"Pain d'Alouette" est donc la suite presque directe de L'Aigle sans orteils. Lax y continue sa longue métaphore filée entre les mineurs et les coureurs cyclistes, cette image populaire qui date des premières années du Tour (et du 20ème siècle). Une image bien écorchée avec les affaires de dopage et les coureurs nés avec une cuiller en argent dans la bouche de ces dernières années.
Pourtant l'amour du vélo reste intact, et son passage chez Futuropolis permet à l'auteur du Choucas de développer une intrigue bien plus détaillée, conjuguant plusieurs destins tous liés mais si différents. Au coeur de son histoire se trouve la petite Reine, que curieusement on ne voit pas trop, mais dont les origines conditionnent le titre de la série (et puis "petite Reine"... vous me suivez sur les pentes de l'esprit de l'auteur ?). Lax mène bien sa barque, ou plutôt sa bicyclette, faisant monter la tension et coïncider les évènements dans une histoire aux relents à la Zola (souvenez-vous de Germinal, influence revendiquée par Lax) vers un récit en plusieurs épisodes qui je l'espère va se révéler à la fois passionnant, intelligent et inoubliable.
La deuxième étape, dont le "sommet" est bien sûr la rencontre entre Elie et Reine, confirme les bonnes dispositions de l'auteur. Il s'avale très vite, presque comme un contre-la-montre, et l'on y voit un peu plus la mine où travaillent les Ternois, avec des scènes beaucoup plus poignantes. Ce second tome recèle probablement plus de moments d'action que le premier. Et même si la fin est un peu... précipitée à mon goût, il n'en reste pas moins que ce diptyque est vraiment bon.
Côté dessin, c'est mitonné aux petits oignons, réglé au millimètre, et troublant de réalisme, n'eussent été ces quelques visages en second plan pas assez travaillés pour être véritablement satisfaisants. Lax porte toutefois ses efforts sur les scènes d'importance, comme l'éventration de la nappe phréatique dans la mine ou la course cycliste. Du grand art.
A ma connaissance, aucune bande dessinée ne s’était encore penchée sur le génocide arménien, perpétré en 1915 en Turquie. Laurent Galandon, scénariste qui s’intéresse aux périodes sombres de l’histoire, s’y est donc attaqué, basé sur de nombreuses recherches. Pour ma part je ne sais rien de cet épisode, et c’est avec une grande curiosité que j’ai ouvert cette première moitié de diptyque. Comme souvent, le scénariste a décidé comme angle de vue le petit bout de la lorgnette, en l’occurrence l’histoire de ce garçon et de sa grande sœur, des Arméniens d’Anatolie qui se retrouvent, comme des milliers d’autres, déportés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le gouvernement turc a en effet décidé d’éradiquer cette ethnie chrétienne dans le silence. Un silence terriblement pesant dans les pages de Viviane Nicaise, qui adapte son découpage à ce rythme. Des grandes cases quand l’action n’avance pas, des cases plus serrées lors des scènes d’action (qui sont parfois violentes). Une violence abjecte, sans nom, qui s’exprime au travers de pillages, de tortures, de viols…
Mais le scénariste a décidé de ne pas se complaire dans cette violence, et simplement d’utiliser le regard de Dikran et Mayranouche, victimes muettes et innocentes. Loin cependant de stigmatiser les Turcs dans son ensemble, le scénariste s’efforce, au travers de la confrontation, ou plutôt du dialogue –pour l’(heure ténu- entre Dikran et le violoniste près de 70 ans plus tard… La construction est intéressante, mais je me pose la question de la durée de la série. Deux tomes, cela me semblait un peu juste pour raconter une telle histoire, mais Galandon réussit à y faire tenir beaucoup de choses, le second tome complétant de belle façon le premier. Nous avons plusieurs sauts dans le temps dans ce second tome, afin de bien clarifier la chronologie, et surtout le calvaire de Dikran qui souhaitait retrouver sa soeur. A ce titre, la fin, même si elle était relativement prévisible, m'a ému dans sa simplicité et son message d'espoir.
