Ce n'est pas le genre de récit qui me passionne mais je n'ai rien à reprocher à cette série sur la forme.
Elle commence en nous présentant un vieillard au caractère insupportable et dont le comportement étrange entraine sa mort. Puis on va découvrir l'histoire de toute sa vie pour comprendre comment il en est arrivé là. Grosse impression de déjà vu pour ce qui est de cette structure narrative.
Mais viennent ensuite quelques originalités.
La première est le cadre de Prague et d'autres lieux que va visiter le personnage au fil des années. Il y a là quelque intérêt historique à suivre ces scènes mais rien de très approfondi.
La seconde est la carrière cinématographique du personnage principal, non pas dans la réalisation mais dans la production. Là encore, le sujet est très peu approfondi, on le voit côtoyer quelques réalisateurs, quelques acteurs, il nous parle d'une poignée de films et courts métrages qu'il a produits. Rien de marquant.
Enfin, il y a sa relation avec les autres membres du quatuor qu'ils ont formé à Varsovie en 1945. Il y a son ami réalisateur qui lui aura été le plus fidèle tout du long. Il y a la femme qui sera au cœur des intrigues amoureuses de la série. Et il y a le quatrième, lui aussi réalisateur, symbole de celui qui se rangera du côté du pouvoir communiste et, visiblement, trahira ses anciennes convictions et amitiés. Sauf que justement je n'ai pas clairement saisi l'intensité des reproches que le héros va retenir envers ce dernier et qui vont le pousser à faire ce qu'il va faire. J'ai trouvé ce passage un peu trop théâtral.
Concrètement, ce n'est ni une série que j'achèterais ni que j'irais conseiller à quelqu'un, mais s'il y a des amateurs de récits mélodramatiques mêlant Histoire et cinéma, ce n'est pas une mauvaise BD.
Je laisse ma note à 3 parce que la BD reste franchement très vite lue et qu'elle reste d'un prix élevé pour le contenu, mais j'ai été très content de la lire !
Une BD qui joue sur les silences dans des petits fantasmes mis en scène. Histoire courtes et muettes oblige, ce n'est jamais développé au delà de quelques pages lues en une petite dizaine de minutes, mais l'ensemble joue sur le silence pour exprimer quelque chose de sensuel, et à ce niveau là je trouve qu'on est complètement dans le ton !
Le dessin m'avait paru sympathique sur la couverture, l'intérieur est tout aussi bon. Jouant sur les couleurs et les nuances de gris (avec une seule couleur qui se distingue sur chaque histoire) les planches sont très belles à regarder. C'est sensuel, ça se dévore facilement et tout reste compréhensible sans un seul mot. Bien sur quelques situations sont exagérées et je pense qu'il est difficile de qualifier l'ensemble de réaliste, mais je trouve que pour une BD dans le domaine du fantasme (que se passerait-il si … ?) on est dans une très bonne réussite, tant sur le plan esthétique que dans les idées qui sont vraiment bien mises en scène.
Je note que l'ouvrage parle aussi de la question du consentement silencieux et je note que c'est effectivement le cas : aucune situation ne m'a mis mal à l'aise face à ce qu'il se passait, preuve qu'il n'est pas si compliqué de montrer des relations consenties ! (et dans le genre, ça arrive souvent)
Sensuel, bien dessinée, originale, une BD X de qualité !
Sympathique et agréable pour ceux qui acceptent de prendre le temps, cette BD est une petite parenthèse rurale dans un monde qui s'accélère.
L'histoire est une chronique campagnarde, simple et basique, avec plein de petits vieux qui se croisent et discutent. L'histoire en elle-même est assez basique et d'ailleurs la fin, si elle est mignonne, fait presque ressortir un vieux rêve de ces vieux de l'Indre qu'on réalise sur papier.
C'est une petite Bd qui se lit vite, surtout rythmé par les échanges entre personnes âgées qui m'ont fait repenser à des échanges que j'ai déjà pu voir et entendre dans mon petit village. L'ensemble respire un peu trop les bons sentiments tout de même, à mon gout. J'ai aussi des souvenirs de paroles moins agréables et sympathiques (envers les arabes et les noirs, par exemple). Mais bon, on veut rester dans une ambiance bon enfant, je peux comprendre.
Le seul hic, c'est que finalement l'histoire est assez banale et ordinaire, avec une fin certes heureuse et surprenante, mais qui ne rattrape pas vraiment l'ensemble qui reste assez plan-plan. C'est vite lu et je pense assez vite oublié aussi. Pas une mauvaise lecture, mais une lecture dispensable.
