Arthur Suydam est un auteur original. Et je regrette qu’il n’ait pas davantage publié. Et qu’il ne se soit pas adjoint un coscénariste.
Parce que pour le dessin et la création d’un univers plus qu’étrange, c’est vraiment intéressant. J’avais déjà pu apprécier son travail sur Cholly & Gobmouche. Dans cet album sorti quelques années auparavant, sont regroupées des histoires publiées à l’origine dans la revue Heavy Metal, dans laquelle elles devaient se trouver en bonne compagnie.
C’est sans doute moins purement SF que pour Cholly & Gobmouche, mais c’est tout aussi foutraque, mélangeant allègrement divers genres (des décors contemporains apparaissent, avec des créatures bizarres et de toutes tailles. Pas vraiment d’intrigue creusée, ça part dans tous les sens (je pense que Suydam devait pas mal improviser !), avec des dialogues eux-aussi peu cartésiens.
Plus que décousues et déroutantes donc, ces histoires valent surtout pour le dessin, que j’aime vraiment beaucoup. Mais globalement, j’ai préféré l’autre album cité plus haut – même s’il été aussi inclassable et très foutraque.
Note réelle 2,5/5.
Le sujet est a priori intéressant, mais son traitement m’a quelque peu laissé sur ma faim. J’arrondis aux trois étoiles surtout pour la découverte d’une femme pionnière dans son domaine, et pour un éclairage original porté sur les discriminations raciales dont furent victimes (ont-elles totalement cessé ?) les Noirs aux États-Unis – et ailleurs.
En effet, Althéa Gibson a dû faire preuve d’opiniâtreté pour imposer son talent dans le domaine où elle excellait, le tennis. Alors que les Noirs ne pouvaient jouer contre des Blancs, elle a réussi – avec l’aide de quelques personnes (dont plusieurs championnes blanches – une américaine et une anglaise) à obtenir, après des années à végéter dans les tournois réservés aux « gens de couleur », la possibilité de jouer les grands tournois, et de les gagner (aux États-Unis et en Europe).
Il faut dire que son enfance dans le ghetto de Harlem l’avait endurcie, et qu’elle savait se défendre, avec les poings si nécessaire, contre ceux qui voulaient la rabaisser.
Mais voilà, j’ai eu du mal à me passionner pour le sujet. Et cela ne vient pas du fait que le tennis ne me captive pas énormément. Plusieurs raisons y ont concouru.
D’abord le dessin : efficace et lisible, je l’ai trouvé un peu « pauvre », en tout cas pas ma tasse de thé.
Ensuite la personnalité même d’Althea Gibson n’est pas forcément très attachante. Et finalement elle n’est pas une égérie de la lutte pour l’égalité, refusant de s’impliquer politiquement, et cherchant juste à réussir (elle tâtera du golf, de la chanson, lorsque sa carrière de tennis woman s’étiolera – il faut dire qu’entièrement amateur à cette époque d’après-guerre, peu de revus publicitaires allaient vers une femme, qui plus est noire…).
Bagarreuse – plutôt dans le bon sens du terme – pour s’imposer dans les tournois, elle ne revendique finalement pas tant que ça, et j’ai trouvé sa personnalité assez terne, dépassée par les enjeux symboliques.
Finalement l’aspect « politique » reste presque en retrait, même si la forte ségrégation, les insultes de certains spectateurs aux États-Unis occupent une place importante au début. L’histoire intéressera plus ceux que l’évolution du tennis intéresse.
Note réelle 2,5/5.
Les deux auteurs ont déjà collaboré – des franchises Disney, ou sur Donjon Parade – et ici, si le résultat est inégal, je pense qu’il satisfera le lectorat visé en priorité (plutôt jeune et/ou adolescent je pense).
Le dessin – et la colorisation de Nesme – sont sans doute ce qui est le mieux réussi. C’est dynamique et lumineux, agréable, très cartoon (proche du rendu de la version ciné de Chabat je trouve).
L’histoire concoctée par Trondheim n’est ni ratée ni sans intérêt, mais elle manque d’ambition, et reste vraiment trop basique. De plus je pense depuis le départ que la Marsupilami est une création géniale de Franquin, mais qui tient toute sa force de rester un personnage secondaire et dynamiteur des Spirou. En tant que héros de sa propre série, ça m’a quasiment toujours déçu (même si la version plus « adulte » et noire proposée récemment par Zidrou et Pé m’a agréablement surpris).
