Ratafia est une histoire de pirates bien singulière. Un capitaine à l'apparence minus gagne aux cartes un vaisseau pirate et les neuf cartes aux trésors qui vont avec.
L'intrus devient capitaine et laisse les cartes à l'équipage mené par le bouillant Romuald avide d'or et de richesses. Le schéma est assez répétitif puisque chaque épisode est consacré à une chasse au trésor.
Les auteurs vont détourner ce code avec un esprit loufoque et délirant. Les trésors vite trouvés et aussi vite abandonnés sous la conduite de ce capitaine pince sans rire et pas si minus, qui fait découvrir à son équipage d'autres trésors faits de culture, de rencontres et d'aventures.
L'humour est omniprésent avec des jeux de mots et des calembours à presque toutes les cases. Je trouve que ce type d'humour convient bien mieux à un langage parler qu'à de l'écrit quand il y en a autant. La narration est assez prenante et ralentit le rythme du récit à vouloir déchiffrer chaque blague.
Sur une histoire complète cela me semble pesant et la lecture de plusieurs opus à la suite fastidieuse.
Le graphique appuie sur le côté humoristique mais passe presque au second plan par rapport au texte. C'est le personnage de Romuald qui porte l'essentiel du dynamisme graphique. Le reste m'a semblé un peu en retrait. Malheureusement je n'ai pas aimé la mise en couleur trop basique ordi à mon goût.
En conclusion une curiosité humoristique dont j'attendais plus 2.5
Un conte philosophique sur la mort.
C'est sympathique à lire quoiqu'il y a certains passages qui m'ont semblé moyens dont la fin. Les interrogations sur la mort ne sont pas dénuées d'intérêt, mais elles sont un peu convenues je trouve. Je n'ai donc pas trouvé cet album excellent comparé à d'autres. Il faut dire qu'en dehors de la mort elle-même, les autres personnages m'ont laissé indifférent.
Dommage parce que le premier chapitre est vraiment passionnant, j'ai adoré comment les dieux sont traités comme une entreprise, quoique je ne comprends pas trop pourquoi on vire la déesse de la mort parce que le type qui va inventer l'immortalité est né. Il faudrait pas attendre qu'il l'ait inventé d'abord ? C'est qui au juste qui va s'occuper des morts entre-temps ? La suite m'a moins passionné et les voix-off ont fini par m'énerver par moment.
Le dessin est très classe je trouve.
La BD est un long flash-back qui raconte la montée à Paris d’Antoine âgé de 18 ans, depuis l’Aubrac jusqu’à Paris où il va d’abord retrouver un cousin auvergnat, puis être embauché dans un cabaret proche de Pigalle.
L’apprentissage de la vie d’Antoine se fait dans ce monde de la nuit, où se croisent patrons de cabaret plus ou moins recommandables, danseuses, truands et flics, dans un Paris désormais disparu que Jean-Michel Arroyo fait revivre de façon magnifique. L’histoire est un récit noir assez classique, mais l’illustration la met en valeur de très belle façon, que ce soit dans les scènes d’action, les plans larges, ou les personnages qui sont très typés, expressifs et réalistes.
Il y a sans doute quelques allusions à des familles régnantes, l’actualité, quelques réflexions plus ou moins philosophiques (qui m’ont alors en grande partie échappé). Mais l’essentiel est ailleurs. En effet, les deux auteurs s’en donnent à cœur-joie dans un très gros délire absurde, autour d'une certaine vacuité de la vie des têtes couronnées.
Il faut donc être réceptif (c’est mon cas) à ce type d’humour abscons, avec quelques scènes un peu débiles, non-sensiques, le tout rendant tout résumé présomptueux, voire impossible.
Comme d’habitude, le duo nous livre un dessin minimaliste, mais efficace (là aussi, ça doit être clivant).
Au final, une lecture sympathique, assez loufoque.
J'ai lu des dizaines de fois cette BD pendant mon adolescence et j'étais à chaque fois pliée de rire, mais lisez l'avis d'Agecanonix, il explique tout bien sur le contexte et le pitch de l'affaire, et aussi le fait que ça a un peu vieilli.
Ce que je peux ajouter c'est que ce tonton Marcel jouait un peu le rôle de notre cher Nicolas Sarkozy, une sorte de Louis de Funes en vrai: très bête et très puissant, avec ses obsessions (contre Mitterrand, par exemple), son laquais obséquieux, son neveux incapable, ses clients japonais qu'il considère comme des petits insectes imbéciles.
