Je ne suis pas un gros fan de DC, mais je n'ai pas eu besoin de grand chose pour comprendre (même si certains détails n'ont trouvé leurs réponses que lorsque j'ai compris quels étaient les super-heros en action). Emprunté à la médiathèque locale, j'ai laissé trainé... Erreur !
Le dessin est fantastique, chaque case est travaillée.
Le scénario est bien ficelé et comment dire.... fin. Voilà, fin c'est le mot. La narration 3eme personne "mais pas trop" permet de se place en observateur d'une histoire qui mèle comme souvent le paradoxe entre "ce qu'il faudrait faire, ce que je fais".
J'ai personnellement plus pris mon pied sur cette histoire que sur Watchmen - un commentaire en parle - ce qui en fait une oeuvre majeure pour DC; et pour ma bibliothèque, très bientot.
Des dessins et des couleurs epoustouflantes, les femmes sont belles, l'humour et l'ironie sont partout. Quest'ce qu'on peut désirer de plus? Les gros nez des personnages masculins de Noé?
J'adore, tout simplement.
Que dire encore sur ces reprises par Mosquito sur ces histoires de Serpieri que je n'ai pas dit dans mes autres avis sur les précédents albums ? Des histoires qui ne peuvent évidemment que me ravir, étant passionné de western et par le monde indien. Tout comme Serpieri et Derib qui restent des auteurs ayant consacré leurs Bd à ces peuples ; on sent que Serpieri les aime.
2 récits seulement ici, donc plus étoffés, parus en Italie dans Lancio Story en 1978 et 80, mais que j'ai déjà lus car ils figurent dans d'autres albums publiés chez d'autres éditeurs.
Le premier titré "Porter le coup" s'attache à une coutume indienne qui symbolise la bravoure d'un guerrier ; c'était très important un premier coup sur un ennemi, ça valorisait un jeune guerrier auprès de ses aînés, et ça se traduisait souvent selon les tribus par le langage des plumes. Ce récit est une histoire de vengeance au dénouement tragique entre tuniques bleues et Cheyennes, j'ai adoré.
Le second qui donne son titre à l'album, est une histoire sur le Pony Express, avec une ironie du sort implacable et une chute qui vous cloue au sol. J'ai lu ce récit ailleurs il n'y a pas très longtemps, ça m'a énormément marqué par sa fin.
Je reste émerveillé comme toujours par le visuel, le dessin de Serpieri est d'une force incroyable avec son crayonné magique à l'encrage épais, qui compose des images chargées et foisonnantes où il excelle dans les gros plans de visages burinés. Comme chez Derib, on sent une vraie passion pour le monde indien chez Serpieri, bref, c'est vraiment splendide !
Ma note oscillerait entre le 3 et le 4, mais l'impression qu'il m'a laissée à la première lecture m'invite à hausser ma note. Avec une possible baisse au fil des relectures.
Cette BD est prenante, très prenante même. C'est même le point le plus fort de cet ouvrage qui nous conte une vie bien particulière, non pas tant au sein de la mafia japonaise que dans le giron de cette même mafia. La fille d'un gangster, baignant dans cet univers, semble n'avoir aucune échappatoire à la chute.
Une histoire bien noire, qui retrace de l'enfance jusqu'à l'âge adulte le parcours chaotique de cette femme, tombant dans tout ce qui peut se faire comme déchéance. Le récit est très sombre, mais une note d'espoir rehausse l'ensemble, et laisse au final un petit (très petit sentiment de légèreté).
Par contre, j'ai été assez déçu du dessin. Il est certes très lisible, adapté au genre et correct, mais de nombreuses fois j'ai eu l’œil qui a tiqué sur les cases : que ce soit dans certains détails du récit (elle parle de cicatrices qui n'apparaissent pas), ou simplement dans les postures, très figées. Certains autres détails sur lesquels je tique m'ont sauté au visage, mais je reconnais que c'est plus mon appréciation et ma façon de voir le dessin.
Bref, une lecture prenante, qui m'a laissé une drôle d'impression au final, mais servie par un dessin que j'ai trouvé juste "efficace", ce qui m'a fait hésiter entre 3 et 4. Mais au final, je préfère retenir cette émotion et la puissance qui m'a entraîné dans la lecture, car oui, c'est véritablement prenant. Au point de ne pas vous lâcher une fois ouvert. Par contre, on ne le dira pas assez, mais attention, c'est une lecture plutôt dure.
