Un triptyque sympathique.
J’ai un temps cru que le côté ésotérique – autour d’un manuscrit prouvant que le christ a survécu à la croix et qu’il s’est ensuite rendu au Tibet – allait prendre le pas sur l’intrigue, dans quelque chose de déjà pas mal vu, et que je n’aime généralement pas trop.
Heureusement cet aspect reste en sourdine, certes présent jusqu’à la fin, avec l’intervention des autorités catholiques, mais, après un premier tome qui en avait fait son enjeu central, c’est en retrait, justifiant juste quelques montées en tension.
On est donc là sur du polar, plutôt bien fichu. Si le conflit sino-tibétain occupait le premier tome, c’est par la suite aux États-Unis que ça se passe, à Los Angeles, avec une bonne utilisation du Maccarthysme.
L’inévitable privé, qui navigue entre deux eaux, ajoute à quelques clichés (c’est aussi le personnage le plus intéressant).
La narration est fluide, et l’histoire se lit agréablement. Je regrette juste quelques longueurs, et une certaine mollesse parfois, ainsi qu’une fin un peu facile.
Mais ce qui garantit d’un bon moment de lecture, c’est aussi le dessin de Grella, vraiment intéressant – et beau.
L'histoire se déroule dans l'Empire russe du début du XXe siècle, à une époque où de jeunes officiers pouvaient encore partir chercher l'aventure et la gloire aux confins d’un territoire immense, comme le faisaient leurs homologues des armées coloniales occidentales, à ceci près que leurs campagnes se jouaient dans les steppes et les montagnes de l’Asie centrale. Le lieutenant Vassili, mû par le besoin de s'accomplir et de prouver sa valeur, a lui-même demandé à servir dans ces zones reculées. Et c'est lui, toujours, qui réclame les missions les plus risquées. Stratège habile, peu enclin à fuir le danger, il s’illustre rapidement… mais se durcit tout autant, gagnant en autorité ce qu’il perd peut-être en humanité.
Ce récit, à la fois dépaysant et parfois envoûtant, avance à bon rythme, usant de plusieurs ellipses conséquentes pour accompagner l’évolution de son protagoniste sans s’enliser. Le dessin, d’une sobriété maîtrisée, restitue avec efficacité les paysages rudes et dépouillés de ces régions, tout comme les dynamiques entre les hommes, rendues avec justesse et retenue. L’ensemble fonctionne, tient l’attention, et accompagne le lecteur jusqu’à une fin d’une brutalité inattendue, presque déroutante, tant elle donne l’impression qu’il manque un épilogue, voire un deuxième tome. Cette coupure soudaine laisse un goût d’inachevé, une frustration qui contraste avec la richesse du parcours proposé jusque-là.
Malgré cette sortie de route un peu sèche, le voyage reste marquant, porté par une atmosphère singulière et un personnage principal dont l’ascension a quelque chose d’à la fois admirable et inquiétant.
C’est une série qui a bien sa place dans cette collection des éditions Paquet dédiée aux avions. En effet, avions et combats aériens occupent une bonne partie des cinq albums (c’est même encore plus flagrant dans le dernier !).
C’est un récit de guerre, qui se déroule dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, du côté allemand, alors que la débâcle ne laisse plus trop de doute sur l’issue du conflit : les derniers aviateurs – dont Nikolaus, le héros – ne peuvent mener que des combats d’arrière-garde désespérés. Et autour, la série montre bien l’écroulement du Reich – ses villes, ses valeurs, etc.
Nous suivons donc Nikolaus, dont le frère, lui-même as de l’aviation, s’est suicidé après avoir trempé dans le dernier attentat visant Hitler. Une épée de Damoclès supplémentaire – en l’occurrence la Gestapo – menace notre pilote, en sus des aviateurs soviétiques.
Pinard a placé une touche fantastique dans son récit, avec ce chien qui dialogue avec Nikolaus. Même si en fin du dernier album une petite explication est donnée pour lier ce chien avec le frère du héros, je n’ai pas été convaincu de l’utilité de cette touche fantastique. Je pense que la partie « historique », militaire se suffisait, à condition de l’élaguer quelque peu.
En effet, il y a quelques longueurs. Longueurs accentuées par des textes extrêmement présents. Ajoutons à ça une foule de détails techniques (pas inutiles, et qui donnent une touche sérieuse au récit – et devraient contenter les amateurs du genre) : c’est parfois un chouia indigeste.
Une partie du récit – le ton employé, les textes abondants et souvent « explicatifs » (mais pas que) – mais surtout le dessin, donnent à cette série une patine un peu vieillotte. En effet, Dauger use d’une ligne claire ultra classique. C’est très réussi pour tout ce qui concerne décors et surtout avions (donc là les amateurs des avions soviétiques et allemands – en particulier le Messerschmitt 262, premier avion de combat à réaction - y trouveront leur compte), plus inégal concernant les visages, même si les traits sont plus détaillés et précis au fil des albums.
