Green manor est une des rares séries du journal de spirou ayant une identité.
Dans une ambiance entre Sherlock Holmes et Jack l’éventreur, on suit les petites histoires pleines de mystères que se racontent ou qui surviennent aux membres du Green Manor. En gros, des lords anglais pleins aux as qui se font chier et jouent avec la vie de leurs prochains.
Bien sûr, il y a de fortes inégalités entre ces petites histoires, mais vous trouverez dans chaque tome, une ou deux courtes histoires vraiment excellentes. Dans l’ensemble, elles restent rafraîchissantes et on en redemande. Le dessin de Bodard n’a rien d’exceptionnel mais s’adapte bien.
En tout cas, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est à découvrir.
Hé ben ! Un voilà un chouette album ! « Taïga rouge » ?… c’est comme une sorte de grand road-movie à cheval à travers des régions d’Asie. Une très bonne association de deux jeunes auteurs que j’avoue ne pas connaître.
Au scénario, Malherbe a « pondu » une bonne histoire mettant en scène une période des pays de l’Est peu utilisée en BD. D’où : attrait. Mais l’histoire est SURTOUT portée par le graphisme de Perriot. Bon, pour avoir lu des BDs pendant plus de 40 ans, j’ai trouvé ci et là quelques très rares imperfections au niveau des personnages MAIS si nombre de dessinateurs reconnus avaient déjà eu le style de cet auteur à leurs débuts, nous n’aurions plus que des « Michel-Ange de la BD » après quelques années.
Perriot ?… j’aime bien car ses personnages « vivent » sur papier. Qui une attitude, qui un regard ; tout est fait avec une véritable finesse du trait ET, ce qui ne gâte rien, ce dessinateur gâte autant ses personnages secondaires que principaux. Le dessin, c’est aussi une ou des ambiances. Et de ce côté là, j’ai parfois eu l’impression d’accompagner Ferdynand dans sa fuite, de chevaucher dans les steppes. Tout bon.
Un plus certain également : la colorisation due à Ruby. La palette de couleurs a ici des tonalités assez particulières qui donnent une réalisme parfois surprenant à certaines cases.
« Taïga rouge » ?… c’est comme un bon film hollywoodien qui se déroule devant vous sur papier ; un heureux mélange de Docteur Jivago et de Michel Strogof (celui avec Curd Jurgens). Un album au dynamisme certain annonciateur d’une –normalement- bien belle série.
Oups !… un scénario de Pierre Pelot, un auteur éclectique dont je possède une quinzaine de romans qui traitent tant du western que de la science-fiction.
Baru ?… c’est –entre autres – « L’enragé », une BD coup de poing. Bon aussi. Et ces auteurs réunis nous donnent ?… quelque chose de pas mal du tout. J’ai lu un livre « noir », peuplé de trognes pas possibles, dont la trame –la disparition d’un enfant handicapé mental- se passe quelque part dans l’Est de la France.
Et qui dit disparition dit –très souvent- kidnappeurs. Et comme la Justice, dans ce cas, veut un ou des coupables –surtout pour rassurer la population- « on » va en trouver. Et tous les moyens seront bons…
J’ai lu un polar, une chronique sociale, une fable, une farce aussi où deux auteurs forment une seule musique d’un piano à quatre mains. Et comme dans toute bonne musique, il n’est pas nécessaire d’avoir grand textuel pour avoir à apprécier une œuvre forte où le dessin –à lui seul- en dit souvent plus qu’un texte. C’est le cas ici. Des silences expressifs, des situations qui le sont tout autant font que l’on aborde et que l’on suit cette histoire dessinée avec –je pense- une plus grande attention.
Ces « pauvres zhéros » ne seront pas un hit des ventes mais ils vous permettent de lire quelque chose de non formaté, d’engagé aussi. Et ça n’en a que d’autant plus de mérite.
Tiens, une histoire qui se passe en Belgique ?!…Et qui plus est à Charleroi… Charleroi ?… c’est le « pays noir » : un bassin minier qui eut son heure de gloire mais dont ne subsistent plus que quelques chicots, témoins de son passé.
