Prenez un zeste de "XIII", un doigt du "fugitif"(la série TV) et du "Caméleon" (autre série TV), et vous obtenez "Monster", véritable thriller politique qui ne peut vous laisser indifférent. J'ai lu les 12 volumes ce week end et je suis encore sous le charme, pour ne pas dire encore sous le choc. A ceux qui comme moi ne sont pas fans de manga, je leur conseille cette bd fleuve, qui donne un sacré coup de vieux aux bd tels "XIII", ou autres avatars. Un must! Incontournable.
Bon, maintenant je vais à l'assaut des "20th century boys". Bonne lecture.
Ca faisait longtemps que je ne l'avais pas relue, cette série, alors que c'était ma série culte il y a quelques années. Je l'ai relue hier avec un oeil neuf, qui avait oublié. Et je crois que j'ai eu un plaisir décuplé, j'ai retrouvé la joie de la découverte. Cette série est magistrale.
Le dessin est fabuleux et totalement en adéquation avec l'histoire, l'accumulation de détails n'est pas gratuite. Schuitten est féru d'architecture et ça se sent à chaque image. Son noir et blanc est somptueux (bon sang quelle patience !!!). Et les dialogues, le découpage, sont parfaits, l'histoire originale et passionnante, surprenante, poétique, philosophique... une telle osmose entre un dessinateur et son scénariste est rare.
Beaucoup de superlatifs pour une BD d'exception.
Et "La tour" est un chef d'oeuvre, vraiment.
Alors voici tout a fait l'archetype de l'album "classe". Outre le dessin et la mise en page surprenante, la forme de l'album elle-même est une vraie merveille. Décidément, Paquet commence vraiment à devenir l'une des plus fameuses maisons d'édition de BD.
Alors pour revenir au graphisme de l'album, c'est tout simplement prodigieux. Le dessin est exceptionnel, la mise en page très particulière et les couleurs de Jouvray sont extrêmement chaudes, et donc rajoutent un aspect très fort à cette oeuvre magistrale.
Quant au scénario, la poésie des textes et l'ambiance des situations sont telles que "Betty Blues" vous suivra encore bien après la lecture de ce chef d'oeuvre.
Incontournable.
C'est sûr, c'est une série incontournable, tonnerre de Brest !
Je dirais que la plus grosse réussite d'Hergé, ce sont les seconds rôles plutôt que Tintin lui-même. Qui ne connaît pas les insultes du capitaine Haddock, la surdité du professeur Tournesol, le "ah, je ris de me voir si belle en ce miroir", de la Castafiore, Lampion le casse-pieds, ou encore la fameuse réplique des Dupondt "je dirais même plus...". Tintin est d'un terne au milieu de tout ça !
Alors bien sûr, il y a polémique sur les premiers albums de la série (l'anticomunisme primaire de "Tintin au pays des soviets" et l'aspect colonialiste de "Tintin au Congo" ou du "lotus bleu"), mais si on regarde l'oeuvre dans son ensemble, ce n'est pas l'impression qu'elle laisse. Personnellement, ce que j'adore dans Tintin, hormis la force des personnages, j'en ai déjà parlé, c'est la construction des albums: on prend le temps de faire de l'humour, de planter quelques décors, de faire du "tourisme", sans jamais que ça gène la fluidité de l'histoire. Vraiment, peu d'auteurs maitrisent à ce point le 9ième art. Avec des séquences d'anthologie: le capitaine Haddock qui apprend qu'il va partir pour la lune, le bout de sparadrap qui fait le tour du monde, les Dupondt qui tentent d'arrêter la gouvernante de la Castafiore, la Castafiore qui écorche le patronyme du capitaine, etc, etc.
La quintessence du mouvement punk. Une bd qui file un peu la gerbe, tellement c'est cru. En plus, c'est plutôt bien déssiné. C'est la définition même de la bd trash.
Moi, j'ai pas pu me résoudre à l'acheter.
Je ne vois pas vraiment quoi rajouter à toutes ces éloges, j'ai moi aussi lu avec curiosité cette série et j'ai été agréablement surpris.
