BAM…la nostalgie m’est littéralement tombée dessus lors de la lecture de ce petit bijou que je ne connaissais pas du tout. Difficile d’expliquer mon ressenti mais cette lecture a été un véritable coup de cœur.
Le personnage de Bidouille avec cette bouille si particulière et celui de Violette sont adorables et franchement inoubliables.
C’est bizarre que je n’en ai jamais entendu parler car l’histoire est tout de même assez forte, parfois sombre et à la fois pleine de douceur, de sensibilité et de fraîcheur.
Et puis, les prises de vue, les décors (le banc des amoureux, le toit des maisons,…), et l’ambiance post hippie représentés par Yslaire sont des éléments immersifs qui évoquent chez moi des émotions et souvenirs de jeunesse immense.
J’ai lu l’intégrale d’une traite, impossible pour moi de décrocher avant la fin.
Un hymne à l’amour et au romantisme à découvrir ou redécouvrir. Qu’est-ce que ça fait du bien !
De Frank Miller je pensais en avoir fini mais je ne m’étais jamais encore remis de ce Hard Boiled dont il m’était impossible de mettre la main sur l’intégralité de cette mini série en 3 épisodes enfin rééditée par Delcourt en une jolie intégrale aux couleurs remastérisées et éditée ma foi de fort jolie manière….
Hard Boiled, c’est un fantasme, déjà juste pour le nom qui évoque autant pour moi ce comics hardcore complètement barré que le chef d’œuvre du film d’action de John Woo traduit plus naïvement en français par « A toute épreuve » mais cela n’a rien à voir finalement avec le bébé monstrueux de Darrow et de Miller.
Car il est inutile de traduire ce qui est intraduisible ou peut-être incompréhensible ici. Ma patience aura duré 15 ans mais le plaisir que j’aurais à relire cet ovni sera peut-être encore plus long ! Je n’avais décidément rien lu de tel jusqu’à présent et me rends compte à quel point cette œuvre tordue et décidément pas formatée pour le plus grand nombre a pu être marquante et remarquée en son temps mais également à notre époque actuelle.
Nixon est un petit employé de la semaine aux méthodes grandement expéditives pour effectuer comme il se doit sa collecte de taxes à grands coups de gunfights et de destructions tentaculaires dans une métropole futuriste déshumanisée. Exploser de pauvres innocents ou faire irruption dans un bordel gigantesque ou dans une grande surface à heure d’affluence ne l’effraye que nenni. Rien ne l’empêchera d’achever ses adversaires comme le boulot quitte à finir sur les rotules ou boulons car Nixon n’est peut-être pas celui qu’il prétend…
Vous prenez le style graphique de Moebius période Incal à mélanger avec des estampes des livres-jeu « Mais où est Charlie ? », un scénario oscillant entre Blade Runner, Matrix (tiens, tiens) et Terminator, vous mélangez le tout avec du Jack Daniels bien dégueu et cela vous donnera peut-être l’aperçu de ce Hard Boiled tel que je l’entrevois en gardant les yeux écarquillés du début à la fin…
Le style de Darrow est à proprement dire HALLUCINANT ! Ce mec doit passer un temps incroyable à dessiner moult détails des plus variés ou plus infimes tout en utilisant la ligne claire de bien belle manière… De ces tableaux de guérilla post moderne en pleine ville où la taule fracasse objets et où les corps subissent les attaques les plus diverses, Darrow dresse un fabuleux jeu de piste où l’on peut s’extasier 10 secondes comme y rester une heure ! L’action est parfaitement découpée et les instants « clés » ou dessinés sont particulièrement bien léchés ! J’ai rarement ressenti un tel vertige à cette course automobile entre deux véhicules sur de longues pages sans dialogue débordant sur des séquences dignes du bullet time de Matrix…
Encore Matrix ? Darrow a participé à la conception artistique de cette fameuse trilogie dont la fameuse séquence sur autoroute a directement été inspirée par Hard Boiled…
On pourrait croire derrière tout ce fatras de vignettes imprimant fortement la rétine qu’il n’y a rien mais la révolte ou la recherche même de l’identité véritable de ce Nixon reformaté moult fois pour l’occasion par la société qui l’exploite et la fin a beau me laisser perplexe, elle est tout à fait dans la continuité du récit..
Ce mélange métallique, cyberpunk où la chair se mélange au métal n’est pas sans rappeler les univers de Tetsuo ou de Videodrome où le slogan « Welcome to the New Flesh » imprégnait notre inconscient comme rarement…
Si ce comics n’est clairement pas à mettre devant tous les yeux pour sa violence et ses scènes d’orgie subliminales, il est clairement à posséder dans toute bonne bibliothèque de goût qu’on apprécie ou pas Miller. Si je ne partage guère les orientations politiques de ce monsieur, je reste persuadé que son œuvre elle mérite des louanges et de surcroit ce Hard Boiled me fait regretter que l’œuvre de Geof Darrow soit si éparpillée….