« Extases » c’est d’abord l’album de la liberté, de la liberté sexuelle telle que l’a vécue Jean-Louis Tripp à l’heure où le SIDA ne sévissait pas. Mais c’est aussi celui de l’amour joyeux, fou voire gai (sans jeux de mots, bien que sur certaines pages….vous verrez).
Est-ce du courage, de la folie ou un défi, en tout cas, Jean-Louis Tripp se met littéralement à nu dans cette nouvelle série (qui comprendra 3 ou 4 albums) qui retrace sa vie sexuelle depuis son enfance ou adolescence. Quelle vie sexuelle, mon dieu ! Il se livre sans tabou. De la découverte de l’onanisme à la partouze (mais qu’est-ce qu’il lui reste donc à découvrir pour les prochains volumes ?), tout y passe, y compris le candaulisme, l’amour libre, l’échangisme, l’expérience homosexuelle….
Mais ce premier opus est aussi drôle (ah ! le sympathique satyre bien membré est assez réussi !) et Jean-Louis Tripp nous livre des dessins exagérés de pénis et autres organes, qui ne donnent pas à cet album une connotation pornographique (on est assez loin du genre bd dite pour adultes), mais au contraire apporte un côté assez pédagogique sur les questions sexuelles.
Comme beaucoup, j’avais découvert Jean-Louis Tripp avec la série « Magasin général », qui rétrospectivement, avec le personnage Marie, brise aussi les tabous de l’époque. Je trouve évidemment que son dessin est très proche de celui de cette série, à tel point que je me demande quel était l’apport de Loisel comme dessinateur.
La narration est fluide, même si parfois elle ne suit pas toujours la chronologie, et le fait de passer de la description narrative à la confession (avec le passage au « je » au bout de quelques pages) donne un côté encore plus fort au récit.
C’est certainement l’album de la rentrée.
A la lecture de ce triptyque, je me suis dit que Brunschwig avait dû mettre pas mal de son histoire personnelle dans l’histoire (le vieux pouvant être son père). Le ton et le « genre » d’histoire me paraissant différent des séries de lui que j’ai lues, mais aussi parce que transpirait une certaine « sincérité » (faute de mieux j’emploie ce terme, pas forcément clair ou approprié). Et c’est au moment où je rédigeais mon avis que je suis tombé sur des infos (sur le site marron) confirmant cette hypothèse.
Peut-être moins dans l’esbroufe ou la construction « compliquée » que dans certaines autres séries, « La mémoire dans les poches » est l’une des séries de l’auteur que je trouve les plus réussies.
Même s’il n’est pas beaucoup plus présent (directement s’entend) dans les albums que dans son couple de banlieue, c’est bien le père le personnage principal. Personnage dont l’histoire particulière va lui donner de la profondeur, au fur et à mesure que l’enquête de son fils lui permet de le cerner, de se rapprocher de lui – dans tous les sens du terme.
Il y a dans ce triptyque beaucoup d’émotion – même si ce terme est souvent galvaudé : mais ici elle accompagne la révélation d’êtres humains à eux-mêmes, avec leurs défauts, leur fragilité, et les choix qu’ils ont dû faire – ou qu’on leur a imposés. Révélation aussi de la complexité d’une trajectoire personnelle, d’une personnalité : on a là une biographie pointilliste qui n’exclut pas les zones d’ombre. Le fils se construit en même temps qu'il reconstitue le parcours de son père.
Le dessin d’Étienne Le Roux est vraiment bon, dans un style semi réaliste qui rend la lecture très fluide.
La colorisation, avec des tons passés, délavés – comme si les couleurs originelles avaient été délayées par des larmes – est bien raccord avec le ton de l’histoire.
C’est vraiment une série – qui est maintenant « terminée » - dont je vous recommande la lecture.
Je mets mon avis à jour à l’occasion de la lecture du tome 2.
Je suis fan des albums de Théa Rojzman (Le Carnet de rêves, Mourir (ça n'existe pas)). On la retrouve ici en tant que scénariste uniquement, chez un nouvel éditeur qui plus est (Fluide Glacial).