L'histoire est poétique et on suit avec bonheur cet homme revenu à l'âge de 14 ans qui cherche à changer le cours du temps.
C'est beau, c'est frais, c'est un pur moment de bonheur que je ne saurais que conseiller !
Ô_Ô
En lisant "300", on ne peut guère qu'ouvrir de grands yeux. Visuellement c'est en effet superbe. Les couleurs, sombres, sont magnifiques et les jeux de lumière sont remplacés ici par d'abondants jeux d'ombre, souvent impressionnants. Pour autant, certaines gueules sont assez typées "américain", comme la femme de Léonidas ou le capitaine par exemple...
"300" s'inspire de la bataille de Thermopyles, où une poignée de Spartiates résistèrent à la gigantesque armée Perse. Mais ce n'est pas le côté historique qui fait sa force. Non, sa force c'est sa dureté, l'esprit implacablement obstiné et résolu des Spartiates, cette obsession d'être un guerrier, d'être dur, fort. Cet aspect est rendu de façon si magistrale qu'on en est tout ébloui, même si on se dit (raisonnablement) que tout ça déborde un peu de téstostérone...
Mais justement, ça marche. Miller prend un trait et le pousse à fond, sans hésiter, tout comme la résolution de ces Spartiates, d'ailleurs. Les personnages ne sont pas sympathiques, ils ne sont pas faits pour ça, non, mais ils sont admirables. Il y a aussi beaucoup de fatalisme dans "300". Mais du fatalisme positif, si on peut dire; celui qui consiste à assumer ses choix jusqu'au bout.
Miller joue aussi la carte du comics de super-héros. Ca me rappelle ce texte dans la bouche de Warren Ellis, dans "Powers" : Quelqu'un qui lit 300 comics de super héros chaque mois est un malade qui a besoin d'un médecin. J'arracherai à son cadavre encore fumant toutes les choses qui ont conduit les super héros à dominer les comics. L'énergie démesurée, les visuels épatants, le fétichisme et tout ça, pour l'appliquer à d'autres genres et d'autres histoires. C'est exactement ce que l'auteur a fait ici, et le résultat fonctionne à merveille.
Voilà, "300" n'est certainement pas un album profond, mais c'est par contre un album absolument superbe, et d'une efficacité incroyable.
Superbe, magnifique, envoutante, touchante... C'est la BD de l'année, à mon sens (oui, je sais, nous ne sommes qu'en février).
Il y avait un certain temps déjà qu'un album ne m'avait pas fait cet effet... le type de livres que l'on referme, lentement, et qui nous font réfléchir longuement... nous trouble...
Cette BD est un rêve de papier. Chagnaud maîtrise parfaitement sa couleur qui s'adapte au travail de Pont, qui a radicalement changé son trait depuis ses précédentes réalisations, pour nous faire voyager dans le sud de l'Italie du début du XXeme siècle. C'est beau, on entend presque les cigales de ces contrées semi-désertiques, terres de pêcheurs.
Les auteurs ont travaillé durant six années pour réaliser les deux tomes uniques de cette très belle série qui se terminera en août 2004, et y ont mis leurs tripes - ça se sent ! Storyboardée à merveille, cette histoire particulière, loin des productions habituelles du monde de la BD, possède un rythme régulier, des personnages très attachants... et surtout implique grandement le lecteur qui quitte son petit appart' le temps de 96 pages de voyage.
J'ai énormément de choses à dire... mais pas vraiment les mots qui vont avec. :) J'ai vibré comme rarement, et cette BD a une signification toute particulière pour moi... Messieurs les auteurs, merci.
Certes, les dessins ne sont pas inoubliables, mais l'intérêt de la série est ailleurs.
On nous dépeint ici un portrait sans complaisance des protagonistes de la conquête de l'ouest. On évite ici le piège des méchants cowboys contre les gentils indiens, à la "Danse avec les loups". La réussite de cette série réside dans l'opposition de deux civilisations que rien ne peut concilier, sans pour autant porter de jugement sur l'une ou l'autre.
De plus, le volet religieux des indiens mérite à lui seul le détour.