Côté dessin, c’est Viviane Nicaise, « vieille routarde » de séries policières et fantastiques chez Glénat, qui change de registre avec cette courte fresque historique. Son trait élégant et fin, dans une certaine tradition de la ligne claire, permet une lecture aisée des cases. Je soulignerai toutefois un côté un peu trop dépouillé sur certaines cases, ainsi qu’une petite erreur : en 1983, les télécommandes universelles n’existaient pas, me semble-t-il...
En définitive, un nouveau diptyque sur une période trouble de l’histoire de l’Europe (au sens large), joliment illustrée et racontée.
Quatre étoiles et pas d'achat conseillé ? Non, car le prix est quasiment prohibitif. Malgré la qualité indéniable de l'ouvrage et le fait qu'il compte de nombreuses pages, certaines sont superflues, l’histoire aurait gagné à être plus concentrée sans perdre en qualité, au contraire. Les passages vraiment drôles sont un peu trop distants les uns des autres, éloignés par des planches qui ne semblent être là que pour justifier le prix gonflé de la bd. De plus, j’attends de voir si la suite est à la hauteur de ce premier tome, si c’est le cas je changerai certainement d’avis et investirai dans la série.
Voilà pour ce qui fâche. Passons aux bons côtés des choses. Beaucoup dirons que le scénario ne recèle rien d’extraordinaire, ni d’innovant, et c’est vrai, mais son atout majeur se trouve dans sa galerie de personnages tellement attachante, aussi sympathiques qu’ils peuvent se révéler d’une délicieuse connerie.
Le mélange des genres est parfait, de l’humour et du roman graphique teinté de science-fiction. L’humour est excellent et comme je le dis plus haut aurait gagné à avoir une histoire moins longue ; le roman graphique n’est pas de ceux qui font pleurer dans les chaumières, le ton est plutôt décalé tout en gardant une certaine justesse et logique ; la science-fiction est légère et bien pensée, la façon dont les personnages se meuvent dans le temps est assez originale, simple et scientifiquement pas du tout abracadabrante.
Au final il n’y a aucune prise de tête, les personnages eux-mêmes ont décidé de ne pas se compliquer l’existence, tant que faire se peut, la lecture est fluide et frustrante à la fois, du fait de ne pas avoir la suite immédiatement.
Graphiquement je n’ai apprécié le style qu’au fil des pages, ce n’est ni beau ni laid, dans tous les cas ça s’accorde bien avec le scénario. Encore une fois j’aurais préféré un peu moins de planches et plus de peaufinage sur les autres.
En attendant la suite, ce premier opus est indubitablement à lire.
Une découverte au hasard d'une ballade en librairie et vraiment comblé par mon achat.
Ça commence par un coup de cœur sur la couverture, qui attire vraiment l'œil et suscite l'intérêt.
Ensuite, ce style, un peu manga, travaillé et soigné.
Et pour finir, le plus important je pense dans cet album, l'humour omniprésent. On rigole du début à la fin et c'est ce qui, je trouve, est important dans cette aventure.
Le scénario est bien foutu et reste original dans la mesure où il parle tout de même d'un gosse de 8 ans serial killer, mais, comme dit plus haut, ce que l'on retient, c'est la façon dont l'auteur nous fait rire à chaque page.
Vivement le tome 2.
Quelle claque mes amis !
Personnellement, j’ai trouvé tout ce que j’attendais de cette lecture : un récit construit avec rythme et finesse, une mise en page ultra-audacieuse, un graphisme varié et au final cohérent à l’ensemble, des personnages attachants et bien développés,… Seul léger bémol, j’ai trouvé que certains passages pouvaient paraître plus abstraits mais, en y regardant de plus prêt, leur signification nous apparaît plus clairement (par ex. le frère jumeau, son enfance ou son caractère à l’âge adulte). Suivre les déboires quelque peu autodestructeurs de cet architecte de talent m’a fait basculer, par moment, du bonheur au questionnement. Je lui attribue la note de « culte » car j’ai retrouvé des techniques audacieuses et habilement développées, qui m’ont parfois rappelé l’excellent L'Art Invisible.
