Après Jacques le petit lézard géant, voici "Tralaland" : un monde parallèle au nôtre où les méchants ne sont pas vraiment méchants et les gentils sont fous.
L’ambiance et l’humour sont proches de ceux rencontrés dans "Jacques", si ce n’est que cet album est davantage destiné à un public jeune. J’apprécie toujours autant le trait et l’humour de Libon. Au niveau des personnages, des similitudes sont à noter entre cette bd et "Jacques". Ainsi, le caractère du petit Benoît ressemble à celui du commandant en chef (toujours un peu catastrophé) et le loup Bisou à Jacques (avec son air candide, limite benêt). L’histoire est scindée en petits chapitres plus ou moins indépendants avec un fil conducteur qui consiste à essayer de ramener Benoît chez lui. Car Tralaland est un monde vraiment bizarre et y rester aurait de quoi rendre zinzin.
J’ai bien accroché au ton de l’album, à la fois frais et léger, mâtiné d’un humour bon enfant. Il y a de belles trouvailles. Toutefois, cette bd est davantage un prétexte à des situations cocasses qu’à un récit plus construit et le final pourrait vous décevoir. Toutefois, pour un enfant qui ne portera forcément pas le même regard sur la bd, celle-ci lui conviendra parfaitement...
Avis sur le premier cycle de 4 BDs.
Cette série, allez savoir pourquoi reste pour moi l'une de celle qui continue à hanter mes mémoires de lecteurs de BDs. Surement le thème abordé, cher à mes yeux me rappelle quels bons moments passés entre amis autour d'une table.
Le thème des lycanthropes est aujourd'hui un grand classique et renouveler le genre n'est pas aisé.
Le premier tome de la série d'ailleurs n'est pas convaincant.
Le mythe est bien repris, il n'y a pas défaut mais cela reste sans surprise tout en étant agréable à lire.
Le sujet pourtant bien traité, se laisse lire et le premier tome s'il n'est pas décevant, ne nous bouleverse pas non plus.
Surement sommes nous malgré tout happé par cette introduction par le fait que Gaudin joue sur la corde sensible et ajoute une bonne dose d'émotion avec de vilains carnages qui ne font pas de pitié et laissent quelques enfants esseulés et apeurés.
Le tome 2 est en nette progression.
L'histoire quant à elle, réussit à décoller et à sortir d'une banale histoire de vengeance loups-Garouesque.
L'origine des Garous est sympa, le méchant est méchant, et d'autres méchants sont gentils. Pendant ce temps, un gentil est méchant et celui qui n'est ni méchant ni gentil est ni gentil ni méchant. Enfin, l'auteur brouille les pistes et le scénario gagne en complexité sans devenir confus.
Le mythe parvient à être revisité avec quelques bonnes surprises.
Est c'est ainsi que se clôt le premier cycle des aventures dans lesquelles Tanaris le Héro cherche à se venger de celui qui a massacré sa famille.
Dans le tome suivant, maintenant qu'il s'est bien défoulé les nerfs sur le méchant, il comprend que son geste était égoïste et décide d'éliminer tous les garous, tache Ô combien plus noble mais aussi plus difficile.
Nous nous retrouvons dans un huit clos enfermé dans un monastère.
L'ambiance est glauque à souhait, les garous envahissants, l'hémoglobine un peu partout sur les murs...
Rien que pour cette ambiance bien sombre bien tendue, la série mérite ses étoiles. Sinon, le scénario n'est pas foncièrement original sans tomber dans la banalité. Un peu trop linéaire à mon goût. J'avais deviné l'explication bien avant que l'on ne me la donne.
En revanche, les deux dernières planches se recentrent sur l'histoire de Tanaris et nous font râler de cette escapade scénaristique tant les personnages qui reviennent nous laissent présager de grands moments. Là j'avoue qu'entre le tome 1 où l'on en parle et là, les scénaristes ont bien joué le coup !
Le dernier tome achève donc cette série de manière toujours classique mais bien menée. L'histoire de "Garous" sera finalement prenante mais hésite et oscille entre le classique et l'originalité. Ceux qui aiment les histoires de lycanthropes y trouveront leur bonheur avec deux cycles bien menés.
Les autres, plus sceptiques ou plus critiques diront qu'ici c'est du réchauffé, du déjà vu.
Moi en tout cas, j'ai aimé.
En tant qu'amateur de beaux dessins, j'avais été attiré par les couvertures remarquables de Civiello. Je connaissais son travail et ces planches en sont représentatives. Précises, recherchées, un travail d'une qualité quasi surnaturelle.
Quelle déception en ouvrant la BD et en trouvant des dessins aux traits épais et manquant souvent de précision ! Le dessin de D'Fali quoique finalement passant bien est d'abord assez lourd, employant beaucoup de zones d'ombre et de trait gras. La précision n'est pas son fort non plus mais il la compense par une belle constance.
Les couleurs bien maitrisées ne révolutionnent pas le monde de la BD, mais permettent de se plonger facilement dans ce monde l'horreur et du fantastique.
Je n'en conseille pas l'achat, simplement parce que le tome 4 est devenu introuvable...
C'est une BD documentaire ou plutôt un livre entrecoupé de passages dessinés. Il est indéniable que Ted Rall sait conter ses péripéties à travers l'Asie centrale. Je dois avouer que même si ce n'est pas un livre de géostratégie, j'ai appris pas mal de choses sur la région. Le récit est truffé d'humour noir et l'auteur n'y va pas avec le dos la cuillère. La qualité du dessin ne vole pas haut mais ce n'est pas grave.
