Les derniers avis (39354 avis)

Couverture de la série Ailefroide - Altitude 3954
Ailefroide - Altitude 3954

L'auteur se livre sur son adolescence et cette période où (certains le disent) tout se joue. Dans son cas sa rencontre avec la montagne et son apprentissage exigeant lui permettent de surmonter ses douleurs intimes. Une BD profonde et indispensable à tous les amoureux de la montagne.

11/07/2018 (modifier)
Couverture de la série Gilgamesh (Harder)
Gilgamesh (Harder)

Jens Harder est un habitué des projets atypiques, pour lesquels il mène un long travail de recherche, et qui l’amènent à traiter d’une période ancienne (voir "Alpha… directions"). Une nouvelle fois Actes Sud recueille le fruit de son travail. Même si ce n’est pas absolument nécessaire, je vous recommande de commencer par la fin, c’est-à-dire l’important (dans tous les sens du terme) dossier de fin de volume. En plus d’une iconographie très riche, d’un lexique et d’un index des noms cités, Jens Harder y explique comment lui est venu l’idée de traiter de ce sujet, ses questionnements, et les réflexions que son travail a entrainées. Très riche, instructif, et intéressant ! L’épopée de Gilgamesh est un texte fondateur et, par-delà ses qualités « littéraires », c’est aussi une mine de renseignements sur la pensée des peuples mésopotamiens d’il y a quelques millénaires. Jens Harder a pris le parti dans son traitement graphique, de coller au maximum au niveau du rendu à ce que l’on peut voir sur les sculptures, fresques que nous connaissons de cette époque (vues au Louvre par exemple), en particulier en représentant la plupart du temps les personnages de profil, avec un rendu proche de la sculpture : c’est vraiment original et très réussi ! Pour ce qui est de « l’histoire » en elle-même, il suit celle que les études des 12 tablettes aujourd’hui découvertes et analysées nous ont livrée (il signale juste par des pointillés lorsque le texte est lacunaire) : mais la narration ne souffre pas de cette volonté d’être fidèle à un texte assez éloigné de prime abord des canons narratifs contemporains. Toujours est-il que les aventures du roi Gilgamesh et de son compagnon Enkidu, au milieu des dieux et des hommes, avec un Gilgamesh qui pourrait prétendre – bien avant Héraclès ! – à être le premier super-héros, se laissent lire très agréablement. Il faut juste être réceptif à ce genre de texte – mais c’est mon cas. Et je trouve que le traitement de Harder est très adapté au sujet, en ne sacrifiant pas le texte et son cheminement à une réécriture artificielle. Harder garde bien la naïveté, et la force du texte d’origine, ses « adaptations » se faisant de manière très discrète. C’est en tout cas une belle transcription de ce grand texte en BD !

10/07/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
Couverture de la série Le Goût d'Emma
Le Goût d'Emma

Je suis très rarement en total désaccord avec le précédent aviseur de manière générale. Pour autant, cela sera bien le cas en l’espèce sur cette œuvre que j’ai pour ma part assez bien aimé. En effet, j’ai toujours voulu connaître comment un inspecteur du guide Michelin s’y prenait pour noter un restaurant gastronomique selon des critères assez précis. On est véritablement dans les coulisses de l’institution défendant la gastronomie nationale pour découvrir tous leurs petits secrets et méthodes d’investigation au travers d’Emma. Il faut dire qu’elle est la première inspectrice dans ce milieu très macho où les hommes avaient toutes leurs places parce qu’ils pouvaient sacrifier leur vie personnelle. En tout cas, c’est l’excuse qui est donnée. Il est clair qu’une femme a également le droit de faire le métier qu’elle aime en mettant une croix sur homme et enfant à la maison. C’est également cela l’égalité des sexes. Il faut savoir que c’est un métier où l’on se déplace de ville en ville dans des zones assez éloignées de Paris et sa région. Il faut sillonner toute la France sur des routes de campagne limitées à 80 km à l’heure. On ne peut que déjeuner deux fois par jour et c’est souvent assez copieux. Le reste du temps est occupé par la rédaction des rapports qui peuvent prendre une bonne partie de la soirée dans une chambre d’hôtel. On apprendra également la grande confidentialité de cette profession. Gare si on perd sa carte professionnelle car on risque la faute et le licenciement. Par ailleurs, il ne faut rien laisser de visible dans sa voiture ou dans sa chambre d’hôtel (par exemple une carte routière). Il faut passer incognito en réservant pour deux personnes et finalement en se déplaçant seul en prétextant que le conjoint a eu un empêchement de dernière minute. Emma va également faire un voyage au Japon où elle découvrira une cuisine beaucoup moins riche et calorique que la nôtre ce qu’elle apprécie fort bien pour maintenir sa ligne. J’ai beaucoup aimé sur la philosophie de ses restaurants prêts à tout pour gagner une étoile quitte à perdre leur âme. On découvrira également la vraie cuisine de cœur au travers d’enseignes pourtant moins prestigieuses mais qui valent le coup de fourchette. Lorsqu’arrive la fin, on regrette déjà de laisser Emma. On aimerait bien savoir si elle a pu maintenir sa relation avec son copain qu’elle voyait de moins en moins souvent. On sait bien qu’elle ne se faisait guère d’illusion en acceptant ce job pas comme les autres. Derrière le rêve, il y a également toutes les contraintes… Note maximale car j'ai vraiment aimé.

10/07/2018 (modifier)
Couverture de la série L'Homme au chapeau mou
L'Homme au chapeau mou

C’est par sa collaboration avec Bourgeon sur la superbe série Le Cycle de Cyann que j’avais découvert le nom de Lacroix (sans trop savoir à l'époque reconnaître sa part dans ce travail collectif). Je m’étais donc ensuite plongé dans l’œuvre du bonhomme, et c’est par cette série que je découvre son travail. Eh bien, force m’est de reconnaître que c’est vraiment chouette et original ! Certes, c'est très marqué par une époque (fin des années 1970 dans Pilote), mais il y a là un univers assez personnel. Le personnage principal – coiffé d’un chapeau donc – n’est pas des plus agréables, c'est le moins que l'on puisse dire. Il ronchonne, râle, proteste, critique, avec un cynisme, une mauvaise foi et un sale caractère assumés. Les petites phrases qui accompagnent le titre de ces histoires courtes – jouant sur la notion du « pire » - ajoutent du négatif à l’ambiance déjà plombée par le triste bonhomme. Ce type a quelques accointances avec le Julius de MAM. Les histoires sont assez courtes donc, et développent une ambiance souvent loufoque, parfois totalement absurde, avec un peu d’humour noir. C’est assez inclassable, mais j’ai bien aimé ces petits délires, qui partent d’observations du quotidien (plus ou moins distordu ensuite, avec quelques touches surréalistes). Quant au dessin de Lacroix, il est simple et efficace, s’affranchit généralement des décors. Une série clairement recommandable.

10/07/2018 (modifier)
Couverture de la série Paul a un empêchement
Paul a un empêchement

C’est le deuxième opus réalisé par Dutreix pour l’éditeur galeriste nancéen La Parenthèse, dans sa série de petits albums parodiques. C’est peut-être le plus réussi des cinq albums déjà parus. C’est peut-être aussi celui dans lequel Dutreix réussit le mieux à s’affranchir de la contrainte du petit nombre de cases pour développer un semblant d’histoire. Le principe de l’histoire est assez simple. Michel Rabagliati est désespéré, son « Paul » n’est pas disponible pour de nouvelles aventures. Et l’agence contactée pour lui trouver un remplaçant lui envoie un « Paul » quelque peu différent de l’original, puisque c’est un gros costaud, adepte du coup de poing et du dézingage (à coup de tronçonneuse, de fusil mitrailleur, etc). Bref, là où le « Paul » original naviguait pépère, c’est une sorte de Rambo/Schwarzenegger survitaminé, plus héros de blockbuster que de roman graphique intimiste et donnant peu dans la psychologie qui le remplace, ceci donnant lieu à quelques scènes plutôt marrantes, les autres protagonistes ayant du mal à se mettre au diapason de ce nouveau « Paul ». Un petit album pas forcément facile à trouver (le tirage de 500 exemplaires est depuis longtemps épuisé), mais qui vaut le détour. Note réelle 3,5/5.

10/07/2018 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Grand Est
Grand Est

Adapté librement de son propre livre "Vue imprenable sur la folie du monde" qu'il scénarise sur des dessins de Franck Biancarelli, Grand Est porte un regard avisé sur une région française bien souvent écartée des projecteurs : la Lorraine et par extension le Grand Est comme il est de coutume de l'appeler depuis quelques années. Nul n'est besoin de connaître le remarquable travail d'investigations de Denis Robert pour en savourer les contours, cette région pourrait tout aussi bien être une autre et servir de porte étendard aux maux économiques actuels de notre société. Oui mais voilà, cette région c'est la mienne. Celle dans laquelle je vis depuis presque 50 ans et dans laquelle je finirais également probablement mes jours. Celle de mon quotidien, de mes espoirs et une région qui porte peu d'attractivité pour qui n'y serait pas né. Car la Lorraine ce n'est pas que de la grisaille mais surtout une formidable terre d'accueil et d'espoirs pour tous les horizons qui s'est rapidement ternie au cours des années 70 avec la fermeture de grands sites sidérurgiques. Denis Robert ne porte pas d'orientation politique à ses souvenirs qu'il nous fait vivre sous la forme d'un Road Movie avec son plus jeune fils. L'occasion idéale pour emmener le lecteur d'Alsace en Moselle sans oublier les Vosges pour croiser des gens simples mais riches de souvenirs. Le gosse constitue la part d'innocence, lui ne se préoccupe que de savoir si tel héros Marvel est plus fort que tel héros Marvel. Il représente le présent et le futur de la région dans toute l'insouciance innocente d'un gamin d'une dizaine d'années peut avoir. Denis Robert se joue de métaphores sur des lieux touristiques ou des faits divers et sociaux en rappelant à quel point le monde actuel est malade. Le tout pourrait paraitre rébarbatif à la longue mais la mise en scène de Biancarelli est juste et agréable à l'oeil, reproduisant l'environnement si caractéristique de cette région et par une colorisation bichromique toujours alerte. Ce livre est immense, le récit est beau et passionnant. Revisiter tout un pan de ma vie en ces quelques pages est un exercice difficile et aurait pu rapidement basculer dans la facilité et le redondant. Il n'en est rien. Ceci est un simple constat de la vie qui passe dans une région qui a beaucoup morflé et cherche toujours à se relever. Indispensable à mes yeux en espérant que Grand Est le soit également pour vous, lecteurs de tous horizons.

09/07/2018 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Docteur Radar
Docteur Radar

Par une amusante combinaison des récits de E.P. Jacobs et des romans de Gaston Leroux, Docteur Radar est un immense hommage aux vieilles séries radiophoniques dont Simsolo s'est fortement inspiré pour donner vie à cette course poursuite sans fin entre le machiavélique Docteur Radar et une équipe de dilettantes aventuriers. Le principal intérêt tient en deux mots : le rythme soutenu de ces aventures essentiellement nocturnes d'une part et le dessin de Frédéric Bézian d'autre part. Qu'il s'agisse du choix de couleurs restreint mais de toute beauté ou des cadrages ambitieux, le lecteur peine à s'attarder sur le charme rétro des dessins ou l'envie de poursuivre et de tourner à vive allure les pages afin d'en connaître le prochain rebondissement. Il s'agit donc d'une grande réussite à 4 mains pour un titre qui ne révolutionnera pas le monde de la Bande Dessinée mais dont il serait difficile de s'en passer tant le plaisir est instantané pour les yeux comme le dépaysement.

09/07/2018 (modifier)
Couverture de la série La Frontière
La Frontière

Foerster a produit beaucoup d’albums mêlant Fantastique et humour chez Fluide Glacial, et a déjà participé (aux dessins seulement) à un western, avec Chiens de prairie. Avec cet album, on est clairement à la frontière de tous ces univers, et Foerster réussit plutôt bien son coup. Le décor – que ce soit pour les grands espaces, le vent balayant les buissons, ou pour les décors plus « proches « (saloon, rue flanquée de deux rangées de baraques au milieu de rien du tout) – use de pas mal du clichés du genre western. Mais Foerster va pervertir quelque peu le schéma classique. D’abord en introduisant une héroïne plus qu’atypique ! Une gamine d’une douzaine d’années, courageuse et fière, se prétendant fille de Billy le Kid, qui descend sans frémir ceux qui se mettent sur sa route. Ensuite en introduisant son fantastique habituel – dont il n’abuse pas trop (heureusement je pense, pour ne pas rompre l’équilibre, car l’histoire de base autour de la fille du Kid pouvait suffire à construire une histoire intéressante). Foerster arrive à retomber sur ses pattes, et la chute est amusante. Pour le reste, comme souvent chez Foerster, les personnages sont élancés, le réalisme n’est pas toujours au rendez-vous. En tout cas j’aime bien son dessin, et la colorisation de l’album, assez tranchée. C’est d’ailleurs l’album dans son ensemble que j’ai apprécié. Foerster est un auteur qui de toute façon m’a rarement déçu. Note réelle 3,5/5.

09/07/2018 (modifier)
Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Il faut flinguer Ramirez
Il faut flinguer Ramirez

Cela fait un moment que je n'avais pas été autant emballé par une BD, voilà une lecture qui fait vraiment plaisir ! C'est simple, il y a tout dans cette BD. Un dessin en tout point excellent, des cadrages dynamiques au possible, un scénario aux petits oignons, des touches d'humour, de l'action juste ce qu'il faut, un personnage principal énigmatique qui est une merveille d'originalité à lui tout seul. Imaginez donc, le meilleur réparateur d'aspirateur de sa firme, installé dans cette ville paumée d'Arizona. Employé modèle, prêt à tout pour satisfaire les exigences de son boss, jamais un mot plus haut que l'autre... Bon normal notre bonhomme est muet :-) Sauf que ce portrait est une façade derrière laquelle se cache un ancien homme de main de la mafia mexicaine qui n'a pas trouvé mieux comme couverture. Autant dire qu'il est hautement recherché par ses anciens collègues. Et quand 2 d'entre eux vont croiser sa route, cela va faire quelques étincelles. Clairement j'avais l'impression de lire du très bon Tarantino. Un polar à tendance loufoque, des enchainements de scènes aux rebondissements aussi improbable que bien vu. Quelques personnages secondaires truculents pour venir compléter le décor. Une juste dose d'action, des dialogues excellentissimes qui amènent par moment une touche d'humour décalé. Un découpage efficace de l'histoire, quelques excellentes fausses pubs viennent se glisser aussi ça et là dans l'album... Bref, j'ai beau cherché je ne vois pas un défaut à cet album. Bravo monsieur Pétrimaux pour cet univers génial, j'applaudis des deux mains et j'attend la suite avec impatience.

08/07/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série La Malédiction de l'Immortel
La Malédiction de l'Immortel

La malédiction de l'Immortel est une bd qu'il faut franchement lire mais elle n'est pas non plus sans aucun défaut. Le scénario est assez redoutable dans son déroulement. On est en effet plongé au coeur de l'Allemagne hitlérienne et de ses mythes fantasmagoriques dans une approche qui s'adapte à la réalité historique. C'est une bd parfois très cruelle mais qui réserve quelques bonnes surprises également. C'est une oeuvre qui pourra certes passer inaperçue car assez loin des sentiers commerciaux. Cependant, cette lecture peut montrer une certaine originalité par des auteurs italiens. La fin sera assez poignante mais d'une certaine logique implacable. On ne s'ennuiera pas. L'immortalité n'est pas toujours une bénédiction.

08/07/2018 (modifier)