Curieuse histoire aussi : celle d’une Cour d’Assises où paraît Julie, accusée de meurtre. Une histoire triste, larmoyante, pathétique ?… pas tout à fait. J’ai eu affaire à une chronique intimiste, une sorte de documentaire que j’ai découvert –page après page- et ce au fur et à mesure des questions lors du déroulement de son procès.
Julie ?… une jeune femme attachante qui a vécu des accidents de la vie, des malheurs, de nombreuses douleurs qui l’ont dans un sens menée là où elle se trouve maintenant. Julie qui –aussi- est intimement convaincue qu’elle est innocente.
Et là vient l’art du scénariste. Lapière y va de multiples flash-back, oriente ainsi à sa –redoutable- façon une lecture qui pose pas mal de questions dont la principale : coupable ou pas ?…
J’ai lu et vu deux auteurs qui forment ici un sacré duo. Lapière, sans « jouer » au sociologue, offre ici un superbe portrait de femme d’une rare intensité. Grenson, lui, fait de Julie une personne à la fois faible et forte. Et cette dualité de comportement se fait par des attitudes graphiques, des gestes simples, des regards aussi qui –ne dit-on pas- sont le miroir de l’âme ?…
Un tome fait de sensibilité… et d’un fort caractère. La suite ?… un second tome où l’on apprendra seulement QUI elle est accusée d’avoir tué. Et j’ai envie de le savoir.
J’ai ici retrouvé Zack Kosinsky ; lequel est à nouveau au centre du récit. Zack ?… il se réveille après un long coma d’une dizaine d’années. Qui plus est, il est devenu prescient : il peut voir et prévoir des événements ; son esprit le projetant mentalement vers d’autres réalités.
Le scénario –audacieux de par sa forme- de Corbeyran est bien réalisé, c’est vrai, MAIS : il y a intérêt à (re)lire « New Harlem » et « New Byzance » pour en comprendre tout son sens. Après Chabet et Tibéry, c’est ici au tour de Defali de prendre les commandes graphiques. Personnellement, et bien que je ne dénigre en rien ce dessinateur, cet épisode m’a paru plus « faible » que les deux autres. Plus… « classique » peut-être ?... ou plus… « jeune » ?...
Ce « New York » est d’abord une bien belle couverture qui donne envie d’ouvrir l’album. C’est déjà pas mal. L’ensemble, ensuite, m’a fait penser au style « comics » américains. Ca pourrait en rebuter plus d’un. Pas moi.
Tout ça pour ?… un bien bon tome cohérent, dans la tendance des deux premières parutions ; le tout dans l’attente de la suite de… « New Byzance » ?…
Imaginez… quelques notes de « l’homme à l’harmonica » titillent vos oreilles, les vrillent bientôt. Le vent, le sable, la chaleur s’insinuent dans votre esprit. La musique enfle, gonfle ses notes et vous emmène là où les auteurs souhaitent vous rencontrer : dans « il était une (autre) fois dans l’ Ouest ».
Le scénario ?… une ville de ce vieil Ouest sauvage, un shérif aux méthodes radicales qui en ont fait une sorte de légende, un rien de sexe, de la violence et –surtout- un inconnu qui y débarque en traînant deux cadavres. Seulement voilà : l’homme dit s’appeler Jedediah Cooper, comme le nom inscrit sur la tombe du dernier homme qui avait osé défier le shérif… alors : « résurrection » ?.. ou ?…
Je m’attendais à quelque chose d’explosif. En réalité, il s’agit plutôt –et c’est ce qui en fait sa force- d’un western intimiste où l’image « parle » souvent plus qu’un texte. Cette ville d’ailleurs est une sorte de personnage à part entière. Elle respire et vit, tirant sa substance de ce que devait être l’Ouest de la fin des années 1800. Ce western tire aussi sa force visuelle par une colorisation aux tons « crépusculaires » qui préfigure elle aussi cette sorte de « fin du temps des cow-boys ».