Superbe !
Album vraiment très cher (25 euros), tiré à seulement 2000 exemplaires, il mérite très largement d'être lu.
Ce livre est glauque. De fait, il commence par "Pour finir, je suis devenu marchand de pierres". Le personnage principal -- Sukezo -- vit avec sa famille dans la misère, et ils essaient de s'en sortir tant bien que mal... plutôt mal, d'ailleurs. Le tableau est loin d'être tendre. Tensions familiales, problèmes d'argent, reproches... Et Sukezo, loin de s'en sortir, sombre de plus en plus, plus ou moins imperceptiblement.
Ce livre est drôle. Oui, certains passages font sourire avec tendresse, sympathie, ou encore avec moquerie. Et parfois on rit franchement malgré la lourde chape de déchéance qui pèse.
Ce livre fait fortement appel à l'empathie du lecteur. Si on parvient à s'identifier un tant soit peu à Sukezo, à le comprendre un peu, alors la magie fonctionne, et à merveille. D'un autre côté, si on s'identifie plus à sa femme qui le harcèle et essaie de trouver des solutions réalistes pour s'en sortir, alors on risque de l'apprécier très différemment.
Ce livre, c'est en effet une lutte. Lutte de cette famille contre la misère, la déchéance. Lutte entre Sukezo et sa femme. Mais surtout, surtout, lutte entre les aspirations, le domaine du rêve, de l'imagination, de la liberté et la sordide réalité. Cela est d'autant plus apparent qu'à chaque fois que Sukezo rêvasse, son fils arrive et dit "Pôpa, ch'uis v'nu t'chercher". Ca donne lieu à une scène particulièrement forte, chapitre 3.
L'homme sans talent n'est pas dénué de talents. Loin de là même. Simplement, il n'en veut pas. Il ne veut pas de ces choses qui, loin de le libérer, l'enchaînent à la réalité. Il aspire à fuir le monde, et le temps d'une lecture on le fuit avec lui.
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Monster
Prenez un zeste de "XIII", un doigt du "fugitif"(la série TV) et du "Caméleon" (autre série TV), et vous obtenez "Monster", véritable thriller politique qui ne peut vous laisser indifférent. J'ai lu les 12 volumes ce week end et je suis encore sous le charme, pour ne pas dire encore sous le choc. A ceux qui comme moi ne sont pas fans de manga, je leur conseille cette bd fleuve, qui donne un sacré coup de vieux aux bd tels "XIII", ou autres avatars. Un must! Incontournable. Bon, maintenant je vais à l'assaut des "20th century boys". Bonne lecture.
Les Cités obscures
Ca faisait longtemps que je ne l'avais pas relue, cette série, alors que c'était ma série culte il y a quelques années. Je l'ai relue hier avec un oeil neuf, qui avait oublié. Et je crois que j'ai eu un plaisir décuplé, j'ai retrouvé la joie de la découverte. Cette série est magistrale. Le dessin est fabuleux et totalement en adéquation avec l'histoire, l'accumulation de détails n'est pas gratuite. Schuitten est féru d'architecture et ça se sent à chaque image. Son noir et blanc est somptueux (bon sang quelle patience !!!). Et les dialogues, le découpage, sont parfaits, l'histoire originale et passionnante, surprenante, poétique, philosophique... une telle osmose entre un dessinateur et son scénariste est rare. Beaucoup de superlatifs pour une BD d'exception. Et "La tour" est un chef d'oeuvre, vraiment.
Betty Blues
Alors voici tout a fait l'archetype de l'album "classe". Outre le dessin et la mise en page surprenante, la forme de l'album elle-même est une vraie merveille. Décidément, Paquet commence vraiment à devenir l'une des plus fameuses maisons d'édition de BD. Alors pour revenir au graphisme de l'album, c'est tout simplement prodigieux. Le dessin est exceptionnel, la mise en page très particulière et les couleurs de Jouvray sont extrêmement chaudes, et donc rajoutent un aspect très fort à cette oeuvre magistrale. Quant au scénario, la poésie des textes et l'ambiance des situations sont telles que "Betty Blues" vous suivra encore bien après la lecture de ce chef d'oeuvre. Incontournable.
