Superbe livre pour les enfants ET leurs parents !
Très drôle, intelligent et beau.
Certes, le bouquin est court ( 24 grandes pages ) mais il faut le concevoir comme un livre à lire et à relire avant de s'endormir...
C'est avec cet album que je découvre le travail de Loïc Locatelli Kournwsky, et c'est ma foi une entrée en matière convaincante, même si au vu de sa bibliographie cet album change de son registre habituel. Ses réalisations antérieures sont en effet destinées à un public adulte et abordent des sujets plutôt lourds, que ce soit en politique ou le suicide.
Ici, on est dans un album que je qualifierais de "tout public" tant il peut se lire à différents niveaux. Sans connaître le mythe grec de Perséphone les plus jeunes y verront une belle histoire d'aventure, quand des adultes plus férus de mythologie pourront s'amuser à comparer ce que Loïc Locatelli Kournwsky s'est évertué à construire autour de ces personnages et ces mondes qui imprègnent subrepticement notre culture.
Car du côté de l'histoire on est plutôt bien servi ! Loïc Locatelli Kournwsky nous a concocté une intrigue bien construite qui monte en tension jusqu'au dénouement final de l'album. La narration est des plus réussie et franchement on ne voit pas passer la lecture de ces quelques 130 pages.
C'est peut être au niveau du dessin qu'il faudra à certains un petit temps d'adaptation. Le trait de Loïc Locatelli Kournwsky est en effet assez singulier. Oscillant entre le trait épuré d'un Bastien Vivès pour les personnages et leurs expressions et le trait hachuré d'un Christophe Blain pour ce qui est des décors avec en prime un zeste d'inspiration manga, et vous obtenez ce dessin très personnel qui a réussi à me convaincre pleinement malgré ma surprise à l'ouverture des première pages. Le travail de colorisation très réussi y fait aussi pour beaucoup ; il reste très sobre mais d'une efficacité redoutable.
"Perséphone" m'aura donc permis de découvrir un auteur de la plus belle des manières, et m'encourage même à aller découvrir les autres titres qu'il a réalisé.
Un album à mettre dans toutes les mains (disons à partir de 9/10 ans) !
Voilà, c’est enfin arrivé : mon 5000ème avis. Un de plus mais non des moindres puisqu’il est consacré à la nouvelle production de mon auteur préféré en matière de bd d’humour à savoir Fabcaro. Il faut dire que je suis un lecteur exigeant et qui ne sourit pas facilement. Lui, il arrive à me faire rire ce qui peut par moment constituer en soi un exploit majeur.
Comment arrive-t-il à me surprendre à chaque fois ? Je l’avais remarqué à ses débuts en espérant qu’il connaisse des succès dans sa carrière. Son Zaï Zaï Zaï Zaï a véritablement conquis le public d’autant qu’il s’attaque à des reprises célèbres comme Achille Talon ou Gai Luron. Il joue de tout cela dans cette pause qu’il semble marquer dans une recherche de l’inspiration face à un public qui l’attend au tournant.
Fabcaro a un sens aigu de l’autodérision et du décalage. En même temps, il nous dévoile des aspects de la société et des comportements humains qui prêtent à sourire. Il y a toujours son mal de communication ou son côté hypocondriaque avec une certaine continuité de ses thèmes de prédilections. Il le fait avec tellement de talent que toutes ces petites choses de l’existence deviennent passionnantes sous son regard parfois acerbe.
C’est une lecture qui fait du bien. Par conséquent, c’est encore une œuvre à découvrir en espérant le même succès toujours mérité. Les inconditionnels seront séduits. Les autres également.
Univers familier, oui sans doute, mais à mon sens bougrement intelligent. Plutôt que d'un Stephen King comme le dit mon prédécesseur c'est plutôt du côté d'Agatha Christie et son célèbre roman les "Dix petits nègres" qu'il faut chercher l'inspiration principale avec un petit côté "Lost". Là, les protagonistes ne sont que six, enfin... sept. Comme dans le roman de notre auteure anglaise chacun est bien typé, possède une personnalité suffisamment riche, expliquée dans des flashbacks qui n'alourdissent en rien le récit.
