Avec Topless, Olivier Balez (Charmes fous, Angle mort) et Arnaud Le Gouëfflec (Vilebrequin) nous gratifie, dans la collection 1000 feuilles de Glénat, d'un superbe road movie sur fond de jazz et de fumée de cigarette.
Bien que l'histoire soit "simple", la force du récit vient des personnages, et tout particulièrement de la dilettante de Martin et la beauté de Jeanne. En effet, Arnaud Le Gouëfflec réussi à travers ces héros, à nous les rendre sympathiques, voire attachants. Il complète l'histoire par des éléments mystiques tels que le St Christophe pour le côté religieux ou bien artistiques avec Jayne Mansfield et Thelonious Monk. Tout cela peut paraître anodin mais ils sont en fait d'une grande importance pour les protagonistes et l'ambiance générale de l'album. Enfin avec tout cela, il y a aussi l'humour, l'ambiance jazzy et les volutes de fumée qui rythment notre agréable et trop courte lecture.
Dans un style de dessin proche du rétro, Olivier Balez réussit avec son trait gras à coller parfaitement au ton du récit. Personnages, décors nocturnes et mise en scène s’articulent sur un rythme jazzy qui est très efficace. Son trait est complété, selon les ambiances, par le jeu des lumières et des couleurs chaudes ou vives. Des couleurs qui, selon les planches, sont parfois utilisées par petite touche ou au contraire pleine page comme pour les vitraux.
Le signe de la lune est une lecture réellement magique qui nous emmène en 1920 dans un petit village perdu dans la campagne espagnole où les croyances ancestrales sont profondément ancrées. J'ai trouvé ce conte tout simplement magique. Cette histoire nous livre de bons moments en perspective avec des planches hallucinantes de beauté.
La première partie est construite à travers quatre personnages dont les destins s'entrecroisent. Un drame va se jouer. On nous dit qu'il faut toujours affronter nos peurs. Or, quelquefois, le courage d'affronter la peur et l'angoisse se termine par une mort irrémédiable. Le conte devient plutôt un cauchemar. La beauté devient sombre.
La seconde partie se déroule bien des années après. C'est plutôt intéressant de voir toute la transformation d'un village sous la coupe d'un seigneur haineux. Or la puissance ne permet pas de tout acquérir.
J'ai beaucoup aimé le graphisme qui fait superbement ressortir la lune et la forêt. Il y a quelque chose de véritablement fascinant dans l'univers crée par ces auteurs.
Je n'ai pas compris par contre pourquoi le dessin était en noir et blanc à l'exception d'un manteau à capuche ressemblant à celui du petit chaperon rouge. La couleur vient s'incruster dans un modèle en bichromie sans qu'on comprenne véritablement le sens ou la raison. Ce n'est qu'un détail qui n'a sans doute aucune importance. J'ai beaucoup aimé ce rendez-vous avec la lune et c'est ce qui compte. C'est vraiment un bel album !
Bafff !!!
Et voilà que la collection "Flambant 9" de chez l'Atalante remet ça : BD petit format, mais grand effet assuré ! Après "Gordo contre l'Amérique", voici que nous débarque un simili Comics façon Europe premier tiers du XXe siècle, où tous les protagonistes historiques, scientifiques et politiques de l'époque sont revus et corrigés.
Bon, vrai que le premier tome qui nous propose un prologue et un premier chapitre, nous laisse un peu sur notre faim, même si pointe déjà l'ombre d'une Grande Série BD. Le second tome et ses deux nouveaux volets transforme l'essai et approfondi cet univers unique et ses personnages exceptionnels. En un mot j'adore !
On commence à prendre ses repères, à s'y retrouver, l'univers devient plus tangible et tout gagne en cohérence. Vite ! La suite !!!
Côté dessin, je retrouve avec grand bonheur Gess (Ahhh Carmen !!!) qui reste dans le genre toujours aussi efficace, et sait donner à ses personnages un charisme des plus magnétique.
Son trait épais, qui sait jouer à merveille avec les noirs, renforce encore les effets de style et l'expressivité des personnages.
Bref, une nouvelle série très très prometteuse, qui a pour l'instant tout pour devenir culte !
Simple, efficace, tranchant : "Appelle-moi Ferdinand" est redoutable dans son genre !
L'histoire de ce personnage condamné est en effet terriblement bien menée. Un découpage en chapitres, un dessin gras et lavis rehaussé de couleurs contrastées pour bien mettre le doigt sur le fil conducteur du récit : la narration coule de source jusqu'à sa fin tragique.
Et tout coule autour de ce personnage central. Vous feriez quoi, vous, si vous vous saviez condamné ? Et c'est là que le personnage énerve, tout en créant en même temps sa profondeur... Car oui, il est aimable quand il se dit qu'il lui faut apprendre à faire du vélo avant de partir ! Mais à côté de ça, l'égoïsme de ses comportements est confondant. La dépression qui semblait le ronger avant qu'il ne sache à quoi s'en tenir est toujours là, latente et révélatrice de sa vie ratée... Et la fin devient une évidence, tout en rebondissant sur le personnage abject de son père...
Bref, une brochette de personnages bien sentis, traités graphiquement de la plus belle manière qui nous donne au final une BD de grande qualité : à lire !
C'est effectivement avec difficulté que je suis rentré petit à petit dans cette BD pour en apprécier toute sa saveur. Un peu comme ce territoire hostile du Groenland, sûrement : brute, sauvage, déconcertante, mais au final certainement attachant.
Et c'est là toute la réussite de cette adaptation BD de Hervé Tanquerelle, qui en prenant son temps certes, nous impose un univers d'une grande justesse, où les relations de ses quelques protagonistes n'en sont que plus exacerbées.
