J'aime l'originalité et l'impact de cette lecture. Elle est dépaysante et met en scène des personnages forts, en particulier évidemment Gabriel, ce père de famille obnubilé par un rêve qui détruit tout sur son chemin. Tiens, en écrivant ça, ça me fait penser au film Mosquito Coast avec Harrison Ford où là aussi un père emmenait ses enfants dans la jungle pour un rêve utopique, même si le héros du film était bien plus sympathique que celui de Malaterre. Car ici, ce fameux Gabriel est difficilement attachant. Et pourtant, on finit par le comprendre un peu et presque l'excuser de son comportement. Il est égoïste, menteur, roublard et il cherche en permanence à imposer violemment sa vision des choses, mais il est en même temps totalement aveuglé et poussé par son rêve et son désir de le transmettre à ses enfants, même s'il le fait de la pire manière qui soit.
J'ai aimé cette plongée dans une vie africaine exotique et crédible. Ayant vécu dans la majorité des pays d'Afrique Noire des ex colonies françaises, je pense pouvoir affirmer sans crainte que celui mis en scène ici est totalement fictif, même s'il rappelle en grande partie le Gabon, le Cameroun ou le Congo. Mais d'expérience, je peux confirmer que la vie des adolescents vivant là-bas telle qu'il la décrit est réaliste même si un peu fantasmée. On y retrouve notamment cette vie entre blancs, presque comme dans un monde à part, occultant complètement ou presque la population noire pourtant bien présente en toile de fond. Il est clair que cela forge des souvenirs bien différents de ceux d'une jeunesse européenne et la BD le retranscrit bien quand elle décrit l'état d'esprit des enfants de Gabriel.
En même temps, leur relation avec leur père est présentée de manière intéressante, ambiguë, avec une balance constante entre affection filiale et haine. C'est intéressant de la voir évoluer et de se demander jusqu'où ira ce père en grande partie indigne ou du moins extrêmement maladroit.
La mise en scène elle aussi est originale, avec un narrateur dont on ne sait jamais trop qui il est, et qui présente les choses à sa manière, dévoilant le futur sans vraiment le dévoiler. Et le dessin est lui aussi très agréable, avec sa palette de couleurs bien à lui.
Cette lecture est prenante, intéressante et elle nous sort des sentiers battus. Bel ouvrage !
Il était une fois Rahan dans l'espace.
Très bonne trouvaille que X-O Manowar, conte épique dessiné à plusieurs mains (Tomàs Giorello, Doug Braithwaite entre autres) qui retrace les circonstances d'une guerre interminable qui saigne à blanc la planète Gorin, étoile perdue au beau milieu de l'univers, loin, très loin de la Terre d’où a été arraché Aric de Dacie, le héros de l'histoire.
Cette série est un "relaunch" d'un comic pré-existant, et le nouveau scénariste Matt Kindt a reçu carte blanche pour exploiter à loisir le personnage et l'univers qu'il y a autour. Le bougre s'avère très doué à la tache du "worldbuilding" (création de mondes imaginaires), et la planète Gorin nous apparait terriblement crédible avec ses luttes intestines et l'odeur du souffre de la guerre qui imprègne son atmosphère. Son protagoniste, un simple wisigoth téléporté dans ce monde qu'il commence à peine à apprivoiser, est un individu marqué par l'atrocité des batailles et des massacres, physiquement d'abord. Moignon à la place de la main gauche, balafres difformes sur le dos, l'abdomen et les bras, cheveux hirsutes, regard dur et désabusé, il a perdu le goût des armes et recherche dorénavant une vie paisible d'homme comblé dans sa ferme aux côtés de sa compagne.
Un profil psychologique réminiscent de Thorgal Aegirsson, lui aussi guerrier nordique, lui aussi désespéré d'échapper à la laide réalité du monde dans une sorte de fuite en avant vaine et tragique.
Cependant comme Thorgal, s'il fuit la guerre, la guerre se débrouille toujours pour le rattraper d'une façon ou d'une autre, tel un fatum implacable, tel l'ombre de la Mort dans les films Destination Finale. Et pour se "remettre en selle", le wisigoth peut compter sur l'étrange armure pensante X-O Manowar avec laquelle il entretient une relation ambigüe superbement mis en exergue par Kindt tout au long de l'histoire. Une relation d'attraction/répulsion car s'il répugne à s'en servir parce qu'elle symbolise tout ce qu'il exècre à ses yeux, il est suffisamment lucide pour savoir qu'il aura forcément besoin d'elle et de ses "vertus" inestimables lorsque la guerre viendra frapper à sa porte.
