Les derniers avis (9564 avis)

Par Tomeke
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Paf & Hencule
Paf & Hencule

«Peut-on rire de tout ? Oui, à condition de faire du fric avec !» Cette petite phrase sur le quatrième plat donne le ton et sonne le glas d’une petite mise en garde claire et univoque. Ce petit recueil, essentiellement composé de strips de 3 cases (hormis une petite histoire de quelques planches), m’a bien fait marrer. On est dans le registre du graveleux et du trash et ça, c’est bon ! Surtout quand c’est bien fait… Le dessin est assez simple mais expressif et dynamique. Il colle (ben tiens:8 ) parfaitement à cet humour. Alors certes, cela se lit assez vite, c’est pas très profond (quoique:8 ), l’humour est sans limite mais si vous adhérez à ce genre de trip bien barré, alors foncez ! Faites aussi un tour du côté de Monkey Bizness... Pour les autres, vous êtes prévenus, on rigole de tout dans cet album... Je me demande cependant pourquoi on parle de censure pour cet album? On rigole de pas mal de choses un peu tabou, mais cela n'est pas non plus complètement immoral ! Juste obscène ; moi, j’adore et j’en redemande !

10/02/2012 (modifier)
Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série 3 Instincts
3 Instincts

Un thriller étouffant et violent à la narration explosée et qui donne les clés de ses mystères dans son épilogue ? C'est vrai que c'est alléchant. La quatrième de couverture parle aussi du livre/film "Orange Mecanique"... Bon de l'aveu de l'auteur (que j'ai eu la chance de rencontrer) et qui n'a pas vu le film, c'est juste une technique de commerce et de pub utilisée par l'éditeur, et c'est vrai que la ressemblance entre les deux œuvres est faible, mais le plaisir qu'on prend à les parcourir et quasiment égal (sachez que ce film est mon préféré). A savoir, pour tous les amateurs de thriller, malsain, glauque et violent (physiquement et moralement), cette BD est faite pour vous. Ça commence comme une banale enquête policière sur un tueur en série. Mais finalement, ce n'est pas l'enquête qui nous intéresse, mais le comportement du tueur. Et puis, on enchaine sur un "deuxième" instinct ; l'instinct enfoui. La force du scénario est également que l'on peut lire les trois premiers chapitres dans l'ordre que l'on veut, puisqu'on comprendra leur lien seulement dans l'épilogue, jusqu'à avant, ils nous paraissent indépendant. Ce deuxième chapitre nous narre l'histoire d'un adolescent qui pour gagner un peu d'argent, se vend à de vieux pervers... Encore plus étouffant, malsain et glauque, ce chapitre m'a retourné... Encore plus violent que le premier, mais jamais trop gratuitement. Le troisième chapitre est différent, tout muet et plus onirique, avec une baisse de tension qui est le bienvenu. On ne le comprends pas tout de suite d'ailleurs, mais la fin nous éclairera encore une fois sur son contenu. Et la conclusion est assez forte, et remuante aussi. Et elle nous montre que le scénario est très intelligemment écrit, une vraie réussite. Ma seule frustration, c'était de ne pas en savoir plus sur ce que sont devenu certains personnages après leur chapitre respectif (même si, comme la chronologie est chamboulée, on a quelques indices) mais l'album est déjà excellent dans sa forme. Pour le dessin, Julien Parra possède un joli trait, à peine influencé par le manga (plus par le dynamisme de la mise en page et du découpage). L'encrage, assez gras et des fois, proche de l'esquisse, lui donne une forte personnalité, tout comme le choix des couleurs (une dominante pour chaque chapitres). Certaines cases, trahissent, du moins à l'époque, un petit manque de maturité (notamment au niveau de l'anatomie), mais dans l'ensemble, c'est très agréable à l'œil. Un excellent album qui a réussi à totalement m'estomaquer juste après sa lecture... J'en redemande et vous le recommande. Note : 4.5/5

09/02/2012 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Vie secrète des jeunes
La Vie secrète des jeunes