Car les personnages de Jorn Riel, tout bourrus qu'ils sont, et inaccessibles de prime abord finissent par transparaître : la glace fond et l'humanité tapie au chaud se livre !
Toujours partant pour une expérimentation, toute aussi aberrante qu'elle puisse sembler, nos compères se retrouvent embarquer dans des situations cocasses qui finiront toujours autour d'un poêle bien chaud et surtout d'un coup de gnôle tout aussi revigorant...
Bravo donc à Tanquerelle pour avoir réussi à donner corps à ces personnages uniques, et à nous les rendre attachants. Son trait simple, enroulé et marqué trouve là tout son sens et est parfaitement approprié à l'univers dépeint : le Grand Nord. Tout est dans le contraste, l'absolu. Pas de demie mesure, tout doit être entier : on se plie aux contraintes du lieu ou on plie bagages !
Un joli voyage dans le froid à savourer au coin de sa cheminée, et qui demanderait même une suite...
Il est de certaine série dont on a toujours entendu parler. Dont la « réputation » d’œuvre exceptionnelle et incontournable ne peut être contournée. Et un jour le hasard, ou une personne généreuse vous l’offre pour votre anniversaire.
C’est donc avec un grand plaisir que j’ai entamé la lecture de ce triptyque. L’ouverture du premier album est surprenante. J’aime avant de me lancer dans la lecture, feuilleter les pages rapidement afin d’avoir une vision globale du graphisme. Ici, le choc est rude. D’une part, l’album est à moitié fait de photo. D’autre part les dessins sont d’une simplicité, voir d’une naïveté déconcertante.
Les couvertures illustrent bien ce dessin, assez grossier, sans décors, à coup de grands aplats pour la mise en couleur. Pourtant, pas de fausse note dans les poses, dans la maitrise des proportions ou des mises en scène. J’ai eu un peu de mal à m’y habituer. Le dénuement du dessin contrastant énormément avec les photos en noir et blanc.
Et puis, finalement, on s’aperçoit que les dessins ne servent à pas grand-chose, si ce n’est donner une rapide aide afin de compléter les décors que tout le monde connait. Ou alors, cela correspond bien à une sorte de souvenir flou rappelant soit le stress soit la mémoire fuyante de l’auteur. Ce n’est pas négatif, mais expressif. La mémoire s’est focalisée sur l’essentiel, sur d’autres aspects beaucoup plus importants que le superflu du visuel et de la beauté esthétique factice d’un crayon. Les photos apportent évidemment quant à elle le coté réaliste, le coté cliché de vie spontanée. Le coté photo reportage parfois frustrant. Surtout que l’emploi de photos souvent réduites à l’état de vignettes difficilement utilisables ne m’est pas apparu d’une grand utilité. Enfin, je n’ai pas compris à quoi cela servait…Mais la majorité des dessins et photos sont utiles et contribue grandement à la qualité globale de l’œuvre.
L’histoire est bien divisée en trois grandes étapes racontées chacune dans un tome : l’aller, la vie sur place, le retour.
Le scénario du premier tome est assez classique, assez lent, assez ennuyant souvent. Les changements de rythme sont quasi inexistants, l’action très rare. Je me serais presque ennuyé par moment.
Pourtant, la BD se lit, se regarde, se vit au rythme berçant des ânes.
J’ai surtout pris ce premier tome pour une balade dans un pays lointain, Mais finalement peu de choses essentielles s’en dégagé.
Le second tome, voilà surement où réside l’intérêt de cette série. Ce tome prend aux tripes et nous transporte dans un univers radicalement différent, fort émotionnellement, mais surement pas pleurnichard ou fait pour s’apitoyer.
Non. La simplicité du récit prend ici toute sa force, toute sa grandeur. La vérité qui se dégage de chacune des paroles, de chacune des descriptions, de chaque dessin, de chaque photo est magistrale. Nous découvrons un coté pour ma part inconnu de la guerre, de la mort, de la vie, de la paix.
La rudesse du pays, la difficulté de vivre au quotidien contraste avec la gentillesse des gens et la facilité de vivre en harmonie avec la nature. L’humanité apparait dans sa logique et sa contradiction.
Je ne suis pas philosophe, ni doué en français. Il m’est difficile de m’exprimer sur mon ressenti. C’est juste extrêmement beau, poignant et terrible.
L’album de la série qui fait que l’on doit lire "Le photographe".
Le troisième tome, reprend un peu le rythme du premier, mais est plus plaisant à lire car le héros se retrouvant seul et livré à lui-même doit maintenant prendre le lead sur sa vie après avoir suivi pendant deux albums.
Le mode de pensée est radicalement différent. Livré à lui-même ne pouvant se reposer sur personne, on souffre avec lui. Le tome n’est donc pas axé action, mais réflexion. Un voyage plutôt psychologique très bien amené et surtout pas moralisateur. L’album se lit là encore avec aisance, et nous transporte vraiment dans cet univers qui parait soudain à l’opposé de notre monde. Ce pays dont on parle chaque semaine aux infos, ce pays que l’on dur à vivre nous apparait sous son jour humain, vrai. On découvre au pays, à ces terres une âme inconnue, belle et dangereuse. Une dangereuse maitresse en somme attirante et manipulatrice.
D’ailleurs, les dernières pages ne sont que texte qui nous explique le devenir des diverses personnes qui apparaissent au fil des pages. Et on s’aperçoit alors que mon ressenti n’est pas loin de celui des protagonistes.
Comme quoi, l’auteur a su faire passer ses émotions, ses sensations avec brio.
A lire !!!
Voilà une BD dont forcément j’avais entendu parler, mais dont paradoxalement je me méfiais énormément.
Allez savoir pourquoi, la couverture dépouillée et le trait du dessin à chaque fois que j’ouvrais l’album me rebutaient invariablement.
