Bendis est certainement l’un des types les plus prolifiques en ce moment outre-atlantique.
Il a prouvé récemment ses talents d’artiste complet en signant des albums comme "Goldfish" ou "Torso", il a sa série « Powers » en creator-owner éditée chez Image, et il fournit à Marvel plusieurs scénarios par mois : Ultimate X-Men, Ultimate Spider-Man, Ultimate FF, Ultimate Six, Daredevil et Alias pour la ligne MAX, réservée à un lectorat averti. De toute la ligne MAX, "Alias" est d’ailleurs la seule série qui vaille franchement le coup.
D’abord oubliez complètement la série télévisée du même nom, ça n’a aucun rapport. Bendis développe ici les enquêtes d’une ancienne super-héroïne reconvertie en détective privée. Jessica Jones a fait partie des Vengeurs, et a gardé quelques relations privilégiées dans le monde des héros en collants. C’est d’ailleurs dans les coulisses de cet univers qu’elle évolue, ses enquêtes l’amenant à dévoiler la face cachée des super-héros de la Marvel. On a une autre approche de ces mythes, un peu à la manière des thèmes abordés dans "Powers", à ceci près que ces super-héros sont des personnages parfois vieux de plusieurs dizaines d’années, entrés dans l’imaginaire collectif.
Vus par l’œil de Bendis, ils prennent une autre dimension grâce à Jessica Jones. L’univers Marvel est soudain moins coloré, moins lumineux que d’habitude. Les paillettes laissent la place à quelque chose de plus terre-à-terre, et le dessin témoigne du parti pris de la narration qu’adopte Bendis.
Faut-il le redire, Bendis est un spécialiste des polars, il sait et aime mettre en scène des flics, des détectives, des petits malfrats et des gens ordinaires. Et c’est par leur intermédiaire qu’il aborde le thème des super-héros, ce qui à défaut d’être incroyablement innovant, change malgré tout du comics mainstream habituel. La recette n’est pas nouvelle, mais elle fonctionne, parce que Bendis sait raconter une histoire, sait captiver le lecteur.
Sa science de l’intrigue, la façon qu’il a de ciseler ses dialogues, le rythme qu’il donne à son récit et l’humanité pleine de réalisme de ses personnages sont indéniables dans "Alias". Et ça marche plutôt bien, on se prend à la lecture et on ne lâche la BD qu’une fois l’histoire terminée.
"Alias" est une des plus belles réussites de Bendis selon moi. Le dessin de Michael Gaydos et les participations graphiques (les couvertures entre autres) de David Mack (qui a été associé à Bendis sur "Daredevil" aussi) ajoutent à la qualité de la série, qui est certainement l’une des plus intéressantes séries de la Maison des Idées.
À lire si l’on recherche un bon compromis entre super-héros et polar.
Si le scénario puise allègrement dans les fondements même du polar de littérature et de cinéma (ce qui ne lui donne pas un caractère exceptionnel), la grande force de "Blacksad" est sans conteste les fabuleux dessins de Guarnido.
Attention, ça ne veut pas dire que le scénario n’a pas d’intérêt, juste qu’il entre dans la moyenne de ce qui se fait de bien dans le genre, et qu’on entendrait moins parler de cette BD si elle n’était pas sublimée par son graphisme. Des histoires honnêtes donc, et un trait époustouflant de justesse, de finesse et d’efficacité.
C’est d’ailleurs ce qui m’empêche de mettre 5 étoiles à cette série. Louer ses qualités d’accord, parce qu’il y a largement de quoi, en faire le symbole de ce qui se fait de mieux, non, je trouve que ce serait exagérer.
Quoiqu’il en soit, le succès de cette BD suffit pour comprendre qu’elle possède un petit truc en plus qui en fait une très bonne série. Ça a été suffisamment dit et répété pour que je ne m’étale pas plus dessus, les enquêtes du chat noir dans son univers d’animaux antropomorphiques sont un régal à suivre pour les yeux, et on ne se lasse pas de relire ces somptueuses planches.
Inutile donc de perdre plus de temps à lire cet énième avis, achetez "Blacksad" et lisez-le !
Oh oh que c'est bon !
Effectivement, à lire comme la suite de spaguetti brothers, ça reste donc tout aussi bon, pas de doute.