Ce comic c'est aussi l'histoire d'une ascension sociale fulgurante. Aric, par la démonstration de ses qualités intrinsèques de stratège et de leader, passe de simple outcast au rang de capitaine incontesté et admiré par ses troupes puis au rang d'empereur absolu, une évolution qui l'amène de paysan à Iron-Man puis Napoléon Bonaparte. Les titres des différents tomes reflétant d'ailleurs cette promotion personnelle ("De soldat à général", "D'empereur à wisigoth").
En conclusion je dirais que je conseille X-O Manowar à tous les amoureux de Star Wars et à tous les nostalgiques de Flash Gordon, car l'oeuvre est une parfaite synthèse des deux. Rythmé, épique et graphiquement impeccable (même si le changement de dessinateur peut déconcerter quelquefois et que j'en préfère certains plus que d'autres).
Unique tome paru des aventures de Constant Souci, écrit et dessiné par Greg, avec la complicité de Vicq au scénario et Dupa aux décors, "Le Mystère de l'homme aux trèfles" est une vraie réussite, et une bonne illustration du génie de Greg.
Son talent pour les péripéties loufoques à souhait et pour les personnages hauts en couleurs atteint ici un paroxysme, qu'il a certes déjà atteint à maintes reprises dans son oeuvre prolifique, mais qui émerveille toujours autant. Des personnages hauts en couleurs, "Constant Souci" en contient un certain nombre, et ce d'autant plus que l'intrigue d'espionnage permet à Greg de s'amuser comme toujours des clichés sur les nationalités, sans mauvais goût et avec un bonheur de tous les instants.
L'humour ne se limite pas à cela, bien évidemment, et la confrontation entre le pauvre Constant Souci, moniteur de sport au chômage, et le milliardaire Grozobez y Gazon, d'une chance aussi insolente que permanente, est aussi la source de gags hilarants, cette chance réduisant à néant tous les efforts des adversaires du milliardaire pour lui nuire. On appréciera également que le scénario ne soit pas une succession de gags sans lien, comme Greg a pu le faire dans certains récits (Jo Nuage et Kay Mc Cloud, par exemple), mais un vrai récit filé, où tous les éléments présentés avant, même les plus insignifiants en apparence, joueront un vrai rôle dans la résolution de l'intrigue.
En ce qui concerne le dessin, ça devient banal de le dire, mais c'est évidemment excellent. Le talent de Greg pour les physiques marqués et caricaturaux est toujours intact, et les décors de Dupa sont très réussis, adoptant une touche de modernité très 60's à la Spirou et Fantasio (les véhicules de Grozobez ne dépareilleraient pas dans le garage d'un certain Zorglub), parfaitement délicieuse.
Bref, une jolie pépite rééditée en outre chez Glénat dans un très bel album de la collection Patrimoine BD, qui mérite bien qu'on dépense quelques sous pour le faire figurer en bonne place dans notre collection.
Comme le dit Mac Arthur dans son avis, il est important de se rappeler que cet album est basé sur le journal de Phoolan Devi, et que tout est donc autobiographique (même si les propos sont rapportés par Claire Fauvel). Difficile en effet de croire qu’autant d’horreurs soient arrivées à une seule et même personne, une jeune fille dont la seule erreur fut d’être née à cet endroit (le nord de l’Inde), dans ces conditions (basse caste) et à cette époque (même si on se demande si beaucoup a changé aujourd’hui). La réalisation de l’album a dû être éprouvante par moment, notamment sur les scènes de viols infantiles. L’auteure n’a pas édulcoré les faits. Phoolan Devi est un être humain avec beaucoup de qualités, mais qui fait aussi des choix compliqués, et la ligne entre justice et revanche sauvage est parfois franchie.
Mon seul reproche serait que la fin de la vie de Phoolan (carrière politique, assassinat) ne soit pas vraiment racontée, à part quelques phrases en guise de conclusion. Il aurait été intéressant d’en dire un peu plus, ne serait-ce qu’au travers un mini-documentaire en postface. Bon, rien de grave, et j’imagine qu’il s’agit d’un choix de l’auteure, qui a voulu s’en tenir aux carnets de Phoolan.
