Beaucoup de gens considèrent Watchmen comme l’ultime chef d’œuvre de Moore. À mon humble avis, sans vouloir nier la force de son histoire de super-héros vieillissants, je crois qu’il n’a rien fait de mieux à ce jour que V for Vendetta. Ici point de super-héros. Le personnage principal, V, est bel et bien masqué, porte la cape et un costume identifiable, mais c’est dans le cadre du « rôle » qu’il joue, comme les comédiens de la Grèce antique ou du Nô oriental (le théâtre traditionnel japonais).
V n’a pas de nom, pas d’identité propre, car V échappe à toute classification, à tout ordre imposé. V n’est plus une personne, mais un concept, une idée.
Dans un monde post-apocalyptique (bien que l’histoire se déroule en 1997-98, à l’instar du New-York 97 de John Carpenter), l’Angleterre est aux mains d’une dictature qui s’appuie sur une organisation très rigide.
La Voix, outil de propagande du régime en place, le Nez, l’équivalent de la police d’investigation, l’Oreille, qui épie les moindres paroles, faits et gestes des citoyens, et la Main, véritable force de frappe et de maintien de l’ordre, sont les différents « organes » du pouvoir. Le tout sous le commandement de la Tête, autrement dit de l’homme qui en concertation avec son super-ordinateur, prend toutes les décisions.
Dans ce contexte, V est comme un chien dans un jeu de quilles. V se rebelle, V se fait le défenseur et le porte-parole de la liberté bafouée.
Alan Moore ne fait pas l’apologie de l’anarchie, comme on pourrait le croire au premier abord. Cette notion l’intéresse et il en profite pour nous livrer ses réflexions à ce sujet. Mais le fond du propos de Moore n’est pas là. Ce qu’il défend, ce dont V est l’étendard (et c’est peut-être également la raison pour laquelle il n’a pas de visage humain), c’est avant tout la liberté de penser.
Et pourtant V est également un terroriste au sens strict du terme. Il fait exploser des monuments, assassine ceux qui représentent le pouvoir et méritent de mourir selon lui. N’oublions pas le « Vendetta » du titre. Par moment, on se demande si c’est l’esprit de vengeance pure qui guide V, ou l’idéal dont il se fait l’icône …
Alan Moore, comme à son habitude, développe un monde complexe et n’a pas peur d’entrer dans les détails. Les personnages sont nombreux, mais tous très justes dans leurs traitements et leurs évolutions.
Certains butteront sur un dessin austère, un trait dur. Il est vrai que le style de Lloyd n’est pas des plus engageants. Je soupçonne même Moore de choisir ses dessinateurs selon ce critère. Ça lui permet de s’assurer de faire passer le scénario avant le dessin, de capturer toute l’attention du lecteur et de la diriger sur l’histoire.
Le revers de la médaille, c’est que cela décourage nombre de lecteurs potentiels, plus attachés à la qualité graphique d’une BD. Et là encore, j’ai ma petite hypothèse. Moore l’a prouvé maintes fois dans ses travaux, il ne laisse rien au hasard. Et il me paraît évident également qu’il fournit à chaque fois un travail énorme, dense, très complet qui doit lui demander beaucoup d’investissement. Il n’est donc pas impossible qu’il exige en retour de ses lecteurs un effort de lecture et de concentration à la hauteur de ses œuvres … ce qui cadredrait aussi avec le côté mégalo du personnage …
Moore est définitivement un phénomène hors-norme.
J’ai craqué pour cet album. Giroud et Lax nous refont le coup des « Oubliés d’Annam » : le récit qui mêle un destin individuel à la grande Histoire. Petite histoire et grande Histoire dans un seul récit. C’est un exercice d’équilibriste pas toujours évident à accomplir sans tomber dans les pièges du roman historique lourd et pesant. Et à ce titre « Les Oubliés d’Annam » me laissait un peu sur ma faim. Ici, je trouve qu’ils ont réussis ce qu’ils avaient en partie raté dans « Les Oubliés d’Annam » : articuler les deux histoires de manière marquante et significative, sans que l’une paraisse prétexte de l’autre. Ici l’équilibre est trouvé, tout est imbriqué l’un dans l’autre avec grande habilité. Cette histoire d’amour entre un homme et sa délatrice n’est pas seulement une histoire d’amour romanesque comme on peut en voir des centaines… mais une belle illustration de l’histoire d’un peuple (la Roumanie) qui doit se réconcilier avec lui-même, après la chute d’une dictature. Qu’on le veuille où non, après une dictature, le supplicié retrouve son bourreau et il doit vivre avec lui, impossible de faire autrement… La chose nous est racontée au travers de ce couple avec sensibilité et justesse. Là c’est vraiment la petite histoire qui nous permet de mieux comprendre la grande.
Autre idée géniale : celle du timbre et celle de la fausse héroïne de la révolution. Un pays après une dictature doit briser ses statues, casser ses mythes et ses constructions historiques fabriquées par le régime pour retrouver l’individu, dans toute sa singularité. Décidément ce scénario frise le génial. Il permet de saisir tant de choses.
« Pourquoi je ne mets pas cinq étoiles ? » me demanderez-vous. Et bien parce que malgré toutes ces qualités de fonds, y’a quand même des dialogues et des explications que j’ai trouvés un peu pesantes… Et puis y’a quelques petits problèmes de rythmes dans le récit et quelques clichés un peu agaçants…
Selon moi, on est passé près du chef d’œuvre, mais on a affaire à un très bel album. Le dessin de Lax y est d’ailleurs très beau, exit les sales couleurs du premier tome des Oubliées d’Annam.
