Les derniers avis (7373 avis)

Par corbin
Note: 5/5
Couverture de la série Le Soleil des loups
Le Soleil des loups

Je possède cette BD (le premier volume) depuis sa sortie en librairie et je peux dire que je la couve précieusement tout en la réalisant de temps en temps. Elle a gardé malgré les années un charme indéfinissable. Alors bien sur, un début difficile, une fin qui arrive un peu vite nuisent un peu à la fluidité de l'ensemble surtout que l'histoire est en définitive assez classique mais pour moi l'essentiel est ailleurs. Dans l'ambiance si particulière générée par les dessins de Qwak, toujours surprenants et un peu abruptes et qui apportent une dimension étrange aux personnages (les loups également ont une ligne étonnante). Le deuxième album n'est pas vraiment une suite..on peut le voir comme une sorte de variation sur le thème fantastique ébauché par le premier volume... Le soleil de loups vaut le détour même s'il a vieilli, il garde une identité qui n'appartient qu'à lui.

08/10/2013 (modifier)
Par Pedrolito
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Quai d'Orsay
Quai d'Orsay

Lorsque mon œil s’est porté pour la première fois sur cette bande dessinée je n’ai pas du tout été séduit. Mon attention s’est rapidement portée vers la couverture, attiré par les couleurs vives de la couverture du premier tome, alors le seul en magasin. J’ai feuilleté ensuite quelques pages, mon regard ne s’attardant pas sur le texte (faute de temps) mais surtout sur les dessins. Je fut alors rebuté par cet aspect minimaliste des dessins, des traits dans tous les sens… bref, c’est peu dire que je n’ai pas du tout apprécié ce premier contact avec cette bande dessinée. Le genre de moment où l’on se dit « Ce livre n’est pas fait pour moi »… … qui dit premier contact dit forcément suite. Un autre jour où j’avais plus le temps de flâner chez mon libraire préféré, je me suis attardé sur cet ouvrage, sans trop savoir pourquoi (sûrement encore une fois l’effet de cette couverture). Et là, le coup de foudre ! Balayés les premiers a priori. J’ai ouvert ce premier tome aux pages 6 et 7 et ai lu l’entretien d’embauche de Vlaminck par Taillard de Vorms. Les traits dans tous les sens se sont transformés en dynamisme. Dynamisme au service d’un texte remarquable, percutant, accrocheur. Dès lors, je n’ai fait qu’une bouchée de Quai d’Orsay… quelle claque ce fut. Qui pourrait soupçonner qu’un ministère puisse être décrit de manière si drôle et pourtant si fine, si caricaturale mais pourtant si juste. A se demander si les crises mondiales sont vraiment gérées telles qu’elles sont décrites ici, et non pas d’un regard hautain… tout en se disant que bien entendu tout cela n’est que fiction. Les auteurs (inclus dessinateur) arrivent de manière très habile à amener le lecteur à se poser des questions de fond sur la politique internationale, tout en le divertissant. Quel coup de maître ! Qui a dit que la politique devrait forcément être traitée de manière sobre et distante ?! Tout fonctionne à merveille dans cette BD. Les personnages sont magnifiques. Le personnage d’Alexandre Taillard de Vorms est le plus fascinant de tous (tous les autres étant très intéressants, c’est dire !). C’est une bête. Bête politique, charismatique, impressionnante…imposante. La présence de ce personnage en impose non seulement aux autres protagonistes de l’histoire mais aussi au lecteur. Le magnétisme de ce personnage rejaillit bien au-delà des planches, si bien que l’on attend avec impatience son retour sous nos yeux dès qu’il s’absente. Directif et véritable ouragan dans son cabinet, il impose respect et peur auprès de ses collaborateurs en véritable maître à penser. On se plait à suivre ses frasques au fil des cases (les citations, le stabilo, les personnalisations qu’il incarne, le chiffre…tchac tchac tchac !), ses monologues sont de véritables petites pépites de bonheur, le tout remarquablement retranscrit visuellement. Les relations, conflits entre les différents protagonistes sont succulents, il ne fait pas toujours bon d’être conseillé. Et le pauvre Vlaminck dans tout cela, jeune parmi ces vieux requins briscards, qui essaie de nager tant bien que mal dans ce fol aquarium et de s’y faire une place. On tremble en