Je suis assez friand de romans graphiques et, dans le genre, le "combat ordinaire" de Manu Larcenet est un must.
L'histoire suit Marco, un photographe trentenaire, dans les étapes de sa vie (le couple, le suicide d'un parent, le rôle de parent, la carrière professionnelle) et, surtout, dans ses interrogations. Manu Larcenet parvient à faire de l'histoire d'une vie somme toute plutôt normale, pas incroyable, une histoire passionnante et émouvante.
Car je me suis passionné pour ce héros ordinaire, je m'en foutiste mais sujet à de sérieuses crises d'angoisse, déconneur mais du genre à pas mal cogiter, heureux en général mais torturé en particulier. "Le combat ordinaire" nous offre de belles réflexions sur la vie, et les étapes du passage à la vie adulte telle qu'on la conçoit généralement (en gros un couple, un enfant, la perte de proches, les galères de boulot). Je n'en suis pas encore à cette étape de ma vie, et j'appréhende certaines choses qui sont traitées dans l'oeuvre, ou du moins suis curieux de voir comment elles se dérouleront. Lire cette bd ne permet pas forcément de se préparer, mais au moins de découvrir et d'approfondir un point de vue, celui de Marco, et de l'auteur, qui transparait clairement.
Le seul regret que je puisse avoir est le fait que certaines situations n'aient pas ou peu été développées, comme l'arrivée de Maude par exemple. Après, impossible d'en vouloir à Manu Larcenet pour ça, ce n'est pas une erreur ou un défaut, mais plutôt un choix. De la même manière j'aurais aimé rentrer un peu plus dans l'intimité du couple du héros, mais pareil, c'est très personnel, on ne peut pas dire que ça soit vraiment un "défaut". De même, les plus jeunes lecteurs seront peut-être un peu perdus par les références de l'époque, notamment politiques, avec Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002, puis Sarkozy contre Ségolène Royal, avec la défaite du FN, qui avait été "tué" par l'UMP. Mine de rien, en 10 ans, pas mal de choses ont changées et il faut pouvoir se mettre à la place du héros quand, comme moi, on en était encore à parler de cartes pokémon en 2002 et de devoir maison de maths en 2007.
L'humour est assez présent, suffisamment pour ne pas rendre le tout trop triste et sombre. Car s'il y a beaucoup d'interrogations, il y a pas mal de joie dans Le Combat Ordinaire, et certaines situations m'ont fait sourire, d'autres plaisir. Et j'ai parfois carrément ri à certaines réflexions des personnages.
Côté dessin, ça n'a bien sûr rien à voir avec les dernières oeuvres de Manu Larcenet comme Blast ou Le Rapport de Brodeck, mais le trait dégage quand même une certaine puissance, un certain charme (dans un style totalement différent) qui me séduisent et m'ont permis de m'attacher aux personnages. C'est simple mais diablement efficace.
Peut-être la meilleure bd du genre, en tout cas la plus connue, et ce n'est certainement pas immérité.
C'est à Angoulême que j'ai fait la découverte de cet album par le biais d'une magnifique exposition lui étant consacré. Des planches grand format en noir et blanc à vous couper le souffle ! Wow ! Quelle classe et quelle maîtrise de la part de Steve Cuzor dont je découvre le talent avec cette BD ! Restait à voir ce qu'allait donner le scénario d'Yves Sente...
On plonge en pleine seconde Guerre Mondiale en suivant le parcours tumultueux d'un commando de noirs américains à qui l'armée confie la mission délicate de remettre la main sur le premier drapeau américain qu'avait fait réaliser George Washington à la fin du XVIIIe siècle ; la couturière noire qui avait réalisé celui-ci aurait dissimulé une étoile noire derrière l'une des autres figurant les états de la fédération en hommage à la communauté noire. Par les aléas de l'histoire, celui-ci est aujourd'hui entre les mains d'un terrible commandant allemand et le récupérer ne va pas être une mince affaire...
