Moi j'aime bien, ce diptyque a un goût de roman de cape et d'épées plutôt sympa. J'y ai retrouvé l'atmosphère des vieux films d'antan ou ça ferraillait à tout va. Pour être plus précis j'ai retrouvé le goût des romans d'Arturo Perez Reverte où il nous conte les aventures du capitaine Alatriste.
Période alambiquée s'il en est que cette guerre de Trente ans, tellement complexe d'ailleurs qu'elle n'est pratiquement pas étudiée dans nos collèges et lycées, tout juste évoquée en filigrane. Alors oui pour bien goûter tout le sel de cette BD il faut faire un effort, ça cause beaucoup mais pour peu que l'on veuille bien, les choses ne sont pas si complexes et je tire d'ailleurs mon chapeau à Stefano Casini pour le travail de "vulgarisation" qu'il a fait pour rendre cette histoire certes dense aussi compréhensible que possible.
Dans ce foisonnement de personnages son découpage dynamique est suffisamment aéré pour aider à la compréhension des choses. L'avis de mes prédécesseurs ne porte que sur le premier tome alors si je m'étais arrêté là moi aussi j'aurais sans doute pensé que c'était touffu et peut être n'aurais je pas lu la suite.
Mais voilà il se trouve que j’ai acquis les deux tomes dans un vide grenier à un prix fort correct et ma lecture s'est donc faite rapidement dans la globalité souhaitée par l'auteur. Et c'est du tout bon messieurs dames, ça virevolte mais pas que, ça complote, encore une fois bravo à S. Casini pour avoir rendu clair sinon limpide cet écheveau où se croisent les royaumes et duchés de l'Allemagne, les guerres hispano-bataves sans oublier notre bon cardinal de Richelieu.
Le dessin me convient parfaitement, je n'ai pas été gêné par la colorisation qui faisait fuir le Grand A.
Un beau récit d'aventure où plane forcément l'ombre d'une romance contrariée, une lecture divertissante que je recommande.
A la veille de leur incorporation au service militaire trois potes marseillais commettent un vol chez la personne qu'il ne fallait pas. Ces grands hâbleurs un peu couillons se retrouvent enrôlés de force dans les terribles bataillons d'Afrique, les Bat d'Af.
C'est là qu'il tombent sur le sergent forcément sadique qui va leur en faire baver plus que de raison. Dés lors c'est à la mise en place de la vengeance à laquelle nous assistons. C'est un très bon scénario qui tient en haleine le lecteur jusqu'au dernières cases. Des personnages échappés des vieux films noirs des années 40 avec une psychologie fouillée. L'intrigue est haletante et l'on ne lâche plus l'affaire une fois le truc entamé.
Le dessin n'est pas mal, en tous cas il est en adéquation avec l'histoire et les personnages possèdent les tronches et gueules idoines.
Pour moi c'est une belle découverte qui m'a fait penser au "Chéri Bibi" de ma jeunesse.
A lire sans modération.
Mises à part diverses anecdotes et les inspirations qu’elle a suscitées, je n’ai jamais lu Valérian et n’en connais que le film écrit et réalisé par Luc Besson. Cela m’a au moins permis de juger l’album en lui-même sans avoir besoin de me référer sans cesse au matériau d’origine en cherchant les points de divergences, ce que j’aurai trouvé mieux ou moins bon.
N’y allons pas par quatre chemins, je me suis beaucoup amusé. Je m’attendais à un space opera ou du moins à ce que le gros du récit soit tourné vers le space opera, j’ai lu une bd humoristique sur fond de SF. C’est une histoire d’imbroglio juridique où les shingouz ont encore merdé. Cette clique de créatures gaffeuses qui ne manquent pas de malice pour arnaquer le chaland, que je trouvais déjà extrêmement sympathiques dans le film, s’est retrouvée par un heureux hasard en possession de la planète Terre avant que la roue de la fortune ne tourne et que les droits de propriétés ne tombent entre les mains d’un autre charognard boursicoteur.
