Ce genre de BD se passe de commentaires.
L'auteur raconte la vie de son grand-père pendant la seconde guerre mondiale.
Il le représente comme un sanglier et le titre de l'album donne l'explication pour la suite : cette histoire de résistant démontre à quel point les risques étaient importants et que la vie ne tient pas à grand chose dans ce contexte.
Le dessin noir est blanc est superbe avec ses lavis grisâtres. Il apporte une ambiance très particulière et se passe régulièrement de dialogues sans que cela soit pénalisant.
Au-delà de la portée historique de cette histoire, l'auteur rend un très bel hommage à son aïeul qu'il n'a jamais connu mais auquel sa grand-mère le comparait sans cesse.
Il y a beaucoup de non-dits dans ce récit, le lecteur doit fournir un effort et interpréter.
C'est léger à lire et pourtant dense en sens.
Cette BD de David B. n'est pas la plus accessible.
Elle se compose de 3 récits, le dernier étant une sorte de suite au second.
Le contenu est impossible à résumer. La BD est si dense qu'on a déjà l'impression de lire des résumés.
Ces histoires sont empreintes de mythologie, de religion, de mythes et d'histoire. L'imaginaire de l'auteur ne semble pas avoir de limites.
L'interprétation n'est pas évidente, elle dépend un peu du vécu et des sensibilités de chacun.
Cette lecture est une expérience à part qui ne conviendra pas à tout le monde.
Le dessin est classique pour David B. mais son style est ici relevé grâce à la bichromie très douce.
Je conseille cette BD dans un premier temps aux habitués et fans de l'auteur.
Pour les autres, il est souhaitable d'apprendre à le découvrir avant de s'attaquer à ce one shot.
Massacre au pont de No Gun Ri relate en bande dessinée un fait avéré survenu pendant la guerre de Corée : la tuerie de civils coréens en fuite qui se sont réfugiés sous l'arche d'un pont pour échapper à la pluie de balles américaines. Ils vont vivre un véritable cauchemar pendant plusieurs jours, dans la peur, l'obscurité, au milieu des cadavres d'autres villageois, famille ou amis. Certains vont essayer de fuir subrepticement une fois la nuit tombée, d'autres restent terrés, d'autres encore s'insurgent contre ces tirs et ne comprennent pas, ils ne sont que de simples villageois sans arme quelconque et ne représentent pas une menace. Est-ce qu'on leur tire dessus en connaissance de cause, les sachant non armés ?
On ne peut pas dire que je sois fan du dessin, il présente des traits assez laids et déformés à ces différents personnages, pauvres victimes qui n'ont rien demandé dans cette guerre.
Le volume est épais, plus de 500 pages, mais elles se tournent vite, des dizaines de pages sur la tuerie donnant au lecteur une overdose d'images affreuses. Les 2 auteurs eux-mêmes coréens font à travers ce livre un devoir de mémoire d'un événement mal connu.
D'ailleurs si vous lisez l'anglais (il n'y a pas d'article français), l'article du Wikipedia anglophone est une première approche pour connaître le contexte de ce fait historique. On se rend compte que des dizaines d'années après, la réalité n'est pas connue à commencer par celle du nombre de victimes et des questions demeurent sur les responsabilités de l'armée américaine.
En conclusion il s'agit là d'un bon ouvrage, la fin laisse supposer une suite, je ne sais pas trop où veulent aller les auteurs car ce premier tome se lit comme un one-shot.
Au cours des deux mois qu’il m’a fallu pour fini les 18 tomes de « Monster » je suis passée par plusieurs sentiments contradictoires, j’ai littéralement dévoré certains tomes au début et à la fin, mais j’ai également ressenti de la lassitude vers le milieu de la série où j'ai trouvé certains chapitres longs et superflus (et même après avoir fini la série je les trouve encore inutiles). Certains passages semblent incongrus sur le moment, mais trouvent généralement une justification plus tard, rien ou presque n'est là par hasard. A côté de ça, j’ai parfois trouvé quelques facilités ou invraisemblances (notamment sur la crédulité de certaines personnes qui croisent la route de Johann), elles m'ont dérangée sur le coup mais je les ai soigneusement oubliées par la suite.