Ce qui me chagrine c'est que ce récit arrive un peu tard car les voyages se passent avant le 11 septembre et on sait que depuis la vision du monde a changé. Dans son livre, Ted Rall ne fait pas que raconter ses voyages mais il parle aussi des régions qu'il n'a pas visitées et nous explique la situation géopolitique de la région. Dans cette optique, un chapitre supplémentaire sur les derniers développements de l'actualité aurait été un plus.
Tome 1
Mais où est-on, où nous mène ce récit ?
Dans une très bonne allégorie fantastique où des enfants malades voyagent dans un autre monde.... Quel est donc cet univers avec son lot de vampires, de loups-garous et autres monstres fantasmagoriques ?
Moi je ne peux m’empêcher d’y voir une représentation de l’inconscient des enfants atteints d’un cancer par exemple ou de toutes autres maladies, de celles qu'on appelle "majeures".
Dans leur sommeil, leur coma, leur opération, ils se battent en eux-même contre leurs chimères qui prennent malheureusement un air de terrible réalité pour vivre, pour survivre.
Avec un lien qui les unit à leur réalité, peut-être perdue à jamais représentée par ce ballon.
L’imagination des enfants est débordante, c’est cela qui me fait penser qu’il s’agit dans ce récit d'un duel où ils affrontent, confrontent leurs pires craintes, jusqu'à se trouver face à la mort... ou à la vie si leur combat se révèle victorieux.
Les plus faibles sont les plus jeunes, les plus résistants sont les plus grands, certains ont peut-être déjà renoncé, c’est en tout cas un chemin semé d’embûches.
Un récit unique à double sens, un univers magistralement représenté graphiquement, ce dessin porte le récit, les enfants et nous-même vers l’inconnu…
Un ouvrage prenant et émouvant, on a du mal à quitter cette histoire si bien construite.
Mais pourquoi n’ai-je pris que le premier tome…
Tome 2
Vingt-quatre heures sont passées depuis mon avis ci dessus…
Intense soulagement… Le 2ème recueil est dans la même veine que le premier…aussi bon… mystérieux… énigmatique… avec une avancée dans le récit, mais pas pour nos protagonistes en herbe… tout reste à faire… impatience quand tu nous tiens !
L’entre deux mondes se confirme, je n’en dirai pas plus pour les futurs lecteurs. Il y a quelques questions supplémentaires qui viennent se greffer, comme s’il n’y en avait pas déjà assez.
Le pire c'est qu’elles peuvent contredire mes premières réflexions, tant pis, je les laisse quand même en suspens…
Une petite nouveauté également, l’humour, bienvenu, fait son apparition, distillé çà et là pour dédramatiser le récit et nous donner une petite bouffée d’air frais avant de replonger dans l’abîme de cette histoire.
Ce qui m’étonne le plus maintenant… comment ce récit peut me paraître juste à la frontière du monde réel !? Pourtant il la dépasse bien largement, cette réalité…
C’est sans doute aussi cela qui rend ce récit si magique.
Par contre je préviens tout le monde : si la fin est en dessous de mes espérances, je brûlerai en offrande cette œuvre pour libérer, moi-même à jamais les âmes des enfants de ce récit.
Je ne demande pas un happy end, juste une fin à la hauteur de ce chef d’œuvre, j’ai dit chef d’œuvre ? Oui oui c’est bien ce que j’ai dit.
Un scénario intriguant, prenant, mystérieux et magistral.
Des dessins sublimes et très bien pensés, en totale harmonie avec le récit et dotés de couleurs parfaites.
Des dessins et un scénario en parfaite adéquation pour un univers unique.
Pour finir les enfants sont parfaits !
(19/20)
Voici donc comme je l'ai dit dans Lolla, la grande sœur de cette superbe production. Ici encore deux histoires, qui elles prennent place dans la réalité, un lien est fait entre elles et bien qu'il ne soit pas explicite, il cadre bien dans la logique des histoires.
Première histoire : Iphigénie. Un homme de la campagne se croit envoûté, il va tout faire pour savoir qui lui veut du mal. On rentre de plain-pied dans le monde des superstitions, à moins que cet homme ne soit totalement fou… à vous de trancher.
Deuxième histoire : Un après-midi au cirque. Un cirque ambulant très particulier se produit en ville, il propose à la gente masculine de nombreuses créatures qui sont là pour leur bon plaisir. On y fait la connaissance de divers personnages et de leurs rêves. Je ne peux pas vraiment parler de ce récit sans faire de révélations qui seraient dommageables, donc je dirais qu'un monde d'apparences parfois justes, parfois trompeuses, nous mène jusqu'à une chute excellente et surprenante.
Graphiquement c'est du même niveau que Lolla, tout aussi travaillé et tout aussi beau. Encore une fois la couverture n'est pas très réussie, et nous ferait penser à une bd érotique, il n'en est rien, et tout comme dans Lolla une grande sensualité s'y est glissée.
Deux histoires tout droit sorties des plus étranges rêves, mais qui gardent une trame logique et nous entraînent dans un suspense haletant que l'on savoure avec lenteur. Marcelé nous montre ici qu'il est tout aussi bon dessinateur que scénariste, bien qu'il y ait eu participation de Gérard Didier pour la première histoire. Je pense pouvoir dire sans me tromper que "Lolla" est une suite logique à son autre production Un après-midi au cirque, cette dernière prend place dans la réalité - scénarisée par Lacome - il lui fallait donc sa petite sœur, qui elle vit dans un monde de rêves. Ne vous fiez pas à la couverture, pas très réussie d'ailleurs, cette bd n'est pas érotique, même si l'on y trouve beaucoup de sensualité.
