J'ai plongé dans ce grand album carré car j'aime généralement bien ce que fait M. Pontarolo. Une fois encore j'ai bien apprécié son dessin où on retrouve les couleurs un peu rouille de Naciré et les machines, les visages allongés et anguleux des personnages comme taillés au couteau. Après quelques pages, on passe subitement dans un monde étrange, on suppose que le personnage principal qui est un écrivain en manque d'inspiration est plongé dans un rêve. Il y croise une vache humanoïde et une petite fille lunaire qui semble muette.
C'est un peu abstrait et je ne suis pas sûr d'avoir compris l'intégralité du message de l'auteur. Pour autant j'ai bien aimé être embarqué dans ce voyage onirique.
Sur un format Patte de Mouche, sauf que ça s'appelle Patte d'Eph, deux professeurs tentent de mettre au point chacun de leur côté d'une avenue leur recette pour détruire la planète. Le jeune Boris passe d'un appartement à l'autre pour éviter la catastrophe. On retrouve les personnages animaliers de Lewis Trondheim, c'est rigolo et fait sourire. Clairement cela ne va pas laisser un souvenir impérissable non plus.
Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte ces deux dernières années (ou plus modestement « les bédéphiles qui auraient vécu dans une grotte »), "Il faut flinguer Ramirez" est la série du moment. Aujourd’hui, alors que vient de paraître le second volet, j'ai voulu comprendre les raisons de ce succès en me lançant dans la lecture des deux premiers actes.
Nicolas Pétrimaux est un touche-à-tout qui à près de 40 ans vient de tenter une incursion réussie dans la bande dessinée. Il faut flinguer Ramirez est sa première production en la matière, après des années à travailler en tant qu’illustrateur et story-boarder (si on veut résumer) dans le domaine des jeux vidéo, où il réalisait des cinématiques. Cet auteur résidant à Lyon, lit-on dans le dossier de presse, a même eu l’occasion de réaliser un court-métrage intitulé Allo Zombie en 2007. Et à la lecture d’IFFR, force est de reconnaître qu’on est à peine surpris, tant l’objet donne l’impression d’être en train de visionner un film. Il ne manquerait que le seau de pop-corn à portée de main !
Pour reprendre l’analogie, autant être prévenu, le gars Pétrimaux ne fait pas dans l’Art et essai, et il ne fait même pas semblant ! « IFFR », c’est du pur fun en rafale, des cascades et des explosions toutes les deux pages. Le mode « entertainment » est complètement assumé, et tant pis pour les snobs qui risquent de se pincer le nez. En apparence (mais en apparence seulement), c’est du bourrin premier choix, mais cet enfant de la pub qu’est Pétrimaux est plus malin que ça. Il a bien compris que la BD à papa, c’était bel et bien révolu, et qu’aujourd’hui, un polar avec des gangsters devait s’adapter à l’air du temps.
L’auteur a su concocter une recette où le hasard n’a pas sa place : dans une grande marmite vintage 80’s (le recyclage, c’est tendance et la classe assurée), ajoutons un peu de Thelma et Louise (goudou vintage style), un peu de Tarantino (le vintage du vintage, déjà ?) un peu de GTA (le monde est un jeu vidéo), des morceaux de latinos badass (parce qu’avec eux, faut jamais faire le malin), des cols pelle à tarte (sans les chemises hawaïennes toutefois), une pincée de parodies de pubs d’époque, et pour lier le tout, des gimmicks forts (l’aspirateur dont Ramirez ne se sépare jamais, la Renault 5 Le Car …), bref, des ingrédients qui semblent avoir été sélectionnés à coup d’études marketing premium pour contribuer au succès de la série.
Sur un rythme échevelé, nous suivons donc les aventures de cet employé modèle qu’est Ramirez, qui ne s’exprime jamais — et pour cause, il est muet. Cette particularité ajoute à son mystère, lui qui semble désireux, comme on le découvrira au fil du récit, de se faire oublier du milieu de la mafia mexicaine, sans que l’on sache vraiment pourquoi. L’homme travaille pour un fabricant d’aspirateurs, et d’ailleurs, « personne ne répare un aspirateur comme lui ». Il est petit, moche, affublé d’une tache de naissance qui lui barre le visage, larbin de tous et pourtant respecté par son talent. Même son chef, Sanchez – vraisemblablement d’origine latino comme lui —, un salopard incompétent qui le méprise plus que ne pourrait le faire un WASP de base, est obligé de le ménager un minimum… Il porte un prénom français démodé (Jacques) et préfère laisser dire ceux qui parlent… Il vit ainsi son quotidien terne d’employé effacé, ce qui semble lui convenir tout à fait… jusqu’au jour où son passé va venir le rattraper, avec l’apparition concomitante et fortuite de deux starlettes en cavale, qui ne sont pas du genre à s’en laisser conter.