même temps que lui lorsqu’il doit rendre ses langages au ministre (même si on attend avec impatience les remarques désopilantes de ce dernier), on assiste à son évolution tout au long de la lecture et on fini par être fier de lui lorsqu’au terme d’une réflexion intense, son « père spirituel » rejaillit en lui pour la tirade du Minotaure. Je n’en dis pas trop non plus et laisse au futurs lecteurs la joie de découvrir ses péripéties diplomatiques. On se régale des anecdotes historiques/réelles que l’on retrouve au fil de la lecture. Intéressé à la base par le thème évoqué dans cette série, j’ai trouvé l’idée de dépeindre les aventures du Quai d’Orsay tout simplement géniale, surtout quand le sujet est traité d’une telle façon. Les situations de tension sont décrites parfaitement, on imagine parfaitement le jeu des cabinets tel que décrit ici. Ces animaux politiques aux chaussures cirées et aux dialogues diablement efficaces vous emmèneront sans problème dans leur monde. Accrochez vous bien, le voyage sera mouvementé mais très très plaisant. Pour boucler la boucle, je finirai sur les dessins. Ce trait nerveux colle à merveille à la tension diplomatique posée au fil du texte. Les couleurs sont judicieusement choisies et la mise en image géniale de manière générale (Le Minotaure, la fumée dans le bureau de Vlaminck, la sonnerie du téléphone, la guerre des étoiles, les turbulences, le footing…la liste est trop longue !). A noter les expressions des personnages des plus abouties (on compatit avec le directeur de cabinet, M. Maupas, rien qu’en regardant sa mine déconfite) Comme quoi, le premier regard (surtout rapide) n’est pas forcément source de vérité. Il ne faut jamais dire « dessinateur je ne goûterai pas à ton trait » ! Bref… j’ai adoré. Je relirai indubitablement cette bande dessinée. Le second volume fut englouti aussi rapidement que le premier (ce n’est pas faute de pages pourtant, chose au combien appréciable pour ce support), même si j’ai pris du temps entre l’achat et la lecture, de peur de finir trop vite cette série prévue en (seulement) deux tomes. Quel délicieux sentiment que de se dire que l’on apprécie tellement un livre au point d’avoir peur de le finir. … Pourtant, ce qui devait arriver arriva, je me retrouve comme un homme politique privé de pouvoir, pour qui le monde continue de tourner sans vraiment avoir la même saveur, contraint d’avancer sachant ce qu’il a perdu. Comme un ministre des affaires étrangères sans livre à stabiloter, sans structure de pensée bien claire avant d’appeler un diplomate étranger récalcitrant. Moi aussi je viens de vivre ma petite mort politique, je viens de finir la série Quai d’Orsay. Chapeau bas messieurs Blain et Lanzac, entrez dans mon panthéon (enfin ma bibliothèque) où avec cette œuvre magistrale, empreinte d’humour, finesse, intelligence, d’un trait de crayon pour qui l’expression « donner vie aux mots » a été inventée, vous occuperez désormais une place centrale !

07/10/2013 (modifier)
Couverture de la série F.Compo
F.Compo

Comme souvent, j'ai découvert l'univers de Hojo par City Hunter, en dessin animé immonde chez Dorothée, puis en formidable manga. Surfant sur cette bonne surprise au dessin rêvé, j'ai poussé sur un obscur F.Compo du même auteur. L'histoire est tout simplement improbable mais s'ancre dans un ton résolument bien plus noir que les séries phares Cat's eyes et City hunter. Le protagoniste principal est orphelin, et est récupéré par la famille de sa tante, inconnue jusqu'à présent, et pour cause puisque sa tante et son mari ont interverti leurs sexualité. Improbable donc, mais sacrément bien conçu et abordant des sujets très rarement vu (travestissement, sexualité ambiguë à la limite de l'inceste) avec une légèreté bienvenue. Flottant tour à tour entre cynisme, critique et vision tendre, c'est cette juste graduation entre humour pipi-caca, tensions psychologiques dans la famille, introspections et interrogations sur l'acceptation de la marginalité dans la société par une analyse cohérente finalement de microcosmes japonais (Tsukasa porte un regard acerbe sur son métier notamment), qui fait de F.Compo un must du manga et de Tsukasa Hojo un auteur incontournable du Japon. Sans jamais verser dans le pathos.