Premier récit : Photo-marathon. Un jeune artiste recherche une galerie où exposer ses œuvres, il tombe sur une étrange femme qui lui donne cette chance, mais il lui faudra d'abord lui offrir une contrepartie en nature, ce qui ne semble pas lui poser problème. En partant de chez elle il se rend compte qu'il y a laissé son portefeuille, il revient sur ses pas… une expérience étrange l'y attend.
Deuxième récit : Lolla. Encore une fois un jeune homme attend un rendez-vous assis dans un fauteuil, entouré des ces créatures étranges, petites femmes sans bras au corps retournés et marchant comme des bêtes… Surgit soudain un garde qui lui intime l'ordre de partir, les rendez-vous sont finis, il devra revenir le lendemain… la nuit ne sera pas sans périls…
Graphiquement c'est magnifique tout simplement, on peut y ressentir une petite inspiration des univers de Jérôme Bosch dans certains détails du dessin, comme ces femmes sans bras qu'on dirait sorties des enfers. Le premier récit est dans un noir et blanc extrêmement travaillé, ça fourmille de détails, d'ombres et de dégradés. Le deuxième récit lui est colorisé, un peu moins lumineux que son autre production Un après-midi au cirque, car il se déroule la nuit et tout y est assez sombre.
Une bd à regarder sans modération.
Voici un polar assez particulier. Je l'ai acheté à l'aveuglette sur le web et en l'ouvrant j'ai été un peu déçue par le graphisme de Denis Bodart qui m'a semblé pas assez travaillé. Mais c'est juste un trompe l'œil, car si les premières planches gardent cette désagréable impression, on prend vite la mesure du tous les détails, des excellentes proportions et des très bonnes expressions des visages. Les couleurs sont un peu trop pâles, voire délavées, mais à ça aussi on s'y fait vite. Et n'oublions par que cette petite surprise a déjà 24 ans d'âge !
Sonia Sanjeski fait appel à un détective privé, son deuxième amant vient de mourir noyé alors que son premier avait péri dans un accident de voiture, elle est convaincue que se sont des meurtres et non des morts accidentelles. Voici en gros les quatre premières planches de cette superbe intrigue où l'on rentre directement dans le vif du sujet.
En même temps que Richard Dombret mènera son enquête, non seulement on en saura plus sur celui-ci, mais on fera la connaissance de quelques membres de la famille de Sonia et de ses amis. Et c'est ici que réside une partie du talent d'Alain Streng, en un seul tome on a l'impression de connaître tout ce joli monde depuis fort longtemps, comme si c'était le tome 15 d'une série. La narration est aussi excellente, avec beaucoup de répliques surprenantes de justesse et d'humour mêlé. Notre bon détective s'adresse à nous au tout début du récit, ensuite il nous fera part de toutes ses pensées. Sous couvert de légèreté cette histoire nous montre quelques méandres de l'esprit humain pas toujours très éclairés.
Loïc Dauvillier a réalisé de nombreux récits mettant en scène les problèmes de société et le quotidien de personnes, c’est donc sans surprise que j’ai découvert un nouveau roman graphique de sa part « Inès » sauf que, là, il s’attaque à un sujet extrêmement difficile : la violence conjugale.
L’histoire en elle-même n’est pas très difficile à résumer. Le récit débute dans un immeuble où un jeune couple s’inquiète des cris répétés de la fille du voisin « Ouuuiin maman ! », la femme décide alors d’aller voir ce voisin qui lui répond que son enfant est capricieux et que ça passera à la longue, ce qui rassure un peu le jeune couple… mais la réalité est tout autre puisque à l’intérieur de cet appartement, l’homme et la femme sont en train de se déchirer…
Ce récit se déroule uniquement en huis clos, le lecteur est invité à suivre les pensées et les moments difficiles de la femme maltraitée. C’est une histoire difficile et terriblement émouvante que nous propose Loïc Dauvillier. Quand je dis « émouvante », cela ne veut pas dire que cette bd est larmoyante mais tout simplement qu’à coup sûr elle ne vous laissera pas indifférent sur le sort de cette femme et de son enfant ! Moi-même, plusieurs heures après avoir lu cette bd, je suis encore sous le choc !
Ce qui est très fort de la part des auteurs, c’est que leur récit est doté d’une narration très efficace qui m’a scotché tout le long de sa lecture malgré le sujet difficile ! Impossible d’en décrocher !
D’autant plus que le trait de Jérôme D’Aviau m’est apparu parfaitement approprié à ce scénario, je l’ai trouvé plein de sensibilité et très expressif. Le noir et blanc suffit amplement à mettre en images cette histoire et l’auteur évite de surcharger automatiquement ses planches. Bref, j’ai vraiment aimé ce traitement graphique.
C’est toujours la même chose quand je feuillette une bd de ce genre, je me demande à chaque fois si j’ai aimé cet album uniquement parce qu’il traite un sujet sensible. Dans le cas de « Inès », ce problème est rapidement réglé car non seulement cette bd m’a touché et ému, elle possède aussi une narration exemplaire et un dessin parfaitement adapté à ce scénario qui m’ont vite séduit !
Une réussite !
