Je découvre petit à petit l'œuvre de l'auteur israélien Rutu Modan que je trouve intéressante. L'auteur présente avec une vision intérieure des problématiques propres à l'histoire passée ou contemporaine de l’État Hébreu. Ici la thématique centrale est la réappropriation des biens juifs spoliés par les Nazis ou leurs alliés durant la guerre. Régina est une grand mère qui retourne à Varsovie à reculons pour récupérer l'appartement de ses parents assassinés par les occupants. Elle est accompagnée par sa petite fille Mica très déterminée à faire valoir son droit. Le schéma est simple voire simpliste mais se complexifie au fil du récit qui devient une véritable enquête familiale avec des liens sentimentaux anciens ou nouveaux qui vont dépasser la vénalité de l'entreprise initiale.
J'ai beaucoup aimé la progression des personnages de Régina et Mica dans l'histoire. Modan décrit ainsi deux modèles féminins forts qu'il veut probablement représentatifs de la société de son pays. L'auteur parsème son récit de beaucoup d'humour pour alléger le contexte mémoriel qui reste très lourd. Il y ajoute un zest de provocation sur le personnage de l'oncle. La dernière réplique de Mica à Tomazs étant une des clés de la construction du récit.
J'ai découvert le graphisme de Modan dans Exit Wounds avec ce faux aspect enfantin. Si les extérieurs manquent de détails , les personnages sont très expressifs et impriment un bon rythme à la narration. De plus je suis assez friand de ce type de mise en couleurs douces.
Une belle lecture qui m'a bien séduit.
3.5
Ben moi je lis des mangas et j'avoue ne pas comprendre en quoi le scénario est confus.
Notre héros n'a aucune confiance en lui et il semble victime d'une malédiction: chaque fois qu'il fait un vœu et qu'il se réalise, un malheur lui arrive alors il préfère ne jamais faire de souhait, mais un jour il sera poussé par sa copine à en faire un pour obtenir un emploi, et à partir de là plusieurs choses vont se produire. Le scénario m'a séduit dès le début parce que l'idée de départ est bien trouvée, mais il faudra un peu de temps pour bien voir où l'auteur veut en venir. Au début, je me demandais si l'auteur allait faire un récit à la 'Death Note', vu que les deux personnages principaux ont entre les mains un pouvoir dangereux, puis le tome 2 introduit un nouveau personnage et l'histoire prend une tournure différente.
J'ai bien aimé cette histoire souvent touchante, qui fait parfois réfléchir et qui ne dure pas éternellement. Le dessin est pas mal.
Je tourne autour depuis sa sortie, j’ai finalement craqué sur le bon retour de mon libraire. Et bin ça ne révolutionnera pas grand chose mais une lecture forte agréable au final.
Pourtant pas spécialement jouasse de prime abord, une couverture plutôt moyenne, des couleurs informatiques, un dessin tout droit sorti du Roi lion … et surtout ce sentiment que ça surfe gentiment sur le succès des 5 Terres.
Les récits Fantasy anthropomorphiques ont le vent en poupe : L'Ogre Lion, Sa Majesté des Ours… Le royaume sans nom ajoute sa petite pierre à l’édifice en ajoutant modérément une dramaturgie toute shakespearienne.
Passé les premières pages, je suis vite rentré dans cet univers, on peut reprocher des trucs mais j’en suis sorti pas mal conquis. Pas d’énormes surprises au menu cependant les ingrédients fonctionnent très bien. C’est admirablement raconté, malgré la multitude de personnages nous ne sommes jamais perdu, franchement hâte de connaître la suite.
Un bel équilibre entre sérieux et humour discret, le dessin est parfait. Je n’attendais pas les auteurs de Blind Dog Rhapsody dans ce registre, bravo à eux.
MàJ après tome 2 :
Un 2ème tome dans la lignée du premier, c’est toujours bien agréable à suivre. Les persos sont toujours aussi sympas, les masques commencent à tomber, l’histoire avance à grands pas sans se laisser deviner et tout délivrer … bref du chouette boulot. J’attends de pied ferme la conclusion et conseille de bon cœur la série aux amateurs de Game of thrones.
MàJ après tome 3 et clap de fin :
La conclusion tant attendue arrive enfin, et si je l’ai aimée, j’avoue qu’elle m’a un peu désappointé.
J’ai trouvé que ça allait un poil trop vite, on perd en légèreté pour accentuer le côté shakespearien. La mort est omniprésente mais ce qui me gêne le plus, c’est le volte face de certains caractères. Une transition plus douce m’aurait davantage gré.
Je reste toutefois sur ma bonne côte, le genre de série que je prendrais plaisir à relire. Une trilogie efficace avec de solides arguments.
Le dessin de Clothilde Chauvin est intéressant. Un trait moderne et léger au rendu plaisant. Je note juste un peu d’irrégularité (et un rendu un peu moins soigné sur certaines cases vers la fin). Je n’ai pas non plus accroché au visage de profile de Célimène, surtout son nez, comme atrophié. Mais pour le reste, dessin et colorisation sont plutôt sympas.
