Voici une œuvre méconnue qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.
Son identité visuelle peu commune peut en rebuter plus d’un. Il a le mérite de ne pas passer inaperçu. Ce côté faussement ‘brouillon’ m’a d’ailleurs séduit. De plus, il se trouve en parfaite adéquation avec les propos sombres du récit. Car il y est question de dévotion à un culte satanique (celui de Mithra) qui réclame des sacrifices humains. Le choix de l’époque historique n’est pas anodin car, au 3e siècle après JC, l’hégémonie de Rome se trouve menacée par les invasions barbares. En cette période de doutes et de troubles, il est facile de sombrer dans pareille déviance. Et c’est ce à quoi justement le récit s’attache à mettre en avant. Comment peut-on sombrer dans pareil abyme ? Quels en sont les rouages et les conséquences ? De ce point de vue, la narration est exemplaire. Mais il est vrai qu’il faut parfois s’accrocher car il n’est pas toujours aisé de reconnaître les différents protagonistes.
Une belle découverte.
Alors tout d'abord le postulat de départ :
Chine, 1910. Francisco DeGraaf assiste son père, Cristobald, dans la recherche d'un trésor légendaire. La clé de l'énigme résiderait dans une petite flûte blanche, que Cristobal DeGraaf étudie avec acharnement. Cette quête sans fin exaspère la mère de Francisco, qui se sent négligée. Francisco espère pourtant que la découverte du trésor réconciliera ses parents, déchirés par une méfiance réciproque. Un soir qu'il fuit une scène domestique, se réfugiant au bistrot, Francisco est abordé par un certain Evguéni qui le fait boire et parler de la quête de son père avant de l'abandonner ivre mort. À son réveil, Francisco se précipite chez lui : trop tard ! La maison et le laboratoire sont assiégés.
Très bonne surprise que cette BD !
-Tout d'abord le dessin est fluide, les traits sont fins et détaillés et l'ensemble bénéficie de couleurs parfaitement adaptées. Rien à redire !
-Le scénario : quelques pages à se mettre en route puis on plonge dans l'histoire, l'action augmente crescendo au fil des planches pour en arriver à un final surprenant qui saura éveiller notre curiosité. Il faut tout de même savoir que le début reste un peu brouillon et que pour l'instant, rien n'a vraiment avancé, l'histoire est juste posée, c'est pourquoi je pense que l'on peut s'attendre aux trois prochains tomes de cette série à une qualité bien supérieure, en tout cas c'est tout ce que je souhaite !
L’utilisation de la métaphore et de la parabole permettent de traiter de sujets forts que des exemples trop concrets rendraient polémiques. Dans ce cas, l’exclusion et la xénophobie seront les sujets traités. Evidemment, le propos tenu dans ce genre d’exercice flirte souvent avec le bon sentiment, la pensée unique, les raccourcis dévastateurs et la morale de quatre sous. Cet opus échappe à ces écueils classiques par le déplacement du sujet sur les poulets. Les poulets deviennent d’un coup capable de parler et de communiquer avec l’homme. Cela va bousculer l’ordre établi puisqu’un inférieur va tenter de devenir égal au grand prédateur de la planète.
Le récit nous présente les réflexions de la seconde génération, qui au cours de son parcours va reconstruire le chemin parcouru par les parents pour trouver un équilibre. Divers caractères nous seront présentés. En prenant prétexte de la perte du père, notre poulet héros principal va revivre par le journal de celui-ci le parcours l’ayant porté vers la situation actuelle. On y comprendra les différentes étapes de l’acceptation du poulet tout en vivant au quotidien la résistance de l’ancienne norme que des humains ne souhaiteront pas remettre en cause. Comprenez bien que pour nombre d’humain, voire un animal passer du statut de nourriture bon marché à égal devant la loi va être dur à digérer ! De fait nous allons revivre ces autodafés et ces groupuscules de la mort, voulant sauver l’espèce humaine de cette nouvelle menace sur leur suprématie. Devant vous va ce dérouler sur nos poulets en condensé tout ce que l’homme fait de pire à ses propres congénères au nom de la différence. Le clin d’œil grippe aviaire – solution finale diantrement bien exploité nous rappelle toujours devant une situation de poulet nombre d’atrocités commises sur d’autres hommes dans la vraie vie. Nous allons également toucher la propre xénophobie au sein des persécutés avec cette aberration que pourrait représenter l’amour entre un Homme et un poulet, l’auteur nous rappelle également que le combat du couple mixte se joue dans les deux milieux. Démonstration des relations entre les êtres, cet album parle aussi des relations entre proche et des incompréhensions et fausses idées que l’absence de communication fera naître.
