Les derniers avis (9564 avis)

Par Sejy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Pachyderme
Pachyderme

Il suffit de quelques cases, à peine deux ou trois pages. D’une file de voitures bloquées par un pachyderme étendu en travers de l’asphalte, d’une femme, élégante, qui marche au milieu de la route. Un peu affolée, agitée, elle cherche son mari soi-disant accidenté et nous entraine dans son sillage. Une forêt oppressante, un hôpital comme surgi du néant, et déjà le scénario confesse le fantastique et le songe, détissant méticuleusement le fil de futurs chemins tortueux, des voyages intérieurs que pourraient mal tolérer les esprits cartésiens les plus indécrottables. Mais voilà… Ce théâtre surréaliste agit comme une embuscade. En jouant le spectacle impalpable d’une réalité qui mue incessamment au gré des rencontres avec ses marionnettes, il annihile tous les repères. Dérouté, sans véritable garde-fou, le lecteur est rapidement happé par le récit, dans une sorte d’errance hypnotique tout en légèreté. Les états d’âme, les secrets et les fantasmes de personnages improbables, parfois inquiétants, souvent intrigants, voire farfelus (cet infirmier au sourire carnassier et à la coupe au bol semble tout droit échappé du trio comique des Stooges !), laissent entrevoir des vérités, la plupart du temps bancales ou éphémères. Autant de poupées russes dans la construction d’une intrigue ésotérique et magnétique, d’un labyrinthe évanescent où l’on prend plaisir à s’égarer et dont la sortie transparait, pourtant, en filigrane. Oui, tout est là ! Les symboles, indices ou métaphores visuels généreusement disséminés. Ce n’est qu’au final que l’on se les remémora, maintenant plus évidents, que l’on comprendra que tout (ou quasiment) ne pouvait que s’expliquer. Dès l’entame, cet album est une apnée sensorielle. Avec autant de plaisir, on plonge et replonge encore s’octroyant de temps à autre quelques bouffées d’oxygène autorisées par une narration magistrale. Non content de flatter nos pupilles avec son trait libéré et si expressif, ses couleurs et ses décors très typés, Frederik Peeters nous a concocté une mise en scène au cordeau. L’alternance d’ellipses, de flashbacks impromptus, de scènes de réel ponctuelles ou de longues parenthèses muettes plus oniriques instille un tempo syncopé, subtil et très harmonieux. LE point fort de l’œuvre. Un puzzle irréel, poétique et intelligent pour une lecture en apesanteur.

12/09/2009 (modifier)
Par herve
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Kaplan & Masson
Kaplan & Masson

Un scientifique allié à un as des services secrets, cela ne vous rappelle rien ? Bon sang mais c'est bien sûr ! Eh oui, beaucoup l'ont imaginée mais Didier Convard l'a faite, cette transposition des aventures de Blake et Mortimer dans notre hexagone des années 50, se référant ainsi aux années fastes des plus british de nos héros franco-belges. Et avec quelle maestria Convard a mené la danse ! Un dessin tout à fait remarquable de Jean Christophe Thibert, qui a su adapter son trait si particulier (rappelez-vous il avait signé cette formidable trilogie, euh... ramenée à deux volumes, intitulée Le marteau des sorcières) aux canons de la bd style ligne claire de la bd franco-belge. J'ai été plus que séduit par son dessin et par le scénario de Convard. Kaplan, évidemment tiré d'un film d'Hitchcock, représente la synthèse d'un Pradier style Jacobs, et d'un Gabin, style Audiard. Un album réussi, qui m'a fait sourire (Ah ! La liaison entre Masson et sa secrétaire reste un grand moment de l'album et déroge à la loi de 1949 qui régissait les albums de l'époque des années 50 auquel il se rattache) et qui plaira sans nul doute aussi bien aux jeunes générations qu'aux plus anciennes par la nostalgie qu'il dégage. Une indéniable réussite que je ne peux que saluer (en outre, l'histoire se conclue en un seul volume). Bravo aux auteurs.

11/09/2009 (modifier)
Par pewi
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Litost
Litost

J'ai été envouté par cette BD. C'est la première fois que de la poésie graphique m'emporte à ce point. Les expressions du personnage principal sont exquis, les implantations de couleurs au milieu du noir et blanc à la "liste de Schindler" est un régal, le tissage du dessin allégorique au travers du réel très subtil, il y a au moins une nouvelle idée graphique originale par double page. Le propos est mono-maniaque voir lancinant mais avec une telle douceur et un tel foisonnement qu'on le reçoit comme une caresse. Le texte est très simple, poétique mais pas bavard. Il change souvent de registre ce qui intensifie l'effet de densité. Je crois que je pourrais me repaitre de cet opus intense à l'infini. Un seul petit bémol : la première de couverture est franchement moche et la quatrième de couverture hideuse.

