Une nouvelle BD mettant en scène des sorcières, cette fois-ci entièrement réalisée par l'Australienne Sas Milledge, jusqu'ici inconnue sous nos latitudes.
Celle-ci propose une histoire qui, sans être échevelée, permet de ne jamais s'ennuyer, avec ces deux adolescentes qui partent à la recherche de l'origine de la malédiction qui pèse sur une petite communauté. Assez vite cela se transforme en quête personnelle pour Orla, qui s'était juré de ne pas revenir dans la ville où elle a grandi. Bien sûr les liens familiaux (et un brin de magie) remettent tout ça en question. C'est fluide, c'est frais, et on a beaucoup d'empathie pour Jo et Orla, dont le destin va bien sûr basculer.
Pour raconter cette histoire, Sas Milledge propose un graphisme vraiment plaisant, très lisible, dans un style semi-réaliste que je reverrai avec plaisir. Sa mise en scène est dynamique sans être tape-à-l'oeil, c'est franchement sympa.
C'est une belle découverte, à la fois graphique et narrative.
Voici un bon manga en un tome et inspiré d'une histoire vraie. Celle d'une petite fille pendant la Seconde guerre mondiale à Okinawa. Après que son père soit parti dans le village voisin, mais elle saura plus tard que c'était la dernière fois qu'elle le vit vivant, elle se retrouve avec ses 2 soeurs et son frère. Celui-ci meurt rapidement d'une balle perdue alors qu'il dormait par terre à ses côtés. Puis lors d'un mouvement de foule elle perd de vue ses 2 grandes soeurs et erre seule dans la campagne cherchant à fuir les bombardements. Les japonais qu'elle croise sont rarement compatissants voire carrément odieux pour certains militaires, sauf quand elle finit par tomber dans une sorte de grotte où vit un couple de personnes âgées, un homme-tronc et une mamie aveugle.
Le sujet est pesant, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est émouvant sans que ça tombe trop dans le larmoyant. Cette enfant a eu beaucoup de courage et de bon sens, et parfois un peu de chance, pour survivre.
Trois étoiles pour trois Jokers.
Une histoire bien ficelée qui nous donne droit à trois jokers, le criminel, le comique et le clown. Je ne suis pas assez connaisseur de l'univers Batman pour y déceler toutes les références qui pourraient s'y trouver. Par contre, j'ai apprécié l'atmosphère glauque que dégage ce comics, un récit violent qui permet d'explorer la psychologie du Batman, de Batgirl et de Red Hood avec quelques flash-back sur leurs passés. On plonge aussi dans la psyché du/des Joker(s) et sa "merveilleuse" schizophrénie avec bonheur. Une narration maîtrisée qui fait place à l'action mais surtout aux personnages et à leurs démons intérieurs.
Un récit qui ne termine pas en eau de boudin même si je n'en suis pas entièrement satisfait.
Le dessin est pas mal, très expressif et dynamique dans un style typiquement comics, pas celui que j'apprécie le plus mais diablement efficace.
Pour bien appréhender ce comics, je pense qu'il faut avoir des bases solides sur le Joker.
Une agréable lecture.
Autobiographie aux légers accents de psychanalyse d'une jeune artiste russe. Celle-ci est originaire du Grand Nord Russe, d'une petite ville portuaire au-dessus de l'Oural "dans l'obscurité glacée de la toundra" comme le dit l'autrice, où elle vit seule avec sa mère depuis sa petite enfance. Cet isolement et cette absence de lumière la majorité de l'année ont marqué son être et son esprit artistique et ont complexifié la suite de ses études l'empêchant de s'intégrer au mieux dans les plus grandes villes vers lesquelles elle partira étudier. Sans parler de ses regrets d'avoir abandonné sa mère seule sur place tout en se demandant si elle va suivre le même parcours qu'elle qui a aussi quitté sa région d'origine. C'est sur cette errance entre la recherche de ses racines et la poursuite de son désir de carrière artistique qu'elle va nous amener à partager ses pensées et souvenirs au cours de cette bande dessinée.
L'obscurité de sa ville natale, on la retrouve dans son graphisme. Les grands aplats de noir y sont très présents et couvrent la majorité des décors, au point de ressembler parfois à des dessins à la carte à gratter, effet appuyé également par les ombrages hachurés. Malgré cette noirceur parfois pesante, le graphisme se révèle élégant et agréable par son aspect sobre et légèrement naïf.
