Les derniers avis (38698 avis)

Couverture de la série Zaï Zaï Zaï Zaï
Zaï Zaï Zaï Zaï

Bon, l'album a reçu tant de louanges, je ne saurais pas vraiment quoi ajouter. C'est sans doute l'album le plus abouti de son auteur, celui où il a perfectionné son humour, sa forme narrative, où il s'est même essayé à un nouveau style graphique qu'il réutilisera beaucoup par la suite. C'est l'histoire d'un type lambda (l'auteur lui-même, comme toujours) qui oublie sa carte de fidélité à la caisse et va donc décider de fuir. De cet évènement tout ce qu'il y a de plus banal va se lancer une intrigue rocambolesque, parodiant road movie et thriller, jouant sur une forme sérieuse et un fond absurde, et mêlant humour con et critique social (notamment envers les médias qui enveniment les situations en brassant du vent, les artistes bourgeois profitant des drames sociaux pour faire parler d'elleux, ou encore les débats publiques qui se contentent plus souvent d'enchaîner les mots clés plutôt que de vraiment apporter des propos réfléchis). Comme dit plus haut, Fabcaro perfectionne ici ses rengaines habituelles : le regard que les autres portent sur sa profession de bédéiste, ses angoisses, ses craintes sur le monde qui l'entoure, sa vision pessimiste mais comique des comportements humains traités sous l'angle de l'absurde, des dialogues volontairement ampoulés, ... S'il faut faire découvrir l'auteur à quelqu'un, c'est sans doute l'album a conseillé (avec l'un de ces romans et l'une de ses premières BD d'anecdotes absurdes comme Le Steak Haché de Damoclès pour également voir ses autres types de créations). C'est con, c'est drôle, ça parvient à être plus qu'un simple délire absurde, ça a reçu un succès mérité, … Vraiment, que dire qui n'a pas déjà été dit ?

13/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Mars !
Mars !

L'album nous raconte l'histoire de trois grands spationautes, Jim, Mike et John, partis fouler de leur pied le sol jusque là inexploré de notre voisine rouge. Leur épopée stellaire sera semée d'embûches, comme les problèmes de communication avec leurs supérieurs ou encore des rencontres extraterrestres angoissantes (même si l'une tournera rapidement en amour torride et compliqué façon telenovela). Sans surprise, comme pour les autres collaborations entre Fabcaro et Fabrice Erre, ici nous avons droit à de l'humour con. Du vrai, du brut, celui reposant uniquement sur l'incommensurable connerie de chacun des personnages. Si on aime le genre (ce qui est mon cas), la lecture est très agréable. (Note réelle 3,5)

13/04/2025 (modifier)
Couverture de la série La Clôture
La Clôture

Si vous cherchez un fil conducteur, un semblant de narration cohérente, passez votre chemin : ici, on suit vaguement des personnages, jouant des rôles plus clichés et absurdes les uns que les autres, le scénario n'a aucun sens, ... Franchement, le serveur du café a raison, ce n'est pas avec ça que Fabcaro vendra plus 8 albums. Mais bon, c'est facile à dire quand on se contente de lire l'histoire, parce que l'auteur est au bord de la dépression et tout le monde s'en fout. Alors ça lui fait une belle jambe de devoir écrire une histoire qui a du sens quand lui-même ne sait plus où il va. Et en plus il faudrait réparer la clôture ! Nan, vraiment, dans ces conditions, comment voulez-vous pondre une histoire qui ait du sens ? (Note réelle 3,5)

13/04/2025 (modifier)
Couverture de la série -20% sur l'esprit de la forêt
-20% sur l'esprit de la forêt

