Les albums de Manu Larcenet qui sont édités par Les Rêveurs n'ont à priori pas grand chose à voir avec ceux parus chez Dargaud par exemple. Et pourtant… On sait bien que même chez les plus grands humoristes, il y a bien souvent de véritables talents de critique social, de satiriste. Larcenet n'est certes pas l'auteur humoriste du siècle (ce serait le cantonner à un seul talent) mais avec les planches de son "Robin des bois" récemment rassemblées en album chez Dargaud ou avec la série des "Bill Baroud" chez Fluide, il y a quand même de bons morceaux de rire en perspective. Pour "Presque", on n'est pas vraiment dans le même registre…
Ici on a affaire à un Larcenet cynique et sombre, un Larcenet qui s'interroge tout le long, qui s'exaspère, qui s'impatiente, qui critique mais ce dernier point est un aspect finalement moins important, peut-être… En préambule à l'album, il le dit lui même : il n'a plus autant de haine, il n'en veut plus aux soldats qui lui ont fait tant baver durant son service. Reste la vie… Peut-il, faut-il en vouloir à la vie ? Il s'agit là du dénominateur commun des albums de Manu Larcenet parus chez "Les Rêveurs". A la différence d'un "On fera avec" plus facile (parfois proche de ce qu'on pourrait qualifier de "cynisme de gare") et moins personnel, "Presque" résonne avec fracas : l'autobiographie y côtoie une réflexion troublante sur le pouvoir, l'autorité et les strates qui régissent les comportements humains. Oh oui, pas de quoi révolutionner les traités de philosophie du siècle mais on s'en fout, la question n'est pas là. Non, dans le noir comme dans le burlesque, dans le sérieux comme dans le blanc, Larcenet reste avant tout un auteur plein de poésie et de tendresse. Le ton adopté est mesuré, juste, l'auteur ne cherche pas à faire des effets de manche, il se contente de s'ouvrir à son passé, d'y puiser la matière première d'un album sincère et direct. Et évidemment ça fonctionne. Lorsque l'auteur évoque ses tentatives de communication avec sa mère, on retrouve toute la violence d'un monde extérieur qui nous apparaît dangereux, éreintant. Sentiment universel que nous avons souvent connu lors de notre adolescence (celle de l'âme et du cœur qui n'a rien à voir avec celle de l'état civil). "Presque" évoque un passage entre son ancienne vie et une nouvelle façon de la voir, de l'appréhender, c'est un rite de passage qui a forgé un point de vue marqué au fer rouge dans l'inconscient comme dans le quotidien des 2 Larcenet : l'homme et l'artiste.
"Presque" est un album important, il complète superbement la vision que le lecteur peut se faire de l'œuvre de Larcenet. Il donne quelques clés pour embrasser l'ensemble de sa production mais aussi pour essayer de se faire une idée (forcément incomplète) de l'homme. Et surtout il porte de façon superbe toutes les directions et les aspirations que Larcenet a bien voulu nous montrer avec plus de réserve, moins de brutalité mais avec un regard toujours aiguisé dans des œuvres plus récentes.
"Presque" est un album précieux, avec un dessin à l'image du propos et de l'artiste qui l'a signé : touchant, paradoxal et poétique. Et donc rare, forcément.
Je viens enfin de lire cette BD dont j'avais entendu parler en bien depuis si longtemps et j'avoue ne pas avoir été déçu. Effectivement, elle est très bien, notamment la fin.
Les 2 premiers tomes comportent 6 histoires courtes qui ne sont pas particulièrement originales. Pour peu que vous ayiez un peu lu de la SF classique, vous y retrouvez la plupart des idées déjà écrites dans des romans ayant pour thèmes des dystopies (systèmes d'oppression parfaitement maîtrisés) : Fahrenheit 451, 1984, Les Monades Urbaines, Brazil... Néanmoins, les histoires sont bien menées et on les lit avec plaisir (sauf peut-être la toute première que j'ai trouvé un peu laborieuse).