Contrairement au roman sus nommé les caractères des uns et des autres s'inscrivent et possèdent juste ce qu'il faut de modernité pour s'ancrer dans une réalité qui nous est connue. Cette manière de procéder rend le récit d'autant plus plausible que les éléments fantastiques s'insèrent parfaitement comme dans une mécanique bien huilée. Pourquoi ces individus que rien, dans un premier temps ne rattache les uns aux autres se retrouvent ils réunis ensemble dans cette grande maison Edwardienne, architecture fluctuante d'ailleurs et donc propice à l'émergence du surnaturel.
Oscillant entre polar, fantastique et SF le premier tome prend son temps pour installer le climat, les questions auxquelles sont confrontés les personnages. Dans le deuxième tome le petit groupe de prisonniers s'amenuise, chacun découvre qu'à la fin il n'en restera plus qu'un. L'intrigue nous prodigue quelques révélations mais rien qui ne fasse véritablement progresser la résolution de l’énigme, du pourquoi de cette expérience s'il s'agit de cela.
Le dessin de Fabrice Meddour dans un style expressionniste est plus qu'efficace et en y ajoutant la colorisation en tons tranchés de noir, de bleu, de rouge et de vert nous avons un rendu angoissant en adéquation avec le récit.
J'attends avec impatience le dernier tome de cette trilogie qui devra mettre la barre assez haut pour ne pas décevoir les lecteurs et surtout répondre de manière satisfaisante aux multiples pistes semées jusqu'à présent. A lire.
Honte sur moi je n'ai pas lu "Julius Corentin" dont il semble que ce soit un must, c'est donc par le biais de ses autres œuvres que j'ai abordé MAM. Pas simple le bougre ses BD sont bien loin du "Pif Gadget" que je lisais enfant. Bon je déconne bien sûr mais après du temps j'apprécie de plus en plus cet auteur qui s'il n'est pas d'un abord facile je dois l'avouer arrive cependant à chaque fois à interroger le lecteur sur des sujets d'importance.
Ici comment ne pas voir une critique en règle de notre monde ultra connecté. Je vais faire ma feignasse et vous renvoyer à l'excellent avis du sieur Sejy quelques roulements de souris plus bas, il a à mon sens tout dit et pour en rajouter cette BD de MAM se devrait d'être lue dans toutes les bonnes écoles de France et de Navarre.
Bien sûr achat conseillé.
Le problème des avis dithyrambiques, c'est que personne n'y croit vraiment...
Pourtant je ne vois pas comment suivre le modèle habituel de l'avis bien balancé, avec ses bons points et ses défauts, suivi d'une conclusion emberlificotée à la Macron. J'ai tout aimé dans ce livre.
D'abord, cet album entre parfaitement dans le moule exaltant du western :
-Les images chaudes et réalistes, où regards et paysages se répondent en champ contre-champ, voyez déjà la première page avec ses deux cavaliers, suivis d'un charriot qui pénètrent dans un canyon
-les personnages : le quinquagénaire déplaisant qui joue le rôle de chef de troupe, Stingley ; le photographe beau gosse au passé trouble, Oscar ; et le gamin chargé du sale boulot, Milton ; avec son pantalon trop court soutenu par des bretelles, puis le chasseur de prime terrifiant, l'indien énigmatique.
-le message contemporain où le colonialisme occidental est roulé dans la farine par d'autres manières de voir le monde, celle des indiens, évidemment, celle des blancs qui ne peuvent pas rester dans ce courant dominant et dominateur, celle des femmes...
Et cette critique de la colonisation de l'Amérique par les européens vient s'appuyer sur des arguments neufs et déroutants.
Le titre d'abord qui, s'il était rapproché d'une autre première page, pourrait avoir un caractère plutôt obscène, il nous met déjà la puce à l'oreille.
Les premières pages aussi, avec un découpage des scènes et des dialogues très efficace et malin : on sait déjà que l'attitude de Stinglley vis à vis de ses deux compagnons de voyage, est tout juste supportable, et on se demande comment et quand, les deux autres vont réussir à faire basculer la situation à leur avantage, même si on ne comprend pas encore par quel biais il les tient à sa main.
