Quand une bande dessinée touche à un sujet aussi clivant que la religion, il est souvent difficile d'en parler de manière neutre. Avec Notre-Dame de Guadalupe, les auteurs nous mettent plus d'une fois en difficulté. Ils exposent ici tous les arguments qui, selon eux et beaucoup d'autres croyants, prouvent l'authenticité de la Tilma, c'est-à-dire une image de la Vierge Marie apparue en 1531, dont les catholiques affirment qu'elle est non faite de main d'homme et qu'elle serait apparue miraculeusement sur le manteau d'un homme à qui la Vierge serait apparue, Juan Diego.
Reconnaissons tout d'abord aux auteurs la réussite d'avoir admirablement résumé tous les arguments en faveur de l'authenticité des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe. Je ne connais pas ces auteurs, mais il semblerait qu'il s'agisse d'un couple, dont le mari est ingénieur de formation, et a déjà écrit il y a plus de 20 ans un livre a priori de référence sur les apparitions de Guadalupe. Quoiqu'il en soit, la synthèse offerte par la BD est un travail qui sera dans tous les cas un exercice intellectuel captivant, qu'on soit athée ou catholique. Avant de continuer cet avis et à titre purement informatif, j'admets me trouver dans le second camp qui, soit dit en passant, a probablement la tâche la plus facile, car il s'agit simplement de vérifier des travaux scientifiques déjà faits par des spécialistes, là où l'athée aura un travail plus ardu s'il veut contrer chaque argument en faveur de l'authenticité, dans la mesure où il faudra tout reprendre à zéro pour vérifier que les expertises scientifiques ont été sérieuses.
C'est d'ailleurs le point de départ du récit de cette bande dessinée. Les auteurs mettent en effet en scène Daniel, un jeune homme rationaliste, qui remet en cause la réalité des apparitions de Guadalupe. Ces dernières ayant laissé une trace considérable avec la Tilma, un vieux croyant propose alors à Daniel d'étudier chaque argument scientifique censé prouver l'authenticité de l'image. Soyons clairs : le parti pris de la bande dessinée est catholique, et montrera point par point l'incapacité de Daniel à démonter l'authenticité de l'image.
Toutefois, hormis dans la conclusion beaucoup plus religieuse de la bande dessinée, le récit cherche bien à rester centré sur un plan historique et scientifique. Car comme le Suaire de Turin, la science a abondamment étudié l'objet. La bande dessinée de David et Gabriela Caron expose ainsi avec le plus grand intérêt le contexte historique (aisément vérifiable, et qui m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur l'histoire du Mexique) et les recherches scientifiques qui ont été faites sur le sujet, impliquant des grands noms de la science comme Richard Kuhn (prix Nobel de chimie en 1938). Pour ma part, j'avoue avoir été surpris d'être aussi captivé. Comme bon nombre de catholiques, je suis globalement intéressé par l'image de Guadalupe qui, comme le Saint-Suaire, se trouve au croisement entre la foi et la science, et se place au centre de bons nombres de débats impossibles à trancher. Mais je ne pensais pas être aussi embarqué par un sujet qui reste relativement secondaire dans ma foi.
Il faut dire que ce qui m'a pleinement permis d'accrocher, après une entrée en matière qui m'a fait craindre un prosélytisme maladroit, c'est le merveilleux dessin de l'inconnu François Rocher. Si les couleurs font plus numériques (ce qui ne les empêchent pas d'être belles et chaleureuses), le dessin est vraiment rigoureux, élégant et pile poil sur le bon équilibre entre réaliste et pas trop réaliste. C'est la qualité du dessin qui m'a permis d'être pleinement séduit par cette bande dessinée, dont la qualité éditoriale est d'ailleurs très élevée, ce qui me paraît relativement rare chez ce genre de petit éditeur catholique.
On sera évidemment plus ou moins convaincu par les différents arguments exposés (certains paraissant plus fiables que d'autres), mais il me semble que la qualité narrative de l'album, et la clarté de son exposé, jamais brouillon et toujours bien mené, dépasse largement le clivage religieux. Maintenant, je serais forcément très intéressé d'avoir l'avis d'un athée sur le sujet traité, bien conscient que mon adhésion à cette bande dessinée peut, malgré ma recherche de neutralité, être influencée par mes opinions religieuses (ce qui serait vrai aussi venant d'un athée, mais justement, cela permettrait d'équilibrer). Encore faudrait-il trouver un athée suffisamment intéressé par le sujet pour se farcir cette bande dessinée !