Je pense que personne ne pourra lire ça au 1er degré (sinon, merci l'image des femmes, argh) et qu'on ne garde finalement que le coté dejanté de cette famille (certes un peu caricaturale)
Chaque histoire est un petit plaisir que j'ai savouré sans modération, tout comme j'ai savouré "spaguetti brothers"
J'ai été un peu derouté par le début du 2e tome, ça sentait un peu le rechauffé, mais finalement il est très bon aussi ce tome, et la chute, bien que prévisible, est à la mesure de ces 2 tomes.
Exercice toujours délicat que celui de la transposition du roman en BD.
La participation directe de Haldeman au projet est bien sûr une garantie supplémentaire, mais je trouve quand même le résultat assez en dessous de l'oeuvre littéraire. Le roman reste un vecteur beaucoup plus puissant, notamment pour faire passer des messages politiques comme c'est ici le but.
Les trois tomes de "La Guerre Eternelle" restent d'une très grande qualité, servis par un scénario captivant et souvent désespéré (heureusement qu'il y a cette petite note d'espoir tout à la fin...).
Le dessin de Marvano est particulier, parfois un peu sommaire mais dans l'ensemble sert bien le propos. Une chose est sûre, il gagne énormément en maîtrise entre le 1er et le dernier opus.
L'ensemble est une belle réussite, au sein d'une collection (Aire Libre) qui en compte déjà de nombreuses.
"Mariko Parade", c’est une drôle d’expérience. Une histoire entre deux personnes, un homme et une femme, un occidental et une japonaise. On lit la quatrième de couverture et on en connaît déjà la fin. D’ailleurs même sans cela, on sait d’instinct comment cela va finir. Et malgré ça, j’ai été surpris par la dernière scène… vraiment déroutant.
"Mariko Parade" c’est une œuvre intimiste, traitée de façon toute particulière. On sent que Boilet est totalement imprégné de la culture japonaise, aussi bien traditionnelle que moderne. Il y a de la poésie, de l’humour léger et de l’amour dans ce récit, désinhibé et pudique en même temps.
"Mariko Parade" c’est une tranche de vie au cours de laquelle deux êtres se retrouvent à un tournant de leurs existences. Alors oui, c’est un récit tout en lenteur et en ambiances, empli de détails qui semblent faussement anodins et superflus. Mais ne croyez pas qu’il ne se passe rien parce que le rythme n’est pas haletant. Bien au contraire, c’est ce qui permet au lecteur de bien peser l’intensité de ce qui se passe.
L’air de rien, "Mariko Parade" parle de sujets de la plus haute importance. C’est une sensation que j’ai retrouvée en regardant le sublime film de Sofia Coppola, « Lost in Translation ». Le même parfum de non-dits mais de compréhension totale entre deux personnes s’en dégage.
"Mariko Parade", c’est une belle histoire.
"Mariko Parade", c’est un beau livre, tout simplement.
Encore du très bon Larcenet (ça deviendrait presque lassant... nan, c'est pas vrai).
Au tour de Freud de passer à la casserole (un peu avant Robin des Bois) avec tous ses clichés habituels (traumatismes de la petite enfance, place de la mère, etc).
Complété habilement par l'histoire du chien, cela donne un album tendre et drôle.
Bonne surprise que cette énième version des aventures du célèbre détective. Décalée, irrespectueuse, notamment grâce aux personnages de Watson et de Ms. Hudson, la série est agréable.
Bémol : les deux 1ers tomes sont à mon avis les meilleurs, je n'ai pas accroché aux 2 suivants. La raison, je pense, est que les deux premiers regroupent plusieurs petites histoires, et les tomes 3 et 4 une seule grande, avec les risques que cela comporte : rallonges de scénario ou au contraire raccourcis intempestifs.
Le dessin est sympathique, dépeint bien l'ambiance victorienne, les personnages hauts en couleur.
Un plaisir.
Ca fait du bien de tomber de temps en temps sur des one shots qui sont de vrais petits bijoux.
Le duo Pratt/Manara nous a livré celui-ci (ainsi qu'"El Gaucho", très bon également) et je m'y replonge régulièrement avec plaisir.
Le talent de Manara y est bien sûr pour beaucoup. Le trait est fin et très élégant, les personnages féminins d'une beauté à tomber, et l'érotisme de certaines scènes n'enlève rien à l'ensemble, bien au contraire.