Ici, c’est de l’aventure très classique, dans laquelle Trondheim peine à mettre beaucoup d’humour (en tout cas pas assez à mon goût). Ça se laisse lire sans problème, mais j'en attendais davantage.
Reste qu’il doit remplir le cahier des charges, et que des adolescents y trouveront sans doute leur compte. Il retombe aussi sur ses pattes en fin d’album pour expliquer l’origine de cette mystérieuse région de Palombie.
Un polar sur l'île de Pâques dans les années trente, ça vous intéresse ?
Thomas Lavachery s'est inspiré librement des notes, dessins et photos du carnet d'Henri Lavachery pour l'enquête de l'inspecteur Valverde. En effet, son grand-père faisait partie de l'expédition franco-belge de 1934, elle séjournera 5 mois sur l’île de Pâques pour des travaux d'archéologie, mais avant son arrivée, un fonctionnaire colonial avait été éliminé.
On va donc suivre les investigations du truculent inspecteur Valverde, un homme à la forte corpulence qui va s'enticher d'un chat entre deux prises de laudanum.
Il y a un peu d'Agatha Christie dans cette enquête, le rythme est lent, les intrigues mènent à de fausses pistes et nous avons une belle brochette de personnages hétéroclites.
La partie historique et l'esprit colonialiste sont très bien rendus avec d'un côté les anglais et les chiliens et de l'autre les pasquans. Ces derniers servent de main-d'œuvre bon marché ou le cas échéant, ils sont parqués dans une léproserie.
Le récit est prenant et les personnages sont bien campés, mais j'ai vu arriver le dénouement un peu trop facilement. Dommage.
J'aime le dessin de Thomas Gilbert, un trait légèrement gras très stylisé qui nous transporte sur cette île inhospitalière battue par les vents. Les couleurs apportent cette sensation de désolation. Dépaysement garanti.
Une mise en page académique.
Du très bon boulot.
Je ne peux que recommander aux aficionados du genre.
Note réelle : 3,5.
D'autres aventures de l'inspecteur Valverde pourraient voir le jour...
Ma médiathèque possède seulement la première histoire, la seule donc que j’ai lue pour le moment. Une lecture sympathique, sans plus. Disons que le scénario est classique, et l’intrigue est parfois mollassonne, manque d’originalité.
Plus que l’intrigue elle-même, c’est peut-être les clins d’œil et l’hommage transparent aux polars d’espionnage old school et surtout à « Blake et Mortimer » qui peuvent retenir l’attention. Le membre éminent du contre-espionnage Kaplan, le scientifique Masson sont des transpositions du duo Blake et Mortimer, et Convard va même jusqu’à suivre Jacobs dans sa propension à remplir les bulles à ras-bord (que c’est bavard ! Trop verbeux). Les noms de scientifiques connus (Einstein ici transformé en Bernstein par exemple) sont modifiés pour je ne sais quelle raison. Le tueur ninja est sans doute la seule touche exotique dans ce récit très classique.
La couverture m’avait fait penser à quelque chose de plus dynamique, voire humoristique (dans la veine de certaines parodies très réussies du duo Veys/ Barral (d’ailleurs la couverture de « La théorie du chaos » ressemble furieusement à celle du premier tome de Les aventures de Philip et Francis).
Pas de parodie donc, ni même d’intrigue survitaminée. Une lecture qui conviendra donc surtout aux amateurs de Jacobs ou de récits « à l’ancienne » sans trop de surprises. Et le dessin de Thibert, dans une ligne claire elle aussi classique, surjoue ces références.
Note réelle 2,5/5.
L'album part d'une base classique : que se passerait-il si d'un seul coup un scénario apocalyptique se présentait à nous ? Dans cette histoire-là, du jour au lendemain, une pluie d'aiguilles tranchantes s'abat sur une partie des États-Unis et s'étend progressivement.
Comme dans tous les récits du genre, on aborde les problèmes sociétaux contemporains exacerbés dans des situations dramatiques. Ici, on va surtout parler du fanatisme, du rejet de la différence, du besoin de trouver des responsables quoi qu'il arrive, … Du classique mais tout de même bien mené.