C'est en fait toute la place de la communauté afro-américaine qui est ici remise en perspective à travers cette histoire. De la place des noirs au sein même de la société américaine, comme au sein de son armée, nous sommes en pleine lutte pour leur émancipation. Et ici tout est histoire de symboles. C'est très bien amené et ces 170 pages bien remplies s'avalent pourtant d'une traite tant le récit est bien conduit.
Le seul regret que je pourrais avoir tiens au tirage "normal" qui s'est vu ajouté une mise en couleur tout en aplats avec un choix différent pour chaque chapitre. Non pas que celle-ci soit mauvaise ou ratée, mais quand on a vu les planches originales en noir et blanc, je trouve que celui-ci se suffisait grandement à lui même. Seul un tirage spécial limité propose cette version noir et blanc. Dommage.
Si j’avais déjà vaguement survolé plusieurs œuvres de Ludovic Debeurme avant, c’est tout récemment, avec Epiphania, que je l’ai réellement découvert. Avec une très belle impression. Et donc l’envie de voir ce qu’il avait pu faire auparavant.
Avec Lucille, c’est dès le départ très différent. Du Noir et Blanc (au lieu des couleurs très marquantes d’Epiphania). Pas de gaufrier, de cases, des décors quasi absents, tout se concentre sur les personnages – qui ne sont d’ailleurs parfois qu’esquissés, avec seuls les visages de représentés. Au milieu de tout ça, beaucoup de blancs, de temps morts.
Il faut dire que Debeurme prend son temps, sur plusieurs centaines de pages, pour présenter les personnages principaux. Des écorchés par la vie, qui se protègent comme ils peuvent du monde extérieur, auquel ils ne sont pas forcément adaptés. Et qui, après s’être rencontrés se donnent mutuellement des raisons de vivre.
Le rythme est lent donc, mais Debeurme a su éviter le piège du pathos, de la mièvrerie et, avec tact et sensibilité, a très bien construit de beaux personnages. Cabossés, mais le cœur battant, même en sourdine parfois.
A feuilleter avant d’acheter, c’est parfois plus poétique, et certains accrocheront peu à ce genre de roman graphique. Mais j’y ai trouvé de l’originalité, alors même que les thèmes traités sont, au final, universels.
Note réelle 3,5/5.
Je suis dans ma période Brubaker/Phillips et je dois avouer que ce Fondu au noir mérite tous les éloges, mais aussi qu'il se mérite. La construction de l'intrigue est tirée au cordeau et s'il est vrai qu'il faut au départ s'accrocher un peu pour suivre entre tous les personnages au final nous avons la un excellent distillat de ce qu'est le polar moderne ne reniant en rien ses origines.
Encore que polar oui certes, il y a un meurtre et donc une enquête. Mais pas que ça loin s'en faut, personnellement ce que j'ai particulièrement apprécié c'est la peinture du milieu du cinéma dans ces années là. En plein Maccarthysme chacun des protagonistes essaient de s'en sortir au mieux mais pas forcément de la meilleure des manières. Entre corruption, délation coups tordus et j'en passe nous naviguons dans des eaux plus que troubles.
C'est donc peut dire que l'ambiance n'est pas toujours à la fête bien que certains s'en sortent plutôt pas mal. Qualité de cette grosse BD, son background donc, l'ambiance a laquelle contribue amplement Sean Phillips par son dessin si particulier et aisément reconnaissable. Jamais son trait un peu gras n'aura eu autant d’efficacité.
Intrigue complexe mais lisible Ed Brubaker sait nous embarquer c'est donc une œuvre hautement recommandable que nous avons là, à côté la série de ces mêmes auteurs Criminal pourrait ne paraitre qu'un galop d'essai.
Je n'ai pas fait une passion de cette BD mais j'ai bien accroché. Il faut dire qu'il aborde de la pure SF de divertissement à grande envergure, mélangeant Space Opera et Robots, et ce sont des thématiques classiques mais qui me plaisent quand le récit est bien mené.
J'ai retrouvé dans cette série un peu de ce qui m'avait plu dans la série Saga. Certes, c'est beaucoup moins fantasque et l'imagination y est plus sobre, mais j'ai aimé cette galerie de planètes et de peuples très divers, parfois étonnants, et ce parcours parallèles de plusieurs brochettes de personnages originaux les uns à la poursuite des autres.