Mais le tout en beaucoup plus statique : toujours vissé derrière son bureau, avec ses accessoires de bureau, le téléphone, les cocottes en papier, la maquette d'avion, et parfois une poupée où planter des aiguilles, représentant qui Mitterrand, qui Mauroy, suivant l'inspiration. Des fois il s'emmerde au bord de sa piscine, ou il passe à la radio, voire même il discute avec son chauffeur et l'embobine pour lui faire dire ce qu'il veut entendre (pour le ridiculiser ensuite). Mais toujours sans un mouvement avec seulement des répliques bien senties et un ricanement mauvais imperturbablement scotché sur le visage.
Bref le vrai grand patron imaginaire. Je parlais de De Funes parce qu'il joue exactement ce rôle dans Carambolages, un film de Marcel Bluwal de 1963 avec des dialogues d'Audiard (un des rares films où De Funes meurt avant la fin et c'est Serrault qui lui pique la vedette).
Une petite sortie pour vous donner l'esprit: "On raconte n'importe quoi sur moi : tenez, par exemple, j'adore mon chien, personne ne l'écrit jamais ça... Oui celui qui vous a mordu tout à l'heure..."
je viens de trouver un autre tome (après Tonton Marcel, capitaine d'industrie) Tonton Marcel, roi de l'opposition. Une autre facette de M Dassault (son addiction à Playboy, l'ombre de Hersant, de Le Pen et des délégués CGT) mais légèrement moins juste que le premier tome... Bizarrement l'excès du premier avait un coté à la fois familier et bien observé (en particulier dans les rapports avec ses subordonnés), ici certaines planches sont trop grossières (avec la CGT par exemple)
Lu le premier tome avec intérêt et plaisir.
A vrai dire les cours d'histoire de l'école ne m'ont pas laissé grand souvenir du règne de Louis XV. Et cet album fait état d'une sorte de dictature de la pensée que je n'imaginais pas. Une sorte de spécificité française où l'attachement au pouvoir central devient synonyme d'intolérance alors que dans certains pays limitrophes (coté germain, hollandais ...) la liberté de penser et de publier sont des activités économiques reconnues, sans doute soutenues par un vent de protestantisme. On imagine souvent Louis XIV comme le monarque absolu par excellence (avec Molière qui joue avec le feu à chaque première ne sachant si le roi va rire ou le jeter aux oubliettes) mais la tradition se transmet rigoureusement par le suite, et personne pour avoir l'habileté de Jean Baptiste Poquelin. Voltaire se fait embastiller pour un placard qu'il n'a pas écrit, il va se faire imprimer en Hollande et passe à Bruxelles rendre visite à Rousseau, son ancien maître, qui est lui même en exil. On dirait que tous les penseurs de l'époque sont condamnés à partir pour formuler à leur aise leur point de vue.
La place des femmes et de leurs salons dans la pensée du XVIIIème siècle est aussi bien mise en valeur, parce que beaucoup de textes de Voltaire jeune s'adressent à une dame, comme le traité des sensations de Condillac à la même époque, quasiment écrit à la deuxième personne du pluriel. (il me semble que plus tôt, Descartes, déjà , écrivait en pensant expliquer le monde à une belle dame lointaine...)
Le personnage de Voltaire, vieux barbon sentencieux et solitaire, retiré dans son château, est difficile à rattacher à ce jeune bougre déjà prétentieux, mais sans le sou et dépendant des femmes qui acceptent de le soutenir...
J'aime les dessins d'Oubrerie, sensuels et malicieux. Il a ici en charge le scénario qui est un petit peu errant (on ne voit pas très bien où il veut en venir) mais les dialogues sont bien tournés et le choix des épisodes significatifs, si bien qu'on se laisse agréablement mener par le bout du nez, émoustillés par les mots d'esprit qui se suivent à vive allure. (Pour celleux qui ont vu le film "Ridicule", il y a de ça)
Un bon moment de lecture pour les amoureux.ses des films en costumes et de la philosophie... auxquels ont peut ajouter les fans d'Oubrerie ...
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C’est le troisième album de Rochier que je lis, encore consacré à la banlieue, ces cités où le béton des grands ensembles barre l’horizon – et l’avenir de la jeunesse qui les habite.