Ben pour moi c'est comme Obelix je ne connais pas grand chose aux mangas et en lisant les avis sur Bdtheque j'ai décidé d'acheter le volume 1 de Monster pour découvrir. Mon seul regret est de n'avoir acheté que ce volume 1. L'histoire qui peut paraître "simplette" au départ devient de plus en plus intrigante, le rythme s'accélère le découpage des cases et les dessins sont vraiment excellents et tout ça au final devient bien passionnant. Il va falloir que je coure dès demain chez mon libraire préféré pour me procurer les tomes suivants.
Il m'a fallu un petit laps de temps pour m'habituer aux conventions de lecture (le manga est publié dans le sens de lecture original soit de droite à gauche) mais une fois assimilé quel régal !
Si les autres volumes sont aussi bons mon avis pourra évoluer vers les 5 étoiles.
J'ai longuement hésité entre le culte et le franchement bien mais le dessin a trancher... En effet, le dessin est tres agréable mais il n'est pas assez détailler selon moi(on dirait meme du manga parfois). Cependant il donne assez bien avec l'histoire qui, elle, est exceptionnel. Tout est si bien ordonné ! Je trouve ca meme dommage que Phenomenum devienne une série : on pouvait tres bien s'arreter a l'opus 0 ! Enfin bon, il méritait vraiment d'etre dans les séléctions a Angouleme dommage qu'il n'ait eu aucun prix... Pour finir, je le répète encore : NE VOUS FIEZ PAS A LA COUVERTURE !
PS : Vous ne trouvez pas que le papier des BD de chez Glénat est un peu léger ?
Un manga très émouvant, bien raconté, dessin superbe.
Pour une fois pas d'histoire de yakusa (rare venant d'ikegami).
J'ai beaucoup aimé, ca s'inscrit dans les mangas qui sortent de l'ordinaire comme le cheminot ou quartier lointain.
Je dois l'avouer, la première fois que j'ai ouvert le premier tome de cette BD (il y maintenant un petit moment...), je l'ai lâché direct avec une moue de dégoût... Aujourd'hui, je m'en repens !!! (que je sois maudit comme ça j'irai aussi sur resurrection... :-) )
Bref, comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, j'ai lu le premier tome de la BD et j'ai A-DO-RE!!! Résultat j'ai acheté le coffret des trois premiers albums le lendemain!!!!
Requiem est une merveille, ce genre d'oeuvre un peu extra-terrestre, qui en rebute beaucoup, mais qui fait parler d'elle (en bien comme en mal).
Les dessins sont magnifiques, sombres et dérangeants, en particulier ce contraste si fort entre l'univers (en rouge et noir) et les vampires dont la peau est d'un blanc immaculé (si ce n'est par la noirceur de leur âme et les magnifiques signes cabalistiques tatoués sur leur peau...).
Même si le découpage est pparfois un peu dificile à suivre, il sert beaucoup l'impression générale de chaos qui entoure la BD...
Le scénario est hallucinant!!! Même si les ppéripéties s'enchaînent dans une logique ma foi assez conventionnelle, le mondes crée par Pat Mills est mortel (je ne suis pas le premier à le faire celui-là mais faut avouer qu'il est assez facile...). Je ne voudrais pas me retrouver dans les méandres de son cerveau quand on voit ce qui peut en sortir...
Maintenant, c'est vrai que tout le monde n'aime pas les mondes parallèles chaotiques et sanglants, les vampires, zombies et goules, le rouge et le noir mais bon, on est pas chez les teletubbies ici...
En plus de tout ça, il faut avouer que nombreux des thèmes récurrents des histoires de vampires sont bien rendus: le tourment constant, la nécéssité de se nourrir, les complots, les victimes qui hantent leur bourreau...
Non, franchement, c'est beau et bon... En plus, une petite touche d'humour vient agrémenter le tout de temps en temps, ça repose...
Si vous avez voué votre a^me au monde de la nuit comme moi, vous adorerez!!!
Je rejoins un peu l'avis d'EXJulien sur un point : c'est vrai qu'au bout de 3 tomes, on ne sait toujours pas trop où Turf veut en venir, ce qu'il veut faire de ce monde visiblement assez vaste et de ces nombreux personnages qu'il a créés, où tout cela va aller... Mais là ou c'est fort, c'est que ce défaut qui serait complètement rédhibitoire avec d'autres auteurs moins talentueux, donnant envie de tout lâcher au bout d'un tome et demi, voire moins, n'est pas trop gênant ici. L'univers créé est original, plein d'invention, et très réussi visuellement parlant (le dessin a vraiment de la gueule). Les situations et les dialogues sont marrants, les rebondissements assez nombreux et bienvenus... Non, vraiment, pour l'instant, c'est très, très plaisant à lire et j'ai hâte de découvrir la suite.
Dans la même veine que "Voyage au bout de la Lune", cet album parodie brillamment les films de guerre tout en exploitant un ressort comique cher à Goossens : le décalage total, entre le personnage et son environnement (ici, donc, le Père Noël à la guerre), les personnages et leur discours, la loufoquerie des situation et l'extrême sérieux de ceux qui les vivent...