Comme je l’ai déjà abordé, David Mazzucchelli a travaillé son album pour nous offrir un graphisme très abouti. La colorisation, les traits et la mise en page varient sans cesse pour mettre à profit tout ce que l’imagination, l’interprétation ou la suggestivité peuvent nous apporter. Du grand art !
En conclusion, je pense sincèrement que ce genre d’album marque de son empreinte la BD. Il ne peut laisser indifférent, que ce soit dans le positif ou le négatif. Quoi qu’il en soit, je pense que cet épais one-shot ne restera pas fermé longtemps dans ma bibliothèque. Essayez cette expérience, vivez-la, je ne peux que vous le conseiller !
Le coup de patte, la couleur et les personnages m'ont fait tout de suite penser à Gine. J'ai retrouvé cette manière de donner du souffle au dessin dans le dessin de Fabrice Lamy.
L'histoire manque d'originalité, par contre le scénario est très bien ficelé avec un tempo excellent dans la narration. Je regrette la dernière page qui n'est pas à la hauteur du reste de l'histoire.
Dommage aussi que le plus moche dans cette bd soit la première de couverture.
Alors alors, pour mon premier avis sur bdtheque, il fallait que ce soit un coup de coeur, forcément... Et quel coup de coeur!
Déja, à la découverte de l'objet sur bdtheque, je me suis douté que ca me plairait et l'attente de quelques jours seulement fût des plus longues (surtout quand on sait que le magasin l'a reçu en stock mais qu'il traîne parmis les 4 palettes de mise en rayon en attente ;) ).
Bref, venons en au fait : pour faire court, le dessin et des plus agréables, c'est frais, enthousiasmant et ça donne le smile à la vie.
J'adore le style graphique, sobre, mi griffoné, mi travaillé. J'aime beaucoup le côté croquis mais on sent que c'est travaillé, moins brut de décoffrage que le style "blog". Le noir et blanc passe bien, seul ce rose/rouge fait ressortir le détail souvent émouvent de la scénette...
Et de l'émotion, il y en a... Enfin moi ça me parle car c'est un peu ma philosophie. L'auteur nous montre que la vie nous offre tous les jours des moments uniques, à nous seulement de nous en rendre compte et d'en profiter! C'est ce que j'aime dans cette BD, les émotions ressenties à travers des moments insignifiants mais qui peuvent être tellement uniques / beaux / inoubliables si seulement on sait en profiter...
Une BD à lire en se laissant aller, en prenant conscience de la beauté de la vie, une ode au bonheur ;) bon oui j'exagère un peu, mais y'a un peu de ça, après la lecture, on repart avec le smile et peut-être envie de profiter un peu plus de la vie!
C'est la claque du moment !
Alors bien sûr, les gros fans du genre ne pourront s'empêcher de penser à Okko en lisant cette série, puisque toutes deux puisent dans le même vivier, à savoir les légendes du Japon médiéval, et qu'elles le traitent de façon à la fois originale et respectueuse.
Pour en revenir à cette "Légende des nuées écarlates", Tenuta a su insuffler une énergie incroyable à sa série. D'abord sur le plan visuel, où toutes ses cases sont ciselées, dorées à l'or fin, techniquement très léchées. Chaque page est un véritable régal pour les yeux. Je trouvais les visages un peu bâclés dans les premières pages, mais cette impression s'estompe très vite : c'est du grand art. Ca baisse un peu de niveau dans le dernier tome, où les visages me semblent moins soignés, et le traitement de la couleur me semble écraser son trait. Mais le talent est là. Il y a chez Tenuta un talent immense, qui trouve en ces contrées glacées et désolées un terrain idéal pour s'exprimer. Et le Japon médiéval est un terreau fertile pour faire pousser les meilleures plantes.