Au final, malgré les longueurs et des textes un peu trop dense parfois, c’est une série qui se laisse lire (la fin m’a par contre un peu déçu, un peu trop facile).
Un documentaire intéressant, fruit d’une enquête au long cours, menée par une architecte qui se posait des questions sur l’utilisation à outrance du béton (le départ de son questionnement : voir que l’on fait venir de plusieurs centaines de kilomètres du sable pour un projet de construction au Sahara !?).
Cette enquête, prépubliée dans sur un site suisse du même type que Médiapart je pense, est intéressante et jamais rébarbative. D’abord parce que ça part à chaque fois de cas concret avant de nous donner des chiffres, et surtout parce que la narration est aérée et fluide.
En tout cas voilà un sujet qui passe sous les radars de l’actualité – et même souvent sous les radars de ceux que les enjeux écologiques mobilisent – et qui mérite d’être mis en lumière, étant donnés les conséquences économiques et surtout écologiques du suremploi du béton et du ciment – et donc du sable.
Évidemment au cœur de cette enquête apparaissent des multinationales du secteur (Lafarge en tête), mais aussi d’autres requins qui gagnent des sommes énormes en exploitant la crédulité ou la méconnaissance de ceux à qui ils achètent des terrains (voir les exemples édifiants en Suisse). On voit aussi apparaitre le scandale de certaines installations que je connais bien pour avoir vécu tout près, le long de la Seine, à Paris.
A noter que les auteurs ne se contentent pas de dénoncer une hérésie écologique, mais de nombreuses pistes sont présentées, qui sont de bonnes alternatives au tout béton.
Un sujet important mais méconnu – ou plutôt maltraité et mal traité – que cet album permet de mieux appréhender (une bonne bibliographie complète l’enquête en fin de volume).
Le dessin d’Homs est fluide et agréable, et sa colorisation est elle aussi réussie. Les décors du Prague des années 1930 sont bien reconstitués, et les alternances entre gros plans et plans larges, entre parties plus sombres (beau rendu de l’enfer) et plus lumineuses, lui permettent de nous montrer son talent. Une mise en images plaisante donc.
J’ai parlé du Prague des années 1930 (1938 plus précisément), mais je m’attendais à ce que l’intrigue utilise encore davantage le climat angoissant de l’Anschluss (et la menace ressentie par les Tchèques des Sudètes ou d’ailleurs par la suite) – même si Hitler apparait, et si l’on voit à plusieurs reprises des Juifs persécutés par des Nazis. Mais tout ceci ne sert finalement qu’à ajouter de la noirceur à l’ambiance générale.
Dans cette atmosphère où l’enfer semble vouloir déborder sur la vie réelle, nous suivons Coral, une jeune fille (juive – ce qui n’est pas anodin ici) et ses relations plus ou moins tendues avec le diable (au passage, le diable peine – y compris dans des joutes verbales – à dominer Coral). Le père de la fille est un rabbin exorciste, spécialiste des luttes contre le diable. Au passage certaines scènes font penser au film « L’Exorciste » (en particulier lorsqu’un gamin exorcisé vomit).
Un récit relativement original, qui use de thèmes ésotériques et fantastiques (enfer/diable, golem, exorcisme), tout en nous racontant aussi en parallèle une relation distante entre une gamine et son père.
Les auteurs se sont bien documentés à propos du tremblement de terre qui a frappé San Francisco en 1906, ainsi que ses conséquences. C’est visible dans l’intéressant dossier concluant chacun des deux albums, mais aussi dans l’intrigue elle-même. Car les personnages inventés et l’histoire originale s’imbriquent parfaitement dans la grande Histoire et intègre bien les personnages « historiques » (dirigeants politiques, militaires de la ville, le ténor Caruso).
Si j’avais un petit bémol à évoquer, ce serait l’intrigue, que j’ai trouvé un peu légère. Et notre femme de chambre embarquée malgré elle dans une guerre entre gangs chinois et mafieux manque d’originalité. Les péripéties qui l’entourent servent avant tout de prétexte pour nous balader dans la ville frappée par le séisme.
Mais le séisme et ses conséquences – y compris la politique radicale du chef militaire – permettent de compenser le fil rouge un peu léger, en dynamisant le récit.
Les parallèles avec l’histoire de Judith et Holopherne sont un peu obscurs parfois, mais finalement ça ajoute un petit plus – et permet de revoir de jolis tableaux de Klimt.
Le dessin est inégal, mais globalement je l’ai bien aimé, et certaines planches sont vraiment très belles.
Un diptyque intéressant, qui utilise bien un événement dramatique pour donner du coffre au récit de base.
