On connaissait les bds palindromes (« Cercle vicieux », « Morphologie variable » par exemple), mais (malgré le fait que je les adore !) elles restaient assez confidentielles, dotées d'un dessin peu réaliste, et quelque peu expérimentales.
Schuiten frères ont fait ici quelque chose de légèrement différent et d'une autre ampleur.
Différent parce que cet album bénéficie d'un « axe de symétrie » et qu'on devrait le qualifier de « bd symétrique » plutôt que de palindrome ou miroir. En effet, les 36 premières planches (numérotées de 1 à 36) trouvent leur pendant dans les 36 suivantes (numérotées de 36' à 18' ). C'est-à-dire que ces planches sont inversées les unes par rapport aux autres, mais d'une façon bien spéciale : déjà l'organisation de la planche est symétrique (symétrie centrale), ainsi la première case de la première planche sera la dernière case de la dernière planche ; ensuite le thème de chaque case est inversé, c'est-à-dire que par exemple l'amour deviendra la haine, l'ascension descente, la droite la gauche, les dialogues un sens opposé, etc. Bien sûr, les auteurs piochent parmi ces possibilités et ne les appliquent pas toutes en même temps.
Le scénario joue largement là-dessus puisque « Nogegon » traite d'une société qui surveille la symétrie de chaque vie et le cas échéant, la fait appliquer. Mise en abîme particulière et intéressante.
D'une autre ampleur (que les albums précédemment cités) d'une part parce que le style graphique de Schuiten est absolument superbe, et réaliste, d'autre part parce que le thème est traité de façon lui aussi réaliste, un peu sur le mode utopie. On ressent tout de même parfois un manque de fluidité à la lecture, des enchaînements un peu bizarres, mais l'héroïne elle-même se demande d'où vient cette symétrie, plongeant le lecteur dans une réflexion intéressante et un peu confondante.
Le problème, c'est qu'il doit falloir plusieurs lectures pour bien apprécier l'album, car là, j'ai surtout passé mon temps à comparer les planches symétriques, ce qui gâche tout de même un peu le plaisir.
J'ai aimé cet album, ce n'était pourtant pas gagné d'avance...
Si l'on regarde le dessin et les grande lignes de l'histoire, ce one shot ne passe vraiment pas pour un indispensable, loin de là.
Pourtant, on ne peut pas lui nier certaines qualités.
François Ayroles se fait plaisir ici, avec des dialogues souvent tout à fait exceptionnels, et un decoupage ambitieux.
Alors même si l'hisoire ne m'a pas conquis entièrement, j'ai apprécié la lecture de cet album tant il change de ce que je peux lire habituellement.
Même le dessin qui me faisait presque horreur au début m'apparaît finalement comme certes un peu gras, mais plutôt en accord avec l'ambiance de la bd, c'est à dire très sombre (et paradoxalement, on rit souvent).
C'est un album qui ne plaira pas à tout le monde, loin de là, mais si ça vous tente...
Ce qui frappe forcément avant même d'ouvrir ces deux albums, c'est le dessin très coloré et enfantin, qui n'a pas été sans me rappeler par certains côtés « Tom-Tom et Nana ». Ce qui frappe en ouvrant le premier tome, c'est la première scène : les personnages sont archi-classiques (l'inspecteur de police imbu de sa personne, son subordonné lèche-bottes, la concierge bavarde) et caricaturaux, mais les dialogues sont tout simplement parfaits, ironiques à souhait, et jouissifs.
On le remarque déjà un peu, mais ce sera bien plus marqué par la suite, le décalage entre le sujet horrible et le dessin est vraiment très marqué, à tel point qu'on n'arrive pas à se représenter l'horreur de l'histoire et qu'on lit ça comme un récit qui ne se prend pas très au sérieux (ce qui est d'ailleurs le cas, mais ça vous le verrez si vous le lisez). Un dessin plus réaliste aurait pu donner la chair de poule, mais là non, on reste sur le mode « léger ».
L'histoire dans son ensemble traite d'esthétisme (mais elle n'en est pas pour autant lassante), mais aussi d'un traumatisme d'enfance et de fétichisme (oh pas grand chose, juste des corps d'insectes, d'animaux, et celui d'une femme, à moitié disséqués? Hum). Elle se déroule en fait avant le chapitre un et nous dévoile ce qui a amené cette conclusion mystérieuse.
Je regrette un peu le coup du marabout africain, qui s'intègre un peu moyennement mais reste très joyeuse et plaisante, mais sinon, même si on devine sans trop de difficultés le fin mot de l'histoire, cette lecture fut très plaisante.
