Les derniers avis (31887 avis)

Par Erik
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Texas Jack
Texas Jack

C'est un western tout à fait grandiose et certainement la meilleure oeuvre de Pierre Dubois depuis Les Lutins à mon sens. Je suis scotché par autant de maturité et de virtuosité dans la mise en scène. L'introduction est grandiose tout comme le final. Il est vrai que c'est une bd qui va prendre son temps pour mener les hommes dans la bataille non sans mal. Cependant, ce cheminement est très intéressant pour faire monter la pression. J'ai adoré le fait que tout les protagonistes sont véritablement creusés et qu'il y a une psychologie qui n'est pas de facade. C'est vraiment bien réalisé avec une prise de risque en mêlant à cette histoire le shérif Sykes. Le méchant Gunsmoke est parfait dans son rôle avec une profonde densité. Quelques maladresses cependant comme tout ces personnages qui commencent leur phrase par "On dirait" ce qui est trop répétitif. L'auteur a sans doute trop entendu la chanson d'Amir sur les ondes. Au final, une oeuvre efficace et brillante. C'est certainement l'une de mes plus belles lectures de western depuis bien longtemps.

16/03/2019 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Amour minuscule
Amour minuscule

Une BD magnifique, c'est certain. Et que je ne peux que conseiller à tous et à toutes. J'ai mis du temps à lire cette BD qui est vraiment bavarde, mais qui tiens le lecteur jusqu'au bout. Par sa beauté, par son ton, par son histoire. Il s'agit là d'une longue et lente histoire d'une maternité, mélangé à des thèmes aussi divers que la guerre, la religion, l'immigration, l'amour et la calligraphie. Le tout servi par un dessin qui sait subtilement mélanger la poésie et la contemplation avec les affres de la guerre et les horreurs qu'elle fait subir à ceux qui en souffrent. Cette BD est un subtil mélange des genres qui reste pourtant résolument optimiste malgré le contexte et les sujets qu'elle aborde, et c'est d'autant plus plaisant à lire pour nous aujourd'hui. Elle est un rappel de ce qui se passe dans le monde, mais aussi que la fatalité n'est pas un fait. S'en sortir est possible, et il y a toujours une lueur d'espoir. J'ai retiré beaucoup de choses de cette lecture, et même si je suis très imperméable à des propos religieux, je dois reconnaitre que c'est globalement très bien proposé dans la BD. J'ai été touché par la sensibilité qui se dégage de cette histoire d'amour sublime, et de tout ce qui gravitait autour : la mère qui a connu une histoire remuante et veut vivre libre et émancipée, le prêtre qui a fait de sa communauté un lieu de recueillement pour le monde, et même les quelques figures éphémères qui traversent la BD mais apportent une touche d'humanité, une petite trace de ce que l'homme peut avoir de meilleur. Je ne sais trop quoi dire de plus, au risque de gâcher ou trop réfléchir sur une BD qui déclenche déjà assez de réflexion à elle seule. Si je vous la recommande ? Évidemment. Ce serait dommage de passer à côté d'une telle histoire. Comme un bon vin, elle s'apprécie et se savoure lentement, et je vous recommande de prendre le temps qu'il faudra pour elle.

15/03/2019 (modifier)
Couverture de la série L'Appel de Madame la Baronne
L'Appel de Madame la Baronne