Le fond de l'histoire est intéressant, surtout pour quelqu'un désireux d'avoir un aperçu de la vie dans l'extrême Nord Russe et d'y suivre une artiste indépendante dans un pays qu'on associe davantage à son régime autocratique et à son industrie minière et énergétique. Mais le résultat final m'a paru un peu superficiel et décousu. On survole la réalité de cette vie dans ce port nordique, se contentant essentiellement du compte-rendu des échanges et émotions entre la mère et sa fille. Et quand elle entame pour de bon sa formation artistique, on la voit passer de ville en ville sans jamais donner l'impression de s'y attarder, dans un éternel doute, en recherche d'elle-même, une errance qui apparait au final assez désordonnée dans sa mise en scène. Concrètement, j'ai ressenti un manque de structure et de maîtrise du message que l'autrice voulait transmettre à ses lecteurs.
Reste donc un agréable graphisme et un sujet de fond plutôt original, mais pas une BD marquante au final.
Oser parler de l'homosexualité avec de l'humour, c'est plutôt rare et un peu casse-gueule.
C'est ce que j'ai voulu faire ici, et avec plutôt pas mal de réussite vu les avis des critiques, que ce soit les critiques BD (Actua BD, Babelio, Samba BD,Le bulleur podcast, RTBF, ...) mais également les revues gays (Garçon magazine, Frendly, Jock.life).
Cette BD ne se limite pas à parler aux couples homosexuels, mais à tout le monde, car les situations que l'on y retrouve sont communes à tous les couples, hétéros comme homos, il n'y a pas de différence. Aimer, c'est... aimer, quelque soit la constitution du couple.
L'album pose des questions simples : dans un couple homos, y en a t-il aussi un qui a les pieds froids ? Ou bien les deux ronflent-ils ? Pourquoi le vendeur de roses qui passe dans les restos ne s'arrête t-il jamais aux tables occupées par deux hommes ? Ce serait sans doute plus rentable que les tables mixtes, non ? A quoi font référence ceux qui demandent à un homo "qui fait la femme" ? Aux tâches ménagères ? Et ainsi de suite. L'idée était de faire une BD sur la vie d'un couple de même sexe, tantôt comique, tantôt ironique, souvent critique sur les préjugés et idées reçues.
Les deux personnages principaux sont Paul, dans la quarantaine (des pistes sur son âge seront données dans l'album) et Tom, plus jeune. Cette différence d'âge peut bien sûr être source de nombreux gags et malentendus. On découvrira tout au long de l'album non seulement leur vie de couple, mais également leurs relations avec les autres : amis, famille, collègues, ...
Car Paul et Tom ne vivent pas sur une île, ils interagissent avec leur environnement, et, quand ils en ont un, leur entourage professionnel.
Enfin, ces deux héros ont une vraie personnalité et que l'on en comprenne les origines. L'album aborde leur passé commun (leur première rencontre, leur premier rendez-vous, leur mariage), mais également, à l'aide d'interviews de proches, leur passé individuel.
Jacq, auteur
Guido Buzzelli est vraiment un auteur à part, dont le travail est très reconnaissable, et ne saurait laisser indifférent (j’imagine qu’il est très clivant – même si ce ne sont que de simples suppositions, car il n’y a que très peu d’avis sur ses séries).
Le recueil Zil Zelub reprend des histoires créées au début des années 1970. Je ne pense pas que ce soit celui que je recommanderais pour un lecteur découvrant cet auteur, car il est des plus déroutants. En particulier la première histoire, donnant son titre au recueil, la plus longue, qui est pleine de folie plus ou moins douce, mêlant fantastique et loufoquerie, moments de violence et de poésie. Il doit y avoir pas mal de références autobiographiques dans cette histoire. Comme souvent le personnage principal a les traits de l’auteur, et à plusieurs reprises celui-ci, dans ses rêves ou l’évocation de sa jeunesse, fait référence à Buzzelli et son histoire. Mais quel délire que cette intrigue, où nous suivons un violoncelliste dont les parties du corps (tête, jambes, bras) se détachent, deviennent autonomes – un bras se comporte d’ailleurs comme un pervers sexuel !), alors que des sortes de ptérodactyles se baladent en ville.
Les trois histoires suivantes, elles aussi empreintes de poésie et de fantastique, sont plus courtes et se laissent un peu plus facilement appréhender.