Le graphisme a aussi une bonne personnalité, grâce à sa colorisation directe. Le trait est parfois un peu brouillon et pas évident à déchiffrer mais l'aspect d'ensemble est joli.
Quant à l'intrigue, elle dispose d'un bon rythme, d'un scénario qui tient la route en terme d'aventure-action, une petite part de réflexion, et d'un lot de mystères qui donne envie de connaitre la suite et de comprendre notamment qui sont ces Moissonneurs et leur lien avec le robot protagoniste principal du récit.
Soyons clair, ce n'est pas une série parfaite, je lui préfère Saga notamment, mais je l'ai trouvée bien et agréable à lire.
Je découvre cet auteur avec cet album, et le relatif anticonformisme des idées et des images avancées ici ont singulièrement piqué ma curiosité. J’essayerai de voir ce qu’il a pu faire ailleurs.
L’album regroupe un certain nombre d’histoires courtes qui, toutes, à des degrés divers, s’en prennent à notre société. Société dont Ivan Brun donne une vision très très noire ! Il y a un peu de Winshluss ou de Blanquet dans tout ça – même si cette remarque n’engage et ne convaincra sans doute que moi.
Certaines histoires virent au trash, d’autres ont des scènes plutôt porno : on est donc loin du mainstream.
Le visuel des personnages (qui lorgne un peu sur le manga – mais heureusement pas trop !) est assez original. Les personnages sont petits, avec une tête un peu grosse. Comme pour la présentation de la société, on frôle parfois la caricature.
Si le monde que décrit Brun est d’une grande noirceur, la lecture de cet album est agréable. Et plutôt rapide, car il n’y a quasiment aucun texte.
Un album atypique, dérangeant par certains côté, à réserver à un public averti peut-être, mais que j’ai trouvé intéressant, et dont je vous recommande la lecture.
A priori, cet album a tout pour me plaire.
En effet, c’est un épais recueil de grosses conneries, qui joue sur l’humour noir, mais surtout sur un humour con et ou absurde, avec des dialogues assez fendards, et qui surtout sont en total décalage avec la situation de départ. Quelques touches font penser aux Monthy Python ou aux Nuls.
Par ailleurs, Delcourt s’est fendu d’une couverture épaisse et relativement classieuse, eu égard au genre (humour con) plus souvent abonné aux petits éditeurs ou alors à un investissement plus limité de la part des « gros » éditeurs.
Mais voilà, si j’ai bien ri à plusieurs reprises lors de ma lecture, j’hésite à en recommander l’achat. Car le prix est vraiment très élevé je trouve. C’est une réflexion que je me fais pour d’autres albums du même genre (comme « Georges Clooney » de Valette). Vues les pages intérieures et l’absence de gaufrier traditionnel, je pense que Delcourt aurait pu produire quelque chose de moins cher. D’autant plus que le contenu n’est pas forcément mainstream : du coup, je ne pense pas que cela devienne un succès d’édition…
Donc à vous de voir pour l’investissement. Mais en tout cas, si vous avez l’occasion de lire cet album et que vous appréciez ce type d’humour, allez-y, c’est globalement assez réussi.
(je ne développe pas sur le dessin, sans réel intérêt et de toute façon, ce n’est pas ce qui compte ici).
Amateur de mythologie, cet album sur les Amazones m'a vite tapé dans l'oeil. De bons avis, des recommandations de copains, il ne m'en a pas fallu plus pour le dénicher rapidement chez mon libraire. Et là, aucun regrets, car on en prend plein les mirettes !
Car ce qui frappe avant tout dans cet album c'est la qualité du dessin de Christian Rossi Wow, mes aminches ! Quel talent ! Ce dessin à la limite du crayonné par moments et rehaussé de sépia façon aquarelle, ça a vraiment de la gueule et impose une ambiance qui se marie à merveille avec le récit concocté par Géraldine Bindi.