L'histoire, c'est sûr, n'est pas révolutionnaire mais a au moins le mérite de se situer dans un contexte historique peu connu, et bénéficie d'une documentation sérieuse (une des grandes forces de Pratt).
A découvrir et à savourer comme un moment de (trop court) plaisir.
Surprenant.
Je n’ai pas lu beaucoup de mangas jusqu’à présent, et on m’a offert celui-ci. Celle qui me l'a offert me connaît bien… (trop bien !). Je crois que pour commencer à en lire, c’est le choix parfait pour moi. Pourquoi ? Parce qu’il va à l’encontre de tous les a priori qu’on peut avoir sur les mangas. C’est à lui seul un plaidoyer contre les généralisations à l’emporte pièce qu’on peut faire sur la BD nipponne.
"L’Homme qui marche", c’est un mélange de sérénité, de simplicité et de fraîcheur. Les petites choses qui font que la vie n’est pas si moche que ça. Les petits bonheurs qui finissent par passer inaperçus parce qu’on ne sait plus y prêter attention.
Alors oui, le reproche principal qu’on peut faire à ce bouquin, c’est son côté exagérément naïf. La naïveté, ou plutôt ce qu’on prend pour telle, est une caractéristique qu’on retrouve souvent dans les œuvres japonaises, ou asiatiques de manière plus générale. Au cinéma par exemple, c’est très marqué. Certains verront là un obstacle pour apprécier la BD, moi pas. Je préfère parler de simplicité et de sincérité dénuée de pudeur pour définir l’œuvre de Taniguchi. La mode étant à la sophistication, tout ceci peut sembler daté, décalé. Alors sachez dépasser ce stade et prendre ce manga pour ce qu’il est : un pur moment de douceur dans ce monde de brutes, histoire de citer une publicité connue.
Vraiment, ce bouquin est à lire comme on pose une trop lourde valise : pour se reposer un peu et reprendre son souffle. Il suffit de se laisser guider par l’homme qui marche, et tout semble, même si ce n’est qu’un fugitif instant, plus simple et plus sain.
Vraiment une très belle BD, je remercie la fée qui me l’a offerte…
Ah "Monsieur Jean"... dès le départ je l’ai aimé, dès le départ je l’ai trouvé sympathique. Et pourtant il n’a rien d’exceptionnel, rien de spectaculaire. C’est même un personnage un peu passif, qui subit souvent plus qu’il ne décide. Pas un fort en gueule, ni un démonstratif, encore moins un homme d’action. Il serait plus du genre doux rêveur placé face à la réalité de la vie.
Un peu intello, un peu BCBG, monsieur Jean ? Peut-être effectivement, mais pas de manière outrancière. Monsieur Jean, c’est juste quelqu’un qui a la chance de vivre de sa plume, et qui bénéficie du luxe de pouvoir laisser divaguer ses pensées pour essayer de comprendre et trouver sa place dans le monde qui l’entoure.
Monsieur Jean, c’est une belle intelligence mise en relief dans des situations de la vie d’un célibataire de 30 ans. Il n’est pas infaillible, il n’a pas toutes les réponses, mais il s’en sort pas si mal finalement. Jean essaie, même s’il n’y parvient pas toujours, d’être un homme bien, et c’est déjà beaucoup. Il compose avec ses envies, ses angoisses, ses réussites et ses échecs, sa personnalité et celles des gens qui gravitent dans sa vie.
Alors à l’arrivée, cela donne des histoires assez intimistes, saupoudrées d’humour, parfois d’ironie, mais qui poussent bien souvent le lecteur à se poser quelques interrogations sur lui-même au travers ce personnage de papier...
Dupuy et Berberian nous proposent des histoires simples, qu’ils traitent avec sensibilité et sens de l’humour. Je dois avouer que si je l’ai aimé d’entrée, c’est parce que Monsieur Jean me faisait penser à un de mes amis chers. Et puis j’ai fini par réaliser que je m’y retrouve aussi plus que je n’aurais cru au départ...
Je conseille la lecture de "Monsieur Jean" à toutes celles et ceux qui cherchent une BD qui allie réflexions et rires à la fois.
