Je suis leur silence

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 14 avis)

Après le poétique Malgré tout, Jordi Lafebre nous livre, à coups de récits enchâssés et de personnalités hautes en couleurs, un roman graphique lumineux, au rythme résolument moderne et au ton empreint d'humour. Un récit entre la comédie et le polar catalan.


Auteurs espagnols Barcelone Les prix lecteurs BDTheque 2023 Prix des Libraires de Bande Dessinée Troubles psychiques

Barcelone, de nos jours. Eva Rojas, une jeune et brillante psychiatre, rechigne à répondre aux questions du Dr Llull. Pourtant, elle n'a d'autre choix que de collaborer pour espérer récupérer sa licence et exercer à nouveau son métier. Il y a quelques jours, Eva a été appelée en renfort par l'une de ses patientes, Pénélope, pour l'accompagner, en tant que personne de confiance, durant la lecture du testament de sa grand-mère. Si cette dernière est toujours vivante, cette réunion familiale n'en demeurera pas moins éprouvante. À son arrivée à Can Monturós, l'excentrique psy perçoit rapidement les lourds secrets qui pèsent sur le domaine viticole. Et pour cause : percer les gens à jour, c'est son fonds de commerce. Les Monturós, qui ont fait fortune grâce à leurs vignes pendant la période franquiste, semblent dissimuler quelques secrets inavouables... Alors qu'elle séjourne au domaine, un membre de la famille est assassiné. Et les regards inquisiteurs ont tôt fait de se tourner vers Eva, qui mènera l'enquête pour tenter de prouver son innocence.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Octobre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Je suis leur silence © Dargaud 2023
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 14 avis)
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01/11/2023 | Mac Arthur
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Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je suis assez peu mitigé après cette lecture qui m'a laissé sur ma faim. Globalement, ce n'est pas du tout une mauvaise BD mais qui m'a dérangé par deux trois aspects. Bon, déjà l'histoire est un polar et je crois avoir déjà souligné plusieurs fois que je ne suis vraiment pas fan de ce style même si quelques auteurs trouvent grâce à mes yeux. Sauf que là, j'ai eu l'impression de voir de nombreux clichés véhiculés qui se retrouvent condensés : la jeune femme qui mène l'enquête en parallèle de la police et s'en sort mieux qu'elle (avec une certaine tendance à réussir tout ce qu'elle entreprend), tout le monde qui se confie à une inconnue y compris sur des sujets secrets et importants, le personnage excentrique et déjanté bien trop assurée et toujours dans le contrôle... Et le tout, c'est que l'histoire a une certaine invraisemblance à mon gout. L'enquête a des ficelles bien trop grosses, des détails qui font tiquer (notamment la question de la bipolarité traité de façon ... disons pas très logique psychanalytiquement parlant !). En disant cela, je semble hyper-critique dans mon avis, mais parce qu'au sortir de ma lecture j'ai surtout ressenti un "bof" qui a marqué mon impression générale. Mais la BD est très lisible, au dessin dynamique et bien campé, avec une histoire prenante qui se laisse lire d'un bout à l'autre. C'est simplement que le ressenti final est assez peu intéressant. Je l'ai lu, j'ai pas eu de déplaisir à la lecture et j'aurais probablement oublié la plupart de l'histoire dans deux semaines. En fait, je crois que j'ai surtout peu accroché au personnage principal. Elle a des airs de Mary-Sue dans son comportement trop badass qui résout tout. Une sorte de James Bond féminin (qui enchaine autant les conquêtes d'ailleurs). Le tout rehaussé par sa dynamique de jeune fille dynamique, explosive et excentrique. Sauf que je ne la trouve pas beaucoup attachante (et je me demande ce que Pénélope apprécie chez elle), de la même façon que je n'arrive pas à adhérer à cette manie de coller a des personnages pareils une cigarette aux lèvres à chaque planche. C'est sans doute accentué par la lecture de Cigarettes - Le Dossier sans filtre mais je ne peux plus l'ignorer. Ça me rappelle juste que l'industrie de la clope nous a vendue cette attitude chez les femmes comme un symbole d'émancipation -y compris sexuel- ainsi qu'une ode à la liberté de penser. Bref, je fais mon râleur sur cette BD parce que de nombreux points m'interpellent et que je n'arrive pas à passer outre, mais voila, c'est "juste" une BD que je n'ai pas spécialement aimé, que je ne relirais pas et que j'oublierais. Mais ce n'est pas une mauvaise BD, c'est sur.

