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Couverture de la série Cat's eye
Cat's eye

J'ai le générique de la série télé en tête en écrivant ces lignes ! "Cat's Eye", c'est LE manga culte de Tsukasa Hojo… enfin, disons le SECOND manga culte de Hojo, le premier étant City Hunter (alias Nicky Larson). Cat’s Eye est une œuvre emblématique de la culture manga des années 80 et 90, tout comme son adaptation animée qui a marqué cette époque. L’histoire est archi connue : en journée, Rui, Hitomi et Ai, les trois sœurs Kisugi gèrent le café "Cat's Eye", mais la nuit, elles deviennent des cambrioleuses hors pair. Leur objectif : retrouver leur père disparu pendant la seconde guerre mondiale, en dérobant exclusivement les toiles d'un mystérieux artiste. Elles pensent ainsi qu'en réunissant toute la collection de leur père, elles pourront le retrouver. Malheureusement, elles sont traquées sans relâches par l’inspecteur Toshio, un jeune policier très bavard qui n’est autre que… le fiancé d’Hitomi. Cet aspect culte de "Cat's Eyes" s'est étendu jusqu'en Belgique et en France, où le manga et l'anime ont connu un immense succès. Leurs aventures captivantes, mêlant action, mystère et romance, ont conquis un large public. Depuis l’an dernier, les éditions Panini Comics sortent de belles intégrales de cette œuvre, qui permettent de La série est, par ailleurs, actuellement en phase d’adaptation sur TF1.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Chroniques d'Ona
Les Chroniques d'Ona

Les Chroniques d'Ona est une aventure jeunesse pleine de douceur, d'humour et de poésie On y suit le personnage d'Ona, une jeune "Lueur" isolée (entendez, une sorte de magicienne) qui vit dans un monde ravagé par le Sombre, une mystérieuse force qui détruit la végétation et semble également toucher certains êtres vivants. De part sa nature de Lueur, Ona, est capable de faire repousser la végétation, c'est pourquoi elle vit cachée. Elle est toutefois amenée, en début de récit, à quitter son repère après que celui-ci soit détruit par des créatures atteintes par le Sombre. Elle entame alors un long périple pour tenter de rejoindre ses consœurs Lueurs et fera, sur sa route la rencontre de tout un tas de personnages plus rocambolesques les uns que les autres, dont Anto, une sorte de chat froussard, Dini, une petite chauve-souris, ainsi que Bigre et son équipage de pirates ! C'est un récit plein de poésie et d'humour, doublé d'une réflexion sur l'écologie et la place de l'humain dans la nature que proposent les deux auteurs. J'ai été très séduit par la douceur du dessin de Yohan Sacré qui mêle à la fois le dessin numérique et le dessin à l'aquarelle (pour les scènes de flashback). De plus, on sent les influences "Jim Hensonesque" (pour Jim Henson, le créateur du Muppets Show et de Sesame Street) dans la représentation de certains personnages (notamment l'équipage de pirates) L'histoire est découpée en chapitres qui voient Ona passer d'une situation à une autre, d'une problématique à une autre, tout en faisant avancer le récit, un peu à la manière d'une série télé comme The Mandalorian (l'association Ona-Dini n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Mando et de Grogu). Si le début du récit semble un peu confus, les auteurs prennent toutefois le temps de faire découvrir leur univers petit à petit de sorte à ce que celui-ci gagne en cohérence et en force à la fin de l'histoire. De plus, entre chaque chapitres sont intercalés des "fiches" qui nous renseignent sur les différents cristaux qu'utilise Ona pour faire sa magie. Une technique qui renforce un peu plus la mythologie du récit et qui invite également à une relecture de certains chapitres. Je suis curieux de voir la tournure que prendra cette histoire car il ne me semble pas encore clair s'il s'agit d'un one shot ou du début d'une éventuelle série. Dans le second cas, les bases sont posées pour une aventure épique, et je suis curieux de voir ce que les auteurs vont proposer par la suite.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série La Vengeance