Sur le plan de l'histoire, c'est aussi très bien maîtrisé, puisque les nuées écarlates gardent une grande partie de leur mystère, l'auteur les utilisant avec parcimonie, s'attardant sur les trois personnages principaux de l'histoire : Meiki, Reida et Ryin. Et cette écriture : de la pure poésie. Un grand bravo à la traductrice, même si là encore sur le dernier tome, il me semble que ça faiblit, la fin me semble un peu brouillonne.
Au final, un petit 4/5, conservé de justesse grâce à trois très bons premiers tomes.
Ce comics a le bon goût d'être un batman (et j'adore batman) et un Alan Moore. Même si je connais assez peu Batman en comics (j'ai quelques bimensuels que j'aime beaucoup), je n'ai pas lu les grands classiques tel "Year One" et autres.
L'histoire n'est pas forcément très originale, Le joker qui s'échappe d'Arkham et Batman qui le poursuit et le rattrape, bref rien de spectaculaire en soit. Mais en le lisant quelle claque! Les dessins sont magnifiques, les textes fantastiques : on a un Joker dans toute sa folle splendeur.
J'ai mis énormément de temps avant de me décider à m'acheter ce comics, 15€ pour une cinquantaines de pages (c'est le triple d'un magazine comics avec plus de pages) c'est affreusement cher... Mais j'ai presque envie de dire que l'histoire est tellement énorme que ça se justifie.
Sous un aspect "série à thème", le scénariste dessinateur raconte son enfance en se référant à la bd "classique', celle de Dupuis. C'est une grande performance car il n'y pas de nostalgie du point de vue formel mais plutôt renouvellement et le ton est à la fois léger, humoristique mais néanmoins fidèle à un vécu qui, comme toute enfance, n'est pas toujours facile. Par ailleurs, c'est une plongée avec bouteille dans les années 1990 / 2000 et dès que l'on remonte à la surface, on est pressé d'y retourner ! Bravo et j'attends la suite !
Jean Hascoet
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Pain d'Alouette
"Pain d'Alouette" est donc la suite presque directe de L'Aigle sans orteils. Lax y continue sa longue métaphore filée entre les mineurs et les coureurs cyclistes, cette image populaire qui date des premières années du Tour (et du 20ème siècle). Une image bien écorchée avec les affaires de dopage et les coureurs nés avec une cuiller en argent dans la bouche de ces dernières années. Pourtant l'amour du vélo reste intact, et son passage chez Futuropolis permet à l'auteur du Choucas de développer une intrigue bien plus détaillée, conjuguant plusieurs destins tous liés mais si différents. Au coeur de son histoire se trouve la petite Reine, que curieusement on ne voit pas trop, mais dont les origines conditionnent le titre de la série (et puis "petite Reine"... vous me suivez sur les pentes de l'esprit de l'auteur ?). Lax mène bien sa barque, ou plutôt sa bicyclette, faisant monter la tension et coïncider les évènements dans une histoire aux relents à la Zola (souvenez-vous de Germinal, influence revendiquée par Lax) vers un récit en plusieurs épisodes qui je l'espère va se révéler à la fois passionnant, intelligent et inoubliable. La deuxième étape, dont le "sommet" est bien sûr la rencontre entre Elie et Reine, confirme les bonnes dispositions de l'auteur. Il s'avale très vite, presque comme un contre-la-montre, et l'on y voit un peu plus la mine où travaillent les Ternois, avec des scènes beaucoup plus poignantes. Ce second tome recèle probablement plus de moments d'action que le premier. Et même si la fin est un peu... précipitée à mon goût, il n'en reste pas moins que ce diptyque est vraiment bon. Côté dessin, c'est mitonné aux petits oignons, réglé au millimètre, et troublant de réalisme, n'eussent été ces quelques visages en second plan pas assez travaillés pour être véritablement satisfaisants. Lax porte toutefois ses efforts sur les scènes d'importance, comme l'éventration de la nappe phréatique dans la mine ou la course cycliste. Du grand art.