Puis vient le 3e tome, qui utilise le décor créé par les 6 premières histoires, et les fusionne en un tout cohérent et intéressant. Et là, on rentre encore plus dans la BD, surtout quand arrive la fin, le dénouement final qui vient bouleverser la donne et rajouter une couche à la reflexion sur la révolution, la liberté et la nature humaine. J'adore quand la fin d'une BD transforme l'oeuvre en un tout cohérent, intelligent et marquant et c'est le cas de celle-ci.
Bref, une bonne, voire très bonne BD.
Je vois que les avis sont partagés...
J'aurais bien mis 5/5 en note, car pour moi cette bd est la meilleur de Clowes, lui-même un des meilleurs auteurs actuels. Mais en même temps, je comprends qu'on ne puisse pas l'apprécier, à vrai dire, j'aurais été plus attristé si certains étaient resté indifférents devant elle. Il n'y a pas d'humour, pas de logique, je l'ai lue avec sans cesse une impression de malaise, voire de désespoir... Et c'est ça que j'ai adoré. Peut-être suis-je masochiste?
Alors, oui, une bd à acheter, mais pas les yeux fermés: prenez le temps de la regarder un bon moment avant, pour éviter les mauvaises surprises...
J’ai vraiment passé un très bon moment en lisant les 3 tomes de cette série. L’histoire est intéressante, et le monde décrit d’une richesse incroyable. Richesse au niveau de la situation politique et sociale, mais aussi au niveau du dessin qui le représente!
Certes ce dessin peut surprendre au premier abord (« C’est du Bilal » comme vous dites). Mais en y réfléchissant bien, il est parfait pour cette œuvre. On a ici une histoire SF plus adulte, à des kilomètres des block-busters que sont Sillage, Travis et compagnie. Vous imaginez cette même histoire avec Buchet au dessin ? Non, moi non plus…
Reste que ce dessin est incroyablement détaillé ! C’est bien simple, je me suis arrêté sur presque toutes les pages pour admirer les architectures, les tenues vestimentaires, les gadgets sur les murs, les machineries, les affiches publicitaires, … Quel soucis du détail secondaire, c’est incroyable, j’aimerais tant pouvoir passer du temps avec l’auteur pour lui demander « ça sert à quoi cette machine bizarre sur le mur » ou « comment marche ce véhicule ».
Donc oui, je dois admettre que mon enthousiasme vient plus de la richesse du monde décrit que de l’histoire elle-même. Je l’ai trouvée certes intéressante, belle et pleine de poésie, mais c’est par moment assez abstrait, et après coup, on se demande quand même un peu ce que l’auteur a voulu dire, quel message a-t-il essayé de faire passer… Une seconde lecture me sera probablement nécessaire pour tout saisir.
Bon, en conclusion, si vous êtes un fan de SF d’anticipation, achetez vite cette superbe trilogie !
"Dans la valise de l'agent Graves, vous trouverez une arme banalisée et cent cartouches. Vous trouverez également les preuves irréfutables des torts que vous avez subis, le nom des assassins de vos proches, leur identité, leur adresse… Il reste une chose à savoir, l'essentiel. Si vous utilisez l'arme et les cartouches, il est impossible de remonter jusqu'à vous. L'immunité totale."
Evidemment, quand on tombe sur une idée comme ça on est déjà un peu intéressé.
Evidemment aussi, quand c'est Eduardo Risso (le grand Eduardo Risso, siouplé !) qui dessine le tout, l'intérêt monte encore. Son dessin, très caractéristique, est toujours aussi superbe. Les expressions des visages sont souvent farouches, hargneuses, mauvaises, et très, très bien rendues. Les couleurs, dans l'ensemble très homogènes, confèrent à l'album une atmosphère mi-terne mi-glauque réussie. Et le découpage est dynamique, avec des cadrages variant beaucoup, et utilisant allègrement plongées et contre-plongées.