Une vraie mine d’or pour sociologues cette « vie des jeunes » !… D’ailleurs à mon avis, ce ne sont pas tant les jeunes que l’auteur a voulu représenter ici, car le titre est plutôt ironique, mais bien plutôt une certaine immaturité ou un certain crétinisme affectant sans distinction toutes les couches sociales… et puis de secret jamais il n’est question puisque la plupart du temps, dans les scènes décrites, les personnages parlent fort et semblent en représentation comme des acteurs face à leur public, jamais limités par un quelconque début de pudeur… L’ouvrage est basé sur les observations de l’auteur dans la rue, le métro, etc. Les yeux et oreilles « indiscrètes » de Sattouf se sont alliés à ses mains pour produire quelque chose de décalé, inattendu, parfois incongru, souvent drôle, même si on ne sait pas toujours s’il faut rire ou pleurer… Rien n’est inventé, et ça se sent, on se dit qu’on aurait pu nous-mêmes assister à de telles scènes, les « dialogues » sonnent vrais et c’est par son seul trait minimaliste que l’auteur exprime ce qu’il ressent… et il le fait très bien… j’adore sa façon de traduire les expressions, chaque visage tout en étant stylisé semble vraiment unique, souvent grotesque ou hilarant. Certaines scènes paraissent proprement incroyables et pourtant…ça colle parfaitement à l’époque, une époque qui tend à encourager la bêtise et à disqualifier la réflexion (pour ses dialogues, Sattouf n’hésite d’ailleurs pas à recourir au langage SMS, ce cancer moderne de la pensée). Je ne dis pas qu’on rit forcément aux éclats, car souvent c’est plutôt un rire jaune, acide ou horrifié, mais cela sera inévitablement un rire (ou un sourire) de complicité avec l’auteur. Donc un ovni, qui échappera complètement à certains sans aucun doute. Cette BD trouve son équivalent filmique avec le documentaire « Striptease », diffusé avec plus ou moins de régularité sur une chaîne du service public. Et quiconque a été fan appréciera forcément ces vies secrètes…

08/02/2012 (modifier)
Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le front
Le front

Je relis cet album, et je le trouve finalement très réussi... Le dessin est sublime... Nicolas Juncker a un trait souple, net et précis. Le noir et blanc permet un effet bien contrasté que j'apprécie beaucoup. Les personnages sont bien dessinés dans un style original. J'aimerais dire que le dessin est exempt de défaut... Cependant, les planches, bien qu'étant très esthétiques, sont souvent difficilement lisibles. Je ne sais pas si c'est le fait qu'il n'y a pas de texte, où que c'est du à certains effets de narration (les "zooms" ou autres), mais souvent, on perd un peu le fil de l'histoire, et on doit revenir quelques cases en arrière (ça m'a fait le même effet, récemment, pour une BD proche -du moins au niveau de la forme- qu'y est "3 secondes") Le récit est une succession de petites saynètes, emplies d'images très fortes. Bien que l'ensemble soit moins touchant que le travail d'autres auteurs sur le sujet (je pense à Tardi notamment), on ressent pas mal d'émotion à la lecture de l'album. Comme je l'ai dit la narration n'est pas géniale (c'est pour ça qu'on est pas super ému, car ça diminue la lisibilité de l'histoire et notre compréhension) mais il faut dire que Nicolas Junker se rajoute des contraintes avec ses exercices de styles... Malgré le fait que l'histoire soit dure et un peu pénible à suivre, j'apprécie beaucoup cette BD, qui m'a touché, pour son magnifique dessin semi-réaliste, ses images fortes et l'exercice de style qu'il nous propose. Ma note initiale était de 2/5, je la passe vers 3.5/5

03/03/2007 (MAJ le 07/02/2012) (modifier)
Par AqME
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Murena
Murena