Une nouvelle série qui met en scène l'univers -impitoyable- de l'industrie du manga au Japon. Avec cette fois-ci un argument fantastique, puisqu'un mangaka célèbre et un de ses "extras" échangent leurs corps à la suite d'une chute dans un escalier. On n'en saura pas plus sur les raisons de ce transfert à l'issue de ce premier tome, mais l'essentiel est ailleurs : la façon dont les deux hommes vont investir leurs nouveaux statuts, l'un pour "rester" au sommet, l'autre pour lui tailler des croupières en attendant mieux.
Et c'est plutôt prenant, même si on n'est que dans la tête du "dragon", le sensei obligé de faire des extras pour exister en attendant mieux. Le "caméléon", lui, qui n'a comme seul talent que d'imiter graphiquement à la perfection les autres, et en particulier le "dragon". Car celui-ci, en plus d'avoir les dents qui rayent le parquet, cache une zone d'ombre qui est juste effleurée vers la fin de ce premier tome, et cela rajoute une couche d'originalité et de frisson dans cette histoire d'échange de corps.
Il y a aussi la dimension de satire -toute relative- du monde de l'édition manga au Japon, avec un aperçu des relations entre auteurs et assistants, mais aussi entre auteurs et éditeurs. De plus les chapitres sont entrecoupés de petits bonus à ce sujet, narrés par différents personnages du manga. Intéressant.
Le dessin de Ryo Ishiyama est vraiment bon, sans être exceptionnel.
Attendons la suite pour en savoir plus, mais c'est vraiment sympa, en attendant.
Sur une Terre postapocalyptique où les humains sains vivent dans des cités fortifiées, la jeune Tom a été exilée, enceinte, de sa ville. Elle n'a pour tout bagage qu'un sac à dos contenant du matériel de survie et une carte indiquant la route vers une autre cité en bord de mer. Livrée à elle-même, mais accompagnée d'une étrange petite fille muette, elle va traverser les étendues sauvages d'un monde dévasté où rôdent les pourris, des humains que la maladie a déformés et rendus aussi idiots que dangereux. Par chance, elle croisera la route d'un homme sain comme elle, qui décidera de la protéger dans cet environnement hostile.
C'est une histoire assez classique dans son genre. Beaucoup de déjà-vu pour qui a lu d'autres récits postapo. Les seules vraies particularités sont, d'une part, que l'héroïne est enceinte, et d'autre part, le mystère qui entoure son exil et la nature de la fillette qui l'accompagne. Pour cette dernière, on devine assez vite sa nature, sans vraiment comprendre ses motivations ni ce qui a poussé l'autrice à l'intégrer au récit. Quant à l'exil, on n'en saura jamais la raison.
Le premier tome suit donc une pérégrination vers l'Est avec deux seuls personnages centraux. Le second tome, lui, se pose dans une communauté humaine dirigée, comme si souvent dans ce genre de récits, par un personnage autoritaire aux intentions discutables. Je n'en dis pas plus, mais il faut reconnaître que rien ne vient vraiment bousculer cette intrigue assez convenue. L'histoire se clôt au bout du second tome, avec une fin qui laisse quelques questions ouvertes, mais qui reste globalement satisfaisante.
Côté dessin, c'est léger, sans être remarquable, mais suffisamment bien fait pour assurer une narration fluide et agréable. Bref, ça se lit comme un bon divertissement au rythme prenant, mais ça ne marquera ni par son originalité ni par sa profondeur.
La série ne m'intéressait vraiment pas plus que ça, mais j'avoue qu'après avoir lu tant d'avis sur le site la descendant en flèche j'ai été intriguée.
Le défaut qui semblait revenir le plus souvent concernant cette œuvre était visiblement l'emploi d'expression anachroniques et bien trop "parlées", vulgaires pourrait-on même dire. C'est ce point, justement, qui a attiré mon attention, car le sujet du ton et du vocabulaire des dialogues dans la fiction m'intéressent particulièrement et que la pertinence (ou non) du langage grossier dans une œuvre cherchant à insuffler des émotions est un sujet que je trouve sincèrement fascinant. L'emploi d'expression vulgaires est loin (très loin) d'être un défaut à mes yeux et privilégier une prose sentant bon notre parlé contemporain peut toujours être une bonne façon de donner du peps à un échange voire de créer des répliques d'une justesse touchante (et même souvent très belles). Hey, de nombreux-ses parolier-e-s se sont même spécialisé-e dans l'écriture de dialogues maniant habilement la construction de phrases complètes et de vulgarité bien sentie.
Je me sens obligée de vous parler de cela en ouverture d'avis car je pensais sincèrement avoir à faire ici à des gens réfractaires par simple principe à l'emploi de langages anachroniques et/ou vulgaire dans la fantaisie, chose que je trouverais donc un peu absurde et malvenue puisque un rejet catégorisé et absolu comme celui-ci fermerait la porte à bon nombre de possibilités narratives.
