On sent qu'il y a eu un travail de recherche assez minutieux, Sakaguchi nous plonge dans l'horreur de la guerre : la brutalité du régime nazi. Rien ne nous est épargné de toute cette haine latente qui rongeait cette mosaïque de peuples qui formait la Yougoslavie.
Là je me demande comment un éditeur peut se permettre d’arrêter une série avec un tel potentiel car il ne s'agit pas d'un simple divertissement.
J'aime bien les dessins de Sakaguchi. Certains de ses personnages ont toujours des têtes d'ahuris, ce qui fait sourire et détend le côté oppressant de certaines situations.
Je mets 5/5 car au vu de ces 3 premiers tomes, l'histoire ne peut que monter en puissance. Pour l'achat, non car la suite ne viendra jamais, ce qui est fort dommage.
Au croisement de Ghibli et Jules Verne, avec la maestria artistique pastellée d'Alex Alice, le château des étoiles est une pure réussite enfantine et poétique habile en contre pieds et où les partis pris non-cartésiens passent comme une lettre à la poste.
A cela s'ajoute la réinvention de la gazette épisodique qui en appelle beaucoup d'autre j'espère.
Avis après le tome 6 :
Une série historique sur la guerre de cent ans, un parti pris audacieux d'explications rationnelles sur le phénomène Jeanne d'Arc, des intrigues de château et des personnages forts. Moi, il m'en faut pas plus pour me contenter, et même si des largesses avec l'Histoire sont prises, je ne boude pas mon plaisir avec le trône d'argile.
Le dessin très académique sur les 3-4 premiers tomes prend une ampleur grandiose sur les 5 et 6, à l'image des couvertures somptueuses.
A boire et à manger dans cette série, et sans modération.
Deux points plus négatifs cependant : des raccourcis temporels qui auraient gagné quelques explications et il ne reste a priori qu'un volet à sortir.
Pour mon avis n° 800, il fallait quelque chose de vraiment important et c'est donc sur cette magnifique série historique que je me décide à dire quelques mots.
D'aucuns l'ont dit avant moi, voilà donc une série pour l'instant en six tomes, qui renouvelle totalement le genre de la BD historique. Alors oui, pour une autre époque il y avait le grandiose Murena. Mais en ce qui concerne l'histoire de France, je ne vois à ce jour aucune série qui arrive à la cheville de celle-ci. Et quoi ?, me direz vous, et Les Chemins de Malefosse, et Les 7 vies de l'épervier, et toutes les autres répertoriées dans le thème des immanquables historiques. Oui mais non, pourquoi détacher celle-ci ?, celles citées plus haut sont bien plus qu'honorables.
Mon avis est que pour la première fois et dans un style moderne, une série sait et arrive à vous passionner pour une histoire réelle. De faits historiques, elle vous fait un roman, une épopée, un truc auquel on devient accro avec une seule envie, que va t-il se passer après ? Comment une histoire que nous avons pour la plupart effleurée au cours de nos humanités est-elle rendue aussi passionnante ? Rappelons-nous nos cours d'histoire ! Jeanne d'Arc était bien sûr évoquée (grandeur de la France et icône nationale obligent !) et puis basta ! Nous apprenions que les Anglais étaient très méchants et hop suite du programme, nous attaquions sur le siècle de Louis XIV. Ah joie de l'apprentissage non chronologique des choses.
Mais revenons à ce "Trône d'argile", c'est donc l'esprit vierge de toutes connaissances historiques sur la période que je me suis lancé dans cette lecture. A cette époque la France est dans un état de déliquescence complet. Des querelles territoriales et de prise de pouvoir sont à l’œuvre partout et il faudra encore attendre longtemps avant que la notion d’État-nation telle que nous la connaissons aujourd'hui prenne tout son sens. Avec cette lecture je ne peux m'empêcher de penser qu'une alchimie particulière a du avoir lieu.