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Jessica Jones : Alias (Alias)
Bendis est certainement l’un des types les plus prolifiques en ce moment outre-atlantique. Il a prouvé récemment ses talents d’artiste complet en signant des albums comme "Goldfish" ou "Torso", il a sa série « Powers » en creator-owner éditée chez Image, et il fournit à Marvel plusieurs scénarios par mois : Ultimate X-Men, Ultimate Spider-Man, Ultimate FF, Ultimate Six, Daredevil et Alias pour la ligne MAX, réservée à un lectorat averti. De toute la ligne MAX, "Alias" est d’ailleurs la seule série qui vaille franchement le coup. D’abord oubliez complètement la série télévisée du même nom, ça n’a aucun rapport. Bendis développe ici les enquêtes d’une ancienne super-héroïne reconvertie en détective privée. Jessica Jones a fait partie des Vengeurs, et a gardé quelques relations privilégiées dans le monde des héros en collants. C’est d’ailleurs dans les coulisses de cet univers qu’elle évolue, ses enquêtes l’amenant à dévoiler la face cachée des super-héros de la Marvel. On a une autre approche de ces mythes, un peu à la manière des thèmes abordés dans "Powers", à ceci près que ces super-héros sont des personnages parfois vieux de plusieurs dizaines d’années, entrés dans l’imaginaire collectif. Vus par l’œil de Bendis, ils prennent une autre dimension grâce à Jessica Jones. L’univers Marvel est soudain moins coloré, moins lumineux que d’habitude. Les paillettes laissent la place à quelque chose de plus terre-à-terre, et le dessin témoigne du parti pris de la narration qu’adopte Bendis. Faut-il le redire, Bendis est un spécialiste des polars, il sait et aime mettre en scène des flics, des détectives, des petits malfrats et des gens ordinaires. Et c’est par leur intermédiaire qu’il aborde le thème des super-héros, ce qui à défaut d’être incroyablement innovant, change malgré tout du comics mainstream habituel. La recette n’est pas nouvelle, mais elle fonctionne, parce que Bendis sait raconter une histoire, sait captiver le lecteur. Sa science de l’intrigue, la façon qu’il a de ciseler ses dialogues, le rythme qu’il donne à son récit et l’humanité pleine de réalisme de ses personnages sont indéniables dans "Alias". Et ça marche plutôt bien, on se prend à la lecture et on ne lâche la BD qu’une fois l’histoire terminée. "Alias" est une des plus belles réussites de Bendis selon moi. Le dessin de Michael Gaydos et les participations graphiques (les couvertures entre autres) de David Mack (qui a été associé à Bendis sur "Daredevil" aussi) ajoutent à la qualité de la série, qui est certainement l’une des plus intéressantes séries de la Maison des Idées. À lire si l’on recherche un bon compromis entre super-héros et polar.
Blacksad
Si le scénario puise allègrement dans les fondements même du polar de littérature et de cinéma (ce qui ne lui donne pas un caractère exceptionnel), la grande force de "Blacksad" est sans conteste les fabuleux dessins de Guarnido. Attention, ça ne veut pas dire que le scénario n’a pas d’intérêt, juste qu’il entre dans la moyenne de ce qui se fait de bien dans le genre, et qu’on entendrait moins parler de cette BD si elle n’était pas sublimée par son graphisme. Des histoires honnêtes donc, et un trait époustouflant de justesse, de finesse et d’efficacité. C’est d’ailleurs ce qui m’empêche de mettre 5 étoiles à cette série. Louer ses qualités d’accord, parce qu’il y a largement de quoi, en faire le symbole de ce qui se fait de mieux, non, je trouve que ce serait exagérer. Quoiqu’il en soit, le succès de cette BD suffit pour comprendre qu’elle possède un petit truc en plus qui en fait une très bonne série. Ça a été suffisamment dit et répété pour que je ne m’étale pas plus dessus, les enquêtes du chat noir dans son univers d’animaux antropomorphiques sont un régal à suivre pour les yeux, et on ne se lasse pas de relire ces somptueuses planches. Inutile donc de perdre plus de temps à lire cet énième avis, achetez "Blacksad" et lisez-le !