Cependant, sans rejoindre les reproches bien sévères de mes précesseur-euse-s, je comprend d'où vient le rejet dans le cas présent. Ce n'est pas tant un défaut de langage anachronique ou d'expressions vulgaires, c'est surtout que le ton des dialogues semble continuellement avoir le cul entre deux chaises. Les dialogues ne semblent jamais vraiment savoir choisir entre dialogues révérencieux et familiers, soutenus et simples. Rien de bien grave en réalité, les dialogues servent leur office sans être affligeant, mais il n'en sont pas non plus extraordinaires.
C'est le constat avec lequel je termine la lecture de ce premier album d'ailleurs : bon, efficace, mais pas non plus extraordinaire.
L'œuvre a des qualités, à commencer par son dessin et ses couleurs magnifiques, et le scénario, à base de créatures sanguinaires et mystérieuses tuant sans distinction les habitants d'un territoire enfermé dans une gigantesque enceinte, n'est pas mauvais.
Je n'ai pourtant pas vraiment accroché à l'histoire que veut raconter cette série, alors que les histoires de mystère, de fantastique, d'éveil à la sexualité (particulièrement, comme ici, homosexuelle) me plaisent normalement. L'œuvre n'est pas mauvaise, je ne vais pas lui rentrer dans le lard comme les avis précédents, mais ne pas la trouver mauvaise ne signifie pas que je vais la trouver excellente pour autant. Les idées de bases sont bonnes, l'exécution m'a laissée sur ma faim. Il y a une bonne histoire qui sommeille là-dedans, j'aurais aimé la lire, sincèrement. Le résultat est bon mais aurait pu facilement être mieux.
Rien n'est perdu cependant, il ne s'agit là que du début de l'histoire, la suite a toutes les chances de pouvoir s'améliorer, surtout que, encore une fois, la prémisse et le graphisme sont très bons.
A voir ce que la suite donnera (pas sûre cependant de poursuivre l'aventure).
(Note réelle 2,5)
Un grand-père ayant combattu pour l'Autriche durant la Première Guerre mondiale, d'abord sur le front russe puis sur le front italien, avant de devoir fuir le nazisme vingt ans plus tard pour s'exiler à Cuba, laissant temporairement le reste de sa famille en Europe. Un père ayant vécu enfant avec sa tante, réfugiée juive comme lui, sous l'Occupation en France. Et lui-même, Jordan Mechner, ayant grandi à New York et Los Angeles avant de s'installer dans le sud de la France, qui compile ici les souvenirs de ses parents et les siens propres, lui qui est surtout connu pour être le créateur du jeu vidéo Prince of Persia et de ses suites.
Autant dire qu'il avait beaucoup de choses à raconter, et cela aurait pu tenir en plusieurs romans graphiques. Il a pourtant fait le choix de tout regrouper dans un seul récit familial.
Était-ce judicieux ?
D'une certaine manière, oui. Cela permet de tout raconter à la fois, sans enfermer le lecteur dans un unique récit sur la vie en Autriche au début du XXe siècle, ou sur le nazisme et l'Occupation, ou sur la création de jeux vidéo, ou encore sur la vie personnelle du narrateur. Il raconte tout en parallèle dans un gros album de plus de 300 pages, qu'il dessine lui-même.
Mais ce choix a aussi ses limites, car il y mélange tout. Chaque récit suit à peu près une chronologie propre, mais ils s'intercalent les uns avec les autres, par blocs de deux pages en moyenne, et l'on saute régulièrement de l'un à l'autre de façon abrupte. Il y a aussi énormément de personnages, de noms, à chaque époque, ce qui rend parfois la lecture confuse, malgré un arbre généalogique en début d'album. On peut vite s'y perdre, confondre les figures, ou ne plus savoir à qui l'auteur fait référence.
Ces sauts d'une époque à l'autre donnent l'impression d'une narration hachée. Cela empêche de s'attacher pleinement à l'un ou l'autre des parcours de vie. Et c'est dommage, car chacun de ces récits aurait mérité plus d'espace. On lit rarement des témoignages sur les habitants de l'ancienne Autriche-Hongrie, et encore moins sur leur vécu de la Première Guerre mondiale. On connaît le nazisme et la Shoah, bien sûr, mais plus rarement à travers les yeux d'un gamin réfugié avec sa jeune tante, débrouillarde et pleine de ressources. Et enfin, parce que Prince of Persia sur Atari ST a marqué mon enfance, j'étais curieux d'en apprendre davantage sur sa création et sur son auteur, aussi à l'origine de Karateka et qui collaborera plus tard avec Ubisoft pour sortir Les Sables du Temps. Hélas, cette partie reste un peu survolée : malgré de nombreux passages, on ne suit jamais vraiment le développement complet d'un de ces jeux, de son début à sa fin.
J'ai donc trouvé cette lecture intéressante, et on sent bien que l'auteur avait énormément de choses à dire. Mais la structure narrative aurait, à mon avis, gagné à être différente, pour mieux transmettre les émotions, favoriser l'attachement aux personnages et éviter de perdre le fil entre les époques et les récits.