OK, j'aime l'histoire, elle éclaire de bien des manières l'actualité d'aujourd'hui ; et pour moi le grand succès de cette série vient de sa construction d'une part et de son graphisme hallucinant de véracité d'autre part. Au fil des six tomes pas de grandes batailles, pas de combats échevelés, des affrontements certes mais beaucoup d'évènements se règlent finalement dans les coulisses où œuvrent des personnages, tous ayant existé, qui trament des complots visant à leur faire acquérir plus de pouvoir, tandis que d'autres plus nobles pensent avant tout au destin de leur pays.
Je suis un grand fan d'héroic-fantaisy et j'aime bien ces grosses bastons un peu bourines où le sang gicle ; je ne vous ferais pas l’offense de citer une autre histoire de trône ! Ici point de tout cela mais j'ai quand même fortement apprécié ce foisonnement de liens, d'intrigues qui se lient, se délient au fil du temps, des acteurs et de leurs ambitions. L'ensemble est parfaitement construit avec une rigueur qui ne se dément jamais. Dire que l'on apprend des choses est un euphémisme mais jamais ce n'est didactique au sens chiant du terme.
Un mot sur le dessin que personnellement je qualifierai de grandiose, en tout état de cause il est en parfaite adéquation avec l'histoire. D'un bout à l'autre de la "chaine" il est d'une extrême précision, (il n'y manque pas un bouton de guêtre !) mais il sait rester vivant dynamique et certaines planches méritent vraiment un coup d’œil attentif.
Que dire de plus qui n'est pas déjà été dit ? Si, outre l'achat plus que conseillé bien sur, un petit conseil ou plutôt une proposition aux gens savants qui concoctent les programmes scolaires : que diriez-vous, messieurs, de mettre au programme ce type d'ouvrage ? Ne pensez vous pas que cela pourrait aider quelques-unes de nos chères têtes blondes à se réconcilier avec l'histoire ?
Si un jour vous recevez "Daytripper" en cadeau, chérissez celui qui vous l’a offert (merci mon Pierrot !). Et si ce chef d’œuvre vous tombe dans les mains par hasard, chérissez la vie, tout simplement. Car après une telle lecture, il y a de fortes chances que vous ne voyiez plus les choses tout à fait comme avant. A travers Brás, le lecteur se verra rappeler certaines évidences fondamentales – car c’est bien connu, c’est souvent l’habitude qui nous fait oublier ce qui se trouve sous nos yeux – en se mettant dans la peau du personnage, d’autant plus facilement que celui-ci facilite l’identification par son côté anti-héros humain et attachant. La trame est à la fois simple et très originale. Découpé en dix chapitres, chacun d’entre eux constituant une nouvelle se terminant par la mort de Brás à un âge différent avec des causes diverses, ce récit leitmotivique souligne notre condition éphémère comme pour mieux nous faire assimiler cette maxime pleine de sagesse : vivons « au jour le jour », comme si chaque jour était le dernier.
A l’aide d’un trait voluptueux, Fábio Moon et Gabriel Bá nous offrent là une histoire généreuse, sensuelle et profonde comme le Brésil, où l’âpreté du monde et son corollaire, le désenchantement, rencontrent le sacré puis s’effacent devant lui. La mise en couleurs de Dave Stewart reste sobre et élégante, tout en contrastes comme la vie peut l’être. Il semble que rien ne manque à cette œuvre très aboutie, qui bénéficie par ailleurs de textes et dialogues d’une grande qualité. Il y aurait encore beaucoup à dire, tant cette production recèle de richesses. Mais afin d’éviter que la présente chronique n’empiète sur cet objet magnifique, une simple liste d’adjectifs devrait suffire à définir "Daytripper", même si celle-ci ne saurait être exhaustive. Harmonieux, humain, humble, fraternel, sensible, vibrant, poétique, lumineux, poignant, tragique, merveilleux…
Au final, cette « excursion d’un jour » se révélera un véritable baume sur nos « coração » soucieux, un baume capable de suspendre pour un instant le temps de nos vies, aussi éphémères qu’un éclair dans le ciel infini. C’est pourquoi, nous disent les auteurs, pour réaliser nos rêves, nous devons vivre notre vie, et ne pas rester passifs par peur de l’échec. Vivre. « Se réveiller. Avant qu’il ne soit trop tard. » Demeurer humbles. Apprécier la beauté du monde dans les choses les plus simples.