C'est justement la découverte au fur et à mesure de l'histoire des raisons qui ont rassemblé ces trois personnages qui ouvre sur des univers que certains ont qualifiés de fantastiques, je n'irai pas jusque-là. Il s'agit juste de données du problème que le pauvre Kingsley ne peut pas tout-à fait faire cadrer avec le monde parfait qu'il a conçu. On pourrait résumer cet ensemble de grains de sable dans l'ordonnancement si bien imaginé par notre scientifique à la sensualité en général.
Et c'est cette sensualité si bien mise en image qui émoustille et réjouit. Rien de voyeur, rien de pornographique, des cadrages serrés et justes pour amener des scènes érotiques, d'autres dispositifs étonnants pour évoquer des communications animales voire des visions shamaniques...
Bref lisez-le, le scénario est parfaitement assemblé, au point qu'on peut y voir le monde actuel résumé. Et les personnages touchent chacun une part de nous, grâce à des dialogues subtils.
Avec « Les Cent nuits de Héro », Isabel Greenberg renouvelle de façon originale le conte pour enfants. L’auteure anglaise a conservé les dieux et les châteaux, mais a confiné aux oubliettes les princes charmants… Fini les belles au bois dormant qui se morfondent dans leur baldaquin en serrant amoureusement le pendentif offert par leur tendre époux parti guerroyer… Désormais, les princesses prennent l’initiative en racontant elles-mêmes les histoires, tout en trompant leur mari avec leurs dames de compagnie. Cloîtrées peut-être, mais surtout caustiques, féministes, érudites, et toujours amoureuses, en un mot, modernes.
Et comme visiblement Isabel Greenberg raffole du genre, elle a opté pour des contes à tiroirs, faisant ainsi preuve de maîtrise narrative, signe distinctif de tout conteur digne de ce nom. Son trait révèle une certaine gaucherie, qui semble d’ailleurs assumée, laquelle est compensée par une esthétique et des couleurs cohérentes, mais surtout une touche poétique indéniable. Un style qu’on pourrait qualifier de primitivisme moderne, tout en angles, assez austère, accréditant l’idée qu’on n’est pas chez Disney. Définitivement, Greenberg n’a pas destiné ses histoires aux enfants mais plutôt pour un public adulte.
On pourrait y voir un pied de nez aux contes traditionnels où le rôle de la femme est réduit à la portion congrue. Tout au long de ces « Cent nuits », le mâle dominant en prend pour son grade et se voit moqué tel un pantin aussi odieux que risible. Certains pourront s’agacer de ce qui peut être vu comme un parti pris éhonté (certes, les hommes y sont rarement dépeints à leur avantage), mais ce serait oublier un peu vite le machisme persistant à l’encontre de la « moitié de l’humanité », ce machisme sédimentaire qui a imprégné depuis si longtemps les esprits et qui souvent est toléré par celles qui en sont les premières victimes, en particulier dans certains pays où un visage féminin non voilé est perçu comme une provocation… Car si heureusement le statut de la femme a évolué depuis plusieurs années en Occident, il a parfois tendance à régresser ailleurs, un constat qui nous rappelle que rien n’est jamais acquis…
Peu disposée à accepter cet état de fait, Isabelle Greenberg a choisi de réhabiliter le rôle de la femme. Elle en fait ici des conteuses unies par la même cause : la libération de la parole et la transmission de la mémoire, conditions nécessaires de leur liberté, tout en dénonçant le rôle que l’homme (avec un petit « h ») s’est octroyé abusivement, n’hésitant pas à interdire la lecture aux femmes sous le prétexte fallacieux de la religion. Ainsi, « Les Cent nuits de Héro » allient de belle manière la magie des contes d’antan et le combat féministe.
On revisite la genèse mais on a plus la sensation de se retrouver en plein dans la fin du monde genre post-apocalyptique, tout n’est que noirceur, violence, douleur et destruction, c’est glaçant et évidemment j’ai adoré la manière dont on nous offre sur un plateau un Caïn immortel plus assassin que jamais et un Noé cruel et passablement taré, je suppose qu’on aura d’autres bonnes surprises comme celles-ci par la suite. C’est plutôt original et foutrement jouissif, les personnages sont marquants qu’ils soient attachants ou profondément détestables ils ne laissent pas indifférents.