Un putain de fist fucking en pleine gueule dont je n’ai de cesse d’y repenser depuis ma lecture et rien que pour ça, ça fait du bien ! Si c'est pas ça qu'on appelle une oeuvre culte, alors je ne réponds plus de rien !
C'est juste parfait du début à la fin, l'intrigue est haletante entre qui ou quoi a causé ce virus et l'action.
Mais la véritable force de ce comics réside dans trois points très positifs :
- Le monde créé est juste incroyable entre les amazones, les femmes qui apprennent de plus en plus rapidement à remplacer les hommes, etc…
On voit tout au long de cette épopée l'évolution de ce monde sans hommes et ce qui implique la disparition des hommes pour cette société.
- La relation entre personnages et les personnages secondaires : les personnages secondaires sont très bien développés tout au long du comics (355, Dr Mann, l'autre Beth, Nathalia, même le singe est développé comme un personnage à part entière) et la relation entre ces personnages représente une des plus grosse force de ce récit : je parle ben sûr de la relation entre Yorick et 355 ainsi que Yorick et son singe.
- Mais le personnage de Yorick représente la vraie force du récit, il s'agit en effet de mon personnage préféré tout comics confondus. Le fait qu'il ressemble à un homme ordinaire facilite l'attachement à ce personnage et les comics réussissent à parfaitement le développer jusqu'au moment où il représente un des personnages les mieux développés dans l'univers des comics.
Je conseille donc à tous de jeter un coup d’œil à ce chef d'oeuvre.
20/20
"Est-ce que ça vous intéresserait qu'on fasse une rubrique ensemble ?" Quelle question ! Qui aurait refusé une proposition pareille ? C'est exactement ce qui est arrivé à Marcel Gotlib, alors jeune dessinateur inconnu venant frapper à la porte du journal Pilote ; 3 mois après son arrivée au journal, le grand patron lui faisait cette offre.
De 1965 à 1967, préfigurant les fameuses Pages d'actualité de Pilote, c'était les pages préférées des lycéens et des étudiants d'avant 68, à une époque où Pilote s'adressait encore à un public adolescent et où il affichait une véritable identité axée autour de l'humour potache. Cette farandole de gags en 2 pages, sans héros (ce qui était inusité dans cette décennie de héros conquérants), a déstabilisé le lecteur qui découvrait une Bd d'un genre nouveau, mais en même temps, ça a contribué à amener ce lecteur vers un humour différent qui n'était plus celui des gags bon enfant. Goscinny et Gotlib ont conçu là l'une des séries cultes de la première décennie Pilote, en appliquant la devise "instruire en amusant".
C'était une rubrique totalement farfelue, dans l'esprit du légendaire magazine MAD que Goscinny admirait. Les sujets étaient simples : petits tracas de la vie quotidienne ou sujets d'actu qui étaient décortiqués avec dérision ; certaines pages étaient inégales, d'autres franchement réussies, mais avec un humour stupéfiant et totalement novateur pour l'époque, Goscinny et Gotlib traitaient de façon non conventionnelle et loufoque les faits marquants et les grandes valeurs de la vie quotidienne des années 60, usant d'une verve inédite visant à bousculer les conventions.
Gotlib a raconté : "Les Dingodossiers, c'était très en avance. Même les copains me disaient qu'est-ce que c'est que cette connerie ?". La série lui a en tout cas permis d'accéder au rang des grands humoristes de la BD.
Goscinny étant débordé par Astérix, par Lucky Luke et accessoirement par Iznogoud, il finit par lâcher Gotlib qu'il incite à créer ses propres pages d'humour ; rien d'étonnant à ce que celui-ci, marqué par son expérience sur "les Dingodossiers", s'en inspire ensuite pour sa non moins fameuse Rubrique-à-Brac.
Une immense fable sociologique burlesque, à déguster sans restriction.
Un humour noir ravageur, un personnage principal hors du commun, merci à Tacito et Froideval pour cette BD cultissime. J'en viens à regretter qu'il ne s'agisse pas d'une oeuvre made in USA car nous aurions eu une adaptation ciné décoiffante, genre Sin City, avoir Bruce Willis pour interprèter le Père Carmody...
L’Italie de la Renaissance symbolise une époque florissante pour le monde occidental sur tous les plans, aussi bien culturel que politique, scientifique et philosophique. Un temps propice pour imaginer toutes sortes de récits de cape et d’épée et d’intrigues politiques dans ce pays pas encore unifié et où prospèrent des Cités-Etat et autres républiques indépendantes.
C’est dans ce cadre que Jérôme Le Gris choisit de nous conter cette uchronie qu’est Horacio d’Alba, personnage éponyme de la série. L’histoire se déroule au XVIIème siècle dans la république fictive du « Point d’Honneur » situé dans le nord de l’Italie qui sent bon la Toscane. Ah mama mia ! Ces plaines et ces collines verdoyantes à pertes de vue aussi bien dépeintes à la rosée du matin, en plein cagnard ou sous la voûte étoilée sont un pur régal pour les yeux. Nicolas Siner a un véritable don pour nous vendre du rêve.
