Dans un petit format assez inhabituel chez Futuropolis, Stéphane Levallois présente un album dont l’intrigue est assez simple, pour ne pas dire minimaliste. Une jeune fille est rackettée, son téléphone volé. Poignardée par son agresseur, elle est hospitalisée en urgence. Voilà pour l’histoire. Le reste ? Ce sont les visites à l’hôpital de son père, et les rêves, cauchemars de l’adolescente.
Alors c’est sûr, sur un canevas aussi simple, et sur plus de 300 pages, on peut craindre des longueurs, et il y en a. Surtout que l’album est entièrement muet.
Mais je ne me suis pas ennuyé, et j’ai plutôt bien aimé ma lecture. Car le dessin de Levallois est des plus chouettes !
Il utilise plusieurs techniques (dessin au rotring ou à l’encre de Chine, aquarelle, frottage), mais aussi plusieurs styles graphiques, du très réaliste au quasi abstrait, avec un trait parfois (souvent) très fin, mais parfois très gras, comme peut le faire Baudoin.
Et ce dessin est beau. Il prend son temps, use de digression, saute du coq à l’âne, de la métaphore. J’ai plusieurs fois eu l’impression que Levallois improvisait, comme un soliste de jazz, qui revient régulièrement sur la mélodie de base, tout en s’échappant de celle-ci au gré de son inspiration.
Un album sobre et sombre, simple et profond. Des temps faibles certes, mais j’y ai trouvé mon compte.
Note réelle 3,5/5.
Comme le dit si bien Gaston, je serais plus indulgent que certains autres posteurs. Certes, cette BD ne vole pas au dessus des nuées, mais elle reste honorable et dans la lignée de ce que Lapière a déjà proposé comme scénario. Et franchement, j'ai bien aimé !
La première chose qui frappe lorsque j'ai lu, comme beaucoup, c'est le trait de Dany. Il sait toujours s'y faire, le bougre, et son âge ne l'empêche pas de faire du dessin ambitieux, avec une patte assurée sur les premières planches d'une tempête tout en beauté. Le dessin des visages m'a semblé parfois un tantinet figé, mais globalement c'est du tout bon. On sent qu'il se fait plaisir sur les jeunes femmes, c'est du Dany. Je note que à part les corps exagérément trop parfait des femmes (la cellulite n'existe pas, les seins ne tombent jamais ...) il ne fait pas dans la redite en changeant juste de tête.
Niveau scénario, je ne savais pas trop où l'auteur voulait en venir en voyant la première partie se dérouler devant mes yeux. Le déroulé des conquêtes me semblait assez mal présenté, d'autant que l'accent semble être mis pour nous rendre ce personnage plutôt antipathique. La suite de l'histoire m'a confirmé que mon impression était bonne, Lapière semble vouloir nous présenter un personnage qui n'est pas foncièrement un sale type, mais qui peut être le méchant d'une histoire qui n'est pas la sienne. Et j'aime bien la façon dont ils le font. C'est pas du tout subtil, le sous-texte n'existe même pas et le texte est très clair. Mais parfois, ça a du bon de faire dans le brut de décoffrage. Surtout que la fin m'a semblé jouer assez finement là-dessus. Elle met en lumière la façon dont la parole des femmes se libère dans l'espace public, le fait que les comportements d'hier peuvent devenir des problématiques aujourd'hui, le tout sans accuser ouvertement les hommes de cette époque. C'est une constatation : le monde à changé, ce qui était normal hier n'est plus acceptable aujourd'hui. Le fait de le dire sans chercher de coupables me plait.
Ce n'est pas la BD du siècle, mais j'ai tout de même été charmé par celle-ci. Elle n'est pas subtile, pas parfaite mais arrive très correctement à faire ce qu'elle veut, et je lui tire mon chapeau pour cela. D'autant qu'on peut voir un parallèle assez clair sur le vieux personnage amateur de femmes et le dessinateur, Dany (je parle de sa propension à les croquer, je ne connais pas sa vie privée bien sur). C'est bien foutu, j'aime bien.
Cette série ne révolutionne pas le genre mais elle se lit sans déplaisir. Les scenarii qui mettent en scène les malheurs d'un musicien de jazz ou de blues sont assez nombreux.