On prend la même idée d'histoire sans queue ni tête que dans La Clôture, on rend ça encore plus décousu, encore plus con, on saupoudre le tout d'un propos sur le temps qui passe, le passage à l'âge adulte et une esthétique parodique de western et on obtient "-20% sur l'esprit de la forêt". Contrairement à La Clôture, nous n'assistons pas ici à un simple craquage nerveux, cet album est en réalité un peu plus profond : le propos sur le passage à l'âge adulte et le temps qui passe n'est pas qu'accessoire, c'est véritablement le fil conducteur de l'œuvre. Bien qu'il n'y ait pas de réel conclusion, ce récit nous partage quand-même les pensées et le sentiment de vieillissement de l'auteur, ressassant le passé avec sa tante et se remémorant sa jeunesse. Il y a un véritable sentiment de déprime, de peur de se perdre, de ne plus savoir vraiment qui l'on est, qui l'on a été ou ce que l'on devient qui se dégage de ce récit. Et ce n'est pas pour ce côté touchant et déprimant que j'aime autant cet album (enfin pas que), c'est surtout parce qu'il me fait sincèrement rire. Aux éclats. Je suis très sensible à l'humour con et absurde de Fabcaro et là on est encore sur une œuvre de bonne facture. La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi. J'ai un faible pour les histoires à la forme légère et humoristique et au fond plus lourd.

13/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Moon River
Moon River

Comme à son habitude depuis déjà plusieurs albums, Fabcaro nous propose ici un récit faussement sérieux, avec de grandes tirades absurdement ampoulées pour illustrer les dialogues les plus idiots possibles, avec un dessin là aussi faussement sérieux. L'histoire se veut ici noire, un polar sombre au coeur du tournage d'un western à Hollywood. Tout du moins, ça c'est la version officielle, parce que dans les faits le crime est absurde (quelqu'un a dessiné une bite sur la joue de l'actrice principale), on nous révèle le coupable sur les premières pages, et l'enquête n'a ni queue ni tête. Mais cet aspect chaotique est compréhensible, écrire une histoire si ambitieuse n'est pas de tout repos. Surtout quand l'auteur souffre d'une terrible hernie, menaçant ainsi de mettre fin à sa carrière à tout moment, qu'il faut aller chercher le foin chez la fermière acariâtre, et qu'il faut survivre face aux railleries de ses proches qui ne cessent de lui répéter que "quand-même, cette histoire de bite sur la joue, c'est un peu la honte". De toute façon, c'était ça ou "les aventures de Testicule la libellule", alors... C'est du Fabcaro classique, mais mené comme à son habitude avec talent. En tout cas je ne m'en lasse pas, j'éclate de rire à chaque relecture.

13/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Papillons ne meurent pas de vieillesse
Les Papillons ne meurent pas de vieillesse

Fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : les très belles planches de l'album nous emmènent à la chasse aux papillons. Matz est un auteur que l'on connaît bien et que l'on apprécie beaucoup (la série Le Tueur, c'est lui), mais on ne le connaissait pas collectionneur de papillons ! Entre deux polars, il s'est autorisé une petite parenthèse écolo avec Frédéric Bézian pour nous emmener à la chasse aux papillons en Amazonie : Les papillons ne meurent pas de vieillesse. Matz s'est même permis un petit clin d’œil à ses fans puisqu'il a baptisé son papillon impossible le Parides Ascanius Nolentus (son nom de ville est Alexis Nolent) ! Au fil de leur courte existence de quelques jours "les papillons, fragiles et vulnérables, ne meurent pas de vieillesse, mais de mort violente". Voilà bien une sympathique fable écolo sur fond de surexploitation de la forêt amazonienne : un roman d'aventures, un thriller politique qui met en scène les enjeux complexes de la région. Le dessin de Frédéric Bézian est une réussite avec un beau dégradé de gris que viennent illuminer de temps à autre seulement les parures colorées des papillons : un pari audacieux mais vraiment gagné. Le gris pointillé évoque les gravures scientifiques d'antan. Pour profiter des changements de rythme qu'autorise la BD (F. Bézian aime à dire qu'il ne fait pas du cinéma sur papier), l'album est émaillé de planches d'entomologie 'vintage' et même de quelques beaux haïkus comme celui-ci du poète japonais Arakida Mortake : « [...] Tombé de la branche Une fleur y est retournée : C'était un papillon. » L'album semble appeler une suite, d'autant qu'une douce complicité va se nouer entre la jeune Géraldine et le brésilien Candido ... ! On attend déjà avec impatience ! La réapparition d'espèces disparues de papillons n'est pas de la science-fiction. Il y a bien sûr quelques "lâchers" volontaires pour réintroduire certains insectes mais les entomologistes découvrent également des résurrections tout à fait naturelles comme par exemple celle de la Nonagrie soulignée dans nos marais atlantiques. Cela vient compenser un petit peu les trop nombreuses extinctions. Camille est un expert entomologiste et grand collectionneur de papillons. Il emploie au Brésil un chasseur local, Candido. Chez lui en France, il héberge sa jeune cousine, Géraldine qui l'aide à trier ses bestioles. Camille et Géraldine vont rejoindre Candido en Amazonie. Cette histoire aurait pu s'intituler l'histoire du "chasseur de papillons qui n'existent pas" ... puisque l'intrigue se noue en Amazonie lorsque l'on capture par hasard un papillon censé avoir disparu depuis de nombreuses années. « [...] - Quel est le problème ? - Le problème c'est que ce papillon est un Parides Ascanius Nolentus. Le problème c'est qu'il vivait dans les marais de Rio de Janeiro ... ! ... et si je dis "vivait", c'est qu'il a disparu depuis des années ... ! Regarde Candido, mon chasseur, travaille dans l'état du Roraima, au nord du Brésil, à des centaines, voire des milliers de kilomètres de Rio de Janeiro ! Tu comprends le problème, maintenant ? » Un doux rêveur (Camille) et sa jeune cousine (Géraldine) vont accompagner le chasseur de papillons (Candido) au cœur de la forêt vierge pour confirmer la découverte énigmatique. Jusque là tout va bien pour cette petite équipe qui joue les Tintin en Amazonie, mais on se doute qu'avec Matz au scénario, la balade des gentils écolos ne sera pas de tout repos. Ainsi Camille rédige un article pour le National Geographic et appelle à sanctuariser le secteur pour le protéger de la déforestation : évidemment les sociétés multinationales ne voient pas d'un très bon œil les projecteurs de l'écologie soudainement braqués sur une région où ils prospéraient jusqu'ici à l'abri des regards et nos héros devront également faire face à l'hostilité des paysans locaux qui exploitent ces terres pour l'orpaillage et le pâturage. Au détour d'une belle planche d'entomologiste (page 25), l'album nous apprendra que le mot papillon vient du grec psukhê qui signifie souffle, le souffle de la vie qui caresse ce qu'il touche et par extension âme puisque celle-ci s'envole dans notre dernier soupir.

13/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Wally Doyle et le Passe-Mémoire
Wally Doyle et le Passe-Mémoire

Cette série jeunesse m'a procuré une belle lecture à la fois classique et surprenante. Le schéma central est classique avec ce jeune Wally à la recherche du père et voulant resouder le noyau familial avec l'aide merveilleuse d'une renarde espiègle. Les auteurs proposent un univers qui équilibre le merveilleux, le fantastique et une comédie familiale. La surprise provient de ce troisième volet où le récit familial introduit des thématiques décalées: une fratrie de type Cain/Abel et un comportement maternel qui prend à rebours les stéréotypes usuels. C'est une volonté scénaristique qui ouvre la lecture à un lectorat plus adulte mais qui risque de désorienter des lecteur-ices plus jeunes. Toutefois le récit n'est jamais ennuyeux et présente des rebondissements qui entretiennent le rythme et l'intérêt de la lecture. Le final sous forme d'une morale sociale est bien dans l'esprit du récit. J'ai beaucoup apprécié le graphisme qui m'a fait penser à du Sfar jeunesse ( Héliotrope, le petit prince ou les Sardines). Comme je possède la nouvelle édition grand format et en couleur j'ai goûté les belles planches dans une mise en scène très dynamique. Comme il y a beaucoup de situations nocturnes la mise en couleur bleutée est très importante pour bien faire passer l'ambiance. De ce côté le travail réalisé est une vraie réussite qui apporte un excellent confort de lecture pour tous les âges.