Le texte est assez littéraire parfois, jusqu’au jeu de mot final qui semble avoir été amené dès le départ et le choix du prénom de l’héroïne. En tout cas les dialogues s’insèrent très bien dans cette vision de la cour de Versailles au XVIIIème siècle (un peu comme avait pu le faire sur un autre registre le très bon film « Ridicule »). Le fait de nommer la cour et le royaume Versatile joue habilement sur le double sens, en sus du mot détourné, cela donne aussi une clé de lecture : quoi de plus mouvant que la réputation à la cour ?
C’est dans cet univers que nous suivons Célimène, qui cherche à tout prix – mais vraiment à tout prix ! (Les scrupules ne l’étouffent pas) – à gravir l’échelle sociale le plus vite et le plus haut possible. Obnubilée par cet objectif, elle en oublie de réellement vivre, et refuse de sacrifier cette ascension sociale sur l’autel de l’amitié, de l’amour. Le final assez ironique est cruel, car elle a côtoyé très tôt celui qui aurait pu la contenter dans tous les domaines, mais sa fierté mal placée l’empêche de le voir – c’est-à-dire d’admettre qu’elle s’est trompée, et que la « réussite » d’une vie pouvait être obtenue sans accumuler des « piastres » (la monnaie qui étalonne à Versatile la position de chacun).
Un petit conte cruel bien scandé par « l’horloge de la réussite » introduisant chaque chapitre, dont on devine d’emblée que, à l’instar des montres, une fois votre heure passée, la suivante recommence un nouveau cycle : la chute est si près du sommet…
Une petite lecture sympathique et recommandable.
Merci aux précédent(e)s posteuses et teurs qui ont avisé cette BD sans qui je ne l'aurais probablement jamais ouverte (et Ro en particulier qui a posté son avis récemment). C'est une très bonne BD qui n'a pas fait de vague (ah ah), mais qui est très juste dans sa narration et les thèmes abordés.
Outre le fait qu'elle nous offre l'occasion de mettre le nez dans un sport totalement méconnu du grand public, l'aviron en l'occurrence, cette histoire nous plonge dans une période charnière de l'Histoire de l'Allemagne : la réunification. C'est d'autant plus intéressant que ce moment est abordé par le biais de la jeunesse, un âge où les relations sont plus directes, moins engoncées dans les conventions. Zelba adopte pour cela le ton juste, frais, sans chichi, étayé par un langage parfois assez fleuri. C'est vécu, ça se sent, et les souvenirs de l'autrice paraissent conserver leur spontanéité. L'ensemble ne manque pas d'humour, le rythme ne faiblit pas. L'ennui ne pointe jamais le bout de son nez une seule seconde. Plusieurs doubles pages en couleurs offrent un focus sur un éclairage particulier de l'affaire (un point de règlement, un aspect historique...), et c'est bien dosé, toujours a propos et dans le bon timing.
Plusieurs passages m'ont vraiment marqué. Je pense notamment à la découverte des nouveaux maillots de l'équipe nationale "réunifiée", et la présence de cet aigle qui ravive de bien mauvais souvenirs... Or des moments comme celui-là, il y en a beaucoup. Ils parsèment le récit en lui donnant toute sa saveur et sa densité. On y trouve une ribambelle de thèmes plus ou moins exploités, mais abordés sous un angle juste (condition féminine, a priori culturels, relations familiales, entre sœurs...). On sent que Zelba a quelque chose à dire et j'aime ça !
Et enfin, j'ai aimé la sincérité de l'autrice qui se dévoile de façon assez crue.
J'ai deux ou trois petites réserves. D'abord au sujet de la frangine de l'autrice. En effet, j'aurais bien aimé savoir ce qu'elle était devenue, connaitre son parcours à elle... Et puis aussi la toute dernière page qui est à mon sens vraiment abrupte. On pourrait avoir l'impression qu'il manque une ou deux pages. En l'état, la conclusion me parait un peu faiblarde, disons rapidement expédiée, si on la compare à l'ensemble.
Mais enfin je tatillonne. Cette BD est très bien et émerge nettement du lot pour toutes les raisons évoquées, et comme mes prédécesseuses et ceurs (en fait, il faudrait écrire 'prédécesseures' au féminin, mais c'est vraiment naze), je ne peux qu'en conseiller la lecture à mon tour.
3.5
Un bon one-shot fait par deux auteurs qui semblent être des débutants (du moins ils ont rien d'autre d'enregistré sur ce site) et c'est un bon départ !