Quand on est un féru de fantastique et d'horreur comme moi, on est toujours un peu frileux de se lancer dans des séries historiques et très terre à terre. Sauf que voilà, le papa noël m'a apporté les deux intégrales regroupant les huit tomes et que, à la vue des dessins sublimes et de l'histoire tout de même palpitante sur la vie de Néron je me suis lancé à corps perdu dans ce récit. Et là, j'ai vraiment été bluffé, autant pas la qualité visuelle que narrative, par l'importance des personnages secondaires et surtout par un dynamisme constant qui rend le récit nullement ennuyeux. Attaquons un peu plus en profondeur cette magnifique série. On va commencer par le scénario, qui présente la vie de l'empereur Néron, avec un premier cycle montrant son ascension jusqu'à son arrivée sur le trône, puis un deuxième cycle montrant son déclin et l'incendie de Rome. Alors pourquoi ce titre Murena ? Et bien parce que l'on va aussi s'intéresser à la vie de Lucius Murena, héros abîmé par le temps et les épreuves et dont l'ascension de son ami Néron va lui couter très cher. Evidemment, dit comme cela, on se demande comment le récit puisse être palpitant, à tel point que je lui mets un note maximale. Et bien parce que dans Murena, tous les personnages, même secondaires sont d'une grande importance et que les révélations, les manipulations, les mises à mort, les révoltes, tout cela est très rythmé, et on va de rebondissements en rebondissements. L'évolution des héros est elle aussi aux petits oignons. En effet, on peut voir Néron approcher la folie, Murena devenir un héros empli de haine, Massam devenir un monstre encore plus sanguinaire, Balba l'esclave en justicier libre. Bref, tous les personnages sont travaillés. Mais encore, si ce n'était que cela. L'histoire est très riche, les coups bas pleuvent, les langues de vipère se multiplient, les vengeances sont légion, en aucun cas on ne sent un relâchement ou un moment d'ennui dans ce récit historique. Et quand on y pense, à l'école, c'est chiant l'histoire, mais vu de ce point, cela devient vite palpitant. Il faut dire aussi qu'il y a tout dans cette série. Du sang, certes, avec des combats de gladiateurs, des meurtres sanguinaires, mais aussi du sexe, de l'amour et aucune concession ne nous sera faite. Les personnages attachants et sympathiques pourront très bien mourir alors que les salauds seront toujours vivants. On notera aussi la décadence de la grande Rome au travers d'histoires de prostitutions, de jeunes filles volées ou encore de vestales violées, côtoyant étroitement des ruelles vétustes et des personnages saouls décuvant leur vin sur le bord des trottoirs. Evidemment, tout cela ne serait rien sans le travail remarquable et remarqué de monsieur Delaby, qui offre des personnages étonnants de réalité et de charisme. Néron est tout simplement parfait, Lucius Murena est excellent au début et sa "mutation", tant mentale que physique est une réelle réussite graphique. Tous les personnages ont leur propre caractéristique et leur réalisme est vraiment une très belle chose. Mais le dessinateur ne s'arrête pas là. Il dépeint aussi une Rome grandiloquente, magnifique et si fragile, avec des plans donnant le vertige et des décors somptueux. Mais il est aussi très malin, dessinant plutôt des scènes de personnages et des drames dans Rome lors du grand incendie plutôt que de se risquer au grand format de la ville, loupant ainsi le coche du drame, et il faut dire que cela fonctionne à merveille. Les couleurs sont utilisées à bon escient pour donner un aspect encore plus réaliste à Rome et aux personnages. Au final, Murena est une série fort recommandable, où l'histoire ne devient pas ennuyeuse et poussiéreuse, bien au contraire, les intrigues fusent, les complots se dessinent, les aventures se multiplient et les changements de mentalité s'opèrent. Une vraie réussite tant scénaristique que graphique, Murena vaut plus qu'un coup d’œil et fait partie de ces séries qui restent longtemps dans l'esprit et dans le cœur. Je conseille plus que fortement !

06/02/2012 (modifier)
Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Paf & Hencule
Paf & Hencule