Le dessin parlons-en, vous aimez Alex Alice ou Timothée Montaigne ? Ne cherchez plus, Nicolas Siner est fait du même bois. Son style semi-réaliste pour dessiner les personnages est d’une maturité étonnante pour une première œuvre, et le détail apporté aux décors force le respect. Honnêtement j’ai passé plusieurs minutes par cases juste pour admirer les statues romaines, les vitraux en arrière plan, les ornements et même les frises sur les murs. Ah ça c’est clair le boulot a été fait et bien grâce à une palette de couleurs diversifiée.
J’en reviens à l’histoire. Cette jeune république du Point d’Honneur a été fondée pour mettre un terme aux guerres intestines et a mis en place un système judiciaire basé sur la loi du Talion qui prend la forme de duels entre les belligérants. Ce système a prospéré et a donné lieu à la création d’écoles de duellistes formés à toutes les disciplines de combats et qui mènent une lutte pour la suprématie de leur école respective. Écoles qui avec les années, ont pris tellement d’importance qu’elles font désormais office de 4ème pouvoir (en référence à Montesquieu et la séparation des pouvoirs).
Cependant, la république et les écoles de duellistes sont menacées car le monde bouge, les idées humanistes progressent et traversent les frontières européennes et si certains voient d’un bon œil ce changement comme le sénateur Rembrandt qui rêve d’une république plus juste, d’autres ont des motifs moins altruistes comme le cardinal rouge prêt à toutes les plus viles bassesses pour devenir pape et envoyer ses armées marcher sur cette république riche et prospère, et s’asseoir sur ses cendres.
Et au milieu de ce micmac il y a Horacio d’Alba au passé tragique, le meilleur de tous les duellistes mais qui reste un soldat loyal trimballé par les évènements et qui ne souhaite pas forcément voir l’ancien monde s’écrouler au contraire de son fils qui a d’autres desseins.
Complots fomentés dans les catacombes, intrigues politiques machiavéliques préparées dans les thermes, duels et batailles épiques, amour, vengeance, une république qui arrive à son crépuscule, une touche d’histoire ; tel est le programme de cette série qui s’annonce comme un must-have.
C’est ce que j’apprécie dans cette série. On sait comment tout cela va finir dans les grandes lignes, mais le charisme des personnages est tel qu’on veut connaître le dénouement de leur propre histoire. Et puis j’aime que le scénario soit très fouillé et pas du tout manichéen. Horacio a beau être le personnage principal, on sait que son combat est perdu d’avance mais il va tout faire pour défendre ses idées. Il n’y a pas de bon ou de mauvais camp. Horacio défend un système qu’il a toujours connu en lequel il croit même s’il est barbare, il y a aussi du bon dans cette république. Alors que son fils souhaite pour diverses raisons mettre fin à cette autarcie, quitte à ce que cela se termine dans un bain de sang.
Le récit prend une tournure presque philosophique pour la raison que l'on suit un groupe de personnages qui lutte dans une quête presque absurde. Car le monde est en marche et ils ne pourront rien y changer mais ils lutteront de toute leur force pour sauvegarder ce en quoi ils croient.
Horacio d’Alba est une série grandiose qui parvient à marier scénario ambitieux et cohérent avec un dessin maîtrisé et aux cadrages hollywoodiens.
Vivement l’ultime album qui sortira chez Glénat suite au rachat du catalogue de 12 Bis.
Une fois de plus quelqu'un pour dire qu'avec La Quête et Chninkel , cette Légende est un best des années 80 pour l'Héroic Fantasy. Tout a été dit plus bas.
Avec du recul, j'ai surtout apprécié que cette série (3 tomes seulement) n'ai pas cédé aux tentations "commerciales" du scénario à rallonge.
Ceci dit je rêverai de recroiser la route de nos 3 "quêteurs" dans une autre aventure...mais leur contrée oubliée est devenue un mythe...n'y touchons pas !!
Chapeau ! Je viens de relire pour la cinquième fois cette série pour l’aviser, et j’ai quasiment ressenti le même plaisir qu’à la première lecture, il y a bien longtemps maintenant. Cette trilogie est vraiment une grande réussite d’Enki Bilal – et de la bande dessinée en général !
Le premier tome est parfois assez proche des ambiances créées en collaboration avec Christin dans certains albums précédents, une société fasciste plus ou moins décadente. Mais l’ambiance, les décors font rapidement dévier cette trajectoire vers de la science fiction onirique bourrée de détails plus ou moins délirants. Ce premier tome est absolument génial je trouve, et donne franchement envie d’aller lire la suite !
Les deux tomes suivants s’écartent encore plus d’une réalité contemporaine : moins de détails ancrant l’histoire dans notre quotidien, et plus de liberté laissée à l’imagination de Bilal, vraiment fertile.