Une vieille Anne Bonny dicte ses mémoires parce qu'elle veut rétablir la vérité. Comme au final on sait peu sur la vie de cette pirate, il y a beaucoup de mélanges entre la réalité et la fiction et c'est justement un des points forts de l'album parce qu'on met bien en avant que le peu de ce que l'on sait de Bonny est en fait romancé et que ça serait impossible de retracer fidèlement sa vie, on ne sait même pas la date de sa naissance et ce qu'elle a fait après avoir été graciée ! On voit ça non seulement dans des discussions entre Bonny et sa biographe improvisée, mais aussi entre deux historiens qui interrompent parfois le récit pour discuter. Il y a des réflexions intéressantes sur le travail d'historien, l'impossibilité d'être 100% objective et aussi comment les idées contemporaines influencent comment on voit le passé. J'ai bien aimé comment on montre la complexité de la personnalité d'Anne Bonny et de sa situation.
Le dessin est dynamique et agréable à l'œil. On dirait par moment un film d'animation.
Un 4 étoiles généreux pour faire plaisir à Gaston ;) et parce que j’ai passé un bon moment il faut l’avouer. J’ai du lire la moitié de la série parue à ce jour et j’aurais poursuivi ma lecture si j’avais eu les autres tomes sous le coude.
L’histoire possède un début assez hallucinant, un enfant humain vendu par ses parents et adopté par un démon, Bonjour le malaise d’entrée de jeu ?! mais on dépasse vite ce stade.
Ce n’est qu’une mise en situation pour développer une série déjantée, loufoque au ton assez crétin, l’humain devenant élève dans une école de démons. Il y a des impondérables au genre mais dans l’ensemble j’ai bien rigolé, une belle galerie de personnages (certain étant plus tête à claques que d’autres mais de bonnes réussites).
Je ne suis pas expert mais un manga plutôt bien fait, et bien plus fun que les My Hero Academia et consort.
3,5
MàJ (passage du tome 7 à 28) :
Une série qui m’a carrément conquis sur la longueur (et j’en redemande), je m’y surprend vraiment à rire à pleines dents. Je rejoins maintenant de bon cœur l’engouement de Gaston. Iruma a été ma petite dose de joie ces dernières semaines.
Pas bien profond, ça met le paquet sur les bons sentiments mais c’est tellement loufoque et attachant que ça m’est devenu du fun en barre.
Martha Jane Cannary est entrée dans la légende, son personnage ayant été maint fois parodié (voir ses apparitions dans Lucky Luke par exemple), utilisé comme un stéréotype des légendes de l’Ouest. Il faut dire qu’entre les déclarations légèrement affabulatrices de Martha Jane Cannary et l’utilisation de son personnage par les journaux pour en faire une sorte d’égérie à même d’attirer attention, migrants et argent dans cet Ouest plus crasseux et dangereux que les articles ne le laissaient paraitre, on a là les ingrédients d’une bonne histoire. Un personnage du film « L’homme qui tua Liberty Valance » affirmait : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ». Voilà une citation qui colle parfaitement à l’image que nous avons de « Calamity Jane ».
Les auteurs se sont amplement documentés, et ça se sent. Ils ont même continué à le faire jusqu’au bout (s’inspirant par exemple de la dernière biographie parue durant la rédaction du troisième tome). Toutes les sources connues ont été utilisées, et tout cela a bien été complété. Car il faut bien évidemment compléter les « trous » dans les informations connues, et aussi faire le tri parmi tout ce que Martha Jane Cannary a pu dire ou écrire.
Le résultat est vraiment intéressant et plaisant. Christian Perrissin a fait le choix de traiter cette biographie en trois épais volumes. Sans que jamais on ait l’impression d’un étirement artificiel. Surtout, cela a permis de développer les « décors » de la vie de Calamity Jane, et de proposer ainsi une sorte d’histoire de la conquête de l’Ouest. Un choix judicieux pour captiver le lecteur. Mais aussi parce que, par-delà les récits parfois exagérés ou imprécis de Calamity Jane, on est bien forcé de constater qu’elle a vécu dans cette zone frontière instable, côtoyant beaucoup des protagonistes principaux de sa transformation (Hickok bien sûr, mais aussi Custer, Buffalo Bill ou d’autres). Et cette « histoire de l’Ouest sauvage » se révèle ici intéressante.
Les auteurs ont aussi réussi à ne pas ensevelir Martha Jane sous sa légende, laissant poindre sa personnalité, jusqu’à la fin et la lecture d’extraits de certaines des lettres adressées à sa fille. Loin des caricatures et des articles de presse de l’époque, elle se révèle une femme assoiffée de liberté, qui a dû faire preuve de courage et de persévérance, dans une époque et en des lieux où la femme n’est pas franchement dotée de beaucoup de droits. Dans un univers d’hommes, loin des villes, de leurs lois et de leurs moeurs un petit peu plus policées, elle a tracé sa route d’une belle façon – devant pour cela sacrifier famille et amis (et quelques rêves ?).