10/09/2009 (modifier)
Couverture de la série Laïka
Laïka

En 1947 commence une guerre opposant le bloc occidental contre le bloc soviétique : la Guerre Froide. C’est une guerre d’un genre nouveau, d’où son nom. En effet, chaque camp est empêché d’attaquer l’autre sous peine de provoquer une guerre nucléaire générale qui aurait sûrement mis fin à une grande partie de la vie sur Terre. Faute d’en découdre sur un champ de bataille, les deux blocs ont mené une guerre psychologique sans répit et ce jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989 puis l’indépendance des pays de l’est en 1991. Course à l’armement (notamment nucléaire), sport (boycott des jeux olympique de Los Angeles ou de Moscou), mobilisation des troupes, espionnage et course à l’espace, entre autres, ont été les batailles symboliques de cette guerre. C’est la course à l’espace qui nous intéresse ici et où la bande dessinée « Laïka » prend racine. Le 4 octobre 1957, la fusée russe de l’ingénieur Sergueï Korolev met en orbite le premier satellite artificiel de l’histoire de l’humanité : Spoutnik 1. C’est un coup de tonnerre dans le monde entier. Les soviétiques fêtent la supériorité du national socialisme sur le capitalisme. Les Américains perdent donc la première bataille dans la course à l’espace (qu’ils gagneront finalement en envoyant des hommes sur la lune en 1969). Fort de ce succès, Nikita Khrouchtchev, le premier secrétaire du parti communiste, demande à Korolev l’envoi d’une seconde fusée en orbite pour le 3 novembre 1957, soit le 40ème anniversaire de la révolution d’octobre. Cette fusée, Spoutnik 2, ne se contentera pas de transporter un vulgaire émetteur radio comme Spoutnik 1, mais un être vivant, le premier être vivant à voyager hors de notre atmosphère. Le petit animal choisi pour cette expérience et cette démonstration technologique est une petite chienne : Laïka. Ce one shot nous raconte avec beaucoup d’intelligence son histoire ainsi que certains aspects de la vie de Korolev et de Yelena Doubrovski, vétérinaire et responsable des chiens du centre spatial. Autant le dire tout de suite, j’ai adoré cet album ! Je suis encore sous l’émotion qu’il m’a procurée. Le dessin est de bonne facture et assez simple. Mais ce qui fait sa force, c’est son découpage très efficace délivrant une impression de confinement et parfois de liberté lorsque l’on explore les rêves de Laïka. Les couleurs sont simples également mais bien choisies. Le scénario est le gros point fort de ce one shot. J’ai été emballé par cette histoire fataliste et finalement assez triste. En effet, conformément à l’histoire, Laïka mourra... les ingénieurs russes n’ont eu qu’un mois pour préparer le vol et le retour du chien n’était pas envisageable faute de temps. Grand amoureux des animaux, j’ai eu plus d’une fois les yeux embués par le destin funeste de la si gentille et intelligente Laïka. Bien sur, l’histoire a été quelque peu romancée mais Nick Abadzis a su en capter les fondements pour les retranscrire avec talent. Au fil des pages, on sent le lancement de la fusée approcher et l’inéluctable arriver... une certaine tristesse m’a progressivement gagné. Le plus révoltant dans cette expérience, ce sacrifice, c’est que la mort de Laïka n’a servi à rien d’autre qu’à la propagande communiste russe. Quasiment aucun enseignement n’a été retiré du lancement de Spoutnik 2. Faute de temps, les ingénieurs russes ont simplement envoyé une fusée dans l’espace. Ce premier vol habité n’a pas vraiment préparé les futurs voyages des hommes... Une fois de plus l’homme a sacrifié une innocente victime sur l’autel de la science. J’ai longtemps hésité à mettre la note maximale à « Laïka » tant le récit m’a touché et intéressé. Je mets finalement un 4/5 en attendant une future relecture. Je recommande chaudement l’achat et la lecture de ce petit chef d’œuvre. Je pense cependant qu’un minimum de connaissance historique est nécessaire pour savourer pleinement la lecture proposée par Nick Abadzis. Une simple petite prise de connaissance des événements avant de lire « Laïka » pourrait bien changer du tout au tout votre plaisir, raison pour laquelle je me suis permis de rappeler rapidement le contexte historique au début de mon avis. Cette petite bête valait bien un coup de cœur !