Le dessin est très classique pour cet auteur. Un Noir et Blanc rageur, nerveux, jouant sur des hachures. On a parfois l’impression que ce sont des crayonnés jetés négligemment sur le papier, mais en fait c’est assez élaboré, même si le rendu est très sec.
Un album inclassable, sans doute peu avenant – mais j’y ai trouvé mon compte (j’aime bien cet auteur de toute façon). Le principal reproche que j’aurais à lui faire, c’est d’être parfois trop bavard, certaines bulles sont bien trop denses.
A découvrir à l’occasion, on a là un auteur qui sort des sentiers battus !
Ralf König est un auteur que j’aime bien, mais d’habitude je préfère lorsqu’il fait intervenir le personnage de Paul, obsédé sympathique, véritable dynamiteur d’intrigues.
Pas de Paul ici, mais ça n’est pas grave, car c’est une lecture très agréable, sympathique, souvent amusante sans être hilarante.
Le dessin est habituel pour lui, souvent minimaliste. Mais il arrive à faire passer des émotions, des sentiments, des mimiques très drôles avec un minimum de moyens, König est d’une redoutable efficacité dans ce domaine.
Si bien sûr les personnages homosexuels occupent les principaux rôles, ils partagent dans cette série davantage de place avec des personnages hétéros – même si le personnage principal (hétéro, ce qui est rarissime chez König) se pose pas mal de question à ce propos, une rupture amoureuse l’ayant poussé à se remettre en question, et à faire quelques rencontres surprenantes.
Comme souvent avec König, on a une lecture détente agréable.
Note réelle 3,5/5.
Une plongée au cœur de la forêt vietnamienne pendant la guerre en 1965, nous suivons des soldats américains en mission de reconnaissance. Ce fait de guerre classique va vite se transformer en pénétrant sur le territoire d'un monstre local qui tue sans distinction les soldats des 2 camps.
La retranscription de l'ambiance oppressante vécue par les soldats est le point fort de cette bd, le manque de visibilité qui cause un risque permanent d'embuscade et les conditions de vie provoquées par la pluie sont superbement dessinés. La représentation détaillée de la jungle avec sa couleur dominante verte, les visages et les équipements des soldats nous transportent au cœur de cette jungle hostile en plein conflit avec réalisme.
Pour la compréhension, la fin de l'histoire est annoncée trop tôt. Il n'y a donc aucun effet de surprise, je termine ma lecture avec cette déception alors que pratiquement tout l'album l'auteur a su m'embarquer dans cette aventure.
Un bel album de la collection Signé
Même si décors et arrière-plans sont parfois sacrifiés, ça n’est pas toujours le cas, certaines planches peuvent être un peu plus détaillées. En tout cas, j’ai vraiment apprécié le dessin, qui use d’un beau Noir et Blanc, avec un trait fin, un style de crayonné jouant sur des fines hachures.
L’histoire quant à elle se laisse lire, mais j’ai trouvé qu’elle manquait de substance, malgré quelques passages intéressants. Il y a de la naïveté parfois, et des dialogues ou commentaires (beaucoup de texte en off) qui sans doute auraient pu être moins gentils, prévisibles.
L’auteur n’abuse pas du fantastique, et le dessin aéré est, comme je l’ai dit, plutôt chouette. Ça se laisse lire, mais je n’y reviendrai pas je pense.
Wishlist, c'est l'histoire d'un lycéen loser qui, alors qu'il tentait vainement de draguer la fille qu'il aime, se retrouve affublé d'un démon de compagnie prêt à exaucer tous ses vœux en échange de son âme. Sauf que, aussi sympathique soit-il, ce démon est encore plus idiot que son nouveau maître et il accumule les gaffes à chaque souhait.
Cette BD a initialement été publiée en tant que webtoon avant de paraitre en album. Cela se ressent plus ou moins dans le graphisme informatique mais pas tellement dans la mise en page qui est celle de la majorité des BD classiques. Globalement, c'est un dessin plutôt maîtrisé de style animation, avec des visages proches des cartoons, mais que ses couleurs et ses décors rares rendent un peu froid.
Mélange d'humour, de fantastique et de culture geek, l'album est structuré en chapitres d'une vingtaine de pages en moyenne qui sont autant d'étapes dans la relation entre le héros et son démon, et dans ses difficiles tentatives de séduire sa dulcinée. Le ton de l'histoire est à la déconne. Tous les protagonistes y sont tournés en dérision, plus idiots ou caricaturaux les uns que les autres.