Y a pas à dire, raconter et expliquer l'humour, y a vraiment rien de tel pour être chiant, je le constate à chaque fois que je poste du Goossens, alors j'arrête les frais.
Goossens, donc, c'est drôle. Enfin, moi, ça me fait marrer. Mais il est utile de répéter que c'est vraiment un humour à part ; il y a des gens que ça va faire rire comme des tordus et d'autres que ça laisse complètement froids, qui se demandent "Bon, d'accord, mais il est où, le gag, là ?". Je ne leur jette pas la pierre, même moi j'étais comme ça au début. Goossens, c'est un univers particulier, on rentre pas forcément dedans du premier coup...
"Retour vers l'Enfer" n'est pas son meilleur titre, mais est néanmoins très réussi. Il n'est pas aussi drôle que "Voyage au bout de la Lune", mais c'en est le complément idéal pour les amateurs de films de guerre et de parodies.
Rappelons pour finir un truc qu'on ne dit pas si souvent sur cet auteur : Goossens n'est pas seulement un génie de l'humour absurde, c'est aussi un excellent dessinateur. Visiblement inspirés de ces acteurs sévèrement burnés aux visages sévèrement burinés qu'on trouvait par paquets de douze dans les vieux films de genre, les John Wayne, les David Niven, les Jack Palance et autre Robert Mitchum, les personnages de "Route vers l'Enfer" ont tous des "gueules" sublimes, plus vraies que nature.
TOME 1 :
Sfar m'épate (de chat :))
J'avais découvert sa prose vraiment subtile, pleine d'humour, légère et poétique même dans Pétrus Barbygère. Depuis, le temps a passé et j'ai taillé à coup de serpe dans la vaste production du monsieur pour en lire quelques autres.
C'est donc au tour du "Chat du Rabbin", tome 1, "la Bar-Mitsva", un terme provenant d'un judaïsme pour lequel je nourris autant de connaissances que pour toutes les autres religions, c'est à dire à peu près autant qu'un australopithèque se retrouvant devant le vaisseau spatial de Han Solo...
Attention au premier tour de force de Sfar : pas besoin d'avoir un penchant pour la religion en général, ni pour le judaïsme en particulier, pour s'intéresser à l'histoire qu'il raconte ! Et oui, c'est donc l'histoire d'un chat, et un chat juif ou pas juif reste avant tout un chat, même s'il est doué de parole...
Avec la parole, ce bon petit matou va découvrir le mensonge, mais il va surtout révéler à son rabbin de maître qu'il est au fait du judaïsme.
Mais ce n'est pas tout ! Deuxième effet Kis-Kool ou plutôt deuxième effet Sfar : ce chat ne manque pas d'humour et ses déclarations parfois cocasses cachent toujours un fond de sérieux, une question majeure philosophique, religieuse ou tout simplement humaine, quand ce ne sont pas les trois à la fois!
Et là j'enchaîne sur le troisième effet Sfar : on découvre l'histoire en souriant, et on se cultive en souriant. A tel point que ça m'a rappellait mon enfance, quand ma maman venait me raconter une histoire avant de m'endormir... Sauf que là bien entendu, même si le ton reste léger, cette BD s'adresse sans équivoque à des adultes.
Si on résume, ça nous fait donc pour cette BD : une histoire amusante, intelligente, qui traite d'un sujet sérieux, sans complaisance, en toute simplicité, mais qui nous fait comprendre des concepts auquels on ne s'intéresse pas en général, et qui en plus, parvient à nous captiver... Arrêtez-moi si je me trompe, mais ça ressemble furieusement à de la vulgarisation philosophique ça non?
Arrêtons nous quelques instants sur le dessin, même si tout cela n'est que secondaire tant le fond du scénario est si bien fait...
Sfar ne se contente pas d'être un conteur hors pair, un dialoguiste trucculent, mais il est en plus un dessinateur original, qui produit toujours un style qui lui colle à la peau, et qu'on aime ou qu'on déteste, mais qui ne peut pas laisser indifférent, reconnaissable entre mille.
Le dessin du chat n'est pas figé, et c'est très bien vu car c'est en accord avec le mouvement, à la fois physique et mental, que vit le chat entre le début et la fin du tome. Certaines planches le montrent comme le matou qu'on connait si bien, enroulé en boule sur lui même, endormi ou ronronnant, alors que d'autres planches le montrent décharné, le regard fuyant, presque inquiétant.
Ce dessin est donc une grande réussite, il y a même un plan des toits de la ville sous un ciel très bleu, chose assez rare chez Sfar...
Bref, une BD indispensable à mes yeux, une véritable perle rare que je ne me lasserai pas de relire et de relire!
TOME 2 :
Bien, voilà le Tome 2, "Le malka des lions" lu et digéré.
Cet album m'a légèrement moins plu que le 1er mais bon, ça reste quand même léger et puis le tome 1 m'avait vraiment emballé.
Le dessin est toujours aussi agréable, réussi, et possède cette incroyable faculté d'accentuer l'épaisseur de la trame narrative de l'histoire, ou d'appuyer tel ou tel trait psychologique d'un personnage au moment voulu. C'est vraiment surprenant combien le dessin de Sfar qui peut paraître simpliste au début se révèle fouillé et porteur de quantité de messages au fur et à mesure de la lecture de son œuvre. Plus ça va et plus j'adhère à ce trait, vraiment...