« L’Appel de Madame la baronne » fait partie de ces œuvres (il y en a d’autres me concernant, en poésie ou en peinture) que je trouve intéressantes, intrigantes, mais dont j’admets volontiers ne pas comprendre tout ce qu’elles offrent à mes sens. Pour cet album, Servais dit s’être inspiré d’œuvres d’arts (masques, sculptures) à sa disposition. Mais aussi du personnage et de l’œuvre de Beaucarne (que je ne connais pas). Il a donné en tout cas son visage au personnage principal. Pour le reste, un résumé n’est ni souhaitable ni réalisable – y a-t-il d’ailleurs une intrigue au sens où on l’entend généralement ? Beaucoup de lecteurs y ont vu de l’absurde. Je ne sais pas, ce n’est pas ce qui prédomine. J’y trouve davantage un univers très onirique (peut-être un peu foutraque) et très poétique. Avec des rencontres imaginaires, imagées, qui relèvent souvent du surréalisme. Le dessin de Servais est excellent, hyper précis, et le trait fin en Noir et Blanc renforce cette quasi minutie – d’autant plus remarquable que l’histoire est loin d’être aussi « carrée ». Et les cases, remplies de détails, de rencontres improbables (Lautréamont en aurait apprécié certaines) sont pleines de dessins qui ressemblent à des collages (comme ceux de Max Ernst ou de Max Bucaille, réalisés à partir de gravures du XIXème siècle), cet aspect visuel renforçant encore le côté poétique et surréaliste. Un album qui peinera peut-être à trouver ses lecteurs dans le grand public (mais pourquoi pas après tout ?), qui est à feuilleter avant d’envisager un achat. Mais les amateurs du genre se doivent d’y jeter un coup d’œil. Note réelle 3,5/5.

15/03/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Phoolan Devi, reine des bandits
Phoolan Devi, reine des bandits

Je ne connaissais pas du tout Phoolan Devi et le moins que je puisse dire est qu'elle n'a pas eu une vie joyeuse! Bon, la bande dessinée est basé sur son autobiographie donc ce n'est pas objectif, mais je n'ai aucun problème à croire que tout ce qui est arrivé à cette femme est vraie tant le système de caste en Inde me semble injuste. Le récit est très noir par moment et plusieurs scènes sont franchement glauque, surtout lorsque Devi est enfant. C'est donc un album que je recommande tout en précisant que certaines scènes risquent de choquer les âmes sensibles. Le scénario est prenant et le personnage de Devi est vraiment incroyable et aussi très forte (personnellement, j'ai l'impression que si j'avais vécu ce qu'elle a vécu j'aurais fini par me suicider ou je serais devenu trop faible pour contester l'autorité). Dommage que les derniers années de la vie de Devi soit résumé en quelques lignes. J'aurais bien aimé voir son travail comme politicienne et la réaction de l'Inde lorsqu'elle a fini assassinée. J'aurais aussi aimé un dossier qui expliquerait si la situation des femmes et des castes inférieurs ont évolué depuis l'époque de Devi. Enfin, cela reste tout de même un bon album.

13/03/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série L'Histoire de la Vème République
L'Histoire de la Vème République

L'auteur Thomas Legrand est en fait l'un des éditorialistes politiques les plus célèbres de notre pays puisqu'il officie chaque matin sur la radio France Inter. Il nous livre une partition sans faute de l'histoire de la Vème République qui est née dans la rue et qui finira sans doute dans la rue. Comme le disait le Général de Gaulle, comment voulez-vous gouvernez un pays où il existe 258 variétés de fromage ? C'est ce que s'efforce de faire les 8 présidents de la République qui se sont succédés depuis près de 60 ans. Il faut dire qu'assez bientôt, cette République dépassera en longévité la troisième République qui a duré près de 70 ans avant de s'éteindre avec le régime de Vichy. La France a sans doute besoin d'un président jupitérien. En effet, il existe un rapport exceptionnel entre le président et le peuple qui l'élit directement pour un mandat renouvelable. J'ai beaucoup aimé bien que cela se concentre surtout sur le Général de Gaulle pour comprendre l'essence même de cette Vème république. Il fallait un exécutif fort pour sortir la France d'une quasi guerre civile liée à l'Algérie. Bref, il faut un pouvoir fort qui ne dépende pas uniquement de l'Assemblée Nationale. Cependant, il faut également un subtil équilibre des pouvoirs. Les mauvais côté ne seront pas épargnés non plus comme la collusion de la Justice avec le politique (voir les affaires du SAC). En vérité, ce n'est pas l'histoire de tous les présidents de la Vème République mais comprendre les origines avec le sauveur de la France. Cette République a permit tout de même une certaine stabilité du pouvoir ainsi qu'une véritable alternance démocratique. Cela a permit paix et prospérité pour le plus grand nombre malgré tout ce qu'on peut dire. Au final, un ouvrage très bien réalisé et très intéressant pour peu que l'on s'intéresse un peu à la politique.