C'est une lecture plutôt marrante malgré quelques soucis de rythme et un personnage principal un peu pénible. On est dans du divertissement qui ne se prend pas au sérieux et qui part dans toutes les directions. Il y a quelques gags qui marchent bien, d'autres moins, mais dans l'ensemble les dialogues sont plutôt bien écrits. Bref, sympa.
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La Malédiction de Mamo
Une nouvelle BD mettant en scène des sorcières, cette fois-ci entièrement réalisée par l'Australienne Sas Milledge, jusqu'ici inconnue sous nos latitudes. Celle-ci propose une histoire qui, sans être échevelée, permet de ne jamais s'ennuyer, avec ces deux adolescentes qui partent à la recherche de l'origine de la malédiction qui pèse sur une petite communauté. Assez vite cela se transforme en quête personnelle pour Orla, qui s'était juré de ne pas revenir dans la ville où elle a grandi. Bien sûr les liens familiaux (et un brin de magie) remettent tout ça en question. C'est fluide, c'est frais, et on a beaucoup d'empathie pour Jo et Orla, dont le destin va bien sûr basculer. Pour raconter cette histoire, Sas Milledge propose un graphisme vraiment plaisant, très lisible, dans un style semi-réaliste que je reverrai avec plaisir. Sa mise en scène est dynamique sans être tape-à-l'oeil, c'est franchement sympa. C'est une belle découverte, à la fois graphique et narrative.
La Fillette au drapeau blanc
Voici un bon manga en un tome et inspiré d'une histoire vraie. Celle d'une petite fille pendant la Seconde guerre mondiale à Okinawa. Après que son père soit parti dans le village voisin, mais elle saura plus tard que c'était la dernière fois qu'elle le vit vivant, elle se retrouve avec ses 2 soeurs et son frère. Celui-ci meurt rapidement d'une balle perdue alors qu'il dormait par terre à ses côtés. Puis lors d'un mouvement de foule elle perd de vue ses 2 grandes soeurs et erre seule dans la campagne cherchant à fuir les bombardements. Les japonais qu'elle croise sont rarement compatissants voire carrément odieux pour certains militaires, sauf quand elle finit par tomber dans une sorte de grotte où vit un couple de personnes âgées, un homme-tronc et une mamie aveugle. Le sujet est pesant, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est émouvant sans que ça tombe trop dans le larmoyant. Cette enfant a eu beaucoup de courage et de bon sens, et parfois un peu de chance, pour survivre.
Batman - Trois jokers
Trois étoiles pour trois Jokers. Une histoire bien ficelée qui nous donne droit à trois jokers, le criminel, le comique et le clown. Je ne suis pas assez connaisseur de l'univers Batman pour y déceler toutes les références qui pourraient s'y trouver. Par contre, j'ai apprécié l'atmosphère glauque que dégage ce comics, un récit violent qui permet d'explorer la psychologie du Batman, de Batgirl et de Red Hood avec quelques flash-back sur leurs passés. On plonge aussi dans la psyché du/des Joker(s) et sa "merveilleuse" schizophrénie avec bonheur. Une narration maîtrisée qui fait place à l'action mais surtout aux personnages et à leurs démons intérieurs. Un récit qui ne termine pas en eau de boudin même si je n'en suis pas entièrement satisfait. Le dessin est pas mal, très expressif et dynamique dans un style typiquement comics, pas celui que j'apprécie le plus mais diablement efficace. Pour bien appréhender ce comics, je pense qu'il faut avoir des bases solides sur le Joker. Une agréable lecture.