Quant à la recommander, si vous trouvez les albums d'occasion et si vous n'êtes pas rebuté par le dessin, oui, sans hésitation.
Premier tome assez étrange, c'est avant tout le dessin qui m'a surpris. La collection Tohu-Bohu publiait beaucoup de noir et blanc (du "vrai" N&B, hein : du noir, du blanc, mais pas de gris), quelques ouvrages en "tons de gris", mais là le dessin a une qualité assez particulière qui fait qu'il aurait sans problème pu être en couleurs. L'aspect légèrement brillant de l'impression y est sans doute aussi pour quelque chose. Mais c'est l'aspect général de la mise en page qui me fait dire ça : beaucoup de grandes cases, souvent entrecoupées de petites séquences plus rapides. Le tout est assez intéressant et dynamique, même si le dessin en lui-même me paraît encore perfectible.
L'histoire quant à elle est... bizarre. On ne comprend pas jusqu'à un point assez avancé dans l'album le fond, et lorsqu'enfin l'intrigue commence à être dévoilée, paf, voilà-t-y pas que commence une recherche des plus intrigantes et que re-paf, l'album se termine ! C'est un peu frustrant. Corollaire : ça exacerbe l'envie de lire la suite.
Ah, j'oubliais : l'histoire paraît d'autant plus étrange que le dessin de deux des personnages se ressemble terriblement, ce qui prête à confusion (mais c'est justement voulu).
Un bon album donc, bien au point au niveau technique (je ne m'en suis rendu compte qu'en écrivant cet avis en fait), intrigant, parfois un peu cruel, et qui manque de peu un 4 étoiles.
Comme tout le monde, je vais à nouveau insister sur la beauté formelle du graphisme et de la mise en couleur de cet album. Ségur est vraiment un artiste de grand talent... Comme tout le monde, je vais aussi préciser que le traitement scénaristique est loin d'être à la hauteur. J'ai peiné pour boucler l'album. Seul le sublime travail de Ségur et le respect qu'on lui doit, m'a empêché de passer trop vite à autre chose.
Maintenant, même si effectivement je suis déçu de cette bd, je ne crierai pas au scandale. Comme tout le monde, l'énorme impression que m'a laissé la "Légende des contrées oubliées", me laissait éspérer lire un nouveau sommet (même si évidemment Chevalier n'était pas de la partie). Mais le deuil du chef d'oeuvre fait, je n'ai quand même pas crié au scandale après avoir bouclé l'album. De belles idées, même si elles sont sous exploitées ou mal exploitées arrivent tout de même à sauver l'entreprise...
Un bon album ... mais il faut s'enlever l'idée que c'est un sous-"Monsieur Jean". Ca y ressemble, mais ça n'est pas tout à fait ça. Une histoire en un tome, très mélancolique, assez bien menée. Les dessins sont très agréables.
A réserver tout de même à ceux qui apprécient Monsieur Jean. ;)
Cette série qui constitue les premières armes d'Isabelle Dethan dans la bd, laissait entrevoir les qualités de l'auteur et de l'artiste. Maintenant, et pour être honnête, j'ai eu du mal à accrocher. Ce n'est pourtant pas la faute du graphisme et de la mise en couleur qui me séduisent encore et toujours (même si elle n'avait pas encore la maîtrise qu'elle affiche aujourd'hui), mais plutôt le scénar que je trouve un peu poussif. Comme si Isabelle D. avait tatonné avant de savoir quelle histoire elle avait envie de raconter. Ceci dit, ces mémoires de sable, sont une série très agréable à découvrir. Elle porte en germe les grandes réussites artistiques que nous connaissons aujourd'hui : "le roi cyclope" et "Sur les terres d'horus".
Cette histoire policière qui a le goût de certains films français du genre, se laisse suivre avec intérêt.
Très bien maîtrisée sur le plan graphique, elle bénéficie en outre du regard sans complaisance de Gibelin (à la limite du pessimiste d'ailleurs).
J'ai lu les trois tomes avec un constant intérêt.
Je ne veux pas être trop méchant avec cette série naissante parce que finalement j'ai lu le premier tome avec curiosité. Le bémol, c'est le climat nanar fantastico-policier US qu'il dégage. Tous les ingrédients du genre sont là d'ailleurs, le flic tête brûlé que rien n'arrête même pas sa propre famille, le chef de la police vociférant, les avocats puissants et marrons... Sauf qu'à force d'avoir vu ces stéréotypes dans un million de films, on se surprend à se dire qu'on aurait préférer voir la bd échapper au phénomène. Mais bon, le graphisme est honnête, le rythme est là... C'est le genre de bd à consommer avec le restant de la boîte de popcorn du film vu la veille au ciné.