Il n’y a pas vraiment d’histoire. C’est plutôt une suite de saynètes, de rencontres, de discussions entre potes. Une chronique de la zone, de l’ennui, des rêves inaccessibles, de gens ordinaires. Cette banlieue est peut-être aussi mouiseuse que les médias la dépeignent, mais elle est bien moins éloignée du reste du monde. Rochier lui redonne l’humanité qu’elle n’a jamais perdue, en fait.
Sans esbroufe, sans réelle histoire, cette chronique se laisse lire agréablement. Le dessin, brouillon et hésitant, colle très bien au récit.
Une « feel good story » qui m’a fait penser à plusieurs reprises au film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain », l’humour loufoque en moins.
Nous suivons une dizaine de personnages habitant dans une rue quelconque. Tous nourrissent des frustrations, semblent engoncés dans une vie médiocre, en tout cas malheureusement routinière et sans lumière.
Et pourtant, cette lumière va peu à peu les éclairer, leur redonner des « raisons » de vivre. Dit comme ça, ça pourrait paraitre mièvre, mais en fait ça passe très bien. La lecture est agréable, fluide (il y a très peu de textes).
C’est aussi que le dessin est sympa, et la colorisation très chouette.
Une histoire qui ne paye pas de mine, mais qui se révèle des plus agréables à lire. Remplie d’optimisme.
Le hasard veut que j'aie lu cet album après le Wilson de Clowes. Eh bien le contraste est violent !
L’album rassemble quelques dizaines d’histoires, toutes ne durant que l’espace d’une page.
Peu de place donc pour développer une quelconque intrigue, même si on peut envisager de ne faire qu’une seule histoire désespérante d’un individu de la somme de ces pages. Et le dessin de Clowes – par ailleurs très lisible (il varie les styles, passant du réalisme à la caricature, même si son alter ego de personnage principal se retrouve quasiment à chaque fois au cœur des dialogues) – est lui aussi plutôt minimaliste, les décors sont le plus souvent réduits à la portion congrue. Mêmes variations concernant la couleur (pas toujours présente).
On peut toutefois trouver une sorte de fil rouge qui relierait ces histoires. En effet, Clowes y développe une sorte de misanthropie, une défonce et illustration de la médiocrité humaine, de la vie de merde. C’est bien simple, même – et surtout ! – lorsque ça part gentiment, avec de l’empathie, quelque chose de sympa, la chute est toujours désenchantée.
Du coup, lu d’une traite, cet ensemble laisse transparaître un malaise (sans doute attendu par Clowes). On est très loin du « feel good », c’est clair !
Pourtant on ne peut même pas dire que Clowes développe une critique de la société, je n’arrive pas à déceler de message derrière ses sarcasmes aux airs de défouloir. Un sentiment étrange prédomine, et Wilson n’est franchement pas un personnage attachant – on comprend qu’il endure la solitude. Entre humour noir et déprime, Clowes nous présente un personnage cynique et solitaire, abandonné : la dernière planche/histoire, où l’on voit un Wilson vieux, seul dans une grande pièce, face à une fenêtre sur laquelle ruisselle la pluie, est assez représentative du cul de sac humain dans lequel il s’est engagé.
Le risque avec cet album, c’est que la déprime et l’ennui qui l’imprègnent ne déteignent sur le lecteur. Ça a été parfois mon cas.
Note réelle 2,5/5.
Pour être plus précis sur la note, celle-ci va cresendo avec l'avancée de la série:
2 au début lorsque le dessin était classique et le récit linéaire
3 en rythme de croisière lorsque le graphisme devient laboratoire d'expérimentation en déformations, jeux d'ombres et de perspective...
4 lorsque la série s'autoparodie et joue avec les codes comme le faisait Goetlib avec RàB. Comme le sorte de conte de Noël scénarisé sous forme de chansonette ou même une histoire impliquant un pauvre gardien de banque sachant voler qui aurait toute sa place dans une histoire de Goosens!
Certaines histoires sont des must alors que d'autres sont passables, qualité inégale évidemment dûe à la cadence imposée.
Et finalement c'est ça qui est bien avec le rythme hebdomadaire: si on est déçu un jour, on se dit ensuite que la semaine prochaine sera peut-être mémorable. La mise en couleur gâchait le travail N&B d'Eisner, master of the shadows, mais les réimpressions permettent d'admirer la qualité du coup de pinceau du grand Eisner.