Dans tous les cas, je crois avoir suffisamment d'expérience bédéphile pour affirmer sans conteste que Notre-Dame de Guadalupe est une bande dessinée de qualité, bien écrite, bien dessinée, bien éditée, qui a su prendre mes craintes à rebours pour me montrer que, oui, même chez de petits éditeurs catholiques, on peut faire un vrai travail de pro.
Quand j’ai commencé Frontier, j’ai tout de suite été marqué par le dessin, qui est vraiment particulier. Le style de Singelin, avec ses personnages aux têtes rondes, presque enfantines, et ses influences très manga, peut surprendre au premier abord. Mais moi, j’ai accroché immédiatement. J’aime beaucoup ce contraste entre des personnages très stylisés et un univers de science-fiction hyper détaillé. Les décors, les vaisseaux et les paysages spatiaux sont riches et impressionnants, et je prends souvent le temps de m’arrêter sur certaines cases juste pour admirer le travail graphique. Pour moi, ce dessin donne une vraie identité à la BD et la rend mémorable.
Le scénario m’a aussi beaucoup plu. Je me suis laissé emporter par cette histoire d’exploration spatiale qui parle autant d’aventure que de relations humaines. J’ai trouvé l’univers crédible et bien construit, avec ses règles, ses dangers et ses mystères. J’ai aimé découvrir peu à peu ce monde et comprendre ce qui se cache derrière cette quête de nouveaux horizons. Le récit avance de manière fluide, et j’avais toujours envie de tourner la page pour savoir ce qui allait arriver.
Les personnages sont un autre point fort à mes yeux. Je les ai trouvés attachants, avec leurs failles, leurs peurs et leurs rêves. Même dans un contexte futuriste, je me suis reconnu dans leurs réactions et leurs émotions. J’ai apprécié la façon dont leurs relations évoluent au fil de l’histoire, entre tensions, entraide et moments plus intimes. Grâce au dessin très expressif de Singelin, je trouve que leurs sentiments passent aussi beaucoup par les regards et les attitudes, ce qui rend l’ensemble encore plus vivant.
Frontier m’a vraiment marqué parce qu’il réussit à combiner un style graphique atypique que j’adore avec un scénario solide et prenant. Je ressors de cette lecture avec l’impression d’avoir voyagé dans un univers à part, à la fois spectaculaire et humain. Pour moi, c’est une BD qui vaut autant pour le plaisir des yeux que pour l’histoire qu’elle raconte, et que je recommanderais sans hésiter à ceux qui aiment la science-fiction et les œuvres qui sortent des sentiers battus.
Âpre, violent, sombre, tranchant.
Voici une version beaucoup moins lisse que la plupart des adaptations de la série Conan le Cimmérien chez Glénat.
Si on n’est pas trop allergique aux lames et à la violence, c’est une très belle interprétation du mythe de Conan.
Un récit qui prend sa source dans plusieurs histoires originelles de Robert E. Howard, surtout « Au-delà de la rivière noire » avec les tribus pictes, et se situant pendant la période ou Conan est roi d’Aquilonie et dont le fils commence à tracer son propre chemin, ce qui permettra aux auteurs de développer une intéressante relation père-fils / roi-prince.
Un graphisme similaire à de la Dark Fantasy.
On sent les auteurs passionnés et très savants de la saga Conan.
C’est effectivement un très bel hommage.
Fascinant. Sur un navire, des parties d'échecs, ce qui fait qu'on a deux ruptures avec le reste du monde : géographique et symbolique. Je n'ai pas lu l'écrivain, mais à ce que j'ai relevé de mes collègues commentateurs, le dessinateur a fait preuve d'une créativité éblouissante en inventant la manière de montrer ce qu'il ne fait que suggérer. Donc, pour une fois, je ne vais pas sous-noter une adaptation ! Je trouve bien que tout ne soit pas aussi intense. Les échecs sont un monde dans le monde, il faut montrer comment le jeu prend place dans le monde, un peu comme on ne voit pas tout de suite le mystère dans les œuvres fantastiques dont cette bd a le climat. Les échecs ? Un monde dans le monde. La folie ? Aussi, et la folie des échecs comme résistance à un monde en folie, le joueur autodidacte s'étant raccroché au damier pour ne pas céder aux nazis. Le dessin et les couleurs ont quelque chose de l'époque, et semblent, en même temps, intemporels. Quelle perfection !