Récompensé par un Eisner Award, préfacé par Cyril Pedrosa et postfacé par Craig Thompson, excusez du peu !, "Daytripper" s’impose incontestablement comme une œuvre majeure du neuvième art brésilien et plus généralement planétaire. L'ouvrage m’aura par ailleurs permis de découvrir non seulement la production de ce pays mais également deux auteurs de grand talent.
L'aventure a commencé début 2014 lorsqu'au salon de la bd d’Angoulême, au détour d'un stand, je suis tombé totalement amoureux d'une affiche, reprenant la couverture du premier tome de cette magnifique bd.
Grand amateur de Jules Verne et du steampunk, cette affiche et le contenu hétéroclite du stand me renvoya mes lectures de 20.000 lieues sous les mers en pleine mémoire...
Je savais déjà avant sa sortie que j'allais l'aimer, cette bd.
Quelques mois plus tard, je n'ai pas été déçu, bien au contraire : la sortie originale au format gazette, donnant un petit plus à l'ambiance de l'histoire, permet de goûter aux fabuleuses images que nous offre Alex Alice en format XXL !
L'histoire est à l'image des romans de Verne, accessible à tous les âges, pleine d'aventure, même si la thématique fleure le déjà vu (notamment avec l'excellent De Cape et de Crocs et son voyage lunaire).
Les personnages sont attachants, le soin apporté à la conception de l'Ethernef est tout bonnement génial, cet appareil est un mélange bien dosé du Nautilus de Nemo (le capitaine, pas le poisson !) et du Grand Condor d'Esteban, Tao et Zia, une vrai réussite.
Visuellement, c'est superbe, avec certaines planches sortant vraiment du lot (la double page du feu d'artifice sur le château du Rocher du Cygne est magnifique).
Je conseille l'achat non pas les yeux fermés car il serait dommage d'en rater une miette, mais au contraire les mirettes grandes ouvertes et l’âme aventureuse, vous ne serez pas déçus.
Pour les plus réticents à l'achat et sur une note moins enchantée et plus matérielle, les 6 gazettes reprenant la totalité de l'histoire étalée sur 2 tomes "classiques", coûtent un peu moins de 3 euros l’unité, soit moins de 18 euros pour l'histoire complète dans son format le plus original et plaisant.
Faites-vous une fleur, vous ne regretterez pas le voyage à bord de l'Ethernef !
Graphisme : 5/5
Scénario : 4/5
Bonus coup de cœur (pour l'Ambiance, le Format, et l'Ethernef) : 6/5
Le compte est bon, 5/5 !
Sanaa demande à Lupus pourquoi il cherche à se droguer tout le temps.
Lupus lui répond qu’il n’a pas trouvé plus simple pour ne pas ressembler à tout le monde.
Voilà, avec ce court passage essentiel, tout est dit ou presque dans le chef d’œuvre de Frederik Peeters. Ce que vous ne trouverez pas dans cette odyssée intergalactique ce sont des courses poursuites dans l’espace, des termes technologiques incompréhensibles et des batailles de l’univers.
Non, par contre ce qu’on vous y garantit c’est un dépaysement total, un univers crédible et vivant, de jolies rencontres impromptues et pas mal de flottement, de questions pertinentes parfois sans réponse et de passer du rire aux larmes sans jamais s’y ennuyer.