La Vengeance

"La Vengeance" de David Wautier est éditée aux éditions Anspach. Cette histoire nous transporte dans le Wyoming du XIXe siècle. Nous suivant Richard Hatton, un cowboy qui, après le viol et le meurtre de sa femme se lance dans une quête vengeresse pour retrouver ses assassins : Jim Pickford et ses acolytes,. Hatton est accompagné par ses deux enfants Tom et Anna qui le suivent un peu malgré eux. C’est une histoire qui explore les limites de la vengeance et les conséquences déchirantes sur Hatton et ses enfants, tout en questionnant la frontière entre le vengeur et le criminel. David Wautier dépeint cette histoire avec un trait réaliste et chaleureux, notamment dans les scènes sous la neige et les flashbacks en couleur sépia. La relation entre le père et ses enfants est au cœur du récit, soulignant la poésie et l'humanité dans un contexte de violence et de désespoir.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Rivages lointains
Rivages lointains

Anais Flogny signe ici sa première bande dessinée. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cet album trahi déjà de grandes ambitions scénaristiques et un volonté de façonner des personnages fascinants ! Cet album sort dans la collection Combo, un nouveau label que la maison d’édition Dargaud lance cette année et qui a pour objectif de mettre en lumière le travail d’autrices et d’auteurs différentes, influencés par les mangas, les comics, l'animation, le jeu vidéo et les réseaux sociaux. « Rivages Lointains » raconte l’histoire de Jules Tivoli, un jeune commis, immigré italien vivant dans le Chicago des années 30, en pleine grande dépression (et durant la prohibition). Un jour, Jules fait la connaissance d’Adam Czar, un charismatique (et plus âgé) membre de la pègre locale. Rapidement, de façon fort culotée, Jules va se faire remarquer d’Adam qui, intrigué par le potentiel du jeune homme, le prendra sous son aile. Il entamera avec lui une relation amoureuse passionnée. Suite à une série de règlements de compte Adam et Jules sont contraints de quitter Chicago pour s’installer à New York. Malheureusement, Adam, polonais d’origine, ne parvient pas à intégrer les rangs de la très italienne Cosa Nostra. Qu’à cela ne tienne, il décide de se servir de Jules comme « porte-parole » et ainsi conserver ses privilèges. Jules va toutefois se prêter au jeu et va, progressivement, prendre de l’assurance et gravir lui-même les échelons jusqu’à devenir un membre important de la Cosa Nostra, au grand dam … d’Adam. Cette historie est terriblement bien racontée. A tel point que les presque 230 pages qui la composent se lisent avec une facilité déconcertante. L’autrice, Anais Flogny, a eu la bonne idée de découper son récit en chapitres entre lesquels s’écoulent chaque fois 2 années ou plus. De la sorte, on assiste à la progressive montée en puissance de Jules, à la déchéance du charismatique Adam et surtout à la détérioration de leur romance, le second jalousant petit à petit le premier. Il est aussi très intéressant d’observer comment Anais Flogny construit méthodiquement la psychologie de ses personnages. Cela se ressent tout particulièrement dans le personnage de Jules qui, s’il ne dispose d’aucun « pouvoir » (et ce sens qu’il n’est qu’un commis sans perspective d’avenir) a, dès le début, une force de caractère et une volonté de réussir dans la vie. A tel point que son ascension, son amour pour Adam puis son émancipation de son mentor/amant en sont passionnantes. Il est enfin important de noter la présence du personnage d’Eufrasio, un autre jeune membre de la mafia, flamboyant et tête brulée, que Jules rencontrera à New York et dont il deviendra l’ami. Eufrasio s’inscrit comme un élément perturbateur magnifique. C’est en effet lui qui va semer les premiers éléments de doute que Jules éprouvera vis-à-vis d’Adam et c’est surtout lui qui va amener le personnage à s’affirmer