Le sujet est sérieux : la dépression chez une femme de 30 ans, et la psychanalyse. Mais le traitement est léger, voire humoristique, sans pour autant sacrifier le contenu. Des pages « éducatives » s’intercalent en effet dans l’histoire pour nous en apprendre plus sur certains concepts. Le personnage d’Emilie est très attachant, et le ton de l’histoire très juste.
Le 2eme tome est selon moi encore meilleur. Il se pose dans la continuité du premier, mais ajoute de la profondeur aux protagonistes, au travers les séances de thérapie d’Emilie, mais aussi grâce aux déboires personnels de sa vie (famille, avis, travail). Il en résulte une galerie de personnages variés et vraiment attachants.
La mise en image d’Anne Rouquette est parfaitement adaptée, et sert admirablement le propos.
Une série « roman graphique » vraiment sympa, dont je lirai certainement la suite. L’histoire est écrite par une femme, et met en scène une femme, mais est suffisamment universelle pour ne pas se cantonner à un certain public. A mettre entre toutes les mains donc !
J'avais d'abord découvert le tome 1 d'"Urban" il y a quelques années, sans y donner suite. Et là au hasard de mes déambulations, je tombe sur les 4 premiers volumes de cette série à la médiathèque. Je m'y suis plongé à mon retour et j'ai littéralement dévoré les 4 volumes d'une traite.
Le scénario de Luc Brunschwig est captivant. Il relève à la fois du récit d'anticipation, de l'enquête policière et de questions sociétales.En outre, Luc B. sait amener un suspense inattendu à chaque fin d'album, qui donne furieusement envie de connaitre la suite.
Avec ce récit d'anticipation, on plonge entièrement dans l'univers de "Blade Runner" ou du "Cinquième élément" (d'un autre Luc B.)
Même si au fil des albums, on est un peu bousculé par la chronologie des événements, on se remet vite dans l'histoire en quelques cases.
Le scénario est habile, conçu comme un véritable mécanisme d'horlogerie, et ne ménage pas les rebondissements qui happent le lecteur.
Même si j'ai eu du mal à cerner le dessin de Roberto Ricci, je dois dire qu'au fil des pages, je m'y suis pleinement habitué, à tel point qu'à présent, je n'imagine pas un autre style pour coller à l'univers imaginé par Luc B.
Vivement le tome 5, qui sauf surprise, devrait clôturer cette trépidante aventure.
J’ai attendu de très longues années avant de tenter la lecture (complète) de Garulfo. N’ayant pas adoré De Cape et de crocs, je craignais la même désillusion.
Eh bien je me trompais ! J’ai beaucoup aimé Garulfo mais pas autant que la plupart des autres posteurs qui érigent la série en monument absolu du 9ème art.
Les auteurs revisitent le conte de fée avec talent, se nourrissant pour cela de très nombreuses influences comme en témoignent les multiples clins d’œil et références. Ils évitent les pièges de la parodie ou de la paraphrase pour nous offrir un récit original et passionnant, au scénario solide et aux personnages attachants. Si l’univers de Garulfo est une réussite, c’est surtout grâce à l’humour ravageur et aux dialogues fins et particulièrement soignés.
Le fait de s’amuser des turpitudes, contradictions et cruauté du monde des hommes au travers le regard d’un batracien candide et généreux est une idée bien exploitée par les auteurs, d’autant que Garulfo et Romuald sont très réussis.
Je n'ai cependant pas été complètement comblé par des dessins, certes honnêtes et expressifs, mais manquant parfois de constance et de finesse. Rien de dérangeant néanmoins.
(Très) drôle, original et passionnant, Garulfo est sans conteste une série à découvrir.
J’ai trouvé ce récit touchant de sincérité. Il traduit bien un des mal être de l’homme (au sens large) sans toutefois chercher à nous donner une quelconque leçon de vie.
Le fait que Lolita Séchan raconte elle-même cette histoire qui est la sienne est pour beaucoup dans mon appréciation. S’il s’était agi d’un auteur quelconque racontant l’histoire d’une pauvre petite fille riche trouvant un sens à sa vie en allant à la rencontre de personnes défavorisées, je pense qu’il y aurait eu bien moins de chances que j’apprécie ma lecture. Ici, l’auteure se raconte elle-même… et reste toujours dans le doute. C’est en cela que cet album m’a interpellé. Voici quelqu’un qui, d’un point de vue matériel, financier, affectif, a une vie des plus confortables et qui se rend compte que, dans ces conditions, sa vie ne la mène nulle part. Elle ne sait où aller. A l’échelle de nos sociétés, elle est encore jeune (22 ans), elle a le temps… mais elle ne sait quand même pas où elle va.