Au dessin ?… Guérineau (Le chant des Stryges) montre ici –et de quelle façon- une autre facette de son talent. Jouant des archétypes du genre, il distille la tension, joue sur les regards des intervenants, effectue des cadrages serrés… un peu comme ces « spaghetti westerns » qui me sont chers. A sa façon, Guérineau fait « sentir » ses pages, balance des silences qui sont d’autant efficaces.
Un grand western ?.. sûrement. Un « autre » western ?… aussi. Un scénario ciselé, efficace, diabolique dans sa construction se marie avec un dessin somptueux par moments. Histoire, dessin, couleurs : une excellente alchimie des trois genres pour un tome vraiment captivant.
Le décor ?… un des quartiers les plus dangereux de Palerme. Le héros ?… Nino, un jeune gars qui souhaite vivre normalement. L’histoire ?… on ne « sort » pas de Brancaccio, on ne s’en « délivre » pas, de ce quartier maudit où la mafia régit tout. Absolument tout… Et il faut lui obéir…
Les deux auteurs m’ont raconté une sorte de fable, un récit qui –divisé en chapitres- est fait de délinquance, de milieux mafieux, de rencontres, de provocations. Contraste entre un gamin plein d’espoir et cette mafia vicieuse, insidieuse, pollueuse, tentaculaire, omniprésente.
« Brancaccio » ?… un album-témoignage. Trois épisodes où rôde la peur ; une peur que l’on sent même palpable de par le graphisme. Au dessin, Stassi fait usage d’un trait sec, sombre… mais tout en nuances dans un noir et blanc qui, parfois, est comme « coloré » par certaines situations.
« Brancaccio » ?… un quotidien réaliste sans issues et où tout espoir est pour ainsi dire vain. Trois épisodes de la vie de tous les jours. Vraiment pas marrante, cette vie. Mais pour le lecteur : qu’est-ce que c’est bien fait !…
Dérouté je suis. Mais positivement. Le scénario ?… une sorte de jeu de piste, un véritable puzzle qui s’actionne autour de flash-backs et de curieuses anecdotes.
J’ai ainsi suivi deux destins qui vont se croiser, ceux d’Abel et de Hawkins, suite à des greffes résultantes d’un accident de voiture. Dès le début, je me suis posé la question de savoir dans quel « bazar » je mettais mes neurones car le début de l’histoire est, à vrai dire, assez complexe. Mais, rapidement, je suis entré dans ce « jeu » imaginé par un auteur qui a un sacré sens de la construction d’un scénario.
Qui plus est, Laumaillé est au dessin. Là, je dois dire que son trait n’est pas trop ma tasse de thé. MAIS l’ambiance générale qu’il arrive à insuffler au récit fait que ce graphisme, l’air de rien, correspond bien au fond et à la forme de l’histoire. Résultat : une bonne symbiose qui génère ainsi un vrai attrait à cette histoire qui sort des sentiers battus. Fascinant par moments et par certains aspects de son développement narratif, cet album pose de nombreux jalons d’une histoire où beaucoup de choses sont encore à découvrir. Je ne dis pas que j’attends le tome 2 avec une véritable impatience, mais je ne le raterai pas.
Pas mal du tout. J’ai suivi Wesley, une sorte de souffre-douleur, un looser, un moins-que-rien qui découvre un jour que son père –dit « le Tueur »- est à la tête d’un gang de vraiment « super-vilains ». Et bien malgré lui, notre brave Wesley va devoir endosser la cape de l’héritier en droite ligne qu’il est.
Tu veux de l’action ?… tu vas en avoir !… Millar scénarise ici une sorte de grand hommage aux super-héros. Ca « déménage » vraiment par moments et, qui plus est, sans un temps mort. Happé par l’histoire, il n’est même pas question de la délaisser pour répondre à un appel GSM. Une narration rapide, ciselée, habile et détonante par moments et un graphisme dense, fort coloré comme dans ces bons vieux comics d’antan plonge le lecteur dans ce que je peux considérer comme un « classique à part ».
