Pour cette première collaboration entre Morvan et Taniguchi, le format choisi est une BD à la française de grand format, à la couverture cartonnée. La texture est très agréable au toucher, mais salissante (car blanche) et plutôt fragile. Si vous décidez d'acquérir ce tome, vous aurez peut-être un peu de mal à trouver un exemplaire en parfait état dans la pile de votre libraire.
Le dessin et la colorisation sont absolument magnifiques. Les tons pastels sont vraiment très beaux. L'histoire quant à elle est touchante à souhait, pleine de sensibilité et de tendresse.
Bravo à cet insolite et talentueux duo d'auteurs (alors que je ne suis pas un grand fan de Morvan d'habitude), et vivement les prochains tomes !
Verdict : 4/5 sur ce premier tome + coup de cœur.
Franck Bourgeron est un auteur comme je les aime. Il prend des risques sur chaque nouveau projet et offre des BD différentes, pleines de personnalité et de contenus.
J'avais notamment apprécié Aziyadé également paru chez Futuropolis.
Dans "L'Obéissance", il adapte un récit incroyable : l'histoire d'un bourreau de Paris et de militaires devant traverser le front pour se rendre à une exécution en Belgique.
Le contexte est vraiment bien rendu, voir trop car les visages se ressemblent trop à cause des modes de l'époque (la moustache principalement).
Le récit est consternant voir édifiant. Les personnages sont tous hauts en couleurs.
La lecture demande de l'attention en raison de la densité de l'histoire et surtout du texte abondant assez difficile à lire comme l'a fait remarquer Miranda dans son avis précédant.
Je pense que les textes auraient été plus lisibles s’ils n'avaient pas été écrits en majuscule.
Le dessin est excellent et mis en valeur par la colorisation en 3 couleurs idéale pour représenter l'époque de la première guerre mondiale.
Cette BD m'a plu malgré ses contraintes, elle demande une lecture à tête reposée sans contraintes de temps. Elle ne satisfera pas ceux qui recherchent principalement le divertissement mais permettra aux autres de sortir des sentiers battus du 9ème art.
Nogegon est une BD un peu déconcertante, D'un côté le scénario n'est pas terrible, bien qu'il assure le minimum syndical. De l'autre, c'est un exercice de style plutôt réussi, bien qu'il soit peu décelable à la première lecture.
Néanmoins, même si la forme prévaut sur l'histoire, cette dernière n'en demeure pas moins agréable à parcourir. Certes, les auteurs auraient pu poser un peu plus leur histoire, développer quelques passages, notamment le moment de la rencontre et de la rupture (symétriques, donc faisable), et ainsi étayer un peu les personnages, mais l'exercice de style semblait primer sur tout cela. Mais malgré tout, la narration n'est pas négligée et l'histoire se laisse lire très facilement.
Je ne reviendrai pas sur la symétrie de l'histoire, d'autres s'en sont mieux chargé que moi, qui ne l'ai d'ailleurs lu qu'une seule fois et pas fait d'analyse, mais sur l'impression qu'elle m'a laissé. On sent réellement que les frères Schuiten y ont mis tout leur coeur, qu'ils ont mis le paquet. Et c'est notamment dans la deuxième partie que l'on sent émerger le thème de la symétrie. Normal, puisque dans un sens l'héroïne prend du recul sur sa situation.
En somme, même si cette BD est plus un exercice de style qu'une histoire travaillée, l'ensemble reste agréable à parcourir. C'est un bon 3.5 pour l'instant.
Lorsqu’un film de qualité ne rencontre pas de succès au cinéma, on dit pudiquement qu'il n'a pas rencontré son public. On pourrait dire la même chose des Bandes Dessinées qui ont connu un échec commercial dont celle ci.
Voila une fois de plus une BD de Follet qui n'a pas rencontré de succès, et on ne peut que le regretter dans la mesure où le scénario de Stoquart est de qualité, ce qui na rarement été le cas pour les autres scénaristes avec lesquels ce grand dessinateur a collaboré. Le scénariste nous entraine dans la Russie du 19e, et on a le sentiment de se retrouver dans un roman de Dostoievski. On retrouve en effet dans cette série interrompue avant l'heure tous les thèmes chers au grand écrivain Russe comme l'influence de l'église orthodoxe dans la vie du pays ou la misère des koulaks, ces paysans laissés à l'écart du progrès et méprisés par l'élite du pays. Le scénario manifestement très documenté entraine le héros dans les steppes de Sibérie en quête de fortune. Il y rencontrera des personnages hauts en couleurs et accueillants dont le caractère contraste avec celui plus cupide de ceux venus de la grand ville qui tentent de profiter de leur naïveté pour faire fortune. Cette série originale, superbement servie par les dessins en noir et blanc de Follet aurait mérité d'être poursuivie. La direction du journal "Tintin" en décida autrement.