Je ne connaissais pas du tout cette collaboration entre Christin et Boucq. L'album rassemble des histoires courtes humoristiques en noir et blanc, publiées dans Fluide Glacial en 1980. Elles mettent en scène le professeur Bourremou et son jeune acolyte, rencontrés sur les routes où ils vagabondent. En s'appuyant sur la verve aussi érudite que politique du professeur (et parfois sur le corps juvénile du garçon), ils parviennent à gagner de quoi manger et quelques sous. Le professeur excelle en effet dans l'art de submerger son auditoire de discours savants et idéologiques, au point de l'amener à agir à l'inverse de ses intentions initiales.
À cette époque, Christin bénéficiait déjà d'une longue carrière, tandis que Boucq n'en était qu'à ses débuts (ce que rappelle d'ailleurs avec humour une page d'introduction de l'album). J'ai trouvé intéressant de découvrir son style graphique à ce stade. Il s'y rapproche assez de celui d'Alexis, d'autant que ces histoires humoristiques en noir et blanc évoquent volontiers celles d'autres personnages du dessinateur de Time is Money (Timoléon) et autres Avatars et coquecigrues. On perçoit toutefois déjà par endroits un trait plus organique propre à Boucq, ainsi que quelques indices de ses créations futures, notamment dans certains passages aux lignes de fuite très apparentes. Même si l'ensemble noir et blanc peut parfois sembler un peu sinistre, le dessin est déjà solide et agréable.
L'humour, en revanche, m'a nettement moins convaincu. Le principe de la série se résume assez vite et ne se renouvelle guère. Les tirades érudico-politiques du professeur m'ont paru lourdes et assommantes. Elles peuvent certes être lues comme un témoignage de l'état d'esprit des années 80, mais ce qui se voulait subversif à l'époque paraît aujourd'hui parfois maladroit, voire gênant. Certaines dénonciations du racisme reposent elles-mêmes sur des stéréotypes raciaux, et celles du viol ou de la misogynie n'échappent pas totalement à des relents sexistes. Je ne doute pas des intentions des auteurs, qui sont très certainement à l'opposé de ces travers, mais la lecture près d'un demi-siècle plus tard laisse un sentiment de décalage marqué.
Au final, je n'ai pas ri et je me suis même ennuyé. Le rythme est laborieux, les dialogues pesants, les gags tirés en longueur sans véritable surprise. L'album constitue surtout une curiosité pour qui s'intéresse à cette collaboration particulière ou au dessin de Boucq à ses débuts, mais il ne s'agit en rien d'une œuvre marquante.
Alexandre est de ces personnages historiques dont le destin et les actions ont depuis longtemps enflammé l'imagination.
Le titre de la série est ambitieux, puisqu'il était envisagé de retracer toute sa vie et ses conquêtes énormes. Le lexique et la carte en fin d'album confirme cette ambition exhaustive. Au passage, la carte est intéressante, mais j'aurais bien vue le lexique (termes techniques ou noms de personnages historiques) plutôt placé au fur et à mesure en bas des pages concernées.
Le dessin est agréable, et pas mal d'intrigues secondaires (rancunes familiales, complots de cours, chasse au trésor, ambitions et jalousies diverses) dynamisent le récit.
En tout cas ce tome introductif est dense et fait plus que planter le décor. Je l'ai lu avec plaisir.
Plusieurs choses m'ont toutefois gêné et/ou frustré.
D'abord plusieurs personnages (et il y en a beaucoup !) Se ressemblent trop.
Ensuite et surtout la série semble avoir été abandonnée, laissant en plan les lecteurs alors qu'Alexandre vient à peine de succéder à son père, et qu'il n'a pas encore quitté la grande Grèce pour se lancer à l'assaut de la Perse. L'épopée promise par le titre n'en est donc qu'à ses balbutiements hélas.
C'est dommage que cette série ambitieuse n'ait pas tenu ses promesses, car le sujet m'intéressait fortement.
Un album à emprunter à l'occasion...
Un récit relativement classique sur la forme, dans l'univers des légendes arthuriennes.