Ahahahahahahahahahahahahahahahahahaha ahahahahahahahahahahahahahahahahahaha ahahahahahahahahahahahahahahahahahaha ahahahahahahahahahahahahahahahahahaha !!! Cela résume bien l'état d'esprit dans lequel j'étais à la lecture de l'album. (Oui, comme vous allez le voir, mon avis est assez proche de celui de Cassidy). Paf & Hencule, le chien et le chat, parodie de Pif et Hercule est un monument d'humour trash et noir. Attention, ça ne va certainement pas plaire à tout le monde. Si blaguer sur les maladies incurables, le racisme, les pratiques sexuelles improbables, le nazisme, ne vous choque pas, alors je peux vous conseillez cette lecture. Encore faudrait-il que l'humour débilo-pipi-caca vous plaise aussi. En effet, cet album est un melting pot de gags touchant autant à l'absurde qu'au style plus tarte-à-la-crème, mais avec des strips limite dérangeants parfois (l'album a été censuré -ceci étant dit, je ne comprends pas pourquoi les gags censurés, que j'ai pu lire et qui touchent au racisme, l'ont été plus que d'autres de l'album, dans la même veine ?-), avec un humour soit fin, soit extrêmement gras et lourd. Attention, je ne dis pas que tous les strips font mouche, mais une grande majorité en tout cas. Goupil Acnéique a un dessin assez underground que je trouve bien réalisé ; ses personnages filiformes ont tous de bonnes têtes de cons. Il n'y a pas beaucoup de décors, mais le format du strip ne s'y prête pas bien non plus. Donc voilà moi la partie graphique de l'album me plaît bien. Après, l'album est parsemé de tout pleins de petits bonus (certains appelleront ça du remplissage), comme les "bonus femme à poil", la note de l'éditeur, Satin et Miloutre au Congo, les gags en une page où le mot de Victor Hugo, tous étant pas aussi drôle que les strips (à part les deux derniers cités) et font donc un peu baisser l'intérêt porté à l'album quelque fois, et m'empêche donc de mettre la note maximale (ça et aussi le fait que les strips se passant à l'hôpital, sont peut-être un peu nombreux et moins variés dans leurs situations que les 10 dernières pages, ils sont donc moins percutants sur la longueur), mais dans l'ensemble, "Paf & Hencule" est un album très drôle (bien que réservé à un public averti), très loin de tout ce que l'on peut lire aujourd'hui comme BD d'humour. Note : 4.5/5 (A noter : une préface dessinée de Bastien Vivès).

05/02/2012 (modifier)
Par Chalybs
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Habibi
Habibi

