Les derniers avis (48020 avis)

Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Mi-Mouche
Mi-Mouche

Jolie BD jeunesse osant affronter de face les sujets féministes du moment, rejoignant en cela le contingent des titres de 2025 (adultes pour l'essentiel : "Notre affaire", "Les Yeux d'Alex", Des filles normales, Rouge signal, etc.) dressant le paysage forcément torturé de l'actuelle condition des femmes en France et dans le monde. Les thématiques sensibles sont nombreuses ici (deuil de la sœur jumelle, handicap, adolescence et quête de soi, difficulté à assumer les espoirs et projections des parents sur leurs enfants, harcèlement scolaire, enfermement genré des corps dans des représentations stéréotypées, etc.) et, malheureusement pour le moment, il semble que la scénariste Véro Cazot ne parvienne à assembler tout cela subtilement. A titre personnel, je regrette notamment le recours, façon Ernest & Rebecca, au dialogue avec l'amie imaginaire (ici, l'ombre de l'héroïne, assimilable à son inconscient) : une fausse bonne idée focalisant l'attention et structurant l'évolution du récit. Les prochains tomes parviendront peut-être à repositionner sur le devant les importantes thématiques en l'état davantage évoquées que traitées. Côté illustrations par contre, c'est du tout bon ! J'aime beaucoup le style de Carole Maurel : ses couleurs contrastées susceptibles par un jeu d'ombre d'exclure un pan de visage, son trait dynamique et appuyé créant un mouvement incroyable évoquant sur ce point l'immense Franquin (si si !), ses cadrages et décadrages à la Vanyda rendant expressif le moindre regard ou dessin de bouche. Style encore perfectible mais déjà remarquable, moderne, sympathique de rondeur ! En espérant par contre, que les éditeurs ne la poussent pas vers l'épure (des décors de plus en plus fréquemment effacés, des plans de plus en plus rapprochés), qui la rendrait "seinen-compatible" mais dépersonnaliserait indiscutablement son style.

30/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Frontier
Frontier

Bon, commençons par le positif : j’ai adoré le dessin. Pas du tout surpris par Singelin que j’avais découvert sur PTSD, c’est du même acabit avec énormément plus de pages. Ça foisonne de détails et de minutie, c’est coloré, c’est kawaï, bref le gars a un style bien à lui reconnaissable qui me plaît à chaque fois beaucoup. Après sur le fond qu’est-ce que je peux en dire ? (…) C’est bien les histoires pétris de bons sentiments, ça me touche autant que ça me fait lever les yeux au ciel. Les messages positifs, l’entraide, l’humanité, le progressisme, tout ça c’est bien, j’y souscris en partie, mais c’est trop souvent traité sur un ton mièvre qui à la longue a fini par me perdre. « Gnagnagna les méchantes corporations capitalistes qui font rien qu’exploiter la misère humaine et les ressources de la planète », qu’est-ce que j’en ai marre de lire cette marotte dans la SF, j’vous jure, ok Jean-Michel Jenfoncedesportesouvertes, on a compris t’es de gauche. Les terres rares, les ressources premières, ce qui fait marcher ton téléphone Apple, ta télé 4k et tout ce qui fait qu’aujourd’hui tu ne vis pas dans une cabane en torchis au fond des bois, toutes ces choses ça pousse par terre, suffit de se baisser pour les ramasser. Les grandes entreprises, les entrepreneurs, ce sont des créateurs de richesse (et je parle pas que de pognon, d’ailleurs où est le mal à générer du profit ?), ils font bouger la science, font évoluer les infrastructures, améliorent par la recherche la vie des gens. Ok c’est pas tout blanc ni tout noir mais dans Frontier c’est pour le coup très manichéen. Non parce que dans la dernière partie, lorsque nos personnages débarquent sur la station utopique où tout le monde il est gentil, tout le monde il s’entraide, on plante des arbres et y a plus d’argent (on se demande comment tout cela tient debout en vrai), bah ta ZAD en vrai elle peut pas fonctionner. Parce que c’est pareil hein, une ZAD c’est 10 gusses qui font tenir la zone en se bougeant le cul pour 90 autres qui en branlent pas une. Mais bon… c’est mignon tout plein hein, ici chacun trouve sa place naturellement, les réfugiés sont tous des diplômés en botanique ou ingénierie spatiale, c’est formidable. Après, et sans lister, y a plein de trucs dans le scénario que je trouve pas si bien fichu que ça, par exemple quand Alex, Ji-Soo et Camina se font repérer et tirer dessus sans sommation parce qu’on pense que ce sont des espions à cause du logo Energy Solution qu’ils portent : c’est complètement con comme réflexion. Si t’es un espion pour telle société, tu vas pas te balader avec une énorme pancarte dans le dos disant « JE BOSSE POUR ENERGY SOLUTION ». Bon, ça fait partie des quelques raccourcis un peu bas du front que j’ai relevés. On dira que je chipote… Mais sinon, pour terminer quand même sur une note positive, cela demeure néanmoins une aventure spatiale prenante à suivre, avec de l’action, du dépaysement. Dommage qu’on y ajoute les sempiternelles luttes niaiseuses socialo-écologico-progressistes.

