Vraiment une bonne surprise que ce manga jeunesse qui sort des sentiers battus.
Déjà, j'aime bien le graphisme qui fait vieillot. On dirait un manga qui sort tout droit des années 60-70. Je le trouve à la fois très dynamique et très expressif. J'adore le ton de la série, qui est pour moi plus près d'un conte que des univers fantasy qu'on retrouve habituellement dans les mangas. Le personnage principal devient vite attachant et il y a une très bonne galerie de personnages secondaires.
Ce que j'aime surtout dans le scénario est qu'il est beaucoup plus original qu'il semblerait à première vue et j'ai souvent été surpris par la tournure des événements. Par exemple, la belle-mère du héros, qui semble être le stéréotype de la méchante belle-mère, se révèle vite être en fait un personnage plus complexe. Le récit est captivant et j'ai bien envie de voir ce qui va arriver par la suite. J'ai dévoré les 4 tomes en une journée et je les conseille à tous, surtout ceux qui sont allergiques aux mangas, parce qu'on ne retrouve pas les clichés du genre en dehors que le héros veut devenir plus fort, mais là encore c'est un héros différent de ceux qu'on retrouve dans les shonens.
Ce récit chronologique de la vie de Jesse James est à mon avis très réussi. Pas de longueurs, pas de passages trop « documentaires ». C’est fluide, bien écrit, alerte et bien découpé. On suit le parcours du jeune Jesse dont le récit commence à la mort brutale de son père assassiné par les Nordistes. Sa détermination farouche à venger l’injustice de cette mort guidera Jesse James tout au long de sa vie. Contrairement à beaucoup d’autres scénarios, incomplets ou fantaisistes, le personnage n’est pas idéalisé et le court dossier historique en fin d’album nous éclaire sur sa vraie personnalité avec sa part de courage, d’inconscience et le côté sombre de son caractère. Le dessin et la couleur sont assez bluffant et les bagarres ne manquent pas d’énergie. J’ai lu cet album avec plaisir pour l’ambiance qui s’en dégage et pour l’angle choisi pour le scénario : déconstruire le mythe du héros. Violence, noirceur, vengeance, une atmosphère sombre dans laquelle s’enfonce inexorablement notre personnage jusqu’à une fin fatale. Un personnage ambivalent, dans une époque en pleine mutation : bref, un western crépusculaire, comme je les aime.
Quelle belle surprise, un western classique comme je les aime, construit sur un scénario qui nous emmène à travers l'immensité des plaines américaines. L'originalité de cette bd sont les héros, une bande composée d'indiens et d'un Irlandais avec chacun un passé douloureux.
L'auteur dénonce la misère des émigrants et les conditions de vie dans les réserves indiennes et décrit un pays où la loi du plus fort est la plus respectée.
Le format de 224 pages permet à l'auteur entre deux actions de faire un retour en arrière pour cerner les personnages et comprendre leurs choix de vie.
Une belle chevauchée à travers les plaines, les forêts et les montagnes, Neyef nous transporte dans des décors magnifiques en dessinant des panoramas avec de superbes couleurs. Une vision idyllique de la nature qui tranche avec la cruauté et le désespoir des hommes qui y vivent.
Un scénario plein de rebondissements et de surprises, un régal.
On entend parler régulièrement, voire très régulièrement de l'ONU. Il faut dire qu'avec les crises internationales qui se succèdent, cette assemblée des nations est constamment sur la sellette.
Cet album, initialement sortie en 2018, est donc réédité avec une nouvelle et fort jolie couverture, et une mise à jour des informations contenues à l'intérieur. C'est ainsi que nous suivons Karim Lebhour, correspondant de RFI auprès de l'ONU, dans sa découverte de cette énorme machine. Une découverte assez folklorique, d'ailleurs, tant il n'a pu que constater l'inertie, l'absurdité et les contrastes inhérents à la diplomatie internationale. Le bâtiment est le lieu de nombreuses discussions, de productions, essentiellement des rapports, qui ne servent le plus souvent à pas grand-chose, et une organisation où les petits pays sont bien peu de choses face au jeu d'échecs des membres du conseil de sécurité... Il y a de nombreuses anecdotes savoureuses sur ce jeu de dupes, comme l'interview lunaire de Ban Ki-Moon, les "cadeaux" de certains Etats membres conservés dans les jardins... Mais au milieu de l'hypocrisie générale, il y a aussi de l'espoir, des lueurs et de la fraternité entre les observateurs et -parfois- les ambassadeurs.