C'est en pleine guerre de Troie que l'action prend place. Nos belles Amazones, en bonnes voisines qui se respectent, vont profiter de la bataille pour venir faire leurs "courses" parmi ces vaillants guerriers. Leur société étant uniquement composée de femmes, elles doivent pour assurer leur pérennité régulièrement trouver des mâles pour les féconder...et ensuite s'en débarrasser. C'est donc ce qu'elles vont faire avec succès, mais elles vont ainsi piquer la curiosité d'Achille qui va se mettre en tête de retrouver ces fabuleuses femmes guerrières dont le village est perdu au fin fond d'une forêt magique les protégeant d'incursions fortuites...
"Le Coeur des Amazones" nous propose donc un récit bien ficelé, qui sans demander de connaissances pointues sur la mythologie, pose insidieusement la question de l'évolution des sociétés. Nos Amazones se retrouvent en effet tiraillées entre une volonté de perpétuer des traditions mises en place depuis des générations et qui leur ont permis de survivre et la volonté de faire évoluer celle-ci, avec le risque de mettre à mal ce qu'elles ont réussi à construire de longue lutte.
Un album passionnant et magnifique dont je conseille fortement la lecture !
Je suis allé un peu à reculons vers la lecture de cette BD car j'imaginais y lire l'épaisse biographie un peu rébarbative d'un personnage historique. Mais en réalité la mise en scène narrative est telle que la lecture est vraiment très agréable et fluide. On alterne en effet entre l'année 1904 où un écrivain rencontre le vieil homme qu'est devenu Geronimo, se lie d'amitié avec lui et écoute le récit de sa vie, et le récit en question, des années 1840 à 1870.
Ainsi, à la manière d'un Little Big Man, on découvre le conflit entre amérindiens (Apaches plus précisément) et colons blancs. Cela commence par une période de forte méfiance mais durant laquelle le jeune Go Khla Yeh vivra une enfance puis une première vie de famille relativement heureuse. Jusqu'au massacre de sa femme et de ses enfants par des mexicains, puis d'autres exactions commises cette fois par des soldats américains sans scrupules, qui vont entraîner les véritables guerres indiennes contre les Apaches, et au passage Go Khla Yeh à être surnommé Geronimo.
Ce qui est bien, c'est que le récit évite tout manichéisme pénible. Oui les mexicains massacraient les indiens, mais les indiens se vengeaient bien de leur côté. Et oui il y avait de vraies pourritures chez les américains, mais aussi des blancs sympathiques. Et autant on comprend les réactions de vengeance des Apaches, autant leur comportement et celui de Geronimo faisaient parfois preuve d'une sauvagerie qui montre vraiment leur différence culturelle indéniable d'avec les occidentaux (même si les actions des blancs de l'époque n'étaient pas vraiment plus respectables). Je me souviens d'avoir vu le film Fureur Apache dans ma jeunesse où les déchaînements de violence des Apaches étaient effrayants et j'en gardais le souvenir de monstres cruels. De voir par leurs yeux des violences similaires et leurs raisons dans ce récit me fait un effet un peu bizarre. Mais dans tous les cas, face au rouleau compresseur de la politique et de l'armée américaine, c'était un combat vengeur perdu d'avance.
BD intéressante et bien construite qui se lit très agréablement et apprend pas mal de choses sur les relations entre mexicains, américains blancs et apaches à l'époque, et sur qui était vraiment ce personnage au surnom si connu qu'était Geronimo.
On apprendra beaucoup de choses sur les autruches mais pas que. Sur la nature humaine également. Il est clair que lorsque l'on veut se débarrasser de son encombrante épouse, il y a parfois un lourd prix à payer. D'autres fois, cela emprunte les chemins de l'étrange. J'ai bien aimé ce conte finalement assez moral.
Zidrou est un auteur totalement accompli qui maîtrise avec perfection son art. Il le prouve encore une fois avec un thriller à l'humour un peu particulier. Il sort un peu des sentiers battus avec ce polar très noir et parfois assez sordide. On lit cette histoire horrifique sans s'arrêter et d'une seule traite. Dans cet élevage peuplées d'autruches, on ne s'ennuiera pas une seconde.
Bon à savoir: la couverture semble être abîmée sur les bords mais cela est fait exprès.