Une lecture essentielle !
De tous les albums primés à Angoulême cette année, cet album est celui qui m'intéressait le plus vu que j'avais lu des bonnes critiques sur internet et que j'aime bien le polar.
Ce polar est particulier puisqu'il met en vedette un détective qui a le don de parler aux objets ce qui l'aide beaucoup dans ses enquêtes. Il n'est d'ailleurs pas le seul personnage un peu loufoque du récit. Ce que j'ai aimé est que le ton était tout de même sérieux et que cela marche. On ne tombe pas dans un récit absurde avec un humour lourdingue. Il y a certes un peu d'humour, mais ce qui est surtout mis en avant est une enquête dans une ville un peu malsaine.
Le scénario est prenant, le dessin est pas mal et le découpage est excellent. Un polar qui sort un peu de l'ordinaire et qui va plaire aux amateurs du genre. L'album se termine avec un cliffhanger qui me donne envie de lire la suite ! J'espère que ce deuxième tome sera au même niveau que le premier.
Cette bd est rafraichissante !
Petit je lisais les aventures de l'inspecteur Bayard dans le magazine Astrapi, série que j'adorais et notamment pour le dessin de Schwartz que je trouve très élégant.
Alors évidemment, je suis pas très neutre à la lecture, d'où une note à 4/5. Mais tout de même, j'ai eu un vrai plaisir de lecture, j'attends la suite !
Une nouvelle adaptation du roman classique de HP Lovecraft, cette fois-ci à la sauce manga.
Ma lecture de l'original, et même de son adaptation par Culbard, remontant à quelques années, c'est avec un regard presque neuf que j'ai pu l'aborder... Et l'apprécier. Outre la couverture assez psychédélique de Tanabe, l'intérieur est vraiment bien foutu : l'auteur et adaptateur laisse le temps au récit de s'installer, pose les ambiances, joue sur le gigantisme des paysages et la sidération des personnages... Le contraste entre le noir et le blanc prend une nouvelle dimension ici, avec ces montagnes noires qui sont une menace sourde et terriblement oppressante...
Tanabe réussit à mon sens à bien saisir le sens de l'indicible si cher à Lovecraft, même si dans ce premier volet du diptyque on reste un peu sur notre faim, assommés par ces amas de corps, de débris et de glace enchevêtrés. Un seul petit défaut au niveau du graphisme, la totalité ou presque des personnages qui ont des yeux clairs, ce qui gêne un peu à la lecture...
Dans le tome 2 le récit se résume à 95% à l'incursion de Dyer et Danforth au sein de la cité inconnue se trouvant au-delà des montagnes noires. Là encore Tanabe prend tout son temps, jouant sur l'ambiance, les contrastes et les designs inquiétants. On va en apprendre nettement plus sur les Anciens, et comprendre un peu mieux les enjeux, même si à la fin du diptyque de nombreuses questions resteront sans réponse...
Un gros projet en deux volets, qui mérite au moins la lecture.
A noter ce petit plus apporté par Ki-oon, une couverture en imitation cuir, qui en fait un bel objet dans la bibliothèque, ce qui augmente fatalement le prix : 15 euros.
3.5
Une bonne adaptation d'un roman que je ne connais pas et donc je ne peux pas comparer.
C'est un album que je trouvais sympa sans plus au début (je me disais que c'était juste une autre histoire mettant en vedette un type qui sort de prison et qui veut se venger), mais au fil des pages j'ai trouvé que le scénario était de plus en plus captivant.
Gomont alterne les scènes entre le passé et le présent et contrairement à ce qui se passait dans 'Crématorium', tout est clair et cela ne rend pas le récit inutilement compliqué. C'est un bon polar rempli de rebondissements et de retournements de situation. La psychologie de Clovis est bien exploitée et j'ai même fini pas trouver sa relation avec Césaria touchante. Le dessin de Gomont est excellent.
Un album que je conseille aux amateurs de polars noirs parce que cet album est très noir par moments.
"Disapproved by the comic code authority".
Dès la couverture, "Mutafukaz" donne le ton. A bas les conventions surannées et les formats figés, cette bande dessinée tranche radicalement avec tout ce qui se fait dans la tradition franco-belge et le revendique crânement.