En plus de l’histoire, ce qui fait de cette trilogie ce chef d’œuvre « culte », c’est aussi le dessin, qui s’est affirmé (à comparer avec les histoires de Mémoires d'autres temps) et qui va devenir caractéristique du reste des productions de Bilal. Et que dire des couleurs, qui permettent de « signer » une œuvre de Bilal, ces nuances de Bleu et de Gris si emblématiques.
Malgré les deux derniers tomes peut-être un peu moins « forts », je n’hésite pas à mettre cette série dans la catégorie « culte ». Dans l’œuvre de Bilal bien sûr, œuvre personnelle qui s’affranchit des influences (Moebius, Druillet, mais aussi des scénarios de Christin). Dans l’univers de la science fiction aussi, où Bilal, mélangeant un quotidien à peine décalé dans le temps (et où on peut y lire une critique du microcosme politique de « notre » époque), les dieux égyptiens et les régimes fascistes, a créé un univers unique.
Et un « visuel » vraiment unique aussi. Beaucoup de planches « tiennent » indépendamment de l’histoire ou du reste de l’intrigue uniquement par leur beauté ! Et combien d’auteurs peuvent être reconnus à la vue d’une seule planche ? C’est qu’il y a du style, un auteur, et que cette trilogie en est probablement l’acte de naissance !
Une claque, et je tends l’autre joue !
Un chef d’œuvre !!
Je reste sans voix devant tant de beauté, de maîtrise pour faire passer les émotions,…c’est magnifique, quelle poésie !
L’auteur, grâce à une foule de détails très réalistes et à un texte restreint, arrive à nous plonger par la seule force des images, dans la solitude d’un être difforme isolé dans un phare, au milieu de nulle part. Pour un peu, on aurait presque envie de rencontrer cet ermite tant son vécu est touchant.
L’immersion atteint ici, des sommets. J’ai presque entendu les vents de la mer, le bruit des vagues, le cri des goélands,...Le tout en noir et blanc.
De la très grande BD à posséder et à ranger chaudement auprès des meilleurs Comès.
Merci Mr. Chabouté
Il est toujours délicat de juger une bédé inspirée d’un roman qu’on n’a pas lu. Mais si l’on s’en tient ici à l’aspect visuel, c’est tout bonnement époustouflant. Le trait dentelé de Sorel s’allie parfaitement à ses aquarelles sublimes que l’on admire tels des petits tableaux, avec des effets de lumière sidérants. Et ce quel qu’en soit l’échelle. Si les paysages brésiliens sont grandioses, on est tout autant ému par les délicats reflets d’une coupe de champagne ou de l’eau dans une piscine. Les souvenirs du « monde d’hier », en l’occurrence l’Europe de la culture et des arts avant la barbarie nazie, sont évoqués avec sensibilité, dans une ambiance à la fois crépusculaire et flamboyante.
Je dois dire que je me suis tellement laissé emporter par la magnificence du travail de Sorel que pour moi le scénario passe presque au second plan. D’autant que celui-ci n’est pas vraiment à créer puisqu’il est basé sur des faits réels : la retraite de l’écrivain au Brésil avec sa jeune épouse Lotte, quelques jours avant leur suicide en 1942. Bref, j’ai trouvé que Sorel rend ici un magnifique hommage à Stefan Zweig et qu’il a parfaitement compris l’état d’esprit dans lequel il pouvait se trouver à ce moment-là. C’est vrai, le récit est lent et contemplatif, et risquera de laisser en dehors ceux qui ne connaissent pas cet auteur dont les œuvres furent traversées par un humanisme inquiet et qui ressentit d’autant plus durement la folie destructrice qui s’était emparée de son pays et de l’Europe toute entière.
Certes, le personnage n’est pas très drôle non plus, mais comment pouvait-il l’être dans un tel contexte ? Comment le pouvait-il, lui l’amoureux des arts qui déprimait de voir le monde prêt à succomber au fascisme (et qui ne croyait pas à la victoire des Américains), et souffrait d’entraîner vers un abîme inéluctable sa chère Lotte qui aspirait à la vie malgré son asthme sévère, lui qui disait ne plus pouvoir vivre avec sa « bile noire » que rien ne pouvait chasser ?
Ce que l’on peut dire aussi de cette œuvre, c’est que les auteurs jouent beaucoup sur les contrastes. Tout d’abord celui entre deux mondes opposés, l’Europe en proie au chaos et le Brésil baigné d’une douceur de vivre réconfortante et hors du temps. Puis celui entre Stefan Zweig lui-même, en proie à un abattement inconsolable, lassé d’être devenu un exilé permanent considéré comme juif par les uns et ennemi allemand par les autres, et sa jeune épouse Lotte, portée par un fort désir de vivre et aspirant à l’insouciance, alors même que sa maladie lui rappelle que cela est impossible. Sorel parvient à rendre avec délicatesse tout l’amour et la tendresse qui unirent ces deux êtres jusqu’à leur fin romanesque, et cela aussi est vraiment très émouvant.