Graphiquement parlant, l’amateur de jeux vidéo ou de ciné à grand spectacle est servi. Le design hyperréaliste des décors a été conçu en 3D et rappelle furieusement l’univers de « Grand Theft Auto ». Cela reste un peu froid, mais c’est très bien réalisé et on imagine sans peine que Pétrimaux n’a pas compté ses heures pour arriver à un tel résultat. L’aspect des personnages nous rappelle qu’on est bien dans une bande dessinée (encore heureux), plus en phase avec les codes franco-belges. Pour ce thriller mené à un train d’enfer entre l’Arizona et le Mexique, la mise en page très dynamique est on ne peut plus adaptée, avec une utilisation très léchée de la couleur et des effets spéciaux numériques qui savent se faire oublier… La disposition un peu déroutante des phylactères qui serpentent à travers plusieurs cases reste un bémol même si on finit par s’y habituer au fil de l’histoire. Une des trouvailles reste l’insertion de publicités, d’articles de journaux locaux ou de magazines people, dans un style parodique, permettant de fournir des respirations bienvenues à la trame principale qui voit les scènes d’actions s’enchaîner presque sans répit. L’humour relève de l’esprit potache bon-enfant et d’un certain « esprit Canal », mais on peut déplorer les clins d’œil un peu trop appuyés.
Même si l’on n’est pas forcément client du genre, il est impossible de massacrer IFFR tant l’on est impressionné par la masse de travail qui a dû être déployée pour arriver à un tel résultat. Il serait pourtant facile de le faire, car si la forme reste assez originale, le fond demeure pour le moins superficiel. En outre, ce type de scénario a déjà été vu mille fois, mais il se trouve que ce petit Ramirez a un je-ne-sais-quoi d’attachant dans sa manière de traverser les champs de mine en conservant toujours le même air imperturbable, de s’accrocher à son aspirateur comme le Gollum à son précieux avec des yeux de chien battu. Avec tout ça, difficile de croire qu’il puisse être l’homme à abattre… Ainsi, force est d’admettre que le succès de cette série populaire est loin d’être usurpé. Un succès qui, de toute évidence, ne s’estompera pas aussi vite qu’il est venu, il suffit pour le comprendre de regarder sur les réseaux sociaux l’enthousiasme que suscite la BD parmi ses fans.
J'avais gardé un bon souvenir de cet album, mais comme je n'avais pas les idées claires, je l'ai relu...et j'ai été un peu déçu parce que c'était mieux dans mon souvenir.
J'aime bien le dessin de Le Gall, même si c'est vrai que son Spirou est un peu 'bizarre'. J'ai été plus séduit par son Fantasio et son Zorglub. Il utilise bien ce personnage d'ailleurs, le montrant dans un rôle ambiguë. Même si Zorglub n'est plus le méchant qu'il était au début, il a toujours quelques plans à la moralité douteuse. L'idée du voyage dans le temps est pas mal, quoique les ficelles sont un peu trop grosses à la fin. J'ai aussi ressenti qu'il y avait des longueurs.
En fait, si j'ai bien aimé les scènes dans le passé, notamment pour l'ambiance, j'ai moins bien accroché aux scènes se passant dans le présent avec Spip, le biologiste et son neveu. Cela reste tout de même un one-shot supérieur à bien des albums qui sont sortis ensuite.
J’ai quasiment le même ressenti que Ems après la lecture de cet album.
La lecture est fluide et plutôt agréable. Le dessin est moderne, dynamique, le Noir et Blanc gras colle bien à l’ambiance un peu poisseuse de ce court road movie.
Mais voilà, il y a quand même un goût de trop peu. En effet, si toutes les pièces du puzzle s’imbriquent à la fin, c’est pour nous révéler les dessous d’une intrigue assez pauvre finalement, sans que l’on connaisse grand-chose du couple accidenté, ou des braqueurs masqués.