C'est un gros pavé de près de 600 pages, politiquement incorrect, imaginatif, délirant, qui ne ressemble pour ainsi dire à rien de ce que j'ai lu auparavant. Dans ce festival visuel, chaque page cache une trouvaille, chaque scène est un prétexte pour un fourmillement d'idées, ça peut déconcerter au départ car on n'est pas habitué à ce genre de capharnaüm artistique. En effet loin des références franco-belges, c'est une oeuvre qui puise largement son essence dans la contre-culture américaine et la japanimation.
D'ailleurs le protagoniste à la dégaine un peu cartoonesque fait penser à une sorte de Mickey Mouse transposé dans un univers de Hip-Hop et de guerre des gangs. Cet Angelino que l'on retrouve au tout début de l'aventure et qui semble traîner son spleen dans une ville sordide, entre les livraisons de pizzas où il médite sur la nullité de son existence et les soirées à glander au milieu des cafards dans un squat miteux qu'il partage avec son meilleur ami, va faire une rencontre inopinée qui va chambouler l'ordre de sa vie et l'entraîner dans un road trip mouvementé au beau milieu d'une gigantesque insurrection urbaine.
Une intrigue passionnante, riche en analepses et en détours scénaristiques, qui aborde des sujets complexes et fascinants (ingénierie génétique, secrets d'états, manipulation climatique etc) et qui fait la part belle à des personnages tous plus loufoques les uns que les autres. L'auteur a quand même réussi à rendre cohérente une histoire qui regroupe des catcheurs mexicains, des soucoupes volantes, des extraterrestres et des gangs afro-américains ! C'est une série qui prend tout son sens dans sa volonté de non-sens et qui se définit par sa créativité désordonnée, complètement iconoclaste, comme un gros "Fuck You ! " adressé aux normes et à l'uniformité.
Comme si cette oeuvre, trop atypique pour devenir populaire mais trop géniale pour tomber dans l'oubli, se fichait de devoir plaire aux 7ans/77ans car de toute façon, les 7 ans seraient tourneboulés par sa violence assumée et les 77 ans dépassés par sa modernité.
Voilà une série classée en aventure, mais c’est presque trompeur – je l’aurais sans doute davantage vu en inclassable, ou alors en simple roman graphique. Certes, notre héros « voyage » pas mal, d’un épisode à l’autre, de l’Afrique aux Amériques, en passant par les îles anglo-normandes. Certes, la violence est présente, il y a un petit relent policier. Mais l’essentiel est ailleurs, c’est clairement de l’aventure pépère, subie par un personnage nonchalant, pas vraiment charismatique.
Julien Boisvert subit donc les événements. Mais il subit les femmes aussi, qui font toujours les premiers pas – mais il a du succès ce petit bonhomme pourtant quelconque ! Il faut dire qu’il a subi une mère un peu castratrice, puis des petites vieilles envahissantes avec lesquelles il cohabite au départ de la série. Son clébard – qui l’accompagne partout, semble de prime abord aussi peu dynamique que lui.
Si chaque album peut se lire séparément, chacun dévoile une partie de la personnalité de Julien (avec des flash-back par exemple), qui semble gagner en maturité au fur et à mesure – comme le dessin d’ailleurs. En tout cas le « héros » évolue, même si Boisvert reste jusqu’au bout une sorte de grand enfant un peu immature, ballotté par les événements. Pas de réelle conclusion à la fin de chaque album, ni à la fin de la série, même si l’on devine une stabilisation du bonhomme, avec Molly comme point d’ancrage. Les albums sont en fait de simples « tranches de vie » d’un type ordinaire. Mais c’est plutôt bien fait.
Le dessin de Michel Plessix est plutôt bon – en tout cas je l’ai aimé – avec un trait semi-réaliste (avec des bouilles bien « rondes » !), dynamique, une colorisation un peu « passée », qui donne un rendu à la fois précis (certains décors ont une précision du trait quasi pointilliste) et désuet. Je regrette juste une police trop petite ne facilitant pas toujours la lecture de certains dialogues. Le dossier graphique en fin du quatrième album est beau, et surtout intéressant pour voir le travail de Plessix, mais aussi celui de Dieter : comment on passe d’idées, de crayonnés aux planches définitives. Et l’on découvre aussi qu’au départ les auteurs avaient imaginé Julien comme le héros d’aventures plus comiques.
Une série à redécouvrir.
Note réelle 2,5/5.
