Enfin ! des années après Trio Grande (Adios Palomita) et Wayne Redlake (500 fusils), le western spaghetti en bande dessinée vient de trouver son digne héritier avec Lupano, Salomone et Pieri.
Ce premier album d'une série prévue en 4 volumes, est franchement jubilatoire. Outre les personnages parfaitement campés, c'est le dessin de Paul Salomone qui m'a littérallement bluffé. Quel talent !
Personnages, trains, chevaux, décors et couleurs (signées Pieri) sont remarquables.
Les décors sont très soignés et, il faut vraiment l'avouer, ce dessinateur sait parfaitement mettre en valeur le personnage féminin de cette aventure, Margot. (ah ! que de vues plongeantes sur son superbe décolleté !)
Une histoire prenante où les bons et méchants ne sont pas là où on les attendait, des dialogues qui font mouches, et un dessin riche, précis, et d'une très grande beauté... que demander de plus à une bande dessinée, à part la suite.
Le premier tirage étant épuisé quelques semaines après sa sortie, prouve l'intérêt du public pour cet album.
Une véritable réussite.
Ce ne sont, peut être, pas ici les meilleurs planches que Mignola aura consacré à sa série Hellboy, mais cela équivaut déjà à une formidable démonstration de bande dessinée..
Le graphisme épuré, au bord de la bichromie, presque stylisé, l'utilisation virtuose des contrastes, des cases silencieuses mémorables, les cadrages cinématographiques aux petits oignons, les dialogues laconiques parfaitement dans le ton, un dessin parfois, devant lequel on tombe en arrêt.
L'auteur élevé aux super héros s'est nourri de Poe, de Lovecraft, de tout ceux dont se sont nourri ces auteurs, des sagas, de la bible et de l'ésotérisme, du folklore en général et de contes particuliers pour élaborer un univers sur lequel plane la menace biblique d'un anéantissement inéluctable. À moins que... Au-delà de son hallucinante maturité graphique, la force de Mignola réside dans l'invention d'une cosmogonie où peuvent cohabiter sans heurts l'Ancien Testament et la geste Arthurienne, l'Edda poétique et les contes Japonais, des vampires et des souris qui parlent, des nazis et quelques discrets extraterrestres, Raspoutine et des créatures lovecraftiennes...
Dans un enthousiasme communicatif l'auteur fait feu de tout bois, et on traverse de multiples histoires, brèves ou considérables, qui s'accordent petit à petit au destin complexe du héros. Envoyé sur Terre pour y déclencher l'apocalypse, Hellboy questionne sans cesse son libre arbitre, et s'emploie à briser la chaîne de sa destinée au fil de multiples rencontres qui le confrontent aux subtilités sinistres et indifférentes d'un monde surnaturel en déclin. Aux énigmes millénaires de la sorcellerie et de la féérie, Hellboy répond à coup de gnions et de répliques lapidaires - comme pour mieux marquer sa différence et son adhésion totale au parti des hommes.
L'ampleur du récit offre une variété de situations quasi inépuisable ; les flash-backs y sont nombreux, les "seconds rôles" très fouillés et l'action musclée savamment tempérée de pages parfois poétiques, et souvent épiques : influence sous-jacente des légendes et des mythologies du monde qui semblent être le point de départ de chacune des histoires de la série.
C'est du gros son.
Du très gros son.
PS : L'adaptation ciné parle vraisemblablement d'autre chose...
Voilà un bouquin que je ne me serais surement pas donné la peine d’acheter si on ne me l’avait offert. Non pas que je suis réfractaire aux histoires de vampire mais le genre me parait carrément surexposé en bande dessinée et il est peut être difficile de faire un choix à l’aveugle.
Si on rajoute le fait qu’il s’agisse d’une préquelle à une série que je ne connaissais pas non plus, à savoir Je suis Légion, le présent opus n’aurait clairement pas été mon choix initial…
La couverture sans être d’une originalité folle attire pourtant l’attention… Malgré la somme d’informations qui tombe dès les premières pages, on peut vite être captivés par cette lutte fratricide entre deux vampires dont les règles sont légèrement modifiées pour ce que l’on peut en deviner dans cette introduction. Visiblement leurs esprits ont la possibilité de changer d’enveloppe charnelle et ils ne souffrent pas des rayons du soleil.
Par ailleurs la soif de sang ne semble pas être au cœur des préoccupations ce qui ne retire en rien leur soif de vengeance et de violence car nul doute que la confrontation entre Vlad Tepes plus connu sous le sobriquet de Dracula et de son frère sera mouvementée….