13/04/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Electric Miles
Electric Miles

Depuis quelques années, J'ai pour habitude d'acheter la version noir et blanc, et la version couleur à chaque sortie d'un album signé Nury et Brüno. Avec cet album, je n'ai pas dérogé à cette habitude, aussi j'ai été surpris de découvrir une version n&b d'une grande qualité éditoriale : un grand format avec dos toilé. Le dessin de Brüno y prend toute son importance car, il faut le dire, son style inimitable et simple à la fois fait beaucoup dans le succès de ses albums signés avec Fabien Nury. Pourtant à la lecture de cet album, dans les deux versions, je dois dire que ma préférence va, pour une fois, vers la version courante, les couleurs de Laurence Croix, apportant au récit une touche des années 40 qui n'est pas pour me déplaire. Le duo d'auteurs n'ayant pas signé un one shot ici, cet album se présente comme une longue introduction qui oscille entre récit de Charles Burns et le réel avec l'histoire romancée de Ronald Hubbard, créateur de la scientologie. Car, je crois que cette histoire, dont nous ne connaissons pas encore le nombre de volumes qui la composera, s'achemine sans nul doute vers cette "découverte révolutionnaire" dont il est fait mention sur le quatrième de couverture. Mais cet album ne se limite pas à cela, l'auteur distille sa vision du monde éditorial de l'Amérique des années 40, dominé par le polar et la science fiction, comme le prouvent les couvertures des revues présentes dans le dossier en fin d'album. Même si le lecteur peut sembler rester sur sa faim, j'ai beaucoup aimé ce premier album, et j'ai hâte de découvrir la suite.

12/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Adieu Eri
Adieu Eri

Adieu Eri est un one-shot marquant de Tatsuki Fujimoto, qui mêle habilement deuil, fiction et cinéma. À travers le regard de Yuta, un ado qui filme sa mère mourante puis rencontre Eri, le récit brouille volontairement la frontière entre réalité et mise en scène. Le découpage façon storyboard et la narration non linéaire rendent l’expérience unique. Poétique, étrange et émouvant, ce manga interroge le pouvoir des souvenirs et du récit. Note réelle : 3,5/5

12/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sa Majesté des Mouches
Sa Majesté des Mouches

J'ai une relation particulière avec le premier roman de William Golding. Comme certains ici et comme l'autrice, je l'ai découvert en cours d'anglais, vers l'âge de 13 à 15 ans. Ce fut immédiatement un choc. Dans un récit d'une puissance, d'une fulgurance que j'ai rarement rencontrées depuis, l'auteur britannique a su saisir la substantifique moëlle de deux aspects de l'Homme : le délicat passage de l'enfance à l'adolescence, avec une autonomie renforcée mais parfois chaotique, et d'autre part la frontière fragile entre la civilisation et la barbarie. Un roman court, tétanisant, que j'ai dévoré à l'époque en VO, et relu dans la langue d'origine et en français depuis. Une histoire qui m'a hanté pendant une trentaine d'années, au point de vouloir moi-même l'adapter en bande dessinée. Mais les éventuels problèmes liés aux droits d'auteur (Golding étant mort en 1993) et peut-être une immaturité dans le projet l'ont bien vite fait capoter; Je referme là la parenthèse personnelle pour revenir à l'album d'Aimée de Jongh. Lorsque j'ai vu la sortie de cet album, j'ai eu un petit pincement au cœur, et n'ai pas hésité longtemps avant de l'acquérir (après l'avoir bien sûr feuilleté pour m'assurer qu'au moins mes yeux se régaleraient). J'ai mis un peu plus de temps avant de le lire, souhaitant bien sûr m'entourer des meilleurs conditions pour lire cet album que, quelque part, j'attendais impatiemment. Et le résultat ne m'a déçu. Sur le plan graphique tout d'abord. Il fallait un(e) artiste au style à la fois anguleux et au trait bien affirmé pour adapter cette histoire, qui s'adresse autant aux jeunes ados qu'aux adultes. Aimée de Jongh requiert en effet ces qualités, avec une mise en couleurs qui insiste sur les verts et les nuances de feu, des nuances qui ont toute leur importance dans le récit. J'ai beaucoup aimé également son traitement des moments-clés, tels l'acharnement des enfants sur Simon, la chute de Piggy, ou encore la découverte de la conque et les premiers échanges entre les enfants. J'ai beaucoup aimé ses choix de cadrages, sur les visages ou sur d'autres parties du corps, que ce soit pendant les scènes d'action ou plus contemplatives. Pour moi on n'est pas loin de l'adaptation que j'aurais aimé voir. Je recommande donc cette lecture à toute personne de plus de 12 ans si elle ne connaît pas le roman, car c'est pour moi, tout simplement, une excellente adaptation d'un roman majeur du XXème siècle.

12/04/2025 (modifier)