Cette idée de capitalisme étendue et jusqu’au boutisme dans la SF m’a toujours fait sourire quand elle est traitée avec un humour ironique ou absurde comme ici. Une idée selon laquelle on puisse jouer en bourse de façon tout à fait légale avec des planètes et leurs ressources naturelles (ceux qui ont vu Oblivion, H2G2...), en négligeant la vie des créatures autochtones rangées dans la colonne des dégâts collatéraux. On touche à l’humour d’un Terry Gilliam dans Brazil et de façon plus similaire le film Jupiter Ascending, où l’héroïne interprétée par Mila Kunis se retrouve propriétaire d’un amas de planètes dont la Terre mais doit en passer par l’administration et ses longues files et heures d’attente pour valider ses titres de propriété. La drôlerie de la situation n’en est pas moins alarmante car on parle de choses virtuelles qui ont des conséquences graves sur le réel lorsqu’elles échappent à tout contrôle.
Heureusement qu’il y a donc Valérian et Laureline nos deux super agents spatio-temporel pour tenter de résoudre ce schmilblick. Le premier tente de harponner un gros poisson de la finance, au sens propre comme au figuré (l’humour de Lupano encore une fois se fait pinçant à propos des paradis fiscaux), tandis que la seconde apporte la touche d’action qu’on est en droit d’attendre. D’ailleurs même si je n’ai pas trop apprécié la différence de traitement entre les protagonistes, Valérian passant pour un gros bêta la majorité du temps, la manière dont Laureline est mise en avant m’a bien plu en revanche. C’est elle qui prend les devants et monte au front tandis que c’est le héros masculin qui reste en arrière pour une fois. Les auteurs s’en tirent proprement avec un scénario qui ne s’emmêle pas les fils dans le piège du paradoxe temporel qui donne lieu à des incohérences qui ont tendance à me faire griller un fusible. Non ça se tient, c’est cohérent, sans gras rajouté, j’ai eu un peu peur que ce « petit cri de Higgs » n’aboutisse à rien mais on devrait toujours se rappeler du principe du fusil de Tchekhov. Cela se conclu sur un running gag des repris de justice shingouz, toujours dans les mauvais comme les bons coups (sans spoiler, est-ce volontaire de la part des auteurs ou non, j’ai ri comme une baleine sur la façon dont ils se foutent de Prometheus).
Une histoire riche en péripéties pour un stand alone servi par des graphismes qualité full HD. Mathieu Lauffray apporte sa science des grands décors en pleine ou double page, il sait varier les registres entre mimiques comiques du quatuor Valérian / Shingouz, et partie musclée chaud patate avec Laureline qui se traîne monsieur Albert (MDR la 4L spatio-temporelle ! ça vaut bien la cabine téléphonique du Docteur Who). Il y a quelques pages gratuites sur Laureline qui se fait tour à tour figure féministe et icône/objet/bombe sexuelle (c’est Red Sonja en gros plan ? ), du bonbon pour les yeux. Peu importe si c’est du pur fan service, j’ai tout pris sans déplaisir : du mania de l’eau Sha-Oo inspiré par le ventripotent baron Harkonnen du cycle de Dune, au « Yoda shingouz » (big up du dessinateur qui se rappelle ses jeunes années où il illustrait les comics Star Wars pour l’éditeur Dark Horse ? Ou gentil retour de bâton à l’encontre de G. Lucas qui ne s’était pas gêné pour pomper ses idées chez Christin et Mézières tel un vil marsouin cosmique ? ). On pourrait juste lui reprocher de recycler les mêmes figures pour ses personnages : Valérian ayant la même tête que John Silver / Jack Stanton, et Vivan Hasting / Laureen pour Laureline.
Mission accomplie donc. Agents Valérian et Laureline au rapport, monsieur !
Autant le dire tout de suite, je n'avais jamais entendu parler de Valérian avant le battage fait autour du film de Besson que, par ailleurs, je ne suis pas allé voir. J'ai donc abordé ce one-shot sans connaissance ni a priori sur les personnage et le potentiel de l'histoire, attiré par le duo d'auteurs aux commandes.