La particularité de ce premier tome est de nous présenter les différentes générations et incarnations de ces demi-dieux, le tout est décrit par la voix off de chacun des deux protagonistes dans un découpage élégant de pages relayées par différents artistes au talent indéniable. La transition d’une époque à une autre se passe effectivement en douceur dans les mêmes tons ce qui rend l’objet moins choquant et contribue à la variété des situations. Le résultat est original et très plaisant à lire et on devine que le tout sera développé dans les opus suivants qui ne devraient pas prendre plus de deux ans à sortir, un bon point éditorial de plus.
L’histoire possède un petit coté Highlander pour le déroulement de l’histoire entre deux protagonistes sur plusieurs époques et de The Hidden, (épatante série B de la fin des années 80) pour le passage d’un corps à un autre donc à la limite pour un vieux briscard comme moi cela n’a rien d’original mais il en reste un charme vénéneux indiscutable que Fabien Nury semble savoir exploiter pour également se faire plaisir à lui-même.
Je n’ai aucun recul étant donné que je n’ai pas lu « Je suis Légion » ce qui ne saurait tarder mais pour l’heure cette chronique constitue une appétissante mise en bouche…
Comment décrire cette trilogie ?
Disons que c'est un mélange du "Désert des Tartares" de Buzzati en littérature en ce qui concerne une troupe de soldats qui versent dans l'ennnui en attendant l'ennemi qui ne vient pas, et du 300 de Frank Miller en BD pour l'aspect troupe d'élite entièrement dévouée à son chef, dure au mal et prête à mourir au combat.
Nous voilà ainsi plongé au coeur d'une troupe d'élite d'un Empire qui ressemble à s'y méprendre à l'Empire Romain. L'empire étant dominateur sur toutes les terres, il lui faut à présent explorer les mondes inconnus et il envoie pour ce faire une troupe d'élite.
Celle-ci croisera tour à tour un ennemi fuyant et une troupe d'amazones, et ce dans les deux premiers volumes.
Arrivée au frontières des mondes connus dans le troisième tome, la troupe est confrontée à un problème philosophique classique : la confrontation entre les données de la science et les croyances religieuses. Je n'en dirai pas plus à ce stade pour laisser ce plaisir aux lecteurs.
Le dessin qui parait minimaliste, si je puis dire, dans la lignée des dessinateurs de la série "Poisson Pilote" chez Dargaud, n'en est pas moins très dynamique et exprime superbement la notion de mouvement. Les couleurs sont vraiment superbes, et il n'y a qu'à consulter la couverture des trois albums pour s'en convaincre. La coloriste a réussi à créer une magnifique ambiance graphique qui ne contribue pas pour peu à la qualité de cette trilogie.
Le scénario est lui aussi de qualité et évite les palabres inutiles.
Une série à découvrir de toute urgence donc.
Je ne suis pas porté du tout par l'Histoire, qu'elle soit de France ou d'ailleurs. Mais ici, on sait ce que l'on va lire : un mélange de faits avérés, d'autres inventés, voire d'un peu des deux, sans qu'on sache réellement différencier le vrai du faux si on est une quiche en Histoire comme moi. Ça me convient parfaitement, puisqu'on ne va pas chercher à me faire passer des vessies pour des lanternes. Ici, c'est du romanesque basé sur des faits réels.
Et c'est très très bien fait. Palpitant, jamais pompeux (comme bien trop de BD soit disant historiques), et fabuleusement dessiné. Quelle joie de retrouver le dessin "rond" de Sylvain Vallée, à qui nous devons notamment les dessins de la très belle série Gil St André.
Vivement les deux prochains (et derniers) tomes !
Tout commence sous forme d'une lettre envoyée par Jonathan Melville à sa fiancée pour lui raconter son étrange aventure avant son retour au pays. Une histoire irréelle peuplée de créatures aussi étranges que belles et de sirènes. On nage en plein rêve du début à la fin, rêve qui peut facilement à tout moment se transformer en cauchemar. Même lorsque l'on pense être revenu à la réalité, le doute persiste.
Et le rêve continue après avoir refermé l'ouvrage puisque l'auteur ne donne pas vraiment d'explication sur l'identité de ces créatures étranges.
Le découpage des planches est assez original et alterne la lecture sur une ou deux pages.
Les dessins de Chanouga sont tout simplement superbes. Les couleurs pastel mélangent très agréablement le froid du bleu à la chaleur des tons jaune/oranger.
Un jeune auteur à suivre et une première oeuvre que je recommande chaudement !
J'ai découvert les dessins de Chris Weston dans The Twelve.
J'admire vraiment son travail et depuis le temps que je cherchais à mettre la main sur la version Semic, voilà Delcourt qui réédite ce livre : banco !
Aucune déception côté dessin, à part peut-être des contours légèrement plus flous que dans The Twelve, mais là je pinaille un peu. Il y a toujours autant de soucis du détail et de très belles planches. Rien à redire sur les couleurs, c'est parfait.
Au niveau du scénario, cette uchronie est intéressante et aurait certainement pu être développée un peu plus à mon goût. J'ai été un peu déçu par la fin qui arrive brutalement mais il faut avouer que la chute est bonne.
Je ne pourrai pas faire de comparaison avec la version Semic que je n'ai jamais vu mais ce qui est certain, c'est que la version Delcourt est de bonne qualité avec une couverture rigide bien appréciable. Au moins, cette édition ne va pas se décoller comme la plupart des Semic : ça se ressent dans le prix et j'en convient, mais quand on aime...
J’avoue avoir eu une grosse appréhension avant de débuter la lecture de Murena, celle de me trouver face à un récit trop scolaire qui en deviendrait rébarbatif. Cette crainte s’est vite estompée avec l’entame du premier cycle.
Cette série réussit à conjuguer fidélité historique et plaisir de lecture. En effet, Dufaux a l’intelligence d’aborder l’histoire de Neron sous le regard d’un personnage fictif. Murena est le témoin privilégié de son époque, et, quelque part, aussi le troisième œil du lecteur. En vivant l’histoire, on est davantage qu’un simple spectateur. C’est là à mon sens que repose la finesse narrative de Dufaux. Je n’ai pas eu de déclic particulier avec le dessin de Delaby. Du moins au début. Le dessin du premier opus est bon mais n’a pas éveillé en moi d’intérêt particulier. Il sert bien l’histoire, voilà. Avec les tomes suivants, je trouve que le trait devient plus typé, plus personnel et avec une maitrise sans pareil. Le choix des couleurs apporte beaucoup à la réussite visuelle de l’ensemble.
Une série à lire, impérativement.
Un bel album. Pas parfait, beau dessin (que je ne trouve pas académique). Il est vrai qu'au début, faire la différence entre les personnages est difficile mais cela s'arrange au fil de l'album. Le récit de la vie quotidienne des soldats m'a plu. Le scénario est un peu linéaire. En résumé un bon "one-shot".
Ma note :
4/5 dessin
3/5 scénario
"C'est un oiseau..." est un récit d'une rare richesse.
Le scénario semi-autobiographique mixte les vies professionnelle et privée de Steve avec pour lien central Superman.
L'histoire tourne rapidement à une introspection personnelle suite à la proposition d'un job de scénariste pour le personnage de Superman.
Cette nouvelle va raviver des souvenirs dans un premier temps puis des blocages.
Steve va alors travailler sur ce personnage de Superman qu'il n'affectionne pas du tout et lentement apprendre à mieux se comprendre et accepter ses problèmes.
L'histoire est relativement riche et structurée, tout se recoupe. Le résumé de la fiche de la série apporte une approche exhaustive.
On pourrait ne voir dans ce titre qu'une énième BD nombriliste ou un récit pseudo intellectuel sur Superman voir les super-héros en général. Il ne faut surtout pas dissocier les sujets, ils se recoupent constamment et apportent des éléments constructifs à toutes les démarches en cours. Une lecture à tête reposée s'impose car on est plus dans un comics de type indépendant que dans un comics classique de divertissement.
Le maillage scénaristique prend toute sa valeur avec le travail exceptionnel de Teddy Kristiansen qui utilise 21 styles différents avec une maestria rare et des transitions naturelles.
"C'est un oiseau..." n'est pas une comics facile d'accès, la lecture est dense et riche.
Il faut aller de l'avant et être à l'écoute des nombreuses idées développées, car elles ont toutes leur importance comme dans un château de cartes.
Ce récit ne laissera pas indifférent, il appellera des avis tranchés. Ils seront tributaires de la réception du lecteur et de sa capacité à se divertir sans divertissement direct.