Le dessin d'Aude Massot est en bichromie, et d'une grande clarté, jouant sur l'expressivité des personnages et accompagnant bien le ton mi-désespéré mi-amusé du récit de Lebhour.
Quand la peinture s'échappe des murs d'une galerie d'art...
Quel coup de crayon ! Un dessin mariant avec brio agressivité, légèreté, peur et beauté. L'auteur réussit ici à mettre en avant l'étendue de son talent.
Je noterai quelques planches grandioses comme celle sur l'analyse de la foulée de Florence aux courbes futuristes.
Je dois l'avouer, je fus surpris par la chute brutale de ce récit. Heureusement, cela ne porte pas pour autant préjudice à la lecture.
En effet, l'implicite est présent tout au long de l'histoire et se poursuit même une fois le livre refermé. Les 'scénarios secondaires' apportant un réel plus à l'œuvre : la relation que l'auteur entretient avec sa grand-mère ou encore l'ombre qui se cache en chacun (merci Carl Gustav Jung).
Je ne vais pas m'éterniser plus. Rien de mieux qu'une lecture pour profiter pleinement de ce petit bijou !
J’avais déjà lu des choses sur cette période et le phénomène du Dust Bowl, et avais il y a quelques temps écouté sur France culture une émission sur une des photographes envoyées – comme l’a été le personnage principal de cet album, réaliser un reportage , pour donner à l’État, en plein New Deal, des infos et des moyens de légitimer une politique d’aides publiques.
Aimée de Jongh, sur un sujet tragique et quelque peu angoissant, a réalisé ici un bien bel album. Son dessin est très agréable – avec des pages très aérées. L’album est épais, mais la lecture est relativement rapide, le rendu est très chouette.
D’autant plus que la narration est, elle aussi, très agréable, fluide. Au milieu de paysages disparaissant sous la poussière, des habitants errants, quasi fantômes, dont la vie est ensevelie sous la misère et le sable, notre héros prend peu à peu conscience de l’incongruité de son travail, jusqu’au renoncement final peut-être improbable, cette fin est tout de même dans la continuité du message délivré en cours d’album : rester humain, ne pas complètement désespérer – même si l’amour qui semble émerger un temps est lui aussi éphémère.
Très bel album !
Au début du second tome, une belle double page présente sous forme d’une vue générale Saint-Malo et ses communes environnantes, tous les lieux évoqués dans l’histoire. Je connais très bien ces endroits pour y aller souvent – et je loue la belle reconstitution dans ces albums. Je salue aussi cette double page, et ceux qui ne connaissent pas bien les lieux sont encouragés à y jeter un œil avant de démarrer la lecture de ce diptyque.
En plus de la reconstitution générale, j’ai bien aimé, globalement, le dessin de Malfin, en ayant même eu l’impression qu’il était meilleur sur le second tome. Le changement de coloriste est en tout cas bénéfique – je trouve le résultat meilleur.
Les personnages nés de l’imagination de Malfin pour densifier son histoire s’imbriquent très bien dans la grande histoire (un dossier historique complète d’ailleurs très bien le second album). En effet, l’intrigue prend place dans les moments dramatiques de l’été 1944, au moment où les Américains venus de Normandie viennent libérer la région, alors que des Allemands jusqu’au-boutistes subissent un déluge de feu, dans Intramuros, sur certaines îles (dont Cézembre donc) et à Aleth.
Concernant l’histoire, elle se laisse lire très agréablement. C’est fluide, très rythmé. De par la montée des tensions inhérentes à la fin violente de la résistance allemande, mais aussi grâce aux flash-backs distillés qui éclairent le passé de certains protagonistes, français et allemands.
Mis à part un passage improbable vers la fin (lorsque deux français vont vers Cézembre bombardée), tout le reste est crédible.
Une série d'aventures historiques intéressante, et bien menée.
Note réelle 3,5/5.
Pour le grand public, le mariage pour tous, qui a déjà (ou plutôt seulement) presque 10 ans, n'a pas institué une égalité des droits dans tous les domaines pour les couples de même sexe. Notamment en matière d'adoption, de procréation médicalement assistée ou de fécondation in vitro.
