Excellent du point de vue du dessin aussi bien que du scénario: on se demande où finit l'histoire et ou commence la fiction. Extrêmement précis, juste et documenté.
On attend la suite avec impatience.
Un humour sur la réalité du monde avec des yeux d'enfants. Dans la lignée des peanuts, il y a Mafalda. L’un du nord de l'équateur, l'autre du sud.
En 3 ou 4 cases elle nous fait sourire. Beaucoup de naïveté, mais une naïveté parfois déconcertante. La vie dans le monde de Mafalda évolue, au cours des tomes, elle se fait de nouveau amis, elle passe en classe supérieure.
Un humour relatif à la situation de l'époque en argentine et dans le monde.
Pour ceux qui aiment les langues latines, prenez les bds en version originale, parce qu’en français, il y a quelques jeux de mots difficiles à comprendre, parce que propre au langage de la miss.
Album surprenant car on n’y comprends pas grand-chose sur les 2/3 de l’album, tout comme Nicolas, le protagoniste principal. Mais tout s’éclaircit dans le dernier tiers avec un final aussi inattendu que réussi. Bref, voici une belle petite leçon sur la nature humaine aux accents de fable contemporaine. Le trait de Bast, tout en ligne claire, est délicieusement rétro . . . j’aime beaucoup ! Bref, voici un album qui a bien sa place dans la très diversifiée collection Comix des éditions du Cycliste ! :)
Atmosphère, atmosphère...
Assurément, Prado a une gueule d'atmosphère. Ou plutôt un talent incroyable pour installer, justement, une atmosphère qui n'appartient qu'à lui. Il nous livre, avec Trait de craie, un sacré morceau, un album très réussi sur tous les plans. Une histoire que ne renieraient pas les maîtresses du suspense, les grands noms de la littérature de "bordure", comme Borges et d'autres hispanisants. Fort de cet héritage, il a imaginé cette histoire au parfum décalé, aux couleurs profondes, aux accents envoûtants. Une pure merveille graphique, intemporelle et enchantée, qui pourtant n'obtient pas la note maximale en raison d'un petit ralentissement dans la deuxième moitié de l'ouvrage.
C'est très sympa Ratafia !
Déjà, graphiquement, il y a une "patte" indéniable et vraiment plaisante. Je regrette juste les couleurs informatiques qui ne passent pas toujours très bien sur le crayonné. Mais sinon, rien a dire, c'est joli et original !
Le scénario est très amusant, les situations sont souvent très drôles et certains jeux de mots hilarants. Mais c'est vrai qu'à la fin de l'album une certaine lassitude pointe, les jeux de mots s'accumulant sans que l'intrigue avance énormément...
Bref, une très bonne BD, originale et drôle, mais qui fait un peu du sur place. Elle mériterait une note en 3 et 4, mais les pirates de l'Eire font définitivement pencher la balance vers le 4 ^_^
Que dire face à un tel monument ! Car c'est bien d'un monument qu'il s'agit : 10 tomes de plusieurs centaines de pages chacun, ça fait un sacré volume. Un monument qui se construit petit à petit. Chaque tome, voire chaque chapitre, peut sans doute se lire séparément, mais ce n'est qu'une fois l'édifice achevé que l'on se réalise tout le génie derrière sa conception. Les premiers tomes se cherchent encore, on a parfois l'impression de lire un "comic" comme tant d'autres, mais au fil de la lecture, on s'aperçoit que c'est bien plus que ça : un véritable chef d'oeuvre (au sens compagnonesque du terme).
Bien sur, aborder une oeuvre de cette dimension n'est pas chose aisée, les débuts sont parfois ardus, d'autant que le dessin des premiers tomes n'est pas toujours des plus réussis (une foule de dessinateurs, aux styles les plus divers, prennent le relais pour construire cette série... certains morceaux sont vraiment splendides - surtout dans les derniers tomes - d'autres franchement hideux, en tout cas, il y en a pour tous les goûts!).