En vrai, je me dis que l'album n'était vraiment pas loin de valoir un 3,5 sur le papier, mais il m'a manqué un petit quelque chose. J'ai beaucoup apprécié le sujet du deuil, de l'exacerbation de la peur et de la haine en période apocalyptique, ce sentiment déprimant qui s'installe lentement lorsque l'on comprend qu'il n'y aura sans doute aucun moyen pour que la civilisation et la quasi-totalité des espèces survivent à tout ça, mais pourtant j'ai trouvé l'histoire un peu trop convenue. C'est du bon, mais je l'ai déjà vu de nombreuses fois ailleurs et parfois mieux réalisé (il faut dire que j'aime énormément ce genre d'histoire, je pars donc toujours avec beaucoup d'exigences). Il y aussi le fait que j'aurais préféré que l'on ne donne pas l'origine avérée de toute cette catastrophe, que le mystère soit maintenu jusqu'au bout, pour que l'on puisse se concentrer davantage sur le drame et la réflexion plutôt que de bêtement chercher un.e responsable. Un petit détail mais qui m'a embêté.
L'album reste tout de même bon, je maintiens. Il aurait simplement pu être meilleur.
2.5
Un autre manga qui adapte un light novel qui se passe dans un monde de style européen fantastique assez cliché. Un lecteur habitué à ce genre de séries est en terrain conquis.
Cette fois-ci, l'héroïne est une noble qui est fiancée à un prince et lorsqu'elle découvre que ce dernier entretient une relation incestueuse avec sa sœur, il la fait arrêter et exécuter pour trahison. Au lieu de mourir, elle se retrouve projetée 6 ans en arrière au moment où elle va être fiancée au prince et pour se sortir de cette situation, elle choisit un mâle au hasard en disant qu'elle est amoureuse de lui et il se trouve qu'elle a choisi un noble étranger qui a été son pire ennemi à la guerre dans son ancienne vie !
Il y a des trucs pas trop mal dans le scénario et j'aime bien la personnalité de l'héroïne, sauf que voilà comme c'est le cas de plusieurs récits venant du Japon il y a un élément dans le scénario qui gâche tout et dans ce cas c'est l'âge de l'héroïne et de son nouveau fiancé. Il a 19 ans et elle a....10 ans ! Je comprends que certains aiment les histoires d'amour entre gens qui ont un âge différent, mais il y a quand même des limites. J'aurais rien dit si elle avait encore 16 ans comme au début du récit, mais maintenant qu'elle est dans le corps d'une pré pubère... En tout cas, les gags sur le fait que l'empereur serait un pédophile ne sont pas très drôles et les scènes romantiques sont plus glauques qu'autre chose. Et c'est publié dans un magazine seinen (pour les hommes), c'est pas un shojo avec comme public-cible des adolescentes qui rêvent d'être dans les bras d'un homme mature et viril.
Ajoutons aussi que la fin du troisième tome qui marque la fin d'un cycle est un peu décevante parce que le gros méchant se fait battre un peu trop facilement à mon goût. J'ai lu les trois premiers tomes et ça m'a suffit.
Bon, les albums collectifs sont très rarement intéressants. Forcément très éclectiques, avec peu d’espace pour chaque participant pour développer une idée. Tous ces écueils sont visibles ici, et globalement peu d’auteur ont totalement su tirer leur épingle du jeu et proposer quelque chose qui me satisfasse. Même si plusieurs participations sont intéressantes.
Tardi parvient avec une vingtaine de vignettes à proposer quelques petites choses amusantes (avec une chute faisant référence à Adèle Blanc-Sec qui l’est tout autant). Margerin fait du Margerin, mais son histoire courte joue avec ironie et humour sur le thème et le fait bien. Vicomte propose une petite histoire simple mais bien fichue. Vuillemin donne en un dessin sa vision très noire et trash de la pénurie d’eau.
Certains auteurs, comme Yslaire, Juillard, se contente de quelques dessins – plutôt jolis.
Et puis il y a Giraud/Moebius, sans doute celui dont j’attendais le plus. Crédité en tant que Giraud en quatrième de couverture, signant ses trois page Moebius, son dessin passe effectivement de l’un à l’autre, d’abord dans un trait western très pur et très Blueberry, pour basculer peu à peu dans un univers plus contemporain, voire SF à la Moebius. Avec comme texte un discours du chef Indien Seattle. Une participation intéressante et originale en tout cas.
Pour le reste, ça m’a grandement laissé sur ma faim.