13/08/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Deretaline

Bon je réécris mon avis car il était, effectivement, bien trop dithyrambique. J'aime beaucoup cet album et le trouve honnêtement très réussi, mais je m'étais bien trop emballée dans mes propos et ai ensuite essayé de corriger plusieurs fois pour adoucir mon discours sans jamais vraiment parvenir à refléter ce que je pense vraiment de l'album. Alors, après avoir mis cinq étoiles pour appuyer mon ressenti sur la qualité technique de l’œuvre, puis quatre et un coup de cœur pour revenir en arrière mais tout de même appuyer mon ressenti positif, je me rabat finalement sur un quatre étoiles tout rond, bien plus proche de mon ressenti réel. L'album reste très bon, je le trouve toujours très frais et agréable à lire, mais je vais me montrer plus modérée dans mes paroles. Pourquoi m'étais-je autant emballée à la base ? Parce que l'album est bon, très bon même. Pas une révolution dans son genre ni une source de réflexions profondes mais une œuvre finement construite. En fait, pour faire court, je trouve la construction de l'album excellente, ne serait-ce que du point de vue technique : le rythme parvient à rester prenant sans jamais réellement faire de pauses, les dialogues sont vifs, le personnage principal est une grande-gueule à l'égo surdimensionné et à la psyché chaotique qui parvient à rester attachante tout du long, le dessin de Lafebre est beau, vif et travaillé, … Bref, sur le plan technique, c'est du bon. Bon, tout n'est pas parfait non plus. Encore une fois, l'album ne révolutionne pas le genre du polar et ne va pas nécessairement chambouler votre vision du monde (ou même vous pousser à la réflexion sur un sujet), il se contente simplement de raconter une histoire prenante par le simple fait de sa construction narrative sur deux plans et son personnages principal dont la personnalité d'apparence plus que farfelue est moteur de l'intrigue. Du bon, donc, mais encore faut-il apprécier le genre. Personnellement j'aime beaucoup les narrations non-linéaires, les histoires centrées sur la psychologie et les personnages qui sous leur apparence loufoque cache un être plus complexe, donc même si les polars ne sont pas nécessairement mes récits préférés (les poncifs du genre me laissent de marbre) je partais avec de bonnes appréhensions. Mais même si l'album brille par la personnalité d'Eva et ses méthodes peu conventionnelles, l'enquête n'en est pas moins un peu trop simple et convenue par moment. L'œuvre reste très bonne, une lecture sincèrement très agréable et de très bonne qualité. Je tenais simplement à venir réécrire cet avis dans lequel je m'étais malheureusement un peu trop emballée.

03/05/2025 (MAJ le 06/05/2025) (modifier)
L'avatar du posteur Calimeranne

« Je suis leur silence » bénéficie de trois gros atouts qui ont rendu ma lecture plutôt agréable. Le premier, c’est le dessin de Jordi Lafebre, avec ces visages expressifs, ce trait dynamique, ces poses naturelles, ces couleurs agréables à l’œil. Seul petit bémol à mes yeux, le visage d’Eva qui m’a semblé trop simpliste et caricatural. Les personnages constituent le deuxième atout de l’album : le psychiatre d’Eva, l’inspectrice, et bien évidemment Eva, qui crève l’écran avec son assurance, son humour et son franc-parler. J’ai également beaucoup aimé les trois femmes du passé d’Eva qui l’accompagnent tout au long de l’album. La narration, enfin, est réussie. L’histoire racontée par Eva à son psychiatre est ponctuée des interactions entre eux deux, ainsi que de quelques flashbacks de son passé, ce qui rend la lecture dynamique et maintient l’intérêt. On peut noter aussi l’écriture des dialogues particulièrement soignée. Malgré tous ces atouts, mon intérêt a décliné vers les deux tiers de l’album. La personnalité d’Eva a fini par me lasser ; sa répartie et son assurance finissent par agacer, il manque quelques failles dans son personnage pour la rendre plus attachante. Quant au récit, son rythme trop soutenu à mon goût a fini par m’essouffler ; quelques respirations auraient été bienvenues. Mais c’est surtout l’intrigue policière en elle-même qui a fini par me sortir de ma lecture. J’ai trouvé l’histoire de la famille Monturós peu passionnante, davantage axée sur l’histoire de l’entreprise familiale que sur les relations humaines. Le dénouement m’a d’ailleurs laissée un peu dubitative, je l’ai trouvé peu crédible, tout comme certains détails rocambolesques dans le déroulement de l’enquête menée par Eva. En conclusion, c’est un polar sympathique, dont j’attendais plus et qui ne m’a pas complètement convaincue.