Peeters soigne ses décors et rend le tout aussi crédible que poétique dans un noir et blanc charbonneux des plus inspirés et complètement réussi. Que Lupus et Tony aillent pécher des poissons monstrueux pour tuer l’ennui ou que Sanaa, la jeune fille qu’ils recueillent et dont Lupus tombe amoureux, soit aussi charmante que mystérieuse, ne cherchez pas un dénouement heureux, logique mais une belle ouverture et une odyssée digne des meilleurs road trips. Lupus est un chef d’œuvre parfaitement achevé qui donne envie, une fois la lecture achevée, de sourire tout en regardant vers le ciel quelque part entre les étoiles...
Ouvrage intéressant et témoignage rare que cette BD. Je n'adhère absolument pas au message sectaire diffusé en fond mais il permet de se rendre compte de la folie douce de ses affidés. Mention spéciale au passage qui crucifie l éducation en la faisant passer pour un complot castrateur pour bloquer la psychologie et le développement des jeunes, autant le reste de la BD est gentiment naïf, new age, nanar vieillissant mal autant certains passages comme celui si sont carrément limites...
Cela reste un voyage intéressant dans les méandres psychotiques d'une secte, à condition d'en revenir entier... et sain d'esprit.
Je le classe comme culte pour la rareté de la fenêtre qu'elle ouvre.
Mon dieu que j'adore ces albums ! Pour moi le 5/5 est amplement mérité. Margerin manie l'humour à merveille, que cela soit dans le visuel ou les dialogues. C'est exquis.
Son style de dessin, est compréhensible, fourmille de détails (enfin surtout quant il s'agit de gags d'arrière plans) et possède un petit coté chaleureux (même si il viendra plus avec le temps) rendant la lecture agréable.
Quand on allie ça à des gags vraiment bons cela donne des sketchs cultes.
Lucien est un (anti) héro vraiment attachant. En effet on s'identifie à lui, certaines des histoires nous font ressentir de la compassion pour lui. Et les personnages secondaires sont vraiment drôles et variés.
Les mini histoires où Lucien et sa bande n'apparaissent pas sont tout aussi plaisantes et elles permettent une diversité et d'éviter une redondance des personnages.
Ces quelques longs scénarios sont vraiment bons. Y'a très peu de temps morts (sauf peut être pour "toujours la banane"), les situations sont vraiment intéressantes à suivre et c'est très drôle.
L'idée de faire vieillir son personnage est une bonne idée, cela amène son lot de bonnes idées, et en plus la qualité n'as pas baissé (peut être pour "Tel père, tel fils") ce qui est gage de qualité.
Tout ça pour dire que pour moi Lucien est un personnage incontournable de la BD franco-belge au même titre que Gaston Lagaffe, et que pour passer un bon moment, décompressez ou je ne sais quoi d'autre pour se sentir bien lire un album Lucien est une bonne idée.
Je recommande fortement.
Ouarfff ! Voilà un album qu’il est poilant !
La majeure partie de l’album est muette, et décrit par le menu les (més)aventures d’une sorte de petit singe, qui tente de survivre dans un monde préhistorique.
Son principal prédateur et adversaire est un tigre à dents de sabre malmené par les événements. Au passage, cela me rappelle le léopard qui tente désespérément de becqueter un Marsupilami et qui échoue lamentablement à chaque fois. Cette traque ratée est source de nombreux gags.
Cette partie muette se lit vite et bien, est vraiment réussie, drôle, le dessin de Winshluss, dans un Noir et Blanc un peu brouillon, étant parfait pour coller à l’intrigue.
Un long épilogue avec dialogues, situé au XIXème siècle, me paraissait incongru au début, mais finalement, il amène de manière judicieuse la chute, elle aussi très amusante et « édifiante ».
Quelques années avant son chef d’œuvre, « Pinocchio », Winshluss avait déjà réalisé un chouette album, peut-être un peu moins ambitieux, mais absolument à redécouvrir !
Une énième relecture me fait ajouter une étoile à ce petit bijou !