Globalement, j'ai toujours beaucoup aimé suivre cette aventure, les 4 derniers tomes sont véritablement haletants ! Les personnages me sont devenus familiers au fil des tomes. Sympathiques ou exécrables, ils ne laissent pas indifférent. Les nombreux rôles-clés tenus par des enfants participent grandement à l'attachement que j'ai pu ressentir pour toute cette galerie de personnages. C’est avec un petit pincement au cœur que, la dernière page tournée, on quitte définitivement tout ce petit monde, je n’exclus pas de relire cette série, pour les retrouver mais aussi pour repérer les clés et détails que j’aurais pu rater en première lecture.
Graphiquement, rien à redire : le dessin est d'une grande finesse, la mise en scène est très bonne, presque cinématographique avec ses petits bruits qui n'ont l'air de rien mais qui mettent vraiment le lecteur dans l'ambiance, les visages sont très expressifs, que du bonheur pour les mirettes. L’atmosphère lourde et pesante sous la pluie des tous derniers chapitres est une petite merveille.
La fin me laisse quelque peu frustrée tout de même, toutes mes interrogations n'ont pas trouvé de réponse, mais elle conclut très bien la série et prouve, s'il était encore besoin de le dire, que toute cette histoire est très bien ficelée.
"Franchement pas mal" malgré quelques longueurs et facilités, j’arrondis ma note à 4/5 pour la qualité graphique.
Lewis Trondheim s'est fait un nom et est connu du grand public.
Etienne Lécroart démontre qu'il a également une imagination à toute épreuve et une faculté à développer des récits avec des contraintes dans la ligne droite de l'OuBaPo.
Ce one shot nous offre un effet papillon multidimensionnel. (temps sur 65 M d’années, lieux, etc…)
Il n'y a pas de limites tant que l'humour est présent.
La BD est muette et se lit très vite malgré les 150 pages.
Il y a d'excellentes trouvailles dans cette BD qui méritent d'être découvertes autrement que par un résumé.
Ce travail est si original et intéressant, que j'estime dommage de passer à côté.
Etienne Lécroart mériterait d'être plus connu.
Cet auteur excelle dans les performances liées au 9ème art.
J’adore les histoires de pirates, et cette série disposait donc d’un argument de choix pour me plaire.
En outre, je l’ai lue sous la forme de l’intégrale au format réduit, et au prix très attractif. Ce format ne gâche pas spécialement le beau graphisme de Terpant, qui demeure agréablement lisible. Certes, j’ai confondu, à l’occasion, l’un ou l’autre personnage secondaire, mais il semble que d’autres lecteurs ont souffert du même mal quand bien même ils avaient lu la série dans son format normal.
Le scénario, par contre, s’il est agréable à suivre, tombe très régulièrement dans le cliché. Rien de bien grave en soi, mais il faut bien avouer que la surprise n’est jamais au rendez-vous (et la conclusion de la série ne déroge pas à cette règle).
Je trouve également que le début de la série manque de liant. Mais cet aspect disparaît assez rapidement, dès que les auteurs ont fini d’installer leur univers.
La galerie de personnage, à nouveau très conventionnelle, m’a bien plu grâce à la complémentarité des trois héros principaux. Pour une fois, nous n’avons pas à faire avec le pirate parfais, à la fois maître es escrime, grand navigateur et meneur d’homme mais à trois personnages qui, en fonction des circonstances, se partagent la vedette.
Les nombreux seconds rôles apportent également leur contribution au charme de la série, surtout au travers des (nombreux) rôles féminins.
Une bonne série, donc, mais qui ne révolutionnera pas le genre.
Un petit 4/5. Bien, tout simplement (et achat conseillé sous la forme de l'intégrale à bas prix).
Il est des œuvres de la sorte, qui ont tout pour plaire, mais qui paraissent malaimées ou pas appréciées à leur juste valeur.