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Malaterre
J'aime l'originalité et l'impact de cette lecture. Elle est dépaysante et met en scène des personnages forts, en particulier évidemment Gabriel, ce père de famille obnubilé par un rêve qui détruit tout sur son chemin. Tiens, en écrivant ça, ça me fait penser au film Mosquito Coast avec Harrison Ford où là aussi un père emmenait ses enfants dans la jungle pour un rêve utopique, même si le héros du film était bien plus sympathique que celui de Malaterre. Car ici, ce fameux Gabriel est difficilement attachant. Et pourtant, on finit par le comprendre un peu et presque l'excuser de son comportement. Il est égoïste, menteur, roublard et il cherche en permanence à imposer violemment sa vision des choses, mais il est en même temps totalement aveuglé et poussé par son rêve et son désir de le transmettre à ses enfants, même s'il le fait de la pire manière qui soit. J'ai aimé cette plongée dans une vie africaine exotique et crédible. Ayant vécu dans la majorité des pays d'Afrique Noire des ex colonies françaises, je pense pouvoir affirmer sans crainte que celui mis en scène ici est totalement fictif, même s'il rappelle en grande partie le Gabon, le Cameroun ou le Congo. Mais d'expérience, je peux confirmer que la vie des adolescents vivant là-bas telle qu'il la décrit est réaliste même si un peu fantasmée. On y retrouve notamment cette vie entre blancs, presque comme dans un monde à part, occultant complètement ou presque la population noire pourtant bien présente en toile de fond. Il est clair que cela forge des souvenirs bien différents de ceux d'une jeunesse européenne et la BD le retranscrit bien quand elle décrit l'état d'esprit des enfants de Gabriel. En même temps, leur relation avec leur père est présentée de manière intéressante, ambiguë, avec une balance constante entre affection filiale et haine. C'est intéressant de la voir évoluer et de se demander jusqu'où ira ce père en grande partie indigne ou du moins extrêmement maladroit. La mise en scène elle aussi est originale, avec un narrateur dont on ne sait jamais trop qui il est, et qui présente les choses à sa manière, dévoilant le futur sans vraiment le dévoiler. Et le dessin est lui aussi très agréable, avec sa palette de couleurs bien à lui. Cette lecture est prenante, intéressante et elle nous sort des sentiers battus. Bel ouvrage !
X-O Manowar
Il était une fois Rahan dans l'espace. Très bonne trouvaille que X-O Manowar, conte épique dessiné à plusieurs mains (Tomàs Giorello, Doug Braithwaite entre autres) qui retrace les circonstances d'une guerre interminable qui saigne à blanc la planète Gorin, étoile perdue au beau milieu de l'univers, loin, très loin de la Terre d’où a été arraché Aric de Dacie, le héros de l'histoire. Cette série est un "relaunch" d'un comic pré-existant, et le nouveau scénariste Matt Kindt a reçu carte blanche pour exploiter à loisir le personnage et l'univers qu'il y a autour. Le bougre s'avère très doué à la tache du "worldbuilding" (création de mondes imaginaires), et la planète Gorin nous apparait terriblement crédible avec ses luttes intestines et l'odeur du souffre de la guerre qui imprègne son atmosphère. Son protagoniste, un simple wisigoth téléporté dans ce monde qu'il commence à peine à apprivoiser, est un individu marqué par l'atrocité des batailles et des massacres, physiquement d'abord. Moignon à la place de la main gauche, balafres difformes sur le dos, l'abdomen et les bras, cheveux hirsutes, regard dur et désabusé, il a perdu le goût des armes et recherche dorénavant une vie paisible d'homme comblé dans sa ferme aux côtés de sa compagne. Un profil psychologique réminiscent de Thorgal Aegirsson, lui aussi guerrier nordique, lui aussi désespéré d'échapper à la laide réalité du monde dans une sorte de fuite en avant vaine et tragique. Cependant comme Thorgal, s'il fuit la guerre, la guerre se débrouille toujours pour le rattraper d'une façon ou d'une autre, tel un fatum implacable, tel l'ombre de la Mort dans les films Destination Finale. Et pour se "remettre en selle", le wisigoth peut compter sur l'étrange armure pensante X-O Manowar avec laquelle il entretient une relation ambigüe superbement mis en exergue par Kindt tout au long de l'histoire. Une relation d'attraction/répulsion car s'il répugne à s'en servir parce qu'elle symbolise tout ce qu'il exècre à ses yeux, il est suffisamment lucide pour savoir qu'il aura forcément besoin d'elle et de ses "vertus" inestimables lorsque la guerre viendra frapper à sa porte. Ce comic c'est aussi l'histoire d'une ascension sociale fulgurante. Aric, par la démonstration de ses qualités intrinsèques de stratège et de leader, passe de simple outcast au rang de capitaine incontesté et admiré par ses troupes puis au rang d'empereur absolu, une évolution qui l'amène de paysan à Iron-Man puis Napoléon Bonaparte. Les titres des différents tomes reflétant d'ailleurs cette promotion personnelle ("De soldat à général", "D'empereur à wisigoth"). En conclusion je dirais que je conseille X-O Manowar à tous les amoureux de Star Wars et à tous les nostalgiques de Flash Gordon, car l'oeuvre est une parfaite synthèse des deux. Rythmé, épique et graphiquement impeccable (même si le changement de dessinateur peut déconcerter quelquefois et que j'en préfère certains plus que d'autres).