« Wanted » est différent par ses fond et forme par rapport à de nombreuses séries made in USA. Et même s’il vient de « là-bas », il n’a pas grand chose à voir avec ses « frères ». Et ce n’en est que mieux pour lui.
Fracassant par moments. Bien bon.
Quatre fantômes nous font un peu participer, à leur manière, à quatre histoires tragi-comiques. Car, vivants, leur vie était liée à un ancien immeuble. Fantômes maintenant, leur présence l’est avec ce nouveau building construit sur place de l’ancien.
Un album au dessin noir et blanc. J’aime déjà. Et puis, c’est « du Eisner » ; un auteur qui –une fois de plus- fait preuve d’une grande finesse, fait montre d’un regard vif sur la société.
On passe d’une page à l’autre, admirant ce trait vif qui nous entraîne à la rencontre de ces quatre fantômes. Avec eux, par eux, on suit les entrelacs de l’âme humaine, de la pensée ; plongeant de bonne grâce dans quelque chose de malicieux, de touchant, d’amical aussi…
Ces gens qu’Eisner nous fait rencontrer sont irréels, oui, mais ne font-ils pas –en quelque sorte- partie de notre futur ?… donc de nous mêmes ?… Suivant ainsi la balade de cet « inventeur des sens » qu’est Eisner, nous nous rencontrons comme devant un miroir à deux faces ; celle d’avant et celle d’après.
C’est vrai, je n’ai pas tout compris. Eisner n’a pas la même vision des choses que nous, Européens… et inversement. Et c’est une partie du charme de cet album : « voir » quelqu’un d’autre, se projeter avec lui dans un moment de son œuvre, se laisser aller à ses visions. On n’en ressort pas « changé », non, mais on a vu quelque chose d’autre. Et ce « quelque chose » on ne peut que l’apprécier.
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Green Manor
Green manor est une des rares séries du journal de spirou ayant une identité. Dans une ambiance entre Sherlock Holmes et Jack l’éventreur, on suit les petites histoires pleines de mystères que se racontent ou qui surviennent aux membres du Green Manor. En gros, des lords anglais pleins aux as qui se font chier et jouent avec la vie de leurs prochains. Bien sûr, il y a de fortes inégalités entre ces petites histoires, mais vous trouverez dans chaque tome, une ou deux courtes histoires vraiment excellentes. Dans l’ensemble, elles restent rafraîchissantes et on en redemande. Le dessin de Bodard n’a rien d’exceptionnel mais s’adapte bien. En tout cas, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est à découvrir.
Taïga rouge
Hé ben ! Un voilà un chouette album ! « Taïga rouge » ?… c’est comme une sorte de grand road-movie à cheval à travers des régions d’Asie. Une très bonne association de deux jeunes auteurs que j’avoue ne pas connaître. Au scénario, Malherbe a « pondu » une bonne histoire mettant en scène une période des pays de l’Est peu utilisée en BD. D’où : attrait. Mais l’histoire est SURTOUT portée par le graphisme de Perriot. Bon, pour avoir lu des BDs pendant plus de 40 ans, j’ai trouvé ci et là quelques très rares imperfections au niveau des personnages MAIS si nombre de dessinateurs reconnus avaient déjà eu le style de cet auteur à leurs débuts, nous n’aurions plus que des « Michel-Ange de la BD » après quelques années. Perriot ?… j’aime bien car ses personnages « vivent » sur papier. Qui une attitude, qui un regard ; tout est fait avec une véritable finesse du trait ET, ce qui ne gâte rien, ce dessinateur gâte autant ses personnages secondaires que principaux. Le dessin, c’est aussi une ou des ambiances. Et de ce côté là, j’ai parfois eu l’impression d’accompagner Ferdynand dans sa fuite, de chevaucher dans les steppes. Tout bon. Un plus certain également : la colorisation due à Ruby. La palette de couleurs a ici des tonalités assez particulières qui donnent une réalisme parfois surprenant à certaines cases. « Taïga rouge » ?… c’est comme un bon film hollywoodien qui se déroule devant vous sur papier ; un heureux mélange de Docteur Jivago et de Michel Strogof (celui avec Curd Jurgens). Un album au dynamisme certain annonciateur d’une –normalement- bien belle série.