Daphné et Julie se sont rencontrées lors d'une marche pour défendre ces droits. Elles passent de plus en plus de temps ensemble, puis, leurs sentiments devenant plus forts, s'installent ensemble. ET puis, tut doucement, alors qu'elles s'y refusaient au départ, l'envie d'enfant se fait jour au sein du couple. Mais les solutions ne sont pas légion pour un couple lesbien. Et légales encore moins. Leur histoire s'inscrit au sein d'une étape cruciale pour l'égalité des droits dans la société française. Alors que François Hollande avait promis la PMA pour toutes lors de son élection en 2012, l'action des lobbies d'extrême-droite, la médiatisation de mouvements comme "la manif pour tous" et la frilosité des gouvernements successifs, ont ralenti le processus. Leurs espoirs, leurs discussions, leurs doutes, leurs fractures sont donc émaillées des déclarations, des invectives des différents opposants à cette avancée majeure. Leur parcours révèle donc l'hypocrisie de la classe politique française, la place laissée à l'extrême droite dans les media du pays, tout en relevant ses contradictions : il était possible de se faire inséminer à l'étranger pour les couples lesbiens, et de se faire -partiellement- rembourser pas la Sécu les frais médicaux engagés...
Les choses se sont arrangées depuis, la PMA est désormais autorisée pour les couples de femmes et les femmes célibataires depuis... août 2021. Mais tout n'est pas rose : les délais pour obtenir des rendez-vous peuvent être très longs, et il existe de grandes disparités sur le territoire, où les installations médicales ne sont pas toujours adaptées. Sans parler du bon vouloir des praticiens... Cette décennie de lutte pour les droits des personnes LGBT a également ouvert la porte des enfers : les revendications homophobes et transphobes se sont également multipliées, et avec elles les exactions du même acabit. Le chemin est long, et rien n'est jamais définitivement acquis, en termes de droits humains...
L'histoire de Daphné et Julie, remarquablement narrée, est sans doute l'un des exemples typiques de cette lutte, et nous permet de la vivre de l'intérieur. L'album comporte, en bonus, les références de toutes les déclarations de personnalités, politiques ou non, faites durant la période. Une bibliographie intéressante ainsi qu'un état des lieux complètent efficacement l'ouvrage.
Bon, ben voilà une série qui ne déborde pas d’optimisme et de joie de vivre ! Déprimés s’abstenir.
Pour les autres, une fois entré dans l’intrigue et le côté graphique (tous les deux ne s’appréhendent pas facilement), on est happé par cette histoire très noire, autour d’un pauvre type qui traine sa lose et son mal être depuis longtemps et qui, subitement, va commencer à reprendre du poil de la bête, au fur et à mesure qu’un ange exterminateur s’en prend à ceux qui le font souffrir.
Il y a une intrigue polar, autour de plusieurs meurtres sauvages. Mais l’essentiel est ailleurs. Tout tourne vraiment autour de ce type, Alex/Terry, ses coups de blues, ses angoisses, la violence de son amertume.
Le dessin est haché, torturé – pas toujours très lisible. Et ce d’autant plus que la mise en page est elle aussi très déstructurée. A cela s’ajoute un travail sur les couleurs qui accompagne très bien le rythme saccadé et la violence des sentiments exprimés.
Plus que l’intrigue elle-même (qui n’est pas désagréable), c’est l’ambiance noire et corrosive qui est le point fort de cette série. Les trois albums se lisent rapidement (peu de textes), et on en ressort comme après une longue apnée, content de respirer normalement un air relativement pur, au calme.
Note réelle 3,5/5.
Le 1er album paru de ce que j’apparente (vision toute personnelle) à la trilogie western de Delcourt avec 500 fusils et Angela.
Pas un très grand western comme annoncé dans la description, on reste loin des classiques type Blueberry, cependant un album plein de charme malgré les stéréotypes : le héros, la blonde, la brune et le bad guy.
Je ne suis pas fou de l’histoire mais la réalisation assure derrière rendant le tout très attractif, ça va vite avec pas mal de péripéties, c’est fluide, on alterne entre passé présent, les personnages sont sympathiques et bien croqués … dessins, narration et couleurs assurent toujours bien malgré le poids des âges, une bd qui a de la gueule et qui conserve son énergie.
Si vous aimez le genre, franchement ne vous privez pas, un bon petit moment de lecture, pas bien profond mais fun. Mon album préféré de cette « trilogie ».