C’est donc en prenant vraiment sur moi que j’ai entamé la lecture de cette série qui recueille tous les suffrages.
Alors, effectivement, j’ai eu du mal à m’habituer au trait d’Olivier Pont. Il ne fait pas fini, notamment sur les personnages. Pourtant, j’ai fini par l’adopter et surtout par réaliser que le dessin ici va bien au-delà de la simple précision, mais va surtout dans les émotions. Il faut donc plonger dans l’ambiance, dans le charme des paysages, dans la découverte de ce pays du sud de l’Italie baigné par le soleil. Les cadrages, le dynamisme du dessin, le charme des personnages prennent le dessus et finalement, on se dit « heureusement que je me suis lancé ».
De plus, Chagnaud, met parfaitement en valeur ce trait et ces décors avec des couleurs lumineuses qui nous transportent d’autant plus.
Coté scénario, les deux tomes sont assez surprenant et si le premier m’a rapidement conquis, je suis plus sceptique sur les 90% de premières pages du 2ème album.
Le scénario du tome 1 n’est pas étranger au succès de cette série. Un brin mystérieux, il est surtout lyrique, poétique, nous plongeons au cœur de l’enfance, quand tous les rêves sont permis, dans l’innocence.
Cet album au faux rythme se lit sans que l’on ne relève la tête. C’est prenant, c’est parfaitement découpé, c’est parfaitement conté.
La fin, rude, tranche avec l’ensemble de l’album et permet d’arracher à tout lecteur une once de culpabilité, permet de faire vibrer la corde de la tristesse et si l’on ne verse pas une larme, ne me dites pas que l’émotion ne vous a pas envahi.
Un tome 2 surprenant !
Après un tome 1 bâti dans l’innocence et la tendresse de la jeunesse, nous voici propulsé sans mise en garde 20 ans plus tard !
Alors, forcément, les protagonistes n’ont plus le même charme, ni ces sourires et ces bouilles craquantes.
On se retrouve même plongé dans un univers urbain foisonnant alors que le tome 1 nous baigne de bout en bout dans la tranquillité des bords de mer du sud de l’Italie.
J’ai mis quelques temps à me réadapter, à comprendre et à accepter. Surtout que le début est un peu long à mon goût n’ayant plus ni la saveur dépouillée ni la fraicheur des enfants.
De ce fait aussi, j’ai trouvé les 4/5ème de l’album beaucoup plus convenus, plus conventionnels.
Seule la fin, à partir du moment où le carnet est trouvé et toute l’histoire est expliquée devient à nouveau intéressante. Surtout, les dernières pages reprennent le dessus et redressent le niveau en quelques cases.
Une fin à nouveau imprévue, à nouveau grandiose, à nouveau belle et poignante.
La série y gagne alors sa grandeur et justifie sa renommée.
Une très belle série finalement.
J'avais déjà été abasourdi de façon malsaine par ma lecture de Borgia du même auteur sur les méfaits de l'Eglise romaine. Jodorowsky, toujours fidèle à lui-même, nous remet cela dans le Pape terrible à savoir Jules II l'ennemi juré du clan des Borgia.
Mais jusqu'où ira-t-il dans l'ignominie pour dénoncer les crimes de l'Eglise ? Il franchit toutes les frontières du sordide. Paradoxalement, c'est ce que j'aime. C'est choquant et séduisant en même temps. Il le fait avec maestria dans une fresque papale envoutante et barbare.
Je vais d'ailleurs en profiter pour prêter ce titre à mon meilleur ami, un pratiquant convaincu de la première heure. Je ne sais pas : c'est à vous dégouter à tout jamais de ce qui porte du rouge. Pour gagner l'élection du Saint-Siège, certains cardinaux sont réellement prêt à tout entre trahison, luxe et luxure les plus perverses.
Le dessin reste d'un excellent niveau ce qui agrémente la lecture. On ne pourra que se plonger dans cette lutte vaticane faite de manipulation, de pouvoir, de sexe et de meurtre.
Au fait, et la religion dans tout cela ? Bon, ce n'est pas avec ce titre que je vais retrouver la foi ...
Une arme destructrice greffée dans son bras gauche Cobra écume l’espace à la recherche de richesses et de gloire le tout dans un avenir très lointain, loin de nous et loin de Starwars… Avant d’aller plus loin soyez conscients que ce manga vieux de 30 ans n’est pas à mettre entre toutes les mains, ceci est une évidence. Pour vous aider je me vois obligé de vous faire passer un petit test totalement impartial et testé scientifiquement… par moi-même.
1. Les chiennes de garde ont engagé une action en justice à l’encontre d’une publicité pour le fromage jugée insultante pour les femmes et dont le slogan rentrera dans l’histoire avec « Chantal t’as oublié le Cantal ! ». Pour vous :
A. C’est une action juste car cette publicité est une atteinte aux droits de la femme (atteinte bien plus grave que l’image renvoyée tous les jours par les programmes de fin d’après-midi de TF1) ;
B. Cette publicité est tellement affligeante à la base que c’est pas la peine d’en faire un fromage (donc vous avez un humour bien à vous que vous assumez).
2. Qu’évoque pour vous le nom de « Cat’eyes » ?
A. Une marque de nourriture pour animaux domestiques qui garantira à votre chat ou votre chien un poil soyeux et un transit parfait.
B. Ah les fuseaux moulants aux couleurs vives ou l’art de mettre en valeur la femme (non ce n’est pas une chorégraphie de Véronique et Davina)
3. Où vous trouviez-vous le mercredi 11 septembre 1985 aux alentours de 10h35 ?
A. Vous vous en souvenez à coup sûr : en train d’éplucher le décret organisant l'évaluation des incidences sur l'environnement dans la Région wallonne
B. Sans doute devant ma télé avec un bol de benco en train de me demander combien échanger de vignettes Platini pour obtenir celle de Didier Six…
Réponse au test…
Vous avez un maximum de A : Mais que fait Robert d’Artois dans l’espace en l’an de grâce 2300 ?!