Quant à l'histoire, elle est bien exploitée dans le sens où le petit résumé ci-dessus n'est qu'un résumé de la base de l'histoire, et non de l'ensemble : en effet, ce premier tome comporte deux histoires comportant la même base, mais vraiment très différentes. En particulier, si la première peut paraître un peu classique, la deuxième (malheureusement plus courte) est vraiment excellente, et noire à souhait. On se retrouve donc un peu dans l'idée de "Fog", avec un thème commun, mais une grande variation dans le développement des différents épisodes. Forcément on risque d'être déçu à un moment ou à un autre, mais pour l'instant ce n'est absolument pas le cas.
Outre les qualités précitées, les personnages sont bien développés. Ils sont certes un peu monolithiques (ils jouent leur rôle et ne sont pas là pour évoluer), mais cela fait partie de la force de "100 Bullets". En plus les dialogues sont parfois assez géniaux, avec en particulier un passage qui m'a fait hurler de rire :
- C'était délire. Des mecs qui sortent avec des meufs que c'est des mecs.
- Sans déc' ?
- Elles étaient grave bonnes en plus, t'aurais vu ça.
- Ouais, mais quand tu veux leur frotter la chatte, tu te retrouves la main pleine de couilles.
(oui, c'est élégant, je sais, je sais… :D )
Bref, un bon album bien noir, assez cynique, et très bien réalisé.
Tout d'abord, il y a le dessin, ou plutôt la peinture : Bilal nous offre là des BDs esthétiquement superbes, dignes d'oeuvres qu'on aimerait encadrer et accrocher sur ses murs. Les teintes de bleu, la scène toute blanche, puis blanche et rouge dans le tome 2, le style de Bilal : je trouve ça superbe.
Concernant l'histoire, elle est bonne et prenante, même si on peut craindre que le soufflé retombe dans le tome 3 final tant il y a de mystères encore en suspens.
Pourtant d'un autre côté, il y a des choses que j'apprécie moins. Par exemple, des points de détails du scénario suivent un peu trop l'actualité de l'époque de chacun des tomes sortis : Sarajevo et ses snipers pour le tome 1, puis attentats terroristes pour le tome 2. Ce ne sont que des trames de fond qui n'entament pas le scénario SF-fantastique en lui-même, mais je trouve que ça donne une touche un peu trop commerciale au tout, et c'est un peu dommage.
Quant aux personnages, j'accroche bien à Nike et Leyla, mais je trouve Amir et sa compagne plutôt antipathiques et sans intérêt. Sans doute le tome 3 se basera-t-il plus sur eux pour leur donner leur vrai intérêt.
Je viens de finir le dernier tome de cette tétralogie, j'en ressors convaincu.
La lecture de cette série n'est pas aisée. Innovante, déroutante, elle peut perdre le lecteur qui ne réussit à pas à accrocher à son récit parfois confus, toujours surprenant.
Malgré cette difficulté relative, je trouve que cette BD une vraie oeuvre d'art novatrice. Graphiquement tout d'abord évidemment, Bilal se lâchant totalement dans sa peinture et sa mise en page, allant jusqu'à intégrer des photos retraitées dans le dernier tome. Narrativement ensuite car la forme du récit est très spéciale, décousue, arythmique, pas toujours facile à appréhender mais fonctionnelle en définitive.
Et le récit lui-même se révèle innovant. L'art, la vie, la science-fiction, les relations humaines, le tout se mélange dans un cocktail étrange et apportant quelque chose de neuf au lecteur blasé que je suis.
Et le tout n'aurait rien donné si la tétralogie n'avait pas reçue une fin à la hauteur de ses ambitions. Et cette fin, elle m'a contenté car elle apporte une explication aux étrangetés des tomes précédents, à leur exhubérance.
Bref, une oeuvre à part dans le monde de la BD, une BD déroutante mais novatrice et finalement convaincante.
Un album de Cosey aura toujours une saveur particulière pour moi ! Depuis que j'ai lu le Voyage en Italie, je suis avec attention les albums de Cosey...
Chaque histoire que décrit Cosey dans cette album est un morceau de poésie, de bonheur, une histoire d'amour, une histoire de la vie, tout simplement...
Bien sûr, c'est un album qui s'apprécie dans le calme, la tête bien reposée et avec un bon état d'esprit... Evidement, il faut avoir un côté fleur bleue pour l'apprécier et ne pas être réfractaire aux histoires romantiques...