07/10/2013 (modifier)
Par Puma
Note: 5/5
Couverture de la série Les Ignorants
Les Ignorants

Deux artisans - l'auteur de la BD, et un vigneron - vont vivre une année en promiscuité en continuant leur activité et en découvrant celle de l'autre. Jusque là, rien de bien exceptionnel. Mais la vérité absolue des personnages, et le graphisme qui sert avec une belle élégance simple les parcours de vie que l'on suit, s'imposent immédiatement. Cette transparence parfaite et évidente de chacun des deux belligérants montre que l'auteur ne triche pas ! Et l'on devient successivement à la lecture soit l'élève du vigneron, soit le confident de l'auteur BD. Une lecture de 267 pages lues d'une traite, tant une fois commencé, l'on peine à lâcher le bouquin. Un genre particulier de narration BD, inhabituel, et qui a parfaitement fonctionné en ce qui me concerne. Une très belle réussite !

02/10/2013 (modifier)
Par Gaston
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Spirou et Fantasio
Spirou et Fantasio

En cette année du 75ème de la série, je me suis replongé toute l'année dans les albums et je me rends compte de plus en plus que j'aime cette série dont j'ai découvert l'existence à travers le dessin animé des années 90 que je trouve aujourd'hui pas mal quoique je trouve dommage qu'il focalise surtout la période Tome et Janry. Je vais diviser mon avis par périodes (je commence bien sûr avec Franquin étant donné que les histoires de Rob-Vel sont maintenant dans une intégrale à part et que cela va être de même pour Jijé en 2014). Franquin : C'est sans aucun doute la période que les gens aiment le plus. Personnellement, je suis un peu divisé pour savoir s'il est mon auteur de Spirou préféré ou non car je trouve ses albums inégaux bien que j’admets que sans lui la série ne serait pas aussi excellente. Il est l'auteur qui a permis de rendre une série pas mal au niveau culte. Son travail commence avec des histoires courtes (album 1 et 3 ainsi que le hors-série numéro 1 et 2) qui se laissent lire, mais qui ont un peu mal vieilli (par exemple, les histoires en Afrique pourraient sembler un peu racistes aujourd'hui avec le gag sur le cannibale et ses noirs qui sont des bruns qui ne sont jamais lavés !) car représentatif d'une époque où la plupart des bandes dessinées étaient naïves. De plus, les personnages ne sont pas très mémorables sauf le professeur Samovar et son invention Radar le Robot qui est selon moi le premier chef d'œuvre graphique de Franquin (le personnage, pas l'histoire). Ensuite, viendront des histoires longues de 60 pages qui sont excellentes. Cela commence avec deux albums (numéros 2 et 4) qui vont poser les bases de la série en introduisant le comte de Champignac, les villageois de Champignac, Zantafio et le Marsupilami. Curieusement, je trouve ces histoires correctes sans plus, le problème étant que les scenarii ne sont pas encore assez développés, que cela semble n'être qu'une suite de péripéties. Les albums suivants (numéros 5 à 9) ont un scénario plus développé et je relis encore ces albums avec plaisir. Après, Franquin revient avec des histoires courtes (10 à 13) et c'est probablement la période de lui que j'aime le moins. Les histoires 'Le Quick Super' et 'Vacances sans histoires' sont sympathiques et j'aurais bien aimé que l'excellent 'La Peur au bout du fil' fasse plus de pages, mais le reste ne me semble pas intéressant sauf pour quelques bonnes idées et le dessin de Franquin. Franquin revient aux histoires longues avec Le Prisonnier du Bouddha qui est souvent considéré comme un chef d'œuvre par les lecteurs, mais personnellement je le trouve ennuyeux dès que les personnages quittent Champignac. Ce sont surtout les 5 albums suivants que je considère excellents. Les deux albums sur Zorglub sont des chefs d'œuvres de la bande dessinée franco-belge, les deux histoires du tome 17 sont les meilleures, QRN sur Bretzelburg est là encore un chef d'œuvre et c'est étonnant lorsqu'on sait à quel point sa production fut dure et Panade à Champignac est un superbe adieu à la série (et d'ailleurs mon album préféré grâce à son humour qui tourne la série en dérision). Fournier : C'est sans aucun doute mon auteur préféré après Franquin. Il commence avec trois albums sympathiques (numéro 20 à 22) où ses histoires sont sympathiques sans être mémorables et son dessin n'est pas à maturité. J'aime toutefois la galerie de personnages qu'il a créés pour ses récits et particulièrement Itoh Kata qui est un des personnages les plus