Du coup, c’est un peu la frustration qui domine, car j’ai eu l’impression de lire un synopsis, ou une idée de départ, qui n’aurait finalement pas été poursuivie ou développée suffisamment pour lui donner du corps.
Note réelle 2,5/5.
En l’espace de deux mois, ce ne seront pas moins de quatre adaptations de « 1984 » qui auront été publiées (une en novembre 2020 et trois ce mois-ci). Il faut dire que 70 ans après la sortie française du roman culte de George Orwell, désormais entré dans le domaine public, plusieurs éditeurs (Soleil, Sarbacane, Rocher et Grasset) se tenaient sur les starting blocks pour sortir leur propre version. On pourra objecter que cela est tout à fait ridicule de sortir en même temps quatre adaptations, mais quoiqu’en en pense, cela confirme toute la puissance et la modernité du livre de l’auteur anglais. Si la pertinence d’une adaptation est incontestable, reste à en connaître la valeur ajoutée. Commençons avec celle de Soleil Productions.
Sur le plan graphique, Rémi Torregrossa prouve qu’il sait dessiner, cela n’est pas à contester. Son style réaliste et assez détaillé, un peu froid, a su parfaitement donner corps au roman d’Orwell, en restituant scrupuleusement l’univers du livre que chacun pouvait avoir en tête. Le choix du noir et blanc paraissait approprié pour dépeindre un monde terne et déshumanisé, avec une rare intrusion de la couleur dans les scènes où Winston et Julia parviennent à se retrouver dans un cadre intime pour vivre leur amour. Clairement, on reste dans l’académisme propre à tout un pan de la bande dessinée actuelle et qui caractérise le plus souvent les séries dont le but est de capter le public le plus large, et qui probablement laissera de marbre la frange des bédéphiles en quête d’originalité.
La narration de Jean-Christophe Derrien est de façon peu surprenante à l’image du dessin. Elle suit à la lettre la structure de l’œuvre littéraire, la seule digression que s’est autorisée le scénariste étant d’avoir choisi un angle subjectif en utilisant les extraits de journal du héros Winston. Ce faisant, cette option permet à l’histoire de conserver une grande fluidité, à l’instar du roman d’Orwell.
En optant pour la fidélité au récit d’origine, on pourrait en déduire que Soleil a voulu limiter les risques d’un échec commercial. Cette version, qui semble être la plus convenue, est loin d’être mauvaise mais n’apportera pas grand-chose au « 1984 » de 1949, et ne conviendra qu’à ceux qui ne lisent que de la BD. A cet égard, on ne pourra que conseiller au lecteur — jeune ou non, et ouvert à tous les formats narratifs — de se précipiter plutôt sur l’ouvrage original, monument incontournable de la littérature de science-fiction qui conserve une acuité terrible sur la façon dont les technologies permettent de suivre à la trace les citoyens. A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, la question n’en est que plus brûlante. Les télécrans de « 1984 » ne sont-ils pas d’une certaine manière les smartphones de 2021 ?
Voici un bon recueil d'un auteur chilien que je ne connaissais pas. Ce sont des gags en une image, sans liens entre eux, sur différents sujets comme l'art (on y croise Dali par exemple), la religion, mais aussi la culture populaire comme les super héros Batman, Iron Man etc.
On ne rit pas aux éclats mais on sourit très souvent sur l'inventivité de cet auteur. Malgré qu'il soit chilien, les références des gags sont toutes compréhensibles pour un lecteur européen, ou bien c'est l'éditeur qui a fait une sélection intelligente.
Bonne lecture, bons dessins à la ligne claire, un album qui peut se relire facilement à l'occasion.
Je ne connaissais pas Xavier de Hauteclocque et l'adaptation en bande dessinée de son reportage sur les débuts de l'Allemagne nazie me donne envie de mieux le connaitre. Il s'est vite rendu compte des dangers du nazisme.
Le livre est intéressant parce qu'on voit comment tout a changé en quelques mois seulement alors que je pensais que les nazis avaient graduellement pris le contrôle de la pensée au fil des années. Ça fait peur de voir comment la violence et la répression peut changer les hommes. Malgré cela, je ne suis pas certain de la note à donner à cet album parce que même si le propos est intéressant, je mentirais si j'écrivais que c'était une lecture passionnante.