Pauvres zhéros
Oups !… un scénario de Pierre Pelot, un auteur éclectique dont je possède une quinzaine de romans qui traitent tant du western que de la science-fiction. Baru ?… c’est –entre autres – « L’enragé », une BD coup de poing. Bon aussi. Et ces auteurs réunis nous donnent ?… quelque chose de pas mal du tout. J’ai lu un livre « noir », peuplé de trognes pas possibles, dont la trame –la disparition d’un enfant handicapé mental- se passe quelque part dans l’Est de la France. Et qui dit disparition dit –très souvent- kidnappeurs. Et comme la Justice, dans ce cas, veut un ou des coupables –surtout pour rassurer la population- « on » va en trouver. Et tous les moyens seront bons… J’ai lu un polar, une chronique sociale, une fable, une farce aussi où deux auteurs forment une seule musique d’un piano à quatre mains. Et comme dans toute bonne musique, il n’est pas nécessaire d’avoir grand textuel pour avoir à apprécier une œuvre forte où le dessin –à lui seul- en dit souvent plus qu’un texte. C’est le cas ici. Des silences expressifs, des situations qui le sont tout autant font que l’on aborde et que l’on suit cette histoire dessinée avec –je pense- une plus grande attention. Ces « pauvres zhéros » ne seront pas un hit des ventes mais ils vous permettent de lire quelque chose de non formaté, d’engagé aussi. Et ça n’en a que d’autant plus de mérite.
La Femme accident
Tiens, une histoire qui se passe en Belgique ?!…Et qui plus est à Charleroi… Charleroi ?… c’est le « pays noir » : un bassin minier qui eut son heure de gloire mais dont ne subsistent plus que quelques chicots, témoins de son passé. Curieuse histoire aussi : celle d’une Cour d’Assises où paraît Julie, accusée de meurtre. Une histoire triste, larmoyante, pathétique ?… pas tout à fait. J’ai eu affaire à une chronique intimiste, une sorte de documentaire que j’ai découvert –page après page- et ce au fur et à mesure des questions lors du déroulement de son procès. Julie ?… une jeune femme attachante qui a vécu des accidents de la vie, des malheurs, de nombreuses douleurs qui l’ont dans un sens menée là où elle se trouve maintenant. Julie qui –aussi- est intimement convaincue qu’elle est innocente. Et là vient l’art du scénariste. Lapière y va de multiples flash-back, oriente ainsi à sa –redoutable- façon une lecture qui pose pas mal de questions dont la principale : coupable ou pas ?… J’ai lu et vu deux auteurs qui forment ici un sacré duo. Lapière, sans « jouer » au sociologue, offre ici un superbe portrait de femme d’une rare intensité. Grenson, lui, fait de Julie une personne à la fois faible et forte. Et cette dualité de comportement se fait par des attitudes graphiques, des gestes simples, des regards aussi qui –ne dit-on pas- sont le miroir de l’âme ?… Un tome fait de sensibilité… et d’un fort caractère. La suite ?… un second tome où l’on apprendra seulement QUI elle est accusée d’avoir tué. Et j’ai envie de le savoir.