Constant Souci
Unique tome paru des aventures de Constant Souci, écrit et dessiné par Greg, avec la complicité de Vicq au scénario et Dupa aux décors, "Le Mystère de l'homme aux trèfles" est une vraie réussite, et une bonne illustration du génie de Greg. Son talent pour les péripéties loufoques à souhait et pour les personnages hauts en couleurs atteint ici un paroxysme, qu'il a certes déjà atteint à maintes reprises dans son oeuvre prolifique, mais qui émerveille toujours autant. Des personnages hauts en couleurs, "Constant Souci" en contient un certain nombre, et ce d'autant plus que l'intrigue d'espionnage permet à Greg de s'amuser comme toujours des clichés sur les nationalités, sans mauvais goût et avec un bonheur de tous les instants. L'humour ne se limite pas à cela, bien évidemment, et la confrontation entre le pauvre Constant Souci, moniteur de sport au chômage, et le milliardaire Grozobez y Gazon, d'une chance aussi insolente que permanente, est aussi la source de gags hilarants, cette chance réduisant à néant tous les efforts des adversaires du milliardaire pour lui nuire. On appréciera également que le scénario ne soit pas une succession de gags sans lien, comme Greg a pu le faire dans certains récits (Jo Nuage et Kay Mc Cloud, par exemple), mais un vrai récit filé, où tous les éléments présentés avant, même les plus insignifiants en apparence, joueront un vrai rôle dans la résolution de l'intrigue. En ce qui concerne le dessin, ça devient banal de le dire, mais c'est évidemment excellent. Le talent de Greg pour les physiques marqués et caricaturaux est toujours intact, et les décors de Dupa sont très réussis, adoptant une touche de modernité très 60's à la Spirou et Fantasio (les véhicules de Grozobez ne dépareilleraient pas dans le garage d'un certain Zorglub), parfaitement délicieuse. Bref, une jolie pépite rééditée en outre chez Glénat dans un très bel album de la collection Patrimoine BD, qui mérite bien qu'on dépense quelques sous pour le faire figurer en bonne place dans notre collection.
Phoolan Devi, reine des bandits
Comme le dit Mac Arthur dans son avis, il est important de se rappeler que cet album est basé sur le journal de Phoolan Devi, et que tout est donc autobiographique (même si les propos sont rapportés par Claire Fauvel). Difficile en effet de croire qu’autant d’horreurs soient arrivées à une seule et même personne, une jeune fille dont la seule erreur fut d’être née à cet endroit (le nord de l’Inde), dans ces conditions (basse caste) et à cette époque (même si on se demande si beaucoup a changé aujourd’hui). La réalisation de l’album a dû être éprouvante par moment, notamment sur les scènes de viols infantiles. L’auteure n’a pas édulcoré les faits. Phoolan Devi est un être humain avec beaucoup de qualités, mais qui fait aussi des choix compliqués, et la ligne entre justice et revanche sauvage est parfois franchie. Mon seul reproche serait que la fin de la vie de Phoolan (carrière politique, assassinat) ne soit pas vraiment racontée, à part quelques phrases en guise de conclusion. Il aurait été intéressant d’en dire un peu plus, ne serait-ce qu’au travers un mini-documentaire en postface. Bon, rien de grave, et j’imagine qu’il s’agit d’un choix de l’auteure, qui a voulu s’en tenir aux carnets de Phoolan. Une lecture essentielle !