Encore une fois, comme dans le tome 1, le chat est tantôt très semblable à la réalité, comme dessiné d'après modèle, et à d'autres moments il est représenté ombrageux, perplexe, comme si son état d'esprit prenait vraiment le pas sur son aspect (et je ne parle pas simplement de petits détails d'expression corporelle, mais bien d'aspect total).
Le malka des Lions est également saisissant de vie, avec ce teint très mat, ses yeux très bleus et ses cheveux/poils blancs. J'ia beaucoup aimé la scène où le Rabbin le rejoint et demande au lion de sortir du lit. Là, le malka boit un coup et le dessin change complètement de style, les couleurs aussi, simplement sur la planche où le malka boit. Ses yeux sont exorbités, et toute la scène, avec le Rabbin, et même les objets inanimés semblent animés d'un surplus de vie à ce moment. Le dessin est vraiment superbe, c'est un "dessin narratif" et non un "dessin contemplatif", actif et non passif.
Le scénario est très dense. Il se passe plein de choses, entre la dictée du Rabbin et ce qu'il arrive au chat, l'entrée en scène du malka avec fusil et lion, l'intrusion de ce grand père mourrant dans l'histoire et l'arrivée de son petit fils, la rencontre du rabbin avec l'arabe Sfar et son âne, et la fin qui ouvre sur un tome 3 que je me précipiterai de me procurer dès sa sortie...
Du coup, ces personnages qui arrivent tous un peu en même temps, ou du moins, à des moments très rapprochés, m'ont donné une impression de trop. J'ai regretté qu'on n'ait pas le temps de s'intéresser en profondeur au grand-père, et à son entourage, mais bon je suppose que c'était normal au vu du rôle que le petit-fils joue ensuite. Toutefois j'ai regretté par exemple que lorsque le rabbin décide d'aller se recueillir sur la tombe de l'ancêtre Sfar, on ne l'y suive pas jusqu'au bout, alors que pour lui, ce semble être quelque chose d'important : il y va chaque année et là cela tombe juste à un moment difficile pour lui.
Je reprocherai également à ce tome 2 des dialogues parfois moins décalés que dans le tome 1, cela étant du en grande partie à ce qu'il advient du mode communicatif du chat. L'humour reste toutefois au rendez-vous lorsqu'il le faut.
Toutefois, en plus du dessin déjà évoqué plus haut, ce tome 2 comporte des scènes superbement décrites. La religion tient encore une place importante et elle est toujours montrée sans parti pris, sans complaisance, avec des questions de fond importantes (le serveur qui ne sert ni les juifs ni les arabes, ou la rencontre entre le Rabbin et le chanteur Sfar et son âne) traitées avec finesse, humanisme et même un brin d'humour.
Au final, un tome 2 très solide qui continue la série sans faiblir, même si pour moi elle est légèrement inférieure au tome 1, à cause de ces toutes petites choses suggérées ici. Quoi qu'il en soit cette série est sans doute possible l'une des meilleures que j'ai eu à lire, et je la continuerai avec un réel plaisir, pour de nouveaux moments de lecture placide et détendue, zen quoi !
TOME 3 :
Encore un album qui était très attendu… J’ai profité de sa sortie pour relire les deux premiers opus afin de bien me remettre dans l’ambiance.
La première lecture de "L’exode" me laisse quelque peu sur ma faim. Après un excellent "Bar-Mitsva" et un très bon "Malka des lions" j’ai trouvé ce troisième tome manquant singulièrement de souffle et d’originalité. Il faut dire que le rabbin grincheux et le couple de sa fille ne m’a pas vraiment emballé. Hasard des choses, j’ai lu "L’exode" juste après "Là-bas" de Tronchet et Sibran. Rien à voir ? Oui c’est vrai mais pas tant que ça finalement. Même si les destins et les circonstances, le ton aussi, ne sont pas les mêmes, il est question du départ d’Alger et de la traversée de la méditerranée pour se retrouver à Paris. Mince point commun c’est vrai mais qui a suffit à me faire paraître assez fade ce troisième opus du Chat du Rabbin.
Car je n’ai jamais retrouvé ce qui faisait le charme des deux premiers albums (du tout premier surtout), cette habile jonglerie entre rire et sérieux, entre questions philosophiques et découverte de la vie. Il reste tout de même quelques très bonnes scènes où Sfar s’amuse avec la question religieuse et qui donnent lieu à des situations incongrues et vraiment plaisantes. Mais le chat n’est plus aussi en forme que dans les deux premiers tomes, ses interventions ne sont plus aussi drôles, aussi originales.
On sent bien que Sfar veut emmener le personnage du Rabbin vers un état nouveau, qu’il veut le faire progresser mais il le fait avec des longueurs que je n’ai trouvées ni amusantes ni originales. Pour résumer, les idées qui faisaient le charme de cette série me semblent s’essouffler avec ce troisième tome. Heureusement la dernière page de l’album nous offre une porte de sortie optimiste vers une suite que j’espère meilleure…
Le chef d'oeuvre d'Alan Moore selon moi. Dense, intense, sans compromis. Et V est un des personnages les plus fascinants et mysterieux qui soit. C'est vrai que le dessin déroute, voire rebute au debut (on dirait par moment qu'il n'y a pas d'encrage) mais ensuite!
A ranger a coté de 1984.