Le graphisme n’est pas en reste et colle parfaitement au récit, assez sombre et bien détaillé, il donne la sensation d'être brouillon mais ce n'est qu'une fausse impression.
Y’a rien à redire sinon vivement la suite.
J'ai bien aimé la lecture de "The goddamned", cette ode barbare où les auteurs revisitent les mythes bibliques de Caïn et Noé avec humour noir et iconoclasme. Cela me rappellerait presque du Jodorowsky, le sexe en moins. La description d'un monde absurde où règne la violence la plus extrême est saisissante, la mise en scène des combats est magistrale et le caractère allégorique de ces images est surprenant. Bon, très clairement, c'est à réserver à un public averti et si vous n'aimez pas la violence gratuite, ce n'est pas une bd pour vous. Mais dans sa surcharge de violence, il y a presque quelque de "baroque" dans ce comics. J'aime beaucoup le dessin, plus proche de la bd européenne que du comics de superhéros standard.
3.5
Un ouvrage très intéressant où des iraniens racontent leurs vies quotidiennes et on apprend plein de choses dans ce pays où la liberté est limitée.
Si comme moi on a déjà lu des ouvrages sur l'Iran, plusieurs situations ne sont pas nouvelles, mais cela reste une série de témoignages intéressants et de plus la narration est assez fluide et on a pas le droit à trop de texte narratif. Les témoignages sont surtout axés sur l'amour, notamment les relations entre les couples et leurs familles, mais on aborde aussi d'autres sujets comme la révolte des jeunes face au régime des mollahs.
C'est un excellent album si on veut découvrir la vie en Iran de manière simple si on a peur de lire des gros livres 'sérieux' de plusieurs centaines de pages. Le dessin est correct.
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Quand le cirque est venu
Superbe livre pour les enfants ET leurs parents ! Très drôle, intelligent et beau. Certes, le bouquin est court ( 24 grandes pages ) mais il faut le concevoir comme un livre à lire et à relire avant de s'endormir...
Perséphone
C'est avec cet album que je découvre le travail de Loïc Locatelli Kournwsky, et c'est ma foi une entrée en matière convaincante, même si au vu de sa bibliographie cet album change de son registre habituel. Ses réalisations antérieures sont en effet destinées à un public adulte et abordent des sujets plutôt lourds, que ce soit en politique ou le suicide. Ici, on est dans un album que je qualifierais de "tout public" tant il peut se lire à différents niveaux. Sans connaître le mythe grec de Perséphone les plus jeunes y verront une belle histoire d'aventure, quand des adultes plus férus de mythologie pourront s'amuser à comparer ce que Loïc Locatelli Kournwsky s'est évertué à construire autour de ces personnages et ces mondes qui imprègnent subrepticement notre culture. Car du côté de l'histoire on est plutôt bien servi ! Loïc Locatelli Kournwsky nous a concocté une intrigue bien construite qui monte en tension jusqu'au dénouement final de l'album. La narration est des plus réussie et franchement on ne voit pas passer la lecture de ces quelques 130 pages. C'est peut être au niveau du dessin qu'il faudra à certains un petit temps d'adaptation. Le trait de Loïc Locatelli Kournwsky est en effet assez singulier. Oscillant entre le trait épuré d'un Bastien Vivès pour les personnages et leurs expressions et le trait hachuré d'un Christophe Blain pour ce qui est des décors avec en prime un zeste d'inspiration manga, et vous obtenez ce dessin très personnel qui a réussi à me convaincre pleinement malgré ma surprise à l'ouverture des première pages. Le travail de colorisation très réussi y fait aussi pour beaucoup ; il reste très sobre mais d'une efficacité redoutable. "Perséphone" m'aura donc permis de découvrir un auteur de la plus belle des manières, et m'encourage même à aller découvrir les autres titres qu'il a réalisé. Un album à mettre dans toutes les mains (disons à partir de 9/10 ans) !