Le dessin de Matthieu Blanchin a quand même bien changé et progressé depuis ses premiers albums. Son trait est irrégulier, assez brouillon. Mais le rendu général m’a plutôt plu. Son aspect débraillé colle très bien au récit, à l’instabilité de la « frontière », et à la personnalité de Calamity Jane.
Une biographie amoureuse réussie.
FolkLore, c'est le nom que donne ce monde animalier au voyage initiatique que chaque adolescent entreprend à un moment de sa vie. Ce rite les conduit à Babel, une ville où ils doivent passer le temps nécessaire pour trouver leur voie et comprendre ce qu'ils souhaitent faire de leur existence. Composée d'albums indépendants, la série suit de jeunes héros aux parcours variés, chacun découvrant à sa manière un visage différent de la ville et de ses habitants.
Il y a un petit côté Zootopia dans cette Babel cosmopolite où toutes les espèces animales cohabitent, et où les jeunes arrivent de leurs contrées, portés par l'espoir et une légère appréhension. Chaque tome étant confié à un dessinateur différent, l'ensemble bénéficie de styles graphiques et d'ambiances variés qui enrichissent l'univers.
Le premier récit suit une jeune panthère, héritière d'un royaume façon maharadja, qui rêve plutôt de devenir réparatrice de mécanismes en tous genres. Son père, bienveillant mais exigeant, lui pose un défi : prouver sa motivation et sa valeur avant qu'il accepte son choix de vie. Elle part donc à Babel pour suivre l'enseignement d'un maître dans ce domaine.
L'histoire est mignonne mais un peu trop douce et prévisible à mon goût. Le dessin évoque légèrement Disney, surtout dans les expressions félines, avec un trait lâché mais sûr. Les décors, parfois un peu dépouillés, offrent néanmoins un bon aperçu de Babel et de son atmosphère. L'héroïne peut agacer un peu au début par son comportement un peu puéril, mais elle gagne en maturité au fil des pages. La fin, très heureuse et sans réel obstacle, donne une vision idéalisée des relations humaines, mais ce n'est pas désagréable.
Le deuxième tome met en scène un jeune mi-renard mi-loup, fils d'artistes saltimbanques, qui décide d'utiliser son FolkLore pour partir à la rencontre de son grand-père, un bourgeois misanthrope ayant coupé les ponts avec sa fille.
Le dessin de Lionel Richerand est une vraie claque visuelle. Ses personnages ont des visages d'une expressivité extrême, avec des yeux écarquillés, des gueules parfois presque inquiétantes. C'est surprenant au début, mais j'ai rapidement été conquis, d'autant que la mise en couleur est superbe. De nombreux clins d'œil à Miyazaki enrichissent encore ce style déjà très affirmé.
L'intrigue, elle, est un peu plus élaborée que celle du premier tome et réserve quelques surprises. La fin est à nouveau positive, mais cette fois plus nuancée et moins convenue.
Ce ne sont pas les scénarios qui m'ont le plus emballé, mais j'aime beaucoup cette idée de suivre des récits initiatiques à travers les regards de différents jeunes personnages, et de découvrir ainsi les multiples facettes de Babel. Et le style graphique très personnel de Lionel Richerand a achevé de me convaincre d'apprécier cette série.
Quand je lis les avis précédents , je me rends compte que cette série est clivante. A mes yeux cela fait une partie de son charme. L'autre partie du charme est un scénario que j'ai vraiment trouvé original et bien construit. Toute la narration est centrée sur un personnage assez détestable que l'on ne voit jamais. Ce sont son fils et sa très jeune amante ( 40 ans de différence) qui vont petit à petit découvrir une personnalité kaléidoscope d'un père/amant aux multiples vies. Rutu Modan inscrit son récit dans une ambiance de banalisation des attentats que vit la population d'Israël. C'est souvent cynique comme pour l'épisode de l'institut médico-légal et parfois drôle. La progression de la relation Kobi-Nomi qui va de pair avec les révélations sur Gabriel(le père) dans une sorte de triangle amoureux bancal est très finement proposée par l'auteur. Dans un récit où l'action est quasi inexistante ce qui est un premier paradoxe pour la région, et où la recherche tourne vite en rond, Modan crée une tension à travers les dialogues de Nomi et de Kobi qui relègue l'intérêt pour l'enquête principale au second plan bien qu'elle ressurgisse comme un serpent de mer qui intrigue. En ce sens le final doublement imprévu conclut ou pas un récit qui est resté ouvert tout du long.
En fait derrière un aspect simpliste j'ai trouvé ce récit d'une belle intelligence.
Le graphisme va dans le même sens d'un certain trompe l'œil. L'aspect ligne claire est presque enfantin. Il y a peu de mouvement générer par des actions violentes et pourtant j'ai trouvé la narration visuelle dynamique et très expressive dans cette ambiance de non-dits où les attitudes corporelles sont le principal langage.
Je pousse un peu ma note mais c'est une lecture qui m'a parlé.