Les Aventures de Tintin
C'est sûr, c'est une série incontournable, tonnerre de Brest ! Je dirais que la plus grosse réussite d'Hergé, ce sont les seconds rôles plutôt que Tintin lui-même. Qui ne connaît pas les insultes du capitaine Haddock, la surdité du professeur Tournesol, le "ah, je ris de me voir si belle en ce miroir", de la Castafiore, Lampion le casse-pieds, ou encore la fameuse réplique des Dupondt "je dirais même plus...". Tintin est d'un terne au milieu de tout ça ! Alors bien sûr, il y a polémique sur les premiers albums de la série (l'anticomunisme primaire de "Tintin au pays des soviets" et l'aspect colonialiste de "Tintin au Congo" ou du "lotus bleu"), mais si on regarde l'oeuvre dans son ensemble, ce n'est pas l'impression qu'elle laisse. Personnellement, ce que j'adore dans Tintin, hormis la force des personnages, j'en ai déjà parlé, c'est la construction des albums: on prend le temps de faire de l'humour, de planter quelques décors, de faire du "tourisme", sans jamais que ça gène la fluidité de l'histoire. Vraiment, peu d'auteurs maitrisent à ce point le 9ième art. Avec des séquences d'anthologie: le capitaine Haddock qui apprend qu'il va partir pour la lune, le bout de sparadrap qui fait le tour du monde, les Dupondt qui tentent d'arrêter la gouvernante de la Castafiore, la Castafiore qui écorche le patronyme du capitaine, etc, etc.
Ranxerox
La quintessence du mouvement punk. Une bd qui file un peu la gerbe, tellement c'est cru. En plus, c'est plutôt bien déssiné. C'est la définition même de la bd trash. Moi, j'ai pas pu me résoudre à l'acheter.
Quartier lointain
Je ne vois pas vraiment quoi rajouter à toutes ces éloges, j'ai moi aussi lu avec curiosité cette série et j'ai été agréablement surpris. L'histoire est poétique et on suit avec bonheur cet homme revenu à l'âge de 14 ans qui cherche à changer le cours du temps. C'est beau, c'est frais, c'est un pur moment de bonheur que je ne saurais que conseiller !
300
Ô_Ô En lisant "300", on ne peut guère qu'ouvrir de grands yeux. Visuellement c'est en effet superbe. Les couleurs, sombres, sont magnifiques et les jeux de lumière sont remplacés ici par d'abondants jeux d'ombre, souvent impressionnants. Pour autant, certaines gueules sont assez typées "américain", comme la femme de Léonidas ou le capitaine par exemple... "300" s'inspire de la bataille de Thermopyles, où une poignée de Spartiates résistèrent à la gigantesque armée Perse. Mais ce n'est pas le côté historique qui fait sa force. Non, sa force c'est sa dureté, l'esprit implacablement obstiné et résolu des Spartiates, cette obsession d'être un guerrier, d'être dur, fort. Cet aspect est rendu de façon si magistrale qu'on en est tout ébloui, même si on se dit (raisonnablement) que tout ça déborde un peu de téstostérone... Mais justement, ça marche. Miller prend un trait et le pousse à fond, sans hésiter, tout comme la résolution de ces Spartiates, d'ailleurs. Les personnages ne sont pas sympathiques, ils ne sont pas faits pour ça, non, mais ils sont admirables. Il y a aussi beaucoup de fatalisme dans "300". Mais du fatalisme positif, si on peut dire; celui qui consiste à assumer ses choix jusqu'au bout. Miller joue aussi la carte du comics de super-héros. Ca me rappelle ce texte dans la bouche de Warren Ellis, dans "Powers" : Quelqu'un qui lit 300 comics de super héros chaque mois est un malade qui a besoin d'un médecin. J'arracherai à son cadavre encore fumant toutes les choses qui ont conduit les super héros à dominer les comics. L'énergie démesurée, les visuels épatants, le fétichisme et tout ça, pour l'appliquer à d'autres genres et d'autres histoires. C'est exactement ce que l'auteur a fait ici, et le résultat fonctionne à merveille. Voilà, "300" n'est certainement pas un album profond, mais c'est par contre un album absolument superbe, et d'une efficacité incroyable.