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V pour Vendetta
Beaucoup de gens considèrent Watchmen comme l’ultime chef d’œuvre de Moore. À mon humble avis, sans vouloir nier la force de son histoire de super-héros vieillissants, je crois qu’il n’a rien fait de mieux à ce jour que V for Vendetta. Ici point de super-héros. Le personnage principal, V, est bel et bien masqué, porte la cape et un costume identifiable, mais c’est dans le cadre du « rôle » qu’il joue, comme les comédiens de la Grèce antique ou du Nô oriental (le théâtre traditionnel japonais). V n’a pas de nom, pas d’identité propre, car V échappe à toute classification, à tout ordre imposé. V n’est plus une personne, mais un concept, une idée. Dans un monde post-apocalyptique (bien que l’histoire se déroule en 1997-98, à l’instar du New-York 97 de John Carpenter), l’Angleterre est aux mains d’une dictature qui s’appuie sur une organisation très rigide. La Voix, outil de propagande du régime en place, le Nez, l’équivalent de la police d’investigation, l’Oreille, qui épie les moindres paroles, faits et gestes des citoyens, et la Main, véritable force de frappe et de maintien de l’ordre, sont les différents « organes » du pouvoir. Le tout sous le commandement de la Tête, autrement dit de l’homme qui en concertation avec son super-ordinateur, prend toutes les décisions. Dans ce contexte, V est comme un chien dans un jeu de quilles. V se rebelle, V se fait le défenseur et le porte-parole de la liberté bafouée. Alan Moore ne fait pas l’apologie de l’anarchie, comme on pourrait le croire au premier abord. Cette notion l’intéresse et il en profite pour nous livrer ses réflexions à ce sujet. Mais le fond du propos de Moore n’est pas là. Ce qu’il défend, ce dont V est l’étendard (et c’est peut-être également la raison pour laquelle il n’a pas de visage humain), c’est avant tout la liberté de penser. Et pourtant V est également un terroriste au sens strict du terme. Il fait exploser des monuments, assassine ceux qui représentent le pouvoir et méritent de mourir selon lui. N’oublions pas le « Vendetta » du titre. Par moment, on se demande si c’est l’esprit de vengeance pure qui guide V, ou l’idéal dont il se fait l’icône … Alan Moore, comme à son habitude, développe un monde complexe et n’a pas peur d’entrer dans les détails. Les personnages sont nombreux, mais tous très justes dans leurs traitements et leurs évolutions. Certains butteront sur un dessin austère, un trait dur. Il est vrai que le style de Lloyd n’est pas des plus engageants. Je soupçonne même Moore de choisir ses dessinateurs selon ce critère. Ça lui permet de s’assurer de faire passer le scénario avant le dessin, de capturer toute l’attention du lecteur et de la diriger sur l’histoire. Le revers de la médaille, c’est que cela décourage nombre de lecteurs potentiels, plus attachés à la qualité graphique d’une BD. Et là encore, j’ai ma petite hypothèse. Moore l’a prouvé maintes fois dans ses travaux, il ne laisse rien au hasard. Et il me paraît évident également qu’il fournit à chaque fois un travail énorme, dense, très complet qui doit lui demander beaucoup d’investissement. Il n’est donc pas impossible qu’il exige en retour de ses lecteurs un effort de lecture et de concentration à la hauteur de ses œuvres … ce qui cadredrait aussi avec le côté mégalo du personnage … Moore est définitivement un phénomène hors-norme.
La Fille aux Ibis
J’ai craqué pour cet album. Giroud et Lax nous refont le coup des « Oubliés d’Annam » : le récit qui mêle un destin individuel à la grande Histoire. Petite histoire et grande Histoire dans un seul récit. C’est un exercice d’équilibriste pas toujours évident à accomplir sans tomber dans les pièges du roman historique lourd et pesant. Et à ce titre « Les Oubliés d’Annam » me laissait un peu sur ma faim. Ici, je trouve qu’ils ont réussis ce qu’ils avaient en partie raté dans « Les Oubliés d’Annam » : articuler les deux histoires de manière marquante et significative, sans que l’une paraisse prétexte de l’autre. Ici l’équilibre est trouvé, tout est imbriqué l’un dans l’autre avec grande habilité. Cette histoire d’amour entre un homme et sa délatrice n’est pas seulement une histoire d’amour romanesque comme on peut en voir des centaines… mais une belle illustration de l’histoire d’un peuple (la Roumanie) qui doit se réconcilier avec lui-même, après la chute d’une dictature. Qu’on le veuille où non, après une dictature, le supplicié retrouve son bourreau et il doit vivre avec lui, impossible de faire autrement… La chose nous est racontée au travers de ce couple avec sensibilité et justesse. Là c’est vraiment la petite histoire qui nous permet de mieux comprendre la grande. Autre idée géniale : celle du timbre et celle de la fausse héroïne de la révolution. Un pays après une dictature doit briser ses statues, casser ses mythes et ses constructions historiques fabriquées par le régime pour retrouver l’individu, dans toute sa singularité. Décidément ce scénario frise le génial. Il permet de saisir tant de choses. « Pourquoi je ne mets pas cinq étoiles ? » me demanderez-vous. Et bien parce que malgré toutes ces qualités de fonds, y’a quand même des dialogues et des explications que j’ai trouvés un peu pesantes… Et puis y’a quelques petits problèmes de rythmes dans le récit et quelques clichés un peu agaçants… Selon moi, on est passé près du chef d’œuvre, mais on a affaire à un très bel album. Le dessin de Lax y est d’ailleurs très beau, exit les sales couleurs du premier tome des Oubliées d’Annam.