12/03/2019 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Hyver 1709
Hyver 1709

C'est en lisant une telle BD qu'on se rend compte qu'on ne connait finalement le règne de Louis XIV que dans les grandes largeurs et avec une vision trop souvent centrée sur les ors de Versailles. En racontant des événements se déroulant durant la période la plus dure de son règne, vers la fin de l'épuisante guerre de Succession d'Espagne, et surtout durant le terrible hiver de 1709 et la famine qu'il a causé, et en nous plaçant loin de Versailles, c'est tout un univers plus complexe et dangereux que j'ai découvert, un univers particulièrement adapté à un récit d'aventure comme il nous est compté ici. Il mélange en effet récit de pirates, combats de cape et d'épées, espionnage et guerres de religion. Un cocktail étonnant qui m'a tenu en haleine tout du long. J'ai aimé cette plongée dans la France de l'époque et dans la terrible dureté de cet hiver. J'ai aimé ce récit prenant et bien mené du début à la fin tout en étant si crédible qu'on l'imagine facilement tiré de faits authentiques. Et j'ai aimé le dessin fin et précis de Philippe Xavier. Très bonne série d'aventure et d'Histoire, soutenu dans la version intégrale par un dossier historique très complet en fin d'album.

12/03/2019 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Fanfaron
Le Fanfaron

Je suis assez amateur de ce que fait Lele Vianello, bien que l'on puisse remarquer une TRES grande inspiration dans le travail de Pratt qu'il reprend à sa sauce (en même temps les deux ont collaboré pendant des années). Bref, l'auteur s'amuse ici à faire de petites histoires autour de son personnage qui est d'un ridicule très drôle. Chaque histoire est indépendante (bien que certains petits détails se retrouvent de l'une à l'autre), et j'ai beaucoup rigolé avec cet énergumène qui s'invente une vie d'aventurier modèle alors qu'il est lâche et maladroit. Le décalage entre son récit et les cases qui détaillent la réalité est souvent drôle, et ce jusqu'au bout. On est dans l'Aventure avec un grand A, mais sans l'aventurier et le mélange passe bien. C'est frais et divertissant, toutes les histoires n'étant pas au même niveau mais globalement j'ai passé un excellent moment. Niveau du dessin, c'est très bon et j'aime beaucoup la façon dont il arrive à rendre le côté anglais guindé de Bragg tout en faisant des paysages qui permettent de se plonger dans les différents environnements visités. C'est une belle compilation qui vaut le détour !

11/03/2019 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Journal d'un Enfant de Lune
Journal d'un Enfant de Lune

Pour ne rien cacher, je suis très fan du dessin de Anne-Lise Nalin depuis plusieurs années, alors quand la BD est sortie je n'ai pas pu m'empêcher de la lire. Et je n'ai pas été déçu. La BD se veut avant tout une manière de découvrir cette maladie et son impact dans la vie de ceux qu'elle touche, ce qui est fort honorable, mais c'est suffisamment bien fait pour que ce ne soit pas le seul intérêt. En effet, plutôt que de passer par les yeux de Maxime atteint du syndrome XP, nous allons voir le tout par les yeux de Morgane, jeune adolescente (et en pleine crise). Et l'histoire est réellement bien fichue, passant à la fois par la découverte de cette maladie et de ses incidences, mais également par une vie d'adolescente. Le mélange est suffisamment bien dosé pour ne pas donner l'impression de lire une énième chronique adolescente, et j'ai beaucoup apprécié le développement qui en est fait. Pour ce qui est du dessin, j'ai adoré mais étant d'une totale non-objectivité, je ne peux même pas essayer de commenter. J'adore le style graphique de l'auteure qui rend par ailleurs très bien en bande-dessinée, je crois que c'est tout ce que je peux ajouter. Bref, une très bonne BD qui arrive à faire un joli mélange de genre. C'est surement plus à destination des adolescent(e)s que des adultes, mais les deux auront le même plaisir à découvrir cet petite histoire bien fichue.