Où le regard ne porte pas...
Superbe, magnifique, envoutante, touchante... C'est la BD de l'année, à mon sens (oui, je sais, nous ne sommes qu'en février). Il y avait un certain temps déjà qu'un album ne m'avait pas fait cet effet... le type de livres que l'on referme, lentement, et qui nous font réfléchir longuement... nous trouble... Cette BD est un rêve de papier. Chagnaud maîtrise parfaitement sa couleur qui s'adapte au travail de Pont, qui a radicalement changé son trait depuis ses précédentes réalisations, pour nous faire voyager dans le sud de l'Italie du début du XXeme siècle. C'est beau, on entend presque les cigales de ces contrées semi-désertiques, terres de pêcheurs. Les auteurs ont travaillé durant six années pour réaliser les deux tomes uniques de cette très belle série qui se terminera en août 2004, et y ont mis leurs tripes - ça se sent ! Storyboardée à merveille, cette histoire particulière, loin des productions habituelles du monde de la BD, possède un rythme régulier, des personnages très attachants... et surtout implique grandement le lecteur qui quitte son petit appart' le temps de 96 pages de voyage. J'ai énormément de choses à dire... mais pas vraiment les mots qui vont avec. :) J'ai vibré comme rarement, et cette BD a une signification toute particulière pour moi... Messieurs les auteurs, merci.
Main-Gauche
Certes, les dessins ne sont pas inoubliables, mais l'intérêt de la série est ailleurs. On nous dépeint ici un portrait sans complaisance des protagonistes de la conquête de l'ouest. On évite ici le piège des méchants cowboys contre les gentils indiens, à la "Danse avec les loups". La réussite de cette série réside dans l'opposition de deux civilisations que rien ne peut concilier, sans pour autant porter de jugement sur l'une ou l'autre. De plus, le volet religieux des indiens mérite à lui seul le détour. Superbe !
L'Homme sans talent
Album vraiment très cher (25 euros), tiré à seulement 2000 exemplaires, il mérite très largement d'être lu. Ce livre est glauque. De fait, il commence par "Pour finir, je suis devenu marchand de pierres". Le personnage principal -- Sukezo -- vit avec sa famille dans la misère, et ils essaient de s'en sortir tant bien que mal... plutôt mal, d'ailleurs. Le tableau est loin d'être tendre. Tensions familiales, problèmes d'argent, reproches... Et Sukezo, loin de s'en sortir, sombre de plus en plus, plus ou moins imperceptiblement. Ce livre est drôle. Oui, certains passages font sourire avec tendresse, sympathie, ou encore avec moquerie. Et parfois on rit franchement malgré la lourde chape de déchéance qui pèse. Ce livre fait fortement appel à l'empathie du lecteur. Si on parvient à s'identifier un tant soit peu à Sukezo, à le comprendre un peu, alors la magie fonctionne, et à merveille. D'un autre côté, si on s'identifie plus à sa femme qui le harcèle et essaie de trouver des solutions réalistes pour s'en sortir, alors on risque de l'apprécier très différemment. Ce livre, c'est en effet une lutte. Lutte de cette famille contre la misère, la déchéance. Lutte entre Sukezo et sa femme. Mais surtout, surtout, lutte entre les aspirations, le domaine du rêve, de l'imagination, de la liberté et la sordide réalité. Cela est d'autant plus apparent qu'à chaque fois que Sukezo rêvasse, son fils arrive et dit "Pôpa, ch'uis v'nu t'chercher". Ca donne lieu à une scène particulièrement forte, chapitre 3. L'homme sans talent n'est pas dénué de talents. Loin de là même. Simplement, il n'en veut pas. Il ne veut pas de ces choses qui, loin de le libérer, l'enchaînent à la réalité. Il aspire à fuir le monde, et le temps d'une lecture on le fuit avec lui.