Enfant de la nuit polaire
Autobiographie aux légers accents de psychanalyse d'une jeune artiste russe. Celle-ci est originaire du Grand Nord Russe, d'une petite ville portuaire au-dessus de l'Oural "dans l'obscurité glacée de la toundra" comme le dit l'autrice, où elle vit seule avec sa mère depuis sa petite enfance. Cet isolement et cette absence de lumière la majorité de l'année ont marqué son être et son esprit artistique et ont complexifié la suite de ses études l'empêchant de s'intégrer au mieux dans les plus grandes villes vers lesquelles elle partira étudier. Sans parler de ses regrets d'avoir abandonné sa mère seule sur place tout en se demandant si elle va suivre le même parcours qu'elle qui a aussi quitté sa région d'origine. C'est sur cette errance entre la recherche de ses racines et la poursuite de son désir de carrière artistique qu'elle va nous amener à partager ses pensées et souvenirs au cours de cette bande dessinée. L'obscurité de sa ville natale, on la retrouve dans son graphisme. Les grands aplats de noir y sont très présents et couvrent la majorité des décors, au point de ressembler parfois à des dessins à la carte à gratter, effet appuyé également par les ombrages hachurés. Malgré cette noirceur parfois pesante, le graphisme se révèle élégant et agréable par son aspect sobre et légèrement naïf. Le fond de l'histoire est intéressant, surtout pour quelqu'un désireux d'avoir un aperçu de la vie dans l'extrême Nord Russe et d'y suivre une artiste indépendante dans un pays qu'on associe davantage à son régime autocratique et à son industrie minière et énergétique. Mais le résultat final m'a paru un peu superficiel et décousu. On survole la réalité de cette vie dans ce port nordique, se contentant essentiellement du compte-rendu des échanges et émotions entre la mère et sa fille. Et quand elle entame pour de bon sa formation artistique, on la voit passer de ville en ville sans jamais donner l'impression de s'y attarder, dans un éternel doute, en recherche d'elle-même, une errance qui apparait au final assez désordonnée dans sa mise en scène. Concrètement, j'ai ressenti un manque de structure et de maîtrise du message que l'autrice voulait transmettre à ses lecteurs. Reste donc un agréable graphisme et un sujet de fond plutôt original, mais pas une BD marquante au final.
Les Péripéties homologuées de Paul et Tom
Oser parler de l'homosexualité avec de l'humour, c'est plutôt rare et un peu casse-gueule. C'est ce que j'ai voulu faire ici, et avec plutôt pas mal de réussite vu les avis des critiques, que ce soit les critiques BD (Actua BD, Babelio, Samba BD,Le bulleur podcast, RTBF, ...) mais également les revues gays (Garçon magazine, Frendly, Jock.life). Cette BD ne se limite pas à parler aux couples homosexuels, mais à tout le monde, car les situations que l'on y retrouve sont communes à tous les couples, hétéros comme homos, il n'y a pas de différence. Aimer, c'est... aimer, quelque soit la constitution du couple. L'album pose des questions simples : dans un couple homos, y en a t-il aussi un qui a les pieds froids ? Ou bien les deux ronflent-ils ? Pourquoi le vendeur de roses qui passe dans les restos ne s'arrête t-il jamais aux tables occupées par deux hommes ? Ce serait sans doute plus rentable que les tables mixtes, non ? A quoi font référence ceux qui demandent à un homo "qui fait la femme" ? Aux tâches ménagères ? Et ainsi de suite. L'idée était de faire une BD sur la vie d'un couple de même sexe, tantôt comique, tantôt ironique, souvent critique sur les préjugés et idées reçues. Les deux personnages principaux sont Paul, dans la quarantaine (des pistes sur son âge seront données dans l'album) et Tom, plus jeune. Cette différence d'âge peut bien sûr être source de nombreux gags et malentendus. On découvrira tout au long de l'album non seulement leur vie de couple, mais également leurs relations avec les autres : amis, famille, collègues, ... Car Paul et Tom ne vivent pas sur une île, ils interagissent avec leur environnement, et, quand ils en ont un, leur entourage professionnel. Enfin, ces deux héros ont une vraie personnalité et que l'on en comprenne les origines. L'album aborde leur passé commun (leur première rencontre, leur premier rendez-vous, leur mariage), mais également, à l'aide d'interviews de proches, leur passé individuel. Jacq, auteur
Zil Zelub
Guido Buzzelli est vraiment un auteur à part, dont le travail est très reconnaissable, et ne saurait laisser indifférent (j’imagine qu’il est très clivant – même si ce ne sont que de simples suppositions, car il n’y a que très peu d’avis sur ses séries). Le recueil Zil Zelub reprend des histoires créées au début des années 1970. Je ne pense pas que ce soit celui que je recommanderais pour un lecteur découvrant cet auteur, car il est des plus déroutants. En particulier la première histoire, donnant son titre au recueil, la plus longue, qui est pleine de folie plus ou moins douce, mêlant fantastique et loufoquerie, moments de violence et de poésie. Il doit y avoir pas mal de références autobiographiques dans cette histoire. Comme souvent le personnage principal a les traits de l’auteur, et à plusieurs reprises celui-ci, dans ses rêves ou l’évocation de sa jeunesse, fait référence à Buzzelli et son histoire. Mais quel délire que cette intrigue, où nous suivons un violoncelliste dont les parties du corps (tête, jambes, bras) se détachent, deviennent autonomes – un bras se comporte d’ailleurs comme un pervers sexuel !), alors que des sortes de ptérodactyles se baladent en ville. Les trois histoires suivantes, elles aussi empreintes de poésie et de fantastique, sont plus courtes et se laissent un peu plus facilement appréhender. Le dessin est très classique pour cet auteur. Un Noir et Blanc rageur, nerveux, jouant sur des hachures. On a parfois l’impression que ce sont des crayonnés jetés négligemment sur le papier, mais en fait c’est assez élaboré, même si le rendu est très sec. Un album inclassable, sans doute peu avenant – mais j’y ai trouvé mon compte (j’aime bien cet auteur de toute façon). Le principal reproche que j’aurais à lui faire, c’est d’être parfois trop bavard, certaines bulles sont bien trop denses. A découvrir à l’occasion, on a là un auteur qui sort des sentiers battus !