Sinon, côté dessins, c'est du Cosey tout simplement ! Simple, inimitable avec des couleurs si particulières... Moi j'apprécie particulièrement...
Enfin bref, un album de Cosey qui mérite qu'on s'y intéresse ! Certainement une de ses plus belle production !
La qualité des dessins est surprenante : une grande précision dans le détail et tous les mouvements sont tellement bien rendus qu'on entre d'autant plus facilement dans l'histoire. Une histoire magique, très bien montée qui vaut vraiment le détour !
C'est une histoire formidable !! Les dessins sont très beaux mais peu originaux pour la collection Soleil. Par contre l'histoire est géniale !! Très prenante avec des touches d'humour très bien réparties. Cette BD est très agréable à suivre, à lire et à relire, à offrir et à s'offrir. Elle ne peut que plaire à tous (sans pour autant, je le reconnais, mériter la note "culte")
Bref : à lire avec de la musique au soleil ou au chaud dans son lit !
J'avais déjà lu le premier tome il y a quelques années et il m'avait tellement déplu que je n'avais pas souhaité lire la suite. Je m'y suis replongé après avoir vu la bonne note que cette série avait sur le site. Les premiers jugements sont les mêmes qu'auparavant : l'histoire contient de très bonnes idées, surtout un fort romantisme, mais malheureusement aussi du "Youpla Boum Kesskonssmarr !!" (par exemple les Rollings Stones, le château détruit par la voix de Dame Gorge, personnage vraiment énervant au début...) ; enfin le dessin malgré, là encore de bonnes intuitions, m'irritait (les couleurs notamment les pommettes représentées par deux grosses tâches rouges, les costumes tout spécialement celui d'Eloïse...). Mais bon je me suis accroché...
Les tomes suivants ne brillent pas non plus à mon goût par le dessin qui garde les mêmes défauts à mes yeux, et c'est la même chose pour le scénario qui marie bonnes idées, romantisme absolu et gamineries mal choisies. Mais on s'accroche et ce n'est pas si mal.
Et là vient le tome 4, et la série devient excellente sur tous les plans. Tiburce Oger n'a gardé que le meilleur des premiers tomes et a jeté tout ce qui pouvait énerver et déplaire. L'histoire acquiert une dimension épique et les personnages une réelle profondeur. L'idée du combat contre une religion étouffante et contre des Dieux craignant d'être oubliés est bien trouvée et bien menée, sans déjà vu ni facilités. Les personnages sont ballotés entre leurs idées, leurs passions et leurs intérêts, quitte à faire parfois des choix qu'ils regretteront, donnant ainsi une forte humanité à la série. Et en même temps, Gorn, le héros romantique, garde sa place et reste déchiré. Une très belle maîtrise de l'histoire, et un renversement salutaire pour la série. A partir du tome 4 on sent que tout, le dessin comme l'histoire, a gagné en maturité.
D'ailleurs le dessin devient vraiment bon à partir du tome 4. Les petites touches qui faisaient trop comptines pour enfants ont disparu et on peut bailler devant de très belles planches. Les paysages sont somptueux, à la fois tortueux et oniriques, les personnages sont plus expressifs et le ton général romantique et noueux de l'univers est bien mieux rendu.
Je ne regrette pas de m'être accroché car la fin est excellente, et réussit à rattraper un début moyen. Ce n'est pas tant que les premiers tomes soient vraiment mauvais, mais ils sont horripilants à cause de la sorte de refus d'assumer un romantisme sombre, refus que l'on voit avec la présence d'un humour trop potache. Heureusement que le tournant du tome 4 est présent pour redonner un souffle à cette histoire et la rendre plus mûre. Je mets donc 4/5 à l'ensemble de la série car je ne peux pas faire abstraction des premiers tomes. Si on devait séparer les deux cycles, je mettrais un petit 2/5 pour le premier et un honnête 5/5 aux tomes du deuxième cycle.