Uchronie[s] - New York
J’ai ici retrouvé Zack Kosinsky ; lequel est à nouveau au centre du récit. Zack ?… il se réveille après un long coma d’une dizaine d’années. Qui plus est, il est devenu prescient : il peut voir et prévoir des événements ; son esprit le projetant mentalement vers d’autres réalités. Le scénario –audacieux de par sa forme- de Corbeyran est bien réalisé, c’est vrai, MAIS : il y a intérêt à (re)lire « New Harlem » et « New Byzance » pour en comprendre tout son sens. Après Chabet et Tibéry, c’est ici au tour de Defali de prendre les commandes graphiques. Personnellement, et bien que je ne dénigre en rien ce dessinateur, cet épisode m’a paru plus « faible » que les deux autres. Plus… « classique » peut-être ?... ou plus… « jeune » ?... Ce « New York » est d’abord une bien belle couverture qui donne envie d’ouvrir l’album. C’est déjà pas mal. L’ensemble, ensuite, m’a fait penser au style « comics » américains. Ca pourrait en rebuter plus d’un. Pas moi. Tout ça pour ?… un bien bon tome cohérent, dans la tendance des deux premières parutions ; le tout dans l’attente de la suite de… « New Byzance » ?…
Après la nuit
Imaginez… quelques notes de « l’homme à l’harmonica » titillent vos oreilles, les vrillent bientôt. Le vent, le sable, la chaleur s’insinuent dans votre esprit. La musique enfle, gonfle ses notes et vous emmène là où les auteurs souhaitent vous rencontrer : dans « il était une (autre) fois dans l’ Ouest ». Le scénario ?… une ville de ce vieil Ouest sauvage, un shérif aux méthodes radicales qui en ont fait une sorte de légende, un rien de sexe, de la violence et –surtout- un inconnu qui y débarque en traînant deux cadavres. Seulement voilà : l’homme dit s’appeler Jedediah Cooper, comme le nom inscrit sur la tombe du dernier homme qui avait osé défier le shérif… alors : « résurrection » ?.. ou ?… Je m’attendais à quelque chose d’explosif. En réalité, il s’agit plutôt –et c’est ce qui en fait sa force- d’un western intimiste où l’image « parle » souvent plus qu’un texte. Cette ville d’ailleurs est une sorte de personnage à part entière. Elle respire et vit, tirant sa substance de ce que devait être l’Ouest de la fin des années 1800. Ce western tire aussi sa force visuelle par une colorisation aux tons « crépusculaires » qui préfigure elle aussi cette sorte de « fin du temps des cow-boys ». Au dessin ?… Guérineau (Le chant des Stryges) montre ici –et de quelle façon- une autre facette de son talent. Jouant des archétypes du genre, il distille la tension, joue sur les regards des intervenants, effectue des cadrages serrés… un peu comme ces « spaghetti westerns » qui me sont chers. A sa façon, Guérineau fait « sentir » ses pages, balance des silences qui sont d’autant efficaces. Un grand western ?.. sûrement. Un « autre » western ?… aussi. Un scénario ciselé, efficace, diabolique dans sa construction se marie avec un dessin somptueux par moments. Histoire, dessin, couleurs : une excellente alchimie des trois genres pour un tome vraiment captivant.
Brancaccio - Chronique d'une mafia ordinaire
Le décor ?… un des quartiers les plus dangereux de Palerme. Le héros ?… Nino, un jeune gars qui souhaite vivre normalement. L’histoire ?… on ne « sort » pas de Brancaccio, on ne s’en « délivre » pas, de ce quartier maudit où la mafia régit tout. Absolument tout… Et il faut lui obéir… Les deux auteurs m’ont raconté une sorte de fable, un récit qui –divisé en chapitres- est fait de délinquance, de milieux mafieux, de rencontres, de provocations. Contraste entre un gamin plein d’espoir et cette mafia vicieuse, insidieuse, pollueuse, tentaculaire, omniprésente. « Brancaccio » ?… un album-témoignage. Trois épisodes où rôde la peur ; une peur que l’on sent même palpable de par le graphisme. Au dessin, Stassi fait usage d’un trait sec, sombre… mais tout en nuances dans un noir et blanc qui, parfois, est comme « coloré » par certaines situations. « Brancaccio » ?… un quotidien réaliste sans issues et où tout espoir est pour ainsi dire vain. Trois épisodes de la vie de tous les jours. Vraiment pas marrante, cette vie. Mais pour le lecteur : qu’est-ce que c’est bien fait !…