C’était à l’époque vendu au profit d’une œuvre humanitaire. Aujourd’hui que celle-ci ne peut plus en tirer profit, cet album ne garde qu’un intérêt de curiosité, au résultat très inégal.
Note réelle 2,5/5.
Un petit album qui ne paye pas de mine, chez un « petit » éditeur, mais une lecture plaisante et recommandable.
Des trois histoires qui composent l’album, seule la première m’est apparu en deçà des autres, légèrement décevante. Mais les deux autres sont plutôt sympas, avec un démarrage parfois un peu lent – mais cela permet d’installer une ambiance, une gêne progressive – et une chute bien vue.
Si le dessin au trait gras et plus moderne différencie ces histoires, c’est quand même vers des classiques des recueils d’histoires mêlant fantastique et un peu d’horreur que lorgnent ces intrigues (genre Tales from the crypt ou Creepshow), mais aussi sur certains films ou certaines séries télé américains des années 1950-70 (« L’homme qui rétrécit » par exemple). Alors, certes, sur ce genre de sujet je préfère sans doute le dessin de Bernie Wrightson ou Wallace Wood, mais ça passe quand même très bien, et la bichromie est intéressante. J’ajoute que L’employé du Moi a fait un très beau travail éditorial (couverture cartonnée, papier épais, et un format moyen très réussi.
Rien d’extraordinaire ni d’hyper original dans le concept. Mais les auteures ont très bien su « moderniser » des thèmes classiques, et nous proposer une lecture détente très sympathique.
Note réelle 3,5/5.
J'ai découvert Anna Sommer l'année dernière et j'aime bien son travail. Ici ce n'est pas une histoire complète, elle raconte différentes anecdotes de sa vie. C'est clinique, sans concession sur elle-même, par exemple quand elle décrit sa tendance à faucher dans les magasins quand elle était jeune. Elle se décrit aussi comme quelqu'un de très casanier avec une vie rangée, un mari etc, aussi dessinateur d'ailleurs sous le nom de Noyau. Il y a quelques pages sur son enfance modeste dans la Suisse alémanique. Un certain humour dans ces pages. Le dessin est une belle ligne claire, en noir et blanc. Propre. Une belle qualité d'édition.
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Mudwog
Arthur Suydam est un auteur original. Et je regrette qu’il n’ait pas davantage publié. Et qu’il ne se soit pas adjoint un coscénariste. Parce que pour le dessin et la création d’un univers plus qu’étrange, c’est vraiment intéressant. J’avais déjà pu apprécier son travail sur Cholly & Gobmouche. Dans cet album sorti quelques années auparavant, sont regroupées des histoires publiées à l’origine dans la revue Heavy Metal, dans laquelle elles devaient se trouver en bonne compagnie. C’est sans doute moins purement SF que pour Cholly & Gobmouche, mais c’est tout aussi foutraque, mélangeant allègrement divers genres (des décors contemporains apparaissent, avec des créatures bizarres et de toutes tailles. Pas vraiment d’intrigue creusée, ça part dans tous les sens (je pense que Suydam devait pas mal improviser !), avec des dialogues eux-aussi peu cartésiens. Plus que décousues et déroutantes donc, ces histoires valent surtout pour le dessin, que j’aime vraiment beaucoup. Mais globalement, j’ai préféré l’autre album cité plus haut – même s’il été aussi inclassable et très foutraque. Note réelle 2,5/5.
White only
Le sujet est a priori intéressant, mais son traitement m’a quelque peu laissé sur ma faim. J’arrondis aux trois étoiles surtout pour la découverte d’une femme pionnière dans son domaine, et pour un éclairage original porté sur les discriminations raciales dont furent victimes (ont-elles totalement cessé ?) les Noirs aux États-Unis – et ailleurs. En effet, Althéa Gibson a dû faire preuve d’opiniâtreté pour imposer son talent dans le domaine où elle excellait, le tennis. Alors que les Noirs ne pouvaient jouer contre des Blancs, elle a réussi – avec l’aide de quelques personnes (dont plusieurs championnes blanches – une américaine et une anglaise) à obtenir, après des années à végéter dans les tournois réservés aux « gens de couleur », la possibilité de jouer les grands tournois, et de les gagner (aux États-Unis et en Europe). Il faut dire que son enfance dans le ghetto de Harlem l’avait endurcie, et qu’elle savait se défendre, avec les poings si nécessaire, contre ceux qui voulaient la rabaisser. Mais voilà, j’ai eu du mal à me passionner pour le sujet. Et cela ne vient pas du fait que le tennis ne me captive pas énormément. Plusieurs raisons y ont concouru. D’abord le dessin : efficace et lisible, je l’ai trouvé un peu « pauvre », en tout cas pas ma tasse de thé. Ensuite la personnalité même d’Althea Gibson n’est pas forcément très attachante. Et finalement elle n’est pas une égérie de la lutte pour l’égalité, refusant de s’impliquer politiquement, et cherchant juste à réussir (elle tâtera du golf, de la chanson, lorsque sa carrière de tennis woman s’étiolera – il faut dire qu’entièrement amateur à cette époque d’après-guerre, peu de revus publicitaires allaient vers une femme, qui plus est noire…). Bagarreuse – plutôt dans le bon sens du terme – pour s’imposer dans les tournois, elle ne revendique finalement pas tant que ça, et j’ai trouvé sa personnalité assez terne, dépassée par les enjeux symboliques. Finalement l’aspect « politique » reste presque en retrait, même si la forte ségrégation, les insultes de certains spectateurs aux États-Unis occupent une place importante au début. L’histoire intéressera plus ceux que l’évolution du tennis intéresse. Note réelle 2,5/5.
El Diablo
Les deux auteurs ont déjà collaboré – des franchises Disney, ou sur Donjon Parade – et ici, si le résultat est inégal, je pense qu’il satisfera le lectorat visé en priorité (plutôt jeune et/ou adolescent je pense). Le dessin – et la colorisation de Nesme – sont sans doute ce qui est le mieux réussi. C’est dynamique et lumineux, agréable, très cartoon (proche du rendu de la version ciné de Chabat je trouve). L’histoire concoctée par Trondheim n’est ni ratée ni sans intérêt, mais elle manque d’ambition, et reste vraiment trop basique. De plus je pense depuis le départ que la Marsupilami est une création géniale de Franquin, mais qui tient toute sa force de rester un personnage secondaire et dynamiteur des Spirou. En tant que héros de sa propre série, ça m’a quasiment toujours déçu (même si la version plus « adulte » et noire proposée récemment par Zidrou et Pé m’a agréablement surpris). Ici, c’est de l’aventure très classique, dans laquelle Trondheim peine à mettre beaucoup d’humour (en tout cas pas assez à mon goût). Ça se laisse lire sans problème, mais j'en attendais davantage. Reste qu’il doit remplir le cahier des charges, et que des adolescents y trouveront sans doute leur compte. Il retombe aussi sur ses pattes en fin d’album pour expliquer l’origine de cette mystérieuse région de Palombie.
Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde
Un polar sur l'île de Pâques dans les années trente, ça vous intéresse ? Thomas Lavachery s'est inspiré librement des notes, dessins et photos du carnet d'Henri Lavachery pour l'enquête de l'inspecteur Valverde. En effet, son grand-père faisait partie de l'expédition franco-belge de 1934, elle séjournera 5 mois sur l’île de Pâques pour des travaux d'archéologie, mais avant son arrivée, un fonctionnaire colonial avait été éliminé. On va donc suivre les investigations du truculent inspecteur Valverde, un homme à la forte corpulence qui va s'enticher d'un chat entre deux prises de laudanum. Il y a un peu d'Agatha Christie dans cette enquête, le rythme est lent, les intrigues mènent à de fausses pistes et nous avons une belle brochette de personnages hétéroclites. La partie historique et l'esprit colonialiste sont très bien rendus avec d'un côté les anglais et les chiliens et de l'autre les pasquans. Ces derniers servent de main-d'œuvre bon marché ou le cas échéant, ils sont parqués dans une léproserie. Le récit est prenant et les personnages sont bien campés, mais j'ai vu arriver le dénouement un peu trop facilement. Dommage. J'aime le dessin de Thomas Gilbert, un trait légèrement gras très stylisé qui nous transporte sur cette île inhospitalière battue par les vents. Les couleurs apportent cette sensation de désolation. Dépaysement garanti. Une mise en page académique. Du très bon boulot. Je ne peux que recommander aux aficionados du genre. Note réelle : 3,5. D'autres aventures de l'inspecteur Valverde pourraient voir le jour...
Kaplan & Masson
Ma médiathèque possède seulement la première histoire, la seule donc que j’ai lue pour le moment. Une lecture sympathique, sans plus. Disons que le scénario est classique, et l’intrigue est parfois mollassonne, manque d’originalité. Plus que l’intrigue elle-même, c’est peut-être les clins d’œil et l’hommage transparent aux polars d’espionnage old school et surtout à « Blake et Mortimer » qui peuvent retenir l’attention. Le membre éminent du contre-espionnage Kaplan, le scientifique Masson sont des transpositions du duo Blake et Mortimer, et Convard va même jusqu’à suivre Jacobs dans sa propension à remplir les bulles à ras-bord (que c’est bavard ! Trop verbeux). Les noms de scientifiques connus (Einstein ici transformé en Bernstein par exemple) sont modifiés pour je ne sais quelle raison. Le tueur ninja est sans doute la seule touche exotique dans ce récit très classique. La couverture m’avait fait penser à quelque chose de plus dynamique, voire humoristique (dans la veine de certaines parodies très réussies du duo Veys/ Barral (d’ailleurs la couverture de « La théorie du chaos » ressemble furieusement à celle du premier tome de Les aventures de Philip et Francis). Pas de parodie donc, ni même d’intrigue survitaminée. Une lecture qui conviendra donc surtout aux amateurs de Jacobs ou de récits « à l’ancienne » sans trop de surprises. Et le dessin de Thibert, dans une ligne claire elle aussi classique, surjoue ces références. Note réelle 2,5/5.
Rain
L'album part d'une base classique : que se passerait-il si d'un seul coup un scénario apocalyptique se présentait à nous ? Dans cette histoire-là, du jour au lendemain, une pluie d'aiguilles tranchantes s'abat sur une partie des États-Unis et s'étend progressivement. Comme dans tous les récits du genre, on aborde les problèmes sociétaux contemporains exacerbés dans des situations dramatiques. Ici, on va surtout parler du fanatisme, du rejet de la différence, du besoin de trouver des responsables quoi qu'il arrive, … Du classique mais tout de même bien mené. En vrai, je me dis que l'album n'était vraiment pas loin de valoir un 3,5 sur le papier, mais il m'a manqué un petit quelque chose. J'ai beaucoup apprécié le sujet du deuil, de l'exacerbation de la peur et de la haine en période apocalyptique, ce sentiment déprimant qui s'installe lentement lorsque l'on comprend qu'il n'y aura sans doute aucun moyen pour que la civilisation et la quasi-totalité des espèces survivent à tout ça, mais pourtant j'ai trouvé l'histoire un peu trop convenue. C'est du bon, mais je l'ai déjà vu de nombreuses fois ailleurs et parfois mieux réalisé (il faut dire que j'aime énormément ce genre d'histoire, je pars donc toujours avec beaucoup d'exigences). Il y aussi le fait que j'aurais préféré que l'on ne donne pas l'origine avérée de toute cette catastrophe, que le mystère soit maintenu jusqu'au bout, pour que l'on puisse se concentrer davantage sur le drame et la réflexion plutôt que de bêtement chercher un.e responsable. Un petit détail mais qui m'a embêté. L'album reste tout de même bon, je maintiens. Il aurait simplement pu être meilleur.
The Do-Over Damsel Conquers the Dragon Emperor
2.5 Un autre manga qui adapte un light novel qui se passe dans un monde de style européen fantastique assez cliché. Un lecteur habitué à ce genre de séries est en terrain conquis. Cette fois-ci, l'héroïne est une noble qui est fiancée à un prince et lorsqu'elle découvre que ce dernier entretient une relation incestueuse avec sa sœur, il la fait arrêter et exécuter pour trahison. Au lieu de mourir, elle se retrouve projetée 6 ans en arrière au moment où elle va être fiancée au prince et pour se sortir de cette situation, elle choisit un mâle au hasard en disant qu'elle est amoureuse de lui et il se trouve qu'elle a choisi un noble étranger qui a été son pire ennemi à la guerre dans son ancienne vie ! Il y a des trucs pas trop mal dans le scénario et j'aime bien la personnalité de l'héroïne, sauf que voilà comme c'est le cas de plusieurs récits venant du Japon il y a un élément dans le scénario qui gâche tout et dans ce cas c'est l'âge de l'héroïne et de son nouveau fiancé. Il a 19 ans et elle a....10 ans ! Je comprends que certains aiment les histoires d'amour entre gens qui ont un âge différent, mais il y a quand même des limites. J'aurais rien dit si elle avait encore 16 ans comme au début du récit, mais maintenant qu'elle est dans le corps d'une pré pubère... En tout cas, les gags sur le fait que l'empereur serait un pédophile ne sont pas très drôles et les scènes romantiques sont plus glauques qu'autre chose. Et c'est publié dans un magazine seinen (pour les hommes), c'est pas un shojo avec comme public-cible des adolescentes qui rêvent d'être dans les bras d'un homme mature et viril. Ajoutons aussi que la fin du troisième tome qui marque la fin d'un cycle est un peu décevante parce que le gros méchant se fait battre un peu trop facilement à mon goût. J'ai lu les trois premiers tomes et ça m'a suffit.