30/09/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Moonlight Express
Moonlight Express

Premier contact pour ma part avec Smolderen et Clérisse, les deux auteurs de L'Eté Diabolik ou Souvenirs de l'empire de l'atome. Je n'étais pas sûr d'entrer dans le style graphique si particulier de Clérisse, mais je crois que, finalement, c'est ce qui m'a le plus convaincu. Passé l'étonnement, son dessin revêt une vraie élégance, et dégage une atmosphère à l'identité forte, qui marque durablement (aidé par une bande-son proposé en début d'album, qui est à mi-chemin entre le gadget inutile et le support auditif plaisant). C'est vraiment cette petite claque graphique qui fonctionne le mieux, et permet à Moonlight Express de sortir véritablement du lot. Car, du côté du scénario de Smolderen, j'en dirais pas spécialement du mal, mais il était possible de muscler le jeu. En effet, cette histoire de braquage et de vengeance s'insère dans une période historique qu'il est toujours intéressant d'explorer, le Berlin d'après-guerre. Un climat particulier que Smolderen et Clérisse illustrent assez bien, et dans lequel on entre facilement (y compris dans le deuxième acte à Los Angeles). Néanmoins, j'aurais aimé que ce récit me marque davantage. Je crois que sa trop grande linéarité, et peut-être une légère absence de profondeur dans les personnages, l'empêche d'être aussi convaincant qu'il aurait dû l'être. Le problème, c'est aussi que Moonlight Express souffre de la comparaison avec un géant de la bande dessinée, Pierre-Henry Gomont. Il y a le même côté "récit picaresque" dans cette bande dessinée que celui qu'on peut trouver dans un Slava, par exemple. Mais là où Slava nous emmenait au plus profond de l'âme de ses personnages, notamment dans un final absolument magistral, Moonlight Express en reste trop à la surface pour atteindre pleinement son but. Il est bien question de racisme, de légitimité de la vengeance, d'amour brisé, mais j'ai toujours l'impression qu'on fait le tour de chacune de ses questions sans entrer vraiment dedans à un moment ou à un autre. Comme si les auteurs croyaient que la fantaisie historique empêchait d'entrer dans le drame cornélien. Reste une lecture tout à fait sympathique, la découverte d'un personnage historique tout ce qu'il y a de plus ignoble (même si, là aussi, le récit reste un peu trop superficiel), et une claque graphique qui fonctionne assez bien. Malgré cela, j'aurais aimé plus, mais peut-être est-ce un caprice d'enfant gâté de ma part ?