Affublé d’une tunique rouge vif et d’une paire de bottes qu’il faudrait penser à ramener à Francis Lalanne notre héros est éternel, indestructible voire inrayable… Ceci est un fait qui ne se démentira pas au cours des vingt albums de cette série à rallonge composée d’histoires plus ou moins courtes qui vous laisseront vite sur votre faim. Le scénario se reproduit à l’envie et pourrait se résumer à un affrontement infantile entre le bien et le mal duquel le bien sort bien évidemment vainqueur à la fin. Tout n’est ainsi que caricature sans que l’on puisse amener comme élément à décharge que Cobra est une série destinée aux enfants, loin de là… Premier grief à une lecture dite jeunesse, les aventures de ce voleur au grand cœur ne sont qu’une accumulation de violences gratuites. Les pirates de l’espace et autres ennemis de Cobra emploient ainsi tous les moyens pour stopper la série et l’on regrette parfois qu’ils ne parviennent à atteindre ce but : poison, explosif, arme blanche, bombe atomique, torture, etc. Mais l’invincibilité de notre héros paraît telle que la seule véritable menace qui pèse sur lui est une consommation excessive de tabac puisque rares sont les cases à ne pas glorifier l’homme au cigare, d’ailleurs pas un méchant ne fume comme si le tabac demeurait un symbole de virilité et de succès (deuxième grief). Troisième gros écueil de l’œuvre, la place accordée aux femmes puisque les aventures de Cobra sont remplies de Chantal (celles qui oublient le Cantal). Non contents d’être des potiches les personnages féminins affichent toutes des tenues légères et peu nombreuses sont celles à avoir été dotées d’un semblant d’esprit. Bref un manga vieillot qui a mal supporté les années écoulées…
Vous avez un maximum de B : Cobra, ou le Bebel de l’espace !!!
Il est impossible de parler de Cobra sans dresser un parallèle évident avec la série animée qui a ponctué nos mercredi matin, série sadiquement intercalée entre Heïdi et Candy (bouh les trucs pour filles). Le manga et l’animé sont en effet intimement liés, l’un ayant précédé celui qui l’aura popularisé. Principale différence, et non des moindres, seuls les neuf premiers volumes avaient été traduits dans l’animé. Les fan’s et autres nostalgiques auront donc l’occasion d’en avoir un peu plus : plus de combats, plus de tenues sexy, plus de méchants, plus de planètes toutes bizarres…
Soap-opéra kitchissime Cobra est donc (à mon sens) réservé à cette génération Club Dorothée qui n’avait que trois chaînes télé et des Thomson MO5 pour assouvir sa soif de technologie (oui je sais elle a bon dos la technologie). Et si tout ce que j’ai développé auparavant dans ma diatribe téléramesque reste pour partie vrai c’est bien parce que j’appartiens justement à cette génération Goldorak&Co que j’ai retrouvé avec plaisir les aventures de Cobra, Cobra ce copain que l’on a connu ce matin de 1985… D’où ma très bonne note de 4 et mon avertissement à tous ceux qui ont répondu A aux questions précédentes : ne lisez pas Cobra vous risquez de critiquer mon pote ! Et si je n’ai pas mis 5 c’est peut-être parce que j’ai (un peu) grandi et que je ne dis plus « bouh les filles ». Bon là ça devient trop triste il me faut aller consulter ma feuille d’impôt et payer ma taxe d’habitation, bref régler tous ces problèmes que Cobra n’a pas !!!
PS : La version N&B à 15€ le coffret (4 coffrets) me fait évidemment conseiller l’achat, car ce n’est pas cher payer pour un petit coup de revival !
Un bon récit que celui-ci, qui combine un certain aspect historique avec une intrigue policière et une dimension … dont je ne dirai rien pour ne pas spoiler.
Le mystère est assez épais et la structure du récit permet une divulgation des éléments très progressive et assez réussie à mon goût. Le contexte historique m’a également bien plu. Cette période trouble de l’entre deux guerres, qui a connu une grave crise économique, dont la conséquence première fut une grande précarité sociale des « masses laborieuses », et qui, par corollaire, avait vu croître la puissance de mouvements politiques très controversés (communisme, anarchisme et national-socialisme en tête), cette période trouble donc, disais-je avant de m’interrompre moi-même, est très intéressante en elle-même, et constitue à mes yeux le théâtre idéal pour bien des récits.
Ce contexte est très bien exploité dans le cas présent, et l’histoire nous promène de l’Amérique des grandes (dés)illusions à la guerre civile espagnole, riche en idéaux déçus.
D’un point de vue graphique, le récit est également très dense. Les cases sont souvent petites et richement illustrées. La colorisation me donne également une impression de lourdeur, de densité. Cet aspect m’avait quelque peu effrayé de prime abord, mais la lecture du récit fut si prenante que cette « pesanteur » ne m’a, en fait, jamais gêné.
Un seul aspect m’aura déçu durant ma lecture : dans cet univers très sombre, tout n’est pas clair. C’est logique me direz-vous, mais je trouve que certains personnages, ainsi que certains événements auraient mérité un développement plus net. Mais il ne s’agit que de petites gênes, et les faits sont assez éloquents pour que j’imagine ce qui a pu réellement se passer.
Un bon récit, donc, assez dense, pas très attirant, esthétiquement parlant, mais bien mené. Entre le « pas mal » et le « franchement bien », mais celui-ci l’emporte à mes yeux grâce au contexte historique.