Le Cahier à fleurs
A ma connaissance, aucune bande dessinée ne s’était encore penchée sur le génocide arménien, perpétré en 1915 en Turquie. Laurent Galandon, scénariste qui s’intéresse aux périodes sombres de l’histoire, s’y est donc attaqué, basé sur de nombreuses recherches. Pour ma part je ne sais rien de cet épisode, et c’est avec une grande curiosité que j’ai ouvert cette première moitié de diptyque. Comme souvent, le scénariste a décidé comme angle de vue le petit bout de la lorgnette, en l’occurrence l’histoire de ce garçon et de sa grande sœur, des Arméniens d’Anatolie qui se retrouvent, comme des milliers d’autres, déportés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le gouvernement turc a en effet décidé d’éradiquer cette ethnie chrétienne dans le silence. Un silence terriblement pesant dans les pages de Viviane Nicaise, qui adapte son découpage à ce rythme. Des grandes cases quand l’action n’avance pas, des cases plus serrées lors des scènes d’action (qui sont parfois violentes). Une violence abjecte, sans nom, qui s’exprime au travers de pillages, de tortures, de viols… Mais le scénariste a décidé de ne pas se complaire dans cette violence, et simplement d’utiliser le regard de Dikran et Mayranouche, victimes muettes et innocentes. Loin cependant de stigmatiser les Turcs dans son ensemble, le scénariste s’efforce, au travers de la confrontation, ou plutôt du dialogue –pour l’(heure ténu- entre Dikran et le violoniste près de 70 ans plus tard… La construction est intéressante, mais je me pose la question de la durée de la série. Deux tomes, cela me semblait un peu juste pour raconter une telle histoire, mais Galandon réussit à y faire tenir beaucoup de choses, le second tome complétant de belle façon le premier. Nous avons plusieurs sauts dans le temps dans ce second tome, afin de bien clarifier la chronologie, et surtout le calvaire de Dikran qui souhaitait retrouver sa soeur. A ce titre, la fin, même si elle était relativement prévisible, m'a ému dans sa simplicité et son message d'espoir. Côté dessin, c’est Viviane Nicaise, « vieille routarde » de séries policières et fantastiques chez Glénat, qui change de registre avec cette courte fresque historique. Son trait élégant et fin, dans une certaine tradition de la ligne claire, permet une lecture aisée des cases. Je soulignerai toutefois un côté un peu trop dépouillé sur certaines cases, ainsi qu’une petite erreur : en 1983, les télécommandes universelles n’existaient pas, me semble-t-il... En définitive, un nouveau diptyque sur une période trouble de l’histoire de l’Europe (au sens large), joliment illustrée et racontée.
Tombé du ciel
Quatre étoiles et pas d'achat conseillé ? Non, car le prix est quasiment prohibitif. Malgré la qualité indéniable de l'ouvrage et le fait qu'il compte de nombreuses pages, certaines sont superflues, l’histoire aurait gagné à être plus concentrée sans perdre en qualité, au contraire. Les passages vraiment drôles sont un peu trop distants les uns des autres, éloignés par des planches qui ne semblent être là que pour justifier le prix gonflé de la bd. De plus, j’attends de voir si la suite est à la hauteur de ce premier tome, si c’est le cas je changerai certainement d’avis et investirai dans la série. Voilà pour ce qui fâche. Passons aux bons côtés des choses. Beaucoup dirons que le scénario ne recèle rien d’extraordinaire, ni d’innovant, et c’est vrai, mais son atout majeur se trouve dans sa galerie de personnages tellement attachante, aussi sympathiques qu’ils peuvent se révéler d’une délicieuse connerie. Le mélange des genres est parfait, de l’humour et du roman graphique teinté de science-fiction. L’humour est excellent et comme je le dis plus haut aurait gagné à avoir une histoire moins longue ; le roman graphique n’est pas de ceux qui font pleurer dans les chaumières, le ton est plutôt décalé tout en gardant une certaine justesse et logique ; la science-fiction est légère et bien pensée, la façon dont les personnages se meuvent dans le temps est assez originale, simple et scientifiquement pas du tout abracadabrante. Au final il n’y a aucune prise de tête, les personnages eux-mêmes ont décidé de ne pas se compliquer l’existence, tant que faire se peut, la lecture est fluide et frustrante à la fois, du fait de ne pas avoir la suite immédiatement. Graphiquement je n’ai apprécié le style qu’au fil des pages, ce n’est ni beau ni laid, dans tous les cas ça s’accorde bien avec le scénario. Encore une fois j’aurais préféré un peu moins de planches et plus de peaufinage sur les autres. En attendant la suite, ce premier opus est indubitablement à lire.