Une méduse dans les yeux, ça parlera aux personnes sujettes à des migraines ophtalmiques comme moi : ce blanc (ou ce noir) dans la vision qui apparait, gêne et rend nauséeux. Quant à l'angoisse de la perte de la vue, elle parlera aussi aux quarantenaires qui découvrent tout à coup la presbytie et que leur vue décline immanquablement. Bref, sans parler bien sûr de l'horreur que ressentirait n'importe qui à l'idée de devenir vraiment aveugle, le thème et l'angoisse de l'héroïne de cet album ont su me toucher directement.
Celle-ci est québécoise, comme l'autrice, et ça s'entend fortement. Il n'y a pas une seule de ses phrases qui n'aligne pas de "pis", "faque" et autres expressions populaires différenciant le québécois du français traditionnel. Je ne sais pas juger si ça vient spécifiquement de son personnage (les autres protagonistes me paraissent utiliser un peu moins de cet argot) mais autant j'aime bien sentir le dépaysement et la musique du parler québécois, autant là j'ai trouvé que c'était un peu trop présent, comme si un perso de BD parlait en permanence en verlan et autres expressions de la banlieue française.
Son histoire est simple et touchante, à l'image du graphisme et de cette idée de cette petite méduse noire qui flotte en permanence autour d'elle. Quelques amis, une mère trop protectrice, un amour naissant et lui aussi un petit peu compliqué ; on suit sans peine l'héroïne et on comprend son désarroi même si elle a parfois des comportements un peu agaçants comme celui de ne pas parler de sa maladie à sa compagne ou encore son déversement de colère et de fiel quand elles en viennent enfin à discuter du sujet. Mais j'imagine que ça peut être compréhensible dans une telle situation.
Je n'ai pas été particulièrement transporté par cette lecture mais je l'ai trouvée bien faite et parlant plutôt bien de son sujet.
2.5
J'ai enfin lu l'intégrale de cette série que je connaissais de nom depuis des années sans jamais avoir lu un album.
La série est intéressante si on est fan de Berthet car on voit l'évolution du dessinateur au fil des trois tomes. Les visages sont très moyens dans le premier tome et les scènes d'action ne sont pas toujours claires. Le trait s'améliore dans le tome 2 et dans le tome 3 j'ai retrouvé le style de Berthet qu'on connait tous et qui va plutôt bien au style polar.
Quant au scénario, j'ai trouvé que celui du premier tome était vraiment mauvais, avec entre-autres des ficelles un peu trop grosses. Les deux tomes suivants sont mieux et j'ai peut-être une préférence pour le second tome qui a un retournement de situation bien trouvé. Malheureusement, les scénarios sont un peu trop classiques pour me passionner vraiment, comme c'est souvent le cas avec Rivière. Il y a deux tomes sur trois qui se laissent lire sans problème si on est fan de polar et ça fait passer le temps, mais c'est tout.
C’est une intrigue policière qui est traitée sur un rythme lent. Pour la dynamiser, Corbeyran a pris le parti de multiplier les aller-retours entre plusieurs dates. Pourquoi pas ? Mais ici ça m’a plutôt gêné au départ, j’avais du mal à situer les personnages les uns par rapport aux autres.
Et l’histoire elle-même, une fois planté le décor – et malgré les artifices chronologiques donc – se révèle moyenne. Et le personnage de Martial, pourtant central, m’est apparu bancal. Se transformant tardivement en justicier, cet ancien gendarme participait pourtant aux magouilles de ses copains, qu’il couvrait. Son retournement est assez improbable, ou tout le moins excessif.
Le dessin de Berlion est, lui, très sympathique et agréable.
Un diptyque qui n’est pas déplaisant, mais qui m’a laissé sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Je ne connais rien à l’histoire de Chapman, l’homme qui a tué Lennon, mais semble-t-il les auteurs ont respecté la réalité, se contentant de combler les interstices, et de l’incarner avec quelques dialogues et situations plus ou moins romancés.
Disons que le sujet n’est en soi pas captivant, et qu’il est traité sur un rythme assez pépère. Mais le personnage de Chapman est à la fois sidérant et intrigant, monstre d’aigreur, de mythomanie, un gros frustré qui va dégoupiller pour réparer l’injustice de son anonymat. Un type qui vit le réel au travers d’un roman de Salinger (que je ne connais pas non plus). Un grand malade donc, mais le manque de rythme et de densité m’a parfois anesthésié.