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Je découvre petit à petit l'œuvre de l'auteur israélien Rutu Modan que je trouve intéressante. L'auteur présente avec une vision intérieure des problématiques propres à l'histoire passée ou contemporaine de l’État Hébreu. Ici la thématique centrale est la réappropriation des biens juifs spoliés par les Nazis ou leurs alliés durant la guerre. Régina est une grand mère qui retourne à Varsovie à reculons pour récupérer l'appartement de ses parents assassinés par les occupants. Elle est accompagnée par sa petite fille Mica très déterminée à faire valoir son droit. Le schéma est simple voire simpliste mais se complexifie au fil du récit qui devient une véritable enquête familiale avec des liens sentimentaux anciens ou nouveaux qui vont dépasser la vénalité de l'entreprise initiale. J'ai beaucoup aimé la progression des personnages de Régina et Mica dans l'histoire. Modan décrit ainsi deux modèles féminins forts qu'il veut probablement représentatifs de la société de son pays. L'auteur parsème son récit de beaucoup d'humour pour alléger le contexte mémoriel qui reste très lourd. Il y ajoute un zest de provocation sur le personnage de l'oncle. La dernière réplique de Mica à Tomazs étant une des clés de la construction du récit. J'ai découvert le graphisme de Modan dans Exit Wounds avec ce faux aspect enfantin. Si les extérieurs manquent de détails , les personnages sont très expressifs et impriment un bon rythme à la narration. De plus je suis assez friand de ce type de mise en couleurs douces. Une belle lecture qui m'a bien séduit.
Joker of Destiny
3.5 Ben moi je lis des mangas et j'avoue ne pas comprendre en quoi le scénario est confus. Notre héros n'a aucune confiance en lui et il semble victime d'une malédiction: chaque fois qu'il fait un vœu et qu'il se réalise, un malheur lui arrive alors il préfère ne jamais faire de souhait, mais un jour il sera poussé par sa copine à en faire un pour obtenir un emploi, et à partir de là plusieurs choses vont se produire. Le scénario m'a séduit dès le début parce que l'idée de départ est bien trouvée, mais il faudra un peu de temps pour bien voir où l'auteur veut en venir. Au début, je me demandais si l'auteur allait faire un récit à la 'Death Note', vu que les deux personnages principaux ont entre les mains un pouvoir dangereux, puis le tome 2 introduit un nouveau personnage et l'histoire prend une tournure différente. J'ai bien aimé cette histoire souvent touchante, qui fait parfois réfléchir et qui ne dure pas éternellement. Le dessin est pas mal.
Le Royaume sans nom
Je tourne autour depuis sa sortie, j’ai finalement craqué sur le bon retour de mon libraire. Et bin ça ne révolutionnera pas grand chose mais une lecture forte agréable au final. Pourtant pas spécialement jouasse de prime abord, une couverture plutôt moyenne, des couleurs informatiques, un dessin tout droit sorti du Roi lion … et surtout ce sentiment que ça surfe gentiment sur le succès des 5 Terres. Les récits Fantasy anthropomorphiques ont le vent en poupe : L'Ogre Lion, Sa Majesté des Ours… Le royaume sans nom ajoute sa petite pierre à l’édifice en ajoutant modérément une dramaturgie toute shakespearienne. Passé les premières pages, je suis vite rentré dans cet univers, on peut reprocher des trucs mais j’en suis sorti pas mal conquis. Pas d’énormes surprises au menu cependant les ingrédients fonctionnent très bien. C’est admirablement raconté, malgré la multitude de personnages nous ne sommes jamais perdu, franchement hâte de connaître la suite. Un bel équilibre entre sérieux et humour discret, le dessin est parfait. Je n’attendais pas les auteurs de Blind Dog Rhapsody dans ce registre, bravo à eux. MàJ après tome 2 : Un 2ème tome dans la lignée du premier, c’est toujours bien agréable à suivre. Les persos sont toujours aussi sympas, les masques commencent à tomber, l’histoire avance à grands pas sans se laisser deviner et tout délivrer … bref du chouette boulot. J’attends de pied ferme la conclusion et conseille de bon cœur la série aux amateurs de Game of thrones. MàJ après tome 3 et clap de fin : La conclusion tant attendue arrive enfin, et si je l’ai aimée, j’avoue qu’elle m’a un peu désappointé. J’ai trouvé que ça allait un poil trop vite, on perd en légèreté pour accentuer le côté shakespearien. La mort est omniprésente mais ce qui me gêne le plus, c’est le volte face de certains caractères. Une transition plus douce m’aurait davantage gré. Je reste toutefois sur ma bonne côte, le genre de série que je prendrais plaisir à relire. Une trilogie efficace avec de solides arguments.