En effet, cela manque un peu d'émotions. Même lorsqu'on montrait une situation horrible, je n'ai pas été particulièrement touché. Je pense que c'est dû au fait que c'est une adaptation et non une BD-reportage du genre que fait Joe Sacco. Comme le dit Ro, le traitement est un peu trop académique. Ça me fait penser à quelques adaptations de roman en BD que j'ai lues où les adaptateurs n'avaient pas réussi à retranscrire les émotions que j'ai eu en lisant l'œuvre originale. Peut-être que je devrais lire le livre de Xavier de Hauteclocque. En tout cas, les extraits présents à la fin de l'album donnent envie !
Après (ou en même temps) la publication de The X-Files, les Editions Glénat ont édité une autre série dérivée de la célèbre série TV mettant en scène Mulder et Scully. Ces Archives sont en quelque sorte des histoires inédites de la grande époque, réalisées en même temps que leurs grandes soeurs. Toujours supervisées par Chris Carter, elles mettent donc Mulder et Scully en scène face à de nombreux phénomènes inexpliqués, et la plupart du temps pas réellement résolus, ce qui faisait aussi le sel des aventures d'origine.
On peut distinguer un arc narratif au sein des deux premiers recueils, regroupant 12 épisodes, tous écrits par Stefan Petrucha. Ainsi trouve-t-on des extraterrestres, des monstres et quelques personnages récurrents, tels que le général Schadenfreude, une sorte de "mythologie" secondaire, en référence à une trame qui émaille la série principale. Des histoires qui se tiennent à peu près, même si les épisodes relatifs à des légendes aztèques m'ont moins convaincus. Il faut dire que ces deux épisodes ont été intervertis dans le tome 2, ce qui induit de la confusion chez le lecteur. Sans doute une erreur de fichier. Par la suite il est rejoint par John Rozum, qui signe seul, et sur le tome 4 est remplacé par Kevin J. Anderson, auteur des quelques romans issus de l'univers de The X-Files.
Graphiquement la série est confiée à un Charlie Adlard (Walking Dead) alors débutant. Et ça se sent. On reconnaît à peine les personnages dans ses planches. Un choix assumé par l'éditeur, qui dit l'avoir choisi pour ses capacités non pas à dessiner des visages ressemblants (sic) mais plutôt à retranscrire les ambiances si particulières de la série. Sur ce plan je ne peux pas lui donner tort, Adlard fait preuve d'ingéniosité dans la mise en scène et les éclairages ; mais j'ai tout de même été bien gêné quasiment tout le long des deux premiers recueils par ces visages et ces morphologies approximatifs. Dans le tome 3 un épisode est dessiné par Gordon Purcell, bien meilleur sur tous les tableaux.
Même si aucun des épisodes ne fait avancer la trame principale, il n'empêche que les idées de Petrucha que l'on peut regrouper sous le titre générique de "Projet Aquarius") seront recyclées par la suite par Carter et ses scénaristes dans certains épisodes mémorables de la série. A noter qu'à l'instar de l'autre série éditée par Glénat Comics, les spécialistes Alain Carrazé et Romain Nigita livrent en bonus des informations sur les coulisses de la série TV et des comics. C'est très intéressant, pour les fans, ou les novices dans cet univers.
Ce Jardin d'hiver est un récit de science-fiction mais il est classé Roman graphique sur certains sites. Peut-être car les relations humaines entre les personnages y prennent une bonne place. C'est un ouvrage assez épais d'environ 150 pages ce qui permet de bien déployer l'histoire. On se trouve quelques années dans le futur, la planète a perdu toute végétation et une partie de la population à cause d'une pandémie en 2034. Les gens ne se nourrissent plus que de pilules de synthèse et la société devient de plus en plus hygiéniste et policière. Le postulat est très intéressant et sans que l'auteur l'ait voulu on peut faire un parallèle avec la situation actuelle de pandémie du covid (l'album est sorti fin 2019 donc quelques mois avant le début de la crise sanitaire).
On suit un couple qui rencontre un restaurateur à l'ancienne et tous trois entrent dans une forme de résistance en cherchant à retrouver ce qu'ils ont pu connaitre avant ce basculement de la planète. L'ensemble est assez cohérent, pas trop moralisateur. La fin m'a même laissé un goût de trop peu, il y a matière à développer encore cette société dystopique.
La note est entre 3 et 4. Une bonne lecture.