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L'Homme qui n'aimait pas les armes à feu
Enfin ! des années après Trio Grande (Adios Palomita) et Wayne Redlake (500 fusils), le western spaghetti en bande dessinée vient de trouver son digne héritier avec Lupano, Salomone et Pieri. Ce premier album d'une série prévue en 4 volumes, est franchement jubilatoire. Outre les personnages parfaitement campés, c'est le dessin de Paul Salomone qui m'a littérallement bluffé. Quel talent ! Personnages, trains, chevaux, décors et couleurs (signées Pieri) sont remarquables. Les décors sont très soignés et, il faut vraiment l'avouer, ce dessinateur sait parfaitement mettre en valeur le personnage féminin de cette aventure, Margot. (ah ! que de vues plongeantes sur son superbe décolleté !) Une histoire prenante où les bons et méchants ne sont pas là où on les attendait, des dialogues qui font mouches, et un dessin riche, précis, et d'une très grande beauté... que demander de plus à une bande dessinée, à part la suite. Le premier tirage étant épuisé quelques semaines après sa sortie, prouve l'intérêt du public pour cet album. Une véritable réussite.
Hellboy
Ce ne sont, peut être, pas ici les meilleurs planches que Mignola aura consacré à sa série Hellboy, mais cela équivaut déjà à une formidable démonstration de bande dessinée.. Le graphisme épuré, au bord de la bichromie, presque stylisé, l'utilisation virtuose des contrastes, des cases silencieuses mémorables, les cadrages cinématographiques aux petits oignons, les dialogues laconiques parfaitement dans le ton, un dessin parfois, devant lequel on tombe en arrêt. L'auteur élevé aux super héros s'est nourri de Poe, de Lovecraft, de tout ceux dont se sont nourri ces auteurs, des sagas, de la bible et de l'ésotérisme, du folklore en général et de contes particuliers pour élaborer un univers sur lequel plane la menace biblique d'un anéantissement inéluctable. À moins que... Au-delà de son hallucinante maturité graphique, la force de Mignola réside dans l'invention d'une cosmogonie où peuvent cohabiter sans heurts l'Ancien Testament et la geste Arthurienne, l'Edda poétique et les contes Japonais, des vampires et des souris qui parlent, des nazis et quelques discrets extraterrestres, Raspoutine et des créatures lovecraftiennes... Dans un enthousiasme communicatif l'auteur fait feu de tout bois, et on traverse de multiples histoires, brèves ou considérables, qui s'accordent petit à petit au destin complexe du héros. Envoyé sur Terre pour y déclencher l'apocalypse, Hellboy questionne sans cesse son libre arbitre, et s'emploie à briser la chaîne de sa destinée au fil de multiples rencontres qui le confrontent aux subtilités sinistres et indifférentes d'un monde surnaturel en déclin. Aux énigmes millénaires de la sorcellerie et de la féérie, Hellboy répond à coup de gnions et de répliques lapidaires - comme pour mieux marquer sa différence et son adhésion totale au parti des hommes. L'ampleur du récit offre une variété de situations quasi inépuisable ; les flash-backs y sont nombreux, les "seconds rôles" très fouillés et l'action musclée savamment tempérée de pages parfois poétiques, et souvent épiques : influence sous-jacente des légendes et des mythologies du monde qui semblent être le point de départ de chacune des histoires de la série. C'est du gros son. Du très gros son. PS : L'adaptation ciné parle vraisemblablement d'autre chose...
Les Chroniques de Légion
Voilà un bouquin que je ne me serais surement pas donné la peine d’acheter si on ne me l’avait offert. Non pas que je suis réfractaire aux histoires de vampire mais le genre me parait carrément surexposé en bande dessinée et il est peut être difficile de faire un choix à l’aveugle. Si on rajoute le fait qu’il s’agisse d’une préquelle à une série que je ne connaissais pas non plus, à savoir Je suis Légion, le présent opus n’aurait clairement pas été mon choix initial… La couverture sans être d’une originalité folle attire pourtant l’attention… Malgré la somme d’informations qui tombe dès les premières pages, on peut vite être captivés par cette lutte fratricide entre deux vampires dont les règles sont légèrement modifiées pour ce que l’on peut en deviner dans cette introduction. Visiblement leurs esprits ont la possibilité de changer d’enveloppe charnelle et ils ne souffrent pas des rayons du soleil. Par ailleurs la soif de sang ne semble pas être au cœur des préoccupations ce qui ne retire en rien leur soif de vengeance et de violence car nul doute que la confrontation entre Vlad Tepes plus connu sous le sobriquet de Dracula et de son frère sera mouvementée…. La particularité de ce premier tome est de nous présenter les différentes générations et incarnations de ces demi-dieux, le tout est décrit par la voix off de chacun des deux protagonistes dans un découpage élégant de pages relayées par différents artistes au talent indéniable. La transition d’une époque à une autre se passe effectivement en douceur dans les mêmes tons ce qui rend l’objet moins choquant et contribue à la variété des situations. Le résultat est original et très plaisant à lire et on devine que le tout sera développé dans les opus suivants qui ne devraient pas prendre plus de deux ans à sortir, un bon point éditorial de plus. L’histoire possède un petit coté Highlander pour le déroulement de l’histoire entre deux protagonistes sur plusieurs époques et de The Hidden, (épatante série B de la fin des années 80) pour le passage d’un corps à un autre donc à la limite pour un vieux briscard comme moi cela n’a rien d’original mais il en reste un charme vénéneux indiscutable que Fabien Nury semble savoir exploiter pour également se faire plaisir à lui-même. Je n’ai aucun recul étant donné que je n’ai pas lu « Je suis Légion » ce qui ne saurait tarder mais pour l’heure cette chronique constitue une appétissante mise en bouche…
Pour l'Empire
Comment décrire cette trilogie ? Disons que c'est un mélange du "Désert des Tartares" de Buzzati en littérature en ce qui concerne une troupe de soldats qui versent dans l'ennnui en attendant l'ennemi qui ne vient pas, et du 300 de Frank Miller en BD pour l'aspect troupe d'élite entièrement dévouée à son chef, dure au mal et prête à mourir au combat. Nous voilà ainsi plongé au coeur d'une troupe d'élite d'un Empire qui ressemble à s'y méprendre à l'Empire Romain. L'empire étant dominateur sur toutes les terres, il lui faut à présent explorer les mondes inconnus et il envoie pour ce faire une troupe d'élite. Celle-ci croisera tour à tour un ennemi fuyant et une troupe d'amazones, et ce dans les deux premiers volumes. Arrivée au frontières des mondes connus dans le troisième tome, la troupe est confrontée à un problème philosophique classique : la confrontation entre les données de la science et les croyances religieuses. Je n'en dirai pas plus à ce stade pour laisser ce plaisir aux lecteurs. Le dessin qui parait minimaliste, si je puis dire, dans la lignée des dessinateurs de la série "Poisson Pilote" chez Dargaud, n'en est pas moins très dynamique et exprime superbement la notion de mouvement. Les couleurs sont vraiment superbes, et il n'y a qu'à consulter la couverture des trois albums pour s'en convaincre. La coloriste a réussi à créer une magnifique ambiance graphique qui ne contribue pas pour peu à la qualité de cette trilogie. Le scénario est lui aussi de qualité et évite les palabres inutiles. Une série à découvrir de toute urgence donc.
Il était une fois en France
Je ne suis pas porté du tout par l'Histoire, qu'elle soit de France ou d'ailleurs. Mais ici, on sait ce que l'on va lire : un mélange de faits avérés, d'autres inventés, voire d'un peu des deux, sans qu'on sache réellement différencier le vrai du faux si on est une quiche en Histoire comme moi. Ça me convient parfaitement, puisqu'on ne va pas chercher à me faire passer des vessies pour des lanternes. Ici, c'est du romanesque basé sur des faits réels. Et c'est très très bien fait. Palpitant, jamais pompeux (comme bien trop de BD soit disant historiques), et fabuleusement dessiné. Quelle joie de retrouver le dessin "rond" de Sylvain Vallée, à qui nous devons notamment les dessins de la très belle série Gil St André. Vivement les deux prochains (et derniers) tomes !
De profundis - L'étrange Voyage de Jonathan Melville
Tout commence sous forme d'une lettre envoyée par Jonathan Melville à sa fiancée pour lui raconter son étrange aventure avant son retour au pays. Une histoire irréelle peuplée de créatures aussi étranges que belles et de sirènes. On nage en plein rêve du début à la fin, rêve qui peut facilement à tout moment se transformer en cauchemar. Même lorsque l'on pense être revenu à la réalité, le doute persiste. Et le rêve continue après avoir refermé l'ouvrage puisque l'auteur ne donne pas vraiment d'explication sur l'identité de ces créatures étranges. Le découpage des planches est assez original et alterne la lecture sur une ou deux pages. Les dessins de Chanouga sont tout simplement superbes. Les couleurs pastel mélangent très agréablement le froid du bleu à la chaleur des tons jaune/oranger. Un jeune auteur à suivre et une première oeuvre que je recommande chaudement !