11/03/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série La Petite Mosquée dans la cité
La Petite Mosquée dans la cité

J'ai trouvé que cette bd sur une mosquée de quartier qui tente de survivre est très bien réalisé. Elle nous parle des problèmes que peuvent rencontrer des croyants musulmans dans notre pays face à une vague d'islamophobie sans concession. Certes, la République est laïque mais elle doit respecter également tous les lieux de culte et permettre à une grand population de croyants de pouvoir se recueillir sans devoir retourner forcément dans leur pays d'origine. Encore faut-il que les puissances étrangères ne financent pas ses lieux car elles peuvent l'assortir de conditions particulièrement drastiques notamment en ce qui concerne le droit des femmes ou la langue parlée. J'ai bien aimé l'antagonisme entre les deux imams qui ont des points de vue différents. Comme quoi, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Cette ouvre permet de cerner toute la complexité du problème.

10/03/2019 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Green Manor
Green Manor

Une belle réussite que cette série ! Si j'ai trouvé le tome 2 un peu en-deçà des deux autres, l'ensemble est une jolie pépite dessinée... Le dessin de Bodart est bon, même s'il lui manque l'élégance d'un Maïorana dans D (puisque le cadre est sensiblement le même), mais le trait s'affine un peu dans le troisième tome, à mon sens le plus agréable à l’œil. Mais la vraie réussite de cette série tient avant tout aux scénarios de Vehlmann. Il s'immisce (et nous avec) à merveille dans le Londres victorien, avec une aisance déconcertante. Ces recueils de petites histoires dessinées rendent parfaitement hommage à la fois au roman policier britannique, à la Conan Doyle ou Dickson Carr, sans doute les deux influences policières les plus évidentes, mais aussi au roman gothique voire fantastique à la Edgar Poe. Avec un humour noir qui ne bascule jamais dans l'excès, Vehlmann nous propose une flopée de scénarios très intelligents, qui basculent parfois un peu dans la facilité (surtout dans le tome 2, je trouve), mais fonctionnent très bien, et décrivent avec une plume au vitriol les milieux de la haute société victorienne et leur hypocrisie, ici meurtrière. C'est donc avec un vrai plaisir qu'on lit chacune des petites pépites proposées ici, où l'on disserte sur le crime comme s'il s'agissait d'un art à part entière, et où l'on recherche comment effectuer le crime parfait. Ce qui est très fort, c'est que Vehlmann s'ingénie à instaurer une ambiance surnaturelle, mais à laquelle il donne toujours une résolution réaliste, ne s'amusant à glisser un soupçon de fantastique que sous forme de clins d’œil. Et surtout, fidèle au vieux dicton latin "in cauda venenum", le scénariste, même quand la narration de l'histoire est un peu plus faible ou attendue que les autres (il a parfois exagérément recours au procédé du flashback), parvient à toujours relever la sauce par une chute savoureuse, d'une ironie amère mais pleine de sel. Bref, un petit plaisir quasi-malsain, mais qui fait vraiment du bien, et qui réussit le prodige de ne nous proposer pour ainsi dire que des personnages antipathiques tout en nous accrochant de la première page du premier tome à la dernière page du troisième tome. A lire sans trop de modération.

09/03/2019 (modifier)