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Le Combat ordinaire
Je suis assez friand de romans graphiques et, dans le genre, le "combat ordinaire" de Manu Larcenet est un must. L'histoire suit Marco, un photographe trentenaire, dans les étapes de sa vie (le couple, le suicide d'un parent, le rôle de parent, la carrière professionnelle) et, surtout, dans ses interrogations. Manu Larcenet parvient à faire de l'histoire d'une vie somme toute plutôt normale, pas incroyable, une histoire passionnante et émouvante. Car je me suis passionné pour ce héros ordinaire, je m'en foutiste mais sujet à de sérieuses crises d'angoisse, déconneur mais du genre à pas mal cogiter, heureux en général mais torturé en particulier. "Le combat ordinaire" nous offre de belles réflexions sur la vie, et les étapes du passage à la vie adulte telle qu'on la conçoit généralement (en gros un couple, un enfant, la perte de proches, les galères de boulot). Je n'en suis pas encore à cette étape de ma vie, et j'appréhende certaines choses qui sont traitées dans l'oeuvre, ou du moins suis curieux de voir comment elles se dérouleront. Lire cette bd ne permet pas forcément de se préparer, mais au moins de découvrir et d'approfondir un point de vue, celui de Marco, et de l'auteur, qui transparait clairement. Le seul regret que je puisse avoir est le fait que certaines situations n'aient pas ou peu été développées, comme l'arrivée de Maude par exemple. Après, impossible d'en vouloir à Manu Larcenet pour ça, ce n'est pas une erreur ou un défaut, mais plutôt un choix. De la même manière j'aurais aimé rentrer un peu plus dans l'intimité du couple du héros, mais pareil, c'est très personnel, on ne peut pas dire que ça soit vraiment un "défaut". De même, les plus jeunes lecteurs seront peut-être un peu perdus par les références de l'époque, notamment politiques, avec Jean-Marie Le Pen au deuxième tour en 2002, puis Sarkozy contre Ségolène Royal, avec la défaite du FN, qui avait été "tué" par l'UMP. Mine de rien, en 10 ans, pas mal de choses ont changées et il faut pouvoir se mettre à la place du héros quand, comme moi, on en était encore à parler de cartes pokémon en 2002 et de devoir maison de maths en 2007. L'humour est assez présent, suffisamment pour ne pas rendre le tout trop triste et sombre. Car s'il y a beaucoup d'interrogations, il y a pas mal de joie dans Le Combat Ordinaire, et certaines situations m'ont fait sourire, d'autres plaisir. Et j'ai parfois carrément ri à certaines réflexions des personnages. Côté dessin, ça n'a bien sûr rien à voir avec les dernières oeuvres de Manu Larcenet comme Blast ou Le Rapport de Brodeck, mais le trait dégage quand même une certaine puissance, un certain charme (dans un style totalement différent) qui me séduisent et m'ont permis de m'attacher aux personnages. C'est simple mais diablement efficace. Peut-être la meilleure bd du genre, en tout cas la plus connue, et ce n'est certainement pas immérité.
Cinq branches de coton noir
C'est à Angoulême que j'ai fait la découverte de cet album par le biais d'une magnifique exposition lui étant consacré. Des planches grand format en noir et blanc à vous couper le souffle ! Wow ! Quelle classe et quelle maîtrise de la part de Steve Cuzor dont je découvre le talent avec cette BD ! Restait à voir ce qu'allait donner le scénario d'Yves Sente... On plonge en pleine seconde Guerre Mondiale en suivant le parcours tumultueux d'un commando de noirs américains à qui l'armée confie la mission délicate de remettre la main sur le premier drapeau américain qu'avait fait réaliser George Washington à la fin du XVIIIe siècle ; la couturière noire qui avait réalisé celui-ci aurait dissimulé une étoile noire derrière l'une des autres figurant les états de la fédération en hommage à la communauté noire. Par les aléas de l'histoire, celui-ci est aujourd'hui entre les mains d'un terrible commandant allemand et le récupérer ne va pas être une mince affaire... C'est en fait toute la place de la communauté afro-américaine qui est ici remise en perspective à travers cette histoire. De la place des noirs au sein même de la société américaine, comme au sein de son armée, nous sommes en pleine lutte pour leur émancipation. Et ici tout est histoire de symboles. C'est très bien amené et ces 170 pages bien remplies s'avalent pourtant d'une traite tant le récit est bien conduit. Le seul regret que je pourrais avoir tiens au tirage "normal" qui s'est vu ajouté une mise en couleur tout en aplats avec un choix différent pour chaque chapitre. Non pas que celle-ci soit mauvaise ou ratée, mais quand on a vu les planches originales en noir et blanc, je trouve que celui-ci se suffisait grandement à lui même. Seul un tirage spécial limité propose cette version noir et blanc. Dommage.