Dès le premier album de cette série, le dessin de Georges Ramaïoli est déjà très abouti. On sent la grande influence de Jean Giraud, mais il y a en plus une forte volonté d'innovation dans la mise en page.
Côté scénario, je regrette un peu que le premier album ne dispose pas d'une quinzaine de pages supplémentaires, ce qui aurait permis aux auteurs de mieux présenter leur personnage et de mieux mettre en place cet univers très riche. A part ce petit bémol, cette série se révèle vite très agréable, jouant avec les codes du western traditionnel pour les bousculer un peu.
D'album en album, le dessin progresse très vite pour s'écarter du style "Giraud". Ramaïoli crée très vite son propre style. Dommage que les scénarios de Durand ne soit pas toujours à la hauteur des progrès de son dessinateur. L'indien français reste cependant une série très intéressante et très originale qu'il serait dommage de bouder.
Je ne suis pas un grand fan des univers western, mais en feuilletant l’album on comprend vite que le fantastique va prendre le dessus dans cette histoire et qu’on sera donc loin des querelles de saloon ou des règlements de compte à qui dégainera le plus vite… et pour ma part c’est tant mieux.
Ce diptyque s’avère très vite prenant et accrocheur, bien qu’il ne soit pas forcément très original, sachant qu’il brasse de nombreux thèmes déjà utilisés à maintes reprises. Il y a même un sacré mélange des genres, des monstres aux univers parallèles, de la religion à l’ésotérisme, des fantômes au secret des templiers Bref, tout cela pourrait très vite friser le ridicule, mais il n’en est rien grâce à un scénario et une narration parfaitement maîtrisés, qui prennent le temps de restituer l’univers et l’ambiance de cette petite ville, touchée par des phénomènes plus que mystérieux.
L’alternance de scènes violentes et de passages plus amusants est vraiment bien maîtrisée. L’humour tient d’ailleurs une place de choix dans cette série et tombe toujours à point, pour détendre l’atmosphère.
Les personnages sont certes très typés, mais vraiment attachants et bien développés : le shérif un peu bêta ayant un gros penchant pour la bouteille, la belle et mystérieuse inconnue qui débarque en ville, l’indien au pouvoir occulte, le détestable mercenaire appelé en renfort par la population apeurée, ainsi que toute une ribambelle de personnages secondaires représentatifs.
Le dessin est également très accrocheur, l’ambiance de cette petite ville est parfaitement restituée.
La mise en couleur est du plus bel effet grâce notamment à un très bon travail sur la lumière.
Une très bonne surprise que ce manga destiné à un public plus adulte. La guerre est le sujet principal mais traité d'une manière plus intéressante, puisqu'on y aborde les aspects stratégique : la guerre comme une science en quelque sorte. Ainsi elle n'est plus seulement "barbare" mais permet de mettre à profit l'intelligence des soldats. Ca me fait fortement penser à cet ouvrage L'art de la guerre de Sun Tzu. En effet, l'auteur développe une idée importante : le fait de gagner ou de perdre une guerre dépend en grande partie de la stratégie et de la méthode adoptée.
Le héros, Keri, est un donc un stratège, un homme de Mo, spécialisé dans les défenses des cités et les situations difficiles. Ce n'est pas un surhomme, il met juste à profit son expérience de la guerre et tire pleinement les capacités de chaque situation. Son analyse est juste, rapide et pratique. Ce personnage est vraiment réussi, canalisant les attentions. Ses silences sont éloquents et on attend toujours avec avidité sa petite trouvaille qui fera basculer le sort d'un combat.
Là ou ce manga touche juste, à mon sens, c'est au niveau de sa position en terme de récit. Je m'explique. L'auteur a d'avantage pris le parti des défenseurs, des paysans qui se font assiéger dans les premiers tomes. Keri est un personnage qui aide et qui défend et non qui apporte le combat et le malheur. Son unique but semble être de ne pas sublimer la guerre barbare, les vastes conquêtes et les régions dévastées. Il promouvoit un message différent de l'image habituelle sur la brutalité de la guerre.