C’est cette interrogation sur la marche à suivre pour « accomplir sa vie » qui m’a intéressé. Et Lolita Séchan fait montre d’objectivité et de sensibilité dans la retranscription de ses sentiments. Après, l’histoire d’amitié qu’elle va lier avec Lo Thi Gom permet d’abord d’en apprendre plus sur une minorité rejetée mais aussi, bien entendu, de faire des comparaisons entre les privilégiés financiers du monde occidental et les peuples déshérités des régions défavorisées du globe. Les interrogations et les priorités ne sont bien entendu pas les mêmes (c’est ce qui permettra à Lolita Séchan d’avancer dans sa vie) mais, quelque part, je m’en fous un peu car pour moi, l’intérêt profond de l’album était ailleurs. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai été heureux de voir que la situation du peuple Moï évolue dans le bon sens au Vietnam, là n’est pas la question, mais ce n’est pas le plus important à mes yeux dans cet album.
L’important, il est traduit par une réflexion de Lo Thi Gom que j’ai beaucoup aimée, vers la fin du livre. Elle parle des rêves qui la nourrissaient… et qui n’ont cessé de grandir au fur et à mesure qu’elle réussissait à les accomplir, la rendant, d’une manière assez contradictoire, toujours plus insatisfaite. C’est, pour moi, là un doigt exactement posé à l’endroit où la vie fait mal : notre incapacité à nous satisfaire de ce que nous avons. Notre moteur d’évolution et notre fléau. Sans avoir l’air d’y toucher, c’est cette contradiction humaine que Lolita Séchan met en avant dans l’ensemble de ce récit (jusque dans ses rencontres avec son père).
Un bel album introspectif qui, au-delà de l’histoire d’amitié quelle raconte, nous parle de l’être humain dans sa complexité et son incapacité à trouver le bonheur.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Kingdom Come
Je ne suis pas un gros fan de DC, mais je n'ai pas eu besoin de grand chose pour comprendre (même si certains détails n'ont trouvé leurs réponses que lorsque j'ai compris quels étaient les super-heros en action). Emprunté à la médiathèque locale, j'ai laissé trainé... Erreur ! Le dessin est fantastique, chaque case est travaillée. Le scénario est bien ficelé et comment dire.... fin. Voilà, fin c'est le mot. La narration 3eme personne "mais pas trop" permet de se place en observateur d'une histoire qui mèle comme souvent le paradoxe entre "ce qu'il faudrait faire, ce que je fais". J'ai personnellement plus pris mon pied sur cette histoire que sur Watchmen - un commentaire en parle - ce qui en fait une oeuvre majeure pour DC; et pour ma bibliothèque, très bientot.
Exposition
Des dessins et des couleurs epoustouflantes, les femmes sont belles, l'humour et l'ironie sont partout. Quest'ce qu'on peut désirer de plus? Les gros nez des personnages masculins de Noé? J'adore, tout simplement.
La Règle du jeu
Que dire encore sur ces reprises par Mosquito sur ces histoires de Serpieri que je n'ai pas dit dans mes autres avis sur les précédents albums ? Des histoires qui ne peuvent évidemment que me ravir, étant passionné de western et par le monde indien. Tout comme Serpieri et Derib qui restent des auteurs ayant consacré leurs Bd à ces peuples ; on sent que Serpieri les aime. 2 récits seulement ici, donc plus étoffés, parus en Italie dans Lancio Story en 1978 et 80, mais que j'ai déjà lus car ils figurent dans d'autres albums publiés chez d'autres éditeurs. Le premier titré "Porter le coup" s'attache à une coutume indienne qui symbolise la bravoure d'un guerrier ; c'était très important un premier coup sur un ennemi, ça valorisait un jeune guerrier auprès de ses aînés, et ça se traduisait souvent selon les tribus par le langage des plumes. Ce récit est une histoire de vengeance au dénouement tragique entre tuniques bleues et Cheyennes, j'ai adoré. Le second qui donne son titre à l'album, est une histoire sur le Pony Express, avec une ironie du sort implacable et une chute qui vous cloue au sol. J'ai lu ce récit ailleurs il n'y a pas très longtemps, ça m'a énormément marqué par sa fin. Je reste émerveillé comme toujours par le visuel, le dessin de Serpieri est d'une force incroyable avec son crayonné magique à l'encrage épais, qui compose des images chargées et foisonnantes où il excelle dans les gros plans de visages burinés. Comme chez Derib, on sent une vraie passion pour le monde indien chez Serpieri, bref, c'est vraiment splendide !