Vieilles Canailles
Oh oh que c'est bon ! Effectivement, à lire comme la suite de spaguetti brothers, ça reste donc tout aussi bon, pas de doute. Je pense que personne ne pourra lire ça au 1er degré (sinon, merci l'image des femmes, argh) et qu'on ne garde finalement que le coté dejanté de cette famille (certes un peu caricaturale) Chaque histoire est un petit plaisir que j'ai savouré sans modération, tout comme j'ai savouré "spaguetti brothers" J'ai été un peu derouté par le début du 2e tome, ça sentait un peu le rechauffé, mais finalement il est très bon aussi ce tome, et la chute, bien que prévisible, est à la mesure de ces 2 tomes.
La Guerre Eternelle
Exercice toujours délicat que celui de la transposition du roman en BD. La participation directe de Haldeman au projet est bien sûr une garantie supplémentaire, mais je trouve quand même le résultat assez en dessous de l'oeuvre littéraire. Le roman reste un vecteur beaucoup plus puissant, notamment pour faire passer des messages politiques comme c'est ici le but. Les trois tomes de "La Guerre Eternelle" restent d'une très grande qualité, servis par un scénario captivant et souvent désespéré (heureusement qu'il y a cette petite note d'espoir tout à la fin...). Le dessin de Marvano est particulier, parfois un peu sommaire mais dans l'ensemble sert bien le propos. Une chose est sûre, il gagne énormément en maîtrise entre le 1er et le dernier opus. L'ensemble est une belle réussite, au sein d'une collection (Aire Libre) qui en compte déjà de nombreuses.
Mariko Parade
"Mariko Parade", c’est une drôle d’expérience. Une histoire entre deux personnes, un homme et une femme, un occidental et une japonaise. On lit la quatrième de couverture et on en connaît déjà la fin. D’ailleurs même sans cela, on sait d’instinct comment cela va finir. Et malgré ça, j’ai été surpris par la dernière scène… vraiment déroutant. "Mariko Parade" c’est une œuvre intimiste, traitée de façon toute particulière. On sent que Boilet est totalement imprégné de la culture japonaise, aussi bien traditionnelle que moderne. Il y a de la poésie, de l’humour léger et de l’amour dans ce récit, désinhibé et pudique en même temps. "Mariko Parade" c’est une tranche de vie au cours de laquelle deux êtres se retrouvent à un tournant de leurs existences. Alors oui, c’est un récit tout en lenteur et en ambiances, empli de détails qui semblent faussement anodins et superflus. Mais ne croyez pas qu’il ne se passe rien parce que le rythme n’est pas haletant. Bien au contraire, c’est ce qui permet au lecteur de bien peser l’intensité de ce qui se passe. L’air de rien, "Mariko Parade" parle de sujets de la plus haute importance. C’est une sensation que j’ai retrouvée en regardant le sublime film de Sofia Coppola, « Lost in Translation ». Le même parfum de non-dits mais de compréhension totale entre deux personnes s’en dégage. "Mariko Parade", c’est une belle histoire. "Mariko Parade", c’est un beau livre, tout simplement.
Une aventure rocambolesque de...
Encore du très bon Larcenet (ça deviendrait presque lassant... nan, c'est pas vrai). Au tour de Freud de passer à la casserole (un peu avant Robin des Bois) avec tous ses clichés habituels (traumatismes de la petite enfance, place de la mère, etc). Complété habilement par l'histoire du chien, cela donne un album tendre et drôle.
Baker Street
Bonne surprise que cette énième version des aventures du célèbre détective. Décalée, irrespectueuse, notamment grâce aux personnages de Watson et de Ms. Hudson, la série est agréable. Bémol : les deux 1ers tomes sont à mon avis les meilleurs, je n'ai pas accroché aux 2 suivants. La raison, je pense, est que les deux premiers regroupent plusieurs petites histoires, et les tomes 3 et 4 une seule grande, avec les risques que cela comporte : rallonges de scénario ou au contraire raccourcis intempestifs. Le dessin est sympathique, dépeint bien l'ambiance victorienne, les personnages hauts en couleur. Un plaisir.
