Quel talent !
Voilà ce qui ressort de la lecture de la BD d'Eric Shanower, L'Age de bronze : un millier de navires.
Voilà enfin toute l'histoire (7 volumes sont prévus) de la Guerre de Troie, l'autre Atlantide, enfin replacée dans sa vérité historique. Pas simplement une adaptation bédéphile de l'Illiade, mais une compilation documentaire fabuleusement riche de mythes antiques, de récits médiévaux et même d'une pièce de Shakespeare pour donner la lecture la plus réaliste de cette épopée.
Grâce à un dessin d'une incroyable précision et une narration d'une redoutable efficacité, on est littéralement happé par cette histoire glorieuse.
Sans concession à la "facilité mythologique" et à ses délires possibles, mais respectant les codes et les anecdotes (la folie feinte d'Ulysse, le talon d'Achille,...), Shanower nous livre là un travail de toute beauté dont la puissance et la portée subjuguent (appuyé par l'excellente postface, à ne manquer sous aucun prétexte).
Après des années d'overdose héroïco-fantaisiste, les auteurs de BD redécouvrent enfin les grands mythes antiques, berceau de la culture et de la civilisation occidentales, que ça soit par du relativement médiocre (Atalante), du très bon (La Gloire d'Héra, Tirésias), ou de l'excellentissime avec L'Age de Bronze.
Plus qu'une bd, c'est un morceau d'histoire que cet ouvrage. Un peu plus de deux cent pages pour une période allant de septembre 1928 à mai 1929. Vous l'aurez compris, rien ne manque: les faits, l'ambiance et une pointe de fiction. Cette oeuvre nous permet de comprendre. Comprendre comment un grand pays européen a pu basculer dans l'horreur du nazisme, comprendre les tenants et les aboutissants, comprendre la frustration d'un peuple qui a enduré la guerre totale et l'a perdue. Incontournable sur le sujet.
J'ai quand même trouvé que l'ensemble était un peu long à se mettre en route. Les cent premières pages manquent un peu de dynamisme, d'autant plus que le dessin en général est un peu statique. Mais une fois le décor posé, on ressent vraiment quelque chose de lourd, d'oppressant et alors, les pages défilent à grande vitesse.
Je pense aussi qu'on se dirige vers quelque chose de colossal.
J'ai eu un peu de mal sur le début avec les dessins presque crayonnés. Au gré de la lecture, à mesure que je commençais à être gagné par les aventures de ce petit canard jazzman, ce pseudo-défaut s'est effacé. Le dessin participe pleinement à cette ambiance jazzy des années 30 et fait parfois floter l'histoire en apesanteur, hors du temps, comme touché par un moment de grâce quand raisonnent les notes de la trompette de Rice : on a presque la sensation que l'on pourrait entendre la mélodie. Une superbe histoire d'amour, désespérée et noire, que vient enfoncer une des plus belles fins que j'ai pu lire. Un très beau premier album.
La BD qui me réconcilie avec Davodeau. Récit intimiste d'une famille qui porte plusieurs fractures ou lourds secrets, "Chute de vélo", titre allégorique parfaitement adapté à cette oeuvre, est une merveille de finesse. Davodeau arrive à parler avec presque de la grâce de thèmes parfois tragiques : la page où le père de famille raconte l'angoisse d'avoir cru à la mort, pendant une heure, de la femme qu'il aime dans un accident, et le plaisir qu'il a maintenant à entendre les pneus de sa voiture sur le gravier quand elle rentre, est absolument magnifique et à l'image de ce bouquin. Davodeau sait faire ressortir ces sentiments enfouis en chacun de nous au gré d'une histoire mi-drôle mi-tragique, souvent savoureuse et parfaitement menée le long de 80 pages inoubliables. Une des plus belles BD de la pourtant déjà très belle collection Aire Libre.