Je me suis régalé.
Wilfrid Lupano nous offre un scénario délirant, dans lequel Valérian et Laureline vont tomber de Charybde en Scylla galactique, bien aidé en cela par leurs amis les Shingouz. L'action rebondit perpétuellement, c'est drôle, vif et surprenant.
Mathieu Lauffray est fidèle à lui-même, avec un trait des plus dynamique, toujours très vivant, même si cette parodie est probablement moins propice au grandiose que d'autres séries (Long John Silver pour n'en citer qu'une).
J'ai sans doute manqué quelques références, mais cela n'est absolument pas gênant et ne gâche en rien le plaisir ressenti à la lecture de cet opus. Mon seul regret étant qu'il n'appelle pas de suite.
Je recommande fortement la lecture.
Sur le tome de Larcenet
L’album souffre de la comparaison avec le suivant (que j’ai lu avant donc).
C’est un pastiche sympathique mais le trait un peu gras et caricatural de Larcenet ne flatte pas autant mes rétines que celui de Lauffray. Idem pour l’humour qui est un peu plus lourd.
Bref, deux albums, deux style différents. J’en ai trouvé un génial et l’autre seulement sympathique. En dessous, même si très correct pour ce genre de reprise.
Un très joli conte macabre (enfin, dans le dessin) qui m'a rappelé un peu la BD Billy Brouillard. Avec un petit scénario pas mal du tout (j'aime vraiment beaucoup la façon dont l'auteure joue sur les expressions françaises), et qui, s'il ne révolutionne pas l'originalité, m'a surpris sur la fin et la façon de se conclure.
C'est le genre de petite BD que j'aime beaucoup tout simplement parce que c'est mignon tout plein et qu'on navigue dans un univers bien personnel, mais avec un message bien agréable à lire. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je vous le recommande.
Encore une très belle BD de l'auteure, qui allie ici encore une métaphore très belle et une application à la lettre d'une expression. Je crois que je vais me pencher sur ce qu'elle a fait d'autre, si elle nous pond des petites merveilles comme celle-là chaque fois.
Le scénario est encore une fois excellent, avec ce jeune garçon cherchant un vent capable de soulever les montagnes. C'est parfaitement bien raconté, avec une belle fin et une morale très correcte. Je ne sais pas comment le prendraient des enfants, mais pour un adulte ça plait beaucoup.
Et le dessin n'est pas en reste, moi qui ne suit pas très fan de ce genre justement. Le dessinateur fait quelque chose de très agréable à l’œil, qui arrive à mélanger l'influence du conte et celle de la BD, dans un mix des genres qui a de belles mises en pages. C'est agréable à regarder, et j'ai pris de plaisir à le lire.
C'est encore une fois une belle BD, que j'ai hâte de faire découvrir à des enfants. Pour leur donner envie de continuer, une fois plus grand ...
Pourquoi déroger à la moyenne, quand c'est bon c'est bon ! Et ce Aristide broyant du noir apporte beaucoup d'excellentes idées. Je n'ai rien regretté, ni l'achat, ni ma lecture, et ni ma relecture.
C'est une histoire comme j'adore lire, et que j'espère pouvoir faire lire aux enfants. Rien que le dessin vaut le coup d’œil et confère une bonne petite atmosphère au récit. C'est bien dessiné, avec des déformations en tout sens et des couleurs bien appropriées.
Et le scénario, servi par un ensemble de rimes qui donnent un rythme au texte, on assiste à l'histoire bien originale de ce Aristide. C'est un beau mélange de conte noir et de fable. C'est fantastique, mais bien fait, et on comprend les petites métaphores derrière.
Une BD qui est à lire, et si vous avez des enfants, c'est vraiment quelque chose que vous pouvez acheter les yeux fermés.
Je me retrouve quasiment intégralement dans l’avis de Mac Arthur.