Un été indien
Ca fait du bien de tomber de temps en temps sur des one shots qui sont de vrais petits bijoux. Le duo Pratt/Manara nous a livré celui-ci (ainsi qu'"El Gaucho", très bon également) et je m'y replonge régulièrement avec plaisir. Le talent de Manara y est bien sûr pour beaucoup. Le trait est fin et très élégant, les personnages féminins d'une beauté à tomber, et l'érotisme de certaines scènes n'enlève rien à l'ensemble, bien au contraire. L'histoire, c'est sûr, n'est pas révolutionnaire mais a au moins le mérite de se situer dans un contexte historique peu connu, et bénéficie d'une documentation sérieuse (une des grandes forces de Pratt). A découvrir et à savourer comme un moment de (trop court) plaisir.
L'Homme qui marche
Surprenant. Je n’ai pas lu beaucoup de mangas jusqu’à présent, et on m’a offert celui-ci. Celle qui me l'a offert me connaît bien… (trop bien !). Je crois que pour commencer à en lire, c’est le choix parfait pour moi. Pourquoi ? Parce qu’il va à l’encontre de tous les a priori qu’on peut avoir sur les mangas. C’est à lui seul un plaidoyer contre les généralisations à l’emporte pièce qu’on peut faire sur la BD nipponne. "L’Homme qui marche", c’est un mélange de sérénité, de simplicité et de fraîcheur. Les petites choses qui font que la vie n’est pas si moche que ça. Les petits bonheurs qui finissent par passer inaperçus parce qu’on ne sait plus y prêter attention. Alors oui, le reproche principal qu’on peut faire à ce bouquin, c’est son côté exagérément naïf. La naïveté, ou plutôt ce qu’on prend pour telle, est une caractéristique qu’on retrouve souvent dans les œuvres japonaises, ou asiatiques de manière plus générale. Au cinéma par exemple, c’est très marqué. Certains verront là un obstacle pour apprécier la BD, moi pas. Je préfère parler de simplicité et de sincérité dénuée de pudeur pour définir l’œuvre de Taniguchi. La mode étant à la sophistication, tout ceci peut sembler daté, décalé. Alors sachez dépasser ce stade et prendre ce manga pour ce qu’il est : un pur moment de douceur dans ce monde de brutes, histoire de citer une publicité connue. Vraiment, ce bouquin est à lire comme on pose une trop lourde valise : pour se reposer un peu et reprendre son souffle. Il suffit de se laisser guider par l’homme qui marche, et tout semble, même si ce n’est qu’un fugitif instant, plus simple et plus sain. Vraiment une très belle BD, je remercie la fée qui me l’a offerte…
Monsieur Jean
Ah "Monsieur Jean"... dès le départ je l’ai aimé, dès le départ je l’ai trouvé sympathique. Et pourtant il n’a rien d’exceptionnel, rien de spectaculaire. C’est même un personnage un peu passif, qui subit souvent plus qu’il ne décide. Pas un fort en gueule, ni un démonstratif, encore moins un homme d’action. Il serait plus du genre doux rêveur placé face à la réalité de la vie. Un peu intello, un peu BCBG, monsieur Jean ? Peut-être effectivement, mais pas de manière outrancière. Monsieur Jean, c’est juste quelqu’un qui a la chance de vivre de sa plume, et qui bénéficie du luxe de pouvoir laisser divaguer ses pensées pour essayer de comprendre et trouver sa place dans le monde qui l’entoure. Monsieur Jean, c’est une belle intelligence mise en relief dans des situations de la vie d’un célibataire de 30 ans. Il n’est pas infaillible, il n’a pas toutes les réponses, mais il s’en sort pas si mal finalement. Jean essaie, même s’il n’y parvient pas toujours, d’être un homme bien, et c’est déjà beaucoup. Il compose avec ses envies, ses angoisses, ses réussites et ses échecs, sa personnalité et celles des gens qui gravitent dans sa vie. Alors à l’arrivée, cela donne des histoires assez intimistes, saupoudrées d’humour, parfois d’ironie, mais qui poussent bien souvent le lecteur à se poser quelques interrogations sur lui-même au travers ce personnage de papier... Dupuy et Berberian nous proposent des histoires simples, qu’ils traitent avec sensibilité et sens de l’humour. Je dois avouer que si je l’ai aimé d’entrée, c’est parce que Monsieur Jean me faisait penser à un de mes amis chers. Et puis j’ai fini par réaliser que je m’y retrouve aussi plus que je n’aurais cru au départ... Je conseille la lecture de "Monsieur Jean" à toutes celles et ceux qui cherchent une BD qui allie réflexions et rires à la fois.