profondément et durablement. De son propre aveu, Anais Flogny tire son inspiration des affichistes et des illustrateurs du début du XXème siècle (René Gruau, Austin Griggs…) mais également d’auteurs et autrices de bandes dessinées comme Cyril Pedrosa ou Kamome Shirahama , un mélange de style intriguant qui, s’il pourrait de prime abord en surprendre certains, se laisse rapidement apprivoiser pour en devenir addictif. Peu de décors, mais des personnages tout en expressivité et dont les moindres haussement de sourcils (aussi infimes soient ils), les moindres rictus, les membres expressions corporelles, trahissent des personnalités fortes. L’ensemble est colorisé dans des tons pales et un peu délavés renforce l’aspect vintage et dangereux du récit et du monde dans lequel évolue les personnages. Cette histoire n’est pas sans rappeler d’autres récits tels que le Parrain, les Affranchis, dont elle aborde, bien évidemment les thèmes. La pauvreté, la petite et la grande criminalité, la montée en puissance d’un personnage d’origines modestes, déterminé, la chute inévitable d’un personnage influent… Loin d’être redondante, la relecture de ces différentes thématiques est, au contraire, passionnante, tant on est curieux et curieuses de voir ce qu’en fait Anais Flogny. L’autrice parvient en effet, grâce à son trait particulier et à la construction de la psyché de ses personnages, à transcender ce type de récit « classique » en y insufflant une dimension (un peu plus) humaine et poignante. En ce sens, la relation homosexuelle entre les deux personnages est un élément tout à fait neuf, dans ce genre d’histoire et peu représenté dans ce genre de milieux mafieux, iconiquement considéré comme très viril. Cela apporte ainsi une touche de douceur mais également de danger à l’ensemble. Avec Rivages Lointains, Anais Flogny ne dynamite pas les codes du récit de gangster, mais le soin qu’elle apporte à sa narration ainsi qu’à la construction de ses personnages font de cet album une relecture moderne et rafraichissante de ce type d’histoire.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Messire Guillaume
Messire Guillaume

Messire Guillaume a été créé par le scénariste Gwen de Bonneval (Les Derniers Jours d’un Immortel, Le Dernier Atlas…) et magistralement dessiné par Matthieu Bonhomme (L’Homme qui tua Lucky Luke, Texas Cowboy, Le Voyage d’Esteban…). C’est une histoire en trois tomes, parue initialement entre 2005 et 2007. Elle avait déjà été ré-éditée en intégrale en 2010, sous le titre « L’Esprit Perdu », dans une magnifique édition en noir et blanc et en format à l’italienne. C’est d’ailleurs cette version qui avait été primée au festival d’Angoulême et qui avait permis à cette fantastique histoire médiévale d’être mise en lumière. Mais pas encore assez, tant il me semble qu'elle reste encore aujourd’hui, un peu oubliée… C'est un tort ! Dès qu’on entre dans les premières pages de ce récit, on sent que l’on s’embarque dans une grande et épique aventure teintée d’une douce mélancolie. L’histoire raconte comme le jeune Guillaume décide de partir à la recherche de son père, pourtant déclaré mort. Il est précédé par Hélis, sa grande sœur, partie avant lui et portée disparue. Dans sa quête, Guillaume va faire la connaissance du chevalier de Brabançon (un chevalier errant et bourru dont les traits rappellent ceux de Jean Réno), d’un barde du nom de Courtepointe et d’une petite chèvre. Sur leur route, ils croiseront des brigands, des sorcières, de méchants Seigneurs et, dans ce qui était autrefois le 2ème tome de la série, des créatures fantastiques objectivement inventives et inédites en héroïc-fantasy. Un récit initiatique grandiose à rattraper absolument

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Mauvaises Herbes
Mauvaises Herbes