Ça se laisse lire aisément, la narration ne s'écarte jamais du fil rouge (j'aurais justement sans doute apprécié de voir l'intrigue plus étoffée). Avec peut-être un Merlin plus noir et ambivalent que dans la plupart des récits situés dans cet univers.
Le dessin est moderne, un peu inégal. Mais la colorisation, qui joue très bien des ombres, des brumes et d'un halo de mystère est vraiment réussie, et donne un rendu qui m'a bien plu.
Un sujet sensible et déjà pas mal évoqué : la rafle du Vélo d'Hiv durant l'été 1942.
Le choix narratif est relativement original. En effet, nous suivons en parallèle/alternance deux histoires, liées dans le temps.
D'abord le destin d'une gamine juive, Sarah, raflée avec sa famille. Puis l'histoire d'une journaliste américaine, Julia, qui, 70 ans plus tard, emménage dans l'ancien appartement de Sarah. Par hasard elle enquête sur la rafle du Vel d'hiver, et, de fil en aiguille, elle apprend le destin de Sarah, découvre qu'elle a peut-être survécu à la rafle, et veut ensuite la retrouver.
Le sujet est sensible, et le rôle central de la police de Vichy est mis en avant (ils sont les seuls à incarner la répression dans la période Sarah, et l'enquête de Julia insiste sur le fait - véridique - que Vichy (en l'occurrence Laval) a fait pression sur les Nazis pour que les enfants soient ajoutés aux adultes déportés).
Mais, si ça se laisse lire, il y a quand même quelques facilités scénaristiques (dans les deux périodes), et les dialogues ne sont pas folichons.
Et je n'ai pas été convaincu par le choix de représenter les policiers français par des géants peu réalistes et noirs, comme des spectres.
Encore une bd surestimée, public captif d'exploits non arthuriens, mais de courses automobiles. Scénario bien plats, autant que la psychologie des personnages et l'expression de leurs sentiments par leur visage et postures. Les dialogues ? Eh ben, si on peut appeler ça des dialogues… On ouvre pour les voitures, on ferme parce qu'on s'ennuie.
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Notre-Dame de Guadalupe
Quand une bande dessinée touche à un sujet aussi clivant que la religion, il est souvent difficile d'en parler de manière neutre. Avec Notre-Dame de Guadalupe, les auteurs nous mettent plus d'une fois en difficulté. Ils exposent ici tous les arguments qui, selon eux et beaucoup d'autres croyants, prouvent l'authenticité de la Tilma, c'est-à-dire une image de la Vierge Marie apparue en 1531, dont les catholiques affirment qu'elle est non faite de main d'homme et qu'elle serait apparue miraculeusement sur le manteau d'un homme à qui la Vierge serait apparue, Juan Diego. Reconnaissons tout d'abord aux auteurs la réussite d'avoir admirablement résumé tous les arguments en faveur de l'authenticité des apparitions de Notre-Dame de Guadalupe. Je ne connais pas ces auteurs, mais il semblerait qu'il s'agisse d'un couple, dont le mari est ingénieur de formation, et a déjà écrit il y a plus de 20 ans un livre a priori de référence sur les apparitions de Guadalupe. Quoiqu'il en soit, la synthèse offerte par la BD est un travail qui sera dans tous les cas un exercice intellectuel captivant, qu'on soit athée ou catholique. Avant de continuer cet avis et à titre purement informatif, j'admets me trouver dans le second camp qui, soit dit en passant, a probablement la tâche la plus facile, car il s'agit simplement de vérifier des travaux scientifiques déjà faits par des spécialistes, là où l'athée aura un travail plus ardu s'il veut contrer chaque argument en faveur de l'authenticité, dans la mesure où il faudra tout reprendre à zéro pour vérifier que les expertises scientifiques ont été sérieuses. C'est d'ailleurs le point de départ du récit de cette bande dessinée. Les auteurs mettent en effet en scène Daniel, un jeune homme rationaliste, qui remet en cause la réalité des apparitions de Guadalupe. Ces dernières ayant laissé une trace considérable avec la Tilma, un vieux croyant propose alors à Daniel d'étudier chaque argument scientifique censé prouver l'authenticité de l'image. Soyons clairs : le parti pris de la bande dessinée est catholique, et montrera point par point l'incapacité de Daniel à démonter l'authenticité de l'image. Toutefois, hormis dans la conclusion beaucoup plus religieuse de la bande dessinée, le récit cherche bien à rester centré sur un plan historique et scientifique. Car comme le Suaire de Turin, la science a abondamment étudié l'objet. La bande dessinée de David et Gabriela Caron expose ainsi avec le plus grand intérêt le contexte historique (aisément vérifiable, et qui m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur l'histoire du Mexique) et les recherches scientifiques qui ont été faites sur le sujet, impliquant des grands noms de la science comme Richard Kuhn (prix Nobel de chimie en 1938). Pour ma part, j'avoue avoir été surpris d'être aussi captivé. Comme bon nombre de catholiques, je suis globalement intéressé par l'image de Guadalupe qui, comme le Saint-Suaire, se trouve au croisement entre la foi et la science, et se place au centre de bons nombres de débats impossibles à trancher. Mais je ne pensais pas être aussi embarqué par un sujet qui reste relativement secondaire dans ma foi. Il faut dire que ce qui m'a pleinement permis d'accrocher, après une entrée en matière qui m'a fait craindre un prosélytisme maladroit, c'est le merveilleux dessin de l'inconnu François Rocher. Si les couleurs font plus numériques (ce qui ne les empêchent pas d'être belles et chaleureuses), le dessin est vraiment rigoureux, élégant et pile poil sur le bon équilibre entre réaliste et pas trop réaliste. C'est la qualité du dessin qui m'a permis d'être pleinement séduit par cette bande dessinée, dont la qualité éditoriale est d'ailleurs très élevée, ce qui me paraît relativement rare chez ce genre de petit éditeur catholique. On sera évidemment plus ou moins convaincu par les différents arguments exposés (certains paraissant plus fiables que d'autres), mais il me semble que la qualité narrative de l'album, et la clarté de son exposé, jamais brouillon et toujours bien mené, dépasse largement le clivage religieux. Maintenant, je serais forcément très intéressé d'avoir l'avis d'un athée sur le sujet traité, bien conscient que mon adhésion à cette bande dessinée peut, malgré ma recherche de neutralité, être influencée par mes opinions religieuses (ce qui serait vrai aussi venant d'un athée, mais justement, cela permettrait d'équilibrer). Encore faudrait-il trouver un athée suffisamment intéressé par le sujet pour se farcir cette bande dessinée ! Dans tous les cas, je crois avoir suffisamment d'expérience bédéphile pour affirmer sans conteste que Notre-Dame de Guadalupe est une bande dessinée de qualité, bien écrite, bien dessinée, bien éditée, qui a su prendre mes craintes à rebours pour me montrer que, oui, même chez de petits éditeurs catholiques, on peut faire un vrai travail de pro.
Frontier
Quand j’ai commencé Frontier, j’ai tout de suite été marqué par le dessin, qui est vraiment particulier. Le style de Singelin, avec ses personnages aux têtes rondes, presque enfantines, et ses influences très manga, peut surprendre au premier abord. Mais moi, j’ai accroché immédiatement. J’aime beaucoup ce contraste entre des personnages très stylisés et un univers de science-fiction hyper détaillé. Les décors, les vaisseaux et les paysages spatiaux sont riches et impressionnants, et je prends souvent le temps de m’arrêter sur certaines cases juste pour admirer le travail graphique. Pour moi, ce dessin donne une vraie identité à la BD et la rend mémorable. Le scénario m’a aussi beaucoup plu. Je me suis laissé emporter par cette histoire d’exploration spatiale qui parle autant d’aventure que de relations humaines. J’ai trouvé l’univers crédible et bien construit, avec ses règles, ses dangers et ses mystères. J’ai aimé découvrir peu à peu ce monde et comprendre ce qui se cache derrière cette quête de nouveaux horizons. Le récit avance de manière fluide, et j’avais toujours envie de tourner la page pour savoir ce qui allait arriver. Les personnages sont un autre point fort à mes yeux. Je les ai trouvés attachants, avec leurs failles, leurs peurs et leurs rêves. Même dans un contexte futuriste, je me suis reconnu dans leurs réactions et leurs émotions. J’ai apprécié la façon dont leurs relations évoluent au fil de l’histoire, entre tensions, entraide et moments plus intimes. Grâce au dessin très expressif de Singelin, je trouve que leurs sentiments passent aussi beaucoup par les regards et les attitudes, ce qui rend l’ensemble encore plus vivant. Frontier m’a vraiment marqué parce qu’il réussit à combiner un style graphique atypique que j’adore avec un scénario solide et prenant. Je ressors de cette lecture avec l’impression d’avoir voyagé dans un univers à part, à la fois spectaculaire et humain. Pour moi, c’est une BD qui vaut autant pour le plaisir des yeux que pour l’histoire qu’elle raconte, et que je recommanderais sans hésiter à ceux qui aiment la science-fiction et les œuvres qui sortent des sentiers battus.
Very Bad Ping
Une BD sur le ping-pong pleine d'humour avec de très bons gags. J'adore le dessin de Last. Cultissisme ! On en veut encore !!
Sang Barbare
Âpre, violent, sombre, tranchant. Voici une version beaucoup moins lisse que la plupart des adaptations de la série Conan le Cimmérien chez Glénat. Si on n’est pas trop allergique aux lames et à la violence, c’est une très belle interprétation du mythe de Conan. Un récit qui prend sa source dans plusieurs histoires originelles de Robert E. Howard, surtout « Au-delà de la rivière noire » avec les tribus pictes, et se situant pendant la période ou Conan est roi d’Aquilonie et dont le fils commence à tracer son propre chemin, ce qui permettra aux auteurs de développer une intéressante relation père-fils / roi-prince. Un graphisme similaire à de la Dark Fantasy. On sent les auteurs passionnés et très savants de la saga Conan. C’est effectivement un très bel hommage.
Le Joueur d'échecs (David Sala)
Fascinant. Sur un navire, des parties d'échecs, ce qui fait qu'on a deux ruptures avec le reste du monde : géographique et symbolique. Je n'ai pas lu l'écrivain, mais à ce que j'ai relevé de mes collègues commentateurs, le dessinateur a fait preuve d'une créativité éblouissante en inventant la manière de montrer ce qu'il ne fait que suggérer. Donc, pour une fois, je ne vais pas sous-noter une adaptation ! Je trouve bien que tout ne soit pas aussi intense. Les échecs sont un monde dans le monde, il faut montrer comment le jeu prend place dans le monde, un peu comme on ne voit pas tout de suite le mystère dans les œuvres fantastiques dont cette bd a le climat. Les échecs ? Un monde dans le monde. La folie ? Aussi, et la folie des échecs comme résistance à un monde en folie, le joueur autodidacte s'étant raccroché au damier pour ne pas céder aux nazis. Le dessin et les couleurs ont quelque chose de l'époque, et semblent, en même temps, intemporels. Quelle perfection !
Les Leçons du professeur Bourremou
Je ne connaissais pas du tout cette collaboration entre Christin et Boucq. L'album rassemble des histoires courtes humoristiques en noir et blanc, publiées dans Fluide Glacial en 1980. Elles mettent en scène le professeur Bourremou et son jeune acolyte, rencontrés sur les routes où ils vagabondent. En s'appuyant sur la verve aussi érudite que politique du professeur (et parfois sur le corps juvénile du garçon), ils parviennent à gagner de quoi manger et quelques sous. Le professeur excelle en effet dans l'art de submerger son auditoire de discours savants et idéologiques, au point de l'amener à agir à l'inverse de ses intentions initiales. À cette époque, Christin bénéficiait déjà d'une longue carrière, tandis que Boucq n'en était qu'à ses débuts (ce que rappelle d'ailleurs avec humour une page d'introduction de l'album). J'ai trouvé intéressant de découvrir son style graphique à ce stade. Il s'y rapproche assez de celui d'Alexis, d'autant que ces histoires humoristiques en noir et blanc évoquent volontiers celles d'autres personnages du dessinateur de Time is Money (Timoléon) et autres Avatars et coquecigrues. On perçoit toutefois déjà par endroits un trait plus organique propre à Boucq, ainsi que quelques indices de ses créations futures, notamment dans certains passages aux lignes de fuite très apparentes. Même si l'ensemble noir et blanc peut parfois sembler un peu sinistre, le dessin est déjà solide et agréable. L'humour, en revanche, m'a nettement moins convaincu. Le principe de la série se résume assez vite et ne se renouvelle guère. Les tirades érudico-politiques du professeur m'ont paru lourdes et assommantes. Elles peuvent certes être lues comme un témoignage de l'état d'esprit des années 80, mais ce qui se voulait subversif à l'époque paraît aujourd'hui parfois maladroit, voire gênant. Certaines dénonciations du racisme reposent elles-mêmes sur des stéréotypes raciaux, et celles du viol ou de la misogynie n'échappent pas totalement à des relents sexistes. Je ne doute pas des intentions des auteurs, qui sont très certainement à l'opposé de ces travers, mais la lecture près d'un demi-siècle plus tard laisse un sentiment de décalage marqué. Au final, je n'ai pas ri et je me suis même ennuyé. Le rythme est laborieux, les dialogues pesants, les gags tirés en longueur sans véritable surprise. L'album constitue surtout une curiosité pour qui s'intéresse à cette collaboration particulière ou au dessin de Boucq à ses débuts, mais il ne s'agit en rien d'une œuvre marquante.
Alexandre - L'épopée
Alexandre est de ces personnages historiques dont le destin et les actions ont depuis longtemps enflammé l'imagination. Le titre de la série est ambitieux, puisqu'il était envisagé de retracer toute sa vie et ses conquêtes énormes. Le lexique et la carte en fin d'album confirme cette ambition exhaustive. Au passage, la carte est intéressante, mais j'aurais bien vue le lexique (termes techniques ou noms de personnages historiques) plutôt placé au fur et à mesure en bas des pages concernées. Le dessin est agréable, et pas mal d'intrigues secondaires (rancunes familiales, complots de cours, chasse au trésor, ambitions et jalousies diverses) dynamisent le récit. En tout cas ce tome introductif est dense et fait plus que planter le décor. Je l'ai lu avec plaisir. Plusieurs choses m'ont toutefois gêné et/ou frustré. D'abord plusieurs personnages (et il y en a beaucoup !) Se ressemblent trop. Ensuite et surtout la série semble avoir été abandonnée, laissant en plan les lecteurs alors qu'Alexandre vient à peine de succéder à son père, et qu'il n'a pas encore quitté la grande Grèce pour se lancer à l'assaut de la Perse. L'épopée promise par le titre n'en est donc qu'à ses balbutiements hélas. C'est dommage que cette série ambitieuse n'ait pas tenu ses promesses, car le sujet m'intéressait fortement. Un album à emprunter à l'occasion...
Nimuë
Un récit relativement classique sur la forme, dans l'univers des légendes arthuriennes. Ça se laisse lire aisément, la narration ne s'écarte jamais du fil rouge (j'aurais justement sans doute apprécié de voir l'intrigue plus étoffée). Avec peut-être un Merlin plus noir et ambivalent que dans la plupart des récits situés dans cet univers. Le dessin est moderne, un peu inégal. Mais la colorisation, qui joue très bien des ombres, des brumes et d'un halo de mystère est vraiment réussie, et donne un rendu qui m'a bien plu.
Elle s'appelait Sarah
Un sujet sensible et déjà pas mal évoqué : la rafle du Vélo d'Hiv durant l'été 1942. Le choix narratif est relativement original. En effet, nous suivons en parallèle/alternance deux histoires, liées dans le temps. D'abord le destin d'une gamine juive, Sarah, raflée avec sa famille. Puis l'histoire d'une journaliste américaine, Julia, qui, 70 ans plus tard, emménage dans l'ancien appartement de Sarah. Par hasard elle enquête sur la rafle du Vel d'hiver, et, de fil en aiguille, elle apprend le destin de Sarah, découvre qu'elle a peut-être survécu à la rafle, et veut ensuite la retrouver. Le sujet est sensible, et le rôle central de la police de Vichy est mis en avant (ils sont les seuls à incarner la répression dans la période Sarah, et l'enquête de Julia insiste sur le fait - véridique - que Vichy (en l'occurrence Laval) a fait pression sur les Nazis pour que les enfants soient ajoutés aux adultes déportés). Mais, si ça se laisse lire, il y a quand même quelques facilités scénaristiques (dans les deux périodes), et les dialogues ne sont pas folichons. Et je n'ai pas été convaincu par le choix de représenter les policiers français par des géants peu réalistes et noirs, comme des spectres.
Michel Vaillant
Encore une bd surestimée, public captif d'exploits non arthuriens, mais de courses automobiles. Scénario bien plats, autant que la psychologie des personnages et l'expression de leurs sentiments par leur visage et postures. Les dialogues ? Eh ben, si on peut appeler ça des dialogues… On ouvre pour les voitures, on ferme parce qu'on s'ennuie.