J'ai longuement hésité à acheter cette BD, apeuré par le syndrome de l'avis enthousiaste et l'engouement qu'avait provoqué le premier tome. J'ai donc patienté, et finalement, rappelé à l'ordre par les affiches du film sortant bientôt, j'ai été voir ce que valait cette série.
Ce qui fait qu'au final, j'ai lu d'une traite les quatre tomes et j'ai eu beaucoup moins d'appréhension face aux tomes suivants. Ce fut une lecture d'une traite, et donc bien moins attentive sur les tomes suivants.
Et j'ai été conquis. Oui, réellement, et sans aucune concession. Lupano, le fantastique conteur d'histoires, a encore une fois frappé juste. Il sait manier la plume pour faire des personnages profondément humains, des gens simples dans lesquels on croit et qui nous donnent envie de les aimer. Ce qui n'est pas sans risque lorsqu'on ne connait rien de leurs vies.
L'humour ressort particulièrement bien de cette BD, et j'ai beaucoup ri à la lecture. Vraiment ri aux éclats, pas simplement souri. C'est déjà bon signe !
Les albums sont très différents les uns des autres, abordant tour à tour d'autres thématiques et mettant en avant d'autres aspects des personnages. Mais surtout, je crois bien qu'il s'agit de l'album de Lupano le plus engagé. L'auteur avait toujours un message social dans ses BDs, et souvent très engagé. Mais là, j'ai l'impression de lire un message bien plus politique et bien plus engagé. Avec des petites piques sur le monde de la politique, mais surtout sur l'engagement de chacun dans une société de tous. Et le dernier tome est particulièrement bien trouvé, sur une situation assez courante et peu manichéenne : agrandir une usine d'anti-dépresseur pour refaire des emplois dans une zone à sauvegarder, avec la possibilité d'un retour des jeunes et des magouilles politiques à la clé. Rien n'est blanc ou noir, c'est une situation qu'il n'est pas facile de juger.
Et c'est là la force de ce récit, qui invite non pas à s'engager pour refaire le monde, mais qui semble inviter à s'en créer un nouveau. C'est un peu comme un souffle d'espoir qui passe dans cette BD, cette envie d'autre chose que ce qu'on a. C'est très orienté décroissance, nouvelle politique et engagement citoyen, mais ça fait du bien de voir comment cela se mêle avec des vieux combats, de vieilles idées et des vieilles aspirations.
J'en ai peu parlé, mais le dessin est d'une très bonne efficacité. En vrai, je n'aurais pas grand chose à en dire, vu que je n'ai rien noté de particulier. Ça fonctionne parfaitement.
Cette BD m'a beaucoup plu, et même si j'ai sans doute gardé une lecture très politique de l’œuvre, je trouve qu'elle mérite qu'on s'y attarde juste pour se faire plaisir. L'histoire reste très sympathique, on passe un agréable moment en compagnie de ce trio infernal de vieux. Je recommande la lecture de cette BD qui fait souffler un vent de fraicheur avec des aînés !
Graphiquement, la partie relatant l'ère coloniale est tout bonnement splendide. Qu'ai-je vu, revu, longuement regardé, ces planches d'une beauté rare. Et la narration bien faite.
Ce récit est entrecoupé d'un autre relatant la vie au quotidien d'un groupe de personnes toutes spécialistes en leur domaine qui vont avec des archéologues accoster sur l'îlot des échoués, et essayer de comprendre comment ces derniers y ont survécu il y a 200 ans pendant 15 années. Ce récit d'aujourd'hui est graphiquement plus brouillon, instructif, mais moins prenant que l'histoire romancée du naufrage.
L'on passe donc successivement par groupes de 4 à 6 pages de l'histoire d'un naufrage il y a 200 ans, à celui de l'équipe sur place installée sur l'îlot et qui essaye de retrouver les indices et reconstituer le mode de vie des naufragés.
C'est dommage qu'il y ait une telle chute graphique entre avant (grandiose) et maintenant (un peu baclé), mais l'ensemble reste cohérent et très bien réalisé. Avec graphiquement un plus pour le conte et un moins pour le reportage.