D’abord dans ses préventions. Moi non plus, je ne suis pas fan de l’œuvre de Bastien Vivès – même si j’ai bien aimé certaines de ses productions (comme Pour L'Empire). Je ne suis pas non plus friand de roman graphique.
Mais, comme Mac Arthur, je dois dire que la manière qu’a eu Vivès de traiter un sujet assez casse gueule m’a convaincu. Pas de provoc, ni de longueurs niaiseuses, les premiers émois amoureux, jusqu’aux premières expériences « physiques » sont ici bien amenés.
Peu de dialogues, cela se laisse lire facilement et rapidement. Peu de cases non plus – et celle-ci sont épurées. Comme une partie des visages d’ailleurs (c’est souvent le cas chez Vivès – et je ne suis pas fan du procédé).
Sur le thème des amours de vacances, et des amours adolescentes, ce « Une sœur » est plutôt une réussite.
Même si je ne sais pas si je le relirai (je l’ai emprunté, et ce n’est a priori pas le genre de chose que j’achète), c’est quand même un album que les amateurs de roman graphique peuvent acheter.
Note réelle 3,5/5.
western 2.0
En le feuilletant dans la librairie , je suis tombée sur une page où un type maigre à la chevelure blanche, tout vêtu de blanc, dans le costume du gentleman sudiste est en train de pisser sur une tombe. Autour de lui, la lumière chaude passe à travers les arbres, le ciel bleu, derrière les peupliers... C'est une aquarelle légère appliquée sur un cerné élastique et réaliste.
En contraste: le héros au nom juif porte un pantalon noir enfoncé dans des bottes brunes. Son air perché, sa coiffure dégarnie peu flatteuse, son admiration pour Victor Hugo, tout le conforte dans son rôle sombre et marginal: enterrer les morts.
Pour le reste tout a été dit dans les avis précédents: l'undertaker fashion (assez inexplicable) qui prend ici une tournure inattendue (littéraire voire polarde) , l'hésitation dans le classement parmi les westerns (un western sans la soif), la qualité de construction du scénario, l'étrangeté du personnage principal mais aussi de son alter-égo blond... Comme si deux personnages contemporains débarquaient dans "Le bon, la brute et le truand", par exemple James Dean et Daroussin jeune...
A boire sans modération.
Pour le tome deux : Stern à cours de livre, part à la ville à la recherche d'un bon roman. Mais évidemment, le pèquenaud fossoyeur va vite être remarqué, et le passé va le rattraper sauvagement. Bizarrement ce tome-là est plus conventionnel (bagarres, saloons, flingues et compagnie) mais l'apparition de l'homosexualité apporte une petite touche contemporaine pas désagréable, mais qui finira par devenir convenue avec le recul. (jamais on n'aurait vu ça dans Jerry Spring, ni même dans Blueberry...)
,
Le texte ici adapté est un grand classique de la littérature – et un très beau texte d’Oscar Wilde. Ne pas trahir le texte garantit déjà d’une lecture intéressante.
Le basculement de Dorian Gray vers le mal, après qu’il eut fait une sorte de pacte, s’affirmant prêt à tout pourvu qu’il reste aussi jeune et brillant que le portrait de lui qu’un ami artiste a réalisé, est intéressant. Même si ici c’est un peu brutal et sans nuance – comme l’est la transformation du portrait, qui vieillit et absorbe le mal qu’exhale Dorian, qui lui reste jeune, tout en commettant crimes sur crimes.
Comme toujours pour les publications de l’éditeur- galeriste Daniel Maghen, le travail éditorial est soigné, et le dessin de Corominas est beau. Mais je l’ai trouvé un peu maniéré.
C’est la deuxième adaptation en Bande Dessinée de ce roman que je lis, après Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde. Toutes deux sont réussies, mais j’avoue une préférence pour la version de Stanislas Gros, avec un dessin sans doute moins « beau », mais que j’ai trouvé plus efficace (comme j’avais trouvé un chouia plus équilibré son adaptation).
