans espoir de changement, les émotions que Céline et Colin vivent m'ont beaucoup parlé et surtout beaucoup émue (après, je rassure, je n'ai personnellement pas vécue de situation aussi grave que ces deux enfants). Je peux vous dire que des scènes et petits dialogues qui m'ont donné des larmes aux yeux, il y en avait à quelques tournants de page. Le dessin de Léa Mazé est très beau, très expressif, vif quand il le faut. Je l'avais déjà apprécié dans Elma - Une vie d'ours et je compte bien trouver d'autres œuvres qu'elle aurait illustrer. Bien sûr que je recommande la lecture.

07/03/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série The One Hand & The Six Fingers
The One Hand & The Six Fingers

Un comics sous forme de fascicule, il y en aura cinq, un par mois. Autre particularité, chaque fascicule va nous proposer deux points de vue différents d'une même histoire. D'abord celle de l'inspecteur Ari Nassar qui vient de fêter son départ en retraite, elle sera suivie de celle d'un tueur en série. Ram V et Laurence Campbell s'occupent de notre inspecteur, tandis que Dan Watters et Sumit Kumar du serial killer et Lee Loughridge aux couleurs. Fascicule 1. Une entrée en matière réussie, l'intrigue prend doucement forme et j'aime beaucoup cette lecture en parallèle des deux points de vue. L'inspecteur Ari est intrigant, c'est aussi un solitaire qui cherche la compagnie féminine dans une boutique spécialisée dans l'Intelligence Artificielle, sous forme de robots. Il va reprendre du service sur une enquête qu'il a déjà résolue deux fois dans le passé... Côté tueur en série, on découvre un jeune homme doctorant en archéologie, un petit gars comme beaucoup d'autres, il a un job d'appoint pour joindre les deux bouts. Des personnages que nos scénaristes prennent le temps de bien développer. Un polar noir, dans un monde futuriste, qui tient ses promesses, c'est captivant et j'ai hâte d'être au prochain numéro. Notre trio (Campbell, Kumar et Loughridge) réalise un formidable boulot. La partie graphique nous plonge de plein pied dans cette mégalopole bouillonnante et inquiétante. J'ai adoré le choix des couleurs. Fascicule 2 Un second opus qui avance doucement. L'inspecteur Ari a du soucis à se faire, on l'accuse d'avoir fait condamner un innocent. Notre tueur prend de l'épaisseur tout en restant très mystérieux. C'est toujours aussi glauque et captivant. Visuellement, c'est toujours un délice. Vivement le 28 mars.

07/02/2025 (MAJ le 07/03/2025) (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5
Couverture de la série Martin Milan
Martin Milan

Une de mes anciennes séries préférées dans mon journal Tintin, pourtant bien éloignée dans l’esprit de mes autres séries d’aventures préférées ! Je l’aimais bien moi, ce héros qui n’en est pas un, qui ne demande qu’à vivre sa vie tranquille (aux quatre coins du monde quand même), observateur désabusé des maux et errances de ses concitoyens et qui ne sort de ses gonds et n’accepte de participer que quand, vraiment, une injustice lui fait monter la moutarde au nez. Je viens de relire les quelques albums que je possède, mais j’ai quelques bons souvenirs des épisodes lus dans mon Tintin de naguère. J’aime toujours, ceux que j’ai en tout cas, les meilleurs qui correspondent plus ou moins aux premiers de la série, bien que les éditions et rééditions furent menées dans un ordre quelque peu chaotique. « Les hommes de la boue » et « Mille ans pour une agonie » sont vraiment mes préférés. L’humour, les situations ubuesques, les jeux de mots foireux (j’adore les jeux de mots foireux), n’empêchent pas un message sous-jacent de paix, de respect et de vie simple. D’après mes souvenirs, les derniers de la série flirtaient avec le fantastique, j’en suis moins fan. Mais franchement, ça reste à mes yeux une très bonne série dans l’ensemble des albums et le dessin de Godard correspond bien à l’ambiance, avec son trait mi réaliste, mi humoristique que j’apprécie. Toujours agréable à relire, de temps en temps, et il n’y a pas que de la nostalgie...