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Presque
Les albums de Manu Larcenet qui sont édités par Les Rêveurs n'ont à priori pas grand chose à voir avec ceux parus chez Dargaud par exemple. Et pourtant… On sait bien que même chez les plus grands humoristes, il y a bien souvent de véritables talents de critique social, de satiriste. Larcenet n'est certes pas l'auteur humoriste du siècle (ce serait le cantonner à un seul talent) mais avec les planches de son "Robin des bois" récemment rassemblées en album chez Dargaud ou avec la série des "Bill Baroud" chez Fluide, il y a quand même de bons morceaux de rire en perspective. Pour "Presque", on n'est pas vraiment dans le même registre… Ici on a affaire à un Larcenet cynique et sombre, un Larcenet qui s'interroge tout le long, qui s'exaspère, qui s'impatiente, qui critique mais ce dernier point est un aspect finalement moins important, peut-être… En préambule à l'album, il le dit lui même : il n'a plus autant de haine, il n'en veut plus aux soldats qui lui ont fait tant baver durant son service. Reste la vie… Peut-il, faut-il en vouloir à la vie ? Il s'agit là du dénominateur commun des albums de Manu Larcenet parus chez "Les Rêveurs". A la différence d'un "On fera avec" plus facile (parfois proche de ce qu'on pourrait qualifier de "cynisme de gare") et moins personnel, "Presque" résonne avec fracas : l'autobiographie y côtoie une réflexion troublante sur le pouvoir, l'autorité et les strates qui régissent les comportements humains. Oh oui, pas de quoi révolutionner les traités de philosophie du siècle mais on s'en fout, la question n'est pas là. Non, dans le noir comme dans le burlesque, dans le sérieux comme dans le blanc, Larcenet reste avant tout un auteur plein de poésie et de tendresse. Le ton adopté est mesuré, juste, l'auteur ne cherche pas à faire des effets de manche, il se contente de s'ouvrir à son passé, d'y puiser la matière première d'un album sincère et direct. Et évidemment ça fonctionne. Lorsque l'auteur évoque ses tentatives de communication avec sa mère, on retrouve toute la violence d'un monde extérieur qui nous apparaît dangereux, éreintant. Sentiment universel que nous avons souvent connu lors de notre adolescence (celle de l'âme et du cœur qui n'a rien à voir avec celle de l'état civil). "Presque" évoque un passage entre son ancienne vie et une nouvelle façon de la voir, de l'appréhender, c'est un rite de passage qui a forgé un point de vue marqué au fer rouge dans l'inconscient comme dans le quotidien des 2 Larcenet : l'homme et l'artiste. "Presque" est un album important, il complète superbement la vision que le lecteur peut se faire de l'œuvre de Larcenet. Il donne quelques clés pour embrasser l'ensemble de sa production mais aussi pour essayer de se faire une idée (forcément incomplète) de l'homme. Et surtout il porte de façon superbe toutes les directions et les aspirations que Larcenet a bien voulu nous montrer avec plus de réserve, moins de brutalité mais avec un regard toujours aiguisé dans des œuvres plus récentes. "Presque" est un album précieux, avec un dessin à l'image du propos et de l'artiste qui l'a signé : touchant, paradoxal et poétique. Et donc rare, forcément.
S.O.S. Bonheur
Je viens enfin de lire cette BD dont j'avais entendu parler en bien depuis si longtemps et j'avoue ne pas avoir été déçu. Effectivement, elle est très bien, notamment la fin. Les 2 premiers tomes comportent 6 histoires courtes qui ne sont pas particulièrement originales. Pour peu que vous ayiez un peu lu de la SF classique, vous y retrouvez la plupart des idées déjà écrites dans des romans ayant pour thèmes des dystopies (systèmes d'oppression parfaitement maîtrisés) : Fahrenheit 451, 1984, Les Monades Urbaines, Brazil... Néanmoins, les histoires sont bien menées et on les lit avec plaisir (sauf peut-être la toute première que j'ai trouvé un peu laborieuse). Puis vient le 3e tome, qui utilise le décor créé par les 6 premières histoires, et les fusionne en un tout cohérent et intéressant. Et là, on rentre encore plus dans la BD, surtout quand arrive la fin, le dénouement final qui vient bouleverser la donne et rajouter une couche à la reflexion sur la révolution, la liberté et la nature humaine. J'adore quand la fin d'une BD transforme l'oeuvre en un tout cohérent, intelligent et marquant et c'est le cas de celle-ci. Bref, une bonne, voire très bonne BD.