Graphiquement, le trait en noir et blanc se veut précis et net. Le découpage classique ne m’a pas paru particulièrement créatif, mais donne au scénario un cadre crédible. Certaines scènes inégalement dessinées rendent le cours de la lecture non linéaire. L’auteur semble avoir sciemment rendu son trait moins précis au fur et à mesure de l’augmentation de la barbarie du discours. Les massacres en flash back font donc mal aux yeux, au contraire de certaines scènes actuelles plus léchées.
Au final, voici un gros album qui nous plongera au cœur du quotidien de la xénophobie. Le discours ici appliqué au poulet nous montre sans détours les méandres de l’espèce humaine dans ses sombres recoins. Le récit accompagne le lecteur dans un moment de réflexion. Mais le discours reste sans surprise, entendez qu’il n’y a rien de magique dans la dénonciation contenue dans l’album. Il s’agit peut être du seul défaut que je lui trouve, je n’ai rien appris à la fin. Certes l’album évite les écueils habituels, certes il apporte une touche de fraicheur, mais c’est insuffisant pour en faire un très bon album que j’aurai envie de relire. En fait j’aurai fort envie de le conseiller, mais je doute avoir envie de le relire. Cet album coup de cœur pour son contenu n’en demeure pas moins qu’un simple bon album que je n’ai pas envie de relire particulièrement.
J'ai bien aimé cet série qui m'attirait (car il y avait Joann Sfar au scénario et qu'elle se passait dans le monde antique).
L'histoire est assez sympathique, on nous présente Jérusalem au début du monde antique (vers l'an 0 d'après ce que j'ai pu comprendre dans les autres avis), où les juifs sont persécutés par les romains, même si certains font de la résistance. Je trouve les dialogues assez sympathiques ; les personnages emploient un vocabulaire moderne, ce qui assez drôle. Avec ce genre d'anachronisme, je pourrai faire le rapprochement avec Le Voyage des Pères que j'ai lu récemment, mais aussi à la série dont je suis fan et qui est très drôle : Kaamelott. Mais les dialogues sont bons aussi car j'aime beaucoup quand Sfar philosophe et développe des thèses sur la religion, je trouve ça drôle et intelligemment écrit.
Par contre, même si on suit avec plaisir les personnages et l'intrigue, le scénario n'est pas assez dense pour moi, et donc les trois albums se lisent vraiment trop vite, c'est dommage. Et puis, je trouve qu'il y a aussi quelque scènes qui sonnent faux (notamment la circoncision des galo-romains ).
Après, il est vrai que je ne connais pratiquement pas la culture liée à la religion juive ; quand on est comme moi, ces albums sont à la fois instructifs, on y découvre des traditions judaïques, mais on est aussi perdu dans cet « univers » inconnu.
De plus l’introduction ne présente pas vraiment les personnages, ce qui fait qu’on ne sait pas grand-chose d’eux (même si on réussi quand même à si attacher, à part Josué), et il y a un personnage qui à l'air vraiment bien travaillé et réfléchi : Adam de la genèse (et ses serpents), j'attends de voir son évolution dans la suite de la séire.
Le dessin dans les deux premiers tomes, est plutôt simple, jouant avec les ombres, et fait assez vieillot mais est aussi assez réaliste ; je le trouve très lisible, assez sophistiqué, même si il est un peu figé. C’est assez sympa, les couleurs elles sont plutôt jolies.