Keum Suk Gendry-kim est une autrice et traductrice sud-coréenne. Elle a d’abord étudié à Sejong avant de rejoindre Strasbourg et qui, après quelques années en France, est retournée vivre en Corée. En plus de ses nombreux travaux de traduction, elle est à la fois l’autrice de bande dessinée jeunesse (dont certaines inédites en francophonie) et de bandes dessinées autobiographiques et reportages. Son ouvrage, "Les Mauvaises Herbes" est paru une première fois aux éditions Delcourt en 2018. Il a été publié en 7 langues et a reçu de nombreux prix à travers le monde. Il ressort aujourd’hui aux éditions Futuropolis et mérite amplement un nouveau coup de projecteur Les « Mauvaises Herbes » est une histoire vraie. Elle est basée sur le témoignage et les souvenirs d’une dame, Lee Oksun, que l’autrice rencontre au détour de la visite d’un centre pour « femmes de réconfort ». Les femmes de réconfort, c’est ainsi que l’on appelait les esclaves sexuelles de l’armée japonaise, en 1943, en pleine guerre du Pacifique. A l’époque, la Corée se trouvait sous occupation nippone. Oksun, a 16 ans et est vendue par ses parents adoptifs comme esclave sexuelle à l'armée japonaise basée en Chine. Après avoir vécu 60 ans loin de son pays, Sun revient sur sa terre natale. Sa rencontre avec Keum Suk Gendry-kim va lui permettre de relater l’enfer qu’elle a vécu à l’époque… un enfer qu’elle décrit de façon très factuelle et qui ne fait que souligner l’horreur qu’on vécues des tas de femmes durant cette période méconnue de l’histoire. C’est un ouvrage long de 500 pages que nous propose l’autrice et, le moins que l’on puisse dire c’est que la force et la puissance de ce témoignage nous fait difficilement arrêter la lecture. Keum Suk Gendry-kim alterne sa narration entre ses rencontres avec une Oksun âgée et le récit imagée de la jeunesse (et du calvaire) de cette dernière. En ce sens, l’histoire rappelle Maus un autre grand témoignage en bande dessinée récit qui lui aussi alternait entre l’horreur des camps de concentrations et le témoignage qu’un homme en faisait à son fils. Keum Suk Gendry-kim relate avec beaucoup de simplicité et de force un récit empli de tristesse, de violence, voire parfois d’un certain nihilisme. Le détachement avec lequel Oksun raconte certains passage de sa vie en captivité est parfois glaçant. On a le cœur brisé pour cette femme qui tant bien que mal, construite , s’est construite une vie malgré les horreurs qu’elle a vécu enfant et jeune femme. De son propre aveu, Oksun semble avoir fait le deuil d’un bonheur qu’elle n’aura finalement jamais connu. La narration que propose Keum Suk Gendry-kim est à la fois dure, pudique et très poétique. On ressent au plus profond de notre chaire les brimades, les humiliations et l’injustice que vivent Oksun et ces autres « femmes de réconfort ». On se sent finalement impuissant face à une profonde et honteuse injustice qui, malheureusement fait partie d’une histoire trop peu racontée. Le trait de Keum Suk Gendry-kim est fascinant. Son dessin est en noir et blanc, son trait est « gras », réalisé au pinceau et à la plume (nous semble-t-il) et constitué de gros aplats noirs. C’est un dessin aussi brut que l’histoire qu’il raconte (et sans doute que le témoignage d’Oksun) et dont parfois ressortent des vrais moments de grâces, notamment dans la représentation de la végétation (dont les « mauvaises herbes » qui ont, en partie, inspiré le titre) et de certaines scènes entre ces différentes femmes de réconfort. Cet ouvrage est véritablement un témoignage coup de poing. A titre personnel, c’est une partie de l’histoire que je ne connaissais que trop peu, voire pas du tout. Découvrir le traitement que ces femmes ont subies il y a à peine 80 ans (quasiment rien à l’échelle de l’histoire humaine) a quelque chose de profondément choquant, déstabilisant, éprouvant… La vie d’Oksun, telle que décrite dans ce livre, a été une succession d’épreuves et d’injustices. Des épreuves que la jeune femme a traversé avec une colère étouffée et, parfois, une résignation perturbante et glaçante. Quand on réalise à quel point la situation de cette jeune femme et de ses camarades d’infortunes était