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Avec Topless, Olivier Balez (Charmes fous, Angle mort) et Arnaud Le Gouëfflec (Vilebrequin) nous gratifie, dans la collection 1000 feuilles de Glénat, d'un superbe road movie sur fond de jazz et de fumée de cigarette. Bien que l'histoire soit "simple", la force du récit vient des personnages, et tout particulièrement de la dilettante de Martin et la beauté de Jeanne. En effet, Arnaud Le Gouëfflec réussi à travers ces héros, à nous les rendre sympathiques, voire attachants. Il complète l'histoire par des éléments mystiques tels que le St Christophe pour le côté religieux ou bien artistiques avec Jayne Mansfield et Thelonious Monk. Tout cela peut paraître anodin mais ils sont en fait d'une grande importance pour les protagonistes et l'ambiance générale de l'album. Enfin avec tout cela, il y a aussi l'humour, l'ambiance jazzy et les volutes de fumée qui rythment notre agréable et trop courte lecture. Dans un style de dessin proche du rétro, Olivier Balez réussit avec son trait gras à coller parfaitement au ton du récit. Personnages, décors nocturnes et mise en scène s’articulent sur un rythme jazzy qui est très efficace. Son trait est complété, selon les ambiances, par le jeu des lumières et des couleurs chaudes ou vives. Des couleurs qui, selon les planches, sont parfois utilisées par petite touche ou au contraire pleine page comme pour les vitraux.
Le Signe de la Lune
Le signe de la lune est une lecture réellement magique qui nous emmène en 1920 dans un petit village perdu dans la campagne espagnole où les croyances ancestrales sont profondément ancrées. J'ai trouvé ce conte tout simplement magique. Cette histoire nous livre de bons moments en perspective avec des planches hallucinantes de beauté. La première partie est construite à travers quatre personnages dont les destins s'entrecroisent. Un drame va se jouer. On nous dit qu'il faut toujours affronter nos peurs. Or, quelquefois, le courage d'affronter la peur et l'angoisse se termine par une mort irrémédiable. Le conte devient plutôt un cauchemar. La beauté devient sombre. La seconde partie se déroule bien des années après. C'est plutôt intéressant de voir toute la transformation d'un village sous la coupe d'un seigneur haineux. Or la puissance ne permet pas de tout acquérir. J'ai beaucoup aimé le graphisme qui fait superbement ressortir la lune et la forêt. Il y a quelque chose de véritablement fascinant dans l'univers crée par ces auteurs. Je n'ai pas compris par contre pourquoi le dessin était en noir et blanc à l'exception d'un manteau à capuche ressemblant à celui du petit chaperon rouge. La couleur vient s'incruster dans un modèle en bichromie sans qu'on comprenne véritablement le sens ou la raison. Ce n'est qu'un détail qui n'a sans doute aucune importance. J'ai beaucoup aimé ce rendez-vous avec la lune et c'est ce qui compte. C'est vraiment un bel album !
La Brigade Chimérique
Bafff !!! Et voilà que la collection "Flambant 9" de chez l'Atalante remet ça : BD petit format, mais grand effet assuré ! Après "Gordo contre l'Amérique", voici que nous débarque un simili Comics façon Europe premier tiers du XXe siècle, où tous les protagonistes historiques, scientifiques et politiques de l'époque sont revus et corrigés. Bon, vrai que le premier tome qui nous propose un prologue et un premier chapitre, nous laisse un peu sur notre faim, même si pointe déjà l'ombre d'une Grande Série BD. Le second tome et ses deux nouveaux volets transforme l'essai et approfondi cet univers unique et ses personnages exceptionnels. En un mot j'adore ! On commence à prendre ses repères, à s'y retrouver, l'univers devient plus tangible et tout gagne en cohérence. Vite ! La suite !!! Côté dessin, je retrouve avec grand bonheur Gess (Ahhh Carmen !!!) qui reste dans le genre toujours aussi efficace, et sait donner à ses personnages un charisme des plus magnétique. Son trait épais, qui sait jouer à merveille avec les noirs, renforce encore les effets de style et l'expressivité des personnages. Bref, une nouvelle série très très prometteuse, qui a pour l'instant tout pour devenir culte !
Appelle-moi Ferdinand
Simple, efficace, tranchant : "Appelle-moi Ferdinand" est redoutable dans son genre ! L'histoire de ce personnage condamné est en effet terriblement bien menée. Un découpage en chapitres, un dessin gras et lavis rehaussé de couleurs contrastées pour bien mettre le doigt sur le fil conducteur du récit : la narration coule de source jusqu'à sa fin tragique. Et tout coule autour de ce personnage central. Vous feriez quoi, vous, si vous vous saviez condamné ? Et c'est là que le personnage énerve, tout en créant en même temps sa profondeur... Car oui, il est aimable quand il se dit qu'il lui faut apprendre à faire du vélo avant de partir ! Mais à côté de ça, l'égoïsme de ses comportements est confondant. La dépression qui semblait le ronger avant qu'il ne sache à quoi s'en tenir est toujours là, latente et révélatrice de sa vie ratée... Et la fin devient une évidence, tout en rebondissant sur le personnage abject de son père... Bref, une brochette de personnages bien sentis, traités graphiquement de la plus belle manière qui nous donne au final une BD de grande qualité : à lire !