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Ratafia
Ratafia est une histoire de pirates bien singulière. Un capitaine à l'apparence minus gagne aux cartes un vaisseau pirate et les neuf cartes aux trésors qui vont avec. L'intrus devient capitaine et laisse les cartes à l'équipage mené par le bouillant Romuald avide d'or et de richesses. Le schéma est assez répétitif puisque chaque épisode est consacré à une chasse au trésor. Les auteurs vont détourner ce code avec un esprit loufoque et délirant. Les trésors vite trouvés et aussi vite abandonnés sous la conduite de ce capitaine pince sans rire et pas si minus, qui fait découvrir à son équipage d'autres trésors faits de culture, de rencontres et d'aventures. L'humour est omniprésent avec des jeux de mots et des calembours à presque toutes les cases. Je trouve que ce type d'humour convient bien mieux à un langage parler qu'à de l'écrit quand il y en a autant. La narration est assez prenante et ralentit le rythme du récit à vouloir déchiffrer chaque blague. Sur une histoire complète cela me semble pesant et la lecture de plusieurs opus à la suite fastidieuse. Le graphique appuie sur le côté humoristique mais passe presque au second plan par rapport au texte. C'est le personnage de Romuald qui porte l'essentiel du dynamisme graphique. Le reste m'a semblé un peu en retrait. Malheureusement je n'ai pas aimé la mise en couleur trop basique ordi à mon goût. En conclusion une curiosité humoristique dont j'attendais plus 2.5
Toutes les morts de Laila Starr
Un conte philosophique sur la mort. C'est sympathique à lire quoiqu'il y a certains passages qui m'ont semblé moyens dont la fin. Les interrogations sur la mort ne sont pas dénuées d'intérêt, mais elles sont un peu convenues je trouve. Je n'ai donc pas trouvé cet album excellent comparé à d'autres. Il faut dire qu'en dehors de la mort elle-même, les autres personnages m'ont laissé indifférent. Dommage parce que le premier chapitre est vraiment passionnant, j'ai adoré comment les dieux sont traités comme une entreprise, quoique je ne comprends pas trop pourquoi on vire la déesse de la mort parce que le type qui va inventer l'immortalité est né. Il faudrait pas attendre qu'il l'ait inventé d'abord ? C'est qui au juste qui va s'occuper des morts entre-temps ? La suite m'a moins passionné et les voix-off ont fini par m'énerver par moment. Le dessin est très classe je trouve.
Pigalle, 1950
La BD est un long flash-back qui raconte la montée à Paris d’Antoine âgé de 18 ans, depuis l’Aubrac jusqu’à Paris où il va d’abord retrouver un cousin auvergnat, puis être embauché dans un cabaret proche de Pigalle. L’apprentissage de la vie d’Antoine se fait dans ce monde de la nuit, où se croisent patrons de cabaret plus ou moins recommandables, danseuses, truands et flics, dans un Paris désormais disparu que Jean-Michel Arroyo fait revivre de façon magnifique. L’histoire est un récit noir assez classique, mais l’illustration la met en valeur de très belle façon, que ce soit dans les scènes d’action, les plans larges, ou les personnages qui sont très typés, expressifs et réalistes.
Famille royale
Il y a sans doute quelques allusions à des familles régnantes, l’actualité, quelques réflexions plus ou moins philosophiques (qui m’ont alors en grande partie échappé). Mais l’essentiel est ailleurs. En effet, les deux auteurs s’en donnent à cœur-joie dans un très gros délire absurde, autour d'une certaine vacuité de la vie des têtes couronnées. Il faut donc être réceptif (c’est mon cas) à ce type d’humour abscons, avec quelques scènes un peu débiles, non-sensiques, le tout rendant tout résumé présomptueux, voire impossible. Comme d’habitude, le duo nous livre un dessin minimaliste, mais efficace (là aussi, ça doit être clivant). Au final, une lecture sympathique, assez loufoque.