Le dessin est par contre très agréable. Mon seul reproche est que les têtes des Beatles ne ressemblent pas suffisamment à celles des vrais.
Note réelle 2,5/5.
Un petit avis rapide, histoire d’apporter ma contribution car je n’ai pas grand-chose à ajouter par rapport aux commentaires sur les précédents albums. Après la montre à gousset et les amérindiens, le collectif d’auteurs nous content la conquête de l’ouest à travers certains des bandits, criminels et autres desperados les plus connus et redoutés de l’histoire des USA. Quelques nouveaux artistes apparaissent, certaines têtes connues sont rappelées, les histoires sont inégales… c’est globalement la même tambouille que les 2 précédents volets, donc plutôt du très bon et agréable divertissement. Cette collection créée par Tiburce Oger figure dans mon top des westerns modernes. Le quatrième épisode est dors et déjà acté et s’inspirera cette fois des hommes de lois. Vivement la suite donc !
Il s'agit de l'adaptation d'un roman d'Amélie Nothomb paru en 2012. C'est une réécriture plus ou moins féministe du conte de Perrault.
De nos jours, un riche aristocrate propose à la co-location une chambre luxueuse dans son appartement parisien. Le fait est connu que les huit précédentes co-locataires ont toutes disparu, mais cela ne décourage pas les curieuses. Et Saturnine a la chance de se voir offerte ce logement idéal et de pouvoir rencontrer l'énigmatique et lunatique Don Elemirio Nibal y Milcar dont le charme n'a d'égal que ses excentricités de richissime ermite. Saturnine, femme cultivée et de caractère, ne compte pas se laisser faire par les entreprises séductrices du personnage, tout comme elle se refuse à succomber à la tentation de lui demander ce qu'il est advenu des précédentes co-locataires. Mais il y a tout de même cette chambre noire à laquelle il lui a formellement interdit l'accès qui titille sa curiosité...
J'ai aimé l'originalité de cette revisite d'un conte célèbre. Amélie Nothomb se fait un devoir d'y retourner la situation et de présenter une héroïne qui a l'ascendant spirituel sur la fameux Barbe bleue. Ce dernier est aussi fantasque que fascinant et difficile à cerner au premier abord. Il y a d'ailleurs un peu de Peau d'Âne dans ses tentatives de séduction et dans les habits qu'il cout pour ses conquêtes. Le récit se déroule avec fluidité, attisant la curiosité du lecteur et l'intérêt porté aux dialogues entre les deux protagonistes. Quant au dessin il est charmant, notamment dans son utilisation des couleurs qui sont justement au cœur de l'intrigue.
Seule la fin de l'histoire m'a légèrement déçu, la trouvant trop plate, presque trop simple. Pour le reste, j'ai apprécié ma lecture.
Ah mince, ça c'est dommage ! La BD commence très très bien et se conclut d'une façon qui m'a carrément intéressé, mais l'entre-deux est assez mal exploité. Franchement, dommage !
Le début fait très polar noir, ambiance thriller avec un tueur à gage tout ce qu'il y a de plus classique (Matz semble à l'aise avec cet archétype) qui se fait trahir par sa hiérarchie. Rien que du très classique, déjà, mais qui prend soudainement un virage insoupçonné. L'idée est carrément invraisemblable, soyons honnête, mais si on se dit ok, l'intrigue se laisse lire. Sauf qu'après un développement qui semble assez prévisible dans certains détails, la fin laisse apparaitre ce que la BD essaye et surtout aurait pu être : un commentaire social sur les femmes dans la société et des questionnements de genre. C'est un vrai défaut à mes yeux puisque la fin propose quelque chose qui me plait vraiment : des questions sur le genre, sur la place des femmes dans les milieux mafieux aussi (et leur exploitation). Ces questions là auraient été franchement intéressantes et la fin laisse clairement entendre que c'était une possible volonté de la part des auteurs.
Mais en l'état, il s'agit finalement d'une simple BD polar bien menée, aux idées parfois un peu trop extravagante mais qui se tient dans l'ensemble. Les quelques idées effleurées à la fin laissent entrevoir un potentiel clairement inexploitée, ce qui est dommage. Matz a déjà fait mieux en terme de polar.