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Bidouille et Violette
BAM…la nostalgie m’est littéralement tombée dessus lors de la lecture de ce petit bijou que je ne connaissais pas du tout. Difficile d’expliquer mon ressenti mais cette lecture a été un véritable coup de cœur. Le personnage de Bidouille avec cette bouille si particulière et celui de Violette sont adorables et franchement inoubliables. C’est bizarre que je n’en ai jamais entendu parler car l’histoire est tout de même assez forte, parfois sombre et à la fois pleine de douceur, de sensibilité et de fraîcheur. Et puis, les prises de vue, les décors (le banc des amoureux, le toit des maisons,…), et l’ambiance post hippie représentés par Yslaire sont des éléments immersifs qui évoquent chez moi des émotions et souvenirs de jeunesse immense. J’ai lu l’intégrale d’une traite, impossible pour moi de décrocher avant la fin. Un hymne à l’amour et au romantisme à découvrir ou redécouvrir. Qu’est-ce que ça fait du bien !
Hard Boiled
De Frank Miller je pensais en avoir fini mais je ne m’étais jamais encore remis de ce Hard Boiled dont il m’était impossible de mettre la main sur l’intégralité de cette mini série en 3 épisodes enfin rééditée par Delcourt en une jolie intégrale aux couleurs remastérisées et éditée ma foi de fort jolie manière…. Hard Boiled, c’est un fantasme, déjà juste pour le nom qui évoque autant pour moi ce comics hardcore complètement barré que le chef d’œuvre du film d’action de John Woo traduit plus naïvement en français par « A toute épreuve » mais cela n’a rien à voir finalement avec le bébé monstrueux de Darrow et de Miller. Car il est inutile de traduire ce qui est intraduisible ou peut-être incompréhensible ici. Ma patience aura duré 15 ans mais le plaisir que j’aurais à relire cet ovni sera peut-être encore plus long ! Je n’avais décidément rien lu de tel jusqu’à présent et me rends compte à quel point cette œuvre tordue et décidément pas formatée pour le plus grand nombre a pu être marquante et remarquée en son temps mais également à notre époque actuelle. Nixon est un petit employé de la semaine aux méthodes grandement expéditives pour effectuer comme il se doit sa collecte de taxes à grands coups de gunfights et de destructions tentaculaires dans une métropole futuriste déshumanisée. Exploser de pauvres innocents ou faire irruption dans un bordel gigantesque ou dans une grande surface à heure d’affluence ne l’effraye que nenni. Rien ne l’empêchera d’achever ses adversaires comme le boulot quitte à finir sur les rotules ou boulons car Nixon n’est peut-être pas celui qu’il prétend… Vous prenez le style graphique de Moebius période Incal à mélanger avec des estampes des livres-jeu « Mais où est Charlie ? », un scénario oscillant entre Blade Runner, Matrix (tiens, tiens) et Terminator, vous mélangez le tout avec du Jack Daniels bien dégueu et cela vous donnera peut-être l’aperçu de ce Hard Boiled tel que je l’entrevois en gardant les yeux écarquillés du début à la fin… Le style de Darrow est à proprement dire HALLUCINANT ! Ce mec doit passer un temps incroyable à dessiner moult détails des plus variés ou plus infimes tout en utilisant la ligne claire de bien belle manière… De ces tableaux de guérilla post moderne en pleine ville où la taule fracasse objets et où les corps subissent les attaques les plus diverses, Darrow dresse un fabuleux jeu de piste où l’on peut s’extasier 10 secondes comme y rester une heure ! L’action est parfaitement découpée et les instants « clés » ou dessinés sont particulièrement bien léchés ! J’ai rarement ressenti un tel vertige à cette course automobile entre deux véhicules sur de longues pages sans dialogue débordant sur des séquences dignes du bullet time de Matrix… Encore Matrix ? Darrow a participé à la conception artistique de cette fameuse trilogie dont la fameuse séquence sur autoroute a directement été inspirée par Hard Boiled… On pourrait croire derrière tout ce fatras de vignettes imprimant fortement la rétine qu’il n’y a rien mais la révolte ou la recherche même de l’identité véritable de ce Nixon reformaté moult fois pour l’occasion par la société qui l’exploite et la fin a beau me laisser perplexe, elle est tout à fait dans la continuité du récit.. Ce mélange métallique, cyberpunk où la chair se mélange au métal n’est pas sans rappeler les univers de Tetsuo ou de Videodrome où le slogan « Welcome to the New Flesh » imprégnait notre inconscient comme rarement… Si ce comics n’est clairement pas à mettre devant tous les yeux pour sa violence et ses scènes d’orgie subliminales, il est clairement à posséder dans toute bonne bibliothèque de goût qu’on apprécie ou pas Miller. Si je ne partage guère les orientations politiques de ce monsieur, je reste persuadé que son œuvre elle mérite des louanges et de surcroit ce Hard Boiled me fait regretter que l’œuvre de Geof Darrow soit si éparpillée…. Un putain de fist fucking en pleine gueule dont je n’ai de cesse d’y repenser depuis ma lecture et rien que pour ça, ça fait du bien ! Si c'est pas ça qu'on appelle une oeuvre culte, alors je ne réponds plus de rien !