Rares sont les ouvrages qui ont une telle portée. Rares sont les ouvrages qui me laissent dans un tel état de flottement. Rares sont les ouvrages comme celui-ci, tout simplement. Cet album à mon sens est bien plus qu’une simple bande-dessinée. Qu’on l’aime, qu’elle nous gène, je suis sûr qu’elle ne pourra pas laisser indifférent. Pour ma part, j’ai peur de me lancer dans une critique où je ne serais pas à la hauteur de l’auteur, où mes écrits ne sauront pas rendre ma pensée, mes sentiments, mes émotions, où mes écrits ne sauront pas rendre hommage aux sentiments, émotions, aux pensées qui peuplent ces pages. Non, je ne radote pas. Car il y a bien le contenu de l’œuvre avec ce que l’auteur dépeint et le résultat avec ce que cela déclenche chez moi. "Habibi" c’est 672 pages de bonheur. Environ 14 albums classiques…j’ai mis pratiquement 6 heures pour en venir à bout. Alors, oui certainement qu’il faut être motivé pour se lancer dans ce pavé au format spécial, presque aussi épais que large ! Rarement le qualificatif de pavé aura si bien convenu à une bande dessinée… Malgré cette taille imposante l’album reste parfaitement abordable, d’un aspect tarifaire, au vu du travail fournit. 6 ans pour réaliser cette œuvre ! 6 années pendant lesquelles Craig Thomson s’est consacré à fignoler, bichonner son œuvre. Et je me lancerai en premier dans le dessin. Magnifique, fluide, inventif. D’une précision et d’une finesse ahurissante. D’une richesse imposante. Le dessin se mêle au texte et chaque lettre peut devenir un dessin à part entière. Il faut dire que la calligraphie des lettres de l’alphabet arabe se prête parfaitement au jeu. Craig Thomson d’ailleurs nous initiera à cet art qui consiste à lier, imbriquer, disposer les lettres entre elles de telle sorte que le final soit aussi créatif et représentatif qu’un véritable et pur dessin. Il va dès lors, sans dire que la mise en page, les cadrages, la composition de chaque page mérite que l’on s’arrête afin profiter et d‘admirer le travail réalisé. Tout dans cet album touche à la perfection. La recherche dans les vêtements, dans les décors qu’il s’agisse des paysages, des villes ou d’un simple bâtiment. Cet album est une véritable comète dans le ciel de la BD. Rare, magnifique, unique. S’appuyant sur une qualité graphique incontestable, le scénario qui nous est offert est lui aussi un modèle du genre. Les 672 pages ne demandent qu’à être lues. Une fois plongé dans cette histoire, j’avais bien du mal à voir passer le temps. Heureusement que certaines obligations personnelles m’obligeaient à mettre une alarme en marche afin de me tirer de ma contemplation. Cette histoire mêle plusieurs sujets de manière extrêmement intelligente, passant de l’un à l’autre de manière toujours logique, toujours fluide, ne nous laissant pas le temps de nous lasser, pour mieux y revenir quelques pages ou chapitre plus loin afin de compléter ou clore un pan de l’histoire. Car l’histoire n’est pas linéaire non plus, ce qui permet à l’auteur de toujours nous surprendre en expliquant par exemple d’un flashBack inattendu certaines scènes ou réaction de ses personnages. Ces principaux personnages Dodola et Zam sont d’ailleurs tous les deux extrêmement attachants. Forcément, en 672 pages l’auteur a largement le temps de développer leur psychologie et de nous conter leur histoire. La psychologie très juste de tous les personnages, principaux comme secondaires voire même tertiaire nous permet de mieux s’immerger dans l’histoire, de mieux la comprendre, de mieux nous l’approprier. L’histoire, sorte de conte des 1001 nuits moderne est souvent bien étrange par les sauts et les côtoiements existants. Nous passons parfois assez abruptement d’une époque très médiévale à des villes ultra modernes. Il est difficile de parler de tout ce que ce livre comporte tellement il est riche. Craig Thomson aborde trop de sujets pour que l’on puisse parler de tous. Je parlerai juste d’une poésie constante, d’une mélancolie planante, d’une beauté flagrante. Malgré tout, 3 thèmes ressortent prioritairement de cet album. L’écologie et le développement incontrôlé des villes modernes, l’amour et le sexe, sans oublier que Craig Thomson s’est initialement jeté dans cette œuvre afin de mieux comprendre l’Islam. Forcément, afin de rendre une copie logique, l’auteur a fortement lié chacun de ses trois thèmes dans la construction de son histoire. Pourtant au contraire d’autres lecteurs qui y ont vu