Comme l'explique le héros Barry le blues est une musique qui se nourrit de mélancolie et de souffrance. On retrouve ces deux thèmes dans le récit assez classique de Raùl Ariño.
Une histoire de passé qui resurgit au plus mauvais moment. C'est le début d'une suite d'événements assez prévisibles si ce n'est une fin énigmatique qui ne m'a pas convaincu.
Même si le récit n'est pas particulièrement original, l'auteur sait créer une atmosphère envoûtante qui rend la lecture prenante en grande partie grâce au dessin.
Le graphisme est assez déroutant. Les personnages sont esquissés et seule leur silhouette est reconnaissable. La mise en couleur où chaque case présente une couleur dominante presque unique sur l'ensemble du dessin donne l'impression d'un voile.
Malgré tout l'auteur a su créer une ambiance qui m'a intéressé.
Cette série se lit rapidement et je l'ai trouvé assez agréable sauf la fin qui casse un peu l'ambiance générale.
Cette adaptation dispose de belles qualités mais aussi d’un défaut quelque peu gênant.
Qualité : le dessin, très lisible et disposant de l’espace nécessaire pour s’exprimer. Ce style « ligne claire » caractérise bien chaque personnage et propose des décors soignés. Des influences du manga et du dessin d’animation se font un peu ressentir et apportent de la modernité au trait. Franchement, c’est très agréable à lire.
Qualité : le sujet de ce récit. J’avoue en avoir un peu soupé de ces récits de déportés juifs durant la seconde guerre mondiale et je n’aurais jamais acheté cet album. J’ai eu la chance de pouvoir l’emprunter et j’en suis très heureux car l’histoire de Dita Adlerova m’était totalement inconnue et pourtant digne d’intérêt. Imaginez ! Une bibliothécaire à Auschwitz ! En charge de moins de 10 livres ! Mais qui risquait sa vie en les détenant ! Et à peine âgée de 14 ans au moment de son emprisonnement. De plus, ce récit permet de revenir sur la destinée d’un baraquement particulier du camp, destiné à pouvoir donner aux services de la Croix-Rouge une image faussée des conditions d’emprisonnement.
Qualité : ce récit est parfaitement adapté à un jeune public. Sans rien occulter des horreurs de l’holocauste, les auteurs évitent toute surenchère, se concentrant sur des valeurs telles que le courage ou la solidarité. Du coup, ce récit peut se lire à tout âge (dès 10 ans) et apportera à chacun son écot d’informations.
Défaut : adapté d’un roman, ce récit survole beaucoup de choses. Si l’adaptation en elle-même est très bien réalisée (le rythme est agréable, on ne sent pas de coupure dans le texte), le format de l’objet ne permet pas d’approfondir les choses. Résultat : j’ai eu l’impression de lire un résumé du livre. Très bien réalisé mais quand même frustrant à certains moments.
Mais c’est une lecture que je ne regrette pas. Un album soigné sur un destin hors du commun.
J'ai lu le roman culte d'Orwell lorsque j'étais étudiant, autant dire que ça remonte loin, mais c'est un bouquin qui cloue tellement le lecteur par le déploiement de son univers, qu'on est pratiquement obligé de s'en rappeler. Et ici, même si je n'ai plus tout en tête, au fur et à mesure de ma lecture, des souvenirs lointains, des bribes de lignes me revenaient, aussi j'ai trouvé que même si cet ouvrage propose une version un peu compressée de 1984, je pense que ça reste une bonne adaptation, j'ai l'impression que l'ensemble est bien restitué.
D'autant plus que le dessin qui est superbe, participe pleinement à l'atmosphère froide et déshumanisée du récit, par ses tonalités de gris, c'est une franche réussite graphique. Maintenant, pourquoi je note 3 seulement ? tout simplement parce que ce type d'histoire ne me branche pas, je ne raffole pas des ambiances à la Big Brother et de ce monde effrayant et totalitaire où règne la parano et où le sexe, l'érotisme et l'attirance physique sont bannies du système complètement contrôlé par un pouvoir tentaculaire. C'est pourquoi je suis tombé sur cette adaptation dans ma petite bibli, mais je ne chercherai pas à en lire d'autres, celle-ci m'a suffi.