désespérée (ainsi que celle, dans une moindre mesure, de certains des militaires japonais, pris eux aussi dans un engrenage malsain), on ne peut que saluer la force de caractère et d’abnégation de cette femme qui se sera, envers et contre tout, accrochée à un instinct de survie. Un instinct de survie dans tout ce qu’il a de plus primaire. Une volonté de vivre qui lui aura permis de croiser la route de Keum Suk Gendry-kim et de faire en sorte que son histoire ne soit jamais oubliée « Les Mauvaises Herbes » est un récit dévastateur qui ne vous laissera pas indemne. Une histoire froide et profondément humaine qui donne, enfin, une voix, à celles qui en ont été privées pendant trop longtemps. Une histoire qui, nous l’espérons, accordera à leur courage toute la place qu’il mérite dans l’histoire de l’humanité.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Un monde en pleine mutation
Un monde en pleine mutation

C’est une véritable lettre d’amour à la bande dessinée (surtout underground) et à l’adolescence que nous propose l’auteur Suisse Alex Baladi avec son album « Un monde en pleine mutation ». L’histoire se déroule en 1994, pendant les vacances scolaires. Nabil, un jeune homme entre 20 et 30 ans, tient une librairie spécialisée en bandes dessinées (surtout underground !). Personnage bienveillant et inspirant (un peu malgré lui), il accueille, dans sa librairie, le jeune Patou, un gamin de 15 ans cynique, qui travaille sur un projet de bande dessinée. Un jour, un autre adolescent débarque dans la librairie. Il est en ville pour les vacances, il aime lui aussi la bd (surtout underground !) et demande à rejoindre ce qu’il appelle « le cours de bd ». Nabil accepte et surnomme le jeune garçon « Rictus », à cause du rictus qu’il a en permanence sur le visage. Les deux jeunes garçons sont plus tard, rejoints par une troisième élève, une jeune fille de quatorze ans prénommée Nour. L’arrière-boutique de Nabil devient ainsi, le temps des vacances, un petit atelier de dessin dans lequel les trois ados et le jeune libraire vont discuter, échanger, partager leur passion pour la bd, mais aussi des morceaux de leurs vies. C’est un album en noir et blanc. Le trait noir est proéminent et les cadrages sont très rapprochés, ce qui donne une sensation intimiste à l’ensemble. Cette histoire parlera à toutes les personnes qui, ados, ont eu une petit fibre artistique (développée en grandissant ou pas) ou qui ont suivi des cours ou des ateliers, avec des profs inspirants… c’est une sensation nostalgique, une petite bulle suspendue dans le temps.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Magda - Cuisinière intergalactique
Magda - Cuisinière intergalactique

Il s’agit d’une histoire de Science-Fiction culinaire. Un terme qui n’existe pas (encore) mais que j’espère les gens commenceront à utiliser après avoir lu cette chronique. On suit le personnage de Magda, qui habite sur la planète Azuki et qui, un peu malgré elle, devient la favorite d’un grand concours de cuisine intergalactique. Le scénario est de Nicolas Wouters, un scénariste et dessinateur Belge à qui l’on devait déjà les Egarés de Déjima, en 2018 (avec Michele Foletti au dessin) et le roman graphique Totem, en 2016, avec Mikaël Ross. Mathilde Van Gheluwe, elle, s’est faite connaitre dans le monde du fanzine, avant de sortir en 2016, la bande dessinée autobiographique « Pendant que le Loup n’y est Pas », réalisée à 4 mains avec Valentine Gallardo et dans lequel les deux autrices racontaient leurs souvenirs d’enfance à l’époque de l’affaire Dutroux. S’ensuit, en 2020, une autre histoire jeunesse, intitulée Funky Town, à la croisée des contes d’Andersen et des films de Miyazaki. Ensemble, Wouters et Van Gheluwe signent une aventure jeunesse décomplexée, farfelue, qui emprunte autant aux clichés des récits initiatiques et des shonen /shojo japonais, qu’elle ne s’amuse à les déconstruire. Il s’agit d’une histoire de science-fiction culinaire, donc, qui raconte l’histoire