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La Dernière des Salles Obscures
Ce n'est pas le genre de récit qui me passionne mais je n'ai rien à reprocher à cette série sur la forme. Elle commence en nous présentant un vieillard au caractère insupportable et dont le comportement étrange entraine sa mort. Puis on va découvrir l'histoire de toute sa vie pour comprendre comment il en est arrivé là. Grosse impression de déjà vu pour ce qui est de cette structure narrative. Mais viennent ensuite quelques originalités. La première est le cadre de Prague et d'autres lieux que va visiter le personnage au fil des années. Il y a là quelque intérêt historique à suivre ces scènes mais rien de très approfondi. La seconde est la carrière cinématographique du personnage principal, non pas dans la réalisation mais dans la production. Là encore, le sujet est très peu approfondi, on le voit côtoyer quelques réalisateurs, quelques acteurs, il nous parle d'une poignée de films et courts métrages qu'il a produits. Rien de marquant. Enfin, il y a sa relation avec les autres membres du quatuor qu'ils ont formé à Varsovie en 1945. Il y a son ami réalisateur qui lui aura été le plus fidèle tout du long. Il y a la femme qui sera au cœur des intrigues amoureuses de la série. Et il y a le quatrième, lui aussi réalisateur, symbole de celui qui se rangera du côté du pouvoir communiste et, visiblement, trahira ses anciennes convictions et amitiés. Sauf que justement je n'ai pas clairement saisi l'intensité des reproches que le héros va retenir envers ce dernier et qui vont le pousser à faire ce qu'il va faire. J'ai trouvé ce passage un peu trop théâtral. Concrètement, ce n'est ni une série que j'achèterais ni que j'irais conseiller à quelqu'un, mais s'il y a des amateurs de récits mélodramatiques mêlant Histoire et cinéma, ce n'est pas une mauvaise BD.
Sans un mot...
Je laisse ma note à 3 parce que la BD reste franchement très vite lue et qu'elle reste d'un prix élevé pour le contenu, mais j'ai été très content de la lire ! Une BD qui joue sur les silences dans des petits fantasmes mis en scène. Histoire courtes et muettes oblige, ce n'est jamais développé au delà de quelques pages lues en une petite dizaine de minutes, mais l'ensemble joue sur le silence pour exprimer quelque chose de sensuel, et à ce niveau là je trouve qu'on est complètement dans le ton ! Le dessin m'avait paru sympathique sur la couverture, l'intérieur est tout aussi bon. Jouant sur les couleurs et les nuances de gris (avec une seule couleur qui se distingue sur chaque histoire) les planches sont très belles à regarder. C'est sensuel, ça se dévore facilement et tout reste compréhensible sans un seul mot. Bien sur quelques situations sont exagérées et je pense qu'il est difficile de qualifier l'ensemble de réaliste, mais je trouve que pour une BD dans le domaine du fantasme (que se passerait-il si … ?) on est dans une très bonne réussite, tant sur le plan esthétique que dans les idées qui sont vraiment bien mises en scène. Je note que l'ouvrage parle aussi de la question du consentement silencieux et je note que c'est effectivement le cas : aucune situation ne m'a mis mal à l'aise face à ce qu'il se passait, preuve qu'il n'est pas si compliqué de montrer des relations consenties ! (et dans le genre, ça arrive souvent) Sensuel, bien dessinée, originale, une BD X de qualité !
Lucienne ou les Millionnaires de la Rondière
Sympathique et agréable pour ceux qui acceptent de prendre le temps, cette BD est une petite parenthèse rurale dans un monde qui s'accélère. L'histoire est une chronique campagnarde, simple et basique, avec plein de petits vieux qui se croisent et discutent. L'histoire en elle-même est assez basique et d'ailleurs la fin, si elle est mignonne, fait presque ressortir un vieux rêve de ces vieux de l'Indre qu'on réalise sur papier. C'est une petite Bd qui se lit vite, surtout rythmé par les échanges entre personnes âgées qui m'ont fait repenser à des échanges que j'ai déjà pu voir et entendre dans mon petit village. L'ensemble respire un peu trop les bons sentiments tout de même, à mon gout. J'ai aussi des souvenirs de paroles moins agréables et sympathiques (envers les arabes et les noirs, par exemple). Mais bon, on veut rester dans une ambiance bon enfant, je peux comprendre. Le seul hic, c'est que finalement l'histoire est assez banale et ordinaire, avec une fin certes heureuse et surprenante, mais qui ne rattrape pas vraiment l'ensemble qui reste assez plan-plan. C'est vite lu et je pense assez vite oublié aussi. Pas une mauvaise lecture, mais une lecture dispensable.