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Fleurs de Pierre
On sent qu'il y a eu un travail de recherche assez minutieux, Sakaguchi nous plonge dans l'horreur de la guerre : la brutalité du régime nazi. Rien ne nous est épargné de toute cette haine latente qui rongeait cette mosaïque de peuples qui formait la Yougoslavie. Là je me demande comment un éditeur peut se permettre d’arrêter une série avec un tel potentiel car il ne s'agit pas d'un simple divertissement. J'aime bien les dessins de Sakaguchi. Certains de ses personnages ont toujours des têtes d'ahuris, ce qui fait sourire et détend le côté oppressant de certaines situations. Je mets 5/5 car au vu de ces 3 premiers tomes, l'histoire ne peut que monter en puissance. Pour l'achat, non car la suite ne viendra jamais, ce qui est fort dommage.
Le Château des étoiles
Au croisement de Ghibli et Jules Verne, avec la maestria artistique pastellée d'Alex Alice, le château des étoiles est une pure réussite enfantine et poétique habile en contre pieds et où les partis pris non-cartésiens passent comme une lettre à la poste. A cela s'ajoute la réinvention de la gazette épisodique qui en appelle beaucoup d'autre j'espère.
Le Trône d'argile
Avis après le tome 6 : Une série historique sur la guerre de cent ans, un parti pris audacieux d'explications rationnelles sur le phénomène Jeanne d'Arc, des intrigues de château et des personnages forts. Moi, il m'en faut pas plus pour me contenter, et même si des largesses avec l'Histoire sont prises, je ne boude pas mon plaisir avec le trône d'argile. Le dessin très académique sur les 3-4 premiers tomes prend une ampleur grandiose sur les 5 et 6, à l'image des couvertures somptueuses. A boire et à manger dans cette série, et sans modération. Deux points plus négatifs cependant : des raccourcis temporels qui auraient gagné quelques explications et il ne reste a priori qu'un volet à sortir.
Le Trône d'argile
Pour mon avis n° 800, il fallait quelque chose de vraiment important et c'est donc sur cette magnifique série historique que je me décide à dire quelques mots. D'aucuns l'ont dit avant moi, voilà donc une série pour l'instant en six tomes, qui renouvelle totalement le genre de la BD historique. Alors oui, pour une autre époque il y avait le grandiose Murena. Mais en ce qui concerne l'histoire de France, je ne vois à ce jour aucune série qui arrive à la cheville de celle-ci. Et quoi ?, me direz vous, et Les Chemins de Malefosse, et Les 7 vies de l'épervier, et toutes les autres répertoriées dans le thème des immanquables historiques. Oui mais non, pourquoi détacher celle-ci ?, celles citées plus haut sont bien plus qu'honorables. Mon avis est que pour la première fois et dans un style moderne, une série sait et arrive à vous passionner pour une histoire réelle. De faits historiques, elle vous fait un roman, une épopée, un truc auquel on devient accro avec une seule envie, que va t-il se passer après ? Comment une histoire que nous avons pour la plupart effleurée au cours de nos humanités est-elle rendue aussi passionnante ? Rappelons-nous nos cours d'histoire ! Jeanne d'Arc était bien sûr évoquée (grandeur de la France et icône nationale obligent !) et puis basta ! Nous apprenions que les Anglais étaient très méchants et hop suite du programme, nous attaquions sur le siècle de Louis XIV. Ah joie de l'apprentissage non chronologique des choses. Mais revenons à ce "Trône d'argile", c'est donc l'esprit vierge de toutes connaissances historiques sur la période que je me suis lancé dans cette lecture. A cette époque la France est dans un état de déliquescence complet. Des querelles territoriales et de prise de pouvoir sont à l’œuvre partout et il faudra encore attendre longtemps avant que la notion d’État-nation telle que nous la connaissons aujourd'hui prenne tout son sens. Avec cette lecture je ne peux m'empêcher de penser qu'une alchimie particulière a du avoir lieu. OK, j'aime l'histoire, elle éclaire de bien des manières l'actualité d'aujourd'hui ; et pour moi le grand succès de cette série vient de sa construction d'une part et de son graphisme hallucinant de véracité d'autre part. Au fil des six tomes pas de grandes batailles, pas de combats échevelés, des affrontements certes mais beaucoup d'évènements se règlent finalement dans les coulisses où œuvrent des personnages, tous ayant existé, qui trament des complots visant à leur faire acquérir plus de pouvoir, tandis que d'autres plus nobles pensent avant tout au destin de leur pays. Je suis un grand fan d'héroic-fantaisy et j'aime bien ces grosses bastons un peu bourines où le sang gicle ; je ne vous ferais pas l’offense de citer une autre histoire de trône ! Ici point de tout cela mais j'ai quand même fortement apprécié ce foisonnement de liens, d'intrigues qui se lient, se délient au fil du temps, des acteurs et de leurs ambitions. L'ensemble est parfaitement construit avec une rigueur qui ne se dément jamais. Dire que l'on apprend des choses est un euphémisme mais jamais ce n'est didactique au sens chiant du terme. Un mot sur le dessin que personnellement je qualifierai de grandiose, en tout état de cause il est en parfaite adéquation avec l'histoire. D'un bout à l'autre de la "chaine" il est d'une extrême précision, (il n'y manque pas un bouton de guêtre !) mais il sait rester vivant dynamique et certaines planches méritent vraiment un coup d’œil attentif. Que dire de plus qui n'est pas déjà été dit ? Si, outre l'achat plus que conseillé bien sur, un petit conseil ou plutôt une proposition aux gens savants qui concoctent les programmes scolaires : que diriez-vous, messieurs, de mettre au programme ce type d'ouvrage ? Ne pensez vous pas que cela pourrait aider quelques-unes de nos chères têtes blondes à se réconcilier avec l'histoire ?
Daytripper (au jour le jour)
Si un jour vous recevez "Daytripper" en cadeau, chérissez celui qui vous l’a offert (merci mon Pierrot !). Et si ce chef d’œuvre vous tombe dans les mains par hasard, chérissez la vie, tout simplement. Car après une telle lecture, il y a de fortes chances que vous ne voyiez plus les choses tout à fait comme avant. A travers Brás, le lecteur se verra rappeler certaines évidences fondamentales – car c’est bien connu, c’est souvent l’habitude qui nous fait oublier ce qui se trouve sous nos yeux – en se mettant dans la peau du personnage, d’autant plus facilement que celui-ci facilite l’identification par son côté anti-héros humain et attachant. La trame est à la fois simple et très originale. Découpé en dix chapitres, chacun d’entre eux constituant une nouvelle se terminant par la mort de Brás à un âge différent avec des causes diverses, ce récit leitmotivique souligne notre condition éphémère comme pour mieux nous faire assimiler cette maxime pleine de sagesse : vivons « au jour le jour », comme si chaque jour était le dernier. A l’aide d’un trait voluptueux, Fábio Moon et Gabriel Bá nous offrent là une histoire généreuse, sensuelle et profonde comme le Brésil, où l’âpreté du monde et son corollaire, le désenchantement, rencontrent le sacré puis s’effacent devant lui. La mise en couleurs de Dave Stewart reste sobre et élégante, tout en contrastes comme la vie peut l’être. Il semble que rien ne manque à cette œuvre très aboutie, qui bénéficie par ailleurs de textes et dialogues d’une grande qualité. Il y aurait encore beaucoup à dire, tant cette production recèle de richesses. Mais afin d’éviter que la présente chronique n’empiète sur cet objet magnifique, une simple liste d’adjectifs devrait suffire à définir "Daytripper", même si celle-ci ne saurait être exhaustive. Harmonieux, humain, humble, fraternel, sensible, vibrant, poétique, lumineux, poignant, tragique, merveilleux… Au final, cette « excursion d’un jour » se révélera un véritable baume sur nos « coração » soucieux, un baume capable de suspendre pour un instant le temps de nos vies, aussi éphémères qu’un éclair dans le ciel infini. C’est pourquoi, nous disent les auteurs, pour réaliser nos rêves, nous devons vivre notre vie, et ne pas rester passifs par peur de l’échec. Vivre. « Se réveiller. Avant qu’il ne soit trop tard. » Demeurer humbles. Apprécier la beauté du monde dans les choses les plus simples. Récompensé par un Eisner Award, préfacé par Cyril Pedrosa et postfacé par Craig Thompson, excusez du peu !, "Daytripper" s’impose incontestablement comme une œuvre majeure du neuvième art brésilien et plus généralement planétaire. L'ouvrage m’aura par ailleurs permis de découvrir non seulement la production de ce pays mais également deux auteurs de grand talent.