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Sapiens
J'ai plongé dans ce grand album carré car j'aime généralement bien ce que fait M. Pontarolo. Une fois encore j'ai bien apprécié son dessin où on retrouve les couleurs un peu rouille de Naciré et les machines, les visages allongés et anguleux des personnages comme taillés au couteau. Après quelques pages, on passe subitement dans un monde étrange, on suppose que le personnage principal qui est un écrivain en manque d'inspiration est plongé dans un rêve. Il y croise une vache humanoïde et une petite fille lunaire qui semble muette. C'est un peu abstrait et je ne suis pas sûr d'avoir compris l'intégralité du message de l'auteur. Pour autant j'ai bien aimé être embarqué dans ce voyage onirique.
Les Fins du Monde
Sur un format Patte de Mouche, sauf que ça s'appelle Patte d'Eph, deux professeurs tentent de mettre au point chacun de leur côté d'une avenue leur recette pour détruire la planète. Le jeune Boris passe d'un appartement à l'autre pour éviter la catastrophe. On retrouve les personnages animaliers de Lewis Trondheim, c'est rigolo et fait sourire. Clairement cela ne va pas laisser un souvenir impérissable non plus.
Il faut flinguer Ramirez
Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte ces deux dernières années (ou plus modestement « les bédéphiles qui auraient vécu dans une grotte »), "Il faut flinguer Ramirez" est la série du moment. Aujourd’hui, alors que vient de paraître le second volet, j'ai voulu comprendre les raisons de ce succès en me lançant dans la lecture des deux premiers actes. Nicolas Pétrimaux est un touche-à-tout qui à près de 40 ans vient de tenter une incursion réussie dans la bande dessinée. Il faut flinguer Ramirez est sa première production en la matière, après des années à travailler en tant qu’illustrateur et story-boarder (si on veut résumer) dans le domaine des jeux vidéo, où il réalisait des cinématiques. Cet auteur résidant à Lyon, lit-on dans le dossier de presse, a même eu l’occasion de réaliser un court-métrage intitulé Allo Zombie en 2007. Et à la lecture d’IFFR, force est de reconnaître qu’on est à peine surpris, tant l’objet donne l’impression d’être en train de visionner un film. Il ne manquerait que le seau de pop-corn à portée de main ! Pour reprendre l’analogie, autant être prévenu, le gars Pétrimaux ne fait pas dans l’Art et essai, et il ne fait même pas semblant ! « IFFR », c’est du pur fun en rafale, des cascades et des explosions toutes les deux pages. Le mode « entertainment » est complètement assumé, et tant pis pour les snobs qui risquent de se pincer le nez. En apparence (mais en apparence seulement), c’est du bourrin premier choix, mais cet enfant de la pub qu’est Pétrimaux est plus malin que ça. Il a bien compris que la BD à papa, c’était bel et bien révolu, et qu’aujourd’hui, un polar avec des gangsters devait s’adapter à l’air du temps. L’auteur a su concocter une recette où le hasard n’a pas sa place : dans une grande marmite vintage 80’s (le recyclage, c’est tendance et la classe assurée), ajoutons un peu de Thelma et Louise (goudou vintage style), un peu de Tarantino (le vintage du vintage, déjà ?) un peu de GTA (le monde est un jeu vidéo), des morceaux de latinos badass (parce qu’avec eux, faut jamais faire le malin), des cols pelle à tarte (sans les chemises hawaïennes toutefois), une pincée de parodies de pubs d’époque, et pour lier le tout, des gimmicks forts (l’aspirateur dont Ramirez ne se sépare jamais, la Renault 5 Le Car …), bref, des ingrédients qui semblent avoir été sélectionnés à coup d’études marketing premium pour contribuer au succès de la série. Sur un rythme échevelé, nous suivons donc les aventures de cet employé modèle qu’est Ramirez, qui ne s’exprime jamais — et pour cause, il est muet. Cette particularité ajoute à son mystère, lui qui semble désireux, comme on le découvrira au fil du récit, de se faire oublier du milieu de la mafia mexicaine, sans que l’on sache vraiment pourquoi. L’homme travaille pour un fabricant d’aspirateurs, et d’ailleurs, « personne ne répare un aspirateur comme lui ». Il est petit, moche, affublé d’une tache de naissance qui lui barre le visage, larbin de tous et pourtant respecté par son talent. Même son chef, Sanchez – vraisemblablement d’origine latino comme lui —, un salopard incompétent qui le méprise plus que ne pourrait le faire un WASP de base, est