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Vraiment une bonne surprise que ce manga jeunesse qui sort des sentiers battus. Déjà, j'aime bien le graphisme qui fait vieillot. On dirait un manga qui sort tout droit des années 60-70. Je le trouve à la fois très dynamique et très expressif. J'adore le ton de la série, qui est pour moi plus près d'un conte que des univers fantasy qu'on retrouve habituellement dans les mangas. Le personnage principal devient vite attachant et il y a une très bonne galerie de personnages secondaires. Ce que j'aime surtout dans le scénario est qu'il est beaucoup plus original qu'il semblerait à première vue et j'ai souvent été surpris par la tournure des événements. Par exemple, la belle-mère du héros, qui semble être le stéréotype de la méchante belle-mère, se révèle vite être en fait un personnage plus complexe. Le récit est captivant et j'ai bien envie de voir ce qui va arriver par la suite. J'ai dévoré les 4 tomes en une journée et je les conseille à tous, surtout ceux qui sont allergiques aux mangas, parce qu'on ne retrouve pas les clichés du genre en dehors que le héros veut devenir plus fort, mais là encore c'est un héros différent de ceux qu'on retrouve dans les shonens.
Jesse James
Ce récit chronologique de la vie de Jesse James est à mon avis très réussi. Pas de longueurs, pas de passages trop « documentaires ». C’est fluide, bien écrit, alerte et bien découpé. On suit le parcours du jeune Jesse dont le récit commence à la mort brutale de son père assassiné par les Nordistes. Sa détermination farouche à venger l’injustice de cette mort guidera Jesse James tout au long de sa vie. Contrairement à beaucoup d’autres scénarios, incomplets ou fantaisistes, le personnage n’est pas idéalisé et le court dossier historique en fin d’album nous éclaire sur sa vraie personnalité avec sa part de courage, d’inconscience et le côté sombre de son caractère. Le dessin et la couleur sont assez bluffant et les bagarres ne manquent pas d’énergie. J’ai lu cet album avec plaisir pour l’ambiance qui s’en dégage et pour l’angle choisi pour le scénario : déconstruire le mythe du héros. Violence, noirceur, vengeance, une atmosphère sombre dans laquelle s’enfonce inexorablement notre personnage jusqu’à une fin fatale. Un personnage ambivalent, dans une époque en pleine mutation : bref, un western crépusculaire, comme je les aime.
Hoka Hey !
Quelle belle surprise, un western classique comme je les aime, construit sur un scénario qui nous emmène à travers l'immensité des plaines américaines. L'originalité de cette bd sont les héros, une bande composée d'indiens et d'un Irlandais avec chacun un passé douloureux. L'auteur dénonce la misère des émigrants et les conditions de vie dans les réserves indiennes et décrit un pays où la loi du plus fort est la plus respectée. Le format de 224 pages permet à l'auteur entre deux actions de faire un retour en arrière pour cerner les personnages et comprendre leurs choix de vie. Une belle chevauchée à travers les plaines, les forêts et les montagnes, Neyef nous transporte dans des décors magnifiques en dessinant des panoramas avec de superbes couleurs. Une vision idyllique de la nature qui tranche avec la cruauté et le désespoir des hommes qui y vivent. Un scénario plein de rebondissements et de surprises, un régal.
Une saison à l'ONU
On entend parler régulièrement, voire très régulièrement de l'ONU. Il faut dire qu'avec les crises internationales qui se succèdent, cette assemblée des nations est constamment sur la sellette. Cet album, initialement sortie en 2018, est donc réédité avec une nouvelle et fort jolie couverture, et une mise à jour des informations contenues à l'intérieur. C'est ainsi que nous suivons Karim Lebhour, correspondant de RFI auprès de l'ONU, dans sa découverte de cette énorme machine. Une découverte assez folklorique, d'ailleurs, tant il n'a pu que constater l'inertie, l'absurdité et les contrastes inhérents à la diplomatie internationale. Le bâtiment est le lieu de nombreuses discussions, de productions, essentiellement des rapports, qui ne servent le plus souvent à pas grand-chose, et une organisation où les petits pays sont bien peu de choses face au jeu d'échecs des membres du conseil de sécurité... Il y a de nombreuses anecdotes savoureuses sur ce jeu de dupes, comme l'interview lunaire de Ban Ki-Moon, les "cadeaux" de certains Etats membres conservés dans les jardins... Mais au milieu de l'hypocrisie générale, il y a aussi de l'espoir, des lueurs et de la fraternité entre les observateurs et -parfois- les ambassadeurs. Le dessin d'Aude Massot est en bichromie, et d'une grande clarté, jouant sur l'expressivité des personnages et accompagnant bien le ton mi-désespéré mi-amusé du récit de Lebhour.