"La semaine des 7 Noël" commence par une petite préface de Tronchet, qui avait commis "Houppeland" quelques temps avant. Je me suis laissé dire que le sujet était le même ou presque... Certains seront donc peut-être tentés de comparer ces deux séries ou de crier au manque d'originalité, mais n'ayant pas encore lu "Houppeland", ce ne sera pas mon cas.
Le ton de l'album est très particulier. Le début est en fait un prologue qui expose de façon générale les évènements qui ont menés à cette dictature des pères noël. Le dessin est très différent du reste de l'album, peut-être un peu rebutant, mais j'ai vraiment adoré l'enchainement absurde de ces décisions ridicules qui prennent bien vite une consistance implacable et irrémédiable. :)
C'est ensuite que l'histoire commence vraiment. Changement de dessin, il devient absolument superbe, au crayon gras ou à la craie, assez naïf et rond, j'adore. En plus les passages "dessinés par Gregory" créent un effet sympathique et bienvenu. On remarquera l'usage intensif des tons rouges, couleurs de Noël oblige ! A ce propos, l'auteur a fait une petite scène ironique et bien sentie, avec la couleur d'un tract...
L'histoire change également, puisqu'on se retrouve à parler d'un serial killer (TADAM !), et de la recherche menée par les policiers-pères noël pour le trouver. Tout cela, dictature et enquête, sera vu par le petit bout de la lorgnette (le quotidien, quoi) pour la famille Prion.
L'humour développé ici est assez grinçant... On hésite entre se moquer des malheurs de ces... malheureux, et en rire. Le ton général est lui aussi un peu ambigü, car l'enquête policière est finalement assez légère, largement adoucie par l'ambiance de la vie sous ce régime étrange et par l'humour, qui n'est pas lui non plus très prononcé.
Alors bon, le tout est un peu étrange, car on ne sait pas exactement à quoi s'attendre, mais l'un dans l'autre j'ai bien aimé. C'est atypique, ça fait sourire, ça fait grincer des dents, et en plus c'est superbe. :)
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Les Terres creuses - Nogegon
On connaissait les bds palindromes (« Cercle vicieux », « Morphologie variable » par exemple), mais (malgré le fait que je les adore !) elles restaient assez confidentielles, dotées d'un dessin peu réaliste, et quelque peu expérimentales. Schuiten frères ont fait ici quelque chose de légèrement différent et d'une autre ampleur. Différent parce que cet album bénéficie d'un « axe de symétrie » et qu'on devrait le qualifier de « bd symétrique » plutôt que de palindrome ou miroir. En effet, les 36 premières planches (numérotées de 1 à 36) trouvent leur pendant dans les 36 suivantes (numérotées de 36' à 18' ). C'est-à-dire que ces planches sont inversées les unes par rapport aux autres, mais d'une façon bien spéciale : déjà l'organisation de la planche est symétrique (symétrie centrale), ainsi la première case de la première planche sera la dernière case de la dernière planche ; ensuite le thème de chaque case est inversé, c'est-à-dire que par exemple l'amour deviendra la haine, l'ascension descente, la droite la gauche, les dialogues un sens opposé, etc. Bien sûr, les auteurs piochent parmi ces possibilités et ne les appliquent pas toutes en même temps. Le scénario joue largement là-dessus puisque « Nogegon » traite d'une société qui surveille la symétrie de chaque vie et le cas échéant, la fait appliquer. Mise en abîme particulière et intéressante. D'une autre ampleur (que les albums précédemment cités) d'une part parce que le style graphique de Schuiten est absolument superbe, et réaliste, d'autre part parce que le thème est traité de façon lui aussi réaliste, un peu sur le mode utopie. On ressent tout de même parfois un manque de fluidité à la lecture, des enchaînements un peu bizarres, mais l'héroïne elle-même se demande d'où vient cette symétrie, plongeant le lecteur dans une réflexion intéressante et un peu confondante. Le problème, c'est qu'il doit falloir plusieurs lectures pour bien apprécier l'album, car là, j'ai surtout passé mon temps à comparer les planches symétriques, ce qui gâche tout de même un peu le plaisir.