Pause
Voilà, c’est enfin arrivé : mon 5000ème avis. Un de plus mais non des moindres puisqu’il est consacré à la nouvelle production de mon auteur préféré en matière de bd d’humour à savoir Fabcaro. Il faut dire que je suis un lecteur exigeant et qui ne sourit pas facilement. Lui, il arrive à me faire rire ce qui peut par moment constituer en soi un exploit majeur. Comment arrive-t-il à me surprendre à chaque fois ? Je l’avais remarqué à ses débuts en espérant qu’il connaisse des succès dans sa carrière. Son Zaï Zaï Zaï Zaï a véritablement conquis le public d’autant qu’il s’attaque à des reprises célèbres comme Achille Talon ou Gai Luron. Il joue de tout cela dans cette pause qu’il semble marquer dans une recherche de l’inspiration face à un public qui l’attend au tournant. Fabcaro a un sens aigu de l’autodérision et du décalage. En même temps, il nous dévoile des aspects de la société et des comportements humains qui prêtent à sourire. Il y a toujours son mal de communication ou son côté hypocondriaque avec une certaine continuité de ses thèmes de prédilections. Il le fait avec tellement de talent que toutes ces petites choses de l’existence deviennent passionnantes sous son regard parfois acerbe. C’est une lecture qui fait du bien. Par conséquent, c’est encore une œuvre à découvrir en espérant le même succès toujours mérité. Les inconditionnels seront séduits. Les autres également.
Espace vital
Univers familier, oui sans doute, mais à mon sens bougrement intelligent. Plutôt que d'un Stephen King comme le dit mon prédécesseur c'est plutôt du côté d'Agatha Christie et son célèbre roman les "Dix petits nègres" qu'il faut chercher l'inspiration principale avec un petit côté "Lost". Là, les protagonistes ne sont que six, enfin... sept. Comme dans le roman de notre auteure anglaise chacun est bien typé, possède une personnalité suffisamment riche, expliquée dans des flashbacks qui n'alourdissent en rien le récit. Contrairement au roman sus nommé les caractères des uns et des autres s'inscrivent et possèdent juste ce qu'il faut de modernité pour s'ancrer dans une réalité qui nous est connue. Cette manière de procéder rend le récit d'autant plus plausible que les éléments fantastiques s'insèrent parfaitement comme dans une mécanique bien huilée. Pourquoi ces individus que rien, dans un premier temps ne rattache les uns aux autres se retrouvent ils réunis ensemble dans cette grande maison Edwardienne, architecture fluctuante d'ailleurs et donc propice à l'émergence du surnaturel. Oscillant entre polar, fantastique et SF le premier tome prend son temps pour installer le climat, les questions auxquelles sont confrontés les personnages. Dans le deuxième tome le petit groupe de prisonniers s'amenuise, chacun découvre qu'à la fin il n'en restera plus qu'un. L'intrigue nous prodigue quelques révélations mais rien qui ne fasse véritablement progresser la résolution de l’énigme, du pourquoi de cette expérience s'il s'agit de cela. Le dessin de Fabrice Meddour dans un style expressionniste est plus qu'efficace et en y ajoutant la colorisation en tons tranchés de noir, de bleu, de rouge et de vert nous avons un rendu angoissant en adéquation avec le récit. J'attends avec impatience le dernier tome de cette trilogie qui devra mettre la barre assez haut pour ne pas décevoir les lecteurs et surtout répondre de manière satisfaisante aux multiples pistes semées jusqu'à présent. A lire.
Mémoire morte
Honte sur moi je n'ai pas lu "Julius Corentin" dont il semble que ce soit un must, c'est donc par le biais de ses autres œuvres que j'ai abordé MAM. Pas simple le bougre ses BD sont bien loin du "Pif Gadget" que je lisais enfant. Bon je déconne bien sûr mais après du temps j'apprécie de plus en plus cet auteur qui s'il n'est pas d'un abord facile je dois l'avouer arrive cependant à chaque fois à interroger le lecteur sur des sujets d'importance. Ici comment ne pas voir une critique en règle de notre monde ultra connecté. Je vais faire ma feignasse et vous renvoyer à l'excellent avis du sieur Sejy quelques roulements de souris plus bas, il a à mon sens tout dit et pour en rajouter cette BD de MAM se devrait d'être lue dans toutes les bonnes écoles de France et de Navarre. Bien sûr achat conseillé.