Tonton Marcel
J'ai lu des dizaines de fois cette BD pendant mon adolescence et j'étais à chaque fois pliée de rire, mais lisez l'avis d'Agecanonix, il explique tout bien sur le contexte et le pitch de l'affaire, et aussi le fait que ça a un peu vieilli. Ce que je peux ajouter c'est que ce tonton Marcel jouait un peu le rôle de notre cher Nicolas Sarkozy, une sorte de Louis de Funes en vrai: très bête et très puissant, avec ses obsessions (contre Mitterrand, par exemple), son laquais obséquieux, son neveux incapable, ses clients japonais qu'il considère comme des petits insectes imbéciles. Mais le tout en beaucoup plus statique : toujours vissé derrière son bureau, avec ses accessoires de bureau, le téléphone, les cocottes en papier, la maquette d'avion, et parfois une poupée où planter des aiguilles, représentant qui Mitterrand, qui Mauroy, suivant l'inspiration. Des fois il s'emmerde au bord de sa piscine, ou il passe à la radio, voire même il discute avec son chauffeur et l'embobine pour lui faire dire ce qu'il veut entendre (pour le ridiculiser ensuite). Mais toujours sans un mouvement avec seulement des répliques bien senties et un ricanement mauvais imperturbablement scotché sur le visage. Bref le vrai grand patron imaginaire. Je parlais de De Funes parce qu'il joue exactement ce rôle dans Carambolages, un film de Marcel Bluwal de 1963 avec des dialogues d'Audiard (un des rares films où De Funes meurt avant la fin et c'est Serrault qui lui pique la vedette). Une petite sortie pour vous donner l'esprit: "On raconte n'importe quoi sur moi : tenez, par exemple, j'adore mon chien, personne ne l'écrit jamais ça... Oui celui qui vous a mordu tout à l'heure..." je viens de trouver un autre tome (après Tonton Marcel, capitaine d'industrie) Tonton Marcel, roi de l'opposition. Une autre facette de M Dassault (son addiction à Playboy, l'ombre de Hersant, de Le Pen et des délégués CGT) mais légèrement moins juste que le premier tome... Bizarrement l'excès du premier avait un coté à la fois familier et bien observé (en particulier dans les rapports avec ses subordonnés), ici certaines planches sont trop grossières (avec la CGT par exemple)
Voltaire amoureux
Lu le premier tome avec intérêt et plaisir. A vrai dire les cours d'histoire de l'école ne m'ont pas laissé grand souvenir du règne de Louis XV. Et cet album fait état d'une sorte de dictature de la pensée que je n'imaginais pas. Une sorte de spécificité française où l'attachement au pouvoir central devient synonyme d'intolérance alors que dans certains pays limitrophes (coté germain, hollandais ...) la liberté de penser et de publier sont des activités économiques reconnues, sans doute soutenues par un vent de protestantisme. On imagine souvent Louis XIV comme le monarque absolu par excellence (avec Molière qui joue avec le feu à chaque première ne sachant si le roi va rire ou le jeter aux oubliettes) mais la tradition se transmet rigoureusement par le suite, et personne pour avoir l'habileté de Jean Baptiste Poquelin. Voltaire se fait embastiller pour un placard qu'il n'a pas écrit, il va se faire imprimer en Hollande et passe à Bruxelles rendre visite à Rousseau, son ancien maître, qui est lui même en exil. On dirait que tous les penseurs de l'époque sont condamnés à partir pour formuler à leur aise leur point de vue. La place des femmes et de leurs salons dans la pensée du XVIIIème siècle est aussi bien mise en valeur, parce que beaucoup de textes de Voltaire jeune s'adressent à une dame, comme le traité des sensations de Condillac à la même époque, quasiment écrit à la deuxième personne du pluriel. (il me semble que plus tôt, Descartes, déjà , écrivait en pensant expliquer le monde à une belle dame lointaine...) Le personnage de Voltaire, vieux barbon sentencieux et solitaire, retiré dans son château, est difficile à rattacher à ce jeune bougre déjà prétentieux, mais sans le sou et dépendant des femmes qui acceptent de le soutenir... J'aime les dessins d'Oubrerie, sensuels et malicieux. Il a ici en charge le scénario qui est un petit peu errant (on ne voit pas très bien où il veut en venir) mais les dialogues sont bien tournés et le choix des épisodes significatifs, si bien qu'on se laisse agréablement mener par le bout du nez, émoustillés par les mots d'esprit qui se suivent à vive allure. (Pour celleux qui ont vu le film "Ridicule", il y a de ça) Un bon moment de lecture pour les amoureux.ses des films en costumes et de la philosophie... auxquels ont peut ajouter les fans d'Oubrerie ... .