Comme un gant de velours pris dans la fonte
Je vois que les avis sont partagés... J'aurais bien mis 5/5 en note, car pour moi cette bd est la meilleur de Clowes, lui-même un des meilleurs auteurs actuels. Mais en même temps, je comprends qu'on ne puisse pas l'apprécier, à vrai dire, j'aurais été plus attristé si certains étaient resté indifférents devant elle. Il n'y a pas d'humour, pas de logique, je l'ai lue avec sans cesse une impression de malaise, voire de désespoir... Et c'est ça que j'ai adoré. Peut-être suis-je masochiste? Alors, oui, une bd à acheter, mais pas les yeux fermés: prenez le temps de la regarder un bon moment avant, pour éviter les mauvaises surprises...
La Trilogie Nikopol
J’ai vraiment passé un très bon moment en lisant les 3 tomes de cette série. L’histoire est intéressante, et le monde décrit d’une richesse incroyable. Richesse au niveau de la situation politique et sociale, mais aussi au niveau du dessin qui le représente! Certes ce dessin peut surprendre au premier abord (« C’est du Bilal » comme vous dites). Mais en y réfléchissant bien, il est parfait pour cette œuvre. On a ici une histoire SF plus adulte, à des kilomètres des block-busters que sont Sillage, Travis et compagnie. Vous imaginez cette même histoire avec Buchet au dessin ? Non, moi non plus… Reste que ce dessin est incroyablement détaillé ! C’est bien simple, je me suis arrêté sur presque toutes les pages pour admirer les architectures, les tenues vestimentaires, les gadgets sur les murs, les machineries, les affiches publicitaires, … Quel soucis du détail secondaire, c’est incroyable, j’aimerais tant pouvoir passer du temps avec l’auteur pour lui demander « ça sert à quoi cette machine bizarre sur le mur » ou « comment marche ce véhicule ». Donc oui, je dois admettre que mon enthousiasme vient plus de la richesse du monde décrit que de l’histoire elle-même. Je l’ai trouvée certes intéressante, belle et pleine de poésie, mais c’est par moment assez abstrait, et après coup, on se demande quand même un peu ce que l’auteur a voulu dire, quel message a-t-il essayé de faire passer… Une seconde lecture me sera probablement nécessaire pour tout saisir. Bon, en conclusion, si vous êtes un fan de SF d’anticipation, achetez vite cette superbe trilogie !
100 bullets
"Dans la valise de l'agent Graves, vous trouverez une arme banalisée et cent cartouches. Vous trouverez également les preuves irréfutables des torts que vous avez subis, le nom des assassins de vos proches, leur identité, leur adresse… Il reste une chose à savoir, l'essentiel. Si vous utilisez l'arme et les cartouches, il est impossible de remonter jusqu'à vous. L'immunité totale." Evidemment, quand on tombe sur une idée comme ça on est déjà un peu intéressé. Evidemment aussi, quand c'est Eduardo Risso (le grand Eduardo Risso, siouplé !) qui dessine le tout, l'intérêt monte encore. Son dessin, très caractéristique, est toujours aussi superbe. Les expressions des visages sont souvent farouches, hargneuses, mauvaises, et très, très bien rendues. Les couleurs, dans l'ensemble très homogènes, confèrent à l'album une atmosphère mi-terne mi-glauque réussie. Et le découpage est dynamique, avec des cadrages variant beaucoup, et utilisant allègrement plongées et contre-plongées. Quant à l'histoire, elle est bien exploitée dans le sens où le petit résumé ci-dessus n'est qu'un résumé de la base de l'histoire, et non de l'ensemble : en effet, ce premier tome comporte deux histoires comportant la même base, mais vraiment très différentes. En particulier, si la première peut paraître un peu classique, la deuxième (malheureusement plus courte) est vraiment excellente, et noire à souhait. On se retrouve donc un peu dans l'idée de "Fog", avec un thème commun, mais une grande variation dans le développement des différents épisodes. Forcément on risque d'être déçu à un moment ou à un autre, mais pour l'instant ce n'est absolument pas le cas. Outre les qualités précitées, les personnages sont bien développés. Ils sont certes un peu monolithiques (ils jouent leur rôle et ne sont pas là pour évoluer), mais cela fait partie de la force de "100 Bullets". En plus les dialogues sont parfois assez géniaux, avec en particulier un passage qui m'a fait hurler de rire : - C'était délire. Des mecs qui sortent avec des meufs que c'est des mecs. - Sans déc' ? - Elles étaient grave bonnes en plus, t'aurais vu ça. - Ouais, mais quand tu veux leur frotter la chatte, tu te retrouves la main pleine de couilles. (oui, c'est élégant, je sais, je sais… :D ) Bref, un bon album bien noir, assez cynique, et très bien réalisé.