Ouvrage néanmoins hautement original et qui a du demander un sérieux investissement personnel et de très nombreuses recherches à son auteur. Ce qui n'est vraiment pas courant.
Bravo pour les textes et photos ethnologiques et archéologiques en fin d'ouvrage, qui le complètent utilement.
Tiens, j'ai été très agréablement surpris par cet album.
Non que je doute du talent de Mickaël Roux, qui oeuvre depuis quelques années déjà avec bonheur dans la BD jeunesse, mais c'est plutôt sur le sujet.
En effet Team Blast c'est le nom d'une équipe réunie par le destin, composée d'un frère, une soeur et... un zombie écolo. Oui oui. Et pourquoi pas après tout, vu qu'il se décompose ? Bref, les aventures rocambolesques de cette fine équipe sont l'occasion d'évoquer en passant beaucoup de problèmes dûs à la pollution, à l'empreinte de l'homme sur l'écosystème : marée noire, déforestation, disparition des espèces... C'est ma foi pas mal amené, et si les aventures des trois compères sont un poil trépidantes pour qu'on se pose sur ces différents soucis, ils ont le mérite d'être évoqués, en étant intriqués dans du divertissement presque pur.
Le trait de Mickaël Roux est toujours aussi efficace, même si là j'ai eu l'impression qu'il passait un peu "vite" sur ses cases, et la mise en couleurs de Mista Blatte s'allie bien à son style.
Bref, je recommande.
Le western, pour être parfaitement honnête, ne m'intéressait que très modérément auparavant. Il a fallu que je lorgne du côté des grands classiques de la bd franco-belge pour que naisse chez moi une vraie passion enthousiaste pour ce genre. Blueberry reste à mes yeux le modèle mondial et absolu, mais Comanche le talonne de très très près.
Comanche narre un far-west en pleine transition, à bascule entre l'ancien et le nouveau monde. La conquête de l'Ouest par les colons européens venus d'au-delà du Mississipi bat son plein avec le gouvernement américain pour chef d'orchestre. A côté des chemins de fer qui commencent à zébrer le paysage, les villes poussent comme des champignons. L'une d'entre elles, Greenstone Falls, voit l'arrivée d'un cow-boy pas comme les autres, Red Dust.
La série est centrée sur Red Dust et le ranch convoité, le Triple Six (666), qu'il tient en compagnie d'acolytes de circonstance. Comanche, Clem Cheveux Fous, Toby Face-Sombre, Ten Gallons...des surnoms étranges mais une troupe unie plongée dans les tourments d'un monde dur et violent ou le revolver fait la loi.
Tous les tomes sont d'une très grande qualité mais la série devient réellement passionnante à partir du tome trois, en particulier la fusillade nocturne à la fin, magistrale et oppressante, qui parvient à nous happer complètement. Le tome suivant jusqu'à la mort de Reeves est du même tonneau, elle est un superbe chef d'oeuvre ou l'on touche au sublime. Ce qui vient ensuite met en exergue les différentes évolutions des protagonistes et de l'environnement : Greenstone Falls s'agrandit, le cow-boy se range et devient shérif, Comanche s'embourgeoise. cette bd sous bien des aspects peut être perçue comme une sorte de fresque historique exposant la transfiguration de l'Ouest, ou comment un lieu sauvage et aride mute en civilisation moderne.
La réalité du Grand Ouest n'est pas enjolivée et c'est un parti pris que j'ai beaucoup apprécié de la part de Greg et d'Hermann. Ici nous sommes loin de l'univers rigolo d'un Lucky Luke : Tout se règle dans le sang, les règlements de compte trouvent leur épilogue dans la boue et l'obscurité d'un coin sordide, et les destinées personnelles s'achèvent la plupart du temps sur une note tragique. Assurément c'est ce qu'il y a à retenir de ce Grand Ouest dans Comanche : la violence. Une violence permanente, une violente ostentatoire, étouffante.