La narration, un gaufrier de 6 cases, paraît un peu trop simple, pas assez recherché ; mais elle est adaptée au récit, les cadrages eux sont bons.
Le trait est moins gras dans le troisième tome, beaucoup moins gras et épais aussi, mais il y a aussi beaucoup plus de détails. Les cases sont un peu plus chargées sur les "textures" (je pense aux buissons ou aux briques par exemple). Et ce qui ne change pas, c'est les expressions du petit Gamaliel que je trouve toujours aussi criante de vérité.
Bref, avant j'aimais bien le dessin, maintenant je l'adore.
On termine le troisième tome, en plein suspens... Par contre, ça fait 8 ans qu'il n'y a pas de suite à la série, j'espère qu'elle n'est pas abandonnée.
Mise à jour de l'avis pour les tomes 1 à 4.
Voici une série qui surfe entre le conte, la fantasy et l’aventure, le tout accompagné par une petite dose d’humour et une bonne part de drame, les deux derniers tomes étant les plus noirs.
J’apporte d’abord une petite précision, car sur le site Casterman j’ai lu que « les tomes peuvent être lus indépendamment », comment un éditeur peut-il se tromper sur ce qu’il vend ? Le premier tome peut se lire comme un one shot, mais les trois suivants forment une histoire complète qui fait suite à ce premier opus et qui clôt le récit mettant fin à toutes les intrigues.
Le fait que ce soit Vincent Pérez au scénario ne m’a pas dérangée, avec les artistes touche-à-tout on peut être méfiant, mais le résultat est plutôt à la hauteur et il rend un bel hommage à Miguel de Cervantes et à son Don Quichotte, on y trouve aussi d’autres références ou petits clins d’œil. La seule chose qui me chagrine c’est que ça se lit un peu vite, bien que la beauté des planches ralentisse notablement la vitesse de lecture. Le style de Tiburce Oger est un peu difficile à appréhender au début mais une fois passé ce cap il est presque impossible de s’en passer. J’adore les expressions de ses personnages et le jeu des corps, que ce soit de petits gros ou de grands élancés, leurs mouvements sont fluides et souvent amusants.
Seul le lettrage des Vikings a été un peu pénible à lire car un peu trop stylisé, heureusement cela ne concerne que quelques planches.
J’aimerais bien que Casterman fasse un joli coffret pour y mettre les bds, et même une suite si les auteurs ont d’autres idées.
Attention : perle !
Vous aimez les récits policiers mais n’avez lu de Conan Doyle que les grands classiques.
Vous êtes amateurs de trait clair et expressif.
Vous appréciez au passage un découpage posé ET rythmé.
Cette adaptation d’œuvres de Conan Doyle est faite pour vous.
… en tous les cas, elle est faite pour moi !
J’ai trouvé ici une série qui me parait très fidèle à l’œuvre originale. Et si je ne suis pas un spécialiste de Sherlock Holmes, ces albums m’ont donné l’envie de découvrir l’ensemble de l’œuvre. C’est vif, précis, bien mené, sobrement illustré (mais avec caractère et expressivité).
Des œuvres illustrées, je n’avais lu en version « roman » que le chien des Baskerville. Je ne sais si c’est un hasard, mais cette adaptation est celle que j’ai le moins appréciée, celle pour laquelle je dirais juste pas mal, sans plus. Les autres, que j’ai découvertes par le biais de ces bandes dessinées, m’ont purement et simplement passionné.
Mention spéciale au trait de Culbard. Bon, je suis convaincu que la majorité d’entre vous n’y trouveront rien de particulier mais je suis sous le charme de ce style sobre, clair, expressif, élégant et ultra classique. Un style qui convient parfaitement à ce genre d’œuvre.
Mention spéciale également au découpage. Il n’est pas évident d’adapter un roman au format d’une bande dessinée mais Ian Edginton fait montre d’une impressionnante maitrise du rythme dans la progression du récit. Ni temps mort, ni précipitation. Du grand art, tout simplement.
Cette série est vraiment TOP !
On s'attache aux personnages, se retrouve en eux , le père qui a abandonné, le beau père qui déprime, la mere débordée, l'adolescente qui ne sait plus où elle en est...
Lou grandit à chaque tome, ses amis et son environnement aussi. Ces bds sont très réalistes et trés bien.
Je les conseille aux ados.
Voilà voilà !
Je dirai même plus : Culte à 200% !!! Tout d'abord, un graphisme caligarien-baroque coloré à l’ancienne, wouhaaw il est impossible de ne pas se laisser séduire par ce chef d'oeuvre qui nous plonge dans un rêve merveilleux. Un feu d'artifice de formes et de couleurs, une bombe atomique ! L'artiste Alban Guillemois réalise ici du jamais vu en BD !
Tous parlent d'une reprise de "l'île mystérieuse" de Jules Verne, ok pour le point de départ de l'oeuvre, mais en fait, nous en sommes loin !!! L'auteur a incorporé dans un scénario, complètement hallucinant (digne des Monthy Python), des références contemporaines cinématographiques et télévisuels (je pense à Lost, à Retour vers le futur et aux chasses du comte Zaroff...) aussi parfois à la peinture "Picasso" et "Klimt" et à l'art de la magie (certains pourront reconnaître le "carton fantastique de Robert-Houdin" (célèbre magicien), exposé à la cinémathèque française). De l’esprit, du rêve et de la culture à revendre cette bande dessinée !
L'idée géniale demeure assurément dans la présence fantastique du dictateur communiste Kim Jong-Il qui prépare un complot contre l’Amérique capitaliste au moyen du triangle des Bermudes. L'arrivée du docteur Emmett Brown de "Princeton Univercity" et de son épouse Clara, tous deux de retour du futur ! Trop fort ! Il ne manquait plus que la présence du célèbre magicien et cinéaste Georges Méliès et de son équipage, une gentille princesse indienne, un officier allemand, un "jeune Werther" appelé Murnau et un chien savant, pour compléter ce tableau délirant et enfin comprendre que, nous lecteur, devons tenter l'aventure afin d'apprécier l'ampleur de cet ouvrage extraordinaire !
Ca sent bon la série très sympa ça...
L'éditeur invoque quelques oeuvres connues comme "marraines" de celle-ci, telles Harry Potter, Sa Majesté des Mouches, Neverwhere ou encore Stardust. Et c'est vrai qu'il y a de quoi, avec ce système de castes plus ou moins cruel dans ce pensionnat visiblement pas comme les autres... Ces enfants qui cachent tous ou presque un pouvoir, une fêlure ou une ambition secrète... Cet être éthéré qui apparaît la nuit à la petite Anna, seule... Cette chambre du suicidé qui forge sa légende parmi les élèves... La propension d'une partie de ceux-ci à faire des messes noires...
Pas forcément des éléments originaux, mais Antoine Dodé a le mérite de faire une bonne mayonnaise avec ces éléments, l'histoire se tient. J'ai eu un petit moment de flottement quand j'ai vu la quantité de personnages principaux ou secondaires (une douzaine) mais finalement, grâce à un passage où justement on nous en présente une petite partie, ça passe mieux. Ce passage n'est pas le plus adroit, mais bien utile.
Une série courte (3 tomes sont prévus), mais qui est bien plaisante pour l'heure. Un petit 3,5/5.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris de claque en BD. Voilà, c'est fait...
"Bleu est une couleur chaude" est d'une grande beauté graphique et narrative. Un dessin au trait fin parfaitement maîtrisé, un code couleur pour les flash-back. Vraiment, on s'en prend plein les mirettes !
Mais "Bleu est une couleur chaude" est avant tout une très belle histoire d'amour. Une histoire qui vous hape dès les premières pages. Une mort, un journal intime, une adolescente qui se cherche, qui se pose des questions, qui se trouve... qui trouve son âme sœur. C'est une femme, et alors...
Un album tout en sensibilité.
A lire, relire, faire découvrir...
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Labienus
Voici une œuvre méconnue qui mérite pourtant qu’on s’y attarde. Son identité visuelle peu commune peut en rebuter plus d’un. Il a le mérite de ne pas passer inaperçu. Ce côté faussement ‘brouillon’ m’a d’ailleurs séduit. De plus, il se trouve en parfaite adéquation avec les propos sombres du récit. Car il y est question de dévotion à un culte satanique (celui de Mithra) qui réclame des sacrifices humains. Le choix de l’époque historique n’est pas anodin car, au 3e siècle après JC, l’hégémonie de Rome se trouve menacée par les invasions barbares. En cette période de doutes et de troubles, il est facile de sombrer dans pareille déviance. Et c’est ce à quoi justement le récit s’attache à mettre en avant. Comment peut-on sombrer dans pareil abyme ? Quels en sont les rouages et les conséquences ? De ce point de vue, la narration est exemplaire. Mais il est vrai qu’il faut parfois s’accrocher car il n’est pas toujours aisé de reconnaître les différents protagonistes. Une belle découverte.
De Chair et d'Ecume
Alors tout d'abord le postulat de départ : Chine, 1910. Francisco DeGraaf assiste son père, Cristobald, dans la recherche d'un trésor légendaire. La clé de l'énigme résiderait dans une petite flûte blanche, que Cristobal DeGraaf étudie avec acharnement. Cette quête sans fin exaspère la mère de Francisco, qui se sent négligée. Francisco espère pourtant que la découverte du trésor réconciliera ses parents, déchirés par une méfiance réciproque. Un soir qu'il fuit une scène domestique, se réfugiant au bistrot, Francisco est abordé par un certain Evguéni qui le fait boire et parler de la quête de son père avant de l'abandonner ivre mort. À son réveil, Francisco se précipite chez lui : trop tard ! La maison et le laboratoire sont assiégés. Très bonne surprise que cette BD ! -Tout d'abord le dessin est fluide, les traits sont fins et détaillés et l'ensemble bénéficie de couleurs parfaitement adaptées. Rien à redire ! -Le scénario : quelques pages à se mettre en route puis on plonge dans l'histoire, l'action augmente crescendo au fil des planches pour en arriver à un final surprenant qui saura éveiller notre curiosité. Il faut tout de même savoir que le début reste un peu brouillon et que pour l'instant, rien n'a vraiment avancé, l'histoire est juste posée, c'est pourquoi je pense que l'on peut s'attendre aux trois prochains tomes de cette série à une qualité bien supérieure, en tout cas c'est tout ce que je souhaite !
Elmer
L’utilisation de la métaphore et de la parabole permettent de traiter de sujets forts que des exemples trop concrets rendraient polémiques. Dans ce cas, l’exclusion et la xénophobie seront les sujets traités. Evidemment, le propos tenu dans ce genre d’exercice flirte souvent avec le bon sentiment, la pensée unique, les raccourcis dévastateurs et la morale de quatre sous. Cet opus échappe à ces écueils classiques par le déplacement du sujet sur les poulets. Les poulets deviennent d’un coup capable de parler et de communiquer avec l’homme. Cela va bousculer l’ordre établi puisqu’un inférieur va tenter de devenir égal au grand prédateur de la planète. Le récit nous présente les réflexions de la seconde génération, qui au cours de son parcours va reconstruire le chemin parcouru par les parents pour trouver un équilibre. Divers caractères nous seront présentés. En prenant prétexte de la perte du père, notre poulet héros principal va revivre par le journal de celui-ci le parcours l’ayant porté vers la situation actuelle. On y comprendra les différentes étapes de l’acceptation du poulet tout en vivant au quotidien la résistance de l’ancienne norme que des humains ne souhaiteront pas remettre en cause. Comprenez bien que pour nombre d’humain, voire un animal passer du statut de nourriture bon marché à égal devant la loi va être dur à digérer ! De fait nous allons revivre ces autodafés et ces groupuscules de la mort, voulant sauver l’espèce humaine de cette nouvelle menace sur leur suprématie. Devant vous va ce dérouler sur nos poulets en condensé tout ce que l’homme fait de pire à ses propres congénères au nom de la différence. Le clin d’œil grippe aviaire – solution finale diantrement bien exploité nous rappelle toujours devant une situation de poulet nombre d’atrocités commises sur d’autres hommes dans la vraie vie. Nous allons également toucher la propre xénophobie au sein des persécutés avec cette aberration que pourrait représenter l’amour entre un Homme et un poulet, l’auteur nous rappelle également que le combat du couple mixte se joue dans les deux milieux. Démonstration des relations entre les êtres, cet album parle aussi des relations entre proche et des incompréhensions et fausses idées que l’absence de communication fera naître. Graphiquement, le trait en noir et blanc se veut précis et net. Le découpage classique ne m’a pas paru particulièrement créatif, mais donne au scénario un cadre crédible. Certaines scènes inégalement dessinées rendent le cours de la lecture non linéaire. L’auteur semble avoir sciemment rendu son trait moins précis au fur et à mesure de l’augmentation de la barbarie du discours. Les massacres en flash back font donc mal aux yeux, au contraire de certaines scènes actuelles plus léchées. Au final, voici un gros album qui nous plongera au cœur du quotidien de la xénophobie. Le discours ici appliqué au poulet nous montre sans détours les méandres de l’espèce humaine dans ses sombres recoins. Le récit accompagne le lecteur dans un moment de réflexion. Mais le discours reste sans surprise, entendez qu’il n’y a rien de magique dans la dénonciation contenue dans l’album. Il s’agit peut être du seul défaut que je lui trouve, je n’ai rien appris à la fin. Certes l’album évite les écueils habituels, certes il apporte une touche de fraicheur, mais c’est insuffisant pour en faire un très bon album que j’aurai envie de relire. En fait j’aurai fort envie de le conseiller, mais je doute avoir envie de le relire. Cet album coup de cœur pour son contenu n’en demeure pas moins qu’un simple bon album que je n’ai pas envie de relire particulièrement.
Les Olives noires
J'ai bien aimé cet série qui m'attirait (car il y avait Joann Sfar au scénario et qu'elle se passait dans le monde antique). L'histoire est assez sympathique, on nous présente Jérusalem au début du monde antique (vers l'an 0 d'après ce que j'ai pu comprendre dans les autres avis), où les juifs sont persécutés par les romains, même si certains font de la résistance. Je trouve les dialogues assez sympathiques ; les personnages emploient un vocabulaire moderne, ce qui assez drôle. Avec ce genre d'anachronisme, je pourrai faire le rapprochement avec Le Voyage des Pères que j'ai lu récemment, mais aussi à la série dont je suis fan et qui est très drôle : Kaamelott. Mais les dialogues sont bons aussi car j'aime beaucoup quand Sfar philosophe et développe des thèses sur la religion, je trouve ça drôle et intelligemment écrit. Par contre, même si on suit avec plaisir les personnages et l'intrigue, le scénario n'est pas assez dense pour moi, et donc les trois albums se lisent vraiment trop vite, c'est dommage. Et puis, je trouve qu'il y a aussi quelque scènes qui sonnent faux (notamment la circoncision des galo-romains ). Après, il est vrai que je ne connais pratiquement pas la culture liée à la religion juive ; quand on est comme moi, ces albums sont à la fois instructifs, on y découvre des traditions judaïques, mais on est aussi perdu dans cet « univers » inconnu. De plus l’introduction ne présente pas vraiment les personnages, ce qui fait qu’on ne sait pas grand-chose d’eux (même si on réussi quand même à si attacher, à part Josué), et il y a un personnage qui à l'air vraiment bien travaillé et réfléchi : Adam de la genèse (et ses serpents), j'attends de voir son évolution dans la suite de la séire. Le dessin dans les deux premiers tomes, est plutôt simple, jouant avec les ombres, et fait assez vieillot mais est aussi assez réaliste ; je le trouve très lisible, assez sophistiqué, même si il est un peu figé. C’est assez sympa, les couleurs elles sont plutôt jolies. La narration, un gaufrier de 6 cases, paraît un peu trop simple, pas assez recherché ; mais elle est adaptée au récit, les cadrages eux sont bons. Le trait est moins gras dans le troisième tome, beaucoup moins gras et épais aussi, mais il y a aussi beaucoup plus de détails. Les cases sont un peu plus chargées sur les "textures" (je pense aux buissons ou aux briques par exemple). Et ce qui ne change pas, c'est les expressions du petit Gamaliel que je trouve toujours aussi criante de vérité. Bref, avant j'aimais bien le dessin, maintenant je l'adore. On termine le troisième tome, en plein suspens... Par contre, ça fait 8 ans qu'il n'y a pas de suite à la série, j'espère qu'elle n'est pas abandonnée.
La Forêt
Mise à jour de l'avis pour les tomes 1 à 4. Voici une série qui surfe entre le conte, la fantasy et l’aventure, le tout accompagné par une petite dose d’humour et une bonne part de drame, les deux derniers tomes étant les plus noirs. J’apporte d’abord une petite précision, car sur le site Casterman j’ai lu que « les tomes peuvent être lus indépendamment », comment un éditeur peut-il se tromper sur ce qu’il vend ? Le premier tome peut se lire comme un one shot, mais les trois suivants forment une histoire complète qui fait suite à ce premier opus et qui clôt le récit mettant fin à toutes les intrigues. Le fait que ce soit Vincent Pérez au scénario ne m’a pas dérangée, avec les artistes touche-à-tout on peut être méfiant, mais le résultat est plutôt à la hauteur et il rend un bel hommage à Miguel de Cervantes et à son Don Quichotte, on y trouve aussi d’autres références ou petits clins d’œil. La seule chose qui me chagrine c’est que ça se lit un peu vite, bien que la beauté des planches ralentisse notablement la vitesse de lecture. Le style de Tiburce Oger est un peu difficile à appréhender au début mais une fois passé ce cap il est presque impossible de s’en passer. J’adore les expressions de ses personnages et le jeu des corps, que ce soit de petits gros ou de grands élancés, leurs mouvements sont fluides et souvent amusants. Seul le lettrage des Vikings a été un peu pénible à lire car un peu trop stylisé, heureusement cela ne concerne que quelques planches. J’aimerais bien que Casterman fasse un joli coffret pour y mettre les bds, et même une suite si les auteurs ont d’autres idées.
Une histoire illustrée de Sherlock Holmes
Attention : perle ! Vous aimez les récits policiers mais n’avez lu de Conan Doyle que les grands classiques. Vous êtes amateurs de trait clair et expressif. Vous appréciez au passage un découpage posé ET rythmé. Cette adaptation d’œuvres de Conan Doyle est faite pour vous. … en tous les cas, elle est faite pour moi ! J’ai trouvé ici une série qui me parait très fidèle à l’œuvre originale. Et si je ne suis pas un spécialiste de Sherlock Holmes, ces albums m’ont donné l’envie de découvrir l’ensemble de l’œuvre. C’est vif, précis, bien mené, sobrement illustré (mais avec caractère et expressivité). Des œuvres illustrées, je n’avais lu en version « roman » que le chien des Baskerville. Je ne sais si c’est un hasard, mais cette adaptation est celle que j’ai le moins appréciée, celle pour laquelle je dirais juste pas mal, sans plus. Les autres, que j’ai découvertes par le biais de ces bandes dessinées, m’ont purement et simplement passionné. Mention spéciale au trait de Culbard. Bon, je suis convaincu que la majorité d’entre vous n’y trouveront rien de particulier mais je suis sous le charme de ce style sobre, clair, expressif, élégant et ultra classique. Un style qui convient parfaitement à ce genre d’œuvre. Mention spéciale également au découpage. Il n’est pas évident d’adapter un roman au format d’une bande dessinée mais Ian Edginton fait montre d’une impressionnante maitrise du rythme dans la progression du récit. Ni temps mort, ni précipitation. Du grand art, tout simplement.
Lou !
Cette série est vraiment TOP ! On s'attache aux personnages, se retrouve en eux , le père qui a abandonné, le beau père qui déprime, la mere débordée, l'adolescente qui ne sait plus où elle en est... Lou grandit à chaque tome, ses amis et son environnement aussi. Ces bds sont très réalistes et trés bien. Je les conseille aux ados. Voilà voilà !
L'Ile aux Mille Mystères
Je dirai même plus : Culte à 200% !!! Tout d'abord, un graphisme caligarien-baroque coloré à l’ancienne, wouhaaw il est impossible de ne pas se laisser séduire par ce chef d'oeuvre qui nous plonge dans un rêve merveilleux. Un feu d'artifice de formes et de couleurs, une bombe atomique ! L'artiste Alban Guillemois réalise ici du jamais vu en BD ! Tous parlent d'une reprise de "l'île mystérieuse" de Jules Verne, ok pour le point de départ de l'oeuvre, mais en fait, nous en sommes loin !!! L'auteur a incorporé dans un scénario, complètement hallucinant (digne des Monthy Python), des références contemporaines cinématographiques et télévisuels (je pense à Lost, à Retour vers le futur et aux chasses du comte Zaroff...) aussi parfois à la peinture "Picasso" et "Klimt" et à l'art de la magie (certains pourront reconnaître le "carton fantastique de Robert-Houdin" (célèbre magicien), exposé à la cinémathèque française). De l’esprit, du rêve et de la culture à revendre cette bande dessinée ! L'idée géniale demeure assurément dans la présence fantastique du dictateur communiste Kim Jong-Il qui prépare un complot contre l’Amérique capitaliste au moyen du triangle des Bermudes. L'arrivée du docteur Emmett Brown de "Princeton Univercity" et de son épouse Clara, tous deux de retour du futur ! Trop fort ! Il ne manquait plus que la présence du célèbre magicien et cinéaste Georges Méliès et de son équipage, une gentille princesse indienne, un officier allemand, un "jeune Werther" appelé Murnau et un chien savant, pour compléter ce tableau délirant et enfin comprendre que, nous lecteur, devons tenter l'aventure afin d'apprécier l'ampleur de cet ouvrage extraordinaire !
Pierrot lunaire
Ca sent bon la série très sympa ça... L'éditeur invoque quelques oeuvres connues comme "marraines" de celle-ci, telles Harry Potter, Sa Majesté des Mouches, Neverwhere ou encore Stardust. Et c'est vrai qu'il y a de quoi, avec ce système de castes plus ou moins cruel dans ce pensionnat visiblement pas comme les autres... Ces enfants qui cachent tous ou presque un pouvoir, une fêlure ou une ambition secrète... Cet être éthéré qui apparaît la nuit à la petite Anna, seule... Cette chambre du suicidé qui forge sa légende parmi les élèves... La propension d'une partie de ceux-ci à faire des messes noires... Pas forcément des éléments originaux, mais Antoine Dodé a le mérite de faire une bonne mayonnaise avec ces éléments, l'histoire se tient. J'ai eu un petit moment de flottement quand j'ai vu la quantité de personnages principaux ou secondaires (une douzaine) mais finalement, grâce à un passage où justement on nous en présente une petite partie, ça passe mieux. Ce passage n'est pas le plus adroit, mais bien utile. Une série courte (3 tomes sont prévus), mais qui est bien plaisante pour l'heure. Un petit 3,5/5.
Le Bleu est une couleur chaude
Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris de claque en BD. Voilà, c'est fait... "Bleu est une couleur chaude" est d'une grande beauté graphique et narrative. Un dessin au trait fin parfaitement maîtrisé, un code couleur pour les flash-back. Vraiment, on s'en prend plein les mirettes ! Mais "Bleu est une couleur chaude" est avant tout une très belle histoire d'amour. Une histoire qui vous hape dès les premières pages. Une mort, un journal intime, une adolescente qui se cherche, qui se pose des questions, qui se trouve... qui trouve son âme sœur. C'est une femme, et alors... Un album tout en sensibilité. A lire, relire, faire découvrir...