Ce qui fait la force de Sandman, c'est le talent littéraire de son scénariste (le terme auteur convient mieux, à vrai dire...). Celui-ci puise dans le notre fonds culturel, dans une foule de mythologies, pour recréer une mythologie contemporaine extrêmement cohérente, humaine et qui nous parle. Les histoires qui composent Sandman fourmillent de références (parfois bien cachées) à une foule d'éléments qui lui font dépasser de très loin le cadre de la bédé habituelle. Il suffit de consulter les annotations de chaque tome réalisées par certains fans, dans lesquelles chaque page de l'oeuvre s'accompagne des pages de commentaires et d'analyses. Au point que certains, pour apprécier pleinement l'oeuvre, auront sans doute besoin d'un guide ou d'un mode d'emploi, tel que l'excellent "Sandman Companion" également publié par l'éditeur de Sandman, que je suis actuellement en train de lire et grâce auquel je réalise que je suis passé à côté de bien plus de choses que je ne pouvais l'imaginer.
Bref, Sandman, contrairement aux apparences, est loin d'être petit comique salement griffonné : c'est vraiment une oeuvre majeure dans la bibliographie d'un auteur de talent.
Mon avis se situerait plutôt entre "pas mal" et "franchement bien", de telle sorte que mon appréciation deviendrait "bien dans l'ensemble".
"Simon du fleuve" combine efficacement certaines caractéristiques du genre post-apocalyptique, tout en apportant une approche originale.
Tout d'abord, cette BD est typique des années 70. De par le dessin, qui était très usité durant cette décennie: clair, réaliste, il s'était éloigné de la feu dominante ligne claire, et on entrevoyait la "modernité" actuelle. On peut le rapprocher de Derib, qui utilise sensiblement le même trait.
De par le découpage aussi; là aussi on perçoit la "transition": une certaine liberté dans l'agencement des cases certes, annonciatrice du style actuel, mais qui reste très classique.
A noter de même le titre qui apparaît après quelques planches, caractéristique elle aussi des années 70.
Auclair situe son récit dans un décor post-apocalyptique. Certes l'on pourrait critiquer la façon dont s'est déroulée cette fin du monde (la crise pétrolière de 1973 qui a généré un désordre mondial), mais cela reste malgré tout crédible, surtout dans le contexte géopolitique actuel. Etrange aussi le paysage: comment cela se fait-il que toutes les infrastructures qui constituaient notre civilisation aient disparu en l'espace d'une génération, comme le fait judicieusement remarquer l'avis précédent?
Mais pour l'auteur, cela n'a que peu d'importance, car ce n'est qu'un prétexte.
Nous touchons là -si je puis dire- à "l'âme" de l'oeuvre d'Auclair.
Il fait en effet évoluer un personnage (Simon donc) dans un monde désolé et sauvage où tout est à reconstruire. Cet homme, idéaliste à l'extrême, se retrouve confronté à toutes sortes de situations qui, si elles ne soumettent sa capacité de survie à rude épreuve, du moins lui poseront-elles de sérieux cas de conscience.
A travers son périple et le passage dans différentes communautés humaines, il doit affronter l'hostilité des hommes, la haine, l'incompréhension, l'inconscience, parfois la folie, bien qu'il rencontre l'amour avec une épouse qui semble modelée à son image.
Auclair en profite pour faire passer des messages qui semblent lui tenir très à coeur: la défense de la nature, la fraternité entre les hommes bien sûr, mais aussi le sort et le rôle de la femme...
Etrangement, "Simon" n'est pas l'intérêt principal de cette série. Il est trop idéaliste pour être attachant. Auclair ne semble en outre pas briller par la finesse de son analyse psychologique. Les hommes semblent se diviser en deux catégories: les bons et les méchants, ou plutôt, les "responsables" et les "inconscients".
Ce sont les situations que vit Simon qui rendent la série intéressante: d'elles transpirent toujours un certain souffle lyrique, sans doute les grands espaces sauvages; et aussi la façon dont Auclair fait passer son message.
A partir du tome 5, la série prend un virage à 90°, puisque c'est Riondet qui s'attelle au scénario.
Pendant deux tomes, Simon est embarqué dans des aventures philosophiques où il semble vivre un rêve éveillé, et ne joue qu'un rôle mineur. Les dialogues, qui n'étaient déjà pas très drôles, deviennent carrément abstraits et métaphysiques. Ces albums-là sont les moins compréhensibles, et contrastent singulièrement avec les précédentes aventures réalistes.