VilleVermine
De tous les albums primés à Angoulême cette année, cet album est celui qui m'intéressait le plus vu que j'avais lu des bonnes critiques sur internet et que j'aime bien le polar. Ce polar est particulier puisqu'il met en vedette un détective qui a le don de parler aux objets ce qui l'aide beaucoup dans ses enquêtes. Il n'est d'ailleurs pas le seul personnage un peu loufoque du récit. Ce que j'ai aimé est que le ton était tout de même sérieux et que cela marche. On ne tombe pas dans un récit absurde avec un humour lourdingue. Il y a certes un peu d'humour, mais ce qui est surtout mis en avant est une enquête dans une ville un peu malsaine. Le scénario est prenant, le dessin est pas mal et le découpage est excellent. Un polar qui sort un peu de l'ordinaire et qui va plaire aux amateurs du genre. L'album se termine avec un cliffhanger qui me donne envie de lire la suite ! J'espère que ce deuxième tome sera au même niveau que le premier.
Atom Agency
Cette bd est rafraichissante ! Petit je lisais les aventures de l'inspecteur Bayard dans le magazine Astrapi, série que j'adorais et notamment pour le dessin de Schwartz que je trouve très élégant. Alors évidemment, je suis pas très neutre à la lecture, d'où une note à 4/5. Mais tout de même, j'ai eu un vrai plaisir de lecture, j'attends la suite !
Les Montagnes hallucinées (Tanabe)
Une nouvelle adaptation du roman classique de HP Lovecraft, cette fois-ci à la sauce manga. Ma lecture de l'original, et même de son adaptation par Culbard, remontant à quelques années, c'est avec un regard presque neuf que j'ai pu l'aborder... Et l'apprécier. Outre la couverture assez psychédélique de Tanabe, l'intérieur est vraiment bien foutu : l'auteur et adaptateur laisse le temps au récit de s'installer, pose les ambiances, joue sur le gigantisme des paysages et la sidération des personnages... Le contraste entre le noir et le blanc prend une nouvelle dimension ici, avec ces montagnes noires qui sont une menace sourde et terriblement oppressante... Tanabe réussit à mon sens à bien saisir le sens de l'indicible si cher à Lovecraft, même si dans ce premier volet du diptyque on reste un peu sur notre faim, assommés par ces amas de corps, de débris et de glace enchevêtrés. Un seul petit défaut au niveau du graphisme, la totalité ou presque des personnages qui ont des yeux clairs, ce qui gêne un peu à la lecture... Dans le tome 2 le récit se résume à 95% à l'incursion de Dyer et Danforth au sein de la cité inconnue se trouvant au-delà des montagnes noires. Là encore Tanabe prend tout son temps, jouant sur l'ambiance, les contrastes et les designs inquiétants. On va en apprendre nettement plus sur les Anciens, et comprendre un peu mieux les enjeux, même si à la fin du diptyque de nombreuses questions resteront sans réponse... Un gros projet en deux volets, qui mérite au moins la lecture. A noter ce petit plus apporté par Ki-oon, une couverture en imitation cuir, qui en fait un bel objet dans la bibliothèque, ce qui augmente fatalement le prix : 15 euros.
Les Nuits de Saturne
3.5 Une bonne adaptation d'un roman que je ne connais pas et donc je ne peux pas comparer. C'est un album que je trouvais sympa sans plus au début (je me disais que c'était juste une autre histoire mettant en vedette un type qui sort de prison et qui veut se venger), mais au fil des pages j'ai trouvé que le scénario était de plus en plus captivant. Gomont alterne les scènes entre le passé et le présent et contrairement à ce qui se passait dans 'Crématorium', tout est clair et cela ne rend pas le récit inutilement compliqué. C'est un bon polar rempli de rebondissements et de retournements de situation. La psychologie de Clovis est bien exploitée et j'ai même fini pas trouver sa relation avec Césaria touchante. Le dessin de Gomont est excellent. Un album que je conseille aux amateurs de polars noirs parce que cet album est très noir par moments.