Quand on y réfléchit bien, on s'aperçoit que ce roman d'Orwell était sacrément prophétique, déja en 1949, car de nos jours, on est fiché sur des cartes vitale ou de paiement, on est surveillé par nos téléphones ou par satellites, on est filmé par des réseaux urbains de caméras dans nos villes, on est estampillé sur nos ordinateurs en allant sur certains sites etc... bref on est pris en charge par des entités diverses du berceau à la tombe, c'est de la folie. Sur la fiche, il est indiqué "miroir à peine déformant de notre époque" : c'est tout à fait ça ! Il n'est pas étonnant que George Lucas avant Star Wars, ait réalisé un petit film expérimental, THX1138 où tout était également régenté et où l'amour était interdit, la procréation étant contrôlée, ce film s'est beaucoup inspiré de 1984, et en lisant cette Bd, j'y ai aussi pensé. D'ailleurs, le cinéma a pas mal abordé ce thème, notamment avec Brazil, Bienvenue à Gattaca, l'Armée des 12 singes, ou l'adaptation de 1984 par Michael Radford sortie en... 1984.
La lecture n’est pas désagréable, mais je lui ai trouvé un goût de trop peu, il m’a sans doute manqué quelque chose pour m’attacher aux personnages.
La narration est fluide, la période (dernières années du second Empire à Paris) globalement bien retracée, et le dessin est efficace, sympathique.
Mais presque trop propre sur lui, comme m’ont parues édulcorées certaines choses (la misère du petit peuple parisien, la violence sociale et urbaine – le sang ne semble pas couler). Les « méchants » (ici surtout le flic magouilleur et pervers) ne sont pas assez marqués et marquants. Et les « gentils » (Darius en Gavroche pas si misérable que ça, Gill en amoureux un peu transi) sont sans doute trop propres sur eux, « parfaits » (et se sont mis au service de Constance très très vite !).
Constance, venue à Paris rechercher un enfant qui lui a été retiré et qui a été adopté, est un personnage qui manque de coffre, d’aspérité (et parfois de crédibilité, comme lorsqu’elle se révèle violente vers la fin contre son « fils »).
La volonté d’ancrer l’intrigue dans la grande Histoire est louable. Mais la profusion de personnages littéraires, artistiques que Constance croise ne donne pas le change. Ils ne sont souvent là qu’artificiellement, « de passage » dans l’histoire (c’est un artifice souvent repérable, qui n'apporte au final rien à l'histoire). Du coup les Zola, Courbet et autres futurs impressionnistes, Jules Vallès, etc. ne donnent pas suffisamment de corps à l’intrigue. Celle-ci se déroulant au cœur du Paris populaire de 1869, on peine à y deviner les racines de la Commune.
Reste que, après avoir pointé ces défauts, il faut bien reconnaitre que ça se laisse lire. Mais du coup, je rejoins Canarde pour considérer un lectorat relativement jeune comme cœur de cible. Malgré une fin douloureuse (annoncée dans le titre, mais elle un peu édulcorée), c’est une vision un chouia artificielle du Paris de cette époque.
Une histoire sympathique. Sans plus, mais suffisamment pour que la lecture ait été agréable, et donc recommandée – via un emprunt éventuellement.
J’aime bien le dessin de Pontarolo, pourtant pas ce qu’il a fait de meilleur ou de plus original ici. J’apprécie surtout la colorisation, chaude, enfin chouette, à mon goût.
L’histoire se laisse lire, mais il y manque sans doute de quoi la densifier. C’est un peu mou et linéaire (les manigances et jalousie du contremaître ne suffisent pas à jouer ce rôle). Mais si la narration est sans doute trop simple, elle est en tout cas fluide, et l’intrigue, assez classique (le fils du propriétaire de la plantation qui s’amourache de la fille de la bonne, contre vents et marées) joue sans doute sur les bons sentiments, mais sans trop les appuyer.
A découvrir à l’occasion (sans en attendre trop de surprise non plus – c’est pourquoi un emprunt me parait une bonne chose.