Lucille
Si j’avais déjà vaguement survolé plusieurs œuvres de Ludovic Debeurme avant, c’est tout récemment, avec Epiphania, que je l’ai réellement découvert. Avec une très belle impression. Et donc l’envie de voir ce qu’il avait pu faire auparavant. Avec Lucille, c’est dès le départ très différent. Du Noir et Blanc (au lieu des couleurs très marquantes d’Epiphania). Pas de gaufrier, de cases, des décors quasi absents, tout se concentre sur les personnages – qui ne sont d’ailleurs parfois qu’esquissés, avec seuls les visages de représentés. Au milieu de tout ça, beaucoup de blancs, de temps morts. Il faut dire que Debeurme prend son temps, sur plusieurs centaines de pages, pour présenter les personnages principaux. Des écorchés par la vie, qui se protègent comme ils peuvent du monde extérieur, auquel ils ne sont pas forcément adaptés. Et qui, après s’être rencontrés se donnent mutuellement des raisons de vivre. Le rythme est lent donc, mais Debeurme a su éviter le piège du pathos, de la mièvrerie et, avec tact et sensibilité, a très bien construit de beaux personnages. Cabossés, mais le cœur battant, même en sourdine parfois. A feuilleter avant d’acheter, c’est parfois plus poétique, et certains accrocheront peu à ce genre de roman graphique. Mais j’y ai trouvé de l’originalité, alors même que les thèmes traités sont, au final, universels. Note réelle 3,5/5.
Fondu au noir
Je suis dans ma période Brubaker/Phillips et je dois avouer que ce Fondu au noir mérite tous les éloges, mais aussi qu'il se mérite. La construction de l'intrigue est tirée au cordeau et s'il est vrai qu'il faut au départ s'accrocher un peu pour suivre entre tous les personnages au final nous avons la un excellent distillat de ce qu'est le polar moderne ne reniant en rien ses origines. Encore que polar oui certes, il y a un meurtre et donc une enquête. Mais pas que ça loin s'en faut, personnellement ce que j'ai particulièrement apprécié c'est la peinture du milieu du cinéma dans ces années là. En plein Maccarthysme chacun des protagonistes essaient de s'en sortir au mieux mais pas forcément de la meilleure des manières. Entre corruption, délation coups tordus et j'en passe nous naviguons dans des eaux plus que troubles. C'est donc peut dire que l'ambiance n'est pas toujours à la fête bien que certains s'en sortent plutôt pas mal. Qualité de cette grosse BD, son background donc, l'ambiance a laquelle contribue amplement Sean Phillips par son dessin si particulier et aisément reconnaissable. Jamais son trait un peu gras n'aura eu autant d’efficacité. Intrigue complexe mais lisible Ed Brubaker sait nous embarquer c'est donc une œuvre hautement recommandable que nous avons là, à côté la série de ces mêmes auteurs Criminal pourrait ne paraitre qu'un galop d'essai.