30/09/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Super Dys
Super Dys

Les neuroatypiques, une (très large) catégorisation des personnes ayant des difficultés d'apprentissage, comptent parmi leurs rangs les dys. Dysorthographiques, dyspraxiques, dyslexiques, etc., etc. Ils ne sont pris en charge en tant que tels que depuis une ou deux décennies, et c'est un véritable parcours du combattant pour les personnes diagnostiquées (quand elles le sont) et leurs parents. C'est ce qu'a voulu montrer Christelle Béchouche, qui a elle-même connu des soucis d'apprentissage dans sa jeunesse et a fait de la vulgarisation du sujet un de ses sujets de prédilection. Son crédo : faire comprendre aux enfants dys qu'ils n'ont pas un "problème", mais plutôt un superpouvoir, la capacité de "voir", de "sentir" les choses différemment de celles et ceux qui s'insèrent dans des apprentissages "classiques". Des solutions existent, elles sont détaillées dans l'album : équipes pédagogiques, AESH, PAP... Des termes peut-être abscons, mais qui sont explicités en annexe de l'album, un autre bon point. Les dialogues et les récitatifs de l'album ont d'ailleurs été imprimés dans une police de caractères que les dys peuvent lire, car c'est l'une des difficultés primales qu'ils rencontrent. Le dessin est assuré par Juliette Bertaudière, qui a déjà deux autres albums derrière elle, et donc le style "naïf" colle bien avec la narration toute en bienveillance, en douceur et en pédagogie réalisée par Béchouche. Au final un album qui fait du bien à la cause des dys.

30/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Empires
Empires

« Une dark fantasy implacable, entre le réalisme brut de La Compagnie Noire et l'épique flamboyant de David Gemmell ». Ouh là, alors attention, parce que quand je lis quelque part « David Gemmell » en référence, je plisse des yeux et je mets ça dans mon panier des choses à lire. En plus Glen Cook et La Compagnie Noire moi j’ai pas spécialement accroché au style du gars mais j’aimais bien l’idée. Donc si ça peut être fait façon Gemmell-style, aller, je dis banco. J’ai confiance, c’est écrit par Nicolas Jarry qu’on peut reconnaître sans problème comme un digne héritier de l’écrivain anglais. Alors, qu’est-ce que ça donne ? Je trouve ça pas mal, maaaaaais malgré 5 tomes (4 actuellement parus) je trouve les histoires un peu « rushées ». Le contenu est dense, trop peut être pour de la bande dessinée, les personnages j’ai un mal fou à retenir leur nom, ça commençait dès le premier tome avec le second de Tulas qui n’a pas de background donc on le liquide, la relation père-fils, zéro développement donc on s’en fout un peu etc. ça partait mal mais au final dès le tome suivant c’est déjà mieux foutu. En fin de compte on est sur la même structure que les Elfes, Nains, Orcs, Mages et cie de chez Soleil, un album = une histoire = un nouveau dessinateur, sauf que là on est pas en Aquilon mais dans le monde de « Empires ». Donc si on aime Nains comme ça été mon cas à une époque, bah c’est le même auteur, vous serez pas dépaysé. Il faut s’accrocher mais si on lui laisse le temps, c’est plutôt une série sympatoche à lire. Rien de révolutionnaire, on est dans les thématiques chers à Nicolas Jarry, et ça fait bien le café. En revanche niveau design, j’accroche pas. Enfin, ça dépend, le tome 1 par exemple : alors c’est jolie par séquence, il y a des planches hollywoodiennes, mais le style de Ruiz ne suscite pas d’émerveillement chez moi. Le character design par exemple, Tulas avec sa dégaine de Witcher TF1+, les armures qui font très fantasy mais non pas l’air du tout fonctionnelles, architectures et décors ne m’ont fait ni chaud ni froid. Et les couleurs informatiques, jamais j’arriverai à m’y faire. Le tome 2 avec Vax au dessin et Fabris aux couleurs déjà ça ça me plaît davantage. Et là on perçoit bien le côté « Compagnie noire » qu’on nous a vendu. Voilà, comme chez la concurrence Soleil, faut trier le bon grain de l’ivraie. Y a 5 tomes (peut être une saison 2 ? ), faites vos choix. Donc bilan mitigé. Je ne suis pas sûr de rester un fidèle mais j’ai quand même une petite curiosité en cas de saison 2. Sinon j’ai une meilleure idée à suggérer aux éditeurs : pourquoi ne pas obtenir les droits pour adapter directement les romans Drenaï de David Gemmell ? Ce serait carrément mieux.