Le Sommeil du Monstre
Tout d'abord, il y a le dessin, ou plutôt la peinture : Bilal nous offre là des BDs esthétiquement superbes, dignes d'oeuvres qu'on aimerait encadrer et accrocher sur ses murs. Les teintes de bleu, la scène toute blanche, puis blanche et rouge dans le tome 2, le style de Bilal : je trouve ça superbe. Concernant l'histoire, elle est bonne et prenante, même si on peut craindre que le soufflé retombe dans le tome 3 final tant il y a de mystères encore en suspens. Pourtant d'un autre côté, il y a des choses que j'apprécie moins. Par exemple, des points de détails du scénario suivent un peu trop l'actualité de l'époque de chacun des tomes sortis : Sarajevo et ses snipers pour le tome 1, puis attentats terroristes pour le tome 2. Ce ne sont que des trames de fond qui n'entament pas le scénario SF-fantastique en lui-même, mais je trouve que ça donne une touche un peu trop commerciale au tout, et c'est un peu dommage. Quant aux personnages, j'accroche bien à Nike et Leyla, mais je trouve Amir et sa compagne plutôt antipathiques et sans intérêt. Sans doute le tome 3 se basera-t-il plus sur eux pour leur donner leur vrai intérêt. Je viens de finir le dernier tome de cette tétralogie, j'en ressors convaincu. La lecture de cette série n'est pas aisée. Innovante, déroutante, elle peut perdre le lecteur qui ne réussit à pas à accrocher à son récit parfois confus, toujours surprenant. Malgré cette difficulté relative, je trouve que cette BD une vraie oeuvre d'art novatrice. Graphiquement tout d'abord évidemment, Bilal se lâchant totalement dans sa peinture et sa mise en page, allant jusqu'à intégrer des photos retraitées dans le dernier tome. Narrativement ensuite car la forme du récit est très spéciale, décousue, arythmique, pas toujours facile à appréhender mais fonctionnelle en définitive. Et le récit lui-même se révèle innovant. L'art, la vie, la science-fiction, les relations humaines, le tout se mélange dans un cocktail étrange et apportant quelque chose de neuf au lecteur blasé que je suis. Et le tout n'aurait rien donné si la tétralogie n'avait pas reçue une fin à la hauteur de ses ambitions. Et cette fin, elle m'a contenté car elle apporte une explication aux étrangetés des tomes précédents, à leur exhubérance. Bref, une oeuvre à part dans le monde de la BD, une BD déroutante mais novatrice et finalement convaincante.
Une maison de Frank L. Wright
Un album de Cosey aura toujours une saveur particulière pour moi ! Depuis que j'ai lu le Voyage en Italie, je suis avec attention les albums de Cosey... Chaque histoire que décrit Cosey dans cette album est un morceau de poésie, de bonheur, une histoire d'amour, une histoire de la vie, tout simplement... Bien sûr, c'est un album qui s'apprécie dans le calme, la tête bien reposée et avec un bon état d'esprit... Evidement, il faut avoir un côté fleur bleue pour l'apprécier et ne pas être réfractaire aux histoires romantiques... Sinon, côté dessins, c'est du Cosey tout simplement ! Simple, inimitable avec des couleurs si particulières... Moi j'apprécie particulièrement... Enfin bref, un album de Cosey qui mérite qu'on s'y intéresse ! Certainement une de ses plus belle production !