des causes et effets, qui ont relié les déboires amoureux des héros et la religion, je n’ai pas personnellement ressenti ce lien ou ces accusations. J’ai personnellement vraiment dissocié chacun de ces thèmes à la lecture. De plus, connaissant plutôt pas mal l’islam, je ne pouvais établir de rapport. L’islam est amour et n’interdit surtout pas le sexe. Il faut juste que l’homme et la femme soit mariés. Dans notre civilisation « moderne », il est certain qu’un tel postulat peut paraitre préhistorique tant on a l’habitude maintenant de voir des jeunes coucher le premier soir et avorter le second soir, que le divorce est devenu plus courant que le mariage et qu’avoir une maitresse est presque une obligation pour ne pas paraitre has-been…(ce terme est lui aussi surement has-been...) Une fois encore la méconnaissance d’une chose amènera surement une mécompréhension et souvent son rejet. Et c’est peut-être la seule chose que je pourrais reprocher à cet album. C’est de ne pas assez démêler les sujets abordés. Du coup, l’auteur qui voulait découvrir l’islam fausse légèrement le jeu. Car son implication et son explication n’est finalement peut-être pas assez engagée. J’avoue qu’aujourd’hui, pondre un album de BD sur la religion est extrêmement courageux. L’auteur a donc décidé de mettre en parallèle l’histoire de Dodola et celle des textes sacrés. Les choix et les évènements rythmant la vie de Dodola sont ainsi souvent l’occasion d’un parallèle avec un élément religieux, avec la présentation d’un prophète (Noé, Moïse, Mohamed…) Si la majorité des textes sont extraits du Coran, Craig Thomson a semble-t-il porté un grand soin afin de montrer que chacun de ces récits ne se trouvent pas que dans le Coran et que finalement à bien y prendre garde, Le Judaïsme, Le Christianisme et l’Islam ont la même histoire, les mêmes prophètes. Pour l’Islam, puisqu’il s’agit principalement de cette religion dans cet ouvrage, seul Mohamed arrivé après Jésus diffère des autres religions. A la lecture de cet album, on sent fortement que Craig Thomson s’est longtemps renseigné malgré tout sur l’Islam. Tout ce que j’ai pu vérifier, par connaissance ou grâce à internet est vrai. Basés sur la genèse, sur les évangiles, sur l’ancien testament, le Coran ou des hadiths (textes rapportés des dires du prophète Mohamed) tout est vérifiable. L’œuvre prête à une longue réflexion pour qui veut bien s’y attarder. L’auteur une fois encore sans donner son avis personnel nous livre des faits qui ne sont surement pas fortuits. Je suis persuadé que l’on pourrait pondre une thèse rien qu’à étudier tous les messages que l’auteur a sciemment ou non parsemé son ouvrage. Ainsi par exemple avec l’affaire d’Abraham qui fut aussi appelé à sacrifier son fils, on comprend (enfin..je comprends) que la différence entre Chrétien et Musulman ne tient à rien, juste à savoir quel fils ne fut finalement pas égorgé mais remplacé par un bélier. Les causes et conséquences sont les mêmes, mais quand on cherche des poux à son voisin, tout est bon pour lui taper dessus. Sans comparer, sans critiquer, sans juger, l’auteur nous livre ainsi souvent plusieurs vision d’une même chose et à nous alors de faire notre propre opinion. Enfin, pour parler rapidement de l’aspect au sexe développé dans "Habibi" et que certains n’ont pas aimé car le reliant à la religion, une fois encore, j’y vois plus une sorte de Roméo et Juliette à l’amour trop fort et apparemment impossible de deux êtres qui, séparés, feront tout pour rester fidèles l’un à l’autre. Plus que de culpabilité, plus que de soumission, il s’agit ici de fidélité, d’amour vrai, de respect. Et s’il s’agit réellement de la vision de l’auteur, j’espère que vous lirez cet album avec votre vision des choses et que la somme de joyaux livrés dans ces 672 écrins vous permettra de passer outre cette vision, à mon sens, erronée. Un livre sublime, possédant de multiples niveaux de lecture comme seules les grandes œuvres savent le proposer avec une grande, très grande sensibilité et chose que je n’ai pas encore mentionnée, un humour très fin presque discret mais utilisé à très bon escient pour dédramatiser les passages les plus durs ou les plus durs à aborder scénaristiquement. J’ai fini mon avis après plus d’une semaine de tergiversation interne. Et bien que non 100% satisfait, je ne vois pas comment aujourd’hui je pourrais faire mieux. Ce qui confirme, décidément, que cet ouvrage est vraiment spécial !