Je pose bien évidemment le cachet d"oeuvre culte" à cette magnifique bande dessinée. C'est un plaisir de suivre ce Red Dust, à califourchon sur son canasson, pourchassant entre les mesas ensoleillées les pires ordures qui peuplent les Etats-Unis et c'est un plaisir spécial du 9ème art que de pouvoir porter témoignage sur cette époque incroyable où le croisement de populations hétérogènes pouvait faire qu'un rouquin, une femme, un Cheyenne, un blondinet, un moricaud et un vieillard pêchu tissent des liens d'amitié et combattent ensemble les maîtres du crime.
C'est en trainant mes guêtres du côté du stand de Sarbacane que je suis tombé sur cet album à la couverture intrigante. Le temps de le feuilleter, d'échanger quelques mots avec l'auteur Iwan Lépingle et zou! me voilà conquis !
"Akkinen" nous entraine dans le quotidien du Grand Nord où débarquent Gaspar et sa fille Tessie. Pas facile de se faire accepter dans ces rudes contrées même si pourtant c'est le frère de Gaspar qui gère LA grosse entreprise locale qui emploie la majorité des actifs du coin. Pendant que son père va travailler pour son frère comme chauffeur de camion, Tessie dont la rentrée scolaire n'est prévue que pour dans 15 jours, va faire la connaissance d'Aslak, artiste un peu simple d'esprit qui passe le clair de son temps à réaliser des sculptures avec les restes métalliques des chantiers, usines et carcasses qui trainent, et de Pekko, un ancien qui cherche à prouver que Géotrupe est responsable de la mort de sa femme à cause de la pollution de l'eau due aux rejets toxiques de l'usine.
On sent d'emblée que la relation entre les deux frères est loin d'être sereine et la disparition de Pekko va exacerber les tensions locales et familiales jusqu'au dénouement de l'album. Si la couverture pourrait laisser penser que le fantastique pouvait être de la partie, on est plutôt dans un polar socio-écologique qui prend son temps pour imposer ses personnages et une ambiance. Et côté ambiance, Iwan Lépingle sait y faire grâce à un dessin simple mais très efficace rehaussé uniquement d'un rouge symbolisant le poison que distille Géotrube. On se laisse doucement bercer et anesthésier à l'image de la population locale dépendante du groupe industriel qui fait vivre la communauté et l'intrigue monte tranquillement mais surement en intensité jusqu'à la fin.
Un album subtil et intelligemment mené qui donne envie de découvrir le reste du travail d'Iwan Lépingle.
Tiens, voilà une série de SF à côté de laquelle j'étais complètement passé. Plutôt fan du genre, ça fait toujours plaisir de tomber sur une bonne surprise comme ça (merci Sloane au passage) !
"TER" nous immerge dans un univers d'une grande richesse tant dans la structure sociale imaginée que dans les décors toujours très recherchés et travaillés que couche sur ses planches Christophe Dubois. Ajoutez à cela la touche mystérieuse voire mystique que nous propose le premier tome avec ce personnage de Mandor, et nous avons là tous les ingrédients savamment dosés pour captiver le lecteur. Notre duo d'auteurs Rodolphe/Dubois fait ici des étincelles qui fleurent bon les constellations les plus scintillantes !
Si le trait de Christophe Dubois n'est pas sans rappeler le réalisme d'un Bourgeon mâtiné de l'exubérance de la faune d'un Léo (faut bien lui reconnaître un point positif à ce dernier :p ), on est en tout cas très vite conquis par ce graphisme maîtrisé qui fourmille de détails.
Et puis ne boudons pas notre plaisir, car cette histoire sait nous tenir en haleine et nous donne envie d'en savoir plus et d'en connaître le tenant. J'ai dévoré le premier tome, jusqu'à la révélation de la dernière page qui relance le second vers de toutes nouvelles perspectives. Reste à attendre le dernier qui je l'espère saura conclure intelligemment ce qui pour l'instant s'annonce comme une très bonne série.
C'est après un certain nombre d'échos plutôt élogieux sur cet album que j'ai fini par me laisser tenter. Connaissant peu la production de Jean-Marc Rochette (mis à part Himalaya vaudou que j'avais moyennement apprécié), je sors cette fois content de ma lecture. Cet album autobiographique qui nous fait découvrir les deux passions de l'auteur s'avale d'une traite malgré l'importante pagination.
Jean-Marc Rochette nous fait revivre ses années de jeunesse, sa découverte de la montagne, ses amitiés, ses rencontres et telle une voie vertigineuse à ouvrir vers un sommet encore vierge, son passage à l'âge adulte. Écartelé entre sa passion pour la grimpe et le dessin, il va pourtant pousser jusqu'au bout de ses ambitions pour finir par trancher, le destin aidant de façon quasi tragique. Car la montagne est un monde sans pitié et cet album nous le rappelle cruellement. On arrête vite de compter au fil de l'album le nombre de connaissances ou d'amis qui payèrent le prix fort la pratique de leur passion.
Moi qui avais eu un peu de mal avec son trait dans Himalaya vaudou, j'avoue qu'ici il colle parfaitement au récit et nous transporte de la plus belle des façons en haut des sommets qu'il gravit. On souffre avec lui, on a peur avec lui mais on jubile aussi de ses victoires !
Un album très réussi que je conseille forcément à tout amateur de haute montagne, mais également à tous les curieux.
J'ai bien aimé ce récit historique sur la conspiration qui a conduit à l'assassinat du conseiller du Tsar Nicolas II à savoir le fameux Raspoutine peu avant que n'éclate la révolution. Ce ne sont point des révolutionnaires qui ont fait le coup mais plutôt la noblesse russe voulant se débarrasser de ce personnage malfaisant pour le pays.
Les auteurs ont introduit une puissance étrangère à savoir la Grande-Bretagne par l'intermédiaire d'un de ses espions car ce pays avait un intérêt tout particulier à ce que puisse durer la guerre contre l'Allemagne du Kaiser Guillaume II. On ne sait toujours pas si cette thèse est la vérité historique.
On va entrer véritablement dans les arcanes de la police secrète pour voir comment cela s'est orchestré. Ce thriller fait assez réaliste malgré quelques inexactitudes historiques. On notera un soin tout particulier pour une bonne psychologie des personnages. C'est véritablement vivant. En tout cas, cela est fort convaincant.
J'ai découvert Minetaro Mochizuki à travers cette série.
Cela a été une petite révélation pour moi : le niveau d'intensité émotionnelle est extrêmement élevé, inversement proportionnel au niveau d'action et d'expression des personnages. Plus ces derniers sont figés et enfermés dans leurs postures et retenues toutes japonaises, plus on se retrouve fasciné, et dans l'attente aigüe qu'ils se révèlent et qu'ils se lâchent.
Cette intensité, basée sur le mystère et sur le potentiel de ce qui peut arriver, va de pair avec un érotisme latent extrêmement puissant, renforcé par un talent rare de cadrage, de gros plans, et un réalisme du détail anatomique exceptionnel.
Bref, un manga à part, qui confine au chef d'œuvre si on est sensible à cet exercice de style intellectuel et érotique.
Depuis, je me suis régalé avec Dragon Head et Tokyo Kaido, qui démontrent que cet auteur est capable de changer de registre et de produire à chaque fois des œuvres marquantes.
Bonne lecture !
Rare sont les comics où je mets 4 étoiles. Il faut vraiment que cela me plaise. Je suis tombé sous le charme malsain de cette oeuvre assez introspective qui met en avant un jeune homme mal dans sa peau qui bascule dans l'horreur du métier de tueur. Il croit faire un pacte avec le diable suite à une tentative de suicide avortée. Est-ce seulement la réalité ? La fin de ce premier tome sera assez glaçante.
Oui, je mets 4 étoiles quand une oeuvre le mérite. Je n'ai pas eu besoin de me forcer pour le lire. J'ai éprouvé du plaisir à la lecture car c'est très bien réalisé dans un genre polar sombre. Il y a toute une immersion qui se fait et qui est progressive. Bref, il y a une intelligence dans la mise en oeuvre de ce scénario.