J'ai adoré "Zorn et Dirna", je pense que c'est un des tous meilleurs scénarii de Morvan, chapeau bas. Je sais pas pourquoi j'étais au départ pas vraiment attiré par cette série alors que c'est du Morvan très réussi et original, au top de sa forme. Le dessin de Bessadi est rond et agréable, alors que le scénar est franchement noir; le découpage est lui super dynamique. Ca permet d'avoir un tout pas trop dur (vu la noirceur de l'univers, c'était pas gagné) et très lisible. Une oeuvre vraiment à part dans l'Héroic Fantasy (mais est-ce vraiment de la HF?) qui détonne dans le catalogue Soleil.
Est-ce parce que je ne suis ni fan de Sfar ni de Blain que j'ai aimé ces deux albums? En tout cas, j'ai été beaucoup plus séduit que par "Le chat du rabbin". Humoristique et philosophique, construit, comme souvent avec Sfar, autour d'une voix off envahissante (celle de Socrate), procédé qui, pour une fois, ne m'a pas horripilé, également servi par un dessin élégant et original (même si Blain n'est toujours pas ma tasse de thé, je le reconnais), "Héraklès" est un premier tome tout à fait recommendable. "Ulysse" continue sur la même lancée en revisitant, non sans humour (noir souvent) la mythologie (on vous avait dit qu'après son retour à Ithaque, Ulysse finissait par quitter Pénélope pour Hérakles?). Une série extrêmement originale pour une collection qui ne l'est pas moins.
Le meilleur album de la collection à mon avis (de ce que j'ai lu pour l'instant). David B. réussit ici une nouvelle jouissive au canevas totalement absurde, qui ne prend tout son sens que lors de la dernière page. L'auteur maîtrise parfaitement le format et l'espace alloué et fait montre d'une vraie originalité. Très pessimiste cependant, sous une apparence plutôt marrante. Très réussi.
Desberg vient de signer un très bon dyptique (tomes 5 et 6). La complexité et la richesse du scénario auraient justifié une histoire en 3 tomes. Desberg sait de plus s'entourer de dessinateurs talentueux. On en apprend un peu plus sur le personnage principal.
Certes, l'on reproche beaucoup à cette série commerciale d'être du "sous-Largo winch", ce que je conteste. J'ai lu avec plaisir tout ce thriller financier.
Je l'ai acheté sans trop savoir pourquoi, et finalement, il est resté sur l'étagère quelques semaines avant que je ne le lise. Il faut dire qu'au 1er abord, ça ne donne pas vraiment envie... on feuillette et on ne voit que des petites photos en noir et blanc, et des dessins très simples moyennement travaillés.
Eh bien oui, c'est exactement ça, sauf que c'est bien. :)
J'ai très rapidement été happé par cette aventure moderne que les auteurs se dispensent bien de traiter avec une faiblesse manichéenne. Le ton est juste, sans larmes et sans héroïsme bidon, et la caravane MSF prend un côté humainement fragile dès son départ.
On est bien loin des images qu'ont retransmises les journaux de l'époque (déjà 20 ans !).
Une belle réussite, une belle surprise.
Note approximative : 3.5/5
Je ne l'aurais pas lu ici, je n'aurais pas vu la spécificité de cette BD. Et maintenant que je la connais, maintenant que je l'ai vérifiée case par case, image par image et même dialogue par dialogue, je réalise à quel point c'est bien foutu et impressionnant sur un album de cette qualité.
Car oui, le dessin, fidèle au talent de François Schuiten, est très beau dans son style spécifique. J'ai une préférence pour le dessin des Cités Obscures car les décors sont ici un peu simples et dépouillés, mais Nogegon est tout de même un très bel album.
Quant au scénario, eh bien, par rapport à cette symétrie de la BD, il est vraiment bon, c'est certain. Enfin sur le plan de la prouesse technique...
Car sur le plan de l'histoire elle-même, je dois avouer avoir été largement moins captivé. Je trouve le récit plutôt ennuyeux, les personnages peu attachants, le tout assez insipide.
Sans l'exploit technique, j'aurais considéré cette BD comme tout juste pas mal, et encore... Mais là, je dois m'incliner et considérer le tout comme franchement pas mal.