La Main du singe
Dérouté je suis. Mais positivement. Le scénario ?… une sorte de jeu de piste, un véritable puzzle qui s’actionne autour de flash-backs et de curieuses anecdotes. J’ai ainsi suivi deux destins qui vont se croiser, ceux d’Abel et de Hawkins, suite à des greffes résultantes d’un accident de voiture. Dès le début, je me suis posé la question de savoir dans quel « bazar » je mettais mes neurones car le début de l’histoire est, à vrai dire, assez complexe. Mais, rapidement, je suis entré dans ce « jeu » imaginé par un auteur qui a un sacré sens de la construction d’un scénario. Qui plus est, Laumaillé est au dessin. Là, je dois dire que son trait n’est pas trop ma tasse de thé. MAIS l’ambiance générale qu’il arrive à insuffler au récit fait que ce graphisme, l’air de rien, correspond bien au fond et à la forme de l’histoire. Résultat : une bonne symbiose qui génère ainsi un vrai attrait à cette histoire qui sort des sentiers battus. Fascinant par moments et par certains aspects de son développement narratif, cet album pose de nombreux jalons d’une histoire où beaucoup de choses sont encore à découvrir. Je ne dis pas que j’attends le tome 2 avec une véritable impatience, mais je ne le raterai pas.
Wanted (J.G. Jones)
Pas mal du tout. J’ai suivi Wesley, une sorte de souffre-douleur, un looser, un moins-que-rien qui découvre un jour que son père –dit « le Tueur »- est à la tête d’un gang de vraiment « super-vilains ». Et bien malgré lui, notre brave Wesley va devoir endosser la cape de l’héritier en droite ligne qu’il est. Tu veux de l’action ?… tu vas en avoir !… Millar scénarise ici une sorte de grand hommage aux super-héros. Ca « déménage » vraiment par moments et, qui plus est, sans un temps mort. Happé par l’histoire, il n’est même pas question de la délaisser pour répondre à un appel GSM. Une narration rapide, ciselée, habile et détonante par moments et un graphisme dense, fort coloré comme dans ces bons vieux comics d’antan plonge le lecteur dans ce que je peux considérer comme un « classique à part ». « Wanted » est différent par ses fond et forme par rapport à de nombreuses séries made in USA. Et même s’il vient de « là-bas », il n’a pas grand chose à voir avec ses « frères ». Et ce n’en est que mieux pour lui. Fracassant par moments. Bien bon.
New York Trilogie (L'Immeuble) (Le Building)
Quatre fantômes nous font un peu participer, à leur manière, à quatre histoires tragi-comiques. Car, vivants, leur vie était liée à un ancien immeuble. Fantômes maintenant, leur présence l’est avec ce nouveau building construit sur place de l’ancien. Un album au dessin noir et blanc. J’aime déjà. Et puis, c’est « du Eisner » ; un auteur qui –une fois de plus- fait preuve d’une grande finesse, fait montre d’un regard vif sur la société. On passe d’une page à l’autre, admirant ce trait vif qui nous entraîne à la rencontre de ces quatre fantômes. Avec eux, par eux, on suit les entrelacs de l’âme humaine, de la pensée ; plongeant de bonne grâce dans quelque chose de malicieux, de touchant, d’amical aussi… Ces gens qu’Eisner nous fait rencontrer sont irréels, oui, mais ne font-ils pas –en quelque sorte- partie de notre futur ?… donc de nous mêmes ?… Suivant ainsi la balade de cet « inventeur des sens » qu’est Eisner, nous nous rencontrons comme devant un miroir à deux faces ; celle d’avant et celle d’après. C’est vrai, je n’ai pas tout compris. Eisner n’a pas la même vision des choses que nous, Européens… et inversement. Et c’est une partie du charme de cet album : « voir » quelqu’un d’autre, se projeter avec lui dans un moment de son œuvre, se laisser aller à ses visions. On n’en ressort pas « changé », non, mais on a vu quelque chose d’autre. Et ce « quelque chose » on ne peut que l’apprécier.