Le Dernier modèle
Quand la peinture s'échappe des murs d'une galerie d'art... Quel coup de crayon ! Un dessin mariant avec brio agressivité, légèreté, peur et beauté. L'auteur réussit ici à mettre en avant l'étendue de son talent. Je noterai quelques planches grandioses comme celle sur l'analyse de la foulée de Florence aux courbes futuristes. Je dois l'avouer, je fus surpris par la chute brutale de ce récit. Heureusement, cela ne porte pas pour autant préjudice à la lecture. En effet, l'implicite est présent tout au long de l'histoire et se poursuit même une fois le livre refermé. Les 'scénarios secondaires' apportant un réel plus à l'œuvre : la relation que l'auteur entretient avec sa grand-mère ou encore l'ombre qui se cache en chacun (merci Carl Gustav Jung). Je ne vais pas m'éterniser plus. Rien de mieux qu'une lecture pour profiter pleinement de ce petit bijou !
Jours de sable
J’avais déjà lu des choses sur cette période et le phénomène du Dust Bowl, et avais il y a quelques temps écouté sur France culture une émission sur une des photographes envoyées – comme l’a été le personnage principal de cet album, réaliser un reportage , pour donner à l’État, en plein New Deal, des infos et des moyens de légitimer une politique d’aides publiques. Aimée de Jongh, sur un sujet tragique et quelque peu angoissant, a réalisé ici un bien bel album. Son dessin est très agréable – avec des pages très aérées. L’album est épais, mais la lecture est relativement rapide, le rendu est très chouette. D’autant plus que la narration est, elle aussi, très agréable, fluide. Au milieu de paysages disparaissant sous la poussière, des habitants errants, quasi fantômes, dont la vie est ensevelie sous la misère et le sable, notre héros prend peu à peu conscience de l’incongruité de son travail, jusqu’au renoncement final peut-être improbable, cette fin est tout de même dans la continuité du message délivré en cours d’album : rester humain, ne pas complètement désespérer – même si l’amour qui semble émerger un temps est lui aussi éphémère. Très bel album !
Cézembre
Au début du second tome, une belle double page présente sous forme d’une vue générale Saint-Malo et ses communes environnantes, tous les lieux évoqués dans l’histoire. Je connais très bien ces endroits pour y aller souvent – et je loue la belle reconstitution dans ces albums. Je salue aussi cette double page, et ceux qui ne connaissent pas bien les lieux sont encouragés à y jeter un œil avant de démarrer la lecture de ce diptyque. En plus de la reconstitution générale, j’ai bien aimé, globalement, le dessin de Malfin, en ayant même eu l’impression qu’il était meilleur sur le second tome. Le changement de coloriste est en tout cas bénéfique – je trouve le résultat meilleur. Les personnages nés de l’imagination de Malfin pour densifier son histoire s’imbriquent très bien dans la grande histoire (un dossier historique complète d’ailleurs très bien le second album). En effet, l’intrigue prend place dans les moments dramatiques de l’été 1944, au moment où les Américains venus de Normandie viennent libérer la région, alors que des Allemands jusqu’au-boutistes subissent un déluge de feu, dans Intramuros, sur certaines îles (dont Cézembre donc) et à Aleth. Concernant l’histoire, elle se laisse lire très agréablement. C’est fluide, très rythmé. De par la montée des tensions inhérentes à la fin violente de la résistance allemande, mais aussi grâce aux flash-backs distillés qui éclairent le passé de certains protagonistes, français et allemands. Mis à part un passage improbable vers la fin (lorsque deux français vont vers Cézembre bombardée), tout le reste est crédible. Une série d'aventures historiques intéressante, et bien menée. Note réelle 3,5/5.