Il y a une ambiance, une atmosphère prenante dans cette série. Des moments sont moins réussis, mais on reste accroché à cette lecture et à ce héros original.
Une série à conseiller.
Quelle grosse lecture ! Au début, j'avais un peu peur de lire ce manga car il y a beaucoup de pages (plus de 300 par tomes) et je n'aimais pas le dessin. Heureusement, je suis vite rentré dans l'histoire car ce manga possède deux grandes qualités : la première, c'est les personnages qui sont terriblement humains. Leurs personnalités sont bien cernées et c'est un vrai plaisir de voir comment ils réagissent aux situations qu'ils subissent. J'aime particulièrement Ariyoshi qui me fait bien marrer.
L'autre grande qualité est que le scénario est totalement imprévisible. Impossible de savoir se qui va se passer dans le chapitre suivant. J'adore lorsqu'un auteur me surprend. Tensai Family Company fut un vrai plaisir à lire et je trouve dommage qu'il ne soit pas très connu. Il mérite pourtant d'être lu au moins une fois dans sa vie.
Une jeune femme américaine tombe amoureuse d’un jeune gars originaire de Colombie dans un night-club new-yorkais en 1998. Le couple va vivre alors ensemble un petit bout de chemin. Elle tombe enceinte en 2001. Il est viré de son emploi. Cependant, il trouve un autre travail alors que sa femme doit accoucher dans deux mois. Il commence son travail le 10 Septembre. Il ne faut pas arriver en retard au travail pour son second jour même s’il vient de se disputer avec son épouse. Nous sommes le 11 Septembre 2001…
C’est une histoire vraie qui m’a profondément bouleversé au point où je n’ai pu empêcher de retenir mes larmes qui ont coulé abondement. :(( L’auteur sort de son silence près de 8 ans après pour raconter son expérience personnelle sans verser dans le pathologique et sans exploiter ce terrible drame.
C’est sidérant de réalisme. On ne se rend pas compte de ce qui s’est passé. Il faut vraiment avoir été dans la peau d’une de ces familles des victimes de ces tragiques attentats. Cette jeune femme a eu beaucoup de difficultés à faire enterrer son mari qui possédait juste une carte verte. Sans emploi, elle a voulu bénéficier des aides financières apportées dans un premier temps par la Croix-Rouge : un vrai parcours du combattant !
En effet, son défunt mari n’avait pas eu le temps de signer son nouveau contrat de travail. Elle est ballotée de service en service alors qu’elle est enceinte et qu’elle vient de vivre le pire qu’on puisse imaginer.
La description de certaines scènes est horrible dans le propos tenu. En effet, les réflexions des amis et de ces hordes de psychologues et autres journalistes sont quelques fois très mal appropriées. On peut alors ressentir toute la souffrance de cette jeune femme blessée qui a le courage de se relever et de se battre pour la survie de son bébé. Le quotidien des lendemains plutôt difficiles est évoqué sans ménagement.
Elle nous donne une belle leçon de vie. On relativise beaucoup de nos problèmes après une telle lecture. Alors, oui, c’est plutôt salutaire. La meilleure bd que j’ai pu lire traitant bien des aspects méconnus des attentats du World Trade Center.
Il y a vraiment des Batman qui sortent du lot et ce titre en fait partie. Je me rends compte que chaque auteur donne sa vision du Batman qui peut être très différente. Cela convient ou pas… Ici, on a droit à une histoire riche et dense avec une narration maîtrisée et jamais ennuyeuse.
C’est vrai également qu’il y a une interconnexion entre différentes intrigues. On voit au début Catwoman mais elle ne croise plus la route de Batman par la suite dans le récit. Le procureur Harvey Dent fait également une petite apparition. L’adversaire de Batman est un moine fou qui sacrifie ses victimes lors de messes noires façon vampirisation. Il est dommage que ce duel tant attendu finisse aussi abruptement.
Batman a également une petite amie très attachée à son père, un riche homme d’affaire complètement déboussolé depuis l’apparition d’une certaine chauve-souris. Oui, il y a incontestablement une véritable richesse de l’histoire et de la psychologie de chaque personnage.
Pour autant, on a l’impression que ce récit n’est qu’un épisode d’une grande aventure dont on attendrait la suite. En tout cas, je vais retenir le nom de cet auteur qui a mon sens, restitue à merveille l’univers de Batman. C’est l’un des meilleurs titres de la série malgré quelques défaillances.