29/09/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sœurs Jacob
Les Sœurs Jacob

Simone Veil fut une femme d'Etat, une femme de combats dont une partie de la vie a été assombrie par sa présence dans les camps de travail et d'extermination durant la deuxième guerre mondiale. C'était aussi une personne digne, fière, qui ne se laissait pas facilement apprivoiser, et qui gardait des zones d'ombre sur son histoire. C'est cette époque abominable, celle des déportations, des gazages dans des camps aux tréfonds de l'Europe, qi a intéressé le romancier David Teboul, qui a étudié les correspondances entre Simone et ses sœurs Micheline (alias Milou ou Miche) et Denise. Trois sœurs qui ont traversé l'horreur de cette époque la tête haute, autant que possible, et qui ont perdu leurs parents et leur frère dans la tourmente. Le récit, adapté par Marie Desplechin, rend bien hommage à cette histoire familiale à la fois ordinaire et extraordinaire, les liens uniques de cette famille brisée par leur appartenance à une religion à laquelle elle ne croyait même pas, victime de la barbarie nazie. Des trois, on sent d'ailleurs que c'est Denise qui était la plus douée, la plus touchante, elle qui a aussi perdu sa sœur aînée après la guerre dans un accident de voiture. Elle qui s'est effacée derrière sa cadette, qui s'est mise sous les feux des projecteurs à partir des années 60, alors qu'elle aussi aurait mérité d'y être. L'histoire est touchante, extrêmement triste parfois, il y a aussi une pointe d'humour, mais surtout l'amour que se portent tous les membres de cette famille, chacune et chacun à sa façon. Pourtant, malgré tout ça, je n'ai pas été transporté. Simone Veil ne m'a jamais vraiment intéressé, c'est un peu honteux d'écrire ça, mais j'ai toujours senti en elle une froideur qui ne me donnait pas envie d'en savoir plus sur elle. Et malgré le dessin à la fois naïf et élégant de Fred Bernard, cet album n'a pas réussi à me faire changer d'avis, à briser cette distance. Tant pis, j'espère que cela marchera pour d'autres lectrices et lecteurs.

29/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Caricature
Caricature

Qui ne connait pas l’œuvre de Daniel Clowes peut avec ce recueil d’une dizaine d’histoires se faire une bonne idée de son travail. En effet, au niveau dessin et narratif, c’est très représentatif de la plupart de ses séries. Le dessin d’abord, avec un rendu assez froid, presque inquiétant par sa banalité et l’absence de « folie ». Un rendu un peu sec et figé, raccord avec le ton et les sujets des récits qui composent le recueil. J’aime globalement ce dessin, et je le préfère largement lorsque Clowes n’use que du Noir et Blanc, heureusement dominant ici (ses couleurs flashy, si elles ajoutent peut-être une touche psychédélique et froide, me conviennent moins que ce Noir et Blanc étrange, intriguant, qui a quelques accointances avec celui de Burns). Pour ce qui est des histoires, on retrouve l’Amérique que nous donne à voir habituellement Clowes. Avec des personnages souvent névrosés, décalés, inadaptés au bonheur simple, voire à la société. Une société américaine que Clowes se plait à questionner, voire à ridiculiser. L’histoire intitulée « Immortel, invisible » est d’une tristesse, avec ce gamin sans ami trainant sa misère dans les rues, frappant aux porte le soir d’Halloween, et récupérant plus de frustrations que de vrais et bons bonbons ! Pas franchement réjouissant, un peu déprimant et flippant, le monde selon Clowes sort des sentiers battus et de l’optimisme béat qui domine souvent aux États-Unis. Seule la première histoire m’a vraiment laissé sur ma faim, autour de ce caricaturiste (elle donne son titre au recueil) se posant pas mal de question). Pas inintéressante, elle est trop longue et a fini par m’ennuyer.