Retour à la réalité pour les deux derniers tomes, qui ne forment qu'une seule et même histoire. Ici, finis les beaux messages explicites, on entre dans le drame humain: les personnages sont ici très charismatiques, car leur analyse psychologique est poussée. De cette tragédie en huis-clos (une presqu'île) se dégage même une certaine tension, pour la première fois dans la série. Nous est tout de même fait passer un message sur la vanité et la folie des hommes. Ces deux derniers tomes sont pour moi les plus intéressants.
Bref, une BD originale et assez captivante. "Simon du fleuve", la série humaniste par excellence.
Un petit voyage dans l'onirisme et la NDE (Near Death Experience) tout à fait inattendus.
On est tout de suite pris par l'ambiance plutôt burtonienne d'un homme à la vie mouvementée qui croise les acteurs principaux de sa vie au cours d'une drôle d'expérience. Sans concession, Yeb a écrit cette histoire aux accents de vécu pour la servir à un Le Brun fortment inspiré, au trait qui se cherche encore mais à l'énergie réjouissante. J'ai particulièrement craqué sur l'ours Bolino, plutôt mignon dans son genre.
Une petite découverte.
J'ai beaucoup apprécié ma lecture de cette série dont j'ai lu les deux tomes à la suite.
Le dessin de Gibrat est vraiment sympa. Bon, je lui reproche quand même le fait que les visages de ses personnages se ressemblent beaucoup : d'accord, Jeanne est la soeur de la Cécile du Sursis mais elles sont strictement identiques à la coiffure près, et parmi les visages masculins, ils ont tous ou presque la même barbe naissante, le même regard et le même rictus souriant. De même, autant la colorisation est jolie, autant le fait de laisser souvent les traits d'esquisse sous l'aquarelle ou de ne pas faire les contours de certains personnages (Jeanne le plus souvent), cela donne un aspect un peu "irréel" à l'image à mes yeux et m'empêche très modérément de plonger vraiment dans le décor car j'y vois le dessin là où je devrais voir le décor lui-même. Mais quoiqu'il en soit, ces petits défauts à mes yeux sont très mineurs tant le dessin est beau et la représentation du Paris de l'occupation et de ses environs est superbe.
Quant à l'histoire, elle est simple mais très agréable à suivre. J'ai mis un temps à m'attacher aux deux héros, Jeanne et François, mais j'ai fini par bien les apprécier. J'ai également craint un final "dramatique" comme dans le Sursis, mais la fin assez ouverte m'a bien plu, même si je trouve que les dernières pages du dernier tome perdent vraiment le rythme par rapport au premier tome.
Une lecture plaisante, une réelle envie de lire chaque page de cette BD, un dessin très beau, un scénario juste assez original, une série que je conseille à la lecture et à l'achat.
Très, très bonne surprise que cette BD que j'ai eu le plaisir de lire dans sa version 'intégrale'.
Voilà de l'heroic fantasy comme je l'aime, c'est à dire:
- originale : avec un scénario innovant et riche en rebondissements. L'histoire qui paraît simple au début se complexifie rapidement et gagne en profondeur au fur et à mesure que l'intrigue progresse
- sombre : oubliez les gentils paladins, les trolls rigolos et les jolies princesses (encore que sur ce dernier point ...), dans Terres d'Ombre les protagonistes sont cyniques, désabusés et impitoyables sans que tout cela ne donne l'impression de se prendre trop au sérieux ni que cela nous empêche de nous attacher aux héros. C'est une BD adulte, où la violence et la dureté sont omniprésentes mais pas gratuites
- belle : les dessins de Springer sont parfaits pour le sujet. Réalistes et dynamiques, avec un réel talent dans la mise en page et les jeux de lumière (j'avais adoré dans Volunteer, je me régale encore ici). Une mention particulière pour les diverses créatures monstrueuses, horribles à souhait.
J'ai dévoré toute l'histoire d'une traite et je vais m'y replonger une deuxième fois avec plaisir. Mon seul regret (mais c'est une douce souffrance) est d'avoir vu ce moment de bonheur se terminer (car c'est une histoire complète).
Bravo !