Descender
Je n'ai pas fait une passion de cette BD mais j'ai bien accroché. Il faut dire qu'il aborde de la pure SF de divertissement à grande envergure, mélangeant Space Opera et Robots, et ce sont des thématiques classiques mais qui me plaisent quand le récit est bien mené. J'ai retrouvé dans cette série un peu de ce qui m'avait plu dans la série Saga. Certes, c'est beaucoup moins fantasque et l'imagination y est plus sobre, mais j'ai aimé cette galerie de planètes et de peuples très divers, parfois étonnants, et ce parcours parallèles de plusieurs brochettes de personnages originaux les uns à la poursuite des autres. Le graphisme a aussi une bonne personnalité, grâce à sa colorisation directe. Le trait est parfois un peu brouillon et pas évident à déchiffrer mais l'aspect d'ensemble est joli. Quant à l'intrigue, elle dispose d'un bon rythme, d'un scénario qui tient la route en terme d'aventure-action, une petite part de réflexion, et d'un lot de mystères qui donne envie de connaitre la suite et de comprendre notamment qui sont ces Moissonneurs et leur lien avec le robot protagoniste principal du récit. Soyons clair, ce n'est pas une série parfaite, je lui préfère Saga notamment, mais je l'ai trouvée bien et agréable à lire.
No comment
Je découvre cet auteur avec cet album, et le relatif anticonformisme des idées et des images avancées ici ont singulièrement piqué ma curiosité. J’essayerai de voir ce qu’il a pu faire ailleurs. L’album regroupe un certain nombre d’histoires courtes qui, toutes, à des degrés divers, s’en prennent à notre société. Société dont Ivan Brun donne une vision très très noire ! Il y a un peu de Winshluss ou de Blanquet dans tout ça – même si cette remarque n’engage et ne convaincra sans doute que moi. Certaines histoires virent au trash, d’autres ont des scènes plutôt porno : on est donc loin du mainstream. Le visuel des personnages (qui lorgne un peu sur le manga – mais heureusement pas trop !) est assez original. Les personnages sont petits, avec une tête un peu grosse. Comme pour la présentation de la société, on frôle parfois la caricature. Si le monde que décrit Brun est d’une grande noirceur, la lecture de cet album est agréable. Et plutôt rapide, car il n’y a quasiment aucun texte. Un album atypique, dérangeant par certains côté, à réserver à un public averti peut-être, mais que j’ai trouvé intéressant, et dont je vous recommande la lecture.
De rien
A priori, cet album a tout pour me plaire. En effet, c’est un épais recueil de grosses conneries, qui joue sur l’humour noir, mais surtout sur un humour con et ou absurde, avec des dialogues assez fendards, et qui surtout sont en total décalage avec la situation de départ. Quelques touches font penser aux Monthy Python ou aux Nuls. Par ailleurs, Delcourt s’est fendu d’une couverture épaisse et relativement classieuse, eu égard au genre (humour con) plus souvent abonné aux petits éditeurs ou alors à un investissement plus limité de la part des « gros » éditeurs. Mais voilà, si j’ai bien ri à plusieurs reprises lors de ma lecture, j’hésite à en recommander l’achat. Car le prix est vraiment très élevé je trouve. C’est une réflexion que je me fais pour d’autres albums du même genre (comme « Georges Clooney » de Valette). Vues les pages intérieures et l’absence de gaufrier traditionnel, je pense que Delcourt aurait pu produire quelque chose de moins cher. D’autant plus que le contenu n’est pas forcément mainstream : du coup, je ne pense pas que cela devienne un succès d’édition… Donc à vous de voir pour l’investissement. Mais en tout cas, si vous avez l’occasion de lire cet album et que vous appréciez ce type d’humour, allez-y, c’est globalement assez réussi. (je ne développe pas sur le dessin, sans réel intérêt et de toute façon, ce n’est pas ce qui compte ici).