29/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Souvenirs d'un Elficologue
Souvenirs d'un Elficologue

Dans un petit texte d’introduction, Gloris rappelle son admiration et sa dette envers Pierre Dubois, pour ses publications sur les elfes, pas forcément assortis d’un cadre d’heroic fantasy. Effectivement, c’est dans cette lignée qu’il se situe ici. L’histoire se laisse lire, mais sans plus me concernant. Elle est ancrée dans les campagnes de la deuxième moitié du XIXème siècle, au Mont Saint-Michel et dans ses alentours. Etrangement, Gloris semble trancher pour le situer davantage en Bretagne qu’en Normandie, puisque ce sont surtout les croyances populaires bretonnes qui sont convoquées ici (l’Ankou entre autres, la déesse Dana, etc.). Pour le reste, si l’intrigue se laisse lire, elle ne m’a pas emballé plus que ça. D’abord parce qu’elle manque globalement d’originalité : une vengeance mixée avec le retour d’un monstre infernal (elfes et gobelins jouant finalement un rôle mineur dans le récit). Ensuite parce que la narration hésite entre plusieurs tons, mélange trop de choses, et manque ainsi de cohérence parfois. Un récit réaliste ancré dans la politique française au départ, puis un fantastique trop brutal et artificiel (selon moi en tout cas), avec quelques pointes d’humour (avec les gros plans autour de l’enseigne de l’auberge « Poulet et Lard », la tenancière se demandant à un moment ce qu’un client compte faire avec des œufs… ou alors le directeur de prison alcoolique pleurnichant). En fait, dans les deux derniers tomes, le fantastique est trop présent, phagocyte l’intrigue, sans pour autant la rendre plus tractive je trouve, les quelques récits ou personnages annexes (les détenus de la prison, la jeune Bougenn qui semble sous le charme du héros) ne servant pas à grand-chose. Le dessin est globalement correct, voire bon (quelques défauts sur les visages parfois). Les coloristes changent à chaque tome, ce qui en soi n’est pas ce que j’apprécie, mais ici le trait s’affermit de plus en plus et le troisième tome est le plus réussi dans ce domaine. A emprunter à l’occasion, mais j’en suis sorti déçu. Note réelle 2,5/5.

29/09/2025 (modifier)
Couverture de la série 20 ans en mai 1871
20 ans en mai 1871

Bon, la collection est intéressante en elle-même, mais quand même source de frustration : imposer 25 pages, une image par page limite forcément le développement d’une intrigue. Et c’est là que le bât blesse le plus, bien sûr avec cet album. Un album qui se laisse lire – très rapidement donc – mais qui ne satisfera que les aficionados de Tardi. D’abord parce que le court moment où nous suivons un bonhomme (dans une sorte de pèlerinage au Père Lachaise) nous amène là où esthétiquement et intellectuellement Tardi se sent légitime et à l’aise, le Paris populaire un peu rétro, et la Commune. Ensuite parce qu’il ne développe pas grand-chose ici, et ceux qui découvrent l’auteur avec cet album n’y trouveront pas la richesse narrative et historico-sociologique qui fait d’habitude le sel de ses histoires. Mais le Tardi anar, amateur de la Commune, passe quand même un message, puisque son vieux personnage, dont les jours sont comptés (un sablier et un corbeau le lui rappellent jusqu’au dernier instant !), vient rendre hommage à sa façon au boucher des Fédérés, Adolphe Thiers, en urinant sur son ostentatoire tombeau. Une chute qui pimente un peu un récit minimaliste. Une lecture sympathique mais courte, à emprunter à l’occasion.

29/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Ineffables
Les Ineffables

L'album est une succession de pseudo paraboles absurdes, de récits à la forme réflexive brillant surtout par leur côté inattendu ou ironique. C'est bon, intéressant, en tout cas certaines idées sont bien trouvées et j'avoue avoir le sourire à la lecture. Difficile pourtant de m'étendre dans mon avis, les dessins sont minimalistes (comme souvent dans chez Trondheim), les récits très courts (une page chacun) et les chutes perdant pour beaucoup de leur saveur si déjà connues à la lecture. Je comprendrais d'ailleurs que beaucoup restent parfaitement de marbre face à cet album, les récits idiots mais étrangement parfois introspectifs ne sont pas du goût de tout le monde. Après, ne faisons pas sonner lesdits récits comme plus malin qu'ils ne le sont, la réflexion qu'ils offrent reste toute relative. C'est du bon mais la lecture n'est pas non plus transcendante. Un album pas inintéressant mais pas si marquant que cela pour autant. Une lecture agréable tout de même.

29/09/2025 (modifier)