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Mon année
Pour cette première collaboration entre Morvan et Taniguchi, le format choisi est une BD à la française de grand format, à la couverture cartonnée. La texture est très agréable au toucher, mais salissante (car blanche) et plutôt fragile. Si vous décidez d'acquérir ce tome, vous aurez peut-être un peu de mal à trouver un exemplaire en parfait état dans la pile de votre libraire. Le dessin et la colorisation sont absolument magnifiques. Les tons pastels sont vraiment très beaux. L'histoire quant à elle est touchante à souhait, pleine de sensibilité et de tendresse. Bravo à cet insolite et talentueux duo d'auteurs (alors que je ne suis pas un grand fan de Morvan d'habitude), et vivement les prochains tomes ! Verdict : 4/5 sur ce premier tome + coup de cœur.
L'Obéissance
Franck Bourgeron est un auteur comme je les aime. Il prend des risques sur chaque nouveau projet et offre des BD différentes, pleines de personnalité et de contenus. J'avais notamment apprécié Aziyadé également paru chez Futuropolis. Dans "L'Obéissance", il adapte un récit incroyable : l'histoire d'un bourreau de Paris et de militaires devant traverser le front pour se rendre à une exécution en Belgique. Le contexte est vraiment bien rendu, voir trop car les visages se ressemblent trop à cause des modes de l'époque (la moustache principalement). Le récit est consternant voir édifiant. Les personnages sont tous hauts en couleurs. La lecture demande de l'attention en raison de la densité de l'histoire et surtout du texte abondant assez difficile à lire comme l'a fait remarquer Miranda dans son avis précédant. Je pense que les textes auraient été plus lisibles s’ils n'avaient pas été écrits en majuscule. Le dessin est excellent et mis en valeur par la colorisation en 3 couleurs idéale pour représenter l'époque de la première guerre mondiale. Cette BD m'a plu malgré ses contraintes, elle demande une lecture à tête reposée sans contraintes de temps. Elle ne satisfera pas ceux qui recherchent principalement le divertissement mais permettra aux autres de sortir des sentiers battus du 9ème art.
Les Terres creuses - Nogegon
Nogegon est une BD un peu déconcertante, D'un côté le scénario n'est pas terrible, bien qu'il assure le minimum syndical. De l'autre, c'est un exercice de style plutôt réussi, bien qu'il soit peu décelable à la première lecture. Néanmoins, même si la forme prévaut sur l'histoire, cette dernière n'en demeure pas moins agréable à parcourir. Certes, les auteurs auraient pu poser un peu plus leur histoire, développer quelques passages, notamment le moment de la rencontre et de la rupture (symétriques, donc faisable), et ainsi étayer un peu les personnages, mais l'exercice de style semblait primer sur tout cela. Mais malgré tout, la narration n'est pas négligée et l'histoire se laisse lire très facilement. Je ne reviendrai pas sur la symétrie de l'histoire, d'autres s'en sont mieux chargé que moi, qui ne l'ai d'ailleurs lu qu'une seule fois et pas fait d'analyse, mais sur l'impression qu'elle m'a laissé. On sent réellement que les frères Schuiten y ont mis tout leur coeur, qu'ils ont mis le paquet. Et c'est notamment dans la deuxième partie que l'on sent émerger le thème de la symétrie. Normal, puisque dans un sens l'héroïne prend du recul sur sa situation. En somme, même si cette BD est plus un exercice de style qu'une histoire travaillée, l'ensemble reste agréable à parcourir. C'est un bon 3.5 pour l'instant.
Ivan Zourine
Lorsqu’un film de qualité ne rencontre pas de succès au cinéma, on dit pudiquement qu'il n'a pas rencontré son public. On pourrait dire la même chose des Bandes Dessinées qui ont connu un échec commercial dont celle ci. Voila une fois de plus une BD de Follet qui n'a pas rencontré de succès, et on ne peut que le regretter dans la mesure où le scénario de Stoquart est de qualité, ce qui na rarement été le cas pour les autres scénaristes avec lesquels ce grand dessinateur a collaboré. Le scénariste nous entraine dans la Russie du 19e, et on a le sentiment de se retrouver dans un roman de Dostoievski. On retrouve en effet dans cette série interrompue avant l'heure tous les thèmes chers au grand écrivain Russe comme l'influence de l'église orthodoxe dans la vie du pays ou la misère des koulaks, ces paysans laissés à l'écart du progrès et méprisés par l'élite du pays. Le scénario manifestement très documenté entraine le héros dans les steppes de Sibérie en quête de fortune. Il y rencontrera des personnages hauts en couleurs et accueillants dont le caractère contraste avec celui plus cupide de ceux venus de la grand ville qui tentent de profiter de leur naïveté pour faire fortune. Cette série originale, superbement servie par les dessins en noir et blanc de Follet aurait mérité d'être poursuivie. La direction du journal "Tintin" en décida autrement.