S'il suffisait qu'on s'aime
Pour le grand public, le mariage pour tous, qui a déjà (ou plutôt seulement) presque 10 ans, n'a pas institué une égalité des droits dans tous les domaines pour les couples de même sexe. Notamment en matière d'adoption, de procréation médicalement assistée ou de fécondation in vitro. Daphné et Julie se sont rencontrées lors d'une marche pour défendre ces droits. Elles passent de plus en plus de temps ensemble, puis, leurs sentiments devenant plus forts, s'installent ensemble. ET puis, tut doucement, alors qu'elles s'y refusaient au départ, l'envie d'enfant se fait jour au sein du couple. Mais les solutions ne sont pas légion pour un couple lesbien. Et légales encore moins. Leur histoire s'inscrit au sein d'une étape cruciale pour l'égalité des droits dans la société française. Alors que François Hollande avait promis la PMA pour toutes lors de son élection en 2012, l'action des lobbies d'extrême-droite, la médiatisation de mouvements comme "la manif pour tous" et la frilosité des gouvernements successifs, ont ralenti le processus. Leurs espoirs, leurs discussions, leurs doutes, leurs fractures sont donc émaillées des déclarations, des invectives des différents opposants à cette avancée majeure. Leur parcours révèle donc l'hypocrisie de la classe politique française, la place laissée à l'extrême droite dans les media du pays, tout en relevant ses contradictions : il était possible de se faire inséminer à l'étranger pour les couples lesbiens, et de se faire -partiellement- rembourser pas la Sécu les frais médicaux engagés... Les choses se sont arrangées depuis, la PMA est désormais autorisée pour les couples de femmes et les femmes célibataires depuis... août 2021. Mais tout n'est pas rose : les délais pour obtenir des rendez-vous peuvent être très longs, et il existe de grandes disparités sur le territoire, où les installations médicales ne sont pas toujours adaptées. Sans parler du bon vouloir des praticiens... Cette décennie de lutte pour les droits des personnes LGBT a également ouvert la porte des enfers : les revendications homophobes et transphobes se sont également multipliées, et avec elles les exactions du même acabit. Le chemin est long, et rien n'est jamais définitivement acquis, en termes de droits humains... L'histoire de Daphné et Julie, remarquablement narrée, est sans doute l'un des exemples typiques de cette lutte, et nous permet de la vivre de l'intérieur. L'album comporte, en bonus, les références de toutes les déclarations de personnalités, politiques ou non, faites durant la période. Une bibliographie intéressante ainsi qu'un état des lieux complètent efficacement l'ouvrage.
Une Âme à l'amer
Bon, ben voilà une série qui ne déborde pas d’optimisme et de joie de vivre ! Déprimés s’abstenir. Pour les autres, une fois entré dans l’intrigue et le côté graphique (tous les deux ne s’appréhendent pas facilement), on est happé par cette histoire très noire, autour d’un pauvre type qui traine sa lose et son mal être depuis longtemps et qui, subitement, va commencer à reprendre du poil de la bête, au fur et à mesure qu’un ange exterminateur s’en prend à ceux qui le font souffrir. Il y a une intrigue polar, autour de plusieurs meurtres sauvages. Mais l’essentiel est ailleurs. Tout tourne vraiment autour de ce type, Alex/Terry, ses coups de blues, ses angoisses, la violence de son amertume. Le dessin est haché, torturé – pas toujours très lisible. Et ce d’autant plus que la mise en page est elle aussi très déstructurée. A cela s’ajoute un travail sur les couleurs qui accompagne très bien le rythme saccadé et la violence des sentiments exprimés. Plus que l’intrigue elle-même (qui n’est pas désagréable), c’est l’ambiance noire et corrosive qui est le point fort de cette série. Les trois albums se lisent rapidement (peu de textes), et on en ressort comme après une longue apnée, content de respirer normalement un air relativement pur, au calme. Note réelle 3,5/5.
Trio Grande - Adios Palomita
Le 1er album paru de ce que j’apparente (vision toute personnelle) à la trilogie western de Delcourt avec 500 fusils et Angela. Pas un très grand western comme annoncé dans la description, on reste loin des classiques type Blueberry, cependant un album plein de charme malgré les stéréotypes : le héros, la blonde, la brune et le bad guy. Je ne suis pas fou de l’histoire mais la réalisation assure derrière rendant le tout très attractif, ça va vite avec pas mal de péripéties, c’est fluide, on alterne entre passé présent, les personnages sont sympathiques et bien croqués … dessins, narration et couleurs assurent toujours bien malgré le poids des âges, une bd qui a de la gueule et qui conserve son énergie. Si vous aimez le genre, franchement ne vous privez pas, un bon petit moment de lecture, pas bien profond mais fun. Mon album préféré de cette « trilogie ».