Il n’en reste pas moins que ces deux albums sont recommandables.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
La Lame et la Croix
Moi j'aime bien, ce diptyque a un goût de roman de cape et d'épées plutôt sympa. J'y ai retrouvé l'atmosphère des vieux films d'antan ou ça ferraillait à tout va. Pour être plus précis j'ai retrouvé le goût des romans d'Arturo Perez Reverte où il nous conte les aventures du capitaine Alatriste. Période alambiquée s'il en est que cette guerre de Trente ans, tellement complexe d'ailleurs qu'elle n'est pratiquement pas étudiée dans nos collèges et lycées, tout juste évoquée en filigrane. Alors oui pour bien goûter tout le sel de cette BD il faut faire un effort, ça cause beaucoup mais pour peu que l'on veuille bien, les choses ne sont pas si complexes et je tire d'ailleurs mon chapeau à Stefano Casini pour le travail de "vulgarisation" qu'il a fait pour rendre cette histoire certes dense aussi compréhensible que possible. Dans ce foisonnement de personnages son découpage dynamique est suffisamment aéré pour aider à la compréhension des choses. L'avis de mes prédécesseurs ne porte que sur le premier tome alors si je m'étais arrêté là moi aussi j'aurais sans doute pensé que c'était touffu et peut être n'aurais je pas lu la suite. Mais voilà il se trouve que j’ai acquis les deux tomes dans un vide grenier à un prix fort correct et ma lecture s'est donc faite rapidement dans la globalité souhaitée par l'auteur. Et c'est du tout bon messieurs dames, ça virevolte mais pas que, ça complote, encore une fois bravo à S. Casini pour avoir rendu clair sinon limpide cet écheveau où se croisent les royaumes et duchés de l'Allemagne, les guerres hispano-bataves sans oublier notre bon cardinal de Richelieu. Le dessin me convient parfaitement, je n'ai pas été gêné par la colorisation qui faisait fuir le Grand A. Un beau récit d'aventure où plane forcément l'ombre d'une romance contrariée, une lecture divertissante que je recommande.
Fatalitas
A la veille de leur incorporation au service militaire trois potes marseillais commettent un vol chez la personne qu'il ne fallait pas. Ces grands hâbleurs un peu couillons se retrouvent enrôlés de force dans les terribles bataillons d'Afrique, les Bat d'Af. C'est là qu'il tombent sur le sergent forcément sadique qui va leur en faire baver plus que de raison. Dés lors c'est à la mise en place de la vengeance à laquelle nous assistons. C'est un très bon scénario qui tient en haleine le lecteur jusqu'au dernières cases. Des personnages échappés des vieux films noirs des années 40 avec une psychologie fouillée. L'intrigue est haletante et l'on ne lâche plus l'affaire une fois le truc entamé. Le dessin n'est pas mal, en tous cas il est en adéquation avec l'histoire et les personnages possèdent les tronches et gueules idoines. Pour moi c'est une belle découverte qui m'a fait penser au "Chéri Bibi" de ma jeunesse. A lire sans modération.