Niveau dessin les planches sont somptueuses, l’architecture a une place de choix dans les trois tomes avec de jolies planches aussi bien des villes de provinces que de la capitale. Les intérieurs luxueux fourmillent de jolis détails et l’on se plait à se retrouver dans un mélange architectural art déco / art nouveau. J’ai été frappé par les environnements tout au long des trois tomes. De l’auberge isolée, au village pouilleux, à la ville de province, au bateau, en passant par les métropoles européennes et américaines tout est sublime. Les couleurs même vives s’adaptent parfaitement à cette ambiance généralement riche après le tome 1 ou pauvre : on y croit, mieux on aimerait vivre dans les quartiers dessinés.
Niveau scénario la série est originale : les thèmes sont l’amitié et la différence. Ça peut paraître classique, mais j’ai rarement vu le thème de l’amité traité de façon aussi fine et juste. La différence est un thème beaucoup plus abordé, ici pas de mélodrame ou de tartines de pathos, les propos sont justes, ils ne stigmatisent pas des comportements pour une leçon de morale facile sans occulter certains comportements révoltants. Evidemment le récit en profite pour aborder des sujets de société parallèles : Aimé, Martinien et Ferdinand traversent une période mouvementée avec le spectre de l’anarchisme et de la révolution, ils vivent une grave maladie, la relation à la mort est magistralement présentée, çà et là sont également présents quelques références (ou plutôt une prise de position de l’auteur) fugaces sur le monde de la BD subtilement amenées.
Les trois tomes sont cohérents et forment un écrin de qualité. Un scénario subtil illustré par des dessins somptueux : même s’il n’y a guère de suspens et que le moteur du récit est plus le fil de la vie que des trépidantes courses poursuites, cette trilogie est un petit bijou.
Une réédition des trois tomes dans un petit format est paru récemment, honnêtement je préfère les trois tomes en grand format qui aèrent des planches aux couleurs très fluides, le petit format a tendance à tout écraser dans un feu d’artifice de couleur qui ne permet pas de profiter de chaque détail.
Bonne surprise que toute cette série « Secrets » et principalement ce gros diptyque.
Comme à son habitude Giroud joue parfaitement avec ses personnages : on les aime, on apprend à les détester, on les subit, bref ils ne laissent pas indifférent et sont vraiment tous bien construits : un gros plaisir.
Leur caractère, leur psychologie sont vraiment finement tracés, poussés au maximum, on peut voir la fragilité de certains êtres, comprendre la folie qui s’empare des autres, vraiment il y a bon nombre de personnages et ils sont assez époustouflants.
Ensuite, toujours à son habitude, notre auteur développe un côté historique vraiment plaisant qui rend d'autant plus vraisemblable son histoire.
Et pour finir comme il est d’usage pour notre scénariste… un bon scénario. Celui-ci est même excellent !
Il est rempli d’aventures, de vrais secrets de famille intéressants, avec des coïncidences troublantes, qui peuvent faire penser à une malédiction...
Le tout est évidemment très bien construit, intelligent, réfléchi et nous donne également, si on le souhaite, à réfléchir. Plusieurs bonnes idées pour un diptyque, c'est une chose rare et satisfaisante !
L’histoire de base ! Une femme remplie de bonnes intentions va partir pour une sorte de course au trésor et une course vers les secrets de sa famille. Tout cela pour récupérer assez d’argent pour réouvrir son école des quartiers miséreux. Un postulat simple mais vraiment efficace grâce à la maestria de son compositeur.
Le dessin n’est pas en reste : cette couleur directe est vraiment des plus belles, les personnages et la nature y sont vraiment bien représentés et m’ont bien aidé à rester dans cette histoire.
Un scénario mené de main de maître de bout en bout.
Des dessins très beaux dessins agrémentés de couleurs directes qui ne laissent pas indifférent.
Les Indes, la course au trésor, les secrets, l’atmosphère est vraiment très bonne !
Des Personnages nombreux, crédibles, intéressants, flamboyants.
(17/20)
"Aux heures impaires" est le troisième récit sur le Musée du Louvre après Période Glaciaire et Les Sous-sols du Révolu.
Cette nouvelle production commune au Musée du Louvre et à Futuropolis est une commande où l'auteur doit mettre en récit ce musée.
Eric Liberge réussit cet exercice comme ses prédécesseurs. Son dessin est une pure merveille de finesse et de fidélité aux œuvres mises en avant dans son histoire onirique mettant en scène un personnage principal sourd et muet. Venant pour un stage, suite à des quiproquos, il va se retrouver en charge d'un poste particulier au Musée : le poste de gardien des heures impaires. Celui-ci a en charge de soigner l'âme des objets exposés.
Les planches sont extrêmement belles, je regrette seulement la colorisation trop floue par moment comparée à la précision du trait.
Personnellement j'ai presque fait abstraction de l'histoire aux relents fantastiques pour m'imprégner de la beauté de la BD car il ne faut pas se méprendre : le véritable personnage principal est bien le musée avec son contenu.
Il ne faut pas lire cette BD au premier degré mais bien la resituer dans le contexte partenariat auteur/musée pour en saisir la portée.
Quelle abomination !
Pour ceux qui ont eu le courage de lire le résumé, vous vous rendez compte que cet épisode de la guerre de Corée est tout à fait révoltant. En effet, non seulement l’armée américaine fait preuve d’un manque de discernement (comme toujours), mais en plus ce qu’il s’est passé est une pure boucherie. Ce manhwa est un témoignage poignant de la tragédie qui s’est déroulée dans ce petit coin de Corée du sud au début de la guerre, 5 ans seulement après la fin de l’occupation japonaise. Le dessin est naïf, mais il ne cache rien de ce qu’il s’est passé : bombardements meurtriers, brimades des fantassins, arrachages de membres et de têtes, même si ce n’est pas d’un réalisme à tout crin, la vérité est présente, et les auteurs (dont le scénariste a écrit un livre dont le manhwa est une adaptation) s’appliquent à raconter cette tragédie dans les moindres détails, de façon presque clinique, mais il est impossible de ne pas être touché par ces victimes. L’Etat américain a présenté ses excuses pour cette méprise meurtrière en… 2001, par la bouche de son président, Bill Clinton. L’album fait plus de 600 pages, et le détail des évènements se poursuit ad nauseam, mais au final on a le sentiment d’avoir, par l’intermédiaire d’un livre, été là-dessous, avec eux, pendant trois jours et trois nuits, à voir mourir nos familles, à ne pouvoir bouger sous risque de se prendre une rafale d’armes automatiques de la part de ces étrangers qui ne parlent pas un mot de coréen… Il n’y a pas de héros dans cette histoire, même si nous avons un fil conducteur avec ce père de famille qui retrouve sa femme, rescapée du massacre, après coup, et que c’est son récit et celui des autres survivants (ils furent 25 en tout, pour probablement près de 400 victimes) qui nous est livré.
Deux petits regrets à la fin de ma lecture : ne pas avoir eu un petit dossier montrant le cheminement des réfugiés sur une carte du pays, ainsi que des précisions sur les suites de cette triste affaire. Petit défaut du côté des éditeurs donc. Pour le reste, c’est l’un des ouvrages les plus tétanisants que je connaisse, sur une histoire comparable à celle d’Oradour-sur-Glane, en France. Mais, étant donné qu'il est écrit à la fin "Fin du premier livre", on peut supposer que la suite (dont je ne connais pas le contenu) sera peut-être édité un jour en France. La longueur conséquente (et le prix qui va avec) de ce premier tome va sans doute rebuter de nombreux lecteurs potentiels, mais cette forme permet tout de même de garder son unité narrative...
Un ouvrage nécessaire, qui nous montre une fois de plus l’absurdité de la guerre, par l’irrationalité qu’elle engendre.
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La Résistance du sanglier
Ce genre de BD se passe de commentaires. L'auteur raconte la vie de son grand-père pendant la seconde guerre mondiale. Il le représente comme un sanglier et le titre de l'album donne l'explication pour la suite : cette histoire de résistant démontre à quel point les risques étaient importants et que la vie ne tient pas à grand chose dans ce contexte. Le dessin noir est blanc est superbe avec ses lavis grisâtres. Il apporte une ambiance très particulière et se passe régulièrement de dialogues sans que cela soit pénalisant. Au-delà de la portée historique de cette histoire, l'auteur rend un très bel hommage à son aïeul qu'il n'a jamais connu mais auquel sa grand-mère le comparait sans cesse. Il y a beaucoup de non-dits dans ce récit, le lecteur doit fournir un effort et interpréter. C'est léger à lire et pourtant dense en sens.
Le Jardin armé et autres histoires
Cette BD de David B. n'est pas la plus accessible. Elle se compose de 3 récits, le dernier étant une sorte de suite au second. Le contenu est impossible à résumer. La BD est si dense qu'on a déjà l'impression de lire des résumés. Ces histoires sont empreintes de mythologie, de religion, de mythes et d'histoire. L'imaginaire de l'auteur ne semble pas avoir de limites. L'interprétation n'est pas évidente, elle dépend un peu du vécu et des sensibilités de chacun. Cette lecture est une expérience à part qui ne conviendra pas à tout le monde. Le dessin est classique pour David B. mais son style est ici relevé grâce à la bichromie très douce. Je conseille cette BD dans un premier temps aux habitués et fans de l'auteur. Pour les autres, il est souhaitable d'apprendre à le découvrir avant de s'attaquer à ce one shot.
Massacre au pont de No Gun Ri
Massacre au pont de No Gun Ri relate en bande dessinée un fait avéré survenu pendant la guerre de Corée : la tuerie de civils coréens en fuite qui se sont réfugiés sous l'arche d'un pont pour échapper à la pluie de balles américaines. Ils vont vivre un véritable cauchemar pendant plusieurs jours, dans la peur, l'obscurité, au milieu des cadavres d'autres villageois, famille ou amis. Certains vont essayer de fuir subrepticement une fois la nuit tombée, d'autres restent terrés, d'autres encore s'insurgent contre ces tirs et ne comprennent pas, ils ne sont que de simples villageois sans arme quelconque et ne représentent pas une menace. Est-ce qu'on leur tire dessus en connaissance de cause, les sachant non armés ? On ne peut pas dire que je sois fan du dessin, il présente des traits assez laids et déformés à ces différents personnages, pauvres victimes qui n'ont rien demandé dans cette guerre. Le volume est épais, plus de 500 pages, mais elles se tournent vite, des dizaines de pages sur la tuerie donnant au lecteur une overdose d'images affreuses. Les 2 auteurs eux-mêmes coréens font à travers ce livre un devoir de mémoire d'un événement mal connu. D'ailleurs si vous lisez l'anglais (il n'y a pas d'article français), l'article du Wikipedia anglophone est une première approche pour connaître le contexte de ce fait historique. On se rend compte que des dizaines d'années après, la réalité n'est pas connue à commencer par celle du nombre de victimes et des questions demeurent sur les responsabilités de l'armée américaine. En conclusion il s'agit là d'un bon ouvrage, la fin laisse supposer une suite, je ne sais pas trop où veulent aller les auteurs car ce premier tome se lit comme un one-shot.
Monster
Au cours des deux mois qu’il m’a fallu pour fini les 18 tomes de « Monster » je suis passée par plusieurs sentiments contradictoires, j’ai littéralement dévoré certains tomes au début et à la fin, mais j’ai également ressenti de la lassitude vers le milieu de la série où j'ai trouvé certains chapitres longs et superflus (et même après avoir fini la série je les trouve encore inutiles). Certains passages semblent incongrus sur le moment, mais trouvent généralement une justification plus tard, rien ou presque n'est là par hasard. A côté de ça, j’ai parfois trouvé quelques facilités ou invraisemblances (notamment sur la crédulité de certaines personnes qui croisent la route de Johann), elles m'ont dérangée sur le coup mais je les ai soigneusement oubliées par la suite. Globalement, j'ai toujours beaucoup aimé suivre cette aventure, les 4 derniers tomes sont véritablement haletants ! Les personnages me sont devenus familiers au fil des tomes. Sympathiques ou exécrables, ils ne laissent pas indifférent. Les nombreux rôles-clés tenus par des enfants participent grandement à l'attachement que j'ai pu ressentir pour toute cette galerie de personnages. C’est avec un petit pincement au cœur que, la dernière page tournée, on quitte définitivement tout ce petit monde, je n’exclus pas de relire cette série, pour les retrouver mais aussi pour repérer les clés et détails que j’aurais pu rater en première lecture. Graphiquement, rien à redire : le dessin est d'une grande finesse, la mise en scène est très bonne, presque cinématographique avec ses petits bruits qui n'ont l'air de rien mais qui mettent vraiment le lecteur dans l'ambiance, les visages sont très expressifs, que du bonheur pour les mirettes. L’atmosphère lourde et pesante sous la pluie des tous derniers chapitres est une petite merveille. La fin me laisse quelque peu frustrée tout de même, toutes mes interrogations n'ont pas trouvé de réponse, mais elle conclut très bien la série et prouve, s'il était encore besoin de le dire, que toute cette histoire est très bien ficelée. "Franchement pas mal" malgré quelques longueurs et facilités, j’arrondis ma note à 4/5 pour la qualité graphique.
Et c'est comme ça que je me suis enrhumée
Lewis Trondheim s'est fait un nom et est connu du grand public. Etienne Lécroart démontre qu'il a également une imagination à toute épreuve et une faculté à développer des récits avec des contraintes dans la ligne droite de l'OuBaPo. Ce one shot nous offre un effet papillon multidimensionnel. (temps sur 65 M d’années, lieux, etc…) Il n'y a pas de limites tant que l'humour est présent. La BD est muette et se lit très vite malgré les 150 pages. Il y a d'excellentes trouvailles dans cette BD qui méritent d'être découvertes autrement que par un résumé. Ce travail est si original et intéressant, que j'estime dommage de passer à côté. Etienne Lécroart mériterait d'être plus connu. Cet auteur excelle dans les performances liées au 9ème art.
Pirates
J’adore les histoires de pirates, et cette série disposait donc d’un argument de choix pour me plaire. En outre, je l’ai lue sous la forme de l’intégrale au format réduit, et au prix très attractif. Ce format ne gâche pas spécialement le beau graphisme de Terpant, qui demeure agréablement lisible. Certes, j’ai confondu, à l’occasion, l’un ou l’autre personnage secondaire, mais il semble que d’autres lecteurs ont souffert du même mal quand bien même ils avaient lu la série dans son format normal. Le scénario, par contre, s’il est agréable à suivre, tombe très régulièrement dans le cliché. Rien de bien grave en soi, mais il faut bien avouer que la surprise n’est jamais au rendez-vous (et la conclusion de la série ne déroge pas à cette règle). Je trouve également que le début de la série manque de liant. Mais cet aspect disparaît assez rapidement, dès que les auteurs ont fini d’installer leur univers. La galerie de personnage, à nouveau très conventionnelle, m’a bien plu grâce à la complémentarité des trois héros principaux. Pour une fois, nous n’avons pas à faire avec le pirate parfais, à la fois maître es escrime, grand navigateur et meneur d’homme mais à trois personnages qui, en fonction des circonstances, se partagent la vedette. Les nombreux seconds rôles apportent également leur contribution au charme de la série, surtout au travers des (nombreux) rôles féminins. Une bonne série, donc, mais qui ne révolutionnera pas le genre. Un petit 4/5. Bien, tout simplement (et achat conseillé sous la forme de l'intégrale à bas prix).
Carême
Il est des œuvres de la sorte, qui ont tout pour plaire, mais qui paraissent malaimées ou pas appréciées à leur juste valeur. Niveau dessin les planches sont somptueuses, l’architecture a une place de choix dans les trois tomes avec de jolies planches aussi bien des villes de provinces que de la capitale. Les intérieurs luxueux fourmillent de jolis détails et l’on se plait à se retrouver dans un mélange architectural art déco / art nouveau. J’ai été frappé par les environnements tout au long des trois tomes. De l’auberge isolée, au village pouilleux, à la ville de province, au bateau, en passant par les métropoles européennes et américaines tout est sublime. Les couleurs même vives s’adaptent parfaitement à cette ambiance généralement riche après le tome 1 ou pauvre : on y croit, mieux on aimerait vivre dans les quartiers dessinés. Niveau scénario la série est originale : les thèmes sont l’amitié et la différence. Ça peut paraître classique, mais j’ai rarement vu le thème de l’amité traité de façon aussi fine et juste. La différence est un thème beaucoup plus abordé, ici pas de mélodrame ou de tartines de pathos, les propos sont justes, ils ne stigmatisent pas des comportements pour une leçon de morale facile sans occulter certains comportements révoltants. Evidemment le récit en profite pour aborder des sujets de société parallèles : Aimé, Martinien et Ferdinand traversent une période mouvementée avec le spectre de l’anarchisme et de la révolution, ils vivent une grave maladie, la relation à la mort est magistralement présentée, çà et là sont également présents quelques références (ou plutôt une prise de position de l’auteur) fugaces sur le monde de la BD subtilement amenées. Les trois tomes sont cohérents et forment un écrin de qualité. Un scénario subtil illustré par des dessins somptueux : même s’il n’y a guère de suspens et que le moteur du récit est plus le fil de la vie que des trépidantes courses poursuites, cette trilogie est un petit bijou. Une réédition des trois tomes dans un petit format est paru récemment, honnêtement je préfère les trois tomes en grand format qui aèrent des planches aux couleurs très fluides, le petit format a tendance à tout écraser dans un feu d’artifice de couleur qui ne permet pas de profiter de chaque détail.
Secrets - Samsara
Bonne surprise que toute cette série « Secrets » et principalement ce gros diptyque. Comme à son habitude Giroud joue parfaitement avec ses personnages : on les aime, on apprend à les détester, on les subit, bref ils ne laissent pas indifférent et sont vraiment tous bien construits : un gros plaisir. Leur caractère, leur psychologie sont vraiment finement tracés, poussés au maximum, on peut voir la fragilité de certains êtres, comprendre la folie qui s’empare des autres, vraiment il y a bon nombre de personnages et ils sont assez époustouflants. Ensuite, toujours à son habitude, notre auteur développe un côté historique vraiment plaisant qui rend d'autant plus vraisemblable son histoire. Et pour finir comme il est d’usage pour notre scénariste… un bon scénario. Celui-ci est même excellent ! Il est rempli d’aventures, de vrais secrets de famille intéressants, avec des coïncidences troublantes, qui peuvent faire penser à une malédiction... Le tout est évidemment très bien construit, intelligent, réfléchi et nous donne également, si on le souhaite, à réfléchir. Plusieurs bonnes idées pour un diptyque, c'est une chose rare et satisfaisante ! L’histoire de base ! Une femme remplie de bonnes intentions va partir pour une sorte de course au trésor et une course vers les secrets de sa famille. Tout cela pour récupérer assez d’argent pour réouvrir son école des quartiers miséreux. Un postulat simple mais vraiment efficace grâce à la maestria de son compositeur. Le dessin n’est pas en reste : cette couleur directe est vraiment des plus belles, les personnages et la nature y sont vraiment bien représentés et m’ont bien aidé à rester dans cette histoire. Un scénario mené de main de maître de bout en bout. Des dessins très beaux dessins agrémentés de couleurs directes qui ne laissent pas indifférent. Les Indes, la course au trésor, les secrets, l’atmosphère est vraiment très bonne ! Des Personnages nombreux, crédibles, intéressants, flamboyants. (17/20)