Versatile
Le dessin de Clothilde Chauvin est intéressant. Un trait moderne et léger au rendu plaisant. Je note juste un peu d’irrégularité (et un rendu un peu moins soigné sur certaines cases vers la fin). Je n’ai pas non plus accroché au visage de profile de Célimène, surtout son nez, comme atrophié. Mais pour le reste, dessin et colorisation sont plutôt sympas. Le texte est assez littéraire parfois, jusqu’au jeu de mot final qui semble avoir été amené dès le départ et le choix du prénom de l’héroïne. En tout cas les dialogues s’insèrent très bien dans cette vision de la cour de Versailles au XVIIIème siècle (un peu comme avait pu le faire sur un autre registre le très bon film « Ridicule »). Le fait de nommer la cour et le royaume Versatile joue habilement sur le double sens, en sus du mot détourné, cela donne aussi une clé de lecture : quoi de plus mouvant que la réputation à la cour ? C’est dans cet univers que nous suivons Célimène, qui cherche à tout prix – mais vraiment à tout prix ! (Les scrupules ne l’étouffent pas) – à gravir l’échelle sociale le plus vite et le plus haut possible. Obnubilée par cet objectif, elle en oublie de réellement vivre, et refuse de sacrifier cette ascension sociale sur l’autel de l’amitié, de l’amour. Le final assez ironique est cruel, car elle a côtoyé très tôt celui qui aurait pu la contenter dans tous les domaines, mais sa fierté mal placée l’empêche de le voir – c’est-à-dire d’admettre qu’elle s’est trompée, et que la « réussite » d’une vie pouvait être obtenue sans accumuler des « piastres » (la monnaie qui étalonne à Versatile la position de chacun). Un petit conte cruel bien scandé par « l’horloge de la réussite » introduisant chaque chapitre, dont on devine d’emblée que, à l’instar des montres, une fois votre heure passée, la suivante recommence un nouveau cycle : la chute est si près du sommet… Une petite lecture sympathique et recommandable.
Dans le même bateau
Merci aux précédent(e)s posteuses et teurs qui ont avisé cette BD sans qui je ne l'aurais probablement jamais ouverte (et Ro en particulier qui a posté son avis récemment). C'est une très bonne BD qui n'a pas fait de vague (ah ah), mais qui est très juste dans sa narration et les thèmes abordés. Outre le fait qu'elle nous offre l'occasion de mettre le nez dans un sport totalement méconnu du grand public, l'aviron en l'occurrence, cette histoire nous plonge dans une période charnière de l'Histoire de l'Allemagne : la réunification. C'est d'autant plus intéressant que ce moment est abordé par le biais de la jeunesse, un âge où les relations sont plus directes, moins engoncées dans les conventions. Zelba adopte pour cela le ton juste, frais, sans chichi, étayé par un langage parfois assez fleuri. C'est vécu, ça se sent, et les souvenirs de l'autrice paraissent conserver leur spontanéité. L'ensemble ne manque pas d'humour, le rythme ne faiblit pas. L'ennui ne pointe jamais le bout de son nez une seule seconde. Plusieurs doubles pages en couleurs offrent un focus sur un éclairage particulier de l'affaire (un point de règlement, un aspect historique...), et c'est bien dosé, toujours a propos et dans le bon timing. Plusieurs passages m'ont vraiment marqué. Je pense notamment à la découverte des nouveaux maillots de l'équipe nationale "réunifiée", et la présence de cet aigle qui ravive de bien mauvais souvenirs... Or des moments comme celui-là, il y en a beaucoup. Ils parsèment le récit en lui donnant toute sa saveur et sa densité. On y trouve une ribambelle de thèmes plus ou moins exploités, mais abordés sous un angle juste (condition féminine, a priori culturels, relations familiales, entre sœurs...). On sent que Zelba a quelque chose à dire et j'aime ça ! Et enfin, j'ai aimé la sincérité de l'autrice qui se dévoile de façon assez crue. J'ai deux ou trois petites réserves. D'abord au sujet de la frangine de l'autrice. En effet, j'aurais bien aimé savoir ce qu'elle était devenue, connaitre son parcours à elle... Et puis aussi la toute dernière page qui est à mon sens vraiment abrupte. On pourrait avoir l'impression qu'il manque une ou deux pages. En l'état, la conclusion me parait un peu faiblarde, disons rapidement expédiée, si on la compare à l'ensemble. Mais enfin je tatillonne. Cette BD est très bien et émerge nettement du lot pour toutes les raisons évoquées, et comme mes prédécesseuses et ceurs (en fait, il faudrait écrire 'prédécesseures' au féminin, mais c'est vraiment naze), je ne peux qu'en conseiller la lecture à mon tour.