Rapaces
La qualité des dessins est surprenante : une grande précision dans le détail et tous les mouvements sont tellement bien rendus qu'on entre d'autant plus facilement dans l'histoire. Une histoire magique, très bien montée qui vaut vraiment le détour !
Marlysa
C'est une histoire formidable !! Les dessins sont très beaux mais peu originaux pour la collection Soleil. Par contre l'histoire est géniale !! Très prenante avec des touches d'humour très bien réparties. Cette BD est très agréable à suivre, à lire et à relire, à offrir et à s'offrir. Elle ne peut que plaire à tous (sans pour autant, je le reconnais, mériter la note "culte") Bref : à lire avec de la musique au soleil ou au chaud dans son lit !
Gorn
J'avais déjà lu le premier tome il y a quelques années et il m'avait tellement déplu que je n'avais pas souhaité lire la suite. Je m'y suis replongé après avoir vu la bonne note que cette série avait sur le site. Les premiers jugements sont les mêmes qu'auparavant : l'histoire contient de très bonnes idées, surtout un fort romantisme, mais malheureusement aussi du "Youpla Boum Kesskonssmarr !!" (par exemple les Rollings Stones, le château détruit par la voix de Dame Gorge, personnage vraiment énervant au début...) ; enfin le dessin malgré, là encore de bonnes intuitions, m'irritait (les couleurs notamment les pommettes représentées par deux grosses tâches rouges, les costumes tout spécialement celui d'Eloïse...). Mais bon je me suis accroché... Les tomes suivants ne brillent pas non plus à mon goût par le dessin qui garde les mêmes défauts à mes yeux, et c'est la même chose pour le scénario qui marie bonnes idées, romantisme absolu et gamineries mal choisies. Mais on s'accroche et ce n'est pas si mal. Et là vient le tome 4, et la série devient excellente sur tous les plans. Tiburce Oger n'a gardé que le meilleur des premiers tomes et a jeté tout ce qui pouvait énerver et déplaire. L'histoire acquiert une dimension épique et les personnages une réelle profondeur. L'idée du combat contre une religion étouffante et contre des Dieux craignant d'être oubliés est bien trouvée et bien menée, sans déjà vu ni facilités. Les personnages sont ballotés entre leurs idées, leurs passions et leurs intérêts, quitte à faire parfois des choix qu'ils regretteront, donnant ainsi une forte humanité à la série. Et en même temps, Gorn, le héros romantique, garde sa place et reste déchiré. Une très belle maîtrise de l'histoire, et un renversement salutaire pour la série. A partir du tome 4 on sent que tout, le dessin comme l'histoire, a gagné en maturité. D'ailleurs le dessin devient vraiment bon à partir du tome 4. Les petites touches qui faisaient trop comptines pour enfants ont disparu et on peut bailler devant de très belles planches. Les paysages sont somptueux, à la fois tortueux et oniriques, les personnages sont plus expressifs et le ton général romantique et noueux de l'univers est bien mieux rendu. Je ne regrette pas de m'être accroché car la fin est excellente, et réussit à rattraper un début moyen. Ce n'est pas tant que les premiers tomes soient vraiment mauvais, mais ils sont horripilants à cause de la sorte de refus d'assumer un romantisme sombre, refus que l'on voit avec la présence d'un humour trop potache. Heureusement que le tournant du tome 4 est présent pour redonner un souffle à cette histoire et la rendre plus mûre. Je mets donc 4/5 à l'ensemble de la série car je ne peux pas faire abstraction des premiers tomes. Si on devait séparer les deux cycles, je mettrais un petit 2/5 pour le premier et un honnête 5/5 aux tomes du deuxième cycle.