obligé de le ménager un minimum… Il porte un prénom français démodé (Jacques) et préfère laisser dire ceux qui parlent… Il vit ainsi son quotidien terne d’employé effacé, ce qui semble lui convenir tout à fait… jusqu’au jour où son passé va venir le rattraper, avec l’apparition concomitante et fortuite de deux starlettes en cavale, qui ne sont pas du genre à s’en laisser conter. Graphiquement parlant, l’amateur de jeux vidéo ou de ciné à grand spectacle est servi. Le design hyperréaliste des décors a été conçu en 3D et rappelle furieusement l’univers de « Grand Theft Auto ». Cela reste un peu froid, mais c’est très bien réalisé et on imagine sans peine que Pétrimaux n’a pas compté ses heures pour arriver à un tel résultat. L’aspect des personnages nous rappelle qu’on est bien dans une bande dessinée (encore heureux), plus en phase avec les codes franco-belges. Pour ce thriller mené à un train d’enfer entre l’Arizona et le Mexique, la mise en page très dynamique est on ne peut plus adaptée, avec une utilisation très léchée de la couleur et des effets spéciaux numériques qui savent se faire oublier… La disposition un peu déroutante des phylactères qui serpentent à travers plusieurs cases reste un bémol même si on finit par s’y habituer au fil de l’histoire. Une des trouvailles reste l’insertion de publicités, d’articles de journaux locaux ou de magazines people, dans un style parodique, permettant de fournir des respirations bienvenues à la trame principale qui voit les scènes d’actions s’enchaîner presque sans répit. L’humour relève de l’esprit potache bon-enfant et d’un certain « esprit Canal », mais on peut déplorer les clins d’œil un peu trop appuyés. Même si l’on n’est pas forcément client du genre, il est impossible de massacrer IFFR tant l’on est impressionné par la masse de travail qui a dû être déployée pour arriver à un tel résultat. Il serait pourtant facile de le faire, car si la forme reste assez originale, le fond demeure pour le moins superficiel. En outre, ce type de scénario a déjà été vu mille fois, mais il se trouve que ce petit Ramirez a un je-ne-sais-quoi d’attachant dans sa manière de traverser les champs de mine en conservant toujours le même air imperturbable, de s’accrocher à son aspirateur comme le Gollum à son précieux avec des yeux de chien battu. Avec tout ça, difficile de croire qu’il puisse être l’homme à abattre… Ainsi, force est d’admettre que le succès de cette série populaire est loin d’être usurpé. Un succès qui, de toute évidence, ne s’estompera pas aussi vite qu’il est venu, il suffit pour le comprendre de regarder sur les réseaux sociaux l’enthousiasme que suscite la BD parmi ses fans.
Le Spirou de Frank Le Gall - Les Marais du Temps
J'avais gardé un bon souvenir de cet album, mais comme je n'avais pas les idées claires, je l'ai relu...et j'ai été un peu déçu parce que c'était mieux dans mon souvenir. J'aime bien le dessin de Le Gall, même si c'est vrai que son Spirou est un peu 'bizarre'. J'ai été plus séduit par son Fantasio et son Zorglub. Il utilise bien ce personnage d'ailleurs, le montrant dans un rôle ambiguë. Même si Zorglub n'est plus le méchant qu'il était au début, il a toujours quelques plans à la moralité douteuse. L'idée du voyage dans le temps est pas mal, quoique les ficelles sont un peu trop grosses à la fin. J'ai aussi ressenti qu'il y avait des longueurs. En fait, si j'ai bien aimé les scènes dans le passé, notamment pour l'ambiance, j'ai moins bien accroché aux scènes se passant dans le présent avec Spip, le biologiste et son neveu. Cela reste tout de même un one-shot supérieur à bien des albums qui sont sortis ensuite.
Echappée belle
J’ai quasiment le même ressenti que Ems après la lecture de cet album. La lecture est fluide et plutôt agréable. Le dessin est moderne, dynamique, le Noir et Blanc gras colle bien à l’ambiance un peu poisseuse de ce court road movie. Mais voilà, il y a quand même un goût de trop peu. En effet, si toutes les pièces du puzzle s’imbriquent à la fin, c’est pour nous révéler les dessous d’une intrigue assez pauvre finalement, sans que l’on connaisse grand-chose du couple accidenté, ou des braqueurs masqués. Du coup, c’est un peu la frustration qui domine, car j’ai eu l’impression de lire un synopsis, ou une idée de départ, qui n’aurait finalement pas été poursuivie ou développée suffisamment pour lui donner du corps. Note réelle 2,5/5.