L'Odeur des garçons affamés
Le problème des avis dithyrambiques, c'est que personne n'y croit vraiment... Pourtant je ne vois pas comment suivre le modèle habituel de l'avis bien balancé, avec ses bons points et ses défauts, suivi d'une conclusion emberlificotée à la Macron. J'ai tout aimé dans ce livre. D'abord, cet album entre parfaitement dans le moule exaltant du western : -Les images chaudes et réalistes, où regards et paysages se répondent en champ contre-champ, voyez déjà la première page avec ses deux cavaliers, suivis d'un charriot qui pénètrent dans un canyon -les personnages : le quinquagénaire déplaisant qui joue le rôle de chef de troupe, Stingley ; le photographe beau gosse au passé trouble, Oscar ; et le gamin chargé du sale boulot, Milton ; avec son pantalon trop court soutenu par des bretelles, puis le chasseur de prime terrifiant, l'indien énigmatique. -le message contemporain où le colonialisme occidental est roulé dans la farine par d'autres manières de voir le monde, celle des indiens, évidemment, celle des blancs qui ne peuvent pas rester dans ce courant dominant et dominateur, celle des femmes... Et cette critique de la colonisation de l'Amérique par les européens vient s'appuyer sur des arguments neufs et déroutants. Le titre d'abord qui, s'il était rapproché d'une autre première page, pourrait avoir un caractère plutôt obscène, il nous met déjà la puce à l'oreille. Les premières pages aussi, avec un découpage des scènes et des dialogues très efficace et malin : on sait déjà que l'attitude de Stinglley vis à vis de ses deux compagnons de voyage, est tout juste supportable, et on se demande comment et quand, les deux autres vont réussir à faire basculer la situation à leur avantage, même si on ne comprend pas encore par quel biais il les tient à sa main. C'est justement la découverte au fur et à mesure de l'histoire des raisons qui ont rassemblé ces trois personnages qui ouvre sur des univers que certains ont qualifiés de fantastiques, je n'irai pas jusque-là. Il s'agit juste de données du problème que le pauvre Kingsley ne peut pas tout-à fait faire cadrer avec le monde parfait qu'il a conçu. On pourrait résumer cet ensemble de grains de sable dans l'ordonnancement si bien imaginé par notre scientifique à la sensualité en général. Et c'est cette sensualité si bien mise en image qui émoustille et réjouit. Rien de voyeur, rien de pornographique, des cadrages serrés et justes pour amener des scènes érotiques, d'autres dispositifs étonnants pour évoquer des communications animales voire des visions shamaniques... Bref lisez-le, le scénario est parfaitement assemblé, au point qu'on peut y voir le monde actuel résumé. Et les personnages touchent chacun une part de nous, grâce à des dialogues subtils.
Les Cent Nuits de Héro
Avec « Les Cent nuits de Héro », Isabel Greenberg renouvelle de façon originale le conte pour enfants. L’auteure anglaise a conservé les dieux et les châteaux, mais a confiné aux oubliettes les princes charmants… Fini les belles au bois dormant qui se morfondent dans leur baldaquin en serrant amoureusement le pendentif offert par leur tendre époux parti guerroyer… Désormais, les princesses prennent l’initiative en racontant elles-mêmes les histoires, tout en trompant leur mari avec leurs dames de compagnie. Cloîtrées peut-être, mais surtout caustiques, féministes, érudites, et toujours amoureuses, en un mot, modernes. Et comme visiblement Isabel Greenberg raffole du genre, elle a opté pour des contes à tiroirs, faisant ainsi preuve de maîtrise narrative, signe distinctif de tout conteur digne de ce nom. Son trait révèle une certaine gaucherie, qui semble d’ailleurs assumée, laquelle est compensée par une esthétique et des couleurs cohérentes, mais surtout une touche poétique indéniable. Un style qu’on pourrait qualifier de primitivisme moderne, tout en angles, assez austère, accréditant l’idée qu’on n’est pas chez Disney. Définitivement, Greenberg n’a pas destiné ses histoires aux enfants mais plutôt pour un public adulte. On pourrait y voir un pied de nez aux contes traditionnels où le rôle de la femme est réduit à la portion congrue. Tout au long de ces « Cent nuits », le mâle dominant en prend pour son grade et se voit moqué tel un pantin aussi odieux que risible. Certains pourront s’agacer de ce qui peut être vu comme un parti pris éhonté (certes, les hommes y sont rarement dépeints à leur avantage), mais ce serait oublier un peu vite le machisme persistant à l’encontre de la « moitié de l’humanité », ce machisme sédimentaire qui a imprégné depuis si longtemps les esprits et qui souvent est toléré par celles qui en sont les premières victimes, en particulier dans certains pays où un visage féminin non voilé est perçu comme une provocation… Car si heureusement le statut de la femme a évolué depuis plusieurs années en Occident, il a parfois tendance à régresser ailleurs, un constat qui nous rappelle que rien n’est jamais acquis… Peu disposée à accepter cet état de fait, Isabelle Greenberg a choisi de réhabiliter le rôle de la femme. Elle en fait ici des conteuses unies par la même cause : la libération de la parole et la transmission de la mémoire, conditions nécessaires de leur liberté, tout en dénonçant le rôle que l’homme (avec un petit « h ») s’est octroyé abusivement, n’hésitant pas à interdire la lecture aux femmes sous le prétexte fallacieux de la religion. Ainsi, « Les Cent nuits de Héro » allient de belle manière la magie des contes d’antan et le combat féministe.
The Goddamned
On revisite la genèse mais on a plus la sensation de se retrouver en plein dans la fin du monde genre post-apocalyptique, tout n’est que noirceur, violence, douleur et destruction, c’est glaçant et évidemment j’ai adoré la manière dont on nous offre sur un plateau un Caïn immortel plus assassin que jamais et un Noé cruel et passablement taré, je suppose qu’on aura d’autres bonnes surprises comme celles-ci par la suite. C’est plutôt original et foutrement jouissif, les personnages sont marquants qu’ils soient attachants ou profondément détestables ils ne laissent pas indifférents. Le graphisme n’est pas en reste et colle parfaitement au récit, assez sombre et bien détaillé, il donne la sensation d'être brouillon mais ce n'est qu'une fausse impression. Y’a rien à redire sinon vivement la suite.
The Goddamned
J'ai bien aimé la lecture de "The goddamned", cette ode barbare où les auteurs revisitent les mythes bibliques de Caïn et Noé avec humour noir et iconoclasme. Cela me rappellerait presque du Jodorowsky, le sexe en moins. La description d'un monde absurde où règne la violence la plus extrême est saisissante, la mise en scène des combats est magistrale et le caractère allégorique de ces images est surprenant. Bon, très clairement, c'est à réserver à un public averti et si vous n'aimez pas la violence gratuite, ce n'est pas une bd pour vous. Mais dans sa surcharge de violence, il y a presque quelque de "baroque" dans ce comics. J'aime beaucoup le dessin, plus proche de la bd européenne que du comics de superhéros standard.
Love story à l'iranienne
3.5 Un ouvrage très intéressant où des iraniens racontent leurs vies quotidiennes et on apprend plein de choses dans ce pays où la liberté est limitée. Si comme moi on a déjà lu des ouvrages sur l'Iran, plusieurs situations ne sont pas nouvelles, mais cela reste une série de témoignages intéressants et de plus la narration est assez fluide et on a pas le droit à trop de texte narratif. Les témoignages sont surtout axés sur l'amour, notamment les relations entre les couples et leurs familles, mais on aborde aussi d'autres sujets comme la révolte des jeunes face au régime des mollahs. C'est un excellent album si on veut découvrir la vie en Iran de manière simple si on a peur de lire des gros livres 'sérieux' de plusieurs centaines de pages. Le dessin est correct.