Les derniers Poilus ont à présent disparu. Dans les autres pays d’Europe, je ne suis pas sûr qu’il reste beaucoup de vétérans de la première guerre. Ceux qui ont vécu et combattu pendant la seconde sont tous des personnes âgées à présent. Il y a encore eu un conflit d’ampleur en Europe, c’est celle qui a déchiré l’ex-Yougoslavie. Il y a un peu plus de 15 ans. Une guerre où des voisins se sont déchirés, au nom de la purification ethnique. Des gens parlant la même langue, qui tuent sans vergogne, sans distinction d’âge, de sexe, de religion. Juste parce que certains sont Serbes et d’autres pas. Une guerre terrible, où certains comportements ne sont pas sans rappeler ceux qui étaient de mise cinquante ans plus tôt. Des populations terrifiées, que la communauté internationale a laissées tomber, laissant l’ogre serbe raser des villes entières, tuer des centaines de milliers de personnes…
Ce calvaire, Ervin Rustemagic, éditeur de bandes dessinées bosniaque, l’a vécu de l’intérieur. Bloqué avec sa famille à Sarajevo, il envoie des centaines de fax à ses amis auteurs du monde entier : Joe Kubert aux Etats-Unis, Hermann en Belgique, Hugo Pratt en Suisse… Tous vont se démener pour permettre aux Rustemagic de sortir de la capitale bosniaque, longtemps en vain. La peur, la claustration et les courses au milieu des balles et des obus vont durer plus d’un an.
C’est à partir des fax d’Ervin et de photos prises par un jeune Bosniaque disparu que Joe Kubert va composer « Fax de Sarajevo », qui va raconter l’histoire des Rustemagic. Ancien encreur de Will Eisner (dont on sent l’influence), l’auteur va livrer là son œuvre la plus personnelle, puisqu’elle touche ses amis. Il va transcender certains des poncifs du comic pour livrer un ouvrage universel. Point ici de mâchoires exagérément carrées, d’explosions à outrance ou de dialogues empreints d’humour. C’est la réalité, c’est la vie et la mort qui flirtent dans une ville de 500 000 habitants au centre de l’Europe, c’est un conflit où la barbarie refait son apparition. Bien sûr, l’auteur va prendre quelques libertés avec les dialogues, la mise en scène, changer quelques noms, mais l’essentiel est là, dans sa réalité crue. C’est un récit qui là encore prend aux tripes. Le danger quotidien des snipers et des bombardements, l’angoisse de la coupure d’électricité, le stress quand votre enfant tombe malade et que vous n’avez aucun médicament… Et puis les montagnes russes quand on veut quitter le pays, les promesses non tenues des gouvernements étrangers qui font preuve d’une lâcheté sans nom (à ce titre, Bernard Kouchner n’est pas innocent). Et pour finir, on devient blasé ; on s’habitue au sifflement continu des bombes, les cadavres dans les rues deviennent un élément de décor, la lâcheté des puissants une déception, pas un facteur de découragement. Ervin, héros ordinaire, devient une sorte de figure emblématique, un modèle de survie qui ne veut qu’une chose : sortir sa famille de cet enfer. C’est tout ce qui lui a permis de tenir le coup pendant ces longs mois, même quand il a pu sortir, seul, de Sarajevo.
Ce one shot est donc une bande dessinées découpée en différents chapitres (le début des hostilités, le transfert à l’Holiday Inn, les tentatives pour sortir de la ville… Ceux-ci sont également ponctués par les fax d’Ervin et de ses amis internationaux. En fin d’album se trouve une série de photos montrent la ville avant et pendant le conflit, commentés par Kubert lui-même. L’intérêt de l’ensemble est inestimable, puisqu’il rend compte de l’intérieur et de l’extérieur d’un conflit dont la communauté internationale s’est détournée à l’époque ; seuls les commentaires de Kubert en regard des photos à la fin m’ont semblé quelque peu superfétatoires, puisqu’ils répétaient à la fois la bande dessinée et les fax d’Ervin, sans quasiment rien apporter de plus.
« Culte » n’est pas le terme que j’utiliserais pour qualifier succinctement cet album. Je parlerais plutôt de « patrimoine », « d’utilité publique », ou de « devoir de mémoire ». indispensable pour comprendre ce qu’est devenue l’Europe et l’inertie de la communauté internationale.
Depuis sa sortie cette couverture verte, avec ces personnages étranges courant, m’a interpellé. Au feuilletage la BD a un aspect assez beau. A la lecture elle est encore meilleure.
C’est une histoire d’infiltration d’une civilisation extra-terrestre par une autre. Il n’y a aucune explication au début, on rentre directement dans le vif du sujet. Le lecteur comprend au fur et à mesure ce qu’il se passe, les enjeux des actions, les actions des personnages. Pour l’heure le récit n’a pas encore pris son ampleur, donc on reste un peu sur sa faim à l’issue de ce premier tome. C’est un peu la raison de ma note médiane, j’attends de voir ce qu’il va se passer par la suite pour donner une note définitive.
Je ne connais pas les autres travaux du dessinateur Benoît Lacou, mais je suis très agréablement surpris. Les personnages des Murels sont très beaux, il y a une sorte de grâce qui se dégage d’eux. Par contre il est assez difficile de les différencier, ça heurte un peu la lecture. Il est un peu moins à l’aise avec les humains, mais ce n’est pas vraiment grave. L’ensemble est mis en couleurs par le dessinateur avec beaucoup de goût, des teintes vertes et bleutées de toute beauté. Vraiment, c’est un régal pour les yeux.
Espérons que la suite viendra rapidement.
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Tralaland
Après Jacques le petit lézard géant, voici "Tralaland" : un monde parallèle au nôtre où les méchants ne sont pas vraiment méchants et les gentils sont fous. L’ambiance et l’humour sont proches de ceux rencontrés dans "Jacques", si ce n’est que cet album est davantage destiné à un public jeune. J’apprécie toujours autant le trait et l’humour de Libon. Au niveau des personnages, des similitudes sont à noter entre cette bd et "Jacques". Ainsi, le caractère du petit Benoît ressemble à celui du commandant en chef (toujours un peu catastrophé) et le loup Bisou à Jacques (avec son air candide, limite benêt). L’histoire est scindée en petits chapitres plus ou moins indépendants avec un fil conducteur qui consiste à essayer de ramener Benoît chez lui. Car Tralaland est un monde vraiment bizarre et y rester aurait de quoi rendre zinzin. J’ai bien accroché au ton de l’album, à la fois frais et léger, mâtiné d’un humour bon enfant. Il y a de belles trouvailles. Toutefois, cette bd est davantage un prétexte à des situations cocasses qu’à un récit plus construit et le final pourrait vous décevoir. Toutefois, pour un enfant qui ne portera forcément pas le même regard sur la bd, celle-ci lui conviendra parfaitement...
Garous
Avis sur le premier cycle de 4 BDs. Cette série, allez savoir pourquoi reste pour moi l'une de celle qui continue à hanter mes mémoires de lecteurs de BDs. Surement le thème abordé, cher à mes yeux me rappelle quels bons moments passés entre amis autour d'une table. Le thème des lycanthropes est aujourd'hui un grand classique et renouveler le genre n'est pas aisé. Le premier tome de la série d'ailleurs n'est pas convaincant. Le mythe est bien repris, il n'y a pas défaut mais cela reste sans surprise tout en étant agréable à lire. Le sujet pourtant bien traité, se laisse lire et le premier tome s'il n'est pas décevant, ne nous bouleverse pas non plus. Surement sommes nous malgré tout happé par cette introduction par le fait que Gaudin joue sur la corde sensible et ajoute une bonne dose d'émotion avec de vilains carnages qui ne font pas de pitié et laissent quelques enfants esseulés et apeurés. Le tome 2 est en nette progression. L'histoire quant à elle, réussit à décoller et à sortir d'une banale histoire de vengeance loups-Garouesque. L'origine des Garous est sympa, le méchant est méchant, et d'autres méchants sont gentils. Pendant ce temps, un gentil est méchant et celui qui n'est ni méchant ni gentil est ni gentil ni méchant. Enfin, l'auteur brouille les pistes et le scénario gagne en complexité sans devenir confus. Le mythe parvient à être revisité avec quelques bonnes surprises. Est c'est ainsi que se clôt le premier cycle des aventures dans lesquelles Tanaris le Héro cherche à se venger de celui qui a massacré sa famille. Dans le tome suivant, maintenant qu'il s'est bien défoulé les nerfs sur le méchant, il comprend que son geste était égoïste et décide d'éliminer tous les garous, tache Ô combien plus noble mais aussi plus difficile. Nous nous retrouvons dans un huit clos enfermé dans un monastère. L'ambiance est glauque à souhait, les garous envahissants, l'hémoglobine un peu partout sur les murs... Rien que pour cette ambiance bien sombre bien tendue, la série mérite ses étoiles. Sinon, le scénario n'est pas foncièrement original sans tomber dans la banalité. Un peu trop linéaire à mon goût. J'avais deviné l'explication bien avant que l'on ne me la donne. En revanche, les deux dernières planches se recentrent sur l'histoire de Tanaris et nous font râler de cette escapade scénaristique tant les personnages qui reviennent nous laissent présager de grands moments. Là j'avoue qu'entre le tome 1 où l'on en parle et là, les scénaristes ont bien joué le coup ! Le dernier tome achève donc cette série de manière toujours classique mais bien menée. L'histoire de "Garous" sera finalement prenante mais hésite et oscille entre le classique et l'originalité. Ceux qui aiment les histoires de lycanthropes y trouveront leur bonheur avec deux cycles bien menés. Les autres, plus sceptiques ou plus critiques diront qu'ici c'est du réchauffé, du déjà vu. Moi en tout cas, j'ai aimé. En tant qu'amateur de beaux dessins, j'avais été attiré par les couvertures remarquables de Civiello. Je connaissais son travail et ces planches en sont représentatives. Précises, recherchées, un travail d'une qualité quasi surnaturelle. Quelle déception en ouvrant la BD et en trouvant des dessins aux traits épais et manquant souvent de précision ! Le dessin de D'Fali quoique finalement passant bien est d'abord assez lourd, employant beaucoup de zones d'ombre et de trait gras. La précision n'est pas son fort non plus mais il la compense par une belle constance. Les couleurs bien maitrisées ne révolutionnent pas le monde de la BD, mais permettent de se plonger facilement dans ce monde l'horreur et du fantastique. Je n'en conseille pas l'achat, simplement parce que le tome 4 est devenu introuvable...
La Route de la soie... en lambeaux
C'est une BD documentaire ou plutôt un livre entrecoupé de passages dessinés. Il est indéniable que Ted Rall sait conter ses péripéties à travers l'Asie centrale. Je dois avouer que même si ce n'est pas un livre de géostratégie, j'ai appris pas mal de choses sur la région. Le récit est truffé d'humour noir et l'auteur n'y va pas avec le dos la cuillère. La qualité du dessin ne vole pas haut mais ce n'est pas grave. Ce qui me chagrine c'est que ce récit arrive un peu tard car les voyages se passent avant le 11 septembre et on sait que depuis la vision du monde a changé. Dans son livre, Ted Rall ne fait pas que raconter ses voyages mais il parle aussi des régions qu'il n'a pas visitées et nous explique la situation géopolitique de la région. Dans cette optique, un chapitre supplémentaire sur les derniers développements de l'actualité aurait été un plus.
La Confrérie du crabe
Tome 1 Mais où est-on, où nous mène ce récit ? Dans une très bonne allégorie fantastique où des enfants malades voyagent dans un autre monde.... Quel est donc cet univers avec son lot de vampires, de loups-garous et autres monstres fantasmagoriques ? Moi je ne peux m’empêcher d’y voir une représentation de l’inconscient des enfants atteints d’un cancer par exemple ou de toutes autres maladies, de celles qu'on appelle "majeures". Dans leur sommeil, leur coma, leur opération, ils se battent en eux-même contre leurs chimères qui prennent malheureusement un air de terrible réalité pour vivre, pour survivre. Avec un lien qui les unit à leur réalité, peut-être perdue à jamais représentée par ce ballon. L’imagination des enfants est débordante, c’est cela qui me fait penser qu’il s’agit dans ce récit d'un duel où ils affrontent, confrontent leurs pires craintes, jusqu'à se trouver face à la mort... ou à la vie si leur combat se révèle victorieux. Les plus faibles sont les plus jeunes, les plus résistants sont les plus grands, certains ont peut-être déjà renoncé, c’est en tout cas un chemin semé d’embûches. Un récit unique à double sens, un univers magistralement représenté graphiquement, ce dessin porte le récit, les enfants et nous-même vers l’inconnu… Un ouvrage prenant et émouvant, on a du mal à quitter cette histoire si bien construite. Mais pourquoi n’ai-je pris que le premier tome… Tome 2 Vingt-quatre heures sont passées depuis mon avis ci dessus… Intense soulagement… Le 2ème recueil est dans la même veine que le premier…aussi bon… mystérieux… énigmatique… avec une avancée dans le récit, mais pas pour nos protagonistes en herbe… tout reste à faire… impatience quand tu nous tiens ! L’entre deux mondes se confirme, je n’en dirai pas plus pour les futurs lecteurs. Il y a quelques questions supplémentaires qui viennent se greffer, comme s’il n’y en avait pas déjà assez. Le pire c'est qu’elles peuvent contredire mes premières réflexions, tant pis, je les laisse quand même en suspens… Une petite nouveauté également, l’humour, bienvenu, fait son apparition, distillé çà et là pour dédramatiser le récit et nous donner une petite bouffée d’air frais avant de replonger dans l’abîme de cette histoire. Ce qui m’étonne le plus maintenant… comment ce récit peut me paraître juste à la frontière du monde réel !? Pourtant il la dépasse bien largement, cette réalité… C’est sans doute aussi cela qui rend ce récit si magique. Par contre je préviens tout le monde : si la fin est en dessous de mes espérances, je brûlerai en offrande cette œuvre pour libérer, moi-même à jamais les âmes des enfants de ce récit. Je ne demande pas un happy end, juste une fin à la hauteur de ce chef d’œuvre, j’ai dit chef d’œuvre ? Oui oui c’est bien ce que j’ai dit. Un scénario intriguant, prenant, mystérieux et magistral. Des dessins sublimes et très bien pensés, en totale harmonie avec le récit et dotés de couleurs parfaites. Des dessins et un scénario en parfaite adéquation pour un univers unique. Pour finir les enfants sont parfaits ! (19/20)
Un après-midi au cirque
Voici donc comme je l'ai dit dans Lolla, la grande sœur de cette superbe production. Ici encore deux histoires, qui elles prennent place dans la réalité, un lien est fait entre elles et bien qu'il ne soit pas explicite, il cadre bien dans la logique des histoires. Première histoire : Iphigénie. Un homme de la campagne se croit envoûté, il va tout faire pour savoir qui lui veut du mal. On rentre de plain-pied dans le monde des superstitions, à moins que cet homme ne soit totalement fou… à vous de trancher. Deuxième histoire : Un après-midi au cirque. Un cirque ambulant très particulier se produit en ville, il propose à la gente masculine de nombreuses créatures qui sont là pour leur bon plaisir. On y fait la connaissance de divers personnages et de leurs rêves. Je ne peux pas vraiment parler de ce récit sans faire de révélations qui seraient dommageables, donc je dirais qu'un monde d'apparences parfois justes, parfois trompeuses, nous mène jusqu'à une chute excellente et surprenante. Graphiquement c'est du même niveau que Lolla, tout aussi travaillé et tout aussi beau. Encore une fois la couverture n'est pas très réussie, et nous ferait penser à une bd érotique, il n'en est rien, et tout comme dans Lolla une grande sensualité s'y est glissée.
Lolla
Deux histoires tout droit sorties des plus étranges rêves, mais qui gardent une trame logique et nous entraînent dans un suspense haletant que l'on savoure avec lenteur. Marcelé nous montre ici qu'il est tout aussi bon dessinateur que scénariste, bien qu'il y ait eu participation de Gérard Didier pour la première histoire. Je pense pouvoir dire sans me tromper que "Lolla" est une suite logique à son autre production Un après-midi au cirque, cette dernière prend place dans la réalité - scénarisée par Lacome - il lui fallait donc sa petite sœur, qui elle vit dans un monde de rêves. Ne vous fiez pas à la couverture, pas très réussie d'ailleurs, cette bd n'est pas érotique, même si l'on y trouve beaucoup de sensualité. Premier récit : Photo-marathon. Un jeune artiste recherche une galerie où exposer ses œuvres, il tombe sur une étrange femme qui lui donne cette chance, mais il lui faudra d'abord lui offrir une contrepartie en nature, ce qui ne semble pas lui poser problème. En partant de chez elle il se rend compte qu'il y a laissé son portefeuille, il revient sur ses pas… une expérience étrange l'y attend. Deuxième récit : Lolla. Encore une fois un jeune homme attend un rendez-vous assis dans un fauteuil, entouré des ces créatures étranges, petites femmes sans bras au corps retournés et marchant comme des bêtes… Surgit soudain un garde qui lui intime l'ordre de partir, les rendez-vous sont finis, il devra revenir le lendemain… la nuit ne sera pas sans périls… Graphiquement c'est magnifique tout simplement, on peut y ressentir une petite inspiration des univers de Jérôme Bosch dans certains détails du dessin, comme ces femmes sans bras qu'on dirait sorties des enfers. Le premier récit est dans un noir et blanc extrêmement travaillé, ça fourmille de détails, d'ombres et de dégradés. Le deuxième récit lui est colorisé, un peu moins lumineux que son autre production Un après-midi au cirque, car il se déroule la nuit et tout y est assez sombre. Une bd à regarder sans modération.
Saint Germain des Morts
Voici un polar assez particulier. Je l'ai acheté à l'aveuglette sur le web et en l'ouvrant j'ai été un peu déçue par le graphisme de Denis Bodart qui m'a semblé pas assez travaillé. Mais c'est juste un trompe l'œil, car si les premières planches gardent cette désagréable impression, on prend vite la mesure du tous les détails, des excellentes proportions et des très bonnes expressions des visages. Les couleurs sont un peu trop pâles, voire délavées, mais à ça aussi on s'y fait vite. Et n'oublions par que cette petite surprise a déjà 24 ans d'âge ! Sonia Sanjeski fait appel à un détective privé, son deuxième amant vient de mourir noyé alors que son premier avait péri dans un accident de voiture, elle est convaincue que se sont des meurtres et non des morts accidentelles. Voici en gros les quatre premières planches de cette superbe intrigue où l'on rentre directement dans le vif du sujet. En même temps que Richard Dombret mènera son enquête, non seulement on en saura plus sur celui-ci, mais on fera la connaissance de quelques membres de la famille de Sonia et de ses amis. Et c'est ici que réside une partie du talent d'Alain Streng, en un seul tome on a l'impression de connaître tout ce joli monde depuis fort longtemps, comme si c'était le tome 15 d'une série. La narration est aussi excellente, avec beaucoup de répliques surprenantes de justesse et d'humour mêlé. Notre bon détective s'adresse à nous au tout début du récit, ensuite il nous fera part de toutes ses pensées. Sous couvert de légèreté cette histoire nous montre quelques méandres de l'esprit humain pas toujours très éclairés.
Inès
Loïc Dauvillier a réalisé de nombreux récits mettant en scène les problèmes de société et le quotidien de personnes, c’est donc sans surprise que j’ai découvert un nouveau roman graphique de sa part « Inès » sauf que, là, il s’attaque à un sujet extrêmement difficile : la violence conjugale. L’histoire en elle-même n’est pas très difficile à résumer. Le récit débute dans un immeuble où un jeune couple s’inquiète des cris répétés de la fille du voisin « Ouuuiin maman ! », la femme décide alors d’aller voir ce voisin qui lui répond que son enfant est capricieux et que ça passera à la longue, ce qui rassure un peu le jeune couple… mais la réalité est tout autre puisque à l’intérieur de cet appartement, l’homme et la femme sont en train de se déchirer… Ce récit se déroule uniquement en huis clos, le lecteur est invité à suivre les pensées et les moments difficiles de la femme maltraitée. C’est une histoire difficile et terriblement émouvante que nous propose Loïc Dauvillier. Quand je dis « émouvante », cela ne veut pas dire que cette bd est larmoyante mais tout simplement qu’à coup sûr elle ne vous laissera pas indifférent sur le sort de cette femme et de son enfant ! Moi-même, plusieurs heures après avoir lu cette bd, je suis encore sous le choc ! Ce qui est très fort de la part des auteurs, c’est que leur récit est doté d’une narration très efficace qui m’a scotché tout le long de sa lecture malgré le sujet difficile ! Impossible d’en décrocher ! D’autant plus que le trait de Jérôme D’Aviau m’est apparu parfaitement approprié à ce scénario, je l’ai trouvé plein de sensibilité et très expressif. Le noir et blanc suffit amplement à mettre en images cette histoire et l’auteur évite de surcharger automatiquement ses planches. Bref, j’ai vraiment aimé ce traitement graphique. C’est toujours la même chose quand je feuillette une bd de ce genre, je me demande à chaque fois si j’ai aimé cet album uniquement parce qu’il traite un sujet sensible. Dans le cas de « Inès », ce problème est rapidement réglé car non seulement cette bd m’a touché et ému, elle possède aussi une narration exemplaire et un dessin parfaitement adapté à ce scénario qui m’ont vite séduit ! Une réussite !