Yakuza Moon - La véritable histoire d’une fille de gangster
Ma note oscillerait entre le 3 et le 4, mais l'impression qu'il m'a laissée à la première lecture m'invite à hausser ma note. Avec une possible baisse au fil des relectures. Cette BD est prenante, très prenante même. C'est même le point le plus fort de cet ouvrage qui nous conte une vie bien particulière, non pas tant au sein de la mafia japonaise que dans le giron de cette même mafia. La fille d'un gangster, baignant dans cet univers, semble n'avoir aucune échappatoire à la chute. Une histoire bien noire, qui retrace de l'enfance jusqu'à l'âge adulte le parcours chaotique de cette femme, tombant dans tout ce qui peut se faire comme déchéance. Le récit est très sombre, mais une note d'espoir rehausse l'ensemble, et laisse au final un petit (très petit sentiment de légèreté). Par contre, j'ai été assez déçu du dessin. Il est certes très lisible, adapté au genre et correct, mais de nombreuses fois j'ai eu l’œil qui a tiqué sur les cases : que ce soit dans certains détails du récit (elle parle de cicatrices qui n'apparaissent pas), ou simplement dans les postures, très figées. Certains autres détails sur lesquels je tique m'ont sauté au visage, mais je reconnais que c'est plus mon appréciation et ma façon de voir le dessin. Bref, une lecture prenante, qui m'a laissé une drôle d'impression au final, mais servie par un dessin que j'ai trouvé juste "efficace", ce qui m'a fait hésiter entre 3 et 4. Mais au final, je préfère retenir cette émotion et la puissance qui m'a entraîné dans la lecture, car oui, c'est véritablement prenant. Au point de ne pas vous lâcher une fois ouvert. Par contre, on ne le dira pas assez, mais attention, c'est une lecture plutôt dure.
Extases
« Extases » c’est d’abord l’album de la liberté, de la liberté sexuelle telle que l’a vécue Jean-Louis Tripp à l’heure où le SIDA ne sévissait pas. Mais c’est aussi celui de l’amour joyeux, fou voire gai (sans jeux de mots, bien que sur certaines pages….vous verrez). Est-ce du courage, de la folie ou un défi, en tout cas, Jean-Louis Tripp se met littéralement à nu dans cette nouvelle série (qui comprendra 3 ou 4 albums) qui retrace sa vie sexuelle depuis son enfance ou adolescence. Quelle vie sexuelle, mon dieu ! Il se livre sans tabou. De la découverte de l’onanisme à la partouze (mais qu’est-ce qu’il lui reste donc à découvrir pour les prochains volumes ?), tout y passe, y compris le candaulisme, l’amour libre, l’échangisme, l’expérience homosexuelle…. Mais ce premier opus est aussi drôle (ah ! le sympathique satyre bien membré est assez réussi !) et Jean-Louis Tripp nous livre des dessins exagérés de pénis et autres organes, qui ne donnent pas à cet album une connotation pornographique (on est assez loin du genre bd dite pour adultes), mais au contraire apporte un côté assez pédagogique sur les questions sexuelles. Comme beaucoup, j’avais découvert Jean-Louis Tripp avec la série « Magasin général », qui rétrospectivement, avec le personnage Marie, brise aussi les tabous de l’époque. Je trouve évidemment que son dessin est très proche de celui de cette série, à tel point que je me demande quel était l’apport de Loisel comme dessinateur. La narration est fluide, même si parfois elle ne suit pas toujours la chronologie, et le fait de passer de la description narrative à la confession (avec le passage au « je » au bout de quelques pages) donne un côté encore plus fort au récit. C’est certainement l’album de la rentrée.