Valérian - Shingouzlooz.Inc
Mises à part diverses anecdotes et les inspirations qu’elle a suscitées, je n’ai jamais lu Valérian et n’en connais que le film écrit et réalisé par Luc Besson. Cela m’a au moins permis de juger l’album en lui-même sans avoir besoin de me référer sans cesse au matériau d’origine en cherchant les points de divergences, ce que j’aurai trouvé mieux ou moins bon. N’y allons pas par quatre chemins, je me suis beaucoup amusé. Je m’attendais à un space opera ou du moins à ce que le gros du récit soit tourné vers le space opera, j’ai lu une bd humoristique sur fond de SF. C’est une histoire d’imbroglio juridique où les shingouz ont encore merdé. Cette clique de créatures gaffeuses qui ne manquent pas de malice pour arnaquer le chaland, que je trouvais déjà extrêmement sympathiques dans le film, s’est retrouvée par un heureux hasard en possession de la planète Terre avant que la roue de la fortune ne tourne et que les droits de propriétés ne tombent entre les mains d’un autre charognard boursicoteur. Cette idée de capitalisme étendue et jusqu’au boutisme dans la SF m’a toujours fait sourire quand elle est traitée avec un humour ironique ou absurde comme ici. Une idée selon laquelle on puisse jouer en bourse de façon tout à fait légale avec des planètes et leurs ressources naturelles (ceux qui ont vu Oblivion, H2G2...), en négligeant la vie des créatures autochtones rangées dans la colonne des dégâts collatéraux. On touche à l’humour d’un Terry Gilliam dans Brazil et de façon plus similaire le film Jupiter Ascending, où l’héroïne interprétée par Mila Kunis se retrouve propriétaire d’un amas de planètes dont la Terre mais doit en passer par l’administration et ses longues files et heures d’attente pour valider ses titres de propriété. La drôlerie de la situation n’en est pas moins alarmante car on parle de choses virtuelles qui ont des conséquences graves sur le réel lorsqu’elles échappent à tout contrôle. Heureusement qu’il y a donc Valérian et Laureline nos deux super agents spatio-temporel pour tenter de résoudre ce schmilblick. Le premier tente de harponner un gros poisson de la finance, au sens propre comme au figuré (l’humour de Lupano encore une fois se fait pinçant à propos des paradis fiscaux), tandis que la seconde apporte la touche d’action qu’on est en droit d’attendre. D’ailleurs même si je n’ai pas trop apprécié la différence de traitement entre les protagonistes, Valérian passant pour un gros bêta la majorité du temps, la manière dont Laureline est mise en avant m’a bien plu en revanche. C’est elle qui prend les devants et monte au front tandis que c’est le héros masculin qui reste en arrière pour une fois. Les auteurs s’en tirent proprement avec un scénario qui ne s’emmêle pas les fils dans le piège du paradoxe temporel qui donne lieu à des incohérences qui ont tendance à me faire griller un fusible. Non ça se tient, c’est cohérent, sans gras rajouté, j’ai eu un peu peur que ce « petit cri de Higgs » n’aboutisse à rien mais on devrait toujours se rappeler du principe du fusil de Tchekhov. Cela se conclu sur un running gag des repris de justice shingouz, toujours dans les mauvais comme les bons coups (sans spoiler, est-ce volontaire de la part des auteurs ou non, j’ai ri comme une baleine sur la façon dont ils se foutent de Prometheus). Une histoire riche en péripéties pour un stand alone servi par des graphismes qualité full HD. Mathieu Lauffray apporte sa science des grands décors en pleine ou double page, il sait varier les registres entre mimiques comiques du quatuor Valérian / Shingouz, et partie musclée chaud patate avec Laureline qui se traîne monsieur Albert (MDR la 4L spatio-temporelle ! ça vaut bien la cabine téléphonique du Docteur Who). Il y a quelques pages gratuites sur Laureline qui se fait tour à tour figure féministe et icône/objet/bombe sexuelle (c’est Red Sonja en gros plan ? ), du bonbon pour les yeux. Peu importe si c’est du pur fan service, j’ai tout pris sans déplaisir : du mania de l’eau Sha-Oo inspiré par le ventripotent baron Harkonnen du cycle de Dune, au « Yoda shingouz » (big up du dessinateur qui se rappelle ses jeunes années où il illustrait les comics Star Wars pour l’éditeur Dark Horse ? Ou gentil retour de bâton à l’encontre de G. Lucas qui ne s’était pas gêné pour pomper ses idées chez Christin et Mézières tel un vil marsouin cosmique ? ). On pourrait juste lui reprocher de recycler les mêmes figures pour ses personnages : Valérian ayant la même tête que John Silver / Jack Stanton, et Vivan Hasting / Laureen pour Laureline. Mission accomplie donc. Agents Valérian et Laureline au rapport, monsieur !