Y Le Dernier Homme
C'est juste parfait du début à la fin, l'intrigue est haletante entre qui ou quoi a causé ce virus et l'action. Mais la véritable force de ce comics réside dans trois points très positifs : - Le monde créé est juste incroyable entre les amazones, les femmes qui apprennent de plus en plus rapidement à remplacer les hommes, etc… On voit tout au long de cette épopée l'évolution de ce monde sans hommes et ce qui implique la disparition des hommes pour cette société. - La relation entre personnages et les personnages secondaires : les personnages secondaires sont très bien développés tout au long du comics (355, Dr Mann, l'autre Beth, Nathalia, même le singe est développé comme un personnage à part entière) et la relation entre ces personnages représente une des plus grosse force de ce récit : je parle ben sûr de la relation entre Yorick et 355 ainsi que Yorick et son singe. - Mais le personnage de Yorick représente la vraie force du récit, il s'agit en effet de mon personnage préféré tout comics confondus. Le fait qu'il ressemble à un homme ordinaire facilite l'attachement à ce personnage et les comics réussissent à parfaitement le développer jusqu'au moment où il représente un des personnages les mieux développés dans l'univers des comics. Je conseille donc à tous de jeter un coup d’œil à ce chef d'oeuvre. 20/20
Les Dingodossiers
"Est-ce que ça vous intéresserait qu'on fasse une rubrique ensemble ?" Quelle question ! Qui aurait refusé une proposition pareille ? C'est exactement ce qui est arrivé à Marcel Gotlib, alors jeune dessinateur inconnu venant frapper à la porte du journal Pilote ; 3 mois après son arrivée au journal, le grand patron lui faisait cette offre. De 1965 à 1967, préfigurant les fameuses Pages d'actualité de Pilote, c'était les pages préférées des lycéens et des étudiants d'avant 68, à une époque où Pilote s'adressait encore à un public adolescent et où il affichait une véritable identité axée autour de l'humour potache. Cette farandole de gags en 2 pages, sans héros (ce qui était inusité dans cette décennie de héros conquérants), a déstabilisé le lecteur qui découvrait une Bd d'un genre nouveau, mais en même temps, ça a contribué à amener ce lecteur vers un humour différent qui n'était plus celui des gags bon enfant. Goscinny et Gotlib ont conçu là l'une des séries cultes de la première décennie Pilote, en appliquant la devise "instruire en amusant". C'était une rubrique totalement farfelue, dans l'esprit du légendaire magazine MAD que Goscinny admirait. Les sujets étaient simples : petits tracas de la vie quotidienne ou sujets d'actu qui étaient décortiqués avec dérision ; certaines pages étaient inégales, d'autres franchement réussies, mais avec un humour stupéfiant et totalement novateur pour l'époque, Goscinny et Gotlib traitaient de façon non conventionnelle et loufoque les faits marquants et les grandes valeurs de la vie quotidienne des années 60, usant d'une verve inédite visant à bousculer les conventions. Gotlib a raconté : "Les Dingodossiers, c'était très en avance. Même les copains me disaient qu'est-ce que c'est que cette connerie ?". La série lui a en tout cas permis d'accéder au rang des grands humoristes de la BD. Goscinny étant débordé par Astérix, par Lucky Luke et accessoirement par Iznogoud, il finit par lâcher Gotlib qu'il incite à créer ses propres pages d'humour ; rien d'étonnant à ce que celui-ci, marqué par son expérience sur "les Dingodossiers", s'en inspire ensuite pour sa non moins fameuse Rubrique-à-Brac. Une immense fable sociologique burlesque, à déguster sans restriction.
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Un humour noir ravageur, un personnage principal hors du commun, merci à Tacito et Froideval pour cette BD cultissime. J'en viens à regretter qu'il ne s'agisse pas d'une oeuvre made in USA car nous aurions eu une adaptation ciné décoiffante, genre Sin City, avoir Bruce Willis pour interprèter le Père Carmody...