Les Magiciens d'eau
Bon, les albums collectifs sont très rarement intéressants. Forcément très éclectiques, avec peu d’espace pour chaque participant pour développer une idée. Tous ces écueils sont visibles ici, et globalement peu d’auteur ont totalement su tirer leur épingle du jeu et proposer quelque chose qui me satisfasse. Même si plusieurs participations sont intéressantes. Tardi parvient avec une vingtaine de vignettes à proposer quelques petites choses amusantes (avec une chute faisant référence à Adèle Blanc-Sec qui l’est tout autant). Margerin fait du Margerin, mais son histoire courte joue avec ironie et humour sur le thème et le fait bien. Vicomte propose une petite histoire simple mais bien fichue. Vuillemin donne en un dessin sa vision très noire et trash de la pénurie d’eau. Certains auteurs, comme Yslaire, Juillard, se contente de quelques dessins – plutôt jolis. Et puis il y a Giraud/Moebius, sans doute celui dont j’attendais le plus. Crédité en tant que Giraud en quatrième de couverture, signant ses trois page Moebius, son dessin passe effectivement de l’un à l’autre, d’abord dans un trait western très pur et très Blueberry, pour basculer peu à peu dans un univers plus contemporain, voire SF à la Moebius. Avec comme texte un discours du chef Indien Seattle. Une participation intéressante et originale en tout cas. Pour le reste, ça m’a grandement laissé sur ma faim. C’était à l’époque vendu au profit d’une œuvre humanitaire. Aujourd’hui que celle-ci ne peut plus en tirer profit, cet album ne garde qu’un intérêt de curiosité, au résultat très inégal. Note réelle 2,5/5.
Contes de la Mansarde
Un petit album qui ne paye pas de mine, chez un « petit » éditeur, mais une lecture plaisante et recommandable. Des trois histoires qui composent l’album, seule la première m’est apparu en deçà des autres, légèrement décevante. Mais les deux autres sont plutôt sympas, avec un démarrage parfois un peu lent – mais cela permet d’installer une ambiance, une gêne progressive – et une chute bien vue. Si le dessin au trait gras et plus moderne différencie ces histoires, c’est quand même vers des classiques des recueils d’histoires mêlant fantastique et un peu d’horreur que lorgnent ces intrigues (genre Tales from the crypt ou Creepshow), mais aussi sur certains films ou certaines séries télé américains des années 1950-70 (« L’homme qui rétrécit » par exemple). Alors, certes, sur ce genre de sujet je préfère sans doute le dessin de Bernie Wrightson ou Wallace Wood, mais ça passe quand même très bien, et la bichromie est intéressante. J’ajoute que L’employé du Moi a fait un très beau travail éditorial (couverture cartonnée, papier épais, et un format moyen très réussi. Rien d’extraordinaire ni d’hyper original dans le concept. Mais les auteures ont très bien su « moderniser » des thèmes classiques, et nous proposer une lecture détente très sympathique. Note réelle 3,5/5.
Tout peut arriver
J'ai découvert Anna Sommer l'année dernière et j'aime bien son travail. Ici ce n'est pas une histoire complète, elle raconte différentes anecdotes de sa vie. C'est clinique, sans concession sur elle-même, par exemple quand elle décrit sa tendance à faucher dans les magasins quand elle était jeune. Elle se décrit aussi comme quelqu'un de très casanier avec une vie rangée, un mari etc, aussi dessinateur d'ailleurs sous le nom de Noyau. Il y a quelques pages sur son enfance modeste dans la Suisse alémanique. Un certain humour dans ces pages. Le dessin est une belle ligne claire, en noir et blanc. Propre. Une belle qualité d'édition.