03/02/2012 (modifier)
Par Puma
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Zoo
Zoo

Un chef d'oeuvre absolu ! Bd d'un humanisme rare et aux talents graphiques inespérés. Que ceux qui recherchent de l'action et autres lectures faciles de gare passent leur chemin, ils ne pourront comprendre l'échine de ce joyau. Un tout grand moment d'abord de lecture graphique hors norme et ensuite au scénario magnifiquement humaniste comme quasi aucun dans tout l'univers de la BD l

03/02/2012 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Caste des Méta-barons
La Caste des Méta-barons

Petit retour en arrière, Noël 1996 : ma mère s’adjoint les services d’un de mes amis pour m’offrir un ensemble de bandes dessinées qu’il choisira à sa place. Sur les ouvrages référencés, un curieux coffret de trois volumes avec ce titre curieux qui n’évoque rien pour l’amateur encore novice que j’étais : « La caste des Méta-Barons ». N’étant pas fan de dessins trop réalistes ni de contes trop historiques, je déchante un peu de ce choix d’autant plus que j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une trilogie achevée… Le nom de Gimenez m’évoque l’Espagne de Guernica, le nom de Jodorowsky celui d’un écrivain polonais. J’ai tout faux mais à peine 25 ans … Puis toujours sceptique je me lance dans la lecture et reste stupéfait non pas de la modernité des propos mais de la tournure d’une histoire que je trouvais aussi novatrice que choquante et un certain style unique des dessins et de la mise en couleur toute en teintes bleutées métalliques… Janvier 2012 : J’ai acheté tous les autres tomes existants dès leur parution, l’hors série « La maison des ancêtres », en ai lu quelques uns mais jamais la caste dans sa totalité… Entretemps j’ai gouté aux joies de L’Incal et des autres séries déviantes de cet auteur atypique chilien et prends le temps de lire enfin la série dans sa totalité. J’ai tout juste et tout juste 40 ans. N’y allons pas par 4 chemins, le coup de cœur n’y est plus mais l’intérêt de lire une saga qui doit ses origines à un personnage secondaire de l’Incal et aux rêves abrégés par Jodo de réaliser sur grand écran le film Dune et retranscrits ici sont bien présents. Le Méta-Baron est un être invulnérable qui évolue dans un Space Opera de pacotilles donc où peut-être l’intérêt de raconter des aventures dont il va se sortir indemne à coup sûr ? Voilà l’astuce, raconter par le biais de ses robots de service Tonto et Lothar la genèse d’une dynastie décidément pas comme les autres qui éduque les enfants à grands coups de mutilation et de sacrifice. De tous ces liens familiaux se tisse un drame de dimension presque antique alternant le merveilleux à la stupéfaction mais jamais l’ennui. Un peu de cul, d’un vocabulaire tout droit tiré de l’Incal dont l’univers est encore bien présent ici et dont on croise brièvement certains décors ou protagonistes, beaucoup de cruauté et de retournements familiaux au sein d’une famille qui flirte dangereusement avec les codes du bien pensant. Le tout est emballé par les dessins virtuoses d’un Gimenez qui en profite pour améliorer ses techniques au fil des albums et qu’importe si on frôle parfois le grotesque tant qu’on en détient l’ivresse. Ce qui peut paraître répétitif ne l’est finalement pas. J’apprécie également la conclusion qui met un terme à la caste pour de bonnes raisons. Pour peu que l’on accroche aux délires de Jodorowsky il y a beaucoup de plaisir à tirer de cette œuvre qui reste parmi les plus accessibles du maître. Vivement recommandé !

01/02/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Shanghaï
Shanghaï

Je viens de découvrir Yann Tisseron, au style très proche de celui de Pellejero, mais avec une colorisation informatisée et un dessin plus détaillé et plus riche, aux couleurs plus sombres, et dont certaines cases très légèrement floutées peuvent surprendre lorsque l’on ne fait que feuilleter la bd, mais qui s’intègrent parfaitement lors de la lecture. Le mouvement des personnages est aussi assez exceptionnel, on ne se contente pas de suivre une histoire on y pénètre radicalement. Beaucoup de scènes se déroulant de nuit, dans cette obscurité très présente, les bulles trop blanches ressortent un peu trop des planches et voilà bien le seul défaut graphique à mes yeux. Celles les voix-off sont colorées en marron et s’intègrent parfaitement au point de les oublier, j’aurais opté pour ce même procédé pour tous les autres, dans une teinte plus légère, ou avec un effet de transparence. Le découpage des cases est original avec des perspectives parfaites, certaines prises de vues sont vraiment originales et donnent une vie phénoménale à son contenu. Toutefois ce style assez particulier ne plaira peut-être pas à tous. Le scénario est tout aussi riche que le visuel, mais il est de ce fait assez difficile à classer, entre aventure, jeux de pouvoirs, triades, une très légère uchronie avec la présentation d’automates plus vrais que nature, et une touche de fantastique, qui bien que très peu présente pour l’instant prendra certainement de l’importance par la suite, au vu de la fin de ce premier tome. J’opterai pour l’aventure qui semble planer un peu au-dessus des autres. Nos seulement l’histoire est généreuse en évènements mais aussi en personnages, divers et variés, issus de toutes les classes sociales, de tous âges et de tous sexes, avec deux personnages principaux féminins, ce qui me touche énormément vu que souvent les récits ont tendance à être plutôt masculins. Tome 2 Une suite assez bonne mais qui m'a moins conquise, à noter avant tout que les couleurs ne sont plus sombres et les bulles ne ressortent pas comme dans le premier tome. Ce qui m'a moins plu dans le scénario c'est le côté un peu trop politique des évènements et la scène de désintox de la fille, qui m'a vraiment saoulée. Je passe ma note de 4/5 à 3/5.

30/09/2010 (MAJ le 30/01/2012) (modifier)