Horacio d'Alba
L’Italie de la Renaissance symbolise une époque florissante pour le monde occidental sur tous les plans, aussi bien culturel que politique, scientifique et philosophique. Un temps propice pour imaginer toutes sortes de récits de cape et d’épée et d’intrigues politiques dans ce pays pas encore unifié et où prospèrent des Cités-Etat et autres républiques indépendantes. C’est dans ce cadre que Jérôme Le Gris choisit de nous conter cette uchronie qu’est Horacio d’Alba, personnage éponyme de la série. L’histoire se déroule au XVIIème siècle dans la république fictive du « Point d’Honneur » situé dans le nord de l’Italie qui sent bon la Toscane. Ah mama mia ! Ces plaines et ces collines verdoyantes à pertes de vue aussi bien dépeintes à la rosée du matin, en plein cagnard ou sous la voûte étoilée sont un pur régal pour les yeux. Nicolas Siner a un véritable don pour nous vendre du rêve. Le dessin parlons-en, vous aimez Alex Alice ou Timothée Montaigne ? Ne cherchez plus, Nicolas Siner est fait du même bois. Son style semi-réaliste pour dessiner les personnages est d’une maturité étonnante pour une première œuvre, et le détail apporté aux décors force le respect. Honnêtement j’ai passé plusieurs minutes par cases juste pour admirer les statues romaines, les vitraux en arrière plan, les ornements et même les frises sur les murs. Ah ça c’est clair le boulot a été fait et bien grâce à une palette de couleurs diversifiée. J’en reviens à l’histoire. Cette jeune république du Point d’Honneur a été fondée pour mettre un terme aux guerres intestines et a mis en place un système judiciaire basé sur la loi du Talion qui prend la forme de duels entre les belligérants. Ce système a prospéré et a donné lieu à la création d’écoles de duellistes formés à toutes les disciplines de combats et qui mènent une lutte pour la suprématie de leur école respective. Écoles qui avec les années, ont pris tellement d’importance qu’elles font désormais office de 4ème pouvoir (en référence à Montesquieu et la séparation des pouvoirs). Cependant, la république et les écoles de duellistes sont menacées car le monde bouge, les idées humanistes progressent et traversent les frontières européennes et si certains voient d’un bon œil ce changement comme le sénateur Rembrandt qui rêve d’une république plus juste, d’autres ont des motifs moins altruistes comme le cardinal rouge prêt à toutes les plus viles bassesses pour devenir pape et envoyer ses armées marcher sur cette république riche et prospère, et s’asseoir sur ses cendres. Et au milieu de ce micmac il y a Horacio d’Alba au passé tragique, le meilleur de tous les duellistes mais qui reste un soldat loyal trimballé par les évènements et qui ne souhaite pas forcément voir l’ancien monde s’écrouler au contraire de son fils qui a d’autres desseins. Complots fomentés dans les catacombes, intrigues politiques machiavéliques préparées dans les thermes, duels et batailles épiques, amour, vengeance, une république qui arrive à son crépuscule, une touche d’histoire ; tel est le programme de cette série qui s’annonce comme un must-have. C’est ce que j’apprécie dans cette série. On sait comment tout cela va finir dans les grandes lignes, mais le charisme des personnages est tel qu’on veut connaître le dénouement de leur propre histoire. Et puis j’aime que le scénario soit très fouillé et pas du tout manichéen. Horacio a beau être le personnage principal, on sait que son combat est perdu d’avance mais il va tout faire pour défendre ses idées. Il n’y a pas de bon ou de mauvais camp. Horacio défend un système qu’il a toujours connu en lequel il croit même s’il est barbare, il y a aussi du bon dans cette république. Alors que son fils souhaite pour diverses raisons mettre fin à cette autarcie, quitte à ce que cela se termine dans un bain de sang. Le récit prend une tournure presque philosophique pour la raison que l'on suit un groupe de personnages qui lutte dans une quête presque absurde. Car le monde est en marche et ils ne pourront rien y changer mais ils lutteront de toute leur force pour sauvegarder ce en quoi ils croient. Horacio d’Alba est une série grandiose qui parvient à marier scénario ambitieux et cohérent avec un dessin maîtrisé et aux cadrages hollywoodiens. Vivement l’ultime album qui sortira chez Glénat suite au rachat du catalogue de 12 Bis.
Légendes des Contrées Oubliées
Une fois de plus quelqu'un pour dire qu'avec La Quête et Chninkel , cette Légende est un best des années 80 pour l'Héroic Fantasy. Tout a été dit plus bas. Avec du recul, j'ai surtout apprécié que cette série (3 tomes seulement) n'ai pas cédé aux tentations "commerciales" du scénario à rallonge. Ceci dit je rêverai de recroiser la route de nos 3 "quêteurs" dans une autre aventure...mais leur contrée oubliée est devenue un mythe...n'y touchons pas !!