La Dernière Nuit d'Anne Bonny
3.5 Un bon one-shot fait par deux auteurs qui semblent être des débutants (du moins ils ont rien d'autre d'enregistré sur ce site) et c'est un bon départ ! Une vieille Anne Bonny dicte ses mémoires parce qu'elle veut rétablir la vérité. Comme au final on sait peu sur la vie de cette pirate, il y a beaucoup de mélanges entre la réalité et la fiction et c'est justement un des points forts de l'album parce qu'on met bien en avant que le peu de ce que l'on sait de Bonny est en fait romancé et que ça serait impossible de retracer fidèlement sa vie, on ne sait même pas la date de sa naissance et ce qu'elle a fait après avoir été graciée ! On voit ça non seulement dans des discussions entre Bonny et sa biographe improvisée, mais aussi entre deux historiens qui interrompent parfois le récit pour discuter. Il y a des réflexions intéressantes sur le travail d'historien, l'impossibilité d'être 100% objective et aussi comment les idées contemporaines influencent comment on voit le passé. J'ai bien aimé comment on montre la complexité de la personnalité d'Anne Bonny et de sa situation. Le dessin est dynamique et agréable à l'œil. On dirait par moment un film d'animation.
Iruma à l'école des démons
Un 4 étoiles généreux pour faire plaisir à Gaston ;) et parce que j’ai passé un bon moment il faut l’avouer. J’ai du lire la moitié de la série parue à ce jour et j’aurais poursuivi ma lecture si j’avais eu les autres tomes sous le coude. L’histoire possède un début assez hallucinant, un enfant humain vendu par ses parents et adopté par un démon, Bonjour le malaise d’entrée de jeu ?! mais on dépasse vite ce stade. Ce n’est qu’une mise en situation pour développer une série déjantée, loufoque au ton assez crétin, l’humain devenant élève dans une école de démons. Il y a des impondérables au genre mais dans l’ensemble j’ai bien rigolé, une belle galerie de personnages (certain étant plus tête à claques que d’autres mais de bonnes réussites). Je ne suis pas expert mais un manga plutôt bien fait, et bien plus fun que les My Hero Academia et consort. 3,5 MàJ (passage du tome 7 à 28) : Une série qui m’a carrément conquis sur la longueur (et j’en redemande), je m’y surprend vraiment à rire à pleines dents. Je rejoins maintenant de bon cœur l’engouement de Gaston. Iruma a été ma petite dose de joie ces dernières semaines. Pas bien profond, ça met le paquet sur les bons sentiments mais c’est tellement loufoque et attachant que ça m’est devenu du fun en barre.
Martha Jane Cannary
Martha Jane Cannary est entrée dans la légende, son personnage ayant été maint fois parodié (voir ses apparitions dans Lucky Luke par exemple), utilisé comme un stéréotype des légendes de l’Ouest. Il faut dire qu’entre les déclarations légèrement affabulatrices de Martha Jane Cannary et l’utilisation de son personnage par les journaux pour en faire une sorte d’égérie à même d’attirer attention, migrants et argent dans cet Ouest plus crasseux et dangereux que les articles ne le laissaient paraitre, on a là les ingrédients d’une bonne histoire. Un personnage du film « L’homme qui tua Liberty Valance » affirmait : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ». Voilà une citation qui colle parfaitement à l’image que nous avons de « Calamity Jane ». Les auteurs se sont amplement documentés, et ça se sent. Ils ont même continué à le faire jusqu’au bout (s’inspirant par exemple de la dernière biographie parue durant la rédaction du troisième tome). Toutes les sources connues ont été utilisées, et tout cela a bien été complété. Car il faut bien évidemment compléter les « trous » dans les informations connues, et aussi faire le tri parmi tout ce que Martha Jane Cannary a pu dire ou écrire. Le résultat est vraiment intéressant et plaisant. Christian Perrissin a fait le choix de traiter cette biographie en trois épais volumes. Sans que jamais on ait l’impression d’un étirement artificiel. Surtout, cela a permis de développer les « décors » de la vie de Calamity Jane, et de proposer ainsi une sorte d’histoire de la conquête de l’Ouest. Un choix judicieux pour captiver le lecteur. Mais aussi parce que, par-delà les récits parfois exagérés ou imprécis de Calamity Jane, on est bien forcé de constater qu’elle a vécu dans cette zone frontière instable, côtoyant beaucoup des protagonistes principaux de sa transformation (Hickok bien sûr, mais aussi Custer, Buffalo Bill ou d’autres). Et cette « histoire de l’Ouest sauvage » se révèle ici intéressante. Les auteurs ont aussi réussi à ne pas ensevelir Martha Jane sous sa légende, laissant poindre sa personnalité, jusqu’à la fin et la lecture d’extraits de certaines des lettres adressées à sa fille. Loin des caricatures et des articles de presse de l’époque, elle se révèle une femme assoiffée de liberté, qui a dû faire preuve de courage et de persévérance, dans une époque et en des lieux où la femme n’est pas franchement dotée de beaucoup de droits. Dans un univers d’hommes, loin des villes, de leurs lois et de leurs moeurs un petit peu plus policées, elle a tracé sa route d’une belle façon – devant pour cela sacrifier famille et amis (et quelques rêves ?). Le dessin de Matthieu Blanchin a quand même bien changé et progressé depuis ses premiers albums. Son trait est irrégulier, assez brouillon. Mais le rendu général m’a plutôt plu. Son aspect débraillé colle très bien au récit, à l’instabilité de la « frontière », et à la personnalité de Calamity Jane. Une biographie amoureuse réussie.