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Murena
Excellent du point de vue du dessin aussi bien que du scénario: on se demande où finit l'histoire et ou commence la fiction. Extrêmement précis, juste et documenté. On attend la suite avec impatience.
Mafalda
Un humour sur la réalité du monde avec des yeux d'enfants. Dans la lignée des peanuts, il y a Mafalda. L’un du nord de l'équateur, l'autre du sud. En 3 ou 4 cases elle nous fait sourire. Beaucoup de naïveté, mais une naïveté parfois déconcertante. La vie dans le monde de Mafalda évolue, au cours des tomes, elle se fait de nouveau amis, elle passe en classe supérieure. Un humour relatif à la situation de l'époque en argentine et dans le monde. Pour ceux qui aiment les langues latines, prenez les bds en version originale, parce qu’en français, il y a quelques jeux de mots difficiles à comprendre, parce que propre au langage de la miss.
Entrave
Album surprenant car on n’y comprends pas grand-chose sur les 2/3 de l’album, tout comme Nicolas, le protagoniste principal. Mais tout s’éclaircit dans le dernier tiers avec un final aussi inattendu que réussi. Bref, voici une belle petite leçon sur la nature humaine aux accents de fable contemporaine. Le trait de Bast, tout en ligne claire, est délicieusement rétro . . . j’aime beaucoup ! Bref, voici un album qui a bien sa place dans la très diversifiée collection Comix des éditions du Cycliste ! :)
Trait de craie
Atmosphère, atmosphère... Assurément, Prado a une gueule d'atmosphère. Ou plutôt un talent incroyable pour installer, justement, une atmosphère qui n'appartient qu'à lui. Il nous livre, avec Trait de craie, un sacré morceau, un album très réussi sur tous les plans. Une histoire que ne renieraient pas les maîtresses du suspense, les grands noms de la littérature de "bordure", comme Borges et d'autres hispanisants. Fort de cet héritage, il a imaginé cette histoire au parfum décalé, aux couleurs profondes, aux accents envoûtants. Une pure merveille graphique, intemporelle et enchantée, qui pourtant n'obtient pas la note maximale en raison d'un petit ralentissement dans la deuxième moitié de l'ouvrage.
Ratafia
C'est très sympa Ratafia ! Déjà, graphiquement, il y a une "patte" indéniable et vraiment plaisante. Je regrette juste les couleurs informatiques qui ne passent pas toujours très bien sur le crayonné. Mais sinon, rien a dire, c'est joli et original ! Le scénario est très amusant, les situations sont souvent très drôles et certains jeux de mots hilarants. Mais c'est vrai qu'à la fin de l'album une certaine lassitude pointe, les jeux de mots s'accumulant sans que l'intrigue avance énormément... Bref, une très bonne BD, originale et drôle, mais qui fait un peu du sur place. Elle mériterait une note en 3 et 4, mais les pirates de l'Eire font définitivement pencher la balance vers le 4 ^_^
Sandman
Que dire face à un tel monument ! Car c'est bien d'un monument qu'il s'agit : 10 tomes de plusieurs centaines de pages chacun, ça fait un sacré volume. Un monument qui se construit petit à petit. Chaque tome, voire chaque chapitre, peut sans doute se lire séparément, mais ce n'est qu'une fois l'édifice achevé que l'on se réalise tout le génie derrière sa conception. Les premiers tomes se cherchent encore, on a parfois l'impression de lire un "comic" comme tant d'autres, mais au fil de la lecture, on s'aperçoit que c'est bien plus que ça : un véritable chef d'oeuvre (au sens compagnonesque du terme). Bien sur, aborder une oeuvre de cette dimension n'est pas chose aisée, les débuts sont parfois ardus, d'autant que le dessin des premiers tomes n'est pas toujours des plus réussis (une foule de dessinateurs, aux styles les plus divers, prennent le relais pour construire cette série... certains morceaux sont vraiment splendides - surtout dans les derniers tomes - d'autres franchement hideux, en tout cas, il y en a pour tous les goûts!). Ce qui fait la force de Sandman, c'est le talent littéraire de son scénariste (le terme auteur convient mieux, à vrai dire...). Celui-ci puise dans le notre fonds culturel, dans une foule de mythologies, pour recréer une mythologie contemporaine extrêmement cohérente, humaine et qui nous parle. Les histoires qui composent Sandman fourmillent de références (parfois bien cachées) à une foule d'éléments qui lui font dépasser de très loin le cadre de la bédé habituelle. Il suffit de consulter les annotations de chaque tome réalisées par certains fans, dans lesquelles chaque page de l'oeuvre s'accompagne des pages de commentaires et d'analyses. Au point que certains, pour apprécier pleinement l'oeuvre, auront sans doute besoin d'un guide ou d'un mode d'emploi, tel que l'excellent "Sandman Companion" également publié par l'éditeur de Sandman, que je suis actuellement en train de lire et grâce auquel je réalise que je suis passé à côté de bien plus de choses que je ne pouvais l'imaginer. Bref, Sandman, contrairement aux apparences, est loin d'être petit comique salement griffonné : c'est vraiment une oeuvre majeure dans la bibliographie d'un auteur de talent.