La Trilogie Nikopol
Chapeau ! Je viens de relire pour la cinquième fois cette série pour l’aviser, et j’ai quasiment ressenti le même plaisir qu’à la première lecture, il y a bien longtemps maintenant. Cette trilogie est vraiment une grande réussite d’Enki Bilal – et de la bande dessinée en général ! Le premier tome est parfois assez proche des ambiances créées en collaboration avec Christin dans certains albums précédents, une société fasciste plus ou moins décadente. Mais l’ambiance, les décors font rapidement dévier cette trajectoire vers de la science fiction onirique bourrée de détails plus ou moins délirants. Ce premier tome est absolument génial je trouve, et donne franchement envie d’aller lire la suite ! Les deux tomes suivants s’écartent encore plus d’une réalité contemporaine : moins de détails ancrant l’histoire dans notre quotidien, et plus de liberté laissée à l’imagination de Bilal, vraiment fertile. En plus de l’histoire, ce qui fait de cette trilogie ce chef d’œuvre « culte », c’est aussi le dessin, qui s’est affirmé (à comparer avec les histoires de Mémoires d'autres temps) et qui va devenir caractéristique du reste des productions de Bilal. Et que dire des couleurs, qui permettent de « signer » une œuvre de Bilal, ces nuances de Bleu et de Gris si emblématiques. Malgré les deux derniers tomes peut-être un peu moins « forts », je n’hésite pas à mettre cette série dans la catégorie « culte ». Dans l’œuvre de Bilal bien sûr, œuvre personnelle qui s’affranchit des influences (Moebius, Druillet, mais aussi des scénarios de Christin). Dans l’univers de la science fiction aussi, où Bilal, mélangeant un quotidien à peine décalé dans le temps (et où on peut y lire une critique du microcosme politique de « notre » époque), les dieux égyptiens et les régimes fascistes, a créé un univers unique. Et un « visuel » vraiment unique aussi. Beaucoup de planches « tiennent » indépendamment de l’histoire ou du reste de l’intrigue uniquement par leur beauté ! Et combien d’auteurs peuvent être reconnus à la vue d’une seule planche ? C’est qu’il y a du style, un auteur, et que cette trilogie en est probablement l’acte de naissance ! Une claque, et je tends l’autre joue !
Tout seul
Un chef d’œuvre !! Je reste sans voix devant tant de beauté, de maîtrise pour faire passer les émotions,…c’est magnifique, quelle poésie ! L’auteur, grâce à une foule de détails très réalistes et à un texte restreint, arrive à nous plonger par la seule force des images, dans la solitude d’un être difforme isolé dans un phare, au milieu de nulle part. Pour un peu, on aurait presque envie de rencontrer cet ermite tant son vécu est touchant. L’immersion atteint ici, des sommets. J’ai presque entendu les vents de la mer, le bruit des vagues, le cri des goélands,...Le tout en noir et blanc. De la très grande BD à posséder et à ranger chaudement auprès des meilleurs Comès. Merci Mr. Chabouté
Les Derniers Jours de Stefan Zweig
Il est toujours délicat de juger une bédé inspirée d’un roman qu’on n’a pas lu. Mais si l’on s’en tient ici à l’aspect visuel, c’est tout bonnement époustouflant. Le trait dentelé de Sorel s’allie parfaitement à ses aquarelles sublimes que l’on admire tels des petits tableaux, avec des effets de lumière sidérants. Et ce quel qu’en soit l’échelle. Si les paysages brésiliens sont grandioses, on est tout autant ému par les délicats reflets d’une coupe de champagne ou de l’eau dans une piscine. Les souvenirs du « monde d’hier », en l’occurrence l’Europe de la culture et des arts avant la barbarie nazie, sont évoqués avec sensibilité, dans une ambiance à la fois crépusculaire et flamboyante. Je dois dire que je me suis tellement laissé emporter par la magnificence du travail de Sorel que pour moi le scénario passe presque au second plan. D’autant que celui-ci n’est pas vraiment à créer puisqu’il est basé sur des faits réels : la retraite de l’écrivain au Brésil avec sa jeune épouse Lotte, quelques jours avant leur suicide en 1942. Bref, j’ai trouvé que Sorel rend ici un magnifique hommage à Stefan Zweig et qu’il a parfaitement compris l’état d’esprit dans lequel il pouvait se trouver à ce moment-là. C’est vrai, le récit est lent et contemplatif, et risquera de laisser en dehors ceux qui ne connaissent pas cet auteur dont les œuvres furent traversées par un humanisme inquiet et qui ressentit d’autant plus durement la folie destructrice qui s’était emparée de son pays et de l’Europe toute entière. Certes, le personnage n’est pas très drôle non plus, mais comment pouvait-il l’être dans un tel contexte ? Comment le pouvait-il, lui l’amoureux des arts qui déprimait de voir le monde prêt à succomber au fascisme (et qui ne croyait pas à la victoire des Américains), et souffrait d’entraîner vers un abîme inéluctable sa chère Lotte qui aspirait à la vie malgré son asthme sévère, lui qui disait ne plus pouvoir vivre avec sa « bile noire » que rien ne pouvait chasser ? Ce que l’on peut dire aussi de cette œuvre, c’est que les auteurs jouent beaucoup sur les contrastes. Tout d’abord celui entre deux mondes opposés, l’Europe en proie au chaos et le Brésil baigné d’une douceur de vivre réconfortante et hors du temps. Puis celui entre Stefan Zweig lui-même, en proie à un abattement inconsolable, lassé d’être devenu un exilé permanent considéré comme juif par les uns et ennemi allemand par les autres, et sa jeune épouse Lotte, portée par un fort désir de vivre et aspirant à l’insouciance, alors même que sa maladie lui rappelle que cela est impossible. Sorel parvient à rendre avec délicatesse tout l’amour et la tendresse qui unirent ces deux êtres jusqu’à leur fin romanesque, et cela aussi est vraiment très émouvant.