Rien d’extraordinaire dans cet album, que ce soit au niveau du dessin (je ne suis pas fan du travail de Gnaedig) ou de l’histoire, dans laquelle j’ai trouvé plusieurs situations et personnages un chouia trop caricaturaux (comme ce patron franchement débile en autiste de l’informatique et d’internet, à qui le stagiaire fait la leçon comme à un demeuré).
Mais, malgré ces défauts – relatifs peut-être concernant le dessin, affaire de goût – c’est un album qui se laisse lire. Il dépeint la vie dans une petite entreprise, les relations plus ou moins factices et tendues entretenues par les collègues entre eux et vis-à-vis de leurs supérieurs ou subalternes, au moment où une fusion avec une autre entreprise laisse planer une « restructuration », avec les licenciements qui vont avec (et qu’illustrent et le titre et la couverture).
Si l’intrigue et beaucoup de personnages manquent sans doute d’épaisseur, cela se laisse lire agréablement. Quelques touches d’humour, et un cynisme (qui éclate en toute fin) qui pimentent cette chronique douce-amère, Thirault a su capter l’air du temps. En cela la lâcheté, le cynisme, l’arrivisme (et l’absence totale d’empathie du héros) relèvent un plat qui sinon aurait sans doute été trop insipide.
Au final, c’est une lecture de laquelle je suis sorti plus convaincu que je ne l’envisageais en cours de route.
2.5
Un adolescent rencontre une espèce de démone qui lui dit qu'elle lui accorde un vœu et il souhaite qu'elle soit sa grande sœur ! Ah oui le personnage féminin a des gros seins et très vite elle fait des trucs que ne font pas des grandes sœurs à leurs petits frères (enfin sauf peut-être celles qui se retrouvent devant un psychologue ou les services sociaux).
La trame de départ est donc le fantasme masculin d'avoir une femme plus mature qui aime un plus jeune et si le fanservice est sexy, il y a toujours une voix dans ma tête qui me dit qu'il y a tout de même un certain double standard. Je vois pas trop traduit en français un manga mettant en vedette un démon/esprit/monstre masculin avec un gros pénis prendre des bains avec une adolescente de 14 ans. Le manga n'est pas qu'une suite de scènes de fanservice, les premiers tomes montrant la vie de tous les jours de nos héros dans un ton parfois humoristique, parfois mélancolique. C'est pas mauvais, mais au bout d'un moment c'est un peu lassant.
Puis apparait un troisième personnage récurrent et l'histoire prend une tournure plus dramatique. J'ai accueilli ce changement avec plaisir sauf que le scénario n'est toujours pas palpitant à lire. Ça se laisse lire sans plus et je ne me vois pas lire plus de tomes d'un manga que je trouve moyen. Dommage parce que le dessin est très bon et les deux personnages principaux sont un peu attachants.
Les 'Chevaux du vent' est un diptyque qui se laisse agréablement lire mais qui manque vraiment d'une aura, d'une identité forte.
Le choix d'ancrer le récit dans les régions montagneuses du Tibet et du Népal, à l'époque coloniale (britannique), semblait pourtant prometteur. J'en reste finalement sur ma faim.
Le dessin est simple mais efficace et c'est davantage la colorisation qui donne du charme à cette histoire. Ce sont d'ailleurs les vives couleurs des premières de couverture (aussi bien des tomes 1 et 2 que de l'intégrale) qui avaient attisé ma curiosité.
Côté scénario, je trouve l'ensemble trop pauvre pour pouvoir prétendre à de plus amples éloges. Alors oui, on voit du paysage, et pas n'importe lequel, mais outre l'aspect contemplatif de l'œuvre, les personnages ne sont pas assez travaillés. Le récit reste trop manichéen, aussi bien pour les protagonistes que les antagonistes qui ne parviennent pas à évoluer, à se complexifier au fur et à mesure de l'histoire. Les relations humaines se limitent au strict minimum permettant de justifier l'avancée du scénario. Enfin, on devine malheureusement bien trop tôt la finalité du récit...
On apprend toutefois, pour ceux qui comme moi n'en avaient pas la moindre idée, le sens poétique de l'expression "chevaux du vent" ! ;)
Quelques références très pertinentes sont également dissimulées ici et là (beau travail de documentation de la part des auteurs).