10/09/2009 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sambre
Sambre

Une très bonne série romanesque. Les personnages sont ignobles et/ou torturés comme je les aime. J'adore quand les personnages sont victimes d'un destin cruel où ils sont impuissants ! L'histoire m'a captivé du début jusqu'à la fin. Il était impossible pour moi d'arrêter ma lecture ! Les dessins de Yslaire sont magnifiques à regarder et cette couleur... sublime ! Le seul défaut de la série c'est que l'auteur prend bien son temps. Ce n'est pas une mauvaise qualité, mais aucun album n'est sorti depuis 2003 et j'ai peur de devoir patienter encore un peu pour lire la suite.

10/09/2009 (modifier)
Par Altaïr
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Pachyderme
Pachyderme

Chaque nouvel opus de Frederik Peeters est un enchantement. Loin de se répéter, il explore sans cesse de nouveaux genres. Dans "pachyderme", ce sera une histoire à la Lynch, période "Mullholland drive" : une histoire sans queue ni tête en apparence mais qui prend forme une fois que le lecteur a ramassé toutes les pièces du puzzle. S'il y avait un reproche à faire à cet opus d'ailleurs ce serait, justement, de trop ressembler dans ses mécanismes à son modèle de cinéma. Dans Pachyderme, on suit les errements d'une femme, et on comprend assez vite qu'il s'agit d'un rêve, ou d'une exploration de son inconscient. La narration de Peeters est comme d'habitude parfaite et c'est délice de se laisser porter dans cet étrange voyage. Certains passages sont de véritables bijoux de narration et d'intelligence, comme cette scène où on fait connaissance avec le chirurgien... Pas de dialogues, quelques entrechats, une bouteille d'alcool, et on en sait déjà plus sur le personnage qu'avec un long descriptif. L'interprétation ne me parait en revanche pas forcément évidente. Autant tout ce qui se rapporte à Carice me semble relativement limpide, autant je ne sais trop comment situer l'histoire avec le chirurgien. Il faudra que je relise, il y a clairement certains détails qui m'ont échappés. Mais, même sans la "solution", cet album est un régal à lire.

10/09/2009 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Appelle-moi Ferdinand
Appelle-moi Ferdinand

Plus je lis les bouquins de Christian Durieux, plus je les aime. Et même si je n'ai pas trop apprécié La Maison d'Éther, cette fois-ci, c'est un peu mieux. Le récit, écrit par Hervé Bourhis et Christophe Conty, est humain, tout simplement humain. Nous suivons les derniers jours d'Oscar Lehmann, atteint d'un cancer en phase terminale, qui décide de faire voler en éclats sa vie terne et sans relief. Claquer son pognon, se payer la meilleure prostituée du coin, tuer celui qu'il exècre, telles sont par exemple les expériences qu'il tente. Si j'étais dans sa situation, que ferais-je ? Probablement des choses un peu extrêmes, bien sûr. Et vous, que feriez-vous ? C'est à cette aune qu'on mesure l'universalité d'un bouquin : si cette question, vous pouvez vous la poser. Le dessin de Durieux est expressif, colorisé de façon remarquable avec ces aplats de couleurs disséminés dans les tons sépia. L'encrage est assez épais, mais la relative épure des décors en fait ressortir la pureté. Cette BD ne manque donc pas de qualités. Mais pourquoi seulement un 3/5 (un 3,5/5, en réalité) Eh bien parce qu'elle ne m'a pas fait vibrer plus que ça. Je n'ai pas eu de prise de conscience à sa lecture, car la question qui en est au centre, je me la posais déjà (rassurez-vous, je ne suis pas en phase terminale d'une maladie...).

08/09/2009 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Mélodie au crépuscule
Mélodie au crépuscule