Fax de Sarajevo
Les derniers Poilus ont à présent disparu. Dans les autres pays d’Europe, je ne suis pas sûr qu’il reste beaucoup de vétérans de la première guerre. Ceux qui ont vécu et combattu pendant la seconde sont tous des personnes âgées à présent. Il y a encore eu un conflit d’ampleur en Europe, c’est celle qui a déchiré l’ex-Yougoslavie. Il y a un peu plus de 15 ans. Une guerre où des voisins se sont déchirés, au nom de la purification ethnique. Des gens parlant la même langue, qui tuent sans vergogne, sans distinction d’âge, de sexe, de religion. Juste parce que certains sont Serbes et d’autres pas. Une guerre terrible, où certains comportements ne sont pas sans rappeler ceux qui étaient de mise cinquante ans plus tôt. Des populations terrifiées, que la communauté internationale a laissées tomber, laissant l’ogre serbe raser des villes entières, tuer des centaines de milliers de personnes… Ce calvaire, Ervin Rustemagic, éditeur de bandes dessinées bosniaque, l’a vécu de l’intérieur. Bloqué avec sa famille à Sarajevo, il envoie des centaines de fax à ses amis auteurs du monde entier : Joe Kubert aux Etats-Unis, Hermann en Belgique, Hugo Pratt en Suisse… Tous vont se démener pour permettre aux Rustemagic de sortir de la capitale bosniaque, longtemps en vain. La peur, la claustration et les courses au milieu des balles et des obus vont durer plus d’un an. C’est à partir des fax d’Ervin et de photos prises par un jeune Bosniaque disparu que Joe Kubert va composer « Fax de Sarajevo », qui va raconter l’histoire des Rustemagic. Ancien encreur de Will Eisner (dont on sent l’influence), l’auteur va livrer là son œuvre la plus personnelle, puisqu’elle touche ses amis. Il va transcender certains des poncifs du comic pour livrer un ouvrage universel. Point ici de mâchoires exagérément carrées, d’explosions à outrance ou de dialogues empreints d’humour. C’est la réalité, c’est la vie et la mort qui flirtent dans une ville de 500 000 habitants au centre de l’Europe, c’est un conflit où la barbarie refait son apparition. Bien sûr, l’auteur va prendre quelques libertés avec les dialogues, la mise en scène, changer quelques noms, mais l’essentiel est là, dans sa réalité crue. C’est un récit qui là encore prend aux tripes. Le danger quotidien des snipers et des bombardements, l’angoisse de la coupure d’électricité, le stress quand votre enfant tombe malade et que vous n’avez aucun médicament… Et puis les montagnes russes quand on veut quitter le pays, les promesses non tenues des gouvernements étrangers qui font preuve d’une lâcheté sans nom (à ce titre, Bernard Kouchner n’est pas innocent). Et pour finir, on devient blasé ; on s’habitue au sifflement continu des bombes, les cadavres dans les rues deviennent un élément de décor, la lâcheté des puissants une déception, pas un facteur de découragement. Ervin, héros ordinaire, devient une sorte de figure emblématique, un modèle de survie qui ne veut qu’une chose : sortir sa famille de cet enfer. C’est tout ce qui lui a permis de tenir le coup pendant ces longs mois, même quand il a pu sortir, seul, de Sarajevo. Ce one shot est donc une bande dessinées découpée en différents chapitres (le début des hostilités, le transfert à l’Holiday Inn, les tentatives pour sortir de la ville… Ceux-ci sont également ponctués par les fax d’Ervin et de ses amis internationaux. En fin d’album se trouve une série de photos montrent la ville avant et pendant le conflit, commentés par Kubert lui-même. L’intérêt de l’ensemble est inestimable, puisqu’il rend compte de l’intérieur et de l’extérieur d’un conflit dont la communauté internationale s’est détournée à l’époque ; seuls les commentaires de Kubert en regard des photos à la fin m’ont semblé quelque peu superfétatoires, puisqu’ils répétaient à la fois la bande dessinée et les fax d’Ervin, sans quasiment rien apporter de plus. « Culte » n’est pas le terme que j’utiliserais pour qualifier succinctement cet album. Je parlerais plutôt de « patrimoine », « d’utilité publique », ou de « devoir de mémoire ». indispensable pour comprendre ce qu’est devenue l’Europe et l’inertie de la communauté internationale.
Murel
Depuis sa sortie cette couverture verte, avec ces personnages étranges courant, m’a interpellé. Au feuilletage la BD a un aspect assez beau. A la lecture elle est encore meilleure. C’est une histoire d’infiltration d’une civilisation extra-terrestre par une autre. Il n’y a aucune explication au début, on rentre directement dans le vif du sujet. Le lecteur comprend au fur et à mesure ce qu’il se passe, les enjeux des actions, les actions des personnages. Pour l’heure le récit n’a pas encore pris son ampleur, donc on reste un peu sur sa faim à l’issue de ce premier tome. C’est un peu la raison de ma note médiane, j’attends de voir ce qu’il va se passer par la suite pour donner une note définitive. Je ne connais pas les autres travaux du dessinateur Benoît Lacou, mais je suis très agréablement surpris. Les personnages des Murels sont très beaux, il y a une sorte de grâce qui se dégage d’eux. Par contre il est assez difficile de les différencier, ça heurte un peu la lecture. Il est un peu moins à l’aise avec les humains, mais ce n’est pas vraiment grave. L’ensemble est mis en couleurs par le dessinateur avec beaucoup de goût, des teintes vertes et bleutées de toute beauté. Vraiment, c’est un régal pour les yeux. Espérons que la suite viendra rapidement.