Le Coeur des Amazones
Amateur de mythologie, cet album sur les Amazones m'a vite tapé dans l'oeil. De bons avis, des recommandations de copains, il ne m'en a pas fallu plus pour le dénicher rapidement chez mon libraire. Et là, aucun regrets, car on en prend plein les mirettes ! Car ce qui frappe avant tout dans cet album c'est la qualité du dessin de Christian Rossi Wow, mes aminches ! Quel talent ! Ce dessin à la limite du crayonné par moments et rehaussé de sépia façon aquarelle, ça a vraiment de la gueule et impose une ambiance qui se marie à merveille avec le récit concocté par Géraldine Bindi. C'est en pleine guerre de Troie que l'action prend place. Nos belles Amazones, en bonnes voisines qui se respectent, vont profiter de la bataille pour venir faire leurs "courses" parmi ces vaillants guerriers. Leur société étant uniquement composée de femmes, elles doivent pour assurer leur pérennité régulièrement trouver des mâles pour les féconder...et ensuite s'en débarrasser. C'est donc ce qu'elles vont faire avec succès, mais elles vont ainsi piquer la curiosité d'Achille qui va se mettre en tête de retrouver ces fabuleuses femmes guerrières dont le village est perdu au fin fond d'une forêt magique les protégeant d'incursions fortuites... "Le Coeur des Amazones" nous propose donc un récit bien ficelé, qui sans demander de connaissances pointues sur la mythologie, pose insidieusement la question de l'évolution des sociétés. Nos Amazones se retrouvent en effet tiraillées entre une volonté de perpétuer des traditions mises en place depuis des générations et qui leur ont permis de survivre et la volonté de faire évoluer celle-ci, avec le risque de mettre à mal ce qu'elles ont réussi à construire de longue lutte. Un album passionnant et magnifique dont je conseille fortement la lecture !
Géronimo - Mémoires d'un résistant apache
Je suis allé un peu à reculons vers la lecture de cette BD car j'imaginais y lire l'épaisse biographie un peu rébarbative d'un personnage historique. Mais en réalité la mise en scène narrative est telle que la lecture est vraiment très agréable et fluide. On alterne en effet entre l'année 1904 où un écrivain rencontre le vieil homme qu'est devenu Geronimo, se lie d'amitié avec lui et écoute le récit de sa vie, et le récit en question, des années 1840 à 1870. Ainsi, à la manière d'un Little Big Man, on découvre le conflit entre amérindiens (Apaches plus précisément) et colons blancs. Cela commence par une période de forte méfiance mais durant laquelle le jeune Go Khla Yeh vivra une enfance puis une première vie de famille relativement heureuse. Jusqu'au massacre de sa femme et de ses enfants par des mexicains, puis d'autres exactions commises cette fois par des soldats américains sans scrupules, qui vont entraîner les véritables guerres indiennes contre les Apaches, et au passage Go Khla Yeh à être surnommé Geronimo. Ce qui est bien, c'est que le récit évite tout manichéisme pénible. Oui les mexicains massacraient les indiens, mais les indiens se vengeaient bien de leur côté. Et oui il y avait de vraies pourritures chez les américains, mais aussi des blancs sympathiques. Et autant on comprend les réactions de vengeance des Apaches, autant leur comportement et celui de Geronimo faisaient parfois preuve d'une sauvagerie qui montre vraiment leur différence culturelle indéniable d'avec les occidentaux (même si les actions des blancs de l'époque n'étaient pas vraiment plus respectables). Je me souviens d'avoir vu le film Fureur Apache dans ma jeunesse où les déchaînements de violence des Apaches étaient effrayants et j'en gardais le souvenir de monstres cruels. De voir par leurs yeux des violences similaires et leurs raisons dans ce récit me fait un effet un peu bizarre. Mais dans tous les cas, face au rouleau compresseur de la politique et de l'armée américaine, c'était un combat vengeur perdu d'avance. BD intéressante et bien construite qui se lit très agréablement et apprend pas mal de choses sur les relations entre mexicains, américains blancs et apaches à l'époque, et sur qui était vraiment ce personnage au surnom si connu qu'était Geronimo.
La Petite Souriante
On apprendra beaucoup de choses sur les autruches mais pas que. Sur la nature humaine également. Il est clair que lorsque l'on veut se débarrasser de son encombrante épouse, il y a parfois un lourd prix à payer. D'autres fois, cela emprunte les chemins de l'étrange. J'ai bien aimé ce conte finalement assez moral. Zidrou est un auteur totalement accompli qui maîtrise avec perfection son art. Il le prouve encore une fois avec un thriller à l'humour un peu particulier. Il sort un peu des sentiers battus avec ce polar très noir et parfois assez sordide. On lit cette histoire horrifique sans s'arrêter et d'une seule traite. Dans cet élevage peuplées d'autruches, on ne s'ennuiera pas une seconde. Bon à savoir: la couverture semble être abîmée sur les bords mais cela est fait exprès.