FolkLore
FolkLore, c'est le nom que donne ce monde animalier au voyage initiatique que chaque adolescent entreprend à un moment de sa vie. Ce rite les conduit à Babel, une ville où ils doivent passer le temps nécessaire pour trouver leur voie et comprendre ce qu'ils souhaitent faire de leur existence. Composée d'albums indépendants, la série suit de jeunes héros aux parcours variés, chacun découvrant à sa manière un visage différent de la ville et de ses habitants. Il y a un petit côté Zootopia dans cette Babel cosmopolite où toutes les espèces animales cohabitent, et où les jeunes arrivent de leurs contrées, portés par l'espoir et une légère appréhension. Chaque tome étant confié à un dessinateur différent, l'ensemble bénéficie de styles graphiques et d'ambiances variés qui enrichissent l'univers. Le premier récit suit une jeune panthère, héritière d'un royaume façon maharadja, qui rêve plutôt de devenir réparatrice de mécanismes en tous genres. Son père, bienveillant mais exigeant, lui pose un défi : prouver sa motivation et sa valeur avant qu'il accepte son choix de vie. Elle part donc à Babel pour suivre l'enseignement d'un maître dans ce domaine. L'histoire est mignonne mais un peu trop douce et prévisible à mon goût. Le dessin évoque légèrement Disney, surtout dans les expressions félines, avec un trait lâché mais sûr. Les décors, parfois un peu dépouillés, offrent néanmoins un bon aperçu de Babel et de son atmosphère. L'héroïne peut agacer un peu au début par son comportement un peu puéril, mais elle gagne en maturité au fil des pages. La fin, très heureuse et sans réel obstacle, donne une vision idéalisée des relations humaines, mais ce n'est pas désagréable. Le deuxième tome met en scène un jeune mi-renard mi-loup, fils d'artistes saltimbanques, qui décide d'utiliser son FolkLore pour partir à la rencontre de son grand-père, un bourgeois misanthrope ayant coupé les ponts avec sa fille. Le dessin de Lionel Richerand est une vraie claque visuelle. Ses personnages ont des visages d'une expressivité extrême, avec des yeux écarquillés, des gueules parfois presque inquiétantes. C'est surprenant au début, mais j'ai rapidement été conquis, d'autant que la mise en couleur est superbe. De nombreux clins d'œil à Miyazaki enrichissent encore ce style déjà très affirmé. L'intrigue, elle, est un peu plus élaborée que celle du premier tome et réserve quelques surprises. La fin est à nouveau positive, mais cette fois plus nuancée et moins convenue. Ce ne sont pas les scénarios qui m'ont le plus emballé, mais j'aime beaucoup cette idée de suivre des récits initiatiques à travers les regards de différents jeunes personnages, et de découvrir ainsi les multiples facettes de Babel. Et le style graphique très personnel de Lionel Richerand a achevé de me convaincre d'apprécier cette série.
Exit Wounds
Quand je lis les avis précédents , je me rends compte que cette série est clivante. A mes yeux cela fait une partie de son charme. L'autre partie du charme est un scénario que j'ai vraiment trouvé original et bien construit. Toute la narration est centrée sur un personnage assez détestable que l'on ne voit jamais. Ce sont son fils et sa très jeune amante ( 40 ans de différence) qui vont petit à petit découvrir une personnalité kaléidoscope d'un père/amant aux multiples vies. Rutu Modan inscrit son récit dans une ambiance de banalisation des attentats que vit la population d'Israël. C'est souvent cynique comme pour l'épisode de l'institut médico-légal et parfois drôle. La progression de la relation Kobi-Nomi qui va de pair avec les révélations sur Gabriel(le père) dans une sorte de triangle amoureux bancal est très finement proposée par l'auteur. Dans un récit où l'action est quasi inexistante ce qui est un premier paradoxe pour la région, et où la recherche tourne vite en rond, Modan crée une tension à travers les dialogues de Nomi et de Kobi qui relègue l'intérêt pour l'enquête principale au second plan bien qu'elle ressurgisse comme un serpent de mer qui intrigue. En ce sens le final doublement imprévu conclut ou pas un récit qui est resté ouvert tout du long. En fait derrière un aspect simpliste j'ai trouvé ce récit d'une belle intelligence. Le graphisme va dans le même sens d'un certain trompe l'œil. L'aspect ligne claire est presque enfantin. Il y a peu de mouvement générer par des actions violentes et pourtant j'ai trouvé la narration visuelle dynamique et très expressive dans cette ambiance de non-dits où les attitudes corporelles sont le principal langage. Je pousse un peu ma note mais c'est une lecture qui m'a parlé.