06/04/2025 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je suis un peu perplexe à la suite de ma lecture de cette série. J'ai pourtant beaucoup aimé l'introduction avec ce duel entre les deux psychiatres plein d'humour et d'excellentes réparties. La première partie m'a séduit avec cette construction astucieuse à la fois sur le déroulé passé de la semaine, l'immiscion des trois âmes défuntes et les questions de l'expérimenté Llull. Cette superposition des deux enquêtes, celle de Llull et celle d'Eva, donne un récit tonique et méticuleusement imbriqué sans que l'auteur ne se prenne les pieds dans le tapis. C'est vraiment bien fait malgré quelques longueurs. La narration est bien soutenue par un graphisme très lumineux dans un style semi réaliste classique et humoristique. Cela manque toutefois pour moi un peu de travail sur les extérieurs de la ville de Barcelone. A part quelque plans discrets, l'ambiance manque de caractère et on pourrait situer l'action dans beaucoup de régions viticoles. Toutefois ce n'est pas ma principale réserve. En effet j'ai trouvé le personnage d'Eva assez lassant à la longue. J'ai eu du mal à adhérer à la version Madame Je sais tout qui joue à 007. Cela devient un poil cliché manichéen et moralisateur par moment dans l'imagerie de la famille Monturos. De plus mon empathie pour Eva a faibli au fil des pages à force de la voir une cigarette à la bouche ou un verre de vin à la main. Si on y ajoute une alimentation aléatoire et un manque de sommeil chronique on ne peut pas dire que le modèle d'hygiène de vie proposé soit à mon goût. Un beau travail de construction mais un final assez décevant. Pas mal mais mon intérêt a baissé au fil de ma lecture.

08/09/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Second one-shot où Lafebre est auteur complet et j'ai mieux accroché qu'avec ''Malgré tout''. Il faut dire que j'aime bien le polar et celui-ci est bien fait. L'histoire est racontée via un flashback avec l'héroïne qui raconte tout à son psy. La narration est très bien faite et la mise en scène est totalement maitrisée. L'humour fonctionne bien et il y a des surprises dans le scénario. Le seul défaut est qu'il y a quelques facilités dans le scénario. J'ai trouvé que les membres de la famille de riche se confiaient un peu trop facilement avec l'héroïne. Cela fait un peu du sens pour certains, d'entre-eux, mais pour d'autres je trouvais que c'était un peu trop gros qu'ils parlaient de tout avec une femme qu'ils ont juste rencontré récemment. Malgré cela, j'ai passé un bon moment. Il faut dire que le dessin est vraiment très bon. C’est le genre de style qui me donne envie de lire tout de suite une BD.

21/07/2024 (modifier)
Par Emka
Note: 3/5
L'avatar du posteur Emka

J'ai pris du temps avant d'écrire cette critique car j'ai un avis un peu mitigé sur cette BD. Dans les plus, j'ai bien aimé la narration de ce polar qui se fait sur 3 plans : la séance chez le psy, les flashbacks de la semaine passée et l'histoire de ces femmes de la famille d'Eva qui l'accompagnent dans ses pensées et décisions. Ca peut être un jeu dangereux de complexifier ainsi la narration mais tout se passe ici très bien, c'est fluide et soutenu, et la narration déroule bien la pelote de manière subtile. Le dessin de Mako, avec son trait précis et ses couleurs douces, atténue la noirceur des situations souvent sordides. Les touches d’humour et le décalage de certaines scènes apportent une légèreté bienvenue, rendant la lecture agréable malgré la densité du sujet. Dans les moins, j'ai vraiment du mal à ne pas trouver le personnage d'Eva trop cliché (la HPI hyperactive et insolente que rien n'arrête...), je trouve qu'elle aurait gagné en profondeur en étant un peu plus complexe que cela, où alors je n'ai pas su saisir ce qui en fait la complexité. En somme, “Je suis leur silence” est une œuvre bien réalisée, offrant une lecture agréable et réfléchie. Sans être révolutionnaire, cette BD m'a quand même laissé une bonne impression grâce à cette structure scénaristique habilement mise en oeuvre.

