Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un scénario aussi bien peaufiné pour décrire la manière dont on peut nous manipuler : un vrai bonheur !
Ce que je trouve vraiment subtil, c'est que l'histoire entremêle énormément de thèmes politiques et polémiques (religion, pédophilie, sectarisme, pauvreté, politicards...) et des thèmes traditionnels qui font une bonne BD (amour, fraternité, couple, crime...).
En plus l'auteur a le talent pour les développer de manière originale.
Le story-board est construit avec des allers-retours dans la trame chronologique ce qui rend l'histoire complexe et captivante mais cet entremêlement est progressif ce qui permet au lecteur de rentrer facilement dans l'histoire.
De nombreux personnages sont développés et de manière touchante. J'aurais aimé moins de manichéisme dans le traitement de certains personnages secondaires.
Le gros hic c'est la couleur : je la trouve très laide et mal assortie à l'ambiance générale.
Du coup j'ai du mal à apprécier la qualité du dessin pur. Je pense qu'en crayonné le dessin vaudrait le coup.
J'attends avec impatience de lire le troisième tome pour savoir si je note culte ou pas. Vu l'excellence de la fin dans Le Pouvoir des innocents, je suis très optimiste...
Rien à ajouter à propos de 'L'Art Invisible'. Tout à déjà été dit. C'est un excellent ouvrage sur la bande dessinée que chaque bédéphile doit lire au moins une fois dans sa vie.
En ce qui concerne 'Faire de la bande dessinée', c'est un très bon album, mais il s'adresse qu'à ceux qui veulent faire de la bande dessinée. Les autres risquent de s'ennuyer en lisant tous les trucs techniques de Scott McCLoud. On apprend pleins de choses du genre comment ne pas mettre trop de détails dans une case ou comment garder l'attention du lecteur pendant sa lecture.
J'espère que Delcourt va rééditer un jour 'Réinventer la bande dessinée'. J'aimerais bien le lire.
Après lecture des 2 tomes, j'avoue ressentir une étrange sensation (de manque peut-être), ce récit n'est pas banal et après avoir fermée la dernière page, le puzzle construit au fil de ces minis histoires me revient en tête et tout s'imbrique parfaitement.
C'est tout sauf une B.D vite lue vite oubliée, au contraire la vie de cette galerie de personnages qui errent dans leur banlieue (allemande mais ça pourrait être dans n'importe quel pays occidental finalement) me reste longuement en tête.
Ce qui est sûr, c'est que cette histoire ne laisse personne indifférent et amène des réactions assez tranchées, soit on adore, soit on déteste, signe que ce récit n'est pas insipide en tout cas.
Il y a un côté très noir, voir dérangeant, beaucoup de cynisme et même de la folie chez certains personnages. Mais de toute cette noirceur, ressort un humour incroyable et finalement une part d'humanité malgré tous les défauts de nos héros du quotidien.
Cette histoire permet également de réaliser un fantasme, en effet qui n'a jamais rêvé d'être une petite souris, pour s'immiscer dans les moments les plus privés de la vie des gens. Non seulement nous sommes cette petite souris, mais en plus nous avons accès à leurs pensées les plus intimes...
Enfin, pour parler rapidement du dessin, quand j'ai feuilleté l'album la première fois ça ne m'a pas franchement emballé, mais après lecture je ne peux pas imaginer un autre type de dessin, tellement celui ci colle parfaitement à l'histoire.
En conclusion, une oeuvre superbe, dérangeante, qui nous questionne et que l'on n'oublie pas. Je sais déjà que je la relirais avec plaisir et je suis sûr que je la redécouvrirais sous un jour nouveau encore, tant elle est dense et sujette à réflexion.
Je n'ai jamais été fan de Lewis Trondheim. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais j'ai toujours eu du mal avec son dessin. Mais j'aime beaucoup la personne, notamment suite à un long entretien diffusé sur Arte il y a... pffiou... longtemps... concernant l'adaptation de sa Mouche au Japon.
A chaque sortie d'un nouveau Trondheim, j'ai donc toujours envie d'aimer sa nouvelle création... mais j'ai presque toujours du mal. Je dois être maso, et j'aime ça ^_^
Sauf qu'un jour, je suis tombé sur son blog et que j'ai de suite accroché à ces tranches de vie, souvent anecdotiques, mais toujours très sympathiques.
Je me rue donc à chaque fois sur les volumes des Petits Riens , que je (re)lis avec grand plaisir. Et c'est avec le sourire aux lèvres que je repose à chaque fois chaque tome. Un bonheur simple de BDphile.
Note : un 4,5, qui se transforme en 4/5 + coup de cœur.
Petit message à l'auteur : Lewis, si tu me lis, j'ai vraiment du mal à aimer la plupart de ce que tu dessines (je me permets de te tutoyer) et pourtant je suis un fan. C'est une sensation très curieuse que tu es le seul à me procurer. Félicitations !
Pietrolino n'est ni un récit historique ni même une biographie, c'est simplement un hommage au mime Marceau qui l'a inspiré, et à la passion qu'il vouait de son art. C'est un joli conte, une belle histoire qu'on nous murmure doucement au creux de l'oreille…. Jodorowsky nous offre ici une œuvre très troublante.
Tout doucement au fil des pages, on ne voit plus que Pietrolino, sa passion, sa colère et sa souffrance. On rentre petit à petit dans un monde de silence, monde pourtant inondé de bruits, celui des armes, des applaudissements, de la foule et des rires, mais curieusement ce silence persiste… Les couleurs explosives se battent constamment en duel, entre violence et gaieté, dans la même planche ces deux sentiments sont intimement liés. Une indicible tristesse doucement nous assaille, on voudrait la chasser mais on est comme envoûté, on la subit pour finalement s'en délecter.
Les décors sont assez dépouillés et certaines proportions parfois approximatives, comme si cela était secondaire, comme pour mieux mettre en valeur les acteurs de ce conte. Une certaine magie passe au travers de tout ce petit monde et surtout de Pietrolino, auquel Boiscommun, son talent et ses pinceaux ont insufflé la vie.
Pietrolino est doux, violent, caressant, envoûtant, triste… Pietrolino c'est l'âme du mime Marceau.
PS : je retire une étoile à cette bd et l'option d'achat, car emportée par l'enthousiasmant dessin et l'attachant personnage, j'ai mis de côté le fait que Pietrolino tombe amoureux de la gamine qu'il a élevé... c'est assez gênant, voire même très dérangeant.
C'est curieux qu'il n'y ait qu'aussi peu d'avis sur cette BD. Peut-être le format et le prix ont-ils rebuté plus d'un lecteur potentiel. Pourtant il s'agit d'un oeuvre de toute première force, la meilleure peut-être de Chabouté à ce jour.
J'ai lu Le Phare juste avant, et je ne peux m'empêcher de trouver des points de comparaison. Bien sûr, le cadre est le même. Du coup, c'est aussi un huis-clos, et le sujet de la solitude est au centre de l'histoire. L'imagination aussi, puisque lorsqu'on est tout seul, il faut trouver des voies pour s'occuper l'esprit. Le héros de "Tout seul" le fait par le biais d'un dictionnaire, qui permet à son esprit de vagabonder, souvent de façon farfelue, mais retranscrite de façon absolument charmante par Chabouté.
L'imagination, c'est aussi la rêverie, la contemplation. Chabouté a choisi de nous montrer ce temps qui passe, ce lent écoulement par le biais d'un découpage très lent, par des vignettes qui ne bougent pratiquement pas, par des rapprochements de la caméra, par la filature du vol d'une mouette. Un parti-pris peut-être classique et éculé, mais toujours aussi efficace.
"Tout seul" ne compte que 3 personnages, dont un, mais Chabouté les décrit de façon très précise, surtout pour les deux marins-pêcheurs, cernés en quelques phrases et 2-3 regards.
Une lecture absolument indispensable, où l'un des auteurs les plus singuliers de la bande dessinée francophone est probablement au sommet de son art. "Tout seul" est un must.
Sympa cet album.
Il s'agit d'une sorte d'histoire d'initiation dans l'Espagne des années 1930, en proie à la guerre civile. L'histoire est très agréable, j'ai bien aimé par exemple les passages entre les deux personnages, on sent une réelle empathie entre eux. Ceux-ci sont d'ailleurs très soignés, on aimerait que le temps s'arrête dans ce phare, que les révolutionnaires franquistes ne retrouvent jamais le jeune conscrit...
Le dessin de Paco Roca est très clair, une sorte de ligne claire moderne qui rend le récit à la fois lisible et chaleureux.
Un très bon moment de lecture.
Bonne petite série que voilà !
Certes, c'est une réédition de "Lolita HR", dont la maquette était vraiment mal pensée, et donc pas une vraie nouveauté, mais cette *renaissance* permettra, je l'espère, à cette série de qualité de rencontrer son public.
Delphine Rieu a concocté une trame très riche, entremêlant une histoire de rock star synthétique à un récit de résistance anticipative. Cela permet une grande diversité d'histoires, et la scénariste a opté pour une intrigue à la fois nerveuse, très serrée au niveau des personnages, et complexe au niveau du background. Le format choisi lui permet de bien déployer son univers, ce qui nous permet à nous, simples lecteurs, de comprendre à peu près tout ce qu'il se passe. Son histoire est servie par le graphisme de Javier Rodriguez, très clair, plus proche du comics que du manga, et n'entrave pas du tout la lecture. A peine ai-je un peu de mal à discerner Lolita et son opératrice, mais ce n'est vraiment pas grand chose.
Une série à suivre.
Après la lecture des 5 tomes.
Visiblement cette série ne laisse pas indifférent.
J'ai vraiment adoré, j'ai même hésité à mettre un 5/5.
Tout m'a plu, surtout le dessin qui est exceptionnel.
Le scénario est plaisant, il m'a paru cohérent et la fin me convient.
Que demander de plus ?
Tous les ingrédients sont réunis pour que cette série prenne une bonne place dans la bibliothèque des bédéphiles.
A découvrir, il me semble que cette série soit méconnue à l'égard des ses qualités.
Je n’y vais peut-être pas avec le dos de la cuillère en mettant à cette série une note culte et un coup de cœur, mais je ne pense pas que cela soit volé, que du contraire !
Après avoir découvert les deux premiers volumes, et en attendant avec impatience le tome 0 prévu pour ce 4 décembre, je pense avoir atteint le plus fun moment de lecture qui m’ait été donné.
L’histoire est explosive et, même si sa mise en place est plus lente et minutieuse, le lecteur se retrouve très vite enchaîné à une succession d’événements, plus loufoques et singuliers les uns que les autres…
Les personnages (les héros et la quantité d’intervenants secondaires) sont bien présentés, tout comme la ville dans laquelle évolue nos héros : Dark Meat City (DMC, avec l’auteur qui s’appelle Run, n’y aurait-il pas une légère allusion à Run DMC ?).
L’action (je parle de celle que l’on rencontre rarement, celle qui vous fait dévorer des pages sans vous en rendre compte) arrive assez vite et est magnifiquement mis en scène. Quel régale que cette descente de police dans l’appartement des héros ! Ou cette bonne baston "façon manga" entre la triade chinoise et japonaise ! Franchement, les scènes d’action sont d’une puissance époustouflante.
Que dire des couleurs et de l’approche graphique de l’ensemble ? Tout y est : une singularité visuellement "bluffante", des détails en veux-tu en voilà, et des changements de mise en page ; autant de choses qui attisent continuellement la curiosité et le plaisir du lecteur.
Les bonus en fin d’albums ne manquent pas ; ils donnent quelques explications ou anecdotes supplémentaires, assez appréciables. Quelques planches graphiques sont également réalisées.
En conclusion, ce petit bijou fait incontestablement partie des œuvres marquantes de la BD. Il est empreint d’une originalité qui relève du génie. Les sources d’inspiration sont multiples et, outre le fait de passer un excellent moment de lecture, vous découvrirez une nouvelle forme de BD explosive et fun !
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Le Sourire du clown
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un scénario aussi bien peaufiné pour décrire la manière dont on peut nous manipuler : un vrai bonheur ! Ce que je trouve vraiment subtil, c'est que l'histoire entremêle énormément de thèmes politiques et polémiques (religion, pédophilie, sectarisme, pauvreté, politicards...) et des thèmes traditionnels qui font une bonne BD (amour, fraternité, couple, crime...). En plus l'auteur a le talent pour les développer de manière originale. Le story-board est construit avec des allers-retours dans la trame chronologique ce qui rend l'histoire complexe et captivante mais cet entremêlement est progressif ce qui permet au lecteur de rentrer facilement dans l'histoire. De nombreux personnages sont développés et de manière touchante. J'aurais aimé moins de manichéisme dans le traitement de certains personnages secondaires. Le gros hic c'est la couleur : je la trouve très laide et mal assortie à l'ambiance générale. Du coup j'ai du mal à apprécier la qualité du dessin pur. Je pense qu'en crayonné le dessin vaudrait le coup. J'attends avec impatience de lire le troisième tome pour savoir si je note culte ou pas. Vu l'excellence de la fin dans Le Pouvoir des innocents, je suis très optimiste...
L'Art Invisible
Rien à ajouter à propos de 'L'Art Invisible'. Tout à déjà été dit. C'est un excellent ouvrage sur la bande dessinée que chaque bédéphile doit lire au moins une fois dans sa vie. En ce qui concerne 'Faire de la bande dessinée', c'est un très bon album, mais il s'adresse qu'à ceux qui veulent faire de la bande dessinée. Les autres risquent de s'ennuyer en lisant tous les trucs techniques de Scott McCLoud. On apprend pleins de choses du genre comment ne pas mettre trop de détails dans une case ou comment garder l'attention du lecteur pendant sa lecture. J'espère que Delcourt va rééditer un jour 'Réinventer la bande dessinée'. J'aimerais bien le lire.
Le Roi des Mouches
Après lecture des 2 tomes, j'avoue ressentir une étrange sensation (de manque peut-être), ce récit n'est pas banal et après avoir fermée la dernière page, le puzzle construit au fil de ces minis histoires me revient en tête et tout s'imbrique parfaitement. C'est tout sauf une B.D vite lue vite oubliée, au contraire la vie de cette galerie de personnages qui errent dans leur banlieue (allemande mais ça pourrait être dans n'importe quel pays occidental finalement) me reste longuement en tête. Ce qui est sûr, c'est que cette histoire ne laisse personne indifférent et amène des réactions assez tranchées, soit on adore, soit on déteste, signe que ce récit n'est pas insipide en tout cas. Il y a un côté très noir, voir dérangeant, beaucoup de cynisme et même de la folie chez certains personnages. Mais de toute cette noirceur, ressort un humour incroyable et finalement une part d'humanité malgré tous les défauts de nos héros du quotidien. Cette histoire permet également de réaliser un fantasme, en effet qui n'a jamais rêvé d'être une petite souris, pour s'immiscer dans les moments les plus privés de la vie des gens. Non seulement nous sommes cette petite souris, mais en plus nous avons accès à leurs pensées les plus intimes... Enfin, pour parler rapidement du dessin, quand j'ai feuilleté l'album la première fois ça ne m'a pas franchement emballé, mais après lecture je ne peux pas imaginer un autre type de dessin, tellement celui ci colle parfaitement à l'histoire. En conclusion, une oeuvre superbe, dérangeante, qui nous questionne et que l'on n'oublie pas. Je sais déjà que je la relirais avec plaisir et je suis sûr que je la redécouvrirais sous un jour nouveau encore, tant elle est dense et sujette à réflexion.
Les Petits Riens
Je n'ai jamais été fan de Lewis Trondheim. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais j'ai toujours eu du mal avec son dessin. Mais j'aime beaucoup la personne, notamment suite à un long entretien diffusé sur Arte il y a... pffiou... longtemps... concernant l'adaptation de sa Mouche au Japon. A chaque sortie d'un nouveau Trondheim, j'ai donc toujours envie d'aimer sa nouvelle création... mais j'ai presque toujours du mal. Je dois être maso, et j'aime ça ^_^ Sauf qu'un jour, je suis tombé sur son blog et que j'ai de suite accroché à ces tranches de vie, souvent anecdotiques, mais toujours très sympathiques. Je me rue donc à chaque fois sur les volumes des Petits Riens , que je (re)lis avec grand plaisir. Et c'est avec le sourire aux lèvres que je repose à chaque fois chaque tome. Un bonheur simple de BDphile. Note : un 4,5, qui se transforme en 4/5 + coup de cœur. Petit message à l'auteur : Lewis, si tu me lis, j'ai vraiment du mal à aimer la plupart de ce que tu dessines (je me permets de te tutoyer) et pourtant je suis un fan. C'est une sensation très curieuse que tu es le seul à me procurer. Félicitations !
Pietrolino
Pietrolino n'est ni un récit historique ni même une biographie, c'est simplement un hommage au mime Marceau qui l'a inspiré, et à la passion qu'il vouait de son art. C'est un joli conte, une belle histoire qu'on nous murmure doucement au creux de l'oreille…. Jodorowsky nous offre ici une œuvre très troublante. Tout doucement au fil des pages, on ne voit plus que Pietrolino, sa passion, sa colère et sa souffrance. On rentre petit à petit dans un monde de silence, monde pourtant inondé de bruits, celui des armes, des applaudissements, de la foule et des rires, mais curieusement ce silence persiste… Les couleurs explosives se battent constamment en duel, entre violence et gaieté, dans la même planche ces deux sentiments sont intimement liés. Une indicible tristesse doucement nous assaille, on voudrait la chasser mais on est comme envoûté, on la subit pour finalement s'en délecter. Les décors sont assez dépouillés et certaines proportions parfois approximatives, comme si cela était secondaire, comme pour mieux mettre en valeur les acteurs de ce conte. Une certaine magie passe au travers de tout ce petit monde et surtout de Pietrolino, auquel Boiscommun, son talent et ses pinceaux ont insufflé la vie. Pietrolino est doux, violent, caressant, envoûtant, triste… Pietrolino c'est l'âme du mime Marceau. PS : je retire une étoile à cette bd et l'option d'achat, car emportée par l'enthousiasmant dessin et l'attachant personnage, j'ai mis de côté le fait que Pietrolino tombe amoureux de la gamine qu'il a élevé... c'est assez gênant, voire même très dérangeant.
Tout seul
C'est curieux qu'il n'y ait qu'aussi peu d'avis sur cette BD. Peut-être le format et le prix ont-ils rebuté plus d'un lecteur potentiel. Pourtant il s'agit d'un oeuvre de toute première force, la meilleure peut-être de Chabouté à ce jour. J'ai lu Le Phare juste avant, et je ne peux m'empêcher de trouver des points de comparaison. Bien sûr, le cadre est le même. Du coup, c'est aussi un huis-clos, et le sujet de la solitude est au centre de l'histoire. L'imagination aussi, puisque lorsqu'on est tout seul, il faut trouver des voies pour s'occuper l'esprit. Le héros de "Tout seul" le fait par le biais d'un dictionnaire, qui permet à son esprit de vagabonder, souvent de façon farfelue, mais retranscrite de façon absolument charmante par Chabouté. L'imagination, c'est aussi la rêverie, la contemplation. Chabouté a choisi de nous montrer ce temps qui passe, ce lent écoulement par le biais d'un découpage très lent, par des vignettes qui ne bougent pratiquement pas, par des rapprochements de la caméra, par la filature du vol d'une mouette. Un parti-pris peut-être classique et éculé, mais toujours aussi efficace. "Tout seul" ne compte que 3 personnages, dont un, mais Chabouté les décrit de façon très précise, surtout pour les deux marins-pêcheurs, cernés en quelques phrases et 2-3 regards. Une lecture absolument indispensable, où l'un des auteurs les plus singuliers de la bande dessinée francophone est probablement au sommet de son art. "Tout seul" est un must.
Le Phare
Sympa cet album. Il s'agit d'une sorte d'histoire d'initiation dans l'Espagne des années 1930, en proie à la guerre civile. L'histoire est très agréable, j'ai bien aimé par exemple les passages entre les deux personnages, on sent une réelle empathie entre eux. Ceux-ci sont d'ailleurs très soignés, on aimerait que le temps s'arrête dans ce phare, que les révolutionnaires franquistes ne retrouvent jamais le jeune conscrit... Le dessin de Paco Roca est très clair, une sorte de ligne claire moderne qui rend le récit à la fois lisible et chaleureux. Un très bon moment de lecture.
Lolita HR (A.Doll.A)
Bonne petite série que voilà ! Certes, c'est une réédition de "Lolita HR", dont la maquette était vraiment mal pensée, et donc pas une vraie nouveauté, mais cette *renaissance* permettra, je l'espère, à cette série de qualité de rencontrer son public. Delphine Rieu a concocté une trame très riche, entremêlant une histoire de rock star synthétique à un récit de résistance anticipative. Cela permet une grande diversité d'histoires, et la scénariste a opté pour une intrigue à la fois nerveuse, très serrée au niveau des personnages, et complexe au niveau du background. Le format choisi lui permet de bien déployer son univers, ce qui nous permet à nous, simples lecteurs, de comprendre à peu près tout ce qu'il se passe. Son histoire est servie par le graphisme de Javier Rodriguez, très clair, plus proche du comics que du manga, et n'entrave pas du tout la lecture. A peine ai-je un peu de mal à discerner Lolita et son opératrice, mais ce n'est vraiment pas grand chose. Une série à suivre.
L'héritage d'Emilie
Après la lecture des 5 tomes. Visiblement cette série ne laisse pas indifférent. J'ai vraiment adoré, j'ai même hésité à mettre un 5/5. Tout m'a plu, surtout le dessin qui est exceptionnel. Le scénario est plaisant, il m'a paru cohérent et la fin me convient. Que demander de plus ? Tous les ingrédients sont réunis pour que cette série prenne une bonne place dans la bibliothèque des bédéphiles. A découvrir, il me semble que cette série soit méconnue à l'égard des ses qualités.
Mutafukaz
Je n’y vais peut-être pas avec le dos de la cuillère en mettant à cette série une note culte et un coup de cœur, mais je ne pense pas que cela soit volé, que du contraire ! Après avoir découvert les deux premiers volumes, et en attendant avec impatience le tome 0 prévu pour ce 4 décembre, je pense avoir atteint le plus fun moment de lecture qui m’ait été donné. L’histoire est explosive et, même si sa mise en place est plus lente et minutieuse, le lecteur se retrouve très vite enchaîné à une succession d’événements, plus loufoques et singuliers les uns que les autres… Les personnages (les héros et la quantité d’intervenants secondaires) sont bien présentés, tout comme la ville dans laquelle évolue nos héros : Dark Meat City (DMC, avec l’auteur qui s’appelle Run, n’y aurait-il pas une légère allusion à Run DMC ?). L’action (je parle de celle que l’on rencontre rarement, celle qui vous fait dévorer des pages sans vous en rendre compte) arrive assez vite et est magnifiquement mis en scène. Quel régale que cette descente de police dans l’appartement des héros ! Ou cette bonne baston "façon manga" entre la triade chinoise et japonaise ! Franchement, les scènes d’action sont d’une puissance époustouflante. Que dire des couleurs et de l’approche graphique de l’ensemble ? Tout y est : une singularité visuellement "bluffante", des détails en veux-tu en voilà, et des changements de mise en page ; autant de choses qui attisent continuellement la curiosité et le plaisir du lecteur. Les bonus en fin d’albums ne manquent pas ; ils donnent quelques explications ou anecdotes supplémentaires, assez appréciables. Quelques planches graphiques sont également réalisées. En conclusion, ce petit bijou fait incontestablement partie des œuvres marquantes de la BD. Il est empreint d’une originalité qui relève du génie. Les sources d’inspiration sont multiples et, outre le fait de passer un excellent moment de lecture, vous découvrirez une nouvelle forme de BD explosive et fun !