Monster
Ben pour moi c'est comme Obelix je ne connais pas grand chose aux mangas et en lisant les avis sur Bdtheque j'ai décidé d'acheter le volume 1 de Monster pour découvrir. Mon seul regret est de n'avoir acheté que ce volume 1. L'histoire qui peut paraître "simplette" au départ devient de plus en plus intrigante, le rythme s'accélère le découpage des cases et les dessins sont vraiment excellents et tout ça au final devient bien passionnant. Il va falloir que je coure dès demain chez mon libraire préféré pour me procurer les tomes suivants. Il m'a fallu un petit laps de temps pour m'habituer aux conventions de lecture (le manga est publié dans le sens de lecture original soit de droite à gauche) mais une fois assimilé quel régal ! Si les autres volumes sont aussi bons mon avis pourra évoluer vers les 5 étoiles.
Phenomenum
J'ai longuement hésité entre le culte et le franchement bien mais le dessin a trancher... En effet, le dessin est tres agréable mais il n'est pas assez détailler selon moi(on dirait meme du manga parfois). Cependant il donne assez bien avec l'histoire qui, elle, est exceptionnel. Tout est si bien ordonné ! Je trouve ca meme dommage que Phenomenum devienne une série : on pouvait tres bien s'arreter a l'opus 0 ! Enfin bon, il méritait vraiment d'etre dans les séléctions a Angouleme dommage qu'il n'ait eu aucun prix... Pour finir, je le répète encore : NE VOUS FIEZ PAS A LA COUVERTURE ! PS : Vous ne trouvez pas que le papier des BD de chez Glénat est un peu léger ?
Yuko (Nouvelles de littérature japonaise)
Un manga très émouvant, bien raconté, dessin superbe. Pour une fois pas d'histoire de yakusa (rare venant d'ikegami). J'ai beaucoup aimé, ca s'inscrit dans les mangas qui sortent de l'ordinaire comme le cheminot ou quartier lointain.
Requiem - Chevalier Vampire
Je dois l'avouer, la première fois que j'ai ouvert le premier tome de cette BD (il y maintenant un petit moment...), je l'ai lâché direct avec une moue de dégoût... Aujourd'hui, je m'en repens !!! (que je sois maudit comme ça j'irai aussi sur resurrection... :-) ) Bref, comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, j'ai lu le premier tome de la BD et j'ai A-DO-RE!!! Résultat j'ai acheté le coffret des trois premiers albums le lendemain!!!! Requiem est une merveille, ce genre d'oeuvre un peu extra-terrestre, qui en rebute beaucoup, mais qui fait parler d'elle (en bien comme en mal). Les dessins sont magnifiques, sombres et dérangeants, en particulier ce contraste si fort entre l'univers (en rouge et noir) et les vampires dont la peau est d'un blanc immaculé (si ce n'est par la noirceur de leur âme et les magnifiques signes cabalistiques tatoués sur leur peau...). Même si le découpage est pparfois un peu dificile à suivre, il sert beaucoup l'impression générale de chaos qui entoure la BD... Le scénario est hallucinant!!! Même si les ppéripéties s'enchaînent dans une logique ma foi assez conventionnelle, le mondes crée par Pat Mills est mortel (je ne suis pas le premier à le faire celui-là mais faut avouer qu'il est assez facile...). Je ne voudrais pas me retrouver dans les méandres de son cerveau quand on voit ce qui peut en sortir... Maintenant, c'est vrai que tout le monde n'aime pas les mondes parallèles chaotiques et sanglants, les vampires, zombies et goules, le rouge et le noir mais bon, on est pas chez les teletubbies ici... En plus de tout ça, il faut avouer que nombreux des thèmes récurrents des histoires de vampires sont bien rendus: le tourment constant, la nécéssité de se nourrir, les complots, les victimes qui hantent leur bourreau... Non, franchement, c'est beau et bon... En plus, une petite touche d'humour vient agrémenter le tout de temps en temps, ça repose... Si vous avez voué votre a^me au monde de la nuit comme moi, vous adorerez!!!
La Nef des fous
Je rejoins un peu l'avis d'EXJulien sur un point : c'est vrai qu'au bout de 3 tomes, on ne sait toujours pas trop où Turf veut en venir, ce qu'il veut faire de ce monde visiblement assez vaste et de ces nombreux personnages qu'il a créés, où tout cela va aller... Mais là ou c'est fort, c'est que ce défaut qui serait complètement rédhibitoire avec d'autres auteurs moins talentueux, donnant envie de tout lâcher au bout d'un tome et demi, voire moins, n'est pas trop gênant ici. L'univers créé est original, plein d'invention, et très réussi visuellement parlant (le dessin a vraiment de la gueule). Les situations et les dialogues sont marrants, les rebondissements assez nombreux et bienvenus... Non, vraiment, pour l'instant, c'est très, très plaisant à lire et j'ai hâte de découvrir la suite.