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Racket
Dans un petit format assez inhabituel chez Futuropolis, Stéphane Levallois présente un album dont l’intrigue est assez simple, pour ne pas dire minimaliste. Une jeune fille est rackettée, son téléphone volé. Poignardée par son agresseur, elle est hospitalisée en urgence. Voilà pour l’histoire. Le reste ? Ce sont les visites à l’hôpital de son père, et les rêves, cauchemars de l’adolescente. Alors c’est sûr, sur un canevas aussi simple, et sur plus de 300 pages, on peut craindre des longueurs, et il y en a. Surtout que l’album est entièrement muet. Mais je ne me suis pas ennuyé, et j’ai plutôt bien aimé ma lecture. Car le dessin de Levallois est des plus chouettes ! Il utilise plusieurs techniques (dessin au rotring ou à l’encre de Chine, aquarelle, frottage), mais aussi plusieurs styles graphiques, du très réaliste au quasi abstrait, avec un trait parfois (souvent) très fin, mais parfois très gras, comme peut le faire Baudoin. Et ce dessin est beau. Il prend son temps, use de digression, saute du coq à l’âne, de la métaphore. J’ai plusieurs fois eu l’impression que Levallois improvisait, comme un soliste de jazz, qui revient régulièrement sur la mélodie de base, tout en s’échappant de celle-ci au gré de son inspiration. Un album sobre et sombre, simple et profond. Des temps faibles certes, mais j’y ai trouvé mon compte. Note réelle 3,5/5.
Un homme qui passe
Comme le dit si bien Gaston, je serais plus indulgent que certains autres posteurs. Certes, cette BD ne vole pas au dessus des nuées, mais elle reste honorable et dans la lignée de ce que Lapière a déjà proposé comme scénario. Et franchement, j'ai bien aimé ! La première chose qui frappe lorsque j'ai lu, comme beaucoup, c'est le trait de Dany. Il sait toujours s'y faire, le bougre, et son âge ne l'empêche pas de faire du dessin ambitieux, avec une patte assurée sur les premières planches d'une tempête tout en beauté. Le dessin des visages m'a semblé parfois un tantinet figé, mais globalement c'est du tout bon. On sent qu'il se fait plaisir sur les jeunes femmes, c'est du Dany. Je note que à part les corps exagérément trop parfait des femmes (la cellulite n'existe pas, les seins ne tombent jamais ...) il ne fait pas dans la redite en changeant juste de tête. Niveau scénario, je ne savais pas trop où l'auteur voulait en venir en voyant la première partie se dérouler devant mes yeux. Le déroulé des conquêtes me semblait assez mal présenté, d'autant que l'accent semble être mis pour nous rendre ce personnage plutôt antipathique. La suite de l'histoire m'a confirmé que mon impression était bonne, Lapière semble vouloir nous présenter un personnage qui n'est pas foncièrement un sale type, mais qui peut être le méchant d'une histoire qui n'est pas la sienne. Et j'aime bien la façon dont ils le font. C'est pas du tout subtil, le sous-texte n'existe même pas et le texte est très clair. Mais parfois, ça a du bon de faire dans le brut de décoffrage. Surtout que la fin m'a semblé jouer assez finement là-dessus. Elle met en lumière la façon dont la parole des femmes se libère dans l'espace public, le fait que les comportements d'hier peuvent devenir des problématiques aujourd'hui, le tout sans accuser ouvertement les hommes de cette époque. C'est une constatation : le monde à changé, ce qui était normal hier n'est plus acceptable aujourd'hui. Le fait de le dire sans chercher de coupables me plait. Ce n'est pas la BD du siècle, mais j'ai tout de même été charmé par celle-ci. Elle n'est pas subtile, pas parfaite mais arrive très correctement à faire ce qu'elle veut, et je lui tire mon chapeau pour cela. D'autant qu'on peut voir un parallèle assez clair sur le vieux personnage amateur de femmes et le dessinateur, Dany (je parle de sa propension à les croquer, je ne connais pas sa vie privée bien sur). C'est bien foutu, j'aime bien.