La Vie de Norman
Une découverte au hasard d'une ballade en librairie et vraiment comblé par mon achat. Ça commence par un coup de cœur sur la couverture, qui attire vraiment l'œil et suscite l'intérêt. Ensuite, ce style, un peu manga, travaillé et soigné. Et pour finir, le plus important je pense dans cet album, l'humour omniprésent. On rigole du début à la fin et c'est ce qui, je trouve, est important dans cette aventure. Le scénario est bien foutu et reste original dans la mesure où il parle tout de même d'un gosse de 8 ans serial killer, mais, comme dit plus haut, ce que l'on retient, c'est la façon dont l'auteur nous fait rire à chaque page. Vivement le tome 2.
Asterios Polyp
Quelle claque mes amis ! Personnellement, j’ai trouvé tout ce que j’attendais de cette lecture : un récit construit avec rythme et finesse, une mise en page ultra-audacieuse, un graphisme varié et au final cohérent à l’ensemble, des personnages attachants et bien développés,… Seul léger bémol, j’ai trouvé que certains passages pouvaient paraître plus abstraits mais, en y regardant de plus prêt, leur signification nous apparaît plus clairement (par ex. le frère jumeau, son enfance ou son caractère à l’âge adulte). Suivre les déboires quelque peu autodestructeurs de cet architecte de talent m’a fait basculer, par moment, du bonheur au questionnement. Je lui attribue la note de « culte » car j’ai retrouvé des techniques audacieuses et habilement développées, qui m’ont parfois rappelé l’excellent L'Art Invisible. Comme je l’ai déjà abordé, David Mazzucchelli a travaillé son album pour nous offrir un graphisme très abouti. La colorisation, les traits et la mise en page varient sans cesse pour mettre à profit tout ce que l’imagination, l’interprétation ou la suggestivité peuvent nous apporter. Du grand art ! En conclusion, je pense sincèrement que ce genre d’album marque de son empreinte la BD. Il ne peut laisser indifférent, que ce soit dans le positif ou le négatif. Quoi qu’il en soit, je pense que cet épais one-shot ne restera pas fermé longtemps dans ma bibliothèque. Essayez cette expérience, vivez-la, je ne peux que vous le conseiller !
Trio Grande - Adios Palomita
Le coup de patte, la couleur et les personnages m'ont fait tout de suite penser à Gine. J'ai retrouvé cette manière de donner du souffle au dessin dans le dessin de Fabrice Lamy. L'histoire manque d'originalité, par contre le scénario est très bien ficelé avec un tempo excellent dans la narration. Je regrette la dernière page qui n'est pas à la hauteur du reste de l'histoire. Dommage aussi que le plus moche dans cette bd soit la première de couverture.