1984 (Torregrossa)
En l’espace de deux mois, ce ne seront pas moins de quatre adaptations de « 1984 » qui auront été publiées (une en novembre 2020 et trois ce mois-ci). Il faut dire que 70 ans après la sortie française du roman culte de George Orwell, désormais entré dans le domaine public, plusieurs éditeurs (Soleil, Sarbacane, Rocher et Grasset) se tenaient sur les starting blocks pour sortir leur propre version. On pourra objecter que cela est tout à fait ridicule de sortir en même temps quatre adaptations, mais quoiqu’en en pense, cela confirme toute la puissance et la modernité du livre de l’auteur anglais. Si la pertinence d’une adaptation est incontestable, reste à en connaître la valeur ajoutée. Commençons avec celle de Soleil Productions. Sur le plan graphique, Rémi Torregrossa prouve qu’il sait dessiner, cela n’est pas à contester. Son style réaliste et assez détaillé, un peu froid, a su parfaitement donner corps au roman d’Orwell, en restituant scrupuleusement l’univers du livre que chacun pouvait avoir en tête. Le choix du noir et blanc paraissait approprié pour dépeindre un monde terne et déshumanisé, avec une rare intrusion de la couleur dans les scènes où Winston et Julia parviennent à se retrouver dans un cadre intime pour vivre leur amour. Clairement, on reste dans l’académisme propre à tout un pan de la bande dessinée actuelle et qui caractérise le plus souvent les séries dont le but est de capter le public le plus large, et qui probablement laissera de marbre la frange des bédéphiles en quête d’originalité. La narration de Jean-Christophe Derrien est de façon peu surprenante à l’image du dessin. Elle suit à la lettre la structure de l’œuvre littéraire, la seule digression que s’est autorisée le scénariste étant d’avoir choisi un angle subjectif en utilisant les extraits de journal du héros Winston. Ce faisant, cette option permet à l’histoire de conserver une grande fluidité, à l’instar du roman d’Orwell. En optant pour la fidélité au récit d’origine, on pourrait en déduire que Soleil a voulu limiter les risques d’un échec commercial. Cette version, qui semble être la plus convenue, est loin d’être mauvaise mais n’apportera pas grand-chose au « 1984 » de 1949, et ne conviendra qu’à ceux qui ne lisent que de la BD. A cet égard, on ne pourra que conseiller au lecteur — jeune ou non, et ouvert à tous les formats narratifs — de se précipiter plutôt sur l’ouvrage original, monument incontournable de la littérature de science-fiction qui conserve une acuité terrible sur la façon dont les technologies permettent de suivre à la trace les citoyens. A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, la question n’en est que plus brûlante. Les télécrans de « 1984 » ne sont-ils pas d’une certaine manière les smartphones de 2021 ?
Fichtre ! (Montt)
Voici un bon recueil d'un auteur chilien que je ne connaissais pas. Ce sont des gags en une image, sans liens entre eux, sur différents sujets comme l'art (on y croise Dali par exemple), la religion, mais aussi la culture populaire comme les super héros Batman, Iron Man etc. On ne rit pas aux éclats mais on sourit très souvent sur l'inventivité de cet auteur. Malgré qu'il soit chilien, les références des gags sont toutes compréhensibles pour un lecteur européen, ou bien c'est l'éditeur qui a fait une sélection intelligente. Bonne lecture, bons dessins à la ligne claire, un album qui peut se relire facilement à l'occasion.
La Tragédie Brune
Je ne connaissais pas Xavier de Hauteclocque et l'adaptation en bande dessinée de son reportage sur les débuts de l'Allemagne nazie me donne envie de mieux le connaitre. Il s'est vite rendu compte des dangers du nazisme. Le livre est intéressant parce qu'on voit comment tout a changé en quelques mois seulement alors que je pensais que les nazis avaient graduellement pris le contrôle de la pensée au fil des années. Ça fait peur de voir comment la violence et la répression peut changer les hommes. Malgré cela, je ne suis pas certain de la note à donner à cet album parce que même si le propos est intéressant, je mentirais si j'écrivais que c'était une lecture passionnante. En effet, cela manque un peu d'émotions. Même lorsqu'on montrait une situation horrible, je n'ai pas été particulièrement touché. Je pense que c'est dû au fait que c'est une adaptation et non une BD-reportage du genre que fait Joe Sacco. Comme le dit Ro, le traitement est un peu trop académique. Ça me fait penser à quelques adaptations de roman en BD que j'ai lues où les adaptateurs n'avaient pas réussi à retranscrire les émotions que j'ai eu en lisant l'œuvre originale. Peut-être que je devrais lire le livre de Xavier de Hauteclocque. En tout cas, les extraits présents à la fin de l'album donnent envie !