Simon du fleuve
Mon avis se situerait plutôt entre "pas mal" et "franchement bien", de telle sorte que mon appréciation deviendrait "bien dans l'ensemble". "Simon du fleuve" combine efficacement certaines caractéristiques du genre post-apocalyptique, tout en apportant une approche originale. Tout d'abord, cette BD est typique des années 70. De par le dessin, qui était très usité durant cette décennie: clair, réaliste, il s'était éloigné de la feu dominante ligne claire, et on entrevoyait la "modernité" actuelle. On peut le rapprocher de Derib, qui utilise sensiblement le même trait. De par le découpage aussi; là aussi on perçoit la "transition": une certaine liberté dans l'agencement des cases certes, annonciatrice du style actuel, mais qui reste très classique. A noter de même le titre qui apparaît après quelques planches, caractéristique elle aussi des années 70. Auclair situe son récit dans un décor post-apocalyptique. Certes l'on pourrait critiquer la façon dont s'est déroulée cette fin du monde (la crise pétrolière de 1973 qui a généré un désordre mondial), mais cela reste malgré tout crédible, surtout dans le contexte géopolitique actuel. Etrange aussi le paysage: comment cela se fait-il que toutes les infrastructures qui constituaient notre civilisation aient disparu en l'espace d'une génération, comme le fait judicieusement remarquer l'avis précédent? Mais pour l'auteur, cela n'a que peu d'importance, car ce n'est qu'un prétexte. Nous touchons là -si je puis dire- à "l'âme" de l'oeuvre d'Auclair. Il fait en effet évoluer un personnage (Simon donc) dans un monde désolé et sauvage où tout est à reconstruire. Cet homme, idéaliste à l'extrême, se retrouve confronté à toutes sortes de situations qui, si elles ne soumettent sa capacité de survie à rude épreuve, du moins lui poseront-elles de sérieux cas de conscience. A travers son périple et le passage dans différentes communautés humaines, il doit affronter l'hostilité des hommes, la haine, l'incompréhension, l'inconscience, parfois la folie, bien qu'il rencontre l'amour avec une épouse qui semble modelée à son image. Auclair en profite pour faire passer des messages qui semblent lui tenir très à coeur: la défense de la nature, la fraternité entre les hommes bien sûr, mais aussi le sort et le rôle de la femme... Etrangement, "Simon" n'est pas l'intérêt principal de cette série. Il est trop idéaliste pour être attachant. Auclair ne semble en outre pas briller par la finesse de son analyse psychologique. Les hommes semblent se diviser en deux catégories: les bons et les méchants, ou plutôt, les "responsables" et les "inconscients". Ce sont les situations que vit Simon qui rendent la série intéressante: d'elles transpirent toujours un certain souffle lyrique, sans doute les grands espaces sauvages; et aussi la façon dont Auclair fait passer son message. A partir du tome 5, la série prend un virage à 90°, puisque c'est Riondet qui s'attelle au scénario. Pendant deux tomes, Simon est embarqué dans des aventures philosophiques où il semble vivre un rêve éveillé, et ne joue qu'un rôle mineur. Les dialogues, qui n'étaient déjà pas très drôles, deviennent carrément abstraits et métaphysiques. Ces albums-là sont les moins compréhensibles, et contrastent singulièrement avec les précédentes aventures réalistes. Retour à la réalité pour les deux derniers tomes, qui ne forment qu'une seule et même histoire. Ici, finis les beaux messages explicites, on entre dans le drame humain: les personnages sont ici très charismatiques, car leur analyse psychologique est poussée. De cette tragédie en huis-clos (une presqu'île) se dégage même une certaine tension, pour la première fois dans la série. Nous est tout de même fait passer un message sur la vanité et la folie des hommes. Ces deux derniers tomes sont pour moi les plus intéressants. Bref, une BD originale et assez captivante. "Simon du fleuve", la série humaniste par excellence.