drôles de la série. Avec Tora Torapa, il devient excellent tant au niveau du dessin que du scénario. Non seulement il utilise les personnages récurrents les plus mémorables de la série, il créé Ororéa qui me manque terriblement et que j'aurais aimé voir dans les nouvelles histoires. À partir de cet album je trouve son niveau complètement excellent sauf pour son histoire avec les extraterrestres qui a pourtant une bonne idée de départ, mais dont l'exécution laisse à désirer. Il est à noter que Fournier n'a jamais voulu abandonner la série et que l'éditeur la lui a retirée parce qu'il le trouvait trop lent. C'est dommage parce qu'il avait encore plusieurs idées d'albums et de plus je trouve dommage que hormis Spirou à Tokyo et une case dans la Jeunesse de Spirou, Fournier est oublié par les auteurs suivants. Nic et Cauvin : Un duo d'auteurs souvent décriés par les fans. Personnellement, je trouve que le tome 30 se laisse lire, mais les deux suivants sont vraiment sans intérêt. Les histoires sont remplies d'incohérences (par exemple, pourquoi les savants qui veulent partir de la terre afin que des compagnies ne mettent pas la main sur leurs inventions laissent une boite... remplie de plans d'inventions !?!) et les personnages ne sont pas attachants (Fantasio est tellement stupide que j'ai envie de le frapper). Le dessin de Nic est correct sans plus. La seule chose que je déteste dans son style est que le visage de Spirou est moche. Cauvin semble n'avoir aucune imagination en ce qui concerne Spirou et il me semble qu'il a écrit les scenarii uniquement parce que l'éditeur lui a demandé et cela doit être pour cela que j'ai l'impression en lisant ses trois albums qu'en fait il s'emmerdait et qu’il n’en avait rien à foutre de Spirou. Tome et Janry : Une autre période que les lecteurs en général aiment. Personnellement, je trouve que le gros plus de cette période est le dessin de Janry qui devient de plus en plus excellent au fil des albums. Pour ce qui est des scenarii, je les classe en deux périodes. La première va des albums 33 à 38 où les auteurs sont très influencés par Franquin. Je trouve aussi que c’est une période qui a produit soit des albums sympas (33, 35 et 38 qui comporte plusieurs histoires courtes), soit sans intérêt (34, 36 et 37). La deuxième période qui va des albums 39 à 46 est selon moi meilleure. Les auteurs développent un style plus personnel et ils créent un des meilleurs méchants de la série en la personne de Vito Cortizone. Il n’y a que les albums 44 et 46 que je n’aime pas trop, mais le 44 a tout de même quelques bons moments. De manière générale je trouve que si la plupart des albums sont bons, ils ne sont pas aussi mémorables que les albums de Franquin ou Fournier. Lorsque je referme un de leurs albums que j’aime, je trouve que j’ai passé un bon moment, mais sans plus. Il faut dire que leurs albums ont beaucoup de courses-poursuites. Morvan et Manuera : Une autre période décriée par les fans et si je n’aime pas trop, je vais quand même être mesuré. Leur premier album n'est qu’une grosse course-poursuite sans intérêt, le deuxième est pas mal et le meilleur, le troisième a de bonnes idées et j’étais content de revoir Itoh, mais il y a plusieurs défauts qui rendent l’album illisible (trop de scènes d’actions, le méchant est trop méchant, le sujet est trop sérieux et je ne retrouve pas l’humour que les autres auteurs mettaient lorsqu’ils dénonçaient des sujets comme la dictature, le nucléaire ou les armes bactériologiques) et finalement leur dernier album est sans aucun doute l’album que je déteste le plus avec une fin qui ne fait aucun sens ! Yoann et Vehlmann : Jusqu’à présent, j’ai trouvé leur premier ennuyeux et les deux suivants meilleurs, mais j’ai un peu le même problème qu’avec Tome et Janry : c’est sympathique, je passe un bon moment de lecture, mais je trouve que ce n’est pas mémorable. J’aime bien comment ils utilisent à la fois dans chaque album d’anciens personnages que j’aime et des nouveaux qui sont tout aussi bien. Au final, cette série est donc remplie d’albums inégaux, mais je relis la majorité avec plaisir même après des dizaines de lectures et ce que j’aime c’est comment différents auteurs ont réussi à faire des albums intéressants alors que plusieurs séries deviennent nulles après que leurs créateurs la quitte ou meurt. Dans les 53 albums parus jusqu’à présent il n'y a que quelques uns dont je mettrais la note maximum, mais cela ne m’empêche pas de trouver la série globalement culte.