Route vers l'Enfer
Dans la même veine que "Voyage au bout de la Lune", cet album parodie brillamment les films de guerre tout en exploitant un ressort comique cher à Goossens : le décalage total, entre le personnage et son environnement (ici, donc, le Père Noël à la guerre), les personnages et leur discours, la loufoquerie des situation et l'extrême sérieux de ceux qui les vivent... Y a pas à dire, raconter et expliquer l'humour, y a vraiment rien de tel pour être chiant, je le constate à chaque fois que je poste du Goossens, alors j'arrête les frais. Goossens, donc, c'est drôle. Enfin, moi, ça me fait marrer. Mais il est utile de répéter que c'est vraiment un humour à part ; il y a des gens que ça va faire rire comme des tordus et d'autres que ça laisse complètement froids, qui se demandent "Bon, d'accord, mais il est où, le gag, là ?". Je ne leur jette pas la pierre, même moi j'étais comme ça au début. Goossens, c'est un univers particulier, on rentre pas forcément dedans du premier coup... "Retour vers l'Enfer" n'est pas son meilleur titre, mais est néanmoins très réussi. Il n'est pas aussi drôle que "Voyage au bout de la Lune", mais c'en est le complément idéal pour les amateurs de films de guerre et de parodies. Rappelons pour finir un truc qu'on ne dit pas si souvent sur cet auteur : Goossens n'est pas seulement un génie de l'humour absurde, c'est aussi un excellent dessinateur. Visiblement inspirés de ces acteurs sévèrement burnés aux visages sévèrement burinés qu'on trouvait par paquets de douze dans les vieux films de genre, les John Wayne, les David Niven, les Jack Palance et autre Robert Mitchum, les personnages de "Route vers l'Enfer" ont tous des "gueules" sublimes, plus vraies que nature.
Le Chat du Rabbin
TOME 1 :
Sfar m'épate (de chat :))
J'avais découvert sa prose vraiment subtile, pleine d'humour, légère et poétique même dans Pétrus Barbygère. Depuis, le temps a passé et j'ai taillé à coup de serpe dans la vaste production du monsieur pour en lire quelques autres.
C'est donc au tour du "Chat du Rabbin", tome 1, "la Bar-Mitsva", un terme provenant d'un judaïsme pour lequel je nourris autant de connaissances que pour toutes les autres religions, c'est à dire à peu près autant qu'un australopithèque se retrouvant devant le vaisseau spatial de Han Solo...
Attention au premier tour de force de Sfar : pas besoin d'avoir un penchant pour la religion en général, ni pour le judaïsme en particulier, pour s'intéresser à l'histoire qu'il raconte ! Et oui, c'est donc l'histoire d'un chat, et un chat juif ou pas juif reste avant tout un chat, même s'il est doué de parole...
Avec la parole, ce bon petit matou va découvrir le mensonge, mais il va surtout révéler à son rabbin de maître qu'il est au fait du judaïsme.
Mais ce n'est pas tout ! Deuxième effet Kis-Kool ou plutôt deuxième effet Sfar : ce chat ne manque pas d'humour et ses déclarations parfois cocasses cachent toujours un fond de sérieux, une question majeure philosophique, religieuse ou tout simplement humaine, quand ce ne sont pas les trois à la fois!
Et là j'enchaîne sur le troisième effet Sfar : on découvre l'histoire en souriant, et on se cultive en souriant. A tel point que ça m'a rappellait mon enfance, quand ma maman venait me raconter une histoire avant de m'endormir... Sauf que là bien entendu, même si le ton reste léger, cette BD s'adresse sans équivoque à des adultes.
Si on résume, ça nous fait donc pour cette BD : une histoire amusante, intelligente, qui traite d'un sujet sérieux, sans complaisance, en toute simplicité, mais qui nous fait comprendre des concepts auquels on ne s'intéresse pas en général, et qui en plus, parvient à nous captiver... Arrêtez-moi si je me trompe, mais ça ressemble furieusement à de la vulgarisation philosophique ça non?
Arrêtons nous quelques instants sur le dessin, même si tout cela n'est que secondaire tant le fond du scénario est si bien fait...
Sfar ne se contente pas d'être un conteur hors pair, un dialoguiste trucculent, mais il est en plus un dessinateur original, qui produit toujours un style qui lui colle à la peau, et qu'on aime ou qu'on déteste, mais qui ne peut pas laisser indifférent, reconnaissable entre mille.
Le dessin du chat n'est pas figé, et c'est très bien vu car c'est en accord avec le mouvement, à la fois physique et mental, que vit le chat entre le début et la fin du tome. Certaines planches le montrent comme le matou qu'on connait si bien, enroulé en boule sur lui même, endormi ou ronronnant, alors que d'autres planches le montrent décharné, le regard fuyant, presque inquiétant.
Ce dessin est donc une grande réussite, il y a même un plan des toits de la ville sous un ciel très bleu, chose assez rare chez Sfar...
Bref, une BD indispensable à mes yeux, une véritable perle rare que je ne me lasserai pas de relire et de relire!
TOME 2 :
Bien, voilà le Tome 2, "Le malka des lions" lu et digéré.
Cet album m'a légèrement moins plu que le 1er mais bon, ça reste quand même léger et puis le tome 1 m'avait vraiment emballé.
Le dessin est toujours aussi agréable, réussi, et possède cette incroyable faculté d'accentuer l'épaisseur de la trame narrative de l'histoire, ou d'appuyer tel ou tel trait psychologique d'un personnage au moment voulu. C'est vraiment surprenant combien le dessin de Sfar qui peut paraître simpliste au début se révèle fouillé et porteur de quantité de messages au fur et à mesure de la lecture de son œuvre. Plus ça va et plus j'adhère à ce trait, vraiment...