Mutafukaz
"Disapproved by the comic code authority". Dès la couverture, "Mutafukaz" donne le ton. A bas les conventions surannées et les formats figés, cette bande dessinée tranche radicalement avec tout ce qui se fait dans la tradition franco-belge et le revendique crânement. C'est un gros pavé de près de 600 pages, politiquement incorrect, imaginatif, délirant, qui ne ressemble pour ainsi dire à rien de ce que j'ai lu auparavant. Dans ce festival visuel, chaque page cache une trouvaille, chaque scène est un prétexte pour un fourmillement d'idées, ça peut déconcerter au départ car on n'est pas habitué à ce genre de capharnaüm artistique. En effet loin des références franco-belges, c'est une oeuvre qui puise largement son essence dans la contre-culture américaine et la japanimation. D'ailleurs le protagoniste à la dégaine un peu cartoonesque fait penser à une sorte de Mickey Mouse transposé dans un univers de Hip-Hop et de guerre des gangs. Cet Angelino que l'on retrouve au tout début de l'aventure et qui semble traîner son spleen dans une ville sordide, entre les livraisons de pizzas où il médite sur la nullité de son existence et les soirées à glander au milieu des cafards dans un squat miteux qu'il partage avec son meilleur ami, va faire une rencontre inopinée qui va chambouler l'ordre de sa vie et l'entraîner dans un road trip mouvementé au beau milieu d'une gigantesque insurrection urbaine. Une intrigue passionnante, riche en analepses et en détours scénaristiques, qui aborde des sujets complexes et fascinants (ingénierie génétique, secrets d'états, manipulation climatique etc) et qui fait la part belle à des personnages tous plus loufoques les uns que les autres. L'auteur a quand même réussi à rendre cohérente une histoire qui regroupe des catcheurs mexicains, des soucoupes volantes, des extraterrestres et des gangs afro-américains ! C'est une série qui prend tout son sens dans sa volonté de non-sens et qui se définit par sa créativité désordonnée, complètement iconoclaste, comme un gros "Fuck You ! " adressé aux normes et à l'uniformité. Comme si cette oeuvre, trop atypique pour devenir populaire mais trop géniale pour tomber dans l'oubli, se fichait de devoir plaire aux 7ans/77ans car de toute façon, les 7 ans seraient tourneboulés par sa violence assumée et les 77 ans dépassés par sa modernité.
Julien Boisvert
Voilà une série classée en aventure, mais c’est presque trompeur – je l’aurais sans doute davantage vu en inclassable, ou alors en simple roman graphique. Certes, notre héros « voyage » pas mal, d’un épisode à l’autre, de l’Afrique aux Amériques, en passant par les îles anglo-normandes. Certes, la violence est présente, il y a un petit relent policier. Mais l’essentiel est ailleurs, c’est clairement de l’aventure pépère, subie par un personnage nonchalant, pas vraiment charismatique. Julien Boisvert subit donc les événements. Mais il subit les femmes aussi, qui font toujours les premiers pas – mais il a du succès ce petit bonhomme pourtant quelconque ! Il faut dire qu’il a subi une mère un peu castratrice, puis des petites vieilles envahissantes avec lesquelles il cohabite au départ de la série. Son clébard – qui l’accompagne partout, semble de prime abord aussi peu dynamique que lui. Si chaque album peut se lire séparément, chacun dévoile une partie de la personnalité de Julien (avec des flash-back par exemple), qui semble gagner en maturité au fur et à mesure – comme le dessin d’ailleurs. En tout cas le « héros » évolue, même si Boisvert reste jusqu’au bout une sorte de grand enfant un peu immature, ballotté par les événements. Pas de réelle conclusion à la fin de chaque album, ni à la fin de la série, même si l’on devine une stabilisation du bonhomme, avec Molly comme point d’ancrage. Les albums sont en fait de simples « tranches de vie » d’un type ordinaire. Mais c’est plutôt bien fait. Le dessin de Michel Plessix est plutôt bon – en tout cas je l’ai aimé – avec un trait semi-réaliste (avec des bouilles bien « rondes » !), dynamique, une colorisation un peu « passée », qui donne un rendu à la fois précis (certains décors ont une précision du trait quasi pointilliste) et désuet. Je regrette juste une police trop petite ne facilitant pas toujours la lecture de certains dialogues. Le dossier graphique en fin du quatrième album est beau, et surtout intéressant pour voir le travail de Plessix, mais aussi celui de Dieter : comment on passe d’idées, de crayonnés aux planches définitives. Et l’on découvre aussi qu’au départ les auteurs avaient imaginé Julien comme le héros d’aventures plus comiques. Une série à redécouvrir. Note réelle 2,5/5.