Enfer portatif
J'ai aimé cet album, ce n'était pourtant pas gagné d'avance... Si l'on regarde le dessin et les grande lignes de l'histoire, ce one shot ne passe vraiment pas pour un indispensable, loin de là. Pourtant, on ne peut pas lui nier certaines qualités. François Ayroles se fait plaisir ici, avec des dialogues souvent tout à fait exceptionnels, et un decoupage ambitieux. Alors même si l'hisoire ne m'a pas conquis entièrement, j'ai apprécié la lecture de cet album tant il change de ce que je peux lire habituellement. Même le dessin qui me faisait presque horreur au début m'apparaît finalement comme certes un peu gras, mais plutôt en accord avec l'ambiance de la bd, c'est à dire très sombre (et paradoxalement, on rit souvent). C'est un album qui ne plaira pas à tout le monde, loin de là, mais si ça vous tente...
La Collection d'anatomies
Ce qui frappe forcément avant même d'ouvrir ces deux albums, c'est le dessin très coloré et enfantin, qui n'a pas été sans me rappeler par certains côtés « Tom-Tom et Nana ». Ce qui frappe en ouvrant le premier tome, c'est la première scène : les personnages sont archi-classiques (l'inspecteur de police imbu de sa personne, son subordonné lèche-bottes, la concierge bavarde) et caricaturaux, mais les dialogues sont tout simplement parfaits, ironiques à souhait, et jouissifs. On le remarque déjà un peu, mais ce sera bien plus marqué par la suite, le décalage entre le sujet horrible et le dessin est vraiment très marqué, à tel point qu'on n'arrive pas à se représenter l'horreur de l'histoire et qu'on lit ça comme un récit qui ne se prend pas très au sérieux (ce qui est d'ailleurs le cas, mais ça vous le verrez si vous le lisez). Un dessin plus réaliste aurait pu donner la chair de poule, mais là non, on reste sur le mode « léger ». L'histoire dans son ensemble traite d'esthétisme (mais elle n'en est pas pour autant lassante), mais aussi d'un traumatisme d'enfance et de fétichisme (oh pas grand chose, juste des corps d'insectes, d'animaux, et celui d'une femme, à moitié disséqués? Hum). Elle se déroule en fait avant le chapitre un et nous dévoile ce qui a amené cette conclusion mystérieuse. Je regrette un peu le coup du marabout africain, qui s'intègre un peu moyennement mais reste très joyeuse et plaisante, mais sinon, même si on devine sans trop de difficultés le fin mot de l'histoire, cette lecture fut très plaisante. Quant à la recommander, si vous trouvez les albums d'occasion et si vous n'êtes pas rebuté par le dessin, oui, sans hésitation.
Pas de Chance
Premier tome assez étrange, c'est avant tout le dessin qui m'a surpris. La collection Tohu-Bohu publiait beaucoup de noir et blanc (du "vrai" N&B, hein : du noir, du blanc, mais pas de gris), quelques ouvrages en "tons de gris", mais là le dessin a une qualité assez particulière qui fait qu'il aurait sans problème pu être en couleurs. L'aspect légèrement brillant de l'impression y est sans doute aussi pour quelque chose. Mais c'est l'aspect général de la mise en page qui me fait dire ça : beaucoup de grandes cases, souvent entrecoupées de petites séquences plus rapides. Le tout est assez intéressant et dynamique, même si le dessin en lui-même me paraît encore perfectible. L'histoire quant à elle est... bizarre. On ne comprend pas jusqu'à un point assez avancé dans l'album le fond, et lorsqu'enfin l'intrigue commence à être dévoilée, paf, voilà-t-y pas que commence une recherche des plus intrigantes et que re-paf, l'album se termine ! C'est un peu frustrant. Corollaire : ça exacerbe l'envie de lire la suite. Ah, j'oubliais : l'histoire paraît d'autant plus étrange que le dessin de deux des personnages se ressemble terriblement, ce qui prête à confusion (mais c'est justement voulu). Un bon album donc, bien au point au niveau technique (je ne m'en suis rendu compte qu'en écrivant cet avis en fait), intrigant, parfois un peu cruel, et qui manque de peu un 4 étoiles.
Le Roi des Méduses
Comme tout le monde, je vais à nouveau insister sur la beauté formelle du graphisme et de la mise en couleur de cet album. Ségur est vraiment un artiste de grand talent... Comme tout le monde, je vais aussi préciser que le traitement scénaristique est loin d'être à la hauteur. J'ai peiné pour boucler l'album. Seul le sublime travail de Ségur et le respect qu'on lui doit, m'a empêché de passer trop vite à autre chose. Maintenant, même si effectivement je suis déçu de cette bd, je ne crierai pas au scandale. Comme tout le monde, l'énorme impression que m'a laissé la "Légende des contrées oubliées", me laissait éspérer lire un nouveau sommet (même si évidemment Chevalier n'était pas de la partie). Mais le deuil du chef d'oeuvre fait, je n'ai quand même pas crié au scandale après avoir bouclé l'album. De belles idées, même si elles sont sous exploitées ou mal exploitées arrivent tout de même à sauver l'entreprise...