07/03/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Chanteur perdu
Le Chanteur perdu

Voila une BD qui m'a complètement surpris ! Tronchet réussit parfaitement sa BD sur ce chanteur inconnu, comme tant d'autres innombrables jeunes gens qui ont pondu leur disque et ensuite disparu dans la nature... Et son personnage s'accroche, tente de comprendre et va plus loin, toujours plus loin. Jusqu'au bout du monde, finalement ! Et honnêtement, je n'avais pas lu les avis mais lorsque j'ai découvert à la fin que c’était une histoire vraie j'étais encore plus sur le cul parce que c'est incroyable comme histoire ! Certes Tronchet utilise un personnage qui retrace de façon artificielle le déroulé mais c'est tout de même fou comme histoire. Le tout enrobé dans une histoire qui rappelle que le temps passe, qu'hier est mort et la vieillesse arrivée. C'est riche de petites thématiques bienvenues, le tout dans cette quête presque absurde à première vue mais qui permet de refaire du lien chez ce personnage entre son passé et son présent. Le tout reste assez léger même si on a quelques passages plus graves. Le tout est porté par le dessin de Tronchet, qui fait ce qu'il sait faire efficacement. C'est notamment parlant sur les couleurs et les décors qu'il retranscrit à merveille. C'est prenant, touchant et surprenant. Je ne peux que recommander la lecture !

07/03/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série Le Petit Livre de la Cinquième République
Le Petit Livre de la Cinquième République

On ne peut plus d'accord avec Erik : cet album est une véritable mine sur l'Histoire politique de la Vème République. On a le sentiment que rien n'est oublié, tous les faits divers importants sont ne-serait-ce que cités, comme c'est par ailleurs le cas pour tous ces ouvrages de type "compilation". S'il ne faut pas s'attendre à des approfondissements (ce n'est pas le but recherché), l'ouvrage offre en revanche un survol exhaustif qui constitue une excellente base pour des recherches approfondies, ou pour un lycéen en pleine révision du Bac ! Très bon ! Très fiable !

07/03/2025 (modifier)
Couverture de la série La Grande Epopée de Picsou (La Jeunesse de Picsou)
La Grande Epopée de Picsou (La Jeunesse de Picsou)

Alors là je retrousse mes manches, parce que l'on va parler d'un auteur et d'un dessinateur dont le travail m'a toujours bluffé et dont je regretterai toujours le fait qu'une maladie l'empêche aujourd'hui de pleinement continuer son art. Cette collection cherche à rassembler l'ensemble des histoires autour de Picsou (et de Donald et ses neveux) écrites et dessinées par Don Rosa (seuls les deux premiers tomes traitent de la légendaires "jeunesse de Picsou", la suite est une succession d'aventures diverses et variées). Déjà, ce qui bluff, en tout cas ce qui m'avait bluffée étant jeune et qui a réussi à me faire garder un grand respect pour l'artiste depuis toutes ces années, c'est l'humanité qu'il arrive à insuffler à ces personnages mine de rien assez simples du canon Disney (Picsou est pingre, Donald est malchanceux et colérique, Riri, Fifi et Loulou sont un trio d'enfants extrêmement intelligents et débrouillards). Ici, on parvient à réaliser l'impensable pour moi : me faire sincèrement sympathiser avec un multimilliardaire qui, comme tous les multimilliardaires, n'a pas obtenu sa fortune par une bonté de cœur angélique et une droiture morale exemplaire. Picsou est pingre, Picsou a fondé sa fortune sur de nombreuses magouilles, Picsou s'est éloigné petit à petit de sa famille, Picsou est désormais seul sur sa montagne de sous. Mais Picsou a tout de même une chose qui le sauve de la misère qu'est devenue sa vie : sa famille. Par une courte aventure rocambolesque, ses neveux reprendront contact avec lui et lui redonneront le goût de l'aventure, ce qui le faisait vibrer autrefois. Car oui, j'ai oublié de le préciser, Picsou a une autre qualité salvatrice : c'est un amoureux du grand frisson, un Indiana Jones canardesque, un héros dont la bravoure n'a d'égale que son avarice. Il cherche à s'enrichir, oui, mais il cherche aussi et surtout à vivre des aventures. Après tout, le vrai trésor n'est-il pas la quête en elle-même ? Picsou me dirait que non, que le trésor est le vrai trésor, mais que la quête est un trésor de plus. Ce qui marque dans la retranscription du personnage par Don Rosa (sa réécriture, même), c'est cette sincère envie de l'humaniser (enfin de le canardiser, je suppose), de le rendre attachant par sa complexité morale, ses dilemmes et son affection sincère pour sa famille. C'est d'ailleurs ce qui l'oppose à son grand rival, Gripsou, qui lui représente vraiment la cupidité de Picsou poussée à son paroxysme, sans une once de son code moral et du soutien que lui procure sa famille. Tout ça, c'est bien, mais en vrai, je ne vais pas vous mentir, le plus gros point fort de cette œuvre selon moi restent l'écriture et le dessin de Rosa. Chaque case est une mine de détail, que ce soient les gags en arrières plan (certaines grandes cases sont vraiment impressionnantes dans la quantité de détails qu'on y trouve), les répliques sarcastiques et comiques s'enchaînant au tac au tac, l'expressivité des visages, les aventures bien rythmées et surtout les personnages entraînants. Bon, en vrai, toutes les histoires ne sont pas transcendantes, il y a malheureusement certaines qui sont assez oubliables, mais il y a également tant de franchement réussies et marquantes que je les excuses volontiers. A noter aussi que certaines sont des suites directes à des récits de Barks, donc certaines sagas ne seront pas ici au complet, mais cela reste parfaitement excusable (et les histoires restent compréhensibles). Je recommande sincèrement la lecture, même si mes convictions politiques et morales me font culpabiliser d'autant apprécier un personnage faisant l'éloge du capitalisme et du mythe états-unien du self-made man (le rendre sympathique et plus humain n'y change rien). Coup de cœur tout de même. Deretaline-gauchiste pourra crier autant qu'elle veut, Deretaline-grande-enfant l'emporte aujourd'hui. (Note réelle 3,5)