The X-Files Archives
Après (ou en même temps) la publication de The X-Files, les Editions Glénat ont édité une autre série dérivée de la célèbre série TV mettant en scène Mulder et Scully. Ces Archives sont en quelque sorte des histoires inédites de la grande époque, réalisées en même temps que leurs grandes soeurs. Toujours supervisées par Chris Carter, elles mettent donc Mulder et Scully en scène face à de nombreux phénomènes inexpliqués, et la plupart du temps pas réellement résolus, ce qui faisait aussi le sel des aventures d'origine. On peut distinguer un arc narratif au sein des deux premiers recueils, regroupant 12 épisodes, tous écrits par Stefan Petrucha. Ainsi trouve-t-on des extraterrestres, des monstres et quelques personnages récurrents, tels que le général Schadenfreude, une sorte de "mythologie" secondaire, en référence à une trame qui émaille la série principale. Des histoires qui se tiennent à peu près, même si les épisodes relatifs à des légendes aztèques m'ont moins convaincus. Il faut dire que ces deux épisodes ont été intervertis dans le tome 2, ce qui induit de la confusion chez le lecteur. Sans doute une erreur de fichier. Par la suite il est rejoint par John Rozum, qui signe seul, et sur le tome 4 est remplacé par Kevin J. Anderson, auteur des quelques romans issus de l'univers de The X-Files. Graphiquement la série est confiée à un Charlie Adlard (Walking Dead) alors débutant. Et ça se sent. On reconnaît à peine les personnages dans ses planches. Un choix assumé par l'éditeur, qui dit l'avoir choisi pour ses capacités non pas à dessiner des visages ressemblants (sic) mais plutôt à retranscrire les ambiances si particulières de la série. Sur ce plan je ne peux pas lui donner tort, Adlard fait preuve d'ingéniosité dans la mise en scène et les éclairages ; mais j'ai tout de même été bien gêné quasiment tout le long des deux premiers recueils par ces visages et ces morphologies approximatifs. Dans le tome 3 un épisode est dessiné par Gordon Purcell, bien meilleur sur tous les tableaux. Même si aucun des épisodes ne fait avancer la trame principale, il n'empêche que les idées de Petrucha que l'on peut regrouper sous le titre générique de "Projet Aquarius") seront recyclées par la suite par Carter et ses scénaristes dans certains épisodes mémorables de la série. A noter qu'à l'instar de l'autre série éditée par Glénat Comics, les spécialistes Alain Carrazé et Romain Nigita livrent en bonus des informations sur les coulisses de la série TV et des comics. C'est très intéressant, pour les fans, ou les novices dans cet univers.
Jardin d'hiver
Ce Jardin d'hiver est un récit de science-fiction mais il est classé Roman graphique sur certains sites. Peut-être car les relations humaines entre les personnages y prennent une bonne place. C'est un ouvrage assez épais d'environ 150 pages ce qui permet de bien déployer l'histoire. On se trouve quelques années dans le futur, la planète a perdu toute végétation et une partie de la population à cause d'une pandémie en 2034. Les gens ne se nourrissent plus que de pilules de synthèse et la société devient de plus en plus hygiéniste et policière. Le postulat est très intéressant et sans que l'auteur l'ait voulu on peut faire un parallèle avec la situation actuelle de pandémie du covid (l'album est sorti fin 2019 donc quelques mois avant le début de la crise sanitaire). On suit un couple qui rencontre un restaurateur à l'ancienne et tous trois entrent dans une forme de résistance en cherchant à retrouver ce qu'ils ont pu connaitre avant ce basculement de la planète. L'ensemble est assez cohérent, pas trop moralisateur. La fin m'a même laissé un goût de trop peu, il y a matière à développer encore cette société dystopique. La note est entre 3 et 4. Une bonne lecture.