Faut faire le million
C’est le troisième album de Rochier que je lis, encore consacré à la banlieue, ces cités où le béton des grands ensembles barre l’horizon – et l’avenir de la jeunesse qui les habite. Il n’y a pas vraiment d’histoire. C’est plutôt une suite de saynètes, de rencontres, de discussions entre potes. Une chronique de la zone, de l’ennui, des rêves inaccessibles, de gens ordinaires. Cette banlieue est peut-être aussi mouiseuse que les médias la dépeignent, mais elle est bien moins éloignée du reste du monde. Rochier lui redonne l’humanité qu’elle n’a jamais perdue, en fait. Sans esbroufe, sans réelle histoire, cette chronique se laisse lire agréablement. Le dessin, brouillon et hésitant, colle très bien au récit.
Les Petites Gens
Une « feel good story » qui m’a fait penser à plusieurs reprises au film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain », l’humour loufoque en moins. Nous suivons une dizaine de personnages habitant dans une rue quelconque. Tous nourrissent des frustrations, semblent engoncés dans une vie médiocre, en tout cas malheureusement routinière et sans lumière. Et pourtant, cette lumière va peu à peu les éclairer, leur redonner des « raisons » de vivre. Dit comme ça, ça pourrait paraitre mièvre, mais en fait ça passe très bien. La lecture est agréable, fluide (il y a très peu de textes). C’est aussi que le dessin est sympa, et la colorisation très chouette. Une histoire qui ne paye pas de mine, mais qui se révèle des plus agréables à lire. Remplie d’optimisme. Le hasard veut que j'aie lu cet album après le Wilson de Clowes. Eh bien le contraste est violent !
Wilson
L’album rassemble quelques dizaines d’histoires, toutes ne durant que l’espace d’une page. Peu de place donc pour développer une quelconque intrigue, même si on peut envisager de ne faire qu’une seule histoire désespérante d’un individu de la somme de ces pages. Et le dessin de Clowes – par ailleurs très lisible (il varie les styles, passant du réalisme à la caricature, même si son alter ego de personnage principal se retrouve quasiment à chaque fois au cœur des dialogues) – est lui aussi plutôt minimaliste, les décors sont le plus souvent réduits à la portion congrue. Mêmes variations concernant la couleur (pas toujours présente). On peut toutefois trouver une sorte de fil rouge qui relierait ces histoires. En effet, Clowes y développe une sorte de misanthropie, une défonce et illustration de la médiocrité humaine, de la vie de merde. C’est bien simple, même – et surtout ! – lorsque ça part gentiment, avec de l’empathie, quelque chose de sympa, la chute est toujours désenchantée. Du coup, lu d’une traite, cet ensemble laisse transparaître un malaise (sans doute attendu par Clowes). On est très loin du « feel good », c’est clair ! Pourtant on ne peut même pas dire que Clowes développe une critique de la société, je n’arrive pas à déceler de message derrière ses sarcasmes aux airs de défouloir. Un sentiment étrange prédomine, et Wilson n’est franchement pas un personnage attachant – on comprend qu’il endure la solitude. Entre humour noir et déprime, Clowes nous présente un personnage cynique et solitaire, abandonné : la dernière planche/histoire, où l’on voit un Wilson vieux, seul dans une grande pièce, face à une fenêtre sur laquelle ruisselle la pluie, est assez représentative du cul de sac humain dans lequel il s’est engagé. Le risque avec cet album, c’est que la déprime et l’ennui qui l’imprègnent ne déteignent sur le lecteur. Ça a été parfois mon cas. Note réelle 2,5/5.
Le Spirit
Pour être plus précis sur la note, celle-ci va cresendo avec l'avancée de la série: 2 au début lorsque le dessin était classique et le récit linéaire 3 en rythme de croisière lorsque le graphisme devient laboratoire d'expérimentation en déformations, jeux d'ombres et de perspective... 4 lorsque la série s'autoparodie et joue avec les codes comme le faisait Goetlib avec RàB. Comme le sorte de conte de Noël scénarisé sous forme de chansonette ou même une histoire impliquant un pauvre gardien de banque sachant voler qui aurait toute sa place dans une histoire de Goosens! Certaines histoires sont des must alors que d'autres sont passables, qualité inégale évidemment dûe à la cadence imposée. Et finalement c'est ça qui est bien avec le rythme hebdomadaire: si on est déçu un jour, on se dit ensuite que la semaine prochaine sera peut-être mémorable. La mise en couleur gâchait le travail N&B d'Eisner, master of the shadows, mais les réimpressions permettent d'admirer la qualité du coup de pinceau du grand Eisner.