C’est le genre de personnage prétentieux que je n’aime pas et l’auteur en a fait une belle biographie après deux ans de travail acharné. Arthur Cravan avait la particularité non seulement d’être grand beau et fort mais également d’être le neveu de l’écrivain poète et romancier Oscar Wilde. Il le clamait sous tous les toits afin d’être reçu dans les réceptions se tenant à Paris, dans l’Europe entière et même à New-York ou Mexico. C’est un peu comme les fils d’artiste qui jouent sur la notoriété de leur ainé.
C’était une espèce de dandy qui enchaînait avec les femmes et qui se moquait des artistes et notamment les peintres dans des critiques désinvoltes paru dans sa revue « Maintenant » (à ne pas confondre avec le changement, c’est maintenant). Il décrétait qui était bon ou mauvais sans se remettre pour le moins en cause. André Gide ou encore le poète Guillaume Apollinaire en ont fait les frais.
En effet, il était doué d’un culot monstrueux n’hésitant pas à se dévoiler à nu devant une scène new-yorkaise médusé à l’occasion d’une conférence sur la littérature. Les stars sulfureuses n’avaient rien à lui envié en matière de scandale. On pensera notamment au début de carrière de Madonna avec sa fameuse culotte. Il est vrai que l’on peut préférer d’autres personnalités comme Mère Theresa mais bon, c’est Arthur Cravan.
A la fin, il y a un glossaire avec bons nombres de personnages et ce qu’ils sont devenus. Moi, je pensais à la pauvre Renée qu’il avait abandonnée une fois de plus en Espagne et qu’il n’a pas retrouvée aux Amériques comme convenu où il a eu d’autres femmes. J’aurais bien aimé savoir ce qu’elle était devenue mais c’est l’impasse totale non seulement dans le récit mais également dans l’espace sémantique.
Pour le reste, et malgré le fait que je n’aime pas vraiment le principal protagoniste, j’ai bien apprécié cet ouvrage où de grands moyens de présentation ont été mis (grand format malgré un volume de page très important, affiche réelle jointe etc…). Rien à redire non plus sur le graphisme qui me sied bien.
Encore une belle trouvaille du côté des éditions Caurette, petit éditeur aux trésors insoupçonnés, avec ce fameux The Kong Crew du désormais très connu Eric Hérenguel, déjà auteur du recueil Kiliwatch chez le même éditeur. Encore aussi une idée farfelue de base sortie d’un rêve du bonhomme, mais qui prend ensuite la forme d’un scénario intriguant et curieux.
The Kong Crew est une uchronie de fiction se basant sur le film culte King Kong de 1933 et partant du principe que Kong n’est pas mort dans sa chute de l’Empire State Building à la fin du film (spoiler ! Mais on me pardonnera 80 ans plus tard), mais qu’au contraire et mieux encore, il s’est accroché à la vie et a vaincu ses ennemis. Nous sommes en 1947, Manhattan est devenu une jungle hostile dont le maître et roi du domaine est le singe géant. D’autres créatures mystérieuses peuplent cette flore sauvage et préhistorique. Pourquoi, comment ? C’est ce que se demandent le biologiste Jonas Parker et le journaliste Irvin Stone qui bravent l’interdit et atterrissent incognito sur l’île qu’ils pensent alors inhabitée par l’homme. En parallèle nous suivons le jeune pilote américain Virgil, aux faux-air de Han Solo (la dégaine vestimentaire, « What’d ya do with my wings ? It’s a ruin ! », et membre du Kong Crew, équipe d’aviateurs casse-cou chargée de sécuriser le périmètre autour de l’île, en mission pour retrouver les 2 explorateurs. Mais aussi une belle infirmière blonde qui fait tourner la tête de ces messieurs, et Spit le teckel (qui a surement un très grand rôle à jouer ^^).
Ce dernier segment de l’intrigue ravira fortement les fans de Top Gun, de la team Maverick, Iceman, Goose, Viper et cie, et de la jolie Kelly McGillis (Charlie), tant on retrouve toutes les gimmicks et comportements de gros machos des mecs du film. Pour ceux plus intéressés par la grosse bête à poil, qu’ils se rassurent, elle fait son apparition, de façon brève mais c’est bien le but d’un premier volume de teaser le public. Le comics, parce que c’est bien d’un comics qu’il s’agit ici : petit format agrafé, 26 planches, langue en anglais ; est d’autant plus génial qu’il est dessiné par un Eric Hérenguel au sommet de son art et qui ne manque pas d'imagination. Car si le premier numéro évoque une version de Manhattan façon I am a Legend peuplé de bestioles géantes préhistoriques peut être inspirées par le King Kong de Peter Jackson et son île de dinosaures, le second épisode passe à la vitesse supérieur. Cela devient presque de la Portal Fantasy mais sans barrière entre le monde normal et le monde fantastique, ou à la limite la frontière demeure poreuse; avec son cortège d'amazones costumées en hoplites spartiates (ou mandaloriennes style Boba Fett ^^), des singes mutants et animaux sauvages constituant la cours de la reine Damara (on est en plein récit Heroic Fantasy à l'ancienne parfois ^^).
C’est juste un pur régal en noir et blanc mais que les aficionados de la couleur se rassurent, une édition toute en couleur VF aux dessins remaniés exprès pour cette version devrait voir le jour fin 2019, de même qu'une "artist edition" en grand format comprenant divers bonus pour ceux qui ont admiré le travail de l’artiste dans sa version encrée.
We need you ! Now ! Join The Kong Crew !
Présentée dans un format à l’italienne, « Jean Doux et le mystère de la disquette molle » se distingue aussi par d’autres aspects, tant graphiques que scénaristiques. Tout d’abord, l’histoire, qui commence dans la PME la plus ennuyeuse qui soit, avec ses employés tout aussi ennuyeux, si bien que certains boulets se sentent investis d’une mission en faisant des blagues douteuses qu’ils croient drôles pour leurs collègues… mais de façon inattendue, tout va s’emballer et prendre la forme d’une aventure extraordinaire, une fois que notre héros, Jean Doux, aura découvert dans le faux plafond d’un débarras une mallette contenant une disquette souple (ou « molle » comme le veut le titre…), relique d’un passé révolu… Armé d’un humour bien déjanté, Philippe Valette en profite au passage pour se moquer allégrement de la vie en entreprise et de cet esprit « corporate » qui frise souvent le ridicule. Comme pour mieux enfoncer le clou, tout le monde dans la société a un prénom composé commençant par « Jean » (« Jeanne » pour les femmes), jusqu’à un chien prénommé Jean-Iench ! Sans parler des tenues vestimentaires colorées (cravates fluo sur chemises flashy) qui faisaient fureur il y a une vingtaine d’années…
Et c’est cela, l’autre bonne idée, que d’avoir situé l’histoire dans les années 90 en accentuant leur désuétude par un graphisme complètement inspiré des jeux vidéo de l’époque, mais en plus de nous proposer une mise en abyme temporelle via l’apparition de la fameuse disquette (256 kilobits de stockage !) datant de cette préhistoire de l’informatique qu’étaient encore les seventies. On est toujours le ringard de quelqu’un ! Si cet album ravira probablement les geeks de tout poil, et autres pré-nerds qui ont connu ces trente naissantes et non moins glorieuses du « personal computer », avec le premier OS Windows et son démineur intégré, il évite toute nostalgie bas de gamme par son humour grinçant, les dialogues resituant clairement sa conception dans nos années 2010.
C’est une BD originale et surprenante, et c’est d’abord ce qu’on demande à une œuvre, mais en plus elle bénéficie d’un scénario cohérent qui ne nous lâche pas, parsemé de punchlines décapantes qu’un certain Michel Audiard n’aurait pas renié. Si Philippe Valette met en avant les progrès technologiques et surtout informatiques jusqu’en 2000, forme d’hommage pourrait-on penser, cet auteur, nouveau-venu dans la bande dessinée, est également un observateur fin et caustique des évolutions du quotidien (notamment des vêtements, de la déco et du mobilier de bureau !). Le dessin n’est pas vraiment joli, mais paradoxalement, ce qui peut être vu plutôt comme un parti pris sert extrêmement bien le propos. En conclusion, notre « Mario Bros de bureau » mérite amplement son Fauve polar décerné cette année à Angoulême.
Par rapport à son précédent ouvrage Voyage aux îles de la Désolation, l'auteur a fait encore plus fort !
Il aborde en terre Antarctique et se rend au cœur du continent!
Rien qu'arriver là-bas est toute une aventure, que la lecture de l'ouvrage vous permettra d'apprécier, et le bateau était à deux doigts de revenir à son point de départ pour impossibilité d'approche au vu des conditions de l'océan austral.
La BD nous raconte aussi l’histoire de la découverte de ce continent par les différents explorateurs avec leur réussite parfois douloureuse pour atteindre le pôle (l'expédition britannique menée par Robert Scott n'a pu terminer son retour du pôle et a été congelée sur place).
Emmanuel Lepage et son frère finissent par arriver sur le continent blanc, et seront pilotes d'un engin polaire dans un convoi de ravitaillement vers une base reculée à un millier de kilomètres.
Ce périple est tout simplement alunissant ; car en ce qui concerne le paysage, l'on est bien davantage sur la lune que sur la terre. Ici, comme dit le titre, la lune est blanche, blanche à s'en brûler les yeux, blanche de cette unique couleur réfléchissante quel que soit le regard porté à l'horizon, et avec des températures bassement mortelles.
Accompagné de son frère photographe, de temps à autres, nous avons dans le récit une photographie en double page ; à la lecture, cela ne choque pas, au contraire, la photo renforce le réalisme du récit.
Aventure hors du commun et découverte d'un milieu aussi dangereux et inhabituel qu'une randonnée sur mars ou la lune.
Epoustouflant !
Commençons cet avis en ne parlant pas tout de suite de la Bd mais bien du roman dont elle s'inspire, ou plutôt de la nouvelle. Pour tout amateur du genre qui se respecte il faut lire Jean Philippe Jaworski et plus particulièrement ce gros pavé tout sauf indigeste qu'est le roman "Gagner la guerre". Truculent, picaresque fort bien écrit, une intrigue complexe mais au combien addictive et des personnages que l'on n'oublie pas de sitôt.
Mais foin de critiques dithyrambiques c'est de la BD qu'il faut causer et ma foi c'est une très heureuse surprise. Quoi de plus difficile en effet pour un auteur que de se saisir d'un texte existant et de lui donner formes et vies, d'autant plus quand il s'agit d'une œuvre dont la publicité n'est plus à faire.
Frédéric Genêt se coltine donc les pinceaux pour nous dépeindre une cité, personnage à part entière, qui pourrait évoquer Venise au temps de sa splendeur. Point n'est besoin d'avoir lu le roman pour être plongé dans l'ambiance. C'est un dessin immergeant qui ne demande qu'à être regardé avec la plus grande attention. Si comme moi vous avez déjà lu le roman je crois qu'il n'est pas flatteur de dire que tout y est. Certes, un livre de 980 pages environ ne peut se résumer en 58 planches mais le condensé qui nous est proposé là est juste jouissif. Au risque de me répéter : quand la matière originelle est de qualité il faut vraiment le vouloir pour saboter le travail.
Voilà donc une histoire dont j'attends la suite avec impatience, notre héros crapuleux a encore fort à faire. Faites tourner sans modération.
Jetées au cœur d'un océan austral secoué et violenté par les incessants 40ème rugissants, il existe des îles rocheuses au climat tempétueux et hostile, quasi invivable, où pourtant, sur Kerguelen, une base scientifique en milieu extrême s'est installée.
Emmanuel Lepage nous raconte son voyage jusqu'à celle-ci et la vie des scientifiques dans la base, avec parallèlement l'histoire de la découverte de cette île comme des autres avoisinantes.
C'est très bien réalisé, avec un joli coup de crayon et des planches colorisées grandioses, et l'on se prend totalement au jeu de la découverte de cette région inhospitalière en voguant comme l'auteur sur des mers bien trop houleuses, et devenant à la lecture cet explorateur en terres improbables et peu accueillantes.
Magnifique, tout simplement !
Voilà un triptyque qui ne m'a pas laissé indifférent.
D'habitude, le mélange photo/dessin (genre à la Jean Teulé) passe très mal en BD à mes yeux.
Mais ici, comme dans La Lune est blanche de Lepage, je trouve que l'incorporation est faite intelligemment et se marie très bien au récit, en lui accentuant réalisme au côté reportage.
J'ai ainsi voyagé avec ce photographe dans un Afghanistan en plein conflit avec l'URSS, où l'on croise et accompagne, des Afghans (forcément) , des équipes de MSF, et quelques autres personnages singuliers au fil de ces trois tomes.
L'ensemble nous relate un périple à pied invraisemblable , comme les conditions de travail en brousse ahurissantes pour les chirurgiens ou infirmiers de MSF, comme le retour en solo du photographe (pour gagner du temps) et où le danger nous fait monter la tension et nous empêche de laisser tomber la lecture ...
L'auteur nous montre également le choc de culture et de civilisation entre le photographe européen et les Afghans du terroir.
Dessin assez minimaliste d'Emmanuel GUIBERT toujours très juste et très équilibré, presque à caractère d'estampe, qui montre tout le talent pour élaborer un minimalisme aussi parfait.
Un incontournable et sublime culturel et passionnant moment de lecture.
Ben oui je colle d'office une très bonne note à cette histoire. En effet pour une fois que dans le registre du Comics je tombe sur une vraie histoire avec qui plus est un véritable fond je ne vais pas me priver. Car l'univers ici présenté est riche, très riche, foisonnant.
Oui il faut s'accrocher un peu au démarrage car toutes les clés ne nous sont pas données d’emblée. Quoi il faudrait faire un petit effort, tout ne nous tombe pas dans le bec d'office, rhaa!! Bougre une BD qui offre un tel univers ça se mérite. Et puis pour aider il y a le dessin.
Oubliez ce que vous croyez savoir à propos des Comics. Si, si, vous savez ces couleurs trop souvent flashy-es qui vous obligent à incliner le livre pour tenter de trouver un angle où la lumière ne va pas trop se réverbérer. Respect donc au coloriste dont vous allez hélas vite oublier le nom: Matt Hollingsworth. N'oublions donc pas également le fabuleux dessin et je pèse mes mots de Jerome Opena qui après "Moonknight" franchit un cran.
Un tome deux vient de paraitre, inutile de vous dire que je vais faire chauffer un peu ma carte bleue.
J'ai beaucoup aimé ce récit très intimiste car il est très bien construit avec une héroïne très attachante. On est tout de suite au coeur du sujet que celui des violences au sein d'un couple.
Pour autant et sans vouloir porter un jugement sur notre notre héroïne, je remarque que les femmes sont souvent attirées par de très mauvais garçons (pour ne pas dire des connards) et ensuite, elles viennent se plaindre sur leur situation certes à juste titre.
Quelque fois, cela se voit à 100 mètres à la ronde mais non, elles sont attirées comme un aimant à ce qui est malsain. A leur décharge, il y a parfois des gens très sournois qui cachent bien leur mauvais jeux. Toute violence à l'égard de nos princesses est à proscrire. Pas de pardon, ni de pitié pour celui qui a commencé. Tolérance zéro et à mettre au cachot.
Sur le plan graphique, une jolie bichromie qui joue sur le rose et le noir portant le titre de ce roman graphique. J'ai apprécié également le fait que l'auteur ne va pas jouer dans les violons en ajoutant un peu plus dans une espèce de dramaturgie. Cet ouvrage montre surtout la reconstruction d'une femme, étape après étape, après l'horreur de ce qu'elle a vécu. Les histoires d'amour peuvent être compliquées mais là où il y a de la violence, il n'y a plus de place pour l'amour. A méditer.
C'est fou et parfois désolant comme l'Histoire peut être réécrite au mépris de la vérité. Nous savons que c'est l'arrivée massive des américains qui a mis fin à la guerre 14-18. Cependant, nous ne savons pas que c'était également des soldats afro-américains qui furent envoyés en première ligne et qui se sont illustrés très bravement au combat en sauvant par exemple la capitale parisienne d'une attaque des troupes du Kaiser.
Or ces soldats n'ont pas eu droit à la traditionnelle parade militaire dans les rues de New-York ou de Paris à la fin de la guerre pour les remercier. Ils ont même été incorporés directement dans l'armée française car les américains ne voulaient pas d'une publicité trop nocive de leur actes de bravoure. La haine des blancs était très présente notamment dans les états du Sud et les actes de massacre aux USA fort nombreux.
Les allemands les avaient surnommés les combattants de l'enfer à juste titre. Ils avaient la rage au fond d'eux à cause du racisme qui les martyrisaient de tout temps. Il faut dire également que ces soldats noirs étaient moins bien entraînés, habillés et nourris que leurs homologues blancs...
L'auteur Max Brooks leur a rendu un bel hommage grâce à cette bande dessinée destinée à ne pas les oublier. Moi, je n'oublierais pas pour ma part ce 369ème régiment d'infanterie.
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Arthur Cravan
C’est le genre de personnage prétentieux que je n’aime pas et l’auteur en a fait une belle biographie après deux ans de travail acharné. Arthur Cravan avait la particularité non seulement d’être grand beau et fort mais également d’être le neveu de l’écrivain poète et romancier Oscar Wilde. Il le clamait sous tous les toits afin d’être reçu dans les réceptions se tenant à Paris, dans l’Europe entière et même à New-York ou Mexico. C’est un peu comme les fils d’artiste qui jouent sur la notoriété de leur ainé. C’était une espèce de dandy qui enchaînait avec les femmes et qui se moquait des artistes et notamment les peintres dans des critiques désinvoltes paru dans sa revue « Maintenant » (à ne pas confondre avec le changement, c’est maintenant). Il décrétait qui était bon ou mauvais sans se remettre pour le moins en cause. André Gide ou encore le poète Guillaume Apollinaire en ont fait les frais. En effet, il était doué d’un culot monstrueux n’hésitant pas à se dévoiler à nu devant une scène new-yorkaise médusé à l’occasion d’une conférence sur la littérature. Les stars sulfureuses n’avaient rien à lui envié en matière de scandale. On pensera notamment au début de carrière de Madonna avec sa fameuse culotte. Il est vrai que l’on peut préférer d’autres personnalités comme Mère Theresa mais bon, c’est Arthur Cravan. A la fin, il y a un glossaire avec bons nombres de personnages et ce qu’ils sont devenus. Moi, je pensais à la pauvre Renée qu’il avait abandonnée une fois de plus en Espagne et qu’il n’a pas retrouvée aux Amériques comme convenu où il a eu d’autres femmes. J’aurais bien aimé savoir ce qu’elle était devenue mais c’est l’impasse totale non seulement dans le récit mais également dans l’espace sémantique. Pour le reste, et malgré le fait que je n’aime pas vraiment le principal protagoniste, j’ai bien apprécié cet ouvrage où de grands moyens de présentation ont été mis (grand format malgré un volume de page très important, affiche réelle jointe etc…). Rien à redire non plus sur le graphisme qui me sied bien.
The Kong Crew
Encore une belle trouvaille du côté des éditions Caurette, petit éditeur aux trésors insoupçonnés, avec ce fameux The Kong Crew du désormais très connu Eric Hérenguel, déjà auteur du recueil Kiliwatch chez le même éditeur. Encore aussi une idée farfelue de base sortie d’un rêve du bonhomme, mais qui prend ensuite la forme d’un scénario intriguant et curieux. The Kong Crew est une uchronie de fiction se basant sur le film culte King Kong de 1933 et partant du principe que Kong n’est pas mort dans sa chute de l’Empire State Building à la fin du film (spoiler ! Mais on me pardonnera 80 ans plus tard), mais qu’au contraire et mieux encore, il s’est accroché à la vie et a vaincu ses ennemis. Nous sommes en 1947, Manhattan est devenu une jungle hostile dont le maître et roi du domaine est le singe géant. D’autres créatures mystérieuses peuplent cette flore sauvage et préhistorique. Pourquoi, comment ? C’est ce que se demandent le biologiste Jonas Parker et le journaliste Irvin Stone qui bravent l’interdit et atterrissent incognito sur l’île qu’ils pensent alors inhabitée par l’homme. En parallèle nous suivons le jeune pilote américain Virgil, aux faux-air de Han Solo (la dégaine vestimentaire, « What’d ya do with my wings ? It’s a ruin ! », et membre du Kong Crew, équipe d’aviateurs casse-cou chargée de sécuriser le périmètre autour de l’île, en mission pour retrouver les 2 explorateurs. Mais aussi une belle infirmière blonde qui fait tourner la tête de ces messieurs, et Spit le teckel (qui a surement un très grand rôle à jouer ^^). Ce dernier segment de l’intrigue ravira fortement les fans de Top Gun, de la team Maverick, Iceman, Goose, Viper et cie, et de la jolie Kelly McGillis (Charlie), tant on retrouve toutes les gimmicks et comportements de gros machos des mecs du film. Pour ceux plus intéressés par la grosse bête à poil, qu’ils se rassurent, elle fait son apparition, de façon brève mais c’est bien le but d’un premier volume de teaser le public. Le comics, parce que c’est bien d’un comics qu’il s’agit ici : petit format agrafé, 26 planches, langue en anglais ; est d’autant plus génial qu’il est dessiné par un Eric Hérenguel au sommet de son art et qui ne manque pas d'imagination. Car si le premier numéro évoque une version de Manhattan façon I am a Legend peuplé de bestioles géantes préhistoriques peut être inspirées par le King Kong de Peter Jackson et son île de dinosaures, le second épisode passe à la vitesse supérieur. Cela devient presque de la Portal Fantasy mais sans barrière entre le monde normal et le monde fantastique, ou à la limite la frontière demeure poreuse; avec son cortège d'amazones costumées en hoplites spartiates (ou mandaloriennes style Boba Fett ^^), des singes mutants et animaux sauvages constituant la cours de la reine Damara (on est en plein récit Heroic Fantasy à l'ancienne parfois ^^). C’est juste un pur régal en noir et blanc mais que les aficionados de la couleur se rassurent, une édition toute en couleur VF aux dessins remaniés exprès pour cette version devrait voir le jour fin 2019, de même qu'une "artist edition" en grand format comprenant divers bonus pour ceux qui ont admiré le travail de l’artiste dans sa version encrée. We need you ! Now ! Join The Kong Crew !
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
Présentée dans un format à l’italienne, « Jean Doux et le mystère de la disquette molle » se distingue aussi par d’autres aspects, tant graphiques que scénaristiques. Tout d’abord, l’histoire, qui commence dans la PME la plus ennuyeuse qui soit, avec ses employés tout aussi ennuyeux, si bien que certains boulets se sentent investis d’une mission en faisant des blagues douteuses qu’ils croient drôles pour leurs collègues… mais de façon inattendue, tout va s’emballer et prendre la forme d’une aventure extraordinaire, une fois que notre héros, Jean Doux, aura découvert dans le faux plafond d’un débarras une mallette contenant une disquette souple (ou « molle » comme le veut le titre…), relique d’un passé révolu… Armé d’un humour bien déjanté, Philippe Valette en profite au passage pour se moquer allégrement de la vie en entreprise et de cet esprit « corporate » qui frise souvent le ridicule. Comme pour mieux enfoncer le clou, tout le monde dans la société a un prénom composé commençant par « Jean » (« Jeanne » pour les femmes), jusqu’à un chien prénommé Jean-Iench ! Sans parler des tenues vestimentaires colorées (cravates fluo sur chemises flashy) qui faisaient fureur il y a une vingtaine d’années… Et c’est cela, l’autre bonne idée, que d’avoir situé l’histoire dans les années 90 en accentuant leur désuétude par un graphisme complètement inspiré des jeux vidéo de l’époque, mais en plus de nous proposer une mise en abyme temporelle via l’apparition de la fameuse disquette (256 kilobits de stockage !) datant de cette préhistoire de l’informatique qu’étaient encore les seventies. On est toujours le ringard de quelqu’un ! Si cet album ravira probablement les geeks de tout poil, et autres pré-nerds qui ont connu ces trente naissantes et non moins glorieuses du « personal computer », avec le premier OS Windows et son démineur intégré, il évite toute nostalgie bas de gamme par son humour grinçant, les dialogues resituant clairement sa conception dans nos années 2010. C’est une BD originale et surprenante, et c’est d’abord ce qu’on demande à une œuvre, mais en plus elle bénéficie d’un scénario cohérent qui ne nous lâche pas, parsemé de punchlines décapantes qu’un certain Michel Audiard n’aurait pas renié. Si Philippe Valette met en avant les progrès technologiques et surtout informatiques jusqu’en 2000, forme d’hommage pourrait-on penser, cet auteur, nouveau-venu dans la bande dessinée, est également un observateur fin et caustique des évolutions du quotidien (notamment des vêtements, de la déco et du mobilier de bureau !). Le dessin n’est pas vraiment joli, mais paradoxalement, ce qui peut être vu plutôt comme un parti pris sert extrêmement bien le propos. En conclusion, notre « Mario Bros de bureau » mérite amplement son Fauve polar décerné cette année à Angoulême.
La Lune est blanche
Par rapport à son précédent ouvrage Voyage aux îles de la Désolation, l'auteur a fait encore plus fort ! Il aborde en terre Antarctique et se rend au cœur du continent! Rien qu'arriver là-bas est toute une aventure, que la lecture de l'ouvrage vous permettra d'apprécier, et le bateau était à deux doigts de revenir à son point de départ pour impossibilité d'approche au vu des conditions de l'océan austral. La BD nous raconte aussi l’histoire de la découverte de ce continent par les différents explorateurs avec leur réussite parfois douloureuse pour atteindre le pôle (l'expédition britannique menée par Robert Scott n'a pu terminer son retour du pôle et a été congelée sur place). Emmanuel Lepage et son frère finissent par arriver sur le continent blanc, et seront pilotes d'un engin polaire dans un convoi de ravitaillement vers une base reculée à un millier de kilomètres. Ce périple est tout simplement alunissant ; car en ce qui concerne le paysage, l'on est bien davantage sur la lune que sur la terre. Ici, comme dit le titre, la lune est blanche, blanche à s'en brûler les yeux, blanche de cette unique couleur réfléchissante quel que soit le regard porté à l'horizon, et avec des températures bassement mortelles. Accompagné de son frère photographe, de temps à autres, nous avons dans le récit une photographie en double page ; à la lecture, cela ne choque pas, au contraire, la photo renforce le réalisme du récit. Aventure hors du commun et découverte d'un milieu aussi dangereux et inhabituel qu'une randonnée sur mars ou la lune. Epoustouflant !
Gagner la Guerre
Commençons cet avis en ne parlant pas tout de suite de la Bd mais bien du roman dont elle s'inspire, ou plutôt de la nouvelle. Pour tout amateur du genre qui se respecte il faut lire Jean Philippe Jaworski et plus particulièrement ce gros pavé tout sauf indigeste qu'est le roman "Gagner la guerre". Truculent, picaresque fort bien écrit, une intrigue complexe mais au combien addictive et des personnages que l'on n'oublie pas de sitôt. Mais foin de critiques dithyrambiques c'est de la BD qu'il faut causer et ma foi c'est une très heureuse surprise. Quoi de plus difficile en effet pour un auteur que de se saisir d'un texte existant et de lui donner formes et vies, d'autant plus quand il s'agit d'une œuvre dont la publicité n'est plus à faire. Frédéric Genêt se coltine donc les pinceaux pour nous dépeindre une cité, personnage à part entière, qui pourrait évoquer Venise au temps de sa splendeur. Point n'est besoin d'avoir lu le roman pour être plongé dans l'ambiance. C'est un dessin immergeant qui ne demande qu'à être regardé avec la plus grande attention. Si comme moi vous avez déjà lu le roman je crois qu'il n'est pas flatteur de dire que tout y est. Certes, un livre de 980 pages environ ne peut se résumer en 58 planches mais le condensé qui nous est proposé là est juste jouissif. Au risque de me répéter : quand la matière originelle est de qualité il faut vraiment le vouloir pour saboter le travail. Voilà donc une histoire dont j'attends la suite avec impatience, notre héros crapuleux a encore fort à faire. Faites tourner sans modération.
Voyage aux îles de la Désolation
Jetées au cœur d'un océan austral secoué et violenté par les incessants 40ème rugissants, il existe des îles rocheuses au climat tempétueux et hostile, quasi invivable, où pourtant, sur Kerguelen, une base scientifique en milieu extrême s'est installée. Emmanuel Lepage nous raconte son voyage jusqu'à celle-ci et la vie des scientifiques dans la base, avec parallèlement l'histoire de la découverte de cette île comme des autres avoisinantes. C'est très bien réalisé, avec un joli coup de crayon et des planches colorisées grandioses, et l'on se prend totalement au jeu de la découverte de cette région inhospitalière en voguant comme l'auteur sur des mers bien trop houleuses, et devenant à la lecture cet explorateur en terres improbables et peu accueillantes. Magnifique, tout simplement !
Le Photographe
Voilà un triptyque qui ne m'a pas laissé indifférent. D'habitude, le mélange photo/dessin (genre à la Jean Teulé) passe très mal en BD à mes yeux. Mais ici, comme dans La Lune est blanche de Lepage, je trouve que l'incorporation est faite intelligemment et se marie très bien au récit, en lui accentuant réalisme au côté reportage. J'ai ainsi voyagé avec ce photographe dans un Afghanistan en plein conflit avec l'URSS, où l'on croise et accompagne, des Afghans (forcément) , des équipes de MSF, et quelques autres personnages singuliers au fil de ces trois tomes. L'ensemble nous relate un périple à pied invraisemblable , comme les conditions de travail en brousse ahurissantes pour les chirurgiens ou infirmiers de MSF, comme le retour en solo du photographe (pour gagner du temps) et où le danger nous fait monter la tension et nous empêche de laisser tomber la lecture ... L'auteur nous montre également le choc de culture et de civilisation entre le photographe européen et les Afghans du terroir. Dessin assez minimaliste d'Emmanuel GUIBERT toujours très juste et très équilibré, presque à caractère d'estampe, qui montre tout le talent pour élaborer un minimalisme aussi parfait. Un incontournable et sublime culturel et passionnant moment de lecture.
Seven to Eternity
Ben oui je colle d'office une très bonne note à cette histoire. En effet pour une fois que dans le registre du Comics je tombe sur une vraie histoire avec qui plus est un véritable fond je ne vais pas me priver. Car l'univers ici présenté est riche, très riche, foisonnant. Oui il faut s'accrocher un peu au démarrage car toutes les clés ne nous sont pas données d’emblée. Quoi il faudrait faire un petit effort, tout ne nous tombe pas dans le bec d'office, rhaa!! Bougre une BD qui offre un tel univers ça se mérite. Et puis pour aider il y a le dessin. Oubliez ce que vous croyez savoir à propos des Comics. Si, si, vous savez ces couleurs trop souvent flashy-es qui vous obligent à incliner le livre pour tenter de trouver un angle où la lumière ne va pas trop se réverbérer. Respect donc au coloriste dont vous allez hélas vite oublier le nom: Matt Hollingsworth. N'oublions donc pas également le fabuleux dessin et je pèse mes mots de Jerome Opena qui après "Moonknight" franchit un cran. Un tome deux vient de paraitre, inutile de vous dire que je vais faire chauffer un peu ma carte bleue.
De rose et de noir
J'ai beaucoup aimé ce récit très intimiste car il est très bien construit avec une héroïne très attachante. On est tout de suite au coeur du sujet que celui des violences au sein d'un couple. Pour autant et sans vouloir porter un jugement sur notre notre héroïne, je remarque que les femmes sont souvent attirées par de très mauvais garçons (pour ne pas dire des connards) et ensuite, elles viennent se plaindre sur leur situation certes à juste titre. Quelque fois, cela se voit à 100 mètres à la ronde mais non, elles sont attirées comme un aimant à ce qui est malsain. A leur décharge, il y a parfois des gens très sournois qui cachent bien leur mauvais jeux. Toute violence à l'égard de nos princesses est à proscrire. Pas de pardon, ni de pitié pour celui qui a commencé. Tolérance zéro et à mettre au cachot. Sur le plan graphique, une jolie bichromie qui joue sur le rose et le noir portant le titre de ce roman graphique. J'ai apprécié également le fait que l'auteur ne va pas jouer dans les violons en ajoutant un peu plus dans une espèce de dramaturgie. Cet ouvrage montre surtout la reconstruction d'une femme, étape après étape, après l'horreur de ce qu'elle a vécu. Les histoires d'amour peuvent être compliquées mais là où il y a de la violence, il n'y a plus de place pour l'amour. A méditer.
Les Harlem Hellfighters
C'est fou et parfois désolant comme l'Histoire peut être réécrite au mépris de la vérité. Nous savons que c'est l'arrivée massive des américains qui a mis fin à la guerre 14-18. Cependant, nous ne savons pas que c'était également des soldats afro-américains qui furent envoyés en première ligne et qui se sont illustrés très bravement au combat en sauvant par exemple la capitale parisienne d'une attaque des troupes du Kaiser. Or ces soldats n'ont pas eu droit à la traditionnelle parade militaire dans les rues de New-York ou de Paris à la fin de la guerre pour les remercier. Ils ont même été incorporés directement dans l'armée française car les américains ne voulaient pas d'une publicité trop nocive de leur actes de bravoure. La haine des blancs était très présente notamment dans les états du Sud et les actes de massacre aux USA fort nombreux. Les allemands les avaient surnommés les combattants de l'enfer à juste titre. Ils avaient la rage au fond d'eux à cause du racisme qui les martyrisaient de tout temps. Il faut dire également que ces soldats noirs étaient moins bien entraînés, habillés et nourris que leurs homologues blancs... L'auteur Max Brooks leur a rendu un bel hommage grâce à cette bande dessinée destinée à ne pas les oublier. Moi, je n'oublierais pas pour ma part ce 369ème régiment d'infanterie.