Le Château des étoiles
L'aventure a commencé début 2014 lorsqu'au salon de la bd d’Angoulême, au détour d'un stand, je suis tombé totalement amoureux d'une affiche, reprenant la couverture du premier tome de cette magnifique bd. Grand amateur de Jules Verne et du steampunk, cette affiche et le contenu hétéroclite du stand me renvoya mes lectures de 20.000 lieues sous les mers en pleine mémoire... Je savais déjà avant sa sortie que j'allais l'aimer, cette bd. Quelques mois plus tard, je n'ai pas été déçu, bien au contraire : la sortie originale au format gazette, donnant un petit plus à l'ambiance de l'histoire, permet de goûter aux fabuleuses images que nous offre Alex Alice en format XXL ! L'histoire est à l'image des romans de Verne, accessible à tous les âges, pleine d'aventure, même si la thématique fleure le déjà vu (notamment avec l'excellent De Cape et de Crocs et son voyage lunaire). Les personnages sont attachants, le soin apporté à la conception de l'Ethernef est tout bonnement génial, cet appareil est un mélange bien dosé du Nautilus de Nemo (le capitaine, pas le poisson !) et du Grand Condor d'Esteban, Tao et Zia, une vrai réussite. Visuellement, c'est superbe, avec certaines planches sortant vraiment du lot (la double page du feu d'artifice sur le château du Rocher du Cygne est magnifique). Je conseille l'achat non pas les yeux fermés car il serait dommage d'en rater une miette, mais au contraire les mirettes grandes ouvertes et l’âme aventureuse, vous ne serez pas déçus. Pour les plus réticents à l'achat et sur une note moins enchantée et plus matérielle, les 6 gazettes reprenant la totalité de l'histoire étalée sur 2 tomes "classiques", coûtent un peu moins de 3 euros l’unité, soit moins de 18 euros pour l'histoire complète dans son format le plus original et plaisant. Faites-vous une fleur, vous ne regretterez pas le voyage à bord de l'Ethernef ! Graphisme : 5/5 Scénario : 4/5 Bonus coup de cœur (pour l'Ambiance, le Format, et l'Ethernef) : 6/5 Le compte est bon, 5/5 !
Lupus
Sanaa demande à Lupus pourquoi il cherche à se droguer tout le temps. Lupus lui répond qu’il n’a pas trouvé plus simple pour ne pas ressembler à tout le monde. Voilà, avec ce court passage essentiel, tout est dit ou presque dans le chef d’œuvre de Frederik Peeters. Ce que vous ne trouverez pas dans cette odyssée intergalactique ce sont des courses poursuites dans l’espace, des termes technologiques incompréhensibles et des batailles de l’univers. Non, par contre ce qu’on vous y garantit c’est un dépaysement total, un univers crédible et vivant, de jolies rencontres impromptues et pas mal de flottement, de questions pertinentes parfois sans réponse et de passer du rire aux larmes sans jamais s’y ennuyer. Peeters soigne ses décors et rend le tout aussi crédible que poétique dans un noir et blanc charbonneux des plus inspirés et complètement réussi. Que Lupus et Tony aillent pécher des poissons monstrueux pour tuer l’ennui ou que Sanaa, la jeune fille qu’ils recueillent et dont Lupus tombe amoureux, soit aussi charmante que mystérieuse, ne cherchez pas un dénouement heureux, logique mais une belle ouverture et une odyssée digne des meilleurs road trips. Lupus est un chef d’œuvre parfaitement achevé qui donne envie, une fois la lecture achevée, de sourire tout en regardant vers le ciel quelque part entre les étoiles...