La Méduse
Une méduse dans les yeux, ça parlera aux personnes sujettes à des migraines ophtalmiques comme moi : ce blanc (ou ce noir) dans la vision qui apparait, gêne et rend nauséeux. Quant à l'angoisse de la perte de la vue, elle parlera aussi aux quarantenaires qui découvrent tout à coup la presbytie et que leur vue décline immanquablement. Bref, sans parler bien sûr de l'horreur que ressentirait n'importe qui à l'idée de devenir vraiment aveugle, le thème et l'angoisse de l'héroïne de cet album ont su me toucher directement. Celle-ci est québécoise, comme l'autrice, et ça s'entend fortement. Il n'y a pas une seule de ses phrases qui n'aligne pas de "pis", "faque" et autres expressions populaires différenciant le québécois du français traditionnel. Je ne sais pas juger si ça vient spécifiquement de son personnage (les autres protagonistes me paraissent utiliser un peu moins de cet argot) mais autant j'aime bien sentir le dépaysement et la musique du parler québécois, autant là j'ai trouvé que c'était un peu trop présent, comme si un perso de BD parlait en permanence en verlan et autres expressions de la banlieue française. Son histoire est simple et touchante, à l'image du graphisme et de cette idée de cette petite méduse noire qui flotte en permanence autour d'elle. Quelques amis, une mère trop protectrice, un amour naissant et lui aussi un petit peu compliqué ; on suit sans peine l'héroïne et on comprend son désarroi même si elle a parfois des comportements un peu agaçants comme celui de ne pas parler de sa maladie à sa compagne ou encore son déversement de colère et de fiel quand elles en viennent enfin à discuter du sujet. Mais j'imagine que ça peut être compréhensible dans une telle situation. Je n'ai pas été particulièrement transporté par cette lecture mais je l'ai trouvée bien faite et parlant plutôt bien de son sujet.
Le Privé d'Hollywood
2.5 J'ai enfin lu l'intégrale de cette série que je connaissais de nom depuis des années sans jamais avoir lu un album. La série est intéressante si on est fan de Berthet car on voit l'évolution du dessinateur au fil des trois tomes. Les visages sont très moyens dans le premier tome et les scènes d'action ne sont pas toujours claires. Le trait s'améliore dans le tome 2 et dans le tome 3 j'ai retrouvé le style de Berthet qu'on connait tous et qui va plutôt bien au style polar. Quant au scénario, j'ai trouvé que celui du premier tome était vraiment mauvais, avec entre-autres des ficelles un peu trop grosses. Les deux tomes suivants sont mieux et j'ai peut-être une préférence pour le second tome qui a un retournement de situation bien trouvé. Malheureusement, les scénarios sont un peu trop classiques pour me passionner vraiment, comme c'est souvent le cas avec Rivière. Il y a deux tomes sur trois qui se laissent lire sans problème si on est fan de polar et ça fait passer le temps, mais c'est tout.
Garrigue
C’est une intrigue policière qui est traitée sur un rythme lent. Pour la dynamiser, Corbeyran a pris le parti de multiplier les aller-retours entre plusieurs dates. Pourquoi pas ? Mais ici ça m’a plutôt gêné au départ, j’avais du mal à situer les personnages les uns par rapport aux autres. Et l’histoire elle-même, une fois planté le décor – et malgré les artifices chronologiques donc – se révèle moyenne. Et le personnage de Martial, pourtant central, m’est apparu bancal. Se transformant tardivement en justicier, cet ancien gendarme participait pourtant aux magouilles de ses copains, qu’il couvrait. Son retournement est assez improbable, ou tout le moins excessif. Le dessin de Berlion est, lui, très sympathique et agréable. Un diptyque qui n’est pas déplaisant, mais qui m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
J'ai tué John Lennon
Je ne connais rien à l’histoire de Chapman, l’homme qui a tué Lennon, mais semble-t-il les auteurs ont respecté la réalité, se contentant de combler les interstices, et de l’incarner avec quelques dialogues et situations plus ou moins romancés. Disons que le sujet n’est en soi pas captivant, et qu’il est traité sur un rythme assez pépère. Mais le personnage de Chapman est à la fois sidérant et intrigant, monstre d’aigreur, de mythomanie, un gros frustré qui va dégoupiller pour réparer l’injustice de son anonymat. Un type qui vit le réel au travers d’un roman de Salinger (que je ne connais pas non plus). Un grand malade donc, mais le manque de rythme et de densité m’a parfois anesthésié. Le dessin est par contre très agréable. Mon seul reproche est que les têtes des Beatles ne ressemblent pas suffisamment à celles des vrais. Note réelle 2,5/5.
GunMen of the West
Un petit avis rapide, histoire d’apporter ma contribution car je n’ai pas grand-chose à ajouter par rapport aux commentaires sur les précédents albums. Après la montre à gousset et les amérindiens, le collectif d’auteurs nous content la conquête de l’ouest à travers certains des bandits, criminels et autres desperados les plus connus et redoutés de l’histoire des USA. Quelques nouveaux artistes apparaissent, certaines têtes connues sont rappelées, les histoires sont inégales… c’est globalement la même tambouille que les 2 précédents volets, donc plutôt du très bon et agréable divertissement. Cette collection créée par Tiburce Oger figure dans mon top des westerns modernes. Le quatrième épisode est dors et déjà acté et s’inspirera cette fois des hommes de lois. Vivement la suite donc !
Barbe bleue
Il s'agit de l'adaptation d'un roman d'Amélie Nothomb paru en 2012. C'est une réécriture plus ou moins féministe du conte de Perrault. De nos jours, un riche aristocrate propose à la co-location une chambre luxueuse dans son appartement parisien. Le fait est connu que les huit précédentes co-locataires ont toutes disparu, mais cela ne décourage pas les curieuses. Et Saturnine a la chance de se voir offerte ce logement idéal et de pouvoir rencontrer l'énigmatique et lunatique Don Elemirio Nibal y Milcar dont le charme n'a d'égal que ses excentricités de richissime ermite. Saturnine, femme cultivée et de caractère, ne compte pas se laisser faire par les entreprises séductrices du personnage, tout comme elle se refuse à succomber à la tentation de lui demander ce qu'il est advenu des précédentes co-locataires. Mais il y a tout de même cette chambre noire à laquelle il lui a formellement interdit l'accès qui titille sa curiosité... J'ai aimé l'originalité de cette revisite d'un conte célèbre. Amélie Nothomb se fait un devoir d'y retourner la situation et de présenter une héroïne qui a l'ascendant spirituel sur la fameux Barbe bleue. Ce dernier est aussi fantasque que fascinant et difficile à cerner au premier abord. Il y a d'ailleurs un peu de Peau d'Âne dans ses tentatives de séduction et dans les habits qu'il cout pour ses conquêtes. Le récit se déroule avec fluidité, attisant la curiosité du lecteur et l'intérêt porté aux dialogues entre les deux protagonistes. Quant au dessin il est charmant, notamment dans son utilisation des couleurs qui sont justement au cœur de l'intrigue. Seule la fin de l'histoire m'a légèrement déçu, la trouvant trop plate, presque trop simple. Pour le reste, j'ai apprécié ma lecture.
Corps et Âme
Ah mince, ça c'est dommage ! La BD commence très très bien et se conclut d'une façon qui m'a carrément intéressé, mais l'entre-deux est assez mal exploité. Franchement, dommage ! Le début fait très polar noir, ambiance thriller avec un tueur à gage tout ce qu'il y a de plus classique (Matz semble à l'aise avec cet archétype) qui se fait trahir par sa hiérarchie. Rien que du très classique, déjà, mais qui prend soudainement un virage insoupçonné. L'idée est carrément invraisemblable, soyons honnête, mais si on se dit ok, l'intrigue se laisse lire. Sauf qu'après un développement qui semble assez prévisible dans certains détails, la fin laisse apparaitre ce que la BD essaye et surtout aurait pu être : un commentaire social sur les femmes dans la société et des questionnements de genre. C'est un vrai défaut à mes yeux puisque la fin propose quelque chose qui me plait vraiment : des questions sur le genre, sur la place des femmes dans les milieux mafieux aussi (et leur exploitation). Ces questions là auraient été franchement intéressantes et la fin laisse clairement entendre que c'était une possible volonté de la part des auteurs. Mais en l'état, il s'agit finalement d'une simple BD polar bien menée, aux idées parfois un peu trop extravagante mais qui se tient dans l'ensemble. Les quelques idées effleurées à la fin laissent entrevoir un potentiel clairement inexploitée, ce qui est dommage. Matz a déjà fait mieux en terme de polar.