Racontars Arctiques
C'est effectivement avec difficulté que je suis rentré petit à petit dans cette BD pour en apprécier toute sa saveur. Un peu comme ce territoire hostile du Groenland, sûrement : brute, sauvage, déconcertante, mais au final certainement attachant. Et c'est là toute la réussite de cette adaptation BD de Hervé Tanquerelle, qui en prenant son temps certes, nous impose un univers d'une grande justesse, où les relations de ses quelques protagonistes n'en sont que plus exacerbées. Car les personnages de Jorn Riel, tout bourrus qu'ils sont, et inaccessibles de prime abord finissent par transparaître : la glace fond et l'humanité tapie au chaud se livre ! Toujours partant pour une expérimentation, toute aussi aberrante qu'elle puisse sembler, nos compères se retrouvent embarquer dans des situations cocasses qui finiront toujours autour d'un poêle bien chaud et surtout d'un coup de gnôle tout aussi revigorant... Bravo donc à Tanquerelle pour avoir réussi à donner corps à ces personnages uniques, et à nous les rendre attachants. Son trait simple, enroulé et marqué trouve là tout son sens et est parfaitement approprié à l'univers dépeint : le Grand Nord. Tout est dans le contraste, l'absolu. Pas de demie mesure, tout doit être entier : on se plie aux contraintes du lieu ou on plie bagages ! Un joli voyage dans le froid à savourer au coin de sa cheminée, et qui demanderait même une suite...
Le Photographe
Il est de certaine série dont on a toujours entendu parler. Dont la « réputation » d’œuvre exceptionnelle et incontournable ne peut être contournée. Et un jour le hasard, ou une personne généreuse vous l’offre pour votre anniversaire. C’est donc avec un grand plaisir que j’ai entamé la lecture de ce triptyque. L’ouverture du premier album est surprenante. J’aime avant de me lancer dans la lecture, feuilleter les pages rapidement afin d’avoir une vision globale du graphisme. Ici, le choc est rude. D’une part, l’album est à moitié fait de photo. D’autre part les dessins sont d’une simplicité, voir d’une naïveté déconcertante. Les couvertures illustrent bien ce dessin, assez grossier, sans décors, à coup de grands aplats pour la mise en couleur. Pourtant, pas de fausse note dans les poses, dans la maitrise des proportions ou des mises en scène. J’ai eu un peu de mal à m’y habituer. Le dénuement du dessin contrastant énormément avec les photos en noir et blanc. Et puis, finalement, on s’aperçoit que les dessins ne servent à pas grand-chose, si ce n’est donner une rapide aide afin de compléter les décors que tout le monde connait. Ou alors, cela correspond bien à une sorte de souvenir flou rappelant soit le stress soit la mémoire fuyante de l’auteur. Ce n’est pas négatif, mais expressif. La mémoire s’est focalisée sur l’essentiel, sur d’autres aspects beaucoup plus importants que le superflu du visuel et de la beauté esthétique factice d’un crayon. Les photos apportent évidemment quant à elle le coté réaliste, le coté cliché de vie spontanée. Le coté photo reportage parfois frustrant. Surtout que l’emploi de photos souvent réduites à l’état de vignettes difficilement utilisables ne m’est pas apparu d’une grand utilité. Enfin, je n’ai pas compris à quoi cela servait…Mais la majorité des dessins et photos sont utiles et contribue grandement à la qualité globale de l’œuvre. L’histoire est bien divisée en trois grandes étapes racontées chacune dans un tome : l’aller, la vie sur place, le retour. Le scénario du premier tome est assez classique, assez lent, assez ennuyant souvent. Les changements de rythme sont quasi inexistants, l’action très rare. Je me serais presque ennuyé par moment. Pourtant, la BD se lit, se regarde, se vit au rythme berçant des ânes. J’ai surtout pris ce premier tome pour une balade dans un pays lointain, Mais finalement peu de choses essentielles s’en dégagé. Le second tome, voilà surement où réside l’intérêt de cette série. Ce tome prend aux tripes et nous transporte dans un univers radicalement différent, fort émotionnellement, mais surement pas pleurnichard ou fait pour s’apitoyer. Non. La simplicité du récit prend ici toute sa force, toute sa grandeur. La vérité qui se dégage de chacune des paroles, de chacune des descriptions, de chaque dessin, de chaque photo est magistrale. Nous découvrons un coté pour ma part inconnu de la guerre, de la mort, de la vie, de la paix. La rudesse du pays, la difficulté de vivre au quotidien contraste avec la gentillesse des gens et la facilité de vivre en harmonie avec la nature. L’humanité apparait dans sa logique et sa contradiction. Je ne suis pas philosophe, ni doué en français. Il m’est difficile de m’exprimer sur mon ressenti. C’est juste extrêmement beau, poignant et terrible. L’album de la série qui fait que l’on doit lire "Le photographe". Le troisième tome, reprend un peu le rythme du premier, mais est plus plaisant à lire car le héros se retrouvant seul et livré à lui-même doit maintenant prendre le lead sur sa vie après avoir suivi pendant deux albums. Le mode de pensée est radicalement différent. Livré à lui-même ne pouvant se reposer sur personne, on souffre avec lui. Le tome n’est donc pas axé action, mais réflexion. Un voyage plutôt psychologique très bien amené et surtout pas moralisateur. L’album se lit là encore avec aisance, et nous transporte vraiment dans cet univers qui parait soudain à l’opposé de notre monde. Ce pays dont on parle chaque semaine aux infos, ce pays que l’on dur à vivre nous apparait sous son jour humain, vrai. On découvre au pays, à ces terres une âme inconnue, belle et dangereuse. Une dangereuse maitresse en somme attirante et manipulatrice. D’ailleurs, les dernières pages ne sont que texte qui nous explique le devenir des diverses personnes qui apparaissent au fil des pages. Et on s’aperçoit alors que mon ressenti n’est pas loin de celui des protagonistes. Comme quoi, l’auteur a su faire passer ses émotions, ses sensations avec brio. A lire !!!
Où le regard ne porte pas...