Week-end avec préméditation
Un bon album ... mais il faut s'enlever l'idée que c'est un sous-"Monsieur Jean". Ca y ressemble, mais ça n'est pas tout à fait ça. Une histoire en un tome, très mélancolique, assez bien menée. Les dessins sont très agréables. A réserver tout de même à ceux qui apprécient Monsieur Jean. ;)
Mémoire de sable
Cette série qui constitue les premières armes d'Isabelle Dethan dans la bd, laissait entrevoir les qualités de l'auteur et de l'artiste. Maintenant, et pour être honnête, j'ai eu du mal à accrocher. Ce n'est pourtant pas la faute du graphisme et de la mise en couleur qui me séduisent encore et toujours (même si elle n'avait pas encore la maîtrise qu'elle affiche aujourd'hui), mais plutôt le scénar que je trouve un peu poussif. Comme si Isabelle D. avait tatonné avant de savoir quelle histoire elle avait envie de raconter. Ceci dit, ces mémoires de sable, sont une série très agréable à découvrir. Elle porte en germe les grandes réussites artistiques que nous connaissons aujourd'hui : "le roi cyclope" et "Sur les terres d'horus".
Les Ailes de Plomb
Cette histoire policière qui a le goût de certains films français du genre, se laisse suivre avec intérêt. Très bien maîtrisée sur le plan graphique, elle bénéficie en outre du regard sans complaisance de Gibelin (à la limite du pessimiste d'ailleurs). J'ai lu les trois tomes avec un constant intérêt.
Les cercles d'Akamoth
Je ne veux pas être trop méchant avec cette série naissante parce que finalement j'ai lu le premier tome avec curiosité. Le bémol, c'est le climat nanar fantastico-policier US qu'il dégage. Tous les ingrédients du genre sont là d'ailleurs, le flic tête brûlé que rien n'arrête même pas sa propre famille, le chef de la police vociférant, les avocats puissants et marrons... Sauf qu'à force d'avoir vu ces stéréotypes dans un million de films, on se surprend à se dire qu'on aurait préférer voir la bd échapper au phénomène. Mais bon, le graphisme est honnête, le rythme est là... C'est le genre de bd à consommer avec le restant de la boîte de popcorn du film vu la veille au ciné.
La Semaine des 7 Noël
"La semaine des 7 Noël" commence par une petite préface de Tronchet, qui avait commis "Houppeland" quelques temps avant. Je me suis laissé dire que le sujet était le même ou presque... Certains seront donc peut-être tentés de comparer ces deux séries ou de crier au manque d'originalité, mais n'ayant pas encore lu "Houppeland", ce ne sera pas mon cas. Le ton de l'album est très particulier. Le début est en fait un prologue qui expose de façon générale les évènements qui ont menés à cette dictature des pères noël. Le dessin est très différent du reste de l'album, peut-être un peu rebutant, mais j'ai vraiment adoré l'enchainement absurde de ces décisions ridicules qui prennent bien vite une consistance implacable et irrémédiable. :) C'est ensuite que l'histoire commence vraiment. Changement de dessin, il devient absolument superbe, au crayon gras ou à la craie, assez naïf et rond, j'adore. En plus les passages "dessinés par Gregory" créent un effet sympathique et bienvenu. On remarquera l'usage intensif des tons rouges, couleurs de Noël oblige ! A ce propos, l'auteur a fait une petite scène ironique et bien sentie, avec la couleur d'un tract... L'histoire change également, puisqu'on se retrouve à parler d'un serial killer (TADAM !), et de la recherche menée par les policiers-pères noël pour le trouver. Tout cela, dictature et enquête, sera vu par le petit bout de la lorgnette (le quotidien, quoi) pour la famille Prion. L'humour développé ici est assez grinçant... On hésite entre se moquer des malheurs de ces... malheureux, et en rire. Le ton général est lui aussi un peu ambigü, car l'enquête policière est finalement assez légère, largement adoucie par l'ambiance de la vie sous ce régime étrange et par l'humour, qui n'est pas lui non plus très prononcé. Alors bon, le tout est un peu étrange, car on ne sait pas exactement à quoi s'attendre, mais l'un dans l'autre j'ai bien aimé. C'est atypique, ça fait sourire, ça fait grincer des dents, et en plus c'est superbe. :)