15/07/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Cet album est assez dense, légèrement confus et on ne sait pas toujours si l'auteur sait bien où il veut aller, mais je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. Il tient avant tout sur la personnalité de son héroïne. Outre sa beauté et sa finesse d'esprit, celle-ci est d'un caractère volontairement étonnant, difficile à cerner, entre exubérance imprudente et intelligence avec beaucoup de recul. L'auteur rend hommage en fin d'album aux personnes bipolaires mais je n'ai pas l'impression que son héroïne le soit. Oui, elle fait preuve d'hyperactivité et de troubles maniaques, mais on ne lui voit quasiment pas de phase de dépression qui viennent les contrebalancer si ce n'est une séance de pleurs mais pas vraiment sans raison. Par contre, on peut l'observer dans une sorte d'éternelle fuite en avant, incapable de restreindre ses émotions et ses envies ni de se brider, par peur d'un traumatisme de son passé qu'on découvrira peu à peu. Ça en fait un personnage très original et charmant malgré ses défauts et son côté parfois casse-pieds. L'histoire pour sa part est très rythmée, complexe et intéressante même si parfois légèrement embrouillée. Les personnages y sont tous bons et les situations sortent assez des sentiers battus. Quant au dessin de Jordi Lafebre, il est excellent comme toujours. Ce n'est pas un scénario complètement ficelé avec un déroulement clair et une fin percutante, mais c'est une histoire très sympathique, avec une bonne dose d'humour et une héroïne joyeusement "attachiante".

16/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà une lecture plaisante. Un polar qui ne paye pas de mine, où il n’y a finalement pas beaucoup d’action, mais qui est à la fois prenant et plein de peps. Car la narration est très dynamique, à l’image de l’héroïne, Eva, une jeune psy un peu déjantée qui se transforme en enquêtrice « hors norme ». L’aspect polar n’est pas hyper original (une histoire d’héritage, de magouilles qui refont surface, dans une famille de la grande bourgeoisie barcelonaise), mais son traitement primesautier, très frais rend la lecture très agréable. Et l’héroïne, elle aussi très « naturelle » (voir la façon avec laquelle elle distille certaines infos au psychiatre sensé l’évaluer) est pour beaucoup dans la fluidité de la lecture. Le dessin de Lafebre est simple, sans être minimaliste. Il est en tout cas, avec une économie de moyens, très expressif (en particulier pour les bouilles des trois femmes, qui accompagnent Eva en pensée). Un chouette album. Rien d’exceptionnel, mais un bon moment de détente assuré.

06/04/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

C'est avec Lydie puis la série Les Beaux Étés que j'avais découvert et apprécié le travail de Jordi Lafebre. Avec "Je suis leur silence" c'est seul à la barre qu'il se lance pour nous proposer un polar caustique tout en gardant le côté solaire et frais qui caractérise ses productions. C'est du côté de Barcelone qu'il nous entraîne, pour suivre la jeune et pétillante (et énervante !) Eva. Elle doit se soumettre à un entretien avec un de ses collègues psychiatre pour pouvoir récupérer sa licence et reprendre son activité. C'est au cours de cet entretien qu'on va découvrir sa récente escapade chez une de ses richissimes cliente qui avait besoin d'une témoin pour la lecture d'un testament ; week-end tragique qui verra la mort d'un des protagonistes et le début de cette enquête un peu folle que va mener notre Eva. On se croirait presque dans un Agatha Christie dépoussiéré et plus débridé ! Car notre Eva a du caractère et de la suite dans les idées, tout en ayant une notion de la norme et du respect des règles bien à elle… Et forcément ça dérape souvent ! Ajoutez à cela une petite touche d'humour bien mordant, des dialogues aux petits oignons porté par un dessin toujours aussi chaleureux et dynamique, et vous obtenez un album qui offre à son lecteur un très bon moment de lecture !

02/04/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cleck

Sympathique BD de Lafebre, qui nous avait déjà plutôt séduit avec sa comédie romantique Malgré tout. On retrouve les éléments feel good qui le caractérisent : un trait fin, élégant et malicieux, une fraîcheur de ton, des personnages principaux charmants, avec ici une héroïne, insupportable et attachante à la fois. Il eut été bien excusable et compréhensible que l'auteur récidive dans la comédie romantique, il n'en est rien avec ce qui s'apparente volontiers à une mise en danger : une plongée dans le genre policier, certes allègrement assaisonnée d'éléments de comédie. La thématique féministe est moins présente qu'attendue (la faute à ma surinterprétation de la couverture, fort réussie), celle psychanalytique une agréable surprise. Une lecture agréable, mais qui laisse un peu sur sa faim, notamment sur les aspects policiers plus conventionnels.

29/02/2024 (modifier)