Voilà une BD dont forcément j’avais entendu parler, mais dont paradoxalement je me méfiais énormément. Allez savoir pourquoi, la couverture dépouillée et le trait du dessin à chaque fois que j’ouvrais l’album me rebutaient invariablement. C’est donc en prenant vraiment sur moi que j’ai entamé la lecture de cette série qui recueille tous les suffrages. Alors, effectivement, j’ai eu du mal à m’habituer au trait d’Olivier Pont. Il ne fait pas fini, notamment sur les personnages. Pourtant, j’ai fini par l’adopter et surtout par réaliser que le dessin ici va bien au-delà de la simple précision, mais va surtout dans les émotions. Il faut donc plonger dans l’ambiance, dans le charme des paysages, dans la découverte de ce pays du sud de l’Italie baigné par le soleil. Les cadrages, le dynamisme du dessin, le charme des personnages prennent le dessus et finalement, on se dit « heureusement que je me suis lancé ». De plus, Chagnaud, met parfaitement en valeur ce trait et ces décors avec des couleurs lumineuses qui nous transportent d’autant plus. Coté scénario, les deux tomes sont assez surprenant et si le premier m’a rapidement conquis, je suis plus sceptique sur les 90% de premières pages du 2ème album. Le scénario du tome 1 n’est pas étranger au succès de cette série. Un brin mystérieux, il est surtout lyrique, poétique, nous plongeons au cœur de l’enfance, quand tous les rêves sont permis, dans l’innocence. Cet album au faux rythme se lit sans que l’on ne relève la tête. C’est prenant, c’est parfaitement découpé, c’est parfaitement conté. La fin, rude, tranche avec l’ensemble de l’album et permet d’arracher à tout lecteur une once de culpabilité, permet de faire vibrer la corde de la tristesse et si l’on ne verse pas une larme, ne me dites pas que l’émotion ne vous a pas envahi. Un tome 2 surprenant ! Après un tome 1 bâti dans l’innocence et la tendresse de la jeunesse, nous voici propulsé sans mise en garde 20 ans plus tard ! Alors, forcément, les protagonistes n’ont plus le même charme, ni ces sourires et ces bouilles craquantes. On se retrouve même plongé dans un univers urbain foisonnant alors que le tome 1 nous baigne de bout en bout dans la tranquillité des bords de mer du sud de l’Italie. J’ai mis quelques temps à me réadapter, à comprendre et à accepter. Surtout que le début est un peu long à mon goût n’ayant plus ni la saveur dépouillée ni la fraicheur des enfants. De ce fait aussi, j’ai trouvé les 4/5ème de l’album beaucoup plus convenus, plus conventionnels. Seule la fin, à partir du moment où le carnet est trouvé et toute l’histoire est expliquée devient à nouveau intéressante. Surtout, les dernières pages reprennent le dessus et redressent le niveau en quelques cases. Une fin à nouveau imprévue, à nouveau grandiose, à nouveau belle et poignante. La série y gagne alors sa grandeur et justifie sa renommée. Une très belle série finalement.
Le Pape Terrible
J'avais déjà été abasourdi de façon malsaine par ma lecture de Borgia du même auteur sur les méfaits de l'Eglise romaine. Jodorowsky, toujours fidèle à lui-même, nous remet cela dans le Pape terrible à savoir Jules II l'ennemi juré du clan des Borgia. Mais jusqu'où ira-t-il dans l'ignominie pour dénoncer les crimes de l'Eglise ? Il franchit toutes les frontières du sordide. Paradoxalement, c'est ce que j'aime. C'est choquant et séduisant en même temps. Il le fait avec maestria dans une fresque papale envoutante et barbare. Je vais d'ailleurs en profiter pour prêter ce titre à mon meilleur ami, un pratiquant convaincu de la première heure. Je ne sais pas : c'est à vous dégouter à tout jamais de ce qui porte du rouge. Pour gagner l'élection du Saint-Siège, certains cardinaux sont réellement prêt à tout entre trahison, luxe et luxure les plus perverses. Le dessin reste d'un excellent niveau ce qui agrémente la lecture. On ne pourra que se plonger dans cette lutte vaticane faite de manipulation, de pouvoir, de sexe et de meurtre. Au fait, et la religion dans tout cela ? Bon, ce n'est pas avec ce titre que je vais retrouver la foi ...
Cobra - The space pirate (Space adventure Cobra)
Une arme destructrice greffée dans son bras gauche Cobra écume l’espace à la recherche de richesses et de gloire le tout dans un avenir très lointain, loin de nous et loin de Starwars… Avant d’aller plus loin soyez conscients que ce manga vieux de 30 ans n’est pas à mettre entre toutes les mains, ceci est une évidence. Pour vous aider je me vois obligé de vous faire passer un petit test totalement impartial et testé scientifiquement… par moi-même. 1. Les chiennes de garde ont engagé une action en justice à l’encontre d’une publicité pour le fromage jugée insultante pour les femmes et dont le slogan rentrera dans l’histoire avec « Chantal t’as oublié le Cantal ! ». Pour vous : A. C’est une action juste car cette publicité est une atteinte aux droits de la femme (atteinte bien plus grave que l’image renvoyée tous les jours par les programmes de fin d’après-midi de TF1) ; B. Cette publicité est tellement affligeante à la base que c’est pas la peine d’en faire un fromage (donc vous avez un humour bien à vous que vous assumez). 2. Qu’évoque pour vous le nom de « Cat’eyes » ? A. Une marque de nourriture pour animaux domestiques qui garantira à votre chat ou votre chien un poil soyeux et un transit parfait. B. Ah les fuseaux moulants aux couleurs vives ou l’art de mettre en valeur la femme (non ce n’est pas une chorégraphie de Véronique et Davina) 3. Où vous trouviez-vous le mercredi 11 septembre 1985 aux alentours de 10h35 ? A. Vous vous en souvenez à coup sûr : en train d’éplucher le décret organisant l'évaluation des incidences sur l'environnement dans la Région wallonne B. Sans doute devant ma télé avec un bol de benco en train de me demander combien échanger de vignettes Platini pour obtenir celle de Didier Six… Réponse au test… Vous avez un maximum de A : Mais que fait Robert d’Artois dans l’espace en l’an de grâce 2300 ?! Affublé d’une tunique rouge vif et d’une paire de bottes qu’il faudrait penser à ramener à Francis Lalanne notre héros est éternel, indestructible voire inrayable… Ceci est un fait qui ne se démentira pas au cours des vingt albums de cette série à rallonge composée d’histoires plus ou moins courtes qui vous laisseront vite sur votre faim. Le scénario se reproduit à l’envie et pourrait se résumer à un affrontement infantile entre le bien et le mal duquel le bien sort bien évidemment vainqueur à la fin. Tout n’est ainsi que caricature sans que l’on puisse amener comme élément à décharge que Cobra est une série destinée aux enfants, loin de là… Premier grief à une lecture dite jeunesse, les aventures de ce voleur au grand cœur ne sont qu’une accumulation de violences gratuites. Les pirates de l’espace et autres ennemis de Cobra emploient ainsi tous les moyens pour stopper la série et l’on regrette parfois qu’ils ne parviennent à atteindre ce but : poison, explosif, arme blanche, bombe atomique, torture, etc. Mais l’invincibilité de notre héros paraît telle que la seule véritable menace qui pèse sur lui est une consommation excessive de tabac puisque rares sont les cases à ne pas glorifier l’homme au cigare, d’ailleurs pas un méchant ne fume comme si le tabac demeurait un symbole de virilité et de succès (deuxième grief). Troisième gros écueil de l’œuvre, la place accordée aux femmes puisque les aventures de Cobra sont remplies de Chantal (celles qui oublient le Cantal). Non contents d’être des potiches les personnages féminins affichent toutes des tenues légères et peu nombreuses sont celles à avoir été dotées d’un semblant d’esprit. Bref un manga vieillot qui a mal supporté les années écoulées… Vous avez un maximum de B : Cobra, ou le Bebel de l’espace !!! Il est impossible de parler de Cobra sans dresser un parallèle évident avec la série animée qui a ponctué nos mercredi matin, série sadiquement intercalée entre Heïdi et Candy (bouh les trucs pour filles). Le manga et l’animé sont en effet intimement liés, l’un ayant précédé celui qui l’aura popularisé. Principale différence, et non des moindres, seuls les neuf premiers volumes avaient été traduits dans l’animé. Les fan’s et autres nostalgiques auront donc l’occasion d’en avoir un peu plus : plus de combats, plus de tenues sexy, plus de méchants, plus de planètes toutes bizarres… Soap-opéra kitchissime Cobra est donc (à mon sens) réservé à cette génération Club Dorothée qui n’avait que trois chaînes télé et des Thomson MO5 pour assouvir sa soif de technologie (oui je sais elle a bon dos la technologie). Et si tout ce que j’ai développé auparavant dans ma diatribe téléramesque reste pour partie vrai c’est bien parce que j’appartiens justement à cette génération Goldorak&Co que j’ai retrouvé avec plaisir les aventures de Cobra, Cobra ce copain que l’on a connu ce matin de 1985… D’où ma très bonne note de 4 et mon avertissement à tous ceux qui ont répondu A aux questions précédentes : ne lisez pas Cobra vous risquez de critiquer mon pote ! Et si je n’ai pas mis 5 c’est peut-être parce que j’ai (un peu) grandi et que je ne dis plus « bouh les filles ». Bon là ça devient trop triste il me faut aller consulter ma feuille d’impôt et payer ma taxe d’habitation, bref régler tous ces problèmes que Cobra n’a pas !!! PS : La version N&B à 15€ le coffret (4 coffrets) me fait évidemment conseiller l’achat, car ce n’est pas cher payer pour un petit coup de revival !
Les Serpents aveugles
Un bon récit que celui-ci, qui combine un certain aspect historique avec une intrigue policière et une dimension … dont je ne dirai rien pour ne pas spoiler. Le mystère est assez épais et la structure du récit permet une divulgation des éléments très progressive et assez réussie à mon goût. Le contexte historique m’a également bien plu. Cette période trouble de l’entre deux guerres, qui a connu une grave crise économique, dont la conséquence première fut une grande précarité sociale des « masses laborieuses », et qui, par corollaire, avait vu croître la puissance de mouvements politiques très controversés (communisme, anarchisme et national-socialisme en tête), cette période trouble donc, disais-je avant de m’interrompre moi-même, est très intéressante en elle-même, et constitue à mes yeux le théâtre idéal pour bien des récits. Ce contexte est très bien exploité dans le cas présent, et l’histoire nous promène de l’Amérique des grandes (dés)illusions à la guerre civile espagnole, riche en idéaux déçus. D’un point de vue graphique, le récit est également très dense. Les cases sont souvent petites et richement illustrées. La colorisation me donne également une impression de lourdeur, de densité. Cet aspect m’avait quelque peu effrayé de prime abord, mais la lecture du récit fut si prenante que cette « pesanteur » ne m’a, en fait, jamais gêné. Un seul aspect m’aura déçu durant ma lecture : dans cet univers très sombre, tout n’est pas clair. C’est logique me direz-vous, mais je trouve que certains personnages, ainsi que certains événements auraient mérité un développement plus net. Mais il ne s’agit que de petites gênes, et les faits sont assez éloquents pour que j’imagine ce qui a pu réellement se passer. Un bon récit, donc, assez dense, pas très attirant, esthétiquement parlant, mais bien mené. Entre le « pas mal » et le « franchement bien », mais celui-ci l’emporte à mes yeux grâce au contexte historique.