27/08/2007 (MAJ le 02/10/2013) (modifier)
Couverture de la série Spider-Man - L'intégrale
Spider-Man - L'intégrale

Alors là, on touche à un des super-héros les plus cultes de l'écurie Marvel et aussi de la culture populaire américaine. Pas évident de s'y retrouver dans cette flopée de comics consacrés au Tisseur de toiles, mais cette intégrale en 27 volumes reprend tous les épisodes que j'ai dévorés dans ma période Strange (et Nova) entre 1977 et 1980, ceux des origines, loin des comics modernes qui se font maintenant sur les reprises de super-héros et qui surfent surtout sur le succès remporté par les films. Moi, ce que j'aime, c'est les vieux dessins sixties et seventies, réalisés par les dieux de l'époque comme John Romita, Jack Kirby, Gil Kane, Gene Colan ou Ross Andru.... c'est d'ailleurs valable pour les autres super-héros Marvel que j'ai avisé, comme Iron Man, Daredevil, Fantastic Four, Thor ou Silver Surfer, et Batman pour D.C. Comics. Lorsque le 15 aout 1962 l'Araignée apparaît pour la première fois sur la couverture du comic book Amazing Fantasy, Stan Lee ne se doute pas encore qu'il vient de créer l'un des monstres sacrés de chez Marvel. Il fait immédiatement la conquête des fans du monde entier et devient l'idole des campus américains et de la jeunesse désargentée de l'époque. Cette réussite repose sur plusieurs éléments: 1 : sa popularité est due au fait que ce nouveau super-héros était totalement différent des autres. Comme on le sait, Stan Lee a imposé une nouvelle stratégie éditoriale, les super-héros sont parfois acclamés par la foule, mais cette gloire est fugace, la société les rejette et les méprise ; le héros continue d'agir par sentiment du devoir, mais sa condition lui pèse, il est tourmenté, pétri de doutes et connaît l'envie, la haine, la peur, la passion, d'où une solitude intérieure qui sera commune à presque tous les personnages de Lee. Mais Spiderman est le véritable archétype de cette nouvelle optique, son aspect introspectif est amplifié. Méprisé et incompris de la société, même s'il se dévoue pour elle, et cela aussi bien sous son identité de Peter Parker que sous celle du justicier ; même certains autres super-héros le regardent de travers, c'est dire si son statut de héros est complexe. Stan Lee contrebalance cet aspect négatif et pessimiste en humanisant le personnage, en mettant en relief ses doutes et ses faiblesses, c'est pour ça qu'il plaît tant à une certaine jeunesse de l'époque. 2 : l'autre clé du succès est évidemment le dessin : contrairement à l'idée reçue, Stan Lee ne crée pas Spiderman avec son acolyte habituel Jack Kirby, celui-ci étant débordé et indisponible, mais avec Steve Ditko, dont le dessin moins agressif donne une silhouette plus fluide au personnage "aérien" du Tisseur de toiles. Cependant, Ditko se sent à l'étroit chez Marvel et quitte la firme en 1966, provoquant une longue suite de dessinateurs talentueux qui reprendront le personnage chacun dans leur style, perpétuant son incroyable succès, et qu'on retrouve dans cette intégrale : John Romita, Sal Buscema, Gil Kane, Jim Mooney, Gene Colan, Ross Andru, John Byrne, Jim Starlin, Mike Esposito..et aussi Kirby. De son côté, Lee cédera la plume à Roy Thomas, Gerry Conway, Bill Mantlo, Archie Goodwin, Len Wein, Chris Claremont entre autres. 3 : enfin, la bande vaut aussi par l'impressionnante brochette de super-vilains qu'affronte Spiderman, tels Electro, le Lézard, le Dr Octopus, le Scarabée, le Vautour, l'Homme Sable, Venom, Tarentula, Mysterio..... mais son ennemi le plus récurrent et le plus acharné (et aussi mon préféré) reste bien-sûr le célèbre Bouffon Vert (The Green Goblin) qui cherche vraiment à le détruire et avec qui il aura de rudes empoignades. Il n'est autre que Norman Osborne, chimiste brillant victime d'une de ses expériences ; il sera responsable de la mort de Gwen Stacy, première fiancée de Peter Parker (dont il a découvert la double identité). Spidey a aussi côtoyé des confrères comme Nova qui est le seul à être vraiment pote avec lui, Daredevil, Dr Strange, Captain America, le Faucon.... le Punisher dans certains épisodes jouissifs l'asticotera parfois durement, et Hulk déjouera quelques-uns de ses pièges... Stan Lee insiste sur ses blessures intérieures, nous fait partager sa double vie et ses amours sacrifiées, ses problèmes d'argent et son cas d'asocial : avec son second amour Mary Jane, il entretient une relation chaotique où il fait passer son devoir avant sa vie personnelle, de sorte qu'il ne peut mener une existence normale. D'autre part, son meilleur ami, Harry Osborne, fils de Norman, a découvert son secret....décidément rien n'est simple pour ce pauvre Parker, d'où son intérêt auprès des ados qui s'identifient au personnage. La plupart de ces aspects ont été très bien traduits dans les films de Sam Raimi, d'où le succès de cette franchise. Et si vous voulez comprendre à fond la génèse de ce personnage emblématique il faut lire d'abord cette intégrale (par petite dose, sinon on est vite saturé).