Les Nouveaux Mecs
Ralf König est un auteur que j’aime bien, mais d’habitude je préfère lorsqu’il fait intervenir le personnage de Paul, obsédé sympathique, véritable dynamiteur d’intrigues. Pas de Paul ici, mais ça n’est pas grave, car c’est une lecture très agréable, sympathique, souvent amusante sans être hilarante. Le dessin est habituel pour lui, souvent minimaliste. Mais il arrive à faire passer des émotions, des sentiments, des mimiques très drôles avec un minimum de moyens, König est d’une redoutable efficacité dans ce domaine. Si bien sûr les personnages homosexuels occupent les principaux rôles, ils partagent dans cette série davantage de place avec des personnages hétéros – même si le personnage principal (hétéro, ce qui est rarissime chez König) se pose pas mal de question à ce propos, une rupture amoureuse l’ayant poussé à se remettre en question, et à faire quelques rencontres surprenantes. Comme souvent avec König, on a une lecture détente agréable. Note réelle 3,5/5.
Latah
Une plongée au cœur de la forêt vietnamienne pendant la guerre en 1965, nous suivons des soldats américains en mission de reconnaissance. Ce fait de guerre classique va vite se transformer en pénétrant sur le territoire d'un monstre local qui tue sans distinction les soldats des 2 camps. La retranscription de l'ambiance oppressante vécue par les soldats est le point fort de cette bd, le manque de visibilité qui cause un risque permanent d'embuscade et les conditions de vie provoquées par la pluie sont superbement dessinés. La représentation détaillée de la jungle avec sa couleur dominante verte, les visages et les équipements des soldats nous transportent au cœur de cette jungle hostile en plein conflit avec réalisme. Pour la compréhension, la fin de l'histoire est annoncée trop tôt. Il n'y a donc aucun effet de surprise, je termine ma lecture avec cette déception alors que pratiquement tout l'album l'auteur a su m'embarquer dans cette aventure. Un bel album de la collection Signé
La Belle du temple hanté
Même si décors et arrière-plans sont parfois sacrifiés, ça n’est pas toujours le cas, certaines planches peuvent être un peu plus détaillées. En tout cas, j’ai vraiment apprécié le dessin, qui use d’un beau Noir et Blanc, avec un trait fin, un style de crayonné jouant sur des fines hachures. L’histoire quant à elle se laisse lire, mais j’ai trouvé qu’elle manquait de substance, malgré quelques passages intéressants. Il y a de la naïveté parfois, et des dialogues ou commentaires (beaucoup de texte en off) qui sans doute auraient pu être moins gentils, prévisibles. L’auteur n’abuse pas du fantastique, et le dessin aéré est, comme je l’ai dit, plutôt chouette. Ça se laisse lire, mais je n’y reviendrai pas je pense.
Wishlist
Wishlist, c'est l'histoire d'un lycéen loser qui, alors qu'il tentait vainement de draguer la fille qu'il aime, se retrouve affublé d'un démon de compagnie prêt à exaucer tous ses vœux en échange de son âme. Sauf que, aussi sympathique soit-il, ce démon est encore plus idiot que son nouveau maître et il accumule les gaffes à chaque souhait. Cette BD a initialement été publiée en tant que webtoon avant de paraitre en album. Cela se ressent plus ou moins dans le graphisme informatique mais pas tellement dans la mise en page qui est celle de la majorité des BD classiques. Globