Je réécris mon avis suite à la lecture des 3 tomes, et ma note reste à 4/5.
Les thèmes sont certes classiques : colonisation de Mars, différentes factions se livrant des combats sans merci, coups fourrés politiques, fanatiques religieux… Les personnages « gros durs » sont un peu clichés, et de manière générale l’histoire est surtout portée sur l’action… mais voilà, je trouve que la sauce prend vraiment, et j’ai avalé les 3 tomes d’une traite. Sylvain Runberg maitrise son scenario, qu’il conclut en 3 tomes, comme prévu à l’origine. La fin m’a beaucoup plu… mais je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher.
Le dessin de Grun (aka Ludovic Dubois) est absolument magnifique, le boulot sur les personnages et leurs accoutrements est vraiment bluffant et détaillé. Les vues martiennes sont aussi très belles, et mises en valeur par des couleurs rougeâtres du plus bel effet. Les 3 albums se concluent sur des superbes carnets de croquis. Ces derniers enrichissent par ailleurs le background de l’histoire dans les tomes 2 et 3… sympa comme concept, les « épilogues carnets graphiques ».
Une histoire classique mais efficace, et terminée en 3 tomes… à recommander aux amateurs de science-fiction.
Le dessin de Joan Boix est tout simplement hallucinant, quel talent dans l'utilisation du noir et blanc ou plus exactement ces deux couleurs qui se mêlent en s'aidant de ratures, de rayures, de stries qui viennent renforcer une expression ou un regard. Personnages réalistes donc, mais les décors ne sont pas en reste qu'il s'agisse de lieux campagnards ou citadins. Il n'est que de feuilleter la galerie pour se faire une petite idée du travail de J.Boix.
Le sujet est en lui-même plus intéressant qu'il puisse sembler au premier abord. Huit courtes histoires dont la dernière sonne comme une conclusion nous emmènent dans le monde de Robny. Personnage plus qu'ambigu, nous le suivons dans ses errances à travers le monde semblant plus se fuir lui même que les autres ce qui est pourtant son credo. Ce sont des récits finalement assez pessimistes qui nous disent que le monde qui nous entoure est mauvais; un mal qui gangrène tout.
Robny est également un homme qui se sent plus à son aise dans des décors campagnards, d'ailleurs à la fin de chacune de ses péripéties c'est vers des territoires vierges de l'homme qu'il s'en retourne tel un cowboy bien connu.
Au final un récit dense, avec un personnage complexe mais ô combien intéressant, si l'on rajoute un dessin qui est une vraie tuerie, que demander de plus.
Coup de cœur pour moi.
Premier album de Fabcaro que je lis, et il y a du niveau !
L'humour, souvent absurde mais pas toujours, est acide, corrosif et très bien senti. Il met le doigt sur plein de petites choses, inavouées ou qu'on préfère simplement ne pas voir.
Je ne sais pas ce qui fait que cela marche, mais le fait est que cela fonctionne, et il est impossible de ne pas sourire, voire parfois d'éclater carrément de rire.
Reste à voir si la relecture sera aussi jouissive, la surprise étant à ce moment un peu éventée.
30 avril 1945, Hitler se donne la mort dans son bunker. Les Russes ont envahi Berlin. La guerre est finie pour tout le monde en Europe. Tout le monde? Sauf peut être pour les femmes à Berlin.
C'est dans ce contexte que se déroule cette BD, où nous suivons l'histoire d'une femme allemande et d'une femme russe. D'abord chacune de leur côté, pour ensuite se rencontrer. Au delà du côté historique extrêmement bien documenté et sérieux, cette BD a suscité mon intérêt en créant la rencontre improbable d'une femme russe et d'une autre allemande, dans ce contexte tout particulier. Je n'avais encore jamais lu ou même imaginé une telle rencontre. Entre la peur, la haine, le dégout, la compassion, le respect, l'amitié, voire même l'amour, nous allons assister à l'évolution de cette relation.
La puissance de cet ouvrage tient également au fait qu'il parle de sujets très graves sans spécialement avoir le besoin de les montrer explicitement. Beaucoup d'éléments sont sous entendus, pour laisser libre court à notre imagination, rendant certains passages glaçants et inimaginables.
Dans notre travail de mémoire concernant la seconde guerre mondiale, nous avons tendance à oublier les femmes berlinoises. L'auteur vient donc rectifier tout cela.
4 étoiles
MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Une BD qui ne laisse pas indifférent.
Vu le nombre d'avis positifs sur cet ouvrage, je ne vais pas m'étendre pour redire encore une fois les mêmes choses.
Pour faire simple, il y a deux histoires: une contemporaine, où un fils interviewe son père, un polonais juif. Et une autre, qui est donc l'histoire de Vladek et sa famille durant la seconde guerre mondiale.
C'est un véritable travail de mémoire qui a été fait ici, qui m'a particulièrement touché (surement parce que je fais le même pour l'instant avec ma grand mère). Le fait de raconter deux histoires en une, nous permet de faire des pauses lorsqu'on repasse au temps présent. Cela nous permet de respirer, de digérer cette histoire indigérable.
Cette BD devrait faire partie des lectures obligatoires à l'école, afin d'étudier la Shoah différemment, par la "petite histoire".
5 étoiles
MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
C'est peut-être l'album le plus doux de Sempé. Son monde des musiciens est plein de bienveillance, de poésie et évidemment de musique. En noir et blanc ou à l'aquarelle, Sempé nous peint des personnages qui semblent évoluer dans leur bulle, loin du monde. Pianiste de jazz, clarinettiste, saxophoniste, violoncelliste... ils sont tous là ! Le trait est toujours aussi fin, efficace et riche de petits détails qui donnent tout son sens à l'image. Pas besoin de dialogues : un regard, une posture ou un sourire esquissé suffisent à nous donner la clef pour comprendre la planche. C'est du grand art, magnifique.
Chaque page est une découverte que l'on savoure avant de passer à la suivante. Dans chacun de ses dessins, Sempé nous livre une observation perspicace de notre société au quotidien. C'est plein de douceur, d'humour et de dérision. Poète, philosophe, sociologue, psychiatre ? Sempé est tout à la fois ! Cet album est aussi d'une grande justesse sur les petits et grands travers du genre humain. Les dessins sont aussi légers qu'ils sont efficaces. Le trait est précis, toujours en mouvement. Parfois, faussement esquissé. C'est tellement touchant...
Dans mon pèlerinage vers la sainte Culture BD...
J'ai emprunté Garulfo pour enfin parcourir l'aventure de cette grenouille. Et si la lecture de ce conte fut un pur plaisir, je ne la placerai pas au rang des cultes non plus.
Garulfo ne veut plus être UNE grenouille. Bourré d'orgueil et d'ambition, il parviendra rapidement à devenir un homme et prendra part à la vie du royaume de Brandelune, où ses aventures l'amèneront à réfléchir une seconde fois sur son existence et celle de son entourage.
L'aventure se lit avec légèreté et je trouve les transitions vachement bien construites pour dérouler les péripéties. L'ensemble est très fluide, d'autant plus que l'humour présent à chaque planche m'a plu (voir m'a fait carrément rigoler). Plusieurs contes et clins d'œil s'incorporent dans le récit avec habilité et intelligence, rendant un travail sacrément harmonieux. La naïveté de notre grenouille dans la premier cycle m'a légèrement agacé. Ce qui m'amène à préférer plutôt le second cycle qui paraît plus loufoque que "philosophique". J'apprécie davantage ce récit quand les idéaux restent discrets, sinon on perd en rythme et ça devient trop simplet. D'ailleurs, le principe des contes est justement d'expliquer les choses par allégorie plutôt que par des textes métaphysiques. Dommage mais bon, ces passages ne sont pas non plus envahissants.
J'ai aimé le dessin des bâtiments, de l'environnement et de toute la faune, notamment la variété d'oiseaux que le lecteur est amené à rencontrer. J'ai lu l'édition intégrale et très souvent, dans une même case, les traits de contour de certains éléments sont plus épais que sur d'autres. Si cela servait à mettre en avant le sujet, moi ça ne m'a pas vraiment plus puisque j'y trouve une surcharge inutile... Les couleurs sont pétillantes et s'accordent bien avec l'environnement joyeux. Puisqu'on peut comparer, j'ai une préférence pour le style de Masbou dans De Cape et de Crocs.
Mais j'ai un poil de mal à y trouver mon compte. Pour l'idée que je me fais d'un conte, il me manque le cadre un peu plus poétique. C'est essentiellement ça qui m'aura empêché d'entrer pleinement dans l'univers. Autre chose, l'écriture au style virevoltant ne me convient pas trop. Bizarrement, et contrairement à De Capes et de Crocs, je la trouve ici inappropriée car elle empêchera un enfant à parcourir l'histoire sans accroc, alors que tout prête à penser que cette BD pourrait convenir aux mioches autant qu'aux pas-mioches. Voilà, dommage d'en faire un peu trop à ce niveau là.
Mais bon, tant pis pour les gosses, ils pourront toujours zyeuter les images... Et si ces p'tites choses m'empêchent d'être pleinement conquis, je ne peux que vous conseiller la lecture et je pense ajouter cette série à ma collection.
J’avais découvert ces deux auteurs avec le très bon Au revoir Monsieur, et je les retrouve ici avec un travail qui met une nouvelle fois en avant la noirceur – de l’existence, et du dessin.
En effet, le trait gras de Mabesoone, nerveux, jouant sur un Noir et Blanc assez tranché, avec un rendu un peu brouillon, convient à merveille à l’intrigue concoctée par son compère Mau.
Nous suivons l’itinéraire halluciné d’un jeune homme, écrivain aigri qui décide d’incarner le héros du roman qu’il tente d’écrire, tuant par pulsion, sans réel mobile ni remords les gens qu’il croise durant sa virée sanglante, ne cherchant pas spécialement à se cacher, car la célébrité lui est garantie pense-t-il – celle du romancier tout autant que celle du tueur.
Une sorte de road movie très noir, sanglant donc, avec quelques toutes petites pointes d’humour noir et désespéré pour aérer une histoire un peu suffocante.
Mon seul bémol concerne la fin de l’histoire – que je ne vais pas dévoiler pour ne pas spoiler, puisqu’elle s’avère un peu surprenante. Surprenante, intéressante, des qualités certes, mais elle m’a décontenancé, et quelque peu déçu, comme si le poison de la violence inoculé depuis le début ne pouvait s’accommoder d’un antidote : j’aurais bien vu le noir s’épaissir et la pirouette finale m’est apparu dissonante. Mais après tout, elle peut tout aussi bien se justifier, et ne gâche pas réellement le plaisir que j’ai eu à lire cet album.
Léonie Bischoff...
Mac Arthur nous avait bien dit de ne pas oublier ce nom...
Eh bien je peux vous dire qu'après cette magnifique lecture je ne l'oublierai pas de sitôt !
J’ai découvert cet album (et, je dois le confesser, l’existence d’Anaïs Nin par la même occasion) grâce à la critique postée par Mac Arthur. Son enthousiasme débordant, ainsi que le dessin séduisant m’ont donné envie de lire cette BD ; par la suite, les autres critiques élogieuses postées sur le site m’ont définitivement convaincue que je ne devais pas passer à côté. Et grand bien m’en a pris !
Dès les premières pages j’ai été envoutée par le dessin… ah, ce dessin, que dire à part qu’il est tout simplement sublime ? Après ma lecture, je me suis rendue compte que j'avais déjà lu un album dessiné par Léonie Bischoff (Le Prédicateur) mais je n’ai pas été spécialement marquée par son dessin. En revanche, dans cet album l’autrice me parait avoir atteint une parfaite maturité, semblant laisser libre cours à toute sa créativité et son inspiration. Le dessin au crayon multicolore apporte beaucoup de douceur et un charme indéniable. Les nombreux espaces laissés blancs apportent quant à eux dans certaines planches une belle luminosité qui contraste avec d’autres scènes plus sombres. Le trait gracieux retranscrit à merveille la sensualité d’Anaïs Nin, certaines compositions sont tout simplement magnifiques. C'est original, délicat, inspiré ; à mes yeux c'est tout simplement parfait.
Et quel bonheur de découvrir au fil des pages que ce dessin magnifique n’est pas le seul atout de cet album ! J’ai été très rapidement happée par le récit, j’ai plongé avec bonheur dans l'esprit d'Anaïs, cette femme superbe qui brûle de vivre pleinement, sans entraves, loin des chemins tout tracés. Il se dégage de son être la passion, l'amour ; et loin de l'image de l'artiste tourmenté éternellement malheureux elle ouvre une autre voie. Léonie Bischoff nous ouvre une porte sur la vie d’Anaïs Nin par le biais des extraits de son journal intime, journal qu’elle a tenu avec assiduité toute sa vie.
La force de cet ouvrage est de rendre compréhensible des comportements que par ailleurs on pourrait être tenté de juger ; en pénétrant dans l’esprit et le cœur d’Anaïs Nin, on réalise que malgré ses nombreuses aventures, il n'y a nulle trace d'égoïsme ni de manque de respect envers son mari à qui elle voue un amour sincère. Il semble juste que son cœur et ses désirs sont trop grands pour un seul homme. Et elle témoigne à chaque personne qu’elle croise une telle bienveillance qu’on ne peut voir en elle qu’une belle personne.
Je suis heureuse d’avoir lu ce superbe album, et d’avoir découvert Anaïs Nin, cette femme décidément fascinante. Nul doute qu'elle ne s'est pas retournée dans sa tombe à la sortie de l'album. Au contraire, elle doit y reposer plus en paix que jamais, reconnaissante d'avoir été à ce point magnifiée et si bien comprise.
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On Mars
Je réécris mon avis suite à la lecture des 3 tomes, et ma note reste à 4/5. Les thèmes sont certes classiques : colonisation de Mars, différentes factions se livrant des combats sans merci, coups fourrés politiques, fanatiques religieux… Les personnages « gros durs » sont un peu clichés, et de manière générale l’histoire est surtout portée sur l’action… mais voilà, je trouve que la sauce prend vraiment, et j’ai avalé les 3 tomes d’une traite. Sylvain Runberg maitrise son scenario, qu’il conclut en 3 tomes, comme prévu à l’origine. La fin m’a beaucoup plu… mais je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher. Le dessin de Grun (aka Ludovic Dubois) est absolument magnifique, le boulot sur les personnages et leurs accoutrements est vraiment bluffant et détaillé. Les vues martiennes sont aussi très belles, et mises en valeur par des couleurs rougeâtres du plus bel effet. Les 3 albums se concluent sur des superbes carnets de croquis. Ces derniers enrichissent par ailleurs le background de l’histoire dans les tomes 2 et 3… sympa comme concept, les « épilogues carnets graphiques ». Une histoire classique mais efficace, et terminée en 3 tomes… à recommander aux amateurs de science-fiction.
Robny Clochard
Le dessin de Joan Boix est tout simplement hallucinant, quel talent dans l'utilisation du noir et blanc ou plus exactement ces deux couleurs qui se mêlent en s'aidant de ratures, de rayures, de stries qui viennent renforcer une expression ou un regard. Personnages réalistes donc, mais les décors ne sont pas en reste qu'il s'agisse de lieux campagnards ou citadins. Il n'est que de feuilleter la galerie pour se faire une petite idée du travail de J.Boix. Le sujet est en lui-même plus intéressant qu'il puisse sembler au premier abord. Huit courtes histoires dont la dernière sonne comme une conclusion nous emmènent dans le monde de Robny. Personnage plus qu'ambigu, nous le suivons dans ses errances à travers le monde semblant plus se fuir lui même que les autres ce qui est pourtant son credo. Ce sont des récits finalement assez pessimistes qui nous disent que le monde qui nous entoure est mauvais; un mal qui gangrène tout. Robny est également un homme qui se sent plus à son aise dans des décors campagnards, d'ailleurs à la fin de chacune de ses péripéties c'est vers des territoires vierges de l'homme qu'il s'en retourne tel un cowboy bien connu. Au final un récit dense, avec un personnage complexe mais ô combien intéressant, si l'on rajoute un dessin qui est une vraie tuerie, que demander de plus. Coup de cœur pour moi.
Moins qu'hier (plus que demain)
Premier album de Fabcaro que je lis, et il y a du niveau ! L'humour, souvent absurde mais pas toujours, est acide, corrosif et très bien senti. Il met le doigt sur plein de petites choses, inavouées ou qu'on préfère simplement ne pas voir. Je ne sais pas ce qui fait que cela marche, mais le fait est que cela fonctionne, et il est impossible de ne pas sourire, voire parfois d'éclater carrément de rire. Reste à voir si la relecture sera aussi jouissive, la surprise étant à ce moment un peu éventée.
Seules à Berlin
30 avril 1945, Hitler se donne la mort dans son bunker. Les Russes ont envahi Berlin. La guerre est finie pour tout le monde en Europe. Tout le monde? Sauf peut être pour les femmes à Berlin. C'est dans ce contexte que se déroule cette BD, où nous suivons l'histoire d'une femme allemande et d'une femme russe. D'abord chacune de leur côté, pour ensuite se rencontrer. Au delà du côté historique extrêmement bien documenté et sérieux, cette BD a suscité mon intérêt en créant la rencontre improbable d'une femme russe et d'une autre allemande, dans ce contexte tout particulier. Je n'avais encore jamais lu ou même imaginé une telle rencontre. Entre la peur, la haine, le dégout, la compassion, le respect, l'amitié, voire même l'amour, nous allons assister à l'évolution de cette relation. La puissance de cet ouvrage tient également au fait qu'il parle de sujets très graves sans spécialement avoir le besoin de les montrer explicitement. Beaucoup d'éléments sont sous entendus, pour laisser libre court à notre imagination, rendant certains passages glaçants et inimaginables. Dans notre travail de mémoire concernant la seconde guerre mondiale, nous avons tendance à oublier les femmes berlinoises. L'auteur vient donc rectifier tout cela. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Maus
Une BD qui ne laisse pas indifférent. Vu le nombre d'avis positifs sur cet ouvrage, je ne vais pas m'étendre pour redire encore une fois les mêmes choses. Pour faire simple, il y a deux histoires: une contemporaine, où un fils interviewe son père, un polonais juif. Et une autre, qui est donc l'histoire de Vladek et sa famille durant la seconde guerre mondiale. C'est un véritable travail de mémoire qui a été fait ici, qui m'a particulièrement touché (surement parce que je fais le même pour l'instant avec ma grand mère). Le fait de raconter deux histoires en une, nous permet de faire des pauses lorsqu'on repasse au temps présent. Cela nous permet de respirer, de digérer cette histoire indigérable. Cette BD devrait faire partie des lectures obligatoires à l'école, afin d'étudier la Shoah différemment, par la "petite histoire". 5 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Les Musiciens
C'est peut-être l'album le plus doux de Sempé. Son monde des musiciens est plein de bienveillance, de poésie et évidemment de musique. En noir et blanc ou à l'aquarelle, Sempé nous peint des personnages qui semblent évoluer dans leur bulle, loin du monde. Pianiste de jazz, clarinettiste, saxophoniste, violoncelliste... ils sont tous là ! Le trait est toujours aussi fin, efficace et riche de petits détails qui donnent tout son sens à l'image. Pas besoin de dialogues : un regard, une posture ou un sourire esquissé suffisent à nous donner la clef pour comprendre la planche. C'est du grand art, magnifique.
La Grande Panique
Chaque page est une découverte que l'on savoure avant de passer à la suivante. Dans chacun de ses dessins, Sempé nous livre une observation perspicace de notre société au quotidien. C'est plein de douceur, d'humour et de dérision. Poète, philosophe, sociologue, psychiatre ? Sempé est tout à la fois ! Cet album est aussi d'une grande justesse sur les petits et grands travers du genre humain. Les dessins sont aussi légers qu'ils sont efficaces. Le trait est précis, toujours en mouvement. Parfois, faussement esquissé. C'est tellement touchant...
Garulfo
Dans mon pèlerinage vers la sainte Culture BD... J'ai emprunté Garulfo pour enfin parcourir l'aventure de cette grenouille. Et si la lecture de ce conte fut un pur plaisir, je ne la placerai pas au rang des cultes non plus. Garulfo ne veut plus être UNE grenouille. Bourré d'orgueil et d'ambition, il parviendra rapidement à devenir un homme et prendra part à la vie du royaume de Brandelune, où ses aventures l'amèneront à réfléchir une seconde fois sur son existence et celle de son entourage. L'aventure se lit avec légèreté et je trouve les transitions vachement bien construites pour dérouler les péripéties. L'ensemble est très fluide, d'autant plus que l'humour présent à chaque planche m'a plu (voir m'a fait carrément rigoler). Plusieurs contes et clins d'œil s'incorporent dans le récit avec habilité et intelligence, rendant un travail sacrément harmonieux. La naïveté de notre grenouille dans la premier cycle m'a légèrement agacé. Ce qui m'amène à préférer plutôt le second cycle qui paraît plus loufoque que "philosophique". J'apprécie davantage ce récit quand les idéaux restent discrets, sinon on perd en rythme et ça devient trop simplet. D'ailleurs, le principe des contes est justement d'expliquer les choses par allégorie plutôt que par des textes métaphysiques. Dommage mais bon, ces passages ne sont pas non plus envahissants. J'ai aimé le dessin des bâtiments, de l'environnement et de toute la faune, notamment la variété d'oiseaux que le lecteur est amené à rencontrer. J'ai lu l'édition intégrale et très souvent, dans une même case, les traits de contour de certains éléments sont plus épais que sur d'autres. Si cela servait à mettre en avant le sujet, moi ça ne m'a pas vraiment plus puisque j'y trouve une surcharge inutile... Les couleurs sont pétillantes et s'accordent bien avec l'environnement joyeux. Puisqu'on peut comparer, j'ai une préférence pour le style de Masbou dans De Cape et de Crocs. Mais j'ai un poil de mal à y trouver mon compte. Pour l'idée que je me fais d'un conte, il me manque le cadre un peu plus poétique. C'est essentiellement ça qui m'aura empêché d'entrer pleinement dans l'univers. Autre chose, l'écriture au style virevoltant ne me convient pas trop. Bizarrement, et contrairement à De Capes et de Crocs, je la trouve ici inappropriée car elle empêchera un enfant à parcourir l'histoire sans accroc, alors que tout prête à penser que cette BD pourrait convenir aux mioches autant qu'aux pas-mioches. Voilà, dommage d'en faire un peu trop à ce niveau là. Mais bon, tant pis pour les gosses, ils pourront toujours zyeuter les images... Et si ces p'tites choses m'empêchent d'être pleinement conquis, je ne peux que vous conseiller la lecture et je pense ajouter cette série à ma collection.
Achevé d'imprimer
J’avais découvert ces deux auteurs avec le très bon Au revoir Monsieur, et je les retrouve ici avec un travail qui met une nouvelle fois en avant la noirceur – de l’existence, et du dessin. En effet, le trait gras de Mabesoone, nerveux, jouant sur un Noir et Blanc assez tranché, avec un rendu un peu brouillon, convient à merveille à l’intrigue concoctée par son compère Mau. Nous suivons l’itinéraire halluciné d’un jeune homme, écrivain aigri qui décide d’incarner le héros du roman qu’il tente d’écrire, tuant par pulsion, sans réel mobile ni remords les gens qu’il croise durant sa virée sanglante, ne cherchant pas spécialement à se cacher, car la célébrité lui est garantie pense-t-il – celle du romancier tout autant que celle du tueur. Une sorte de road movie très noir, sanglant donc, avec quelques toutes petites pointes d’humour noir et désespéré pour aérer une histoire un peu suffocante. Mon seul bémol concerne la fin de l’histoire – que je ne vais pas dévoiler pour ne pas spoiler, puisqu’elle s’avère un peu surprenante. Surprenante, intéressante, des qualités certes, mais elle m’a décontenancé, et quelque peu déçu, comme si le poison de la violence inoculé depuis le début ne pouvait s’accommoder d’un antidote : j’aurais bien vu le noir s’épaissir et la pirouette finale m’est apparu dissonante. Mais après tout, elle peut tout aussi bien se justifier, et ne gâche pas réellement le plaisir que j’ai eu à lire cet album.
Anaïs Nin - Sur la mer des mensonges
Léonie Bischoff... Mac Arthur nous avait bien dit de ne pas oublier ce nom... Eh bien je peux vous dire qu'après cette magnifique lecture je ne l'oublierai pas de sitôt ! J’ai découvert cet album (et, je dois le confesser, l’existence d’Anaïs Nin par la même occasion) grâce à la critique postée par Mac Arthur. Son enthousiasme débordant, ainsi que le dessin séduisant m’ont donné envie de lire cette BD ; par la suite, les autres critiques élogieuses postées sur le site m’ont définitivement convaincue que je ne devais pas passer à côté. Et grand bien m’en a pris ! Dès les premières pages j’ai été envoutée par le dessin… ah, ce dessin, que dire à part qu’il est tout simplement sublime ? Après ma lecture, je me suis rendue compte que j'avais déjà lu un album dessiné par Léonie Bischoff (Le Prédicateur) mais je n’ai pas été spécialement marquée par son dessin. En revanche, dans cet album l’autrice me parait avoir atteint une parfaite maturité, semblant laisser libre cours à toute sa créativité et son inspiration. Le dessin au crayon multicolore apporte beaucoup de douceur et un charme indéniable. Les nombreux espaces laissés blancs apportent quant à eux dans certaines planches une belle luminosité qui contraste avec d’autres scènes plus sombres. Le trait gracieux retranscrit à merveille la sensualité d’Anaïs Nin, certaines compositions sont tout simplement magnifiques. C'est original, délicat, inspiré ; à mes yeux c'est tout simplement parfait. Et quel bonheur de découvrir au fil des pages que ce dessin magnifique n’est pas le seul atout de cet album ! J’ai été très rapidement happée par le récit, j’ai plongé avec bonheur dans l'esprit d'Anaïs, cette femme superbe qui brûle de vivre pleinement, sans entraves, loin des chemins tout tracés. Il se dégage de son être la passion, l'amour ; et loin de l'image de l'artiste tourmenté éternellement malheureux elle ouvre une autre voie. Léonie Bischoff nous ouvre une porte sur la vie d’Anaïs Nin par le biais des extraits de son journal intime, journal qu’elle a tenu avec assiduité toute sa vie. La force de cet ouvrage est de rendre compréhensible des comportements que par ailleurs on pourrait être tenté de juger ; en pénétrant dans l’esprit et le cœur d’Anaïs Nin, on réalise que malgré ses nombreuses aventures, il n'y a nulle trace d'égoïsme ni de manque de respect envers son mari à qui elle voue un amour sincère. Il semble juste que son cœur et ses désirs sont trop grands pour un seul homme. Et elle témoigne à chaque personne qu’elle croise une telle bienveillance qu’on ne peut voir en elle qu’une belle personne. Je suis heureuse d’avoir lu ce superbe album, et d’avoir découvert Anaïs Nin, cette femme décidément fascinante. Nul doute qu'elle ne s'est pas retournée dans sa tombe à la sortie de l'album. Au contraire, elle doit y reposer plus en paix que jamais, reconnaissante d'avoir été à ce point magnifiée et si bien comprise.