L'Indien Français
Dès le premier album de cette série, le dessin de Georges Ramaïoli est déjà très abouti. On sent la grande influence de Jean Giraud, mais il y a en plus une forte volonté d'innovation dans la mise en page. Côté scénario, je regrette un peu que le premier album ne dispose pas d'une quinzaine de pages supplémentaires, ce qui aurait permis aux auteurs de mieux présenter leur personnage et de mieux mettre en place cet univers très riche. A part ce petit bémol, cette série se révèle vite très agréable, jouant avec les codes du western traditionnel pour les bousculer un peu. D'album en album, le dessin progresse très vite pour s'écarter du style "Giraud". Ramaïoli crée très vite son propre style. Dommage que les scénarios de Durand ne soit pas toujours à la hauteur des progrès de son dessinateur. L'indien français reste cependant une série très intéressante et très originale qu'il serait dommage de bouder.
Lune d'argent sur Providence
Je ne suis pas un grand fan des univers western, mais en feuilletant l’album on comprend vite que le fantastique va prendre le dessus dans cette histoire et qu’on sera donc loin des querelles de saloon ou des règlements de compte à qui dégainera le plus vite… et pour ma part c’est tant mieux. Ce diptyque s’avère très vite prenant et accrocheur, bien qu’il ne soit pas forcément très original, sachant qu’il brasse de nombreux thèmes déjà utilisés à maintes reprises. Il y a même un sacré mélange des genres, des monstres aux univers parallèles, de la religion à l’ésotérisme, des fantômes au secret des templiers Bref, tout cela pourrait très vite friser le ridicule, mais il n’en est rien grâce à un scénario et une narration parfaitement maîtrisés, qui prennent le temps de restituer l’univers et l’ambiance de cette petite ville, touchée par des phénomènes plus que mystérieux. L’alternance de scènes violentes et de passages plus amusants est vraiment bien maîtrisée. L’humour tient d’ailleurs une place de choix dans cette série et tombe toujours à point, pour détendre l’atmosphère. Les personnages sont certes très typés, mais vraiment attachants et bien développés : le shérif un peu bêta ayant un gros penchant pour la bouteille, la belle et mystérieuse inconnue qui débarque en ville, l’indien au pouvoir occulte, le détestable mercenaire appelé en renfort par la population apeurée, ainsi que toute une ribambelle de personnages secondaires représentatifs. Le dessin est également très accrocheur, l’ambiance de cette petite ville est parfaitement restituée. La mise en couleur est du plus bel effet grâce notamment à un très bon travail sur la lumière.
Bokko (Stratège)
Une très bonne surprise que ce manga destiné à un public plus adulte. La guerre est le sujet principal mais traité d'une manière plus intéressante, puisqu'on y aborde les aspects stratégique : la guerre comme une science en quelque sorte. Ainsi elle n'est plus seulement "barbare" mais permet de mettre à profit l'intelligence des soldats. Ca me fait fortement penser à cet ouvrage L'art de la guerre de Sun Tzu. En effet, l'auteur développe une idée importante : le fait de gagner ou de perdre une guerre dépend en grande partie de la stratégie et de la méthode adoptée. Le héros, Keri, est un donc un stratège, un homme de Mo, spécialisé dans les défenses des cités et les situations difficiles. Ce n'est pas un surhomme, il met juste à profit son expérience de la guerre et tire pleinement les capacités de chaque situation. Son analyse est juste, rapide et pratique. Ce personnage est vraiment réussi, canalisant les attentions. Ses silences sont éloquents et on attend toujours avec avidité sa petite trouvaille qui fera basculer le sort d'un combat. Là ou ce manga touche juste, à mon sens, c'est au niveau de sa position en terme de récit. Je m'explique. L'auteur a d'avantage pris le parti des défenseurs, des paysans qui se font assiéger dans les premiers tomes. Keri est un personnage qui aide et qui défend et non qui apporte le combat et le malheur. Son unique but semble être de ne pas sublimer la guerre barbare, les vastes conquêtes et les régions dévastées. Il promouvoit un message différent de l'image habituelle sur la brutalité de la guerre. Il y a une ambiance, une atmosphère prenante dans cette série. Des moments sont moins réussis, mais on reste accroché à cette lecture et à ce héros original. Une série à conseiller.