Un petit coin de paradis
Un petit voyage dans l'onirisme et la NDE (Near Death Experience) tout à fait inattendus. On est tout de suite pris par l'ambiance plutôt burtonienne d'un homme à la vie mouvementée qui croise les acteurs principaux de sa vie au cours d'une drôle d'expérience. Sans concession, Yeb a écrit cette histoire aux accents de vécu pour la servir à un Le Brun fortment inspiré, au trait qui se cherche encore mais à l'énergie réjouissante. J'ai particulièrement craqué sur l'ours Bolino, plutôt mignon dans son genre. Une petite découverte.
Le Vol du Corbeau
J'ai beaucoup apprécié ma lecture de cette série dont j'ai lu les deux tomes à la suite. Le dessin de Gibrat est vraiment sympa. Bon, je lui reproche quand même le fait que les visages de ses personnages se ressemblent beaucoup : d'accord, Jeanne est la soeur de la Cécile du Sursis mais elles sont strictement identiques à la coiffure près, et parmi les visages masculins, ils ont tous ou presque la même barbe naissante, le même regard et le même rictus souriant. De même, autant la colorisation est jolie, autant le fait de laisser souvent les traits d'esquisse sous l'aquarelle ou de ne pas faire les contours de certains personnages (Jeanne le plus souvent), cela donne un aspect un peu "irréel" à l'image à mes yeux et m'empêche très modérément de plonger vraiment dans le décor car j'y vois le dessin là où je devrais voir le décor lui-même. Mais quoiqu'il en soit, ces petits défauts à mes yeux sont très mineurs tant le dessin est beau et la représentation du Paris de l'occupation et de ses environs est superbe. Quant à l'histoire, elle est simple mais très agréable à suivre. J'ai mis un temps à m'attacher aux deux héros, Jeanne et François, mais j'ai fini par bien les apprécier. J'ai également craint un final "dramatique" comme dans le Sursis, mais la fin assez ouverte m'a bien plu, même si je trouve que les dernières pages du dernier tome perdent vraiment le rythme par rapport au premier tome. Une lecture plaisante, une réelle envie de lire chaque page de cette BD, un dessin très beau, un scénario juste assez original, une série que je conseille à la lecture et à l'achat.
Terres d'Ombre
Très, très bonne surprise que cette BD que j'ai eu le plaisir de lire dans sa version 'intégrale'. Voilà de l'heroic fantasy comme je l'aime, c'est à dire: - originale : avec un scénario innovant et riche en rebondissements. L'histoire qui paraît simple au début se complexifie rapidement et gagne en profondeur au fur et à mesure que l'intrigue progresse - sombre : oubliez les gentils paladins, les trolls rigolos et les jolies princesses (encore que sur ce dernier point ...), dans Terres d'Ombre les protagonistes sont cyniques, désabusés et impitoyables sans que tout cela ne donne l'impression de se prendre trop au sérieux ni que cela nous empêche de nous attacher aux héros. C'est une BD adulte, où la violence et la dureté sont omniprésentes mais pas gratuites - belle : les dessins de Springer sont parfaits pour le sujet. Réalistes et dynamiques, avec un réel talent dans la mise en page et les jeux de lumière (j'avais adoré dans Volunteer, je me régale encore ici). Une mention particulière pour les diverses créatures monstrueuses, horribles à souhait. J'ai dévoré toute l'histoire d'une traite et je vais m'y replonger une deuxième fois avec plaisir. Mon seul regret (mais c'est une douce souffrance) est d'avoir vu ce moment de bonheur se terminer (car c'est une histoire complète). Bravo !