Encore une fois, comme dans le tome 1, le chat est tantôt très semblable à la réalité, comme dessiné d'après modèle, et à d'autres moments il est représenté ombrageux, perplexe, comme si son état d'esprit prenait vraiment le pas sur son aspect (et je ne parle pas simplement de petits détails d'expression corporelle, mais bien d'aspect total).
Le malka des Lions est également saisissant de vie, avec ce teint très mat, ses yeux très bleus et ses cheveux/poils blancs. J'ia beaucoup aimé la scène où le Rabbin le rejoint et demande au lion de sortir du lit. Là, le malka boit un coup et le dessin change complètement de style, les couleurs aussi, simplement sur la planche où le malka boit. Ses yeux sont exorbités, et toute la scène, avec le Rabbin, et même les objets inanimés semblent animés d'un surplus de vie à ce moment. Le dessin est vraiment superbe, c'est un "dessin narratif" et non un "dessin contemplatif", actif et non passif.
Le scénario est très dense. Il se passe plein de choses, entre la dictée du Rabbin et ce qu'il arrive au chat, l'entrée en scène du malka avec fusil et lion, l'intrusion de ce grand père mourrant dans l'histoire et l'arrivée de son petit fils, la rencontre du rabbin avec l'arabe Sfar et son âne, et la fin qui ouvre sur un tome 3 que je me précipiterai de me procurer dès sa sortie...
Du coup, ces personnages qui arrivent tous un peu en même temps, ou du moins, à des moments très rapprochés, m'ont donné une impression de trop. J'ai regretté qu'on n'ait pas le temps de s'intéresser en profondeur au grand-père, et à son entourage, mais bon je suppose que c'était normal au vu du rôle que le petit-fils joue ensuite. Toutefois j'ai regretté par exemple que lorsque le rabbin décide d'aller se recueillir sur la tombe de l'ancêtre Sfar, on ne l'y suive pas jusqu'au bout, alors que pour lui, ce semble être quelque chose d'important : il y va chaque année et là cela tombe juste à un moment difficile pour lui.
Je reprocherai également à ce tome 2 des dialogues parfois moins décalés que dans le tome 1, cela étant du en grande partie à ce qu'il advient du mode communicatif du chat. L'humour reste toutefois au rendez-vous lorsqu'il le faut.
Toutefois, en plus du dessin déjà évoqué plus haut, ce tome 2 comporte des scènes superbement décrites. La religion tient encore une place importante et elle est toujours montrée sans parti pris, sans complaisance, avec des questions de fond importantes (le serveur qui ne sert ni les juifs ni les arabes, ou la rencontre entre le Rabbin et le chanteur Sfar et son âne) traitées avec finesse, humanisme et même un brin d'humour.
Au final, un tome 2 très solide qui continue la série sans faiblir, même si pour moi elle est légèrement inférieure au tome 1, à cause de ces toutes petites choses suggérées ici. Quoi qu'il en soit cette série est sans doute possible l'une des meilleures que j'ai eu à lire, et je la continuerai avec un réel plaisir, pour de nouveaux moments de lecture placide et détendue, zen quoi !
TOME 3 :
Encore un album qui était très attendu… J’ai profité de sa sortie pour relire les deux premiers opus afin de bien me remettre dans l’ambiance.
La première lecture de "L’exode" me laisse quelque peu sur ma faim. Après un excellent "Bar-Mitsva" et un très bon "Malka des lions" j’ai trouvé ce troisième tome manquant singulièrement de souffle et d’originalité. Il faut dire que le rabbin grincheux et le couple de sa fille ne m’a pas vraiment emballé. Hasard des choses, j’ai lu "L’exode" juste après "Là-bas" de Tronchet et Sibran. Rien à voir ? Oui c’est vrai mais pas tant que ça finalement. Même si les destins et les circonstances, le ton aussi, ne sont pas les mêmes, il est question du départ d’Alger et de la traversée de la méditerranée pour se retrouver à Paris. Mince point commun c’est vrai mais qui a suffit à me faire paraître assez fade ce troisième opus du Chat du Rabbin.
Car je n’ai jamais retrouvé ce qui faisait le charme des deux premiers albums (du tout premier surtout), cette habile jonglerie entre rire et sérieux, entre questions philosophiques et découverte de la vie. Il reste tout de même quelques très bonnes scènes où Sfar s’amuse avec la question religieuse et qui donnent lieu à des situations incongrues et vraiment plaisantes. Mais le chat n’est plus aussi en forme que dans les deux premiers tomes, ses interventions ne sont plus aussi drôles, aussi originales.
On sent bien que Sfar veut emmener le personnage du Rabbin vers un état nouveau, qu’il veut le faire progresser mais il le fait avec des longueurs que je n’ai trouvées ni amusantes ni originales. Pour résumer, les idées qui faisaient le charme de cette série me semblent s’essouffler avec ce troisième tome. Heureusement la dernière page de l’album nous offre une porte de sortie optimiste vers une suite que j’espère meilleure…
V pour Vendetta
Le chef d'oeuvre d'Alan Moore selon moi. Dense, intense, sans compromis. Et V est un des personnages les plus fascinants et mysterieux qui soit. C'est vrai que le dessin déroute, voire rebute au debut (on dirait par moment qu'il n'y a pas d'encrage) mais ensuite! A ranger a coté de 1984.