Souvenir de moments uniques
Alors alors, pour mon premier avis sur bdtheque, il fallait que ce soit un coup de coeur, forcément... Et quel coup de coeur! Déja, à la découverte de l'objet sur bdtheque, je me suis douté que ca me plairait et l'attente de quelques jours seulement fût des plus longues (surtout quand on sait que le magasin l'a reçu en stock mais qu'il traîne parmis les 4 palettes de mise en rayon en attente ;) ). Bref, venons en au fait : pour faire court, le dessin et des plus agréables, c'est frais, enthousiasmant et ça donne le smile à la vie. J'adore le style graphique, sobre, mi griffoné, mi travaillé. J'aime beaucoup le côté croquis mais on sent que c'est travaillé, moins brut de décoffrage que le style "blog". Le noir et blanc passe bien, seul ce rose/rouge fait ressortir le détail souvent émouvent de la scénette... Et de l'émotion, il y en a... Enfin moi ça me parle car c'est un peu ma philosophie. L'auteur nous montre que la vie nous offre tous les jours des moments uniques, à nous seulement de nous en rendre compte et d'en profiter! C'est ce que j'aime dans cette BD, les émotions ressenties à travers des moments insignifiants mais qui peuvent être tellement uniques / beaux / inoubliables si seulement on sait en profiter... Une BD à lire en se laissant aller, en prenant conscience de la beauté de la vie, une ode au bonheur ;) bon oui j'exagère un peu, mais y'a un peu de ça, après la lecture, on repart avec le smile et peut-être envie de profiter un peu plus de la vie!
La Légende des nuées écarlates
C'est la claque du moment ! Alors bien sûr, les gros fans du genre ne pourront s'empêcher de penser à Okko en lisant cette série, puisque toutes deux puisent dans le même vivier, à savoir les légendes du Japon médiéval, et qu'elles le traitent de façon à la fois originale et respectueuse. Pour en revenir à cette "Légende des nuées écarlates", Tenuta a su insuffler une énergie incroyable à sa série. D'abord sur le plan visuel, où toutes ses cases sont ciselées, dorées à l'or fin, techniquement très léchées. Chaque page est un véritable régal pour les yeux. Je trouvais les visages un peu bâclés dans les premières pages, mais cette impression s'estompe très vite : c'est du grand art. Ca baisse un peu de niveau dans le dernier tome, où les visages me semblent moins soignés, et le traitement de la couleur me semble écraser son trait. Mais le talent est là. Il y a chez Tenuta un talent immense, qui trouve en ces contrées glacées et désolées un terrain idéal pour s'exprimer. Et le Japon médiéval est un terreau fertile pour faire pousser les meilleures plantes. Sur le plan de l'histoire, c'est aussi très bien maîtrisé, puisque les nuées écarlates gardent une grande partie de leur mystère, l'auteur les utilisant avec parcimonie, s'attardant sur les trois personnages principaux de l'histoire : Meiki, Reida et Ryin. Et cette écriture : de la pure poésie. Un grand bravo à la traductrice, même si là encore sur le dernier tome, il me semble que ça faiblit, la fin me semble un peu brouillonne. Au final, un petit 4/5, conservé de justesse grâce à trois très bons premiers tomes.
Killing Joke (Batman - The Killing Joke/Rire et Mourir/Souriez !)
Ce comics a le bon goût d'être un batman (et j'adore batman) et un Alan Moore. Même si je connais assez peu Batman en comics (j'ai quelques bimensuels que j'aime beaucoup), je n'ai pas lu les grands classiques tel "Year One" et autres. L'histoire n'est pas forcément très originale, Le joker qui s'échappe d'Arkham et Batman qui le poursuit et le rattrape, bref rien de spectaculaire en soit. Mais en le lisant quelle claque! Les dessins sont magnifiques, les textes fantastiques : on a un Joker dans toute sa folle splendeur. J'ai mis énormément de temps avant de me décider à m'acheter ce comics, 15€ pour une cinquantaines de pages (c'est le triple d'un magazine comics avec plus de pages) c'est affreusement cher... Mais j'ai presque envie de dire que l'histoire est tellement énorme que ça se justifie.
Les Frangins
Sous un aspect "série à thème", le scénariste dessinateur raconte son enfance en se référant à la bd "classique', celle de Dupuis. C'est une grande performance car il n'y pas de nostalgie du point de vue formel mais plutôt renouvellement et le ton est à la fois léger, humoristique mais néanmoins fidèle à un vécu qui, comme toute enfance, n'est pas toujours facile. Par ailleurs, c'est une plongée avec bouteille dans les années 1990 / 2000 et dès que l'on remonte à la surface, on est pressé d'y retourner ! Bravo et j'attends la suite ! Jean Hascoet