07/03/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Menuiserie - Chronique d'une fermeture annoncée
La Menuiserie - Chronique d'une fermeture annoncée

C'est pas mal (et même mieux que ça - je ne cesse de relever ma note car je pense très souvent à cet album. Je suis passé de 3 à 4, puis lui donne finalement un coup de cœur). Ces chroniques d'une TPE familiale permettent de saisir le gouffre qui s'est creusé avec le monde d'avant. Le monde d'avant quoi me direz-vous ? Et bien le monde d'avant l'accélération, avant le numérique, avant le libéralisme débridé, d'avant le XXIe siècle... J'ai suivi l'affaire avec un intérêt certain. Le dessin : Aurel, je l'ai déjà dit, est mon "nouveau dessinateur préféré". Un plaisir pour les yeux. Ce qui est chouette, c'est qu'on comprend beaucoup de choses sur l'écart entre les grands groupes et les micro structures comme celle qui est évoquée dans cette BD. La complexité administrative qui s'applique sans nuance à Carroufe comme à notre petite Menuiserie familiale rend difficilement pérenne ce genre de petite boite. Ce qu'on pourra largement regretter eu égard à l'ambiance qui règne dans celle dont le père d'Aurel est le patron. De là, on comprend que la vie dans les villages ou les petites villes se meurt. On comprend même plus que ça entre les lignes... Ha oui ! j'ai aimé aussi l'allusion au Médef dont les fondateurs étaient visiblement des figures de la collaboration... La Menuiserie est une histoire touchante, à échelle humaine, et mine de rien très militante. De plus, le récit est empreint d'une mélancolie palpable et assez communicatrice. La fin inéluctable nous donne la sensation d'assister à la fin d'un monde où l'humain avait encore sa place. Je relève ma note. C'est plus que pas mal, en fait. C'est beau, sensible, obsédant.

04/05/2023 (MAJ le 07/03/2025) (modifier)
Couverture de la série R.U.S.T.
R.U.S.T.

Les différentes relectures n’ont pas entaché mon ressenti initial … bien sympa cette trilogie. Pourtant je suis partagé sur le sujet, si j’aime bien Pacific Rim et les Kaijus (type Godzilla), je fuis les trucs à la Evengelion, Gundam qui ne m’ont jamais vraiment captivé. En gros, je suis un peu exigeant dans le genre, il faut le petit truc en plus … Bah la présente série le possède carrément. Alors c’est sûr ça va pas révolutionner grand chose, on aura bien droit à des fights : monstres vs robots géants. Cependant ça amène tellement de trucs novateurs ou originaux que ça passe super bien ici. Je trouve ça rondement mené et le place comme une petite référence dans le genre. La partie graphique assure et possède vraiment sa patte, j’ai surtout adhéré à l’esthétisme de nos combattants (les monstres sont vraiment cool) mais le reste suit, bon découpage, couleurs réussies … Niveau histoire, ça déroule bien tout en laissant place à quelques passages contemplatifs et j’ai aimé le côté un peu sombre. Les personnages sont bien typés et l’univers m’a accroché de suite. On arrive au bout sans difficultés, et sans ce sentiment de trop ou peu. Franchement petit moment plaisir.

06/03/2025 (modifier)