Bluesman (Ariño)
Cette série ne révolutionne pas le genre mais elle se lit sans déplaisir. Les scenarii qui mettent en scène les malheurs d'un musicien de jazz ou de blues sont assez nombreux. Comme l'explique le héros Barry le blues est une musique qui se nourrit de mélancolie et de souffrance. On retrouve ces deux thèmes dans le récit assez classique de Raùl Ariño. Une histoire de passé qui resurgit au plus mauvais moment. C'est le début d'une suite d'événements assez prévisibles si ce n'est une fin énigmatique qui ne m'a pas convaincu. Même si le récit n'est pas particulièrement original, l'auteur sait créer une atmosphère envoûtante qui rend la lecture prenante en grande partie grâce au dessin. Le graphisme est assez déroutant. Les personnages sont esquissés et seule leur silhouette est reconnaissable. La mise en couleur où chaque case présente une couleur dominante presque unique sur l'ensemble du dessin donne l'impression d'un voile. Malgré tout l'auteur a su créer une ambiance qui m'a intéressé. Cette série se lit rapidement et je l'ai trouvé assez agréable sauf la fin qui casse un peu l'ambiance générale.
La Bibliothécaire d'Auschwitz
Cette adaptation dispose de belles qualités mais aussi d’un défaut quelque peu gênant. Qualité : le dessin, très lisible et disposant de l’espace nécessaire pour s’exprimer. Ce style « ligne claire » caractérise bien chaque personnage et propose des décors soignés. Des influences du manga et du dessin d’animation se font un peu ressentir et apportent de la modernité au trait. Franchement, c’est très agréable à lire. Qualité : le sujet de ce récit. J’avoue en avoir un peu soupé de ces récits de déportés juifs durant la seconde guerre mondiale et je n’aurais jamais acheté cet album. J’ai eu la chance de pouvoir l’emprunter et j’en suis très heureux car l’histoire de Dita Adlerova m’était totalement inconnue et pourtant digne d’intérêt. Imaginez ! Une bibliothécaire à Auschwitz ! En charge de moins de 10 livres ! Mais qui risquait sa vie en les détenant ! Et à peine âgée de 14 ans au moment de son emprisonnement. De plus, ce récit permet de revenir sur la destinée d’un baraquement particulier du camp, destiné à pouvoir donner aux services de la Croix-Rouge une image faussée des conditions d’emprisonnement. Qualité : ce récit est parfaitement adapté à un jeune public. Sans rien occulter des horreurs de l’holocauste, les auteurs évitent toute surenchère, se concentrant sur des valeurs telles que le courage ou la solidarité. Du coup, ce récit peut se lire à tout âge (dès 10 ans) et apportera à chacun son écot d’informations. Défaut : adapté d’un roman, ce récit survole beaucoup de choses. Si l’adaptation en elle-même est très bien réalisée (le rythme est agréable, on ne sent pas de coupure dans le texte), le format de l’objet ne permet pas d’approfondir les choses. Résultat : j’ai eu l’impression de lire un résumé du livre. Très bien réalisé mais quand même frustrant à certains moments. Mais c’est une lecture que je ne regrette pas. Un album soigné sur un destin hors du commun.
1984 (Torregrossa)
J'ai lu le roman culte d'Orwell lorsque j'étais étudiant, autant dire que ça remonte loin, mais c'est un bouquin qui cloue tellement le lecteur par le déploiement de son univers, qu'on est pratiquement obligé de s'en rappeler. Et ici, même si je n'ai plus tout en tête, au fur et à mesure de ma lecture, des souvenirs lointains, des bribes de lignes me revenaient, aussi j'ai trouvé que même si cet ouvrage propose une version un peu compressée de 1984, je pense que ça reste une bonne adaptation, j'ai l'impression que l'ensemble est bien restitué. D'autant plus que le dessin qui est superbe, participe pleinement à l'atmosphère froide et déshumanisée du récit, par ses tonalités de gris, c'est une franche réussite graphique. Maintenant, pourquoi je note 3 seulement ? tout simplement parce que ce type d'histoire ne me branche pas, je ne raffole pas des ambiances à la Big Brother et de ce monde effrayant et totalitaire où règne la parano et où le sexe, l'érotisme et l'attirance physique sont bannies du système complètement contrôlé par un pouvoir tentaculaire. C'est pourquoi je suis tombé sur cette adaptation dans ma petite bibli, mais je ne chercherai pas à en lire d'autres, celle-ci m'a suffi. Quand on y réfléchit bien, on s'aperçoit que ce roman d'Orwell était sacrément prophétique, déja en 1949, car de nos jours, on est fiché sur des cartes vitale ou de paiement, on est surveillé par nos téléphones ou par satellites, on est filmé par des réseaux urbains de caméras dans nos villes, on est estampillé sur nos ordinateurs en allant sur certains sites etc... bref on est pris en charge par des entités diverses du berceau à la tombe, c'est de la folie. Sur la fiche, il est indiqué "miroir à peine déformant de notre époque" : c'est tout à fait ça ! Il n'est pas étonnant que George Lucas avant Star Wars, ait réalisé un petit film expérimental, THX1138 où tout était également régenté et où l'amour était interdit, la procréation étant contrôlée, ce film s'est beaucoup inspiré de 1984, et en lisant cette Bd, j'y ai aussi pensé. D'ailleurs, le cinéma a pas mal abordé ce thème, notamment avec Brazil, Bienvenue à Gattaca, l'Armée des 12 singes, ou l'adaptation de 1984 par Michael Radford sortie en... 1984.