Aux heures impaires
"Aux heures impaires" est le troisième récit sur le Musée du Louvre après Période Glaciaire et Les Sous-sols du Révolu. Cette nouvelle production commune au Musée du Louvre et à Futuropolis est une commande où l'auteur doit mettre en récit ce musée. Eric Liberge réussit cet exercice comme ses prédécesseurs. Son dessin est une pure merveille de finesse et de fidélité aux œuvres mises en avant dans son histoire onirique mettant en scène un personnage principal sourd et muet. Venant pour un stage, suite à des quiproquos, il va se retrouver en charge d'un poste particulier au Musée : le poste de gardien des heures impaires. Celui-ci a en charge de soigner l'âme des objets exposés. Les planches sont extrêmement belles, je regrette seulement la colorisation trop floue par moment comparée à la précision du trait. Personnellement j'ai presque fait abstraction de l'histoire aux relents fantastiques pour m'imprégner de la beauté de la BD car il ne faut pas se méprendre : le véritable personnage principal est bien le musée avec son contenu. Il ne faut pas lire cette BD au premier degré mais bien la resituer dans le contexte partenariat auteur/musée pour en saisir la portée.
Massacre au pont de No Gun Ri
Quelle abomination ! Pour ceux qui ont eu le courage de lire le résumé, vous vous rendez compte que cet épisode de la guerre de Corée est tout à fait révoltant. En effet, non seulement l’armée américaine fait preuve d’un manque de discernement (comme toujours), mais en plus ce qu’il s’est passé est une pure boucherie. Ce manhwa est un témoignage poignant de la tragédie qui s’est déroulée dans ce petit coin de Corée du sud au début de la guerre, 5 ans seulement après la fin de l’occupation japonaise. Le dessin est naïf, mais il ne cache rien de ce qu’il s’est passé : bombardements meurtriers, brimades des fantassins, arrachages de membres et de têtes, même si ce n’est pas d’un réalisme à tout crin, la vérité est présente, et les auteurs (dont le scénariste a écrit un livre dont le manhwa est une adaptation) s’appliquent à raconter cette tragédie dans les moindres détails, de façon presque clinique, mais il est impossible de ne pas être touché par ces victimes. L’Etat américain a présenté ses excuses pour cette méprise meurtrière en… 2001, par la bouche de son président, Bill Clinton. L’album fait plus de 600 pages, et le détail des évènements se poursuit ad nauseam, mais au final on a le sentiment d’avoir, par l’intermédiaire d’un livre, été là-dessous, avec eux, pendant trois jours et trois nuits, à voir mourir nos familles, à ne pouvoir bouger sous risque de se prendre une rafale d’armes automatiques de la part de ces étrangers qui ne parlent pas un mot de coréen… Il n’y a pas de héros dans cette histoire, même si nous avons un fil conducteur avec ce père de famille qui retrouve sa femme, rescapée du massacre, après coup, et que c’est son récit et celui des autres survivants (ils furent 25 en tout, pour probablement près de 400 victimes) qui nous est livré. Deux petits regrets à la fin de ma lecture : ne pas avoir eu un petit dossier montrant le cheminement des réfugiés sur une carte du pays, ainsi que des précisions sur les suites de cette triste affaire. Petit défaut du côté des éditeurs donc. Pour le reste, c’est l’un des ouvrages les plus tétanisants que je connaisse, sur une histoire comparable à celle d’Oradour-sur-Glane, en France. Mais, étant donné qu'il est écrit à la fin "Fin du premier livre", on peut supposer que la suite (dont je ne connais pas le contenu) sera peut-être édité un jour en France. La longueur conséquente (et le prix qui va avec) de ce premier tome va sans doute rebuter de nombreux lecteurs potentiels, mais cette forme permet tout de même de garder son unité narrative... Un ouvrage nécessaire, qui nous montre une fois de plus l’absurdité de la guerre, par l’irrationalité qu’elle engendre.