Valérian - Shingouzlooz.Inc
Autant le dire tout de suite, je n'avais jamais entendu parler de Valérian avant le battage fait autour du film de Besson que, par ailleurs, je ne suis pas allé voir. J'ai donc abordé ce one-shot sans connaissance ni a priori sur les personnage et le potentiel de l'histoire, attiré par le duo d'auteurs aux commandes. Je me suis régalé. Wilfrid Lupano nous offre un scénario délirant, dans lequel Valérian et Laureline vont tomber de Charybde en Scylla galactique, bien aidé en cela par leurs amis les Shingouz. L'action rebondit perpétuellement, c'est drôle, vif et surprenant. Mathieu Lauffray est fidèle à lui-même, avec un trait des plus dynamique, toujours très vivant, même si cette parodie est probablement moins propice au grandiose que d'autres séries (Long John Silver pour n'en citer qu'une). J'ai sans doute manqué quelques références, mais cela n'est absolument pas gênant et ne gâche en rien le plaisir ressenti à la lecture de cet opus. Mon seul regret étant qu'il n'appelle pas de suite. Je recommande fortement la lecture. Sur le tome de Larcenet L’album souffre de la comparaison avec le suivant (que j’ai lu avant donc). C’est un pastiche sympathique mais le trait un peu gras et caricatural de Larcenet ne flatte pas autant mes rétines que celui de Lauffray. Idem pour l’humour qui est un peu plus lourd. Bref, deux albums, deux style différents. J’en ai trouvé un génial et l’autre seulement sympathique. En dessous, même si très correct pour ce genre de reprise.
Coeur de pierre
Un très joli conte macabre (enfin, dans le dessin) qui m'a rappelé un peu la BD Billy Brouillard. Avec un petit scénario pas mal du tout (j'aime vraiment beaucoup la façon dont l'auteure joue sur les expressions françaises), et qui, s'il ne révolutionne pas l'originalité, m'a surpris sur la fin et la façon de se conclure. C'est le genre de petite BD que j'aime beaucoup tout simplement parce que c'est mignon tout plein et qu'on navigue dans un univers bien personnel, mais avec un message bien agréable à lire. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je vous le recommande.
L'Homme Montagne
Encore une très belle BD de l'auteure, qui allie ici encore une métaphore très belle et une application à la lettre d'une expression. Je crois que je vais me pencher sur ce qu'elle a fait d'autre, si elle nous pond des petites merveilles comme celle-là chaque fois. Le scénario est encore une fois excellent, avec ce jeune garçon cherchant un vent capable de soulever les montagnes. C'est parfaitement bien raconté, avec une belle fin et une morale très correcte. Je ne sais pas comment le prendraient des enfants, mais pour un adulte ça plait beaucoup. Et le dessin n'est pas en reste, moi qui ne suit pas très fan de ce genre justement. Le dessinateur fait quelque chose de très agréable à l’œil, qui arrive à mélanger l'influence du conte et celle de la BD, dans un mix des genres qui a de belles mises en pages. C'est agréable à regarder, et j'ai pris de plaisir à le lire. C'est encore une fois une belle BD, que j'ai hâte de faire découvrir à des enfants. Pour leur donner envie de continuer, une fois plus grand ...
Aristide broie du noir
Pourquoi déroger à la moyenne, quand c'est bon c'est bon ! Et ce Aristide broyant du noir apporte beaucoup d'excellentes idées. Je n'ai rien regretté, ni l'achat, ni ma lecture, et ni ma relecture. C'est une histoire comme j'adore lire, et que j'espère pouvoir faire lire aux enfants. Rien que le dessin vaut le coup d’œil et confère une bonne petite atmosphère au récit. C'est bien dessiné, avec des déformations en tout sens et des couleurs bien appropriées. Et le scénario, servi par un ensemble de rimes qui donnent un rythme au texte, on assiste à l'histoire bien originale de ce Aristide. C'est un beau mélange de conte noir et de fable. C'est fantastique, mais bien fait, et on comprend les petites métaphores derrière. Une BD qui est à lire, et si vous avez des enfants, c'est vraiment quelque chose que vous pouvez acheter les yeux fermés.
Une Soeur
Je me retrouve quasiment intégralement dans l’avis de Mac Arthur. D’abord dans ses préventions. Moi non plus, je ne suis pas fan de l’œuvre de Bastien Vivès – même si j’ai bien aimé certaines de ses productions (comme Pour L'Empire). Je ne suis pas non plus friand de roman graphique. Mais, comme Mac Arthur, je dois dire que la manière qu’a eu Vivès de traiter un sujet assez casse gueule m’a convaincu. Pas de provoc, ni de longueurs niaiseuses, les premiers émois amoureux, jusqu’aux premières expériences « physiques » sont ici bien amenés. Peu de dialogues, cela se laisse lire facilement et rapidement. Peu de cases non plus – et celle-ci sont épurées. Comme une partie des visages d’ailleurs (c’est souvent le cas chez Vivès – et je ne suis pas fan du procédé). Sur le thème des amours de vacances, et des amours adolescentes, ce « Une sœur » est plutôt une réussite. Même si je ne sais pas si je le relirai (je l’ai emprunté, et ce n’est a priori pas le genre de chose que j’achète), c’est quand même un album que les amateurs de roman graphique peuvent acheter. Note réelle 3,5/5.
Stern
western 2.0 En le feuilletant dans la librairie , je suis tombée sur une page où un type maigre à la chevelure blanche, tout vêtu de blanc, dans le costume du gentleman sudiste est en train de pisser sur une tombe. Autour de lui, la lumière chaude passe à travers les arbres, le ciel bleu, derrière les peupliers... C'est une aquarelle légère appliquée sur un cerné élastique et réaliste. En contraste: le héros au nom juif porte un pantalon noir enfoncé dans des bottes brunes. Son air perché, sa coiffure dégarnie peu flatteuse, son admiration pour Victor Hugo, tout le conforte dans son rôle sombre et marginal: enterrer les morts. Pour le reste tout a été dit dans les avis précédents: l'undertaker fashion (assez inexplicable) qui prend ici une tournure inattendue (littéraire voire polarde) , l'hésitation dans le classement parmi les westerns (un western sans la soif), la qualité de construction du scénario, l'étrangeté du personnage principal mais aussi de son alter-égo blond... Comme si deux personnages contemporains débarquaient dans "Le bon, la brute et le truand", par exemple James Dean et Daroussin jeune... A boire sans modération. Pour le tome deux : Stern à cours de livre, part à la ville à la recherche d'un bon roman. Mais évidemment, le pèquenaud fossoyeur va vite être remarqué, et le passé va le rattraper sauvagement. Bizarrement ce tome-là est plus conventionnel (bagarres, saloons, flingues et compagnie) mais l'apparition de l'homosexualité apporte une petite touche contemporaine pas désagréable, mais qui finira par devenir convenue avec le recul. (jamais on n'aurait vu ça dans Jerry Spring, ni même dans Blueberry...) ,
Dorian Gray
Le texte ici adapté est un grand classique de la littérature – et un très beau texte d’Oscar Wilde. Ne pas trahir le texte garantit déjà d’une lecture intéressante. Le basculement de Dorian Gray vers le mal, après qu’il eut fait une sorte de pacte, s’affirmant prêt à tout pourvu qu’il reste aussi jeune et brillant que le portrait de lui qu’un ami artiste a réalisé, est intéressant. Même si ici c’est un peu brutal et sans nuance – comme l’est la transformation du portrait, qui vieillit et absorbe le mal qu’exhale Dorian, qui lui reste jeune, tout en commettant crimes sur crimes. Comme toujours pour les publications de l’éditeur- galeriste Daniel Maghen, le travail éditorial est soigné, et le dessin de Corominas est beau. Mais je l’ai trouvé un peu maniéré. C’est la deuxième adaptation en Bande Dessinée de ce roman que je lis, après Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde. Toutes deux sont réussies, mais j’avoue une préférence pour la version de Stanislas Gros, avec un dessin sans doute moins « beau », mais que j’ai trouvé plus efficace (comme j’avais trouvé un chouia plus équilibré son adaptation). Il n’en reste pas moins que ces deux albums sont recommandables.