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Le Manuscrit Interdit
Un triptyque sympathique. J’ai un temps cru que le côté ésotérique – autour d’un manuscrit prouvant que le christ a survécu à la croix et qu’il s’est ensuite rendu au Tibet – allait prendre le pas sur l’intrigue, dans quelque chose de déjà pas mal vu, et que je n’aime généralement pas trop. Heureusement cet aspect reste en sourdine, certes présent jusqu’à la fin, avec l’intervention des autorités catholiques, mais, après un premier tome qui en avait fait son enjeu central, c’est en retrait, justifiant juste quelques montées en tension. On est donc là sur du polar, plutôt bien fichu. Si le conflit sino-tibétain occupait le premier tome, c’est par la suite aux États-Unis que ça se passe, à Los Angeles, avec une bonne utilisation du Maccarthysme. L’inévitable privé, qui navigue entre deux eaux, ajoute à quelques clichés (c’est aussi le personnage le plus intéressant). La narration est fluide, et l’histoire se lit agréablement. Je regrette juste quelques longueurs, et une certaine mollesse parfois, ainsi qu’une fin un peu facile. Mais ce qui garantit d’un bon moment de lecture, c’est aussi le dessin de Grella, vraiment intéressant – et beau.
Kizilkum
L'histoire se déroule dans l'Empire russe du début du XXe siècle, à une époque où de jeunes officiers pouvaient encore partir chercher l'aventure et la gloire aux confins d’un territoire immense, comme le faisaient leurs homologues des armées coloniales occidentales, à ceci près que leurs campagnes se jouaient dans les steppes et les montagnes de l’Asie centrale. Le lieutenant Vassili, mû par le besoin de s'accomplir et de prouver sa valeur, a lui-même demandé à servir dans ces zones reculées. Et c'est lui, toujours, qui réclame les missions les plus risquées. Stratège habile, peu enclin à fuir le danger, il s’illustre rapidement… mais se durcit tout autant, gagnant en autorité ce qu’il perd peut-être en humanité. Ce récit, à la fois dépaysant et parfois envoûtant, avance à bon rythme, usant de plusieurs ellipses conséquentes pour accompagner l’évolution de son protagoniste sans s’enliser. Le dessin, d’une sobriété maîtrisée, restitue avec efficacité les paysages rudes et dépouillés de ces régions, tout comme les dynamiques entre les hommes, rendues avec justesse et retenue. L’ensemble fonctionne, tient l’attention, et accompagne le lecteur jusqu’à une fin d’une brutalité inattendue, presque déroutante, tant elle donne l’impression qu’il manque un épilogue, voire un deuxième tome. Cette coupure soudaine laisse un goût d’inachevé, une frustration qui contraste avec la richesse du parcours proposé jusque-là. Malgré cette sortie de route un peu sèche, le voyage reste marquant, porté par une atmosphère singulière et un personnage principal dont l’ascension a quelque chose d’à la fois admirable et inquiétant.
Ciel en ruine
C’est une série qui a bien sa place dans cette collection des éditions Paquet dédiée aux avions. En effet, avions et combats aériens occupent une bonne partie des cinq albums (c’est même encore plus flagrant dans le dernier !). C’est un récit de guerre, qui se déroule dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, du côté allemand, alors que la débâcle ne laisse plus trop de doute sur l’issue du conflit : les derniers aviateurs – dont Nikolaus, le héros – ne peuvent mener que des combats d’arrière-garde désespérés. Et autour, la série montre bien l’écroulement du Reich – ses villes, ses valeurs, etc. Nous suivons donc Nikolaus, dont le frère, lui-même as de l’aviation, s’est suicidé après avoir trempé dans le dernier attentat visant Hitler. Une épée de Damoclès supplémentaire – en l’occurrence la Gestapo – menace notre pilote, en sus des aviateurs soviétiques. Pinard a placé une touche fantastique dans son récit, avec ce chien qui dialogue avec Nikolaus. Même si en fin du dernier album une petite explication est donnée pour lier ce chien avec le frère du héros, je n’ai pas été convaincu de l’utilité de cette touche fantastique. Je pense que la partie « historique », militaire se suffisait, à condition de l’élaguer quelque peu. En effet, il y a quelques longueurs. Longueurs accentuées par des textes extrêmement présents. Ajoutons à ça une foule de détails techniques (pas inutiles, et qui donnent une touche sérieuse au récit – et devraient contenter les amateurs du genre) : c’est parfois un chouia indigeste. Une partie du récit – le ton employé, les textes abondants et souvent « explicatifs » (mais pas que) – mais surtout le dessin, donnent à cette série une patine un peu vieillotte. En effet, Dauger use d’une ligne claire ultra classique. C’est très réussi pour tout ce qui concerne décors et surtout avions (donc là les amateurs des avions soviétiques et allemands – en particulier le Messerschmitt 262, premier avion de combat à réaction - y trouveront leur compte), plus inégal concernant les visages, même si les traits sont plus détaillés et précis au fil des albums. Au final, malgré les longueurs et des textes un peu trop dense parfois, c’est une série qui se laisse lire (la fin m’a par contre un peu déçu, un peu trop facile).