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L'Âge de Bronze
Quel talent ! Voilà ce qui ressort de la lecture de la BD d'Eric Shanower, L'Age de bronze : un millier de navires. Voilà enfin toute l'histoire (7 volumes sont prévus) de la Guerre de Troie, l'autre Atlantide, enfin replacée dans sa vérité historique. Pas simplement une adaptation bédéphile de l'Illiade, mais une compilation documentaire fabuleusement riche de mythes antiques, de récits médiévaux et même d'une pièce de Shakespeare pour donner la lecture la plus réaliste de cette épopée. Grâce à un dessin d'une incroyable précision et une narration d'une redoutable efficacité, on est littéralement happé par cette histoire glorieuse. Sans concession à la "facilité mythologique" et à ses délires possibles, mais respectant les codes et les anecdotes (la folie feinte d'Ulysse, le talon d'Achille,...), Shanower nous livre là un travail de toute beauté dont la puissance et la portée subjuguent (appuyé par l'excellente postface, à ne manquer sous aucun prétexte). Après des années d'overdose héroïco-fantaisiste, les auteurs de BD redécouvrent enfin les grands mythes antiques, berceau de la culture et de la civilisation occidentales, que ça soit par du relativement médiocre (Atalante), du très bon (La Gloire d'Héra, Tirésias), ou de l'excellentissime avec L'Age de Bronze.
Berlin (Lutes)
Plus qu'une bd, c'est un morceau d'histoire que cet ouvrage. Un peu plus de deux cent pages pour une période allant de septembre 1928 à mai 1929. Vous l'aurez compris, rien ne manque: les faits, l'ambiance et une pointe de fiction. Cette oeuvre nous permet de comprendre. Comprendre comment un grand pays européen a pu basculer dans l'horreur du nazisme, comprendre les tenants et les aboutissants, comprendre la frustration d'un peuple qui a enduré la guerre totale et l'a perdue. Incontournable sur le sujet. J'ai quand même trouvé que l'ensemble était un peu long à se mettre en route. Les cent premières pages manquent un peu de dynamisme, d'autant plus que le dessin en général est un peu statique. Mais une fois le décor posé, on ressent vraiment quelque chose de lourd, d'oppressant et alors, les pages défilent à grande vitesse. Je pense aussi qu'on se dirige vers quelque chose de colossal.
Betty Blues
J'ai eu un peu de mal sur le début avec les dessins presque crayonnés. Au gré de la lecture, à mesure que je commençais à être gagné par les aventures de ce petit canard jazzman, ce pseudo-défaut s'est effacé. Le dessin participe pleinement à cette ambiance jazzy des années 30 et fait parfois floter l'histoire en apesanteur, hors du temps, comme touché par un moment de grâce quand raisonnent les notes de la trompette de Rice : on a presque la sensation que l'on pourrait entendre la mélodie. Une superbe histoire d'amour, désespérée et noire, que vient enfoncer une des plus belles fins que j'ai pu lire. Un très beau premier album.
Chute de Vélo
La BD qui me réconcilie avec Davodeau. Récit intimiste d'une famille qui porte plusieurs fractures ou lourds secrets, "Chute de vélo", titre allégorique parfaitement adapté à cette oeuvre, est une merveille de finesse. Davodeau arrive à parler avec presque de la grâce de thèmes parfois tragiques : la page où le père de famille raconte l'angoisse d'avoir cru à la mort, pendant une heure, de la femme qu'il aime dans un accident, et le plaisir qu'il a maintenant à entendre les pneus de sa voiture sur le gravier quand elle rentre, est absolument magnifique et à l'image de ce bouquin. Davodeau sait faire ressortir ces sentiments enfouis en chacun de nous au gré d'une histoire mi-drôle mi-tragique, souvent savoureuse et parfaitement menée le long de 80 pages inoubliables. Une des plus belles BD de la pourtant déjà très belle collection Aire Libre.