Tensai Family Company
Quelle grosse lecture ! Au début, j'avais un peu peur de lire ce manga car il y a beaucoup de pages (plus de 300 par tomes) et je n'aimais pas le dessin. Heureusement, je suis vite rentré dans l'histoire car ce manga possède deux grandes qualités : la première, c'est les personnages qui sont terriblement humains. Leurs personnalités sont bien cernées et c'est un vrai plaisir de voir comment ils réagissent aux situations qu'ils subissent. J'aime particulièrement Ariyoshi qui me fait bien marrer. L'autre grande qualité est que le scénario est totalement imprévisible. Impossible de savoir se qui va se passer dans le chapitre suivant. J'adore lorsqu'un auteur me surprend. Tensai Family Company fut un vrai plaisir à lire et je trouve dommage qu'il ne soit pas très connu. Il mérite pourtant d'être lu au moins une fois dans sa vie.
Septembre en t'attendant
Une jeune femme américaine tombe amoureuse d’un jeune gars originaire de Colombie dans un night-club new-yorkais en 1998. Le couple va vivre alors ensemble un petit bout de chemin. Elle tombe enceinte en 2001. Il est viré de son emploi. Cependant, il trouve un autre travail alors que sa femme doit accoucher dans deux mois. Il commence son travail le 10 Septembre. Il ne faut pas arriver en retard au travail pour son second jour même s’il vient de se disputer avec son épouse. Nous sommes le 11 Septembre 2001… C’est une histoire vraie qui m’a profondément bouleversé au point où je n’ai pu empêcher de retenir mes larmes qui ont coulé abondement. :(( L’auteur sort de son silence près de 8 ans après pour raconter son expérience personnelle sans verser dans le pathologique et sans exploiter ce terrible drame. C’est sidérant de réalisme. On ne se rend pas compte de ce qui s’est passé. Il faut vraiment avoir été dans la peau d’une de ces familles des victimes de ces tragiques attentats. Cette jeune femme a eu beaucoup de difficultés à faire enterrer son mari qui possédait juste une carte verte. Sans emploi, elle a voulu bénéficier des aides financières apportées dans un premier temps par la Croix-Rouge : un vrai parcours du combattant ! En effet, son défunt mari n’avait pas eu le temps de signer son nouveau contrat de travail. Elle est ballotée de service en service alors qu’elle est enceinte et qu’elle vient de vivre le pire qu’on puisse imaginer. La description de certaines scènes est horrible dans le propos tenu. En effet, les réflexions des amis et de ces hordes de psychologues et autres journalistes sont quelques fois très mal appropriées. On peut alors ressentir toute la souffrance de cette jeune femme blessée qui a le courage de se relever et de se battre pour la survie de son bébé. Le quotidien des lendemains plutôt difficiles est évoqué sans ménagement. Elle nous donne une belle leçon de vie. On relativise beaucoup de nos problèmes après une telle lecture. Alors, oui, c’est plutôt salutaire. La meilleure bd que j’ai pu lire traitant bien des aspects méconnus des attentats du World Trade Center.
Batman et le Moine Fou
Il y a vraiment des Batman qui sortent du lot et ce titre en fait partie. Je me rends compte que chaque auteur donne sa vision du Batman qui peut être très différente. Cela convient ou pas… Ici, on a droit à une histoire riche et dense avec une narration maîtrisée et jamais ennuyeuse. C’est vrai également qu’il y a une interconnexion entre différentes intrigues. On voit au début Catwoman mais elle ne croise plus la route de Batman par la suite dans le récit. Le procureur Harvey Dent fait également une petite apparition. L’adversaire de Batman est un moine fou qui sacrifie ses victimes lors de messes noires façon vampirisation. Il est dommage que ce duel tant attendu finisse aussi abruptement. Batman a également une petite amie très attachée à son père, un riche homme d’affaire complètement déboussolé depuis l’apparition d’une certaine chauve-souris. Oui, il y a incontestablement une véritable richesse de l’histoire et de la psychologie de chaque personnage. Pour autant, on a l’impression que ce récit n’est qu’un épisode d’une grande aventure dont on attendrait la suite. En tout cas, je vais retenir le nom de cet auteur qui a mon sens, restitue à merveille l’univers de Batman. C’est l’un des meilleurs titres de la série malgré quelques défaillances.