Les Damnés de Paris
La lecture n’est pas désagréable, mais je lui ai trouvé un goût de trop peu, il m’a sans doute manqué quelque chose pour m’attacher aux personnages. La narration est fluide, la période (dernières années du second Empire à Paris) globalement bien retracée, et le dessin est efficace, sympathique. Mais presque trop propre sur lui, comme m’ont parues édulcorées certaines choses (la misère du petit peuple parisien, la violence sociale et urbaine – le sang ne semble pas couler). Les « méchants » (ici surtout le flic magouilleur et pervers) ne sont pas assez marqués et marquants. Et les « gentils » (Darius en Gavroche pas si misérable que ça, Gill en amoureux un peu transi) sont sans doute trop propres sur eux, « parfaits » (et se sont mis au service de Constance très très vite !). Constance, venue à Paris rechercher un enfant qui lui a été retiré et qui a été adopté, est un personnage qui manque de coffre, d’aspérité (et parfois de crédibilité, comme lorsqu’elle se révèle violente vers la fin contre son « fils »). La volonté d’ancrer l’intrigue dans la grande Histoire est louable. Mais la profusion de personnages littéraires, artistiques que Constance croise ne donne pas le change. Ils ne sont souvent là qu’artificiellement, « de passage » dans l’histoire (c’est un artifice souvent repérable, qui n'apporte au final rien à l'histoire). Du coup les Zola, Courbet et autres futurs impressionnistes, Jules Vallès, etc. ne donnent pas suffisamment de corps à l’intrigue. Celle-ci se déroulant au cœur du Paris populaire de 1869, on peine à y deviner les racines de la Commune. Reste que, après avoir pointé ces défauts, il faut bien reconnaitre que ça se laisse lire. Mais du coup, je rejoins Canarde pour considérer un lectorat relativement jeune comme cœur de cible. Malgré une fin douloureuse (annoncée dans le titre, mais elle un peu édulcorée), c’est une vision un chouia artificielle du Paris de cette époque.
Les Déchaînés
Une histoire sympathique. Sans plus, mais suffisamment pour que la lecture ait été agréable, et donc recommandée – via un emprunt éventuellement. J’aime bien le dessin de Pontarolo, pourtant pas ce qu’il a fait de meilleur ou de plus original ici. J’apprécie surtout la colorisation, chaude, enfin chouette, à mon goût. L’histoire se laisse lire, mais il y manque sans doute de quoi la densifier. C’est un peu mou et linéaire (les manigances et jalousie du contremaître ne suffisent pas à jouer ce rôle). Mais si la narration est sans doute trop simple, elle est en tout cas fluide, et l’intrigue, assez classique (le fils du propriétaire de la plantation qui s’amourache de la fille de la bonne, contre vents et marées) joue sans doute sur les bons sentiments, mais sans trop les appuyer. A découvrir à l’occasion (sans en attendre trop de surprise non plus – c’est pourquoi un emprunt me parait une bonne chose.