En conclusion, une vraie tuerie. ;)
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Les Vieux Fourneaux
J'ai longuement hésité à acheter cette BD, apeuré par le syndrome de l'avis enthousiaste et l'engouement qu'avait provoqué le premier tome. J'ai donc patienté, et finalement, rappelé à l'ordre par les affiches du film sortant bientôt, j'ai été voir ce que valait cette série. Ce qui fait qu'au final, j'ai lu d'une traite les quatre tomes et j'ai eu beaucoup moins d'appréhension face aux tomes suivants. Ce fut une lecture d'une traite, et donc bien moins attentive sur les tomes suivants. Et j'ai été conquis. Oui, réellement, et sans aucune concession. Lupano, le fantastique conteur d'histoires, a encore une fois frappé juste. Il sait manier la plume pour faire des personnages profondément humains, des gens simples dans lesquels on croit et qui nous donnent envie de les aimer. Ce qui n'est pas sans risque lorsqu'on ne connait rien de leurs vies. L'humour ressort particulièrement bien de cette BD, et j'ai beaucoup ri à la lecture. Vraiment ri aux éclats, pas simplement souri. C'est déjà bon signe ! Les albums sont très différents les uns des autres, abordant tour à tour d'autres thématiques et mettant en avant d'autres aspects des personnages. Mais surtout, je crois bien qu'il s'agit de l'album de Lupano le plus engagé. L'auteur avait toujours un message social dans ses BDs, et souvent très engagé. Mais là, j'ai l'impression de lire un message bien plus politique et bien plus engagé. Avec des petites piques sur le monde de la politique, mais surtout sur l'engagement de chacun dans une société de tous. Et le dernier tome est particulièrement bien trouvé, sur une situation assez courante et peu manichéenne : agrandir une usine d'anti-dépresseur pour refaire des emplois dans une zone à sauvegarder, avec la possibilité d'un retour des jeunes et des magouilles politiques à la clé. Rien n'est blanc ou noir, c'est une situation qu'il n'est pas facile de juger. Et c'est là la force de ce récit, qui invite non pas à s'engager pour refaire le monde, mais qui semble inviter à s'en créer un nouveau. C'est un peu comme un souffle d'espoir qui passe dans cette BD, cette envie d'autre chose que ce qu'on a. C'est très orienté décroissance, nouvelle politique et engagement citoyen, mais ça fait du bien de voir comment cela se mêle avec des vieux combats, de vieilles idées et des vieilles aspirations. J'en ai peu parlé, mais le dessin est d'une très bonne efficacité. En vrai, je n'aurais pas grand chose à en dire, vu que je n'ai rien noté de particulier. Ça fonctionne parfaitement. Cette BD m'a beaucoup plu, et même si j'ai sans doute gardé une lecture très politique de l’œuvre, je trouve qu'elle mérite qu'on s'y attarde juste pour se faire plaisir. L'histoire reste très sympathique, on passe un agréable moment en compagnie de ce trio infernal de vieux. Je recommande la lecture de cette BD qui fait souffler un vent de fraicheur avec des aînés !
Les Esclaves oubliés de Tromelin
Graphiquement, la partie relatant l'ère coloniale est tout bonnement splendide. Qu'ai-je vu, revu, longuement regardé, ces planches d'une beauté rare. Et la narration bien faite. Ce récit est entrecoupé d'un autre relatant la vie au quotidien d'un groupe de personnes toutes spécialistes en leur domaine qui vont avec des archéologues accoster sur l'îlot des échoués, et essayer de comprendre comment ces derniers y ont survécu il y a 200 ans pendant 15 années. Ce récit d'aujourd'hui est graphiquement plus brouillon, instructif, mais moins prenant que l'histoire romancée du naufrage. L'on passe donc successivement par groupes de 4 à 6 pages de l'histoire d'un naufrage il y a 200 ans, à celui de l'équipe sur place installée sur l'îlot et qui essaye de retrouver les indices et reconstituer le mode de vie des naufragés. C'est dommage qu'il y ait une telle chute graphique entre avant (grandiose) et maintenant (un peu baclé), mais l'ensemble reste cohérent et très bien réalisé. Avec graphiquement un plus pour le conte et un moins pour le reportage. Ouvrage néanmoins hautement original et qui a du demander un sérieux investissement personnel et de très nombreuses recherches à son auteur. Ce qui n'est vraiment pas courant. Bravo pour les textes et photos ethnologiques et archéologiques en fin d'ouvrage, qui le complètent utilement.
Team Blast
Tiens, j'ai été très agréablement surpris par cet album. Non que je doute du talent de Mickaël Roux, qui oeuvre depuis quelques années déjà avec bonheur dans la BD jeunesse, mais c'est plutôt sur le sujet. En effet Team Blast c'est le nom d'une équipe réunie par le destin, composée d'un frère, une soeur et... un zombie écolo. Oui oui. Et pourquoi pas après tout, vu qu'il se décompose ? Bref, les aventures rocambolesques de cette fine équipe sont l'occasion d'évoquer en passant beaucoup de problèmes dûs à la pollution, à l'empreinte de l'homme sur l'écosystème : marée noire, déforestation, disparition des espèces... C'est ma foi pas mal amené, et si les aventures des trois compères sont un poil trépidantes pour qu'on se pose sur ces différents soucis, ils ont le mérite d'être évoqués, en étant intriqués dans du divertissement presque pur. Le trait de Mickaël Roux est toujours aussi efficace, même si là j'ai eu l'impression qu'il passait un peu "vite" sur ses cases, et la mise en couleurs de Mista Blatte s'allie bien à son style. Bref, je recommande.
Comanche
Le western, pour être parfaitement honnête, ne m'intéressait que très modérément auparavant. Il a fallu que je lorgne du côté des grands classiques de la bd franco-belge pour que naisse chez moi une vraie passion enthousiaste pour ce genre. Blueberry reste à mes yeux le modèle mondial et absolu, mais Comanche le talonne de très très près. Comanche narre un far-west en pleine transition, à bascule entre l'ancien et le nouveau monde. La conquête de l'Ouest par les colons européens venus d'au-delà du Mississipi bat son plein avec le gouvernement américain pour chef d'orchestre. A côté des chemins de fer qui commencent à zébrer le paysage, les villes poussent comme des champignons. L'une d'entre elles, Greenstone Falls, voit l'arrivée d'un cow-boy pas comme les autres, Red Dust. La série est centrée sur Red Dust et le ranch convoité, le Triple Six (666), qu'il tient en compagnie d'acolytes de circonstance. Comanche, Clem Cheveux Fous, Toby Face-Sombre, Ten Gallons...des surnoms étranges mais une troupe unie plongée dans les tourments d'un monde dur et violent ou le revolver fait la loi. Tous les tomes sont d'une très grande qualité mais la série devient réellement passionnante à partir du tome trois, en particulier la fusillade nocturne à la fin, magistrale et oppressante, qui parvient à nous happer complètement. Le tome suivant jusqu'à la mort de Reeves est du même tonneau, elle est un superbe chef d'oeuvre ou l'on touche au sublime. Ce qui vient ensuite met en exergue les différentes évolutions des protagonistes et de l'environnement : Greenstone Falls s'agrandit, le cow-boy se range et devient shérif, Comanche s'embourgeoise. cette bd sous bien des aspects peut être perçue comme une sorte de fresque historique exposant la transfiguration de l'Ouest, ou comment un lieu sauvage et aride mute en civilisation moderne. La réalité du Grand Ouest n'est pas enjolivée et c'est un parti pris que j'ai beaucoup apprécié de la part de Greg et d'Hermann. Ici nous sommes loin de l'univers rigolo d'un Lucky Luke : Tout se règle dans le sang, les règlements de compte trouvent leur épilogue dans la boue et l'obscurité d'un coin sordide, et les destinées personnelles s'achèvent la plupart du temps sur une note tragique. Assurément c'est ce qu'il y a à retenir de ce Grand Ouest dans Comanche : la violence. Une violence permanente, une violente ostentatoire, étouffante. Je pose bien évidemment le cachet d"oeuvre culte" à cette magnifique bande dessinée. C'est un plaisir de suivre ce Red Dust, à califourchon sur son canasson, pourchassant entre les mesas ensoleillées les pires ordures qui peuplent les Etats-Unis et c'est un plaisir spécial du 9ème art que de pouvoir porter témoignage sur cette époque incroyable où le croisement de populations hétérogènes pouvait faire qu'un rouquin, une femme, un Cheyenne, un blondinet, un moricaud et un vieillard pêchu tissent des liens d'amitié et combattent ensemble les maîtres du crime.
Akkinen - Zone toxique
C'est en trainant mes guêtres du côté du stand de Sarbacane que je suis tombé sur cet album à la couverture intrigante. Le temps de le feuilleter, d'échanger quelques mots avec l'auteur Iwan Lépingle et zou! me voilà conquis ! "Akkinen" nous entraine dans le quotidien du Grand Nord où débarquent Gaspar et sa fille Tessie. Pas facile de se faire accepter dans ces rudes contrées même si pourtant c'est le frère de Gaspar qui gère LA grosse entreprise locale qui emploie la majorité des actifs du coin. Pendant que son père va travailler pour son frère comme chauffeur de camion, Tessie dont la rentrée scolaire n'est prévue que pour dans 15 jours, va faire la connaissance d'Aslak, artiste un peu simple d'esprit qui passe le clair de son temps à réaliser des sculptures avec les restes métalliques des chantiers, usines et carcasses qui trainent, et de Pekko, un ancien qui cherche à prouver que Géotrupe est responsable de la mort de sa femme à cause de la pollution de l'eau due aux rejets toxiques de l'usine. On sent d'emblée que la relation entre les deux frères est loin d'être sereine et la disparition de Pekko va exacerber les tensions locales et familiales jusqu'au dénouement de l'album. Si la couverture pourrait laisser penser que le fantastique pouvait être de la partie, on est plutôt dans un polar socio-écologique qui prend son temps pour imposer ses personnages et une ambiance. Et côté ambiance, Iwan Lépingle sait y faire grâce à un dessin simple mais très efficace rehaussé uniquement d'un rouge symbolisant le poison que distille Géotrube. On se laisse doucement bercer et anesthésier à l'image de la population locale dépendante du groupe industriel qui fait vivre la communauté et l'intrigue monte tranquillement mais surement en intensité jusqu'à la fin. Un album subtil et intelligemment mené qui donne envie de découvrir le reste du travail d'Iwan Lépingle.
TER
Tiens, voilà une série de SF à côté de laquelle j'étais complètement passé. Plutôt fan du genre, ça fait toujours plaisir de tomber sur une bonne surprise comme ça (merci Sloane au passage) ! "TER" nous immerge dans un univers d'une grande richesse tant dans la structure sociale imaginée que dans les décors toujours très recherchés et travaillés que couche sur ses planches Christophe Dubois. Ajoutez à cela la touche mystérieuse voire mystique que nous propose le premier tome avec ce personnage de Mandor, et nous avons là tous les ingrédients savamment dosés pour captiver le lecteur. Notre duo d'auteurs Rodolphe/Dubois fait ici des étincelles qui fleurent bon les constellations les plus scintillantes ! Si le trait de Christophe Dubois n'est pas sans rappeler le réalisme d'un Bourgeon mâtiné de l'exubérance de la faune d'un Léo (faut bien lui reconnaître un point positif à ce dernier :p ), on est en tout cas très vite conquis par ce graphisme maîtrisé qui fourmille de détails. Et puis ne boudons pas notre plaisir, car cette histoire sait nous tenir en haleine et nous donne envie d'en savoir plus et d'en connaître le tenant. J'ai dévoré le premier tome, jusqu'à la révélation de la dernière page qui relance le second vers de toutes nouvelles perspectives. Reste à attendre le dernier qui je l'espère saura conclure intelligemment ce qui pour l'instant s'annonce comme une très bonne série.
Ailefroide - Altitude 3954
C'est après un certain nombre d'échos plutôt élogieux sur cet album que j'ai fini par me laisser tenter. Connaissant peu la production de Jean-Marc Rochette (mis à part Himalaya vaudou que j'avais moyennement apprécié), je sors cette fois content de ma lecture. Cet album autobiographique qui nous fait découvrir les deux passions de l'auteur s'avale d'une traite malgré l'importante pagination. Jean-Marc Rochette nous fait revivre ses années de jeunesse, sa découverte de la montagne, ses amitiés, ses rencontres et telle une voie vertigineuse à ouvrir vers un sommet encore vierge, son passage à l'âge adulte. Écartelé entre sa passion pour la grimpe et le dessin, il va pourtant pousser jusqu'au bout de ses ambitions pour finir par trancher, le destin aidant de façon quasi tragique. Car la montagne est un monde sans pitié et cet album nous le rappelle cruellement. On arrête vite de compter au fil de l'album le nombre de connaissances ou d'amis qui payèrent le prix fort la pratique de leur passion. Moi qui avais eu un peu de mal avec son trait dans Himalaya vaudou, j'avoue qu'ici il colle parfaitement au récit et nous transporte de la plus belle des façons en haut des sommets qu'il gravit. On souffre avec lui, on a peur avec lui mais on jubile aussi de ses victoires ! Un album très réussi que je conseille forcément à tout amateur de haute montagne, mais également à tous les curieux.
Petrograd
J'ai bien aimé ce récit historique sur la conspiration qui a conduit à l'assassinat du conseiller du Tsar Nicolas II à savoir le fameux Raspoutine peu avant que n'éclate la révolution. Ce ne sont point des révolutionnaires qui ont fait le coup mais plutôt la noblesse russe voulant se débarrasser de ce personnage malfaisant pour le pays. Les auteurs ont introduit une puissance étrangère à savoir la Grande-Bretagne par l'intermédiaire d'un de ses espions car ce pays avait un intérêt tout particulier à ce que puisse durer la guerre contre l'Allemagne du Kaiser Guillaume II. On ne sait toujours pas si cette thèse est la vérité historique. On va entrer véritablement dans les arcanes de la police secrète pour voir comment cela s'est orchestré. Ce thriller fait assez réaliste malgré quelques inexactitudes historiques. On notera un soin tout particulier pour une bonne psychologie des personnages. C'est véritablement vivant. En tout cas, cela est fort convaincant.
Chiisakobé
J'ai découvert Minetaro Mochizuki à travers cette série. Cela a été une petite révélation pour moi : le niveau d'intensité émotionnelle est extrêmement élevé, inversement proportionnel au niveau d'action et d'expression des personnages. Plus ces derniers sont figés et enfermés dans leurs postures et retenues toutes japonaises, plus on se retrouve fasciné, et dans l'attente aigüe qu'ils se révèlent et qu'ils se lâchent. Cette intensité, basée sur le mystère et sur le potentiel de ce qui peut arriver, va de pair avec un érotisme latent extrêmement puissant, renforcé par un talent rare de cadrage, de gros plans, et un réalisme du détail anatomique exceptionnel. Bref, un manga à part, qui confine au chef d'œuvre si on est sensible à cet exercice de style intellectuel et érotique. Depuis, je me suis régalé avec Dragon Head et Tokyo Kaido, qui démontrent que cet auteur est capable de changer de registre et de produire à chaque fois des œuvres marquantes. Bonne lecture !
Kill or be killed
Rare sont les comics où je mets 4 étoiles. Il faut vraiment que cela me plaise. Je suis tombé sous le charme malsain de cette oeuvre assez introspective qui met en avant un jeune homme mal dans sa peau qui bascule dans l'horreur du métier de tueur. Il croit faire un pacte avec le diable suite à une tentative de suicide avortée. Est-ce seulement la réalité ? La fin de ce premier tome sera assez glaçante. Oui, je mets 4 étoiles quand une oeuvre le mérite. Je n'ai pas eu besoin de me forcer pour le lire. J'ai éprouvé du plaisir à la lecture car c'est très bien réalisé dans un genre polar sombre. Il y a toute une immersion qui se fait et qui est progressive. Bref, il y a une intelligence dans la mise en oeuvre de ce scénario. En conclusion, une vraie tuerie. ;)