Mélodie au Crépuscule fait partie de mes bds préférées de Dillies, elle m'a fait penser à d'autres que j'ai beaucoup aimées, comme Horologiom dans l'attitude des personnages ou à du Sfar pour le style graphique qui dans certaines cases sont très proches. Comme je l'ai déjà dit pour Betty Blues j'aime la façon dont Dillies organise son dessin en le répartissant dans de simples planches de six cases, dont le rendu est toujours percutant et d'une grande justesse. Les couleurs sont variées, la couverture très attirante, le format parfaitement adapté pour mettre en valeur tout le travail graphique, un bel objet à posséder. Le scénario n'est pas en reste, onirique il joue parfaitement avec les mondes de la musique, du rêve et du voyage, éléments qui permettent de s'évader facilement et d'être immédiatement embarqués dans un autre univers. Ici point d'histoire d'amour rébarbative qui viendrait tout gâcher, il y en a une certes mais elle est très secondaire, disons même qu'elle permet juste de démarrer l'histoire. Celle-ci s'axe principalement sur la musique, celle des gitans et des voyages en roulottes dans un monde libre et plein de gaieté. C'est ensuite et par opposition, une réflexion sur notre société et le travail qui peut nous enchaîner à un métier fastidieux plutôt qu'à celui qui nous donnera du plaisir. J'aurais plus vu cette œuvre classé dans le genre conte, comme le précise l'auteur, car ce n'est pas une histoire traitée de façon réelle dans la pure lignée du roman graphique. C'est merveilleusement conté et superbement mis en images, à lire et à relire.

07/09/2009 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Rameaux de Salicorne
Les Rameaux de Salicorne

Je ne peux pas dire ce qui m'a poussée à acheter cette bd classée en roman graphique, mon collectionnisme ? Les jolies planches peut-être… je sais pourtant qu'il ne faut pas se fier à ça ; dans tous les cas je l'ai et c'est parfait ; je suis on ne peut plus heureuse de l'avoir dans mes étagères et pouvoir la relire à volonté. Les rameaux de Salicorne a la saveur d'un conte, une magnifique histoire qui alterne passé et présent, fantastique et réalité - oui j'ai bien dit fantastique n'en déplaise à ceux qui ne le verrons pas, - bonheur intense et drame impitoyable. Le tout est raconté avec un talent fabuleux, un style simple et poétique au service d'un récit qui sans en avoir l'air se révèle très riche. Son scénario est dense et l'intrigue prenante de bout en bout ; quant au mystère de la fée il est tout à fait étonnant et lorsque celui-ci est enfin révélé je suis restée ébahie, scotchée sur la planche, non seulement belle mais absolument inattendue. Un petit souffle de tristesse plane sur l'histoire constamment et ce jusqu'à la fin, où l'on doit malheureusement aussi refermer la bd. Le dessin aux couleurs directes est beau et enchanteur, il a ça de magique qu'il nous embarque dans l'histoire immédiatement, dès la première case. Ne ratez surtout pas cette sublime lecture.

06/09/2009 (modifier)
Par Moka
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Rock a Billy Zombie Superstar
Rock a Billy Zombie Superstar

"Allez, hop ! Grande claque dans ta gueule", comme dirait l'autre ! Pardon pour ce langage peu soutenu, mais la narration libre et fracassante de Nikopek et Lou laisse des traces... Quel plaisir de lire et de regarder une telle BD ! Une fois encore, Ankama est un révélateur de talent ! Car "Rock A Billy Zombie Superstar" est bien la mise au grand jour de deux auteurs plus que prometteurs et en parfaite osmose. Ecrit à 4 mains, sur une idée originale de Nikopek, le scénario de "Rock A Billy Zombie Superstar" a tous les ingrédients pour faire mouche. Humour tranchant, répliques décapantes, scènes cultes et gores à souhait. Mais ce premier tome n'est pas qu'une simple histoire de zombie sanguinolente puisque Nikopek et Lou insèrent dans leur récit quelques thèmes sociaux qui à l'heure actuelle pourrissent nos belles sociétés. Ainsi, le plus flagrant est celui de la différence. Pour résumer, un jour tu fais partie des vivants (et même si tu es un looser de première), tu existes, et le lendemain pour une raison quelconque, tu te retrouves de l'autre côté de la barrière et là, tu n'es plus rien. Mais, pour Billy Rockerson, être du mauvais côté ne va peut-être pas être si mauvais que ça... Côté graphique, c'est encore une bonne claque. Malgré quelques petits défauts de jeunesse, le style de Nikopek est ravageur et le moins que l'on puisse dire c'est que ses personnages ont vraiment la gueule de l'emploi. Le découpage dynamique et les cadrages dignes d'un film à la Tarantino, donnent un rythme effréné à l'histoire, à un tel point que l'on se surprend à être à la fin de l'album sans avoir vu le temps passer. Mais cet album ne serait pas ce qu'il est sans les flamboyantes couleurs de Lou. Y a pas à dire, ces 2 auteurs se sont bien trouvés. Alors si vous avez le cœur bien accroché, laissez vous embarquer dans un road-trip Roméro-Tarantinesque survitaminé avec à ses commandes 2 futures rock stars de la BD.

06/09/2009 (modifier)