Vider la corbeille
Rien d’extraordinaire dans cet album, que ce soit au niveau du dessin (je ne suis pas fan du travail de Gnaedig) ou de l’histoire, dans laquelle j’ai trouvé plusieurs situations et personnages un chouia trop caricaturaux (comme ce patron franchement débile en autiste de l’informatique et d’internet, à qui le stagiaire fait la leçon comme à un demeuré). Mais, malgré ces défauts – relatifs peut-être concernant le dessin, affaire de goût – c’est un album qui se laisse lire. Il dépeint la vie dans une petite entreprise, les relations plus ou moins factices et tendues entretenues par les collègues entre eux et vis-à-vis de leurs supérieurs ou subalternes, au moment où une fusion avec une autre entreprise laisse planer une « restructuration », avec les licenciements qui vont avec (et qu’illustrent et le titre et la couverture). Si l’intrigue et beaucoup de personnages manquent sans doute d’épaisseur, cela se laisse lire agréablement. Quelques touches d’humour, et un cynisme (qui éclate en toute fin) qui pimentent cette chronique douce-amère, Thirault a su capter l’air du temps. En cela la lâcheté, le cynisme, l’arrivisme (et l’absence totale d’empathie du héros) relèvent un plat qui sinon aurait sans doute été trop insipide. Au final, c’est une lecture de laquelle je suis sorti plus convaincu que je ne l’envisageais en cours de route.
My Elder Sister
2.5 Un adolescent rencontre une espèce de démone qui lui dit qu'elle lui accorde un vœu et il souhaite qu'elle soit sa grande sœur ! Ah oui le personnage féminin a des gros seins et très vite elle fait des trucs que ne font pas des grandes sœurs à leurs petits frères (enfin sauf peut-être celles qui se retrouvent devant un psychologue ou les services sociaux). La trame de départ est donc le fantasme masculin d'avoir une femme plus mature qui aime un plus jeune et si le fanservice est sexy, il y a toujours une voix dans ma tête qui me dit qu'il y a tout de même un certain double standard. Je vois pas trop traduit en français un manga mettant en vedette un démon/esprit/monstre masculin avec un gros pénis prendre des bains avec une adolescente de 14 ans. Le manga n'est pas qu'une suite de scènes de fanservice, les premiers tomes montrant la vie de tous les jours de nos héros dans un ton parfois humoristique, parfois mélancolique. C'est pas mauvais, mais au bout d'un moment c'est un peu lassant. Puis apparait un troisième personnage récurrent et l'histoire prend une tournure plus dramatique. J'ai accueilli ce changement avec plaisir sauf que le scénario n'est toujours pas palpitant à lire. Ça se laisse lire sans plus et je ne me vois pas lire plus de tomes d'un manga que je trouve moyen. Dommage parce que le dessin est très bon et les deux personnages principaux sont un peu attachants.
Les Chevaux du vent
Les 'Chevaux du vent' est un diptyque qui se laisse agréablement lire mais qui manque vraiment d'une aura, d'une identité forte. Le choix d'ancrer le récit dans les régions montagneuses du Tibet et du Népal, à l'époque coloniale (britannique), semblait pourtant prometteur. J'en reste finalement sur ma faim. Le dessin est simple mais efficace et c'est davantage la colorisation qui donne du charme à cette histoire. Ce sont d'ailleurs les vives couleurs des premières de couverture (aussi bien des tomes 1 et 2 que de l'intégrale) qui avaient attisé ma curiosité. Côté scénario, je trouve l'ensemble trop pauvre pour pouvoir prétendre à de plus amples éloges. Alors oui, on voit du paysage, et pas n'importe lequel, mais outre l'aspect contemplatif de l'œuvre, les personnages ne sont pas assez travaillés. Le récit reste trop manichéen, aussi bien pour les protagonistes que les antagonistes qui ne parviennent pas à évoluer, à se complexifier au fur et à mesure de l'histoire. Les relations humaines se limitent au strict minimum permettant de justifier l'avancée du scénario. Enfin, on devine malheureusement bien trop tôt la finalité du récit... On apprend toutefois, pour ceux qui comme moi n'en avaient pas la moindre idée, le sens poétique de l'expression "chevaux du vent" ! ;) Quelques références très pertinentes sont également dissimulées ici et là (beau travail de documentation de la part des auteurs).