Voyage Intemporel
Ouvrage intéressant et témoignage rare que cette BD. Je n'adhère absolument pas au message sectaire diffusé en fond mais il permet de se rendre compte de la folie douce de ses affidés. Mention spéciale au passage qui crucifie l éducation en la faisant passer pour un complot castrateur pour bloquer la psychologie et le développement des jeunes, autant le reste de la BD est gentiment naïf, new age, nanar vieillissant mal autant certains passages comme celui si sont carrément limites... Cela reste un voyage intéressant dans les méandres psychotiques d'une secte, à condition d'en revenir entier... et sain d'esprit. Je le classe comme culte pour la rareté de la fenêtre qu'elle ouvre.
Lucien
Mon dieu que j'adore ces albums ! Pour moi le 5/5 est amplement mérité. Margerin manie l'humour à merveille, que cela soit dans le visuel ou les dialogues. C'est exquis. Son style de dessin, est compréhensible, fourmille de détails (enfin surtout quant il s'agit de gags d'arrière plans) et possède un petit coté chaleureux (même si il viendra plus avec le temps) rendant la lecture agréable. Quand on allie ça à des gags vraiment bons cela donne des sketchs cultes. Lucien est un (anti) héro vraiment attachant. En effet on s'identifie à lui, certaines des histoires nous font ressentir de la compassion pour lui. Et les personnages secondaires sont vraiment drôles et variés. Les mini histoires où Lucien et sa bande n'apparaissent pas sont tout aussi plaisantes et elles permettent une diversité et d'éviter une redondance des personnages. Ces quelques longs scénarios sont vraiment bons. Y'a très peu de temps morts (sauf peut être pour "toujours la banane"), les situations sont vraiment intéressantes à suivre et c'est très drôle. L'idée de faire vieillir son personnage est une bonne idée, cela amène son lot de bonnes idées, et en plus la qualité n'as pas baissé (peut être pour "Tel père, tel fils") ce qui est gage de qualité. Tout ça pour dire que pour moi Lucien est un personnage incontournable de la BD franco-belge au même titre que Gaston Lagaffe, et que pour passer un bon moment, décompressez ou je ne sais quoi d'autre pour se sentir bien lire un album Lucien est une bonne idée. Je recommande fortement.
Smart monkey
Ouarfff ! Voilà un album qu’il est poilant ! La majeure partie de l’album est muette, et décrit par le menu les (més)aventures d’une sorte de petit singe, qui tente de survivre dans un monde préhistorique. Son principal prédateur et adversaire est un tigre à dents de sabre malmené par les événements. Au passage, cela me rappelle le léopard qui tente désespérément de becqueter un Marsupilami et qui échoue lamentablement à chaque fois. Cette traque ratée est source de nombreux gags. Cette partie muette se lit vite et bien, est vraiment réussie, drôle, le dessin de Winshluss, dans un Noir et Blanc un peu brouillon, étant parfait pour coller à l’intrigue. Un long épilogue avec dialogues, situé au XIXème siècle, me paraissait incongru au début, mais finalement, il amène de manière judicieuse la chute, elle aussi très amusante et « édifiante ». Quelques années avant son chef d’œuvre, « Pinocchio », Winshluss avait déjà réalisé un chouette album, peut-être un peu moins ambitieux, mais absolument à redécouvrir ! Une énième relecture me fait ajouter une étoile à ce petit bijou !