Zorn & Dirna
J'ai adoré "Zorn et Dirna", je pense que c'est un des tous meilleurs scénarii de Morvan, chapeau bas. Je sais pas pourquoi j'étais au départ pas vraiment attiré par cette série alors que c'est du Morvan très réussi et original, au top de sa forme. Le dessin de Bessadi est rond et agréable, alors que le scénar est franchement noir; le découpage est lui super dynamique. Ca permet d'avoir un tout pas trop dur (vu la noirceur de l'univers, c'était pas gagné) et très lisible. Une oeuvre vraiment à part dans l'Héroic Fantasy (mais est-ce vraiment de la HF?) qui détonne dans le catalogue Soleil.
Socrate le demi-chien
Est-ce parce que je ne suis ni fan de Sfar ni de Blain que j'ai aimé ces deux albums? En tout cas, j'ai été beaucoup plus séduit que par "Le chat du rabbin". Humoristique et philosophique, construit, comme souvent avec Sfar, autour d'une voix off envahissante (celle de Socrate), procédé qui, pour une fois, ne m'a pas horripilé, également servi par un dessin élégant et original (même si Blain n'est toujours pas ma tasse de thé, je le reconnais), "Héraklès" est un premier tome tout à fait recommendable. "Ulysse" continue sur la même lancée en revisitant, non sans humour (noir souvent) la mythologie (on vous avait dit qu'après son retour à Ithaque, Ulysse finissait par quitter Pénélope pour Hérakles?). Une série extrêmement originale pour une collection qui ne l'est pas moins.
La bombe familiale
Le meilleur album de la collection à mon avis (de ce que j'ai lu pour l'instant). David B. réussit ici une nouvelle jouissive au canevas totalement absurde, qui ne prend tout son sens que lors de la dernière page. L'auteur maîtrise parfaitement le format et l'espace alloué et fait montre d'une vraie originalité. Très pessimiste cependant, sous une apparence plutôt marrante. Très réussi.
I.R.$.
Desberg vient de signer un très bon dyptique (tomes 5 et 6). La complexité et la richesse du scénario auraient justifié une histoire en 3 tomes. Desberg sait de plus s'entourer de dessinateurs talentueux. On en apprend un peu plus sur le personnage principal. Certes, l'on reproche beaucoup à cette série commerciale d'être du "sous-Largo winch", ce que je conteste. J'ai lu avec plaisir tout ce thriller financier.
Le Photographe
Je l'ai acheté sans trop savoir pourquoi, et finalement, il est resté sur l'étagère quelques semaines avant que je ne le lise. Il faut dire qu'au 1er abord, ça ne donne pas vraiment envie... on feuillette et on ne voit que des petites photos en noir et blanc, et des dessins très simples moyennement travaillés. Eh bien oui, c'est exactement ça, sauf que c'est bien. :) J'ai très rapidement été happé par cette aventure moderne que les auteurs se dispensent bien de traiter avec une faiblesse manichéenne. Le ton est juste, sans larmes et sans héroïsme bidon, et la caravane MSF prend un côté humainement fragile dès son départ. On est bien loin des images qu'ont retransmises les journaux de l'époque (déjà 20 ans !). Une belle réussite, une belle surprise.
Les Terres creuses - Nogegon
Note approximative : 3.5/5 Je ne l'aurais pas lu ici, je n'aurais pas vu la spécificité de cette BD. Et maintenant que je la connais, maintenant que je l'ai vérifiée case par case, image par image et même dialogue par dialogue, je réalise à quel point c'est bien foutu et impressionnant sur un album de cette qualité. Car oui, le dessin, fidèle au talent de François Schuiten, est très beau dans son style spécifique. J'ai une préférence pour le dessin des Cités Obscures car les décors sont ici un peu simples et dépouillés, mais Nogegon est tout de même un très bel album. Quant au scénario, eh bien, par rapport à cette symétrie de la BD, il est vraiment bon, c'est certain. Enfin sur le plan de la prouesse technique... Car sur le plan de l'histoire elle-même, je dois avouer avoir été largement moins captivé. Je trouve le récit plutôt ennuyeux, les personnages peu attachants, le tout assez insipide. Sans l'exploit technique, j'aurais considéré cette BD comme tout juste pas mal, et encore... Mais là, je dois m'incliner et considérer le tout comme franchement pas mal.