de Magda, une petite cuisinière inventive, habitant sur la planète Azuki avec son père et sa Mamidou. Un peu malgré elle, elle se retrouve à participer au grand concours de cuisine végétarien intergalactique au cours duquel des enfants, représentant chacun une planète, s’affrontent depuis cent ans. L’enjeu est grand : gagner le « Nectar », convoite? par tous pour ses propriétés miraculeuses. Magda va vite être l’une des favorites du concours mais va aussi découvrir que les dirigeants de certaines planètes se réunissent avec de sombres desseins : voler le Nectar et s’en servir pour entendre leur pouvoir sur toute la galaxie. Et si vous ne le remarquez pas à la lecture, je vous le dis directement, les planètes et certains personnages de cet univers ont des noms de plantes ou de légumes. Cette série est très, très chouette. C’est l’adjectif qui, selon moi, la décrit le mieux. L’histoire comprend tous les ingrédients d’un bon récit d’aventure. Du mystère, de l’action, de la surprise, de la tension, de l’émotion… on retrouve à la fois un peu de Harry Potter (les jeunes participants logent dans la Tour d’Eroknas, qui rappelle le château de Poudlard, Magda se lie d’amitié avec Hector, un jeune garçon enthousiaste mais un peu gauche qui, lui rappelle, Ron Weasley), un peu Hunger Games (pour le côté tournoi…sans les horribles meurtres, bien sûr), avec une pointe d’influence japonaise dans certains décors et certaines créatures qui font penser tantôt au dessin animé Nausicaa et la Vallée du Vent tantôt à l’univers des Pokemons (il y a un légume qui, dans cet univers s’appelle l’Artichoc). Mais, et c’est la grande force de cette série, tout sonne absolument frais, original et jamais vu. Les mondes que créent les deux auteurs sont vraiment très généreux et donnent envie d’en découvrir plus en tournant chaque pages. On a, à la lecture, toujours l’impression d’être en terrain connu et inconnu à la fois… c’est très plaisant. Chaque album est divisé en chapitres, ce qui accentue encore un peu plus la sensation de lire une grande aventure épique, et en fin de bd, on peut trouver une section intitulée « Les Recettes de Magda » qui présentent…des recettes végétariennes à faire soi-même. Mathilde Van Gheluwe avait déjà fait forte impression à l’époque de « Pendant que le Loup n’y est Pas », une bd que Valentine Gallardo et elle avait réalisées entièrement au crayon noir. L’utilisation du crayon (et le fait de ne parfois pas gommer certains endroits et de les proposer tels quels dans la bd) offrait une histoire au graphisme à la fois complétement dynamique et survolté, mais très tendre par endroit. Funky Town, que Mathilde Van Gheluwe proposa seule quelques années plus tard, restait dans cette mouvance. On suivait une petite fille solitaire à l’imagination débordante à qui le coup de crayon parfois léger, parfois plus appuyé de la dessinatrice donnait une force toute particulière. Avec Magda, Mathilde Van Gheluwe reste dans le monde de l’enfance qu’elle maitrise si bien… et elle parvient à faire, de ce qui aurait pu être un récit de science-fiction classique et codifié, une œuvre pleine de fantaisie. Les personnages sont ultra expressifs, les décors généreusement fournis, l’univers fourmille de trouvailles graphiques comme le vaisseau spatial-tracteur de Magda et de sa famille dans le tome 1 et la végétation inquiétante de l’arbre monde dans le second tome. En ce sens, cette science-fiction, et la façon dont elle est proposée est très rafraichissante. On retrouve énormément d’influences d’un peu partout qui se mélangent dans un joyeux bazar pour créer une œuvre absolument unique et irrésistible. Cette histoire est résolument moderne. Comme cité plus haut, Nicolas Wouters et Mathilde Van Gheluwe s’amuse à détourner les codes du récit jeunesse et de science-fiction pour parler, également de thématiques d’actualités. On traite évidemment d’écologie et mais aussi, dans une moindre mesure, de malbouffe. Parce qu’en proposant une histoire comme celle-ci, qui fait la part belle à l’art de la cuisine et aux fruits et légumes, Mathilde Van Gheluwe et Nicolas Wouters démontrent brillamment qu’on peut manger tout aussi bien, et même carrément mieux avec des produits frais et issus de l’agriculture biologique. Il suffit pour ça d’avoir un peu d’imagination et une bonne dose de curiosité. D’ailleurs, la cuisine non végétarienne est considérée comme affaire du passé et c’est, précisément la cuisine végétarienne qui a conquis toute la galaxie. Du coup, qui sait ? Ça pourrait peut-être donner des idées aux générations futures. A côté de ça, c’est très plaisant de lire une histoire de compétition dans laquelle les personnages, et surtout l’héroïne principale, préfèrent s’entraider, voire carrément renoncer à la compétition si ça signifie qu’ils ou elles doivent abandonner certains de leurs principes. Enfin le cœur de l’histoire c’est, avant tout, la relation compliquée et pleine de mystère qu’entretient Magda avec sa grand-mère. Le papa étant plus un personnage de soutien. Deux femmes aux caractères fortement opposés… une relation vraiment passionnante à lire.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Beck
Beck

A la fin des années 2000, on pouvait, en Belgique, regarder la chaîne musicale MCM, la concurrente française de MTV. En plus de clips et d’émissions musicales, la chaîne diffusait de nombreux animes. C’est comme ça que tout une génération d’enfants et d’ados ont pu, entre autre, découvrir des séries comme One Piece, Nana, ou GTO. Parmi ces séries, il y avait BECK. Adapté du manga éponyme, Beck est un shonen (un récit initiatique ciblant un lectorat de jeunes garçons et qui raconte comment un personnage masculin tente de devenir le meilleur dans son domaine- pour l’équivalent féminin on parle de shojo) racontait l’histoire de Koyuki, un collégien japonais timide et mal dans sa peau qui, au fil de ses rencontres, allait être amené à intégrer puis à devenir l’une des figures de proue du groupe de rock Beck (Mongolian Chop Squad) appelé à devenir l’un des meilleurs groupes de rock indépendant du Japon. L’anime était vraiment fun, touchant et décrivait avec beaucoup de justesse le monde impitoyable de la musique. On vivait au plus près des personnages, on partageait leurs galères, leur difficulté à percer, leurs problèmes financiers, leurs doutes.. et puis, dans l’anime, la musique était très réussie et les références au monde du rock nombreuses. Le manga a connu un beau succès au Japon, mais il a moins marqué les esprits qu’en France, en Belgique et dans le reste de la francophonie ou il est véritablement considéré comme culte. Il est, aujourd’hui, ré-édité en édition augmentée. Et si vous vous dites qu’il est impossible de représenter toute l’intensité de la musique en manga, c’est que, clairement, vous n’avez pas lu Beck.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Une Journée avec Moi
Une Journée avec Moi

Qu'est-ce que j'ai ri, mon dieu !! "Une Journée avec Moi" est un tout petit album au format carré dans lequel, Alexandre Géraudie raconte... ben une journée avec lui. On devait déjà à l'auteur, en 2015, le tout aussi petit album « Du Pain et des Chats » dans lequel, à l’aide de photos et de commentaires absurdes qu’il ajoutait, il comparait du pain et des chats. On ne peut pas faire plus explicite. C’est aussi le cas avec cet album dans lequel il dessine, sur chaque page de droite, un dessin de lui en train de faire quelque chose ainsi que l’heure à laquelle il le fait. Par exemple : « 16h04 : Là c’est moi qui prend l’air cinq minutes », «16h05 : Là c’est moi qui fait semblant de pas entendre le voisin », « 16h10 : Là c’est moi qui plante une sorte de bâton »…etc. Et ça continue pendant une soixantaine, le tout avec un dessin (en apparence) absolument simpliste. C’est hilarant, c’est un voyage complètement absurde dans la vie d’un personnage à la vie la plus inintéressante …et c’est ça qui est amusant.

09/05/2024 (modifier)