02/10/2013 (modifier)
Par Puma
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Victor Hugo, Aux frontières de l'exil
Victor Hugo, Aux frontières de l'exil

Offrez-vous par cette lecture une vrai plongée anachronique dans le 19ème siècle ! Le traitement graphique, superbe, vous y invite ! Les décors très documentés et magnifiquement rendus, comme la colorisation légèrement sépia, s'y prêtent à merveille ! Il y a eu beaucoup de BD récentes sur des écrivains : - Stefan Zweig avec un très bon Guillaume Sorel à l'aquarelle. - Robert-Louis Stevenson avec un époustouflant René Follet aux pinceaux. - Un "Rimbaud l'indésirable" avec un trop rapide et brouillon Xavier Coste au dessin et à la couleur. - Et enfin ce " Victor Hugo, Aux frontières de l'exil" qui présente de loin le scénario le plus percutant et le mieux mené. L’extraordinaire finesse et intelligence du scénario (la scénariste est historienne) conduit par un graphisme très "authentique" impose d'emblée cette BD en tête de peloton dans ce genre biographique. Mais cette narration, contrairement aux autres ouvrages précités, reste limitée à un épisode bien défini dans la vie de l'écrivain. L'ouvrage met en scène le merveilleux poème de Victor Hugo dédié à sa fille disparue. En fin d'histoire, se trouve également la reproduction d'un courrier-pamphlet humiliant la politique Napoléon III sur la peine de mort, comme de la soumission lamentable des Anglais suite aux pressions de ce même Napoléon III. La lecture de ces courriers reproduits, jette un froid ! Qui d'autre, en une demi page, pourrait par sa seule qualité de plume et d'âme, avec une telle trempe du français, incendier et humilier toute la politique française de Napoléon III comme jamais, et par la suite, rejeter la même sauce aux Anglais. Un monument de lecture !