Royal Space Force (Ministère de l'Espace)
J'ai découvert les dessins de Chris Weston dans The Twelve. J'admire vraiment son travail et depuis le temps que je cherchais à mettre la main sur la version Semic, voilà Delcourt qui réédite ce livre : banco ! Aucune déception côté dessin, à part peut-être des contours légèrement plus flous que dans The Twelve, mais là je pinaille un peu. Il y a toujours autant de soucis du détail et de très belles planches. Rien à redire sur les couleurs, c'est parfait. Au niveau du scénario, cette uchronie est intéressante et aurait certainement pu être développée un peu plus à mon goût. J'ai été un peu déçu par la fin qui arrive brutalement mais il faut avouer que la chute est bonne. Je ne pourrai pas faire de comparaison avec la version Semic que je n'ai jamais vu mais ce qui est certain, c'est que la version Delcourt est de bonne qualité avec une couverture rigide bien appréciable. Au moins, cette édition ne va pas se décoller comme la plupart des Semic : ça se ressent dans le prix et j'en convient, mais quand on aime...
Murena
J’avoue avoir eu une grosse appréhension avant de débuter la lecture de Murena, celle de me trouver face à un récit trop scolaire qui en deviendrait rébarbatif. Cette crainte s’est vite estompée avec l’entame du premier cycle. Cette série réussit à conjuguer fidélité historique et plaisir de lecture. En effet, Dufaux a l’intelligence d’aborder l’histoire de Neron sous le regard d’un personnage fictif. Murena est le témoin privilégié de son époque, et, quelque part, aussi le troisième œil du lecteur. En vivant l’histoire, on est davantage qu’un simple spectateur. C’est là à mon sens que repose la finesse narrative de Dufaux. Je n’ai pas eu de déclic particulier avec le dessin de Delaby. Du moins au début. Le dessin du premier opus est bon mais n’a pas éveillé en moi d’intérêt particulier. Il sert bien l’histoire, voilà. Avec les tomes suivants, je trouve que le trait devient plus typé, plus personnel et avec une maitrise sans pareil. Le choix des couleurs apporte beaucoup à la réussite visuelle de l’ensemble. Une série à lire, impérativement.
Ostfront - Stalingrad
Un bel album. Pas parfait, beau dessin (que je ne trouve pas académique). Il est vrai qu'au début, faire la différence entre les personnages est difficile mais cela s'arrange au fil de l'album. Le récit de la vie quotidienne des soldats m'a plu. Le scénario est un peu linéaire. En résumé un bon "one-shot". Ma note : 4/5 dessin 3/5 scénario
C'est un oiseau...
"C'est un oiseau..." est un récit d'une rare richesse. Le scénario semi-autobiographique mixte les vies professionnelle et privée de Steve avec pour lien central Superman. L'histoire tourne rapidement à une introspection personnelle suite à la proposition d'un job de scénariste pour le personnage de Superman. Cette nouvelle va raviver des souvenirs dans un premier temps puis des blocages. Steve va alors travailler sur ce personnage de Superman qu'il n'affectionne pas du tout et lentement apprendre à mieux se comprendre et accepter ses problèmes. L'histoire est relativement riche et structurée, tout se recoupe. Le résumé de la fiche de la série apporte une approche exhaustive. On pourrait ne voir dans ce titre qu'une énième BD nombriliste ou un récit pseudo intellectuel sur Superman voir les super-héros en général. Il ne faut surtout pas dissocier les sujets, ils se recoupent constamment et apportent des éléments constructifs à toutes les démarches en cours. Une lecture à tête reposée s'impose car on est plus dans un comics de type indépendant que dans un comics classique de divertissement. Le maillage scénaristique prend toute sa valeur avec le travail exceptionnel de Teddy Kristiansen qui utilise 21 styles différents avec une maestria rare et des transitions naturelles. "C'est un oiseau..." n'est pas une comics facile d'accès, la lecture est dense et riche. Il faut aller de l'avant et être à l'écoute des nombreuses idées développées, car elles ont toutes leur importance comme dans un château de cartes. Ce récit ne laissera pas indifférent, il appellera des avis tranchés. Ils seront tributaires de la réception du lecteur et de sa capacité à se divertir sans divertissement direct.