Béton - Enquête en sables mouvants
Un documentaire intéressant, fruit d’une enquête au long cours, menée par une architecte qui se posait des questions sur l’utilisation à outrance du béton (le départ de son questionnement : voir que l’on fait venir de plusieurs centaines de kilomètres du sable pour un projet de construction au Sahara !?). Cette enquête, prépubliée dans sur un site suisse du même type que Médiapart je pense, est intéressante et jamais rébarbative. D’abord parce que ça part à chaque fois de cas concret avant de nous donner des chiffres, et surtout parce que la narration est aérée et fluide. En tout cas voilà un sujet qui passe sous les radars de l’actualité – et même souvent sous les radars de ceux que les enjeux écologiques mobilisent – et qui mérite d’être mis en lumière, étant donnés les conséquences économiques et surtout écologiques du suremploi du béton et du ciment – et donc du sable. Évidemment au cœur de cette enquête apparaissent des multinationales du secteur (Lafarge en tête), mais aussi d’autres requins qui gagnent des sommes énormes en exploitant la crédulité ou la méconnaissance de ceux à qui ils achètent des terrains (voir les exemples édifiants en Suisse). On voit aussi apparaitre le scandale de certaines installations que je connais bien pour avoir vécu tout près, le long de la Seine, à Paris. A noter que les auteurs ne se contentent pas de dénoncer une hérésie écologique, mais de nombreuses pistes sont présentées, qui sont de bonnes alternatives au tout béton. Un sujet important mais méconnu – ou plutôt maltraité et mal traité – que cet album permet de mieux appréhender (une bonne bibliographie complète l’enquête en fin de volume).
Le Diable et Coral
Le dessin d’Homs est fluide et agréable, et sa colorisation est elle aussi réussie. Les décors du Prague des années 1930 sont bien reconstitués, et les alternances entre gros plans et plans larges, entre parties plus sombres (beau rendu de l’enfer) et plus lumineuses, lui permettent de nous montrer son talent. Une mise en images plaisante donc. J’ai parlé du Prague des années 1930 (1938 plus précisément), mais je m’attendais à ce que l’intrigue utilise encore davantage le climat angoissant de l’Anschluss (et la menace ressentie par les Tchèques des Sudètes ou d’ailleurs par la suite) – même si Hitler apparait, et si l’on voit à plusieurs reprises des Juifs persécutés par des Nazis. Mais tout ceci ne sert finalement qu’à ajouter de la noirceur à l’ambiance générale. Dans cette atmosphère où l’enfer semble vouloir déborder sur la vie réelle, nous suivons Coral, une jeune fille (juive – ce qui n’est pas anodin ici) et ses relations plus ou moins tendues avec le diable (au passage, le diable peine – y compris dans des joutes verbales – à dominer Coral). Le père de la fille est un rabbin exorciste, spécialiste des luttes contre le diable. Au passage certaines scènes font penser au film « L’Exorciste » (en particulier lorsqu’un gamin exorcisé vomit). Un récit relativement original, qui use de thèmes ésotériques et fantastiques (enfer/diable, golem, exorcisme), tout en nous racontant aussi en parallèle une relation distante entre une gamine et son père.
San Francisco 1906
Les auteurs se sont bien documentés à propos du tremblement de terre qui a frappé San Francisco en 1906, ainsi que ses conséquences. C’est visible dans l’intéressant dossier concluant chacun des deux albums, mais aussi dans l’intrigue elle-même. Car les personnages inventés et l’histoire originale s’imbriquent parfaitement dans la grande Histoire et intègre bien les personnages « historiques » (dirigeants politiques, militaires de la ville, le ténor Caruso). Si j’avais un petit bémol à évoquer, ce serait l’intrigue, que j’ai trouvé un peu légère. Et notre femme de chambre embarquée malgré elle dans une guerre entre gangs chinois et mafieux manque d’originalité. Les péripéties qui l’entourent servent avant tout de prétexte pour nous balader dans la ville frappée par le séisme. Mais le séisme et ses conséquences – y compris la politique radicale du chef militaire – permettent de compenser le fil rouge un peu léger, en dynamisant le récit. Les parallèles avec l’histoire de Judith et Holopherne sont un peu obscurs parfois, mais finalement ça ajoute un petit plus – et permet de revoir de jolis tableaux de Klimt. Le dessin est inégal, mais globalement je l’ai bien aimé, et certaines planches sont vraiment très belles. Un diptyque intéressant, qui utilise bien un événement dramatique pour donner du coffre au récit de base.
Dragon & Caméléon
Une nouvelle série qui met en scène l'univers -impitoyable- de l'industrie du manga au Japon. Avec cette fois-ci un argument fantastique, puisqu'un mangaka célèbre et un de ses "extras" échangent leurs corps à la suite d'une chute dans un escalier. On n'en saura pas plus sur les raisons de ce transfert à l'issue de ce premier tome, mais l'essentiel est ailleurs : la façon dont les deux hommes vont investir leurs nouveaux statuts, l'un pour "rester" au sommet, l'autre pour lui tailler des croupières en attendant mieux. Et c'est plutôt prenant, même si on n'est que dans la tête du "dragon", le sensei obligé de faire des extras pour exister en attendant mieux. Le "caméléon", lui, qui n'a comme seul talent que d'imiter graphiquement à la perfection les autres, et en particulier le "dragon". Car celui-ci, en plus d'avoir les dents qui rayent le parquet, cache une zone d'ombre qui est juste effleurée vers la fin de ce premier tome, et cela rajoute une couche d'originalité et de frisson dans cette histoire d'échange de corps. Il y a aussi la dimension de satire -toute relative- du monde de l'édition manga au Japon, avec un aperçu des relations entre auteurs et assistants, mais aussi entre auteurs et éditeurs. De plus les chapitres sont entrecoupés de petits bonus à ce sujet, narrés par différents personnages du manga. Intéressant. Le dessin de Ryo Ishiyama est vraiment bon, sans être exceptionnel. Attendons la suite pour en savoir plus, mais c'est vraiment sympa, en attendant.
Détour par Epsilon
Sur une Terre postapocalyptique où les humains sains vivent dans des cités fortifiées, la jeune Tom a été exilée, enceinte, de sa ville. Elle n'a pour tout bagage qu'un sac à dos contenant du matériel de survie et une carte indiquant la route vers une autre cité en bord de mer. Livrée à elle-même, mais accompagnée d'une étrange petite fille muette, elle va traverser les étendues sauvages d'un monde dévasté où rôdent les pourris, des humains que la maladie a déformés et rendus aussi idiots que dangereux. Par chance, elle croisera la route d'un homme sain comme elle, qui décidera de la protéger dans cet environnement hostile. C'est une histoire assez classique dans son genre. Beaucoup de déjà-vu pour qui a lu d'autres récits postapo. Les seules vraies particularités sont, d'une part, que l'héroïne est enceinte, et d'autre part, le mystère qui entoure son exil et la nature de la fillette qui l'accompagne. Pour cette dernière, on devine assez vite sa nature, sans vraiment comprendre ses motivations ni ce qui a poussé l'autrice à l'intégrer au récit. Quant à l'exil, on n'en saura jamais la raison. Le premier tome suit donc une pérégrination vers l'Est avec deux seuls personnages centraux. Le second tome, lui, se pose dans une communauté humaine dirigée, comme si souvent dans ce genre de récits, par un personnage autoritaire aux intentions discutables. Je n'en dis pas plus, mais il faut reconnaître que rien ne vient vraiment bousculer cette intrigue assez convenue. L'histoire se clôt au bout du second tome, avec une fin qui laisse quelques questions ouvertes, mais qui reste globalement satisfaisante. Côté dessin, c'est léger, sans être remarquable, mais suffisamment bien fait pour assurer une narration fluide et agréable. Bref, ça se lit comme un bon divertissement au rythme prenant, mais ça ne marquera ni par son originalité ni par sa profondeur.
Les Chants du Chaos
La série ne m'intéressait vraiment pas plus que ça, mais j'avoue qu'après avoir lu tant d'avis sur le site la descendant en flèche j'ai été intriguée. Le défaut qui semblait revenir le plus souvent concernant cette œuvre était visiblement l'emploi d'expression anachroniques et bien trop "parlées", vulgaires pourrait-on même dire. C'est ce point, justement, qui a attiré mon attention, car le sujet du ton et du vocabulaire des dialogues dans la fiction m'intéressent particulièrement et que la pertinence (ou non) du langage grossier dans une œuvre cherchant à insuffler des émotions est un sujet que je trouve sincèrement fascinant. L'emploi d'expression vulgaires est loin (très loin) d'être un défaut à mes yeux et privilégier une prose sentant bon notre parlé contemporain peut toujours être une bonne façon de donner du peps à un échange voire de créer des répliques d'une justesse touchante (et même souvent très belles). Hey, de nombreux-ses parolier-e-s se sont même spécialisé-e dans l'écriture de dialogues maniant habilement la construction de phrases complètes et de vulgarité bien sentie. Je me sens obligée de vous parler de cela en ouverture d'avis car je pensais sincèrement avoir à faire ici à des gens réfractaires par simple principe à l'emploi de langages anachroniques et/ou vulgaire dans la fantaisie, chose que je trouverais donc un peu absurde et malvenue puisque un rejet catégorisé et absolu comme celui-ci fermerait la porte à bon nombre de possibilités narratives. Cependant, sans rejoindre les reproches bien sévères de mes précesseur-euse-s, je comprend d'où vient le rejet dans le cas présent. Ce n'est pas tant un défaut de langage anachronique ou d'expressions vulgaires, c'est surtout que le ton des dialogues semble continuellement avoir le cul entre deux chaises. Les dialogues ne semblent jamais vraiment savoir choisir entre dialogues révérencieux et familiers, soutenus et simples. Rien de bien grave en réalité, les dialogues servent leur office sans être affligeant, mais il n'en sont pas non plus extraordinaires. C'est le constat avec lequel je termine la lecture de ce premier album d'ailleurs : bon, efficace, mais pas non plus extraordinaire. L'œuvre a des qualités, à commencer par son dessin et ses couleurs magnifiques, et le scénario, à base de créatures sanguinaires et mystérieuses tuant sans distinction les habitants d'un territoire enfermé dans une gigantesque enceinte, n'est pas mauvais. Je n'ai pourtant pas vraiment accroché à l'histoire que veut raconter cette série, alors que les histoires de mystère, de fantastique, d'éveil à la sexualité (particulièrement, comme ici, homosexuelle) me plaisent normalement. L'œuvre n'est pas mauvaise, je ne vais pas lui rentrer dans le lard comme les avis précédents, mais ne pas la trouver mauvaise ne signifie pas que je vais la trouver excellente pour autant. Les idées de bases sont bonnes, l'exécution m'a laissée sur ma faim. Il y a une bonne histoire qui sommeille là-dedans, j'aurais aimé la lire, sincèrement. Le résultat est bon mais aurait pu facilement être mieux. Rien n'est perdu cependant, il ne s'agit là que du début de l'histoire, la suite a toutes les chances de pouvoir s'améliorer, surtout que, encore une fois, la prémisse et le graphisme sont très bons. A voir ce que la suite donnera (pas sûre cependant de poursuivre l'aventure). (Note réelle 2,5)
Replay - Mémoires d'une famille
Un grand-père ayant combattu pour l'Autriche durant la Première Guerre mondiale, d'abord sur le front russe puis sur le front italien, avant de devoir fuir le nazisme vingt ans plus tard pour s'exiler à Cuba, laissant temporairement le reste de sa famille en Europe. Un père ayant vécu enfant avec sa tante, réfugiée juive comme lui, sous l'Occupation en France. Et lui-même, Jordan Mechner, ayant grandi à New York et Los Angeles avant de s'installer dans le sud de la France, qui compile ici les souvenirs de ses parents et les siens propres, lui qui est surtout connu pour être le créateur du jeu vidéo Prince of Persia et de ses suites. Autant dire qu'il avait beaucoup de choses à raconter, et cela aurait pu tenir en plusieurs romans graphiques. Il a pourtant fait le choix de tout regrouper dans un seul récit familial. Était-ce judicieux ? D'une certaine manière, oui. Cela permet de tout raconter à la fois, sans enfermer le lecteur dans un unique récit sur la vie en Autriche au début du XXe siècle, ou sur le nazisme et l'Occupation, ou sur la création de jeux vidéo, ou encore sur la vie personnelle du narrateur. Il raconte tout en parallèle dans un gros album de plus de 300 pages, qu'il dessine lui-même. Mais ce choix a aussi ses limites, car il y mélange tout. Chaque récit suit à peu près une chronologie propre, mais ils s'intercalent les uns avec les autres, par blocs de deux pages en moyenne, et l'on saute régulièrement de l'un à l'autre de façon abrupte. Il y a aussi énormément de personnages, de noms, à chaque époque, ce qui rend parfois la lecture confuse, malgré un arbre généalogique en début d'album. On peut vite s'y perdre, confondre les figures, ou ne plus savoir à qui l'auteur fait référence. Ces sauts d'une époque à l'autre donnent l'impression d'une narration hachée. Cela empêche de s'attacher pleinement à l'un ou l'autre des parcours de vie. Et c'est dommage, car chacun de ces récits aurait mérité plus d'espace. On lit rarement des témoignages sur les habitants de l'ancienne Autriche-Hongrie, et encore moins sur leur vécu de la Première Guerre mondiale. On connaît le nazisme et la Shoah, bien sûr, mais plus rarement à travers les yeux d'un gamin réfugié avec sa jeune tante, débrouillarde et pleine de ressources. Et enfin, parce que Prince of Persia sur Atari ST a marqué mon enfance, j'étais curieux d'en apprendre davantage sur sa création et sur son auteur, aussi à l'origine de Karateka et qui collaborera plus tard avec Ubisoft pour sortir Les Sables du Temps. Hélas, cette partie reste un peu survolée : malgré de nombreux passages, on ne suit jamais vraiment le développement complet d'un de ces jeux, de son début à sa fin. J'ai donc trouvé cette lecture intéressante, et on sent bien que l'auteur avait énormément de choses à dire. Mais la structure narrative aurait, à mon avis, gagné à être différente, pour mieux transmettre les émotions, favoriser l'attachement aux personnages et éviter de perdre le fil entre les époques et les récits.