01/10/2013 (modifier)
Par Puma
Note: 5/5
Couverture de la série Construire un feu
Construire un feu

Énorme ! Enorme ce que Chabouté nous a sorti là. Car entre nous, que faire finalement d'une histoire de Jack London assez simplette d'un imprudent promeneur avec son chien qui, en des terres glacées, se font sertir définitivement dans les serres du froid. Et bien de ce canevas très basique, Chabouté en a fait tout simplement quelque chose d'énorme ! D'abord, pour la couleur ! Pour sa seule BD en couleur (même si elles restent limitées et très proprement discrètes), c'est une réussite et une surprise inattendue. Enfin pour le traitement du scénario où Chabouté nous sort un thriller qui glace son lecteur comme jamais je crois, aucune BD jusque là ! Car le lecteur claque des dents, tremble, peste, souffre, est mal physiquement et psychologiquement, avec le personnage ! Cette prouesse me pousse à la plus grande révérence à cet auteur ici génial et doué d'un singulier et rare talent de conteur ! Une des BD exceptionnelle d'émotions et de talents graphiques, à lire... que dis-je, à vivre ...

27/09/2013 (modifier)
Par Ned C.
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Art Invisible
L'Art Invisible

Avis concernant le tome 3: "Faire de la bande dessinée": J'ai trouvé mon Graaaaal !!!! Etant dessinateur autodidacte, nombreux sont mes bouquins abordant le sujet mais là... je suis tombé sur l'ouvrage pratique le mieux foutu, clair, ludique et intéressant de la catégorie. Car au-delà du coutumier "Dessine tes personnages mangas", "Comment dessiner un super-héros" ou autres, Scott nous donne toutes les ficelles et astuces du métier si complexe qu'est auteur de BDs. Il nous avoue que beaucoup d'auteurs professionnels font souvent les mêmes erreurs. Le présent ouvrage nous permet de les éviter. De l'idée de base jusqu'à l'encrage, de l'élaboration du scénario jusqu'à la diffusion, du choix du style jusqu'au choix des plans,... Tout y est; et c'est passionnant à lire, expliqué de manière ludique, avec de l'humour et beaucoup de pragmatisme. Le style de McCloud est simple, rendant ses propos et exemples limpidement clairs et explicites. Gestuelle, perspectives, choix de la séquence et du moment, expressions faciales et variations de celles-ci, conception de personnages, construction d'un univers, dynamisme, choix de l'image et du cadrage, techniques des outils, apprendre à faire un décor, harmonie du texte et du dessin, découpage de la planche, ... Tout y est et expliqué de la façon idéale (c'est à dire sous forme de bande-dessinée). Plus que mon livre de chevet, c'est ma bible, mon outil de référence, trônant sur le bureau, à coté de ma table à dessin. IN-DI-Spensable à tout bédéiste pro ou amateur, dispensable pour le simple lecteur.

26/09/2013 (modifier)
Par pedrolito
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Alim le tanneur
Alim le tanneur

Quelle claque! C'est ce genre d'ouvrages qui fait de la BD ce qu'elle est! Des dessins somptueux au service d'une histoire remarquable. Cette BD est comme une fresque satirique dénonçant la folie des Hommes emprunts de fanatisme religieux. Comment les sentiments primaires des gens les poussent à des actes inconsidérés, surtout quand cela fait vaciller leur trône et leur statut si justement glané. Cette fable est belle, touchante mais terriblement révoltante... On s'attache aux personnages, à Alim, à sa fille, au grand père... si bien que la fin arrive trop rapidement et avec elle la fin de l'innocence de la fille d'Alim mais aussi du lecteur. Ne passez surtout pas à côté de cette série monstrueusement délicieuse... courrez dans votre librairie préférée acheter ce petit bijou!!!

21/09/2013 (MAJ le 21/09/2013) (modifier)