La Mémoire dans les poches
A la lecture de ce triptyque, je me suis dit que Brunschwig avait dû mettre pas mal de son histoire personnelle dans l’histoire (le vieux pouvant être son père). Le ton et le « genre » d’histoire me paraissant différent des séries de lui que j’ai lues, mais aussi parce que transpirait une certaine « sincérité » (faute de mieux j’emploie ce terme, pas forcément clair ou approprié). Et c’est au moment où je rédigeais mon avis que je suis tombé sur des infos (sur le site marron) confirmant cette hypothèse. Peut-être moins dans l’esbroufe ou la construction « compliquée » que dans certaines autres séries, « La mémoire dans les poches » est l’une des séries de l’auteur que je trouve les plus réussies. Même s’il n’est pas beaucoup plus présent (directement s’entend) dans les albums que dans son couple de banlieue, c’est bien le père le personnage principal. Personnage dont l’histoire particulière va lui donner de la profondeur, au fur et à mesure que l’enquête de son fils lui permet de le cerner, de se rapprocher de lui – dans tous les sens du terme. Il y a dans ce triptyque beaucoup d’émotion – même si ce terme est souvent galvaudé : mais ici elle accompagne la révélation d’êtres humains à eux-mêmes, avec leurs défauts, leur fragilité, et les choix qu’ils ont dû faire – ou qu’on leur a imposés. Révélation aussi de la complexité d’une trajectoire personnelle, d’une personnalité : on a là une biographie pointilliste qui n’exclut pas les zones d’ombre. Le fils se construit en même temps qu'il reconstitue le parcours de son père. Le dessin d’Étienne Le Roux est vraiment bon, dans un style semi réaliste qui rend la lecture très fluide. La colorisation, avec des tons passés, délavés – comme si les couleurs originelles avaient été délayées par des larmes – est bien raccord avec le ton de l’histoire. C’est vraiment une série – qui est maintenant « terminée » - dont je vous recommande la lecture.
Emilie voit quelqu'un
Je mets mon avis à jour à l’occasion de la lecture du tome 2. Je suis fan des albums de Théa Rojzman (Le Carnet de rêves, Mourir (ça n'existe pas)). On la retrouve ici en tant que scénariste uniquement, chez un nouvel éditeur qui plus est (Fluide Glacial). Le sujet est sérieux : la dépression chez une femme de 30 ans, et la psychanalyse. Mais le traitement est léger, voire humoristique, sans pour autant sacrifier le contenu. Des pages « éducatives » s’intercalent en effet dans l’histoire pour nous en apprendre plus sur certains concepts. Le personnage d’Emilie est très attachant, et le ton de l’histoire très juste. Le 2eme tome est selon moi encore meilleur. Il se pose dans la continuité du premier, mais ajoute de la profondeur aux protagonistes, au travers les séances de thérapie d’Emilie, mais aussi grâce aux déboires personnels de sa vie (famille, avis, travail). Il en résulte une galerie de personnages variés et vraiment attachants. La mise en image d’Anne Rouquette est parfaitement adaptée, et sert admirablement le propos. Une série « roman graphique » vraiment sympa, dont je lirai certainement la suite. L’histoire est écrite par une femme, et met en scène une femme, mais est suffisamment universelle pour ne pas se cantonner à un certain public. A mettre entre toutes les mains donc !
Urban
J'avais d'abord découvert le tome 1 d'"Urban" il y a quelques années, sans y donner suite. Et là au hasard de mes déambulations, je tombe sur les 4 premiers volumes de cette série à la médiathèque. Je m'y suis plongé à mon retour et j'ai littéralement dévoré les 4 volumes d'une traite. Le scénario de Luc Brunschwig est captivant. Il relève à la fois du récit d'anticipation, de l'enquête policière et de questions sociétales.En outre, Luc B. sait amener un suspense inattendu à chaque fin d'album, qui donne furieusement envie de connaitre la suite. Avec ce récit d'anticipation, on plonge entièrement dans l'univers de "Blade Runner" ou du "Cinquième élément" (d'un autre Luc B.) Même si au fil des albums, on est un peu bousculé par la chronologie des événements, on se remet vite dans l'histoire en quelques cases. Le scénario est habile, conçu comme un véritable mécanisme d'horlogerie, et ne ménage pas les rebondissements qui happent le lecteur. Même si j'ai eu du mal à cerner le dessin de Roberto Ricci, je dois dire qu'au fil des pages, je m'y suis pleinement habitué, à tel point qu'à présent, je n'imagine pas un autre style pour coller à l'univers imaginé par Luc B. Vivement le tome 5, qui sauf surprise, devrait clôturer cette trépidante aventure.
Garulfo
J’ai attendu de très longues années avant de tenter la lecture (complète) de Garulfo. N’ayant pas adoré De Cape et de crocs, je craignais la même désillusion. Eh bien je me trompais ! J’ai beaucoup aimé Garulfo mais pas autant que la plupart des autres posteurs qui érigent la série en monument absolu du 9ème art. Les auteurs revisitent le conte de fée avec talent, se nourrissant pour cela de très nombreuses influences comme en témoignent les multiples clins d’œil et références. Ils évitent les pièges de la parodie ou de la paraphrase pour nous offrir un récit original et passionnant, au scénario solide et aux personnages attachants. Si l’univers de Garulfo est une réussite, c’est surtout grâce à l’humour ravageur et aux dialogues fins et particulièrement soignés. Le fait de s’amuser des turpitudes, contradictions et cruauté du monde des hommes au travers le regard d’un batracien candide et généreux est une idée bien exploitée par les auteurs, d’autant que Garulfo et Romuald sont très réussis. Je n'ai cependant pas été complètement comblé par des dessins, certes honnêtes et expressifs, mais manquant parfois de constance et de finesse. Rien de dérangeant néanmoins. (Très) drôle, original et passionnant, Garulfo est sans conteste une série à découvrir.
Les Brumes de Sapa
J’ai trouvé ce récit touchant de sincérité. Il traduit bien un des mal être de l’homme (au sens large) sans toutefois chercher à nous donner une quelconque leçon de vie. Le fait que Lolita Séchan raconte elle-même cette histoire qui est la sienne est pour beaucoup dans mon appréciation. S’il s’était agi d’un auteur quelconque racontant l’histoire d’une pauvre petite fille riche trouvant un sens à sa vie en allant à la rencontre de personnes défavorisées, je pense qu’il y aurait eu bien moins de chances que j’apprécie ma lecture. Ici, l’auteure se raconte elle-même… et reste toujours dans le doute. C’est en cela que cet album m’a interpellé. Voici quelqu’un qui, d’un point de vue matériel, financier, affectif, a une vie des plus confortables et qui se rend compte que, dans ces conditions, sa vie ne la mène nulle part. Elle ne sait où aller. A l’échelle de nos sociétés, elle est encore jeune (22 ans), elle a le temps… mais elle ne sait quand même pas où elle va. C’est cette interrogation sur la marche à suivre pour « accomplir sa vie » qui m’a intéressé. Et Lolita Séchan fait montre d’objectivité et de sensibilité dans la retranscription de ses sentiments. Après, l’histoire d’amitié qu’elle va lier avec Lo Thi Gom permet d’abord d’en apprendre plus sur une minorité rejetée mais aussi, bien entendu, de faire des comparaisons entre les privilégiés financiers du monde occidental et les peuples déshérités des régions défavorisées du globe. Les interrogations et les priorités ne sont bien entendu pas les mêmes (c’est ce qui permettra à Lolita Séchan d’avancer dans sa vie) mais, quelque part, je m’en fous un peu car pour moi, l’intérêt profond de l’album était ailleurs. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai été heureux de voir que la situation du peuple Moï évolue dans le bon sens au Vietnam, là n’est pas la question, mais ce n’est pas le plus important à mes yeux dans cet album. L’important, il est traduit par une réflexion de Lo Thi Gom que j’ai beaucoup aimée, vers la fin du livre. Elle parle des rêves qui la nourrissaient… et qui n’ont cessé de grandir au fur et à mesure qu’elle réussissait à les accomplir, la rendant, d’une manière assez contradictoire, toujours plus insatisfaite. C’est, pour moi, là un doigt exactement posé à l’endroit où la vie fait mal : notre incapacité à nous satisfaire de ce que nous avons. Notre moteur d’évolution et notre fléau. Sans avoir l’air d’y toucher, c’est cette contradiction humaine que Lolita Séchan met en avant dans l’ensemble de ce récit (jusque dans ses rencontres avec son père). Un bel album introspectif qui, au-delà de l’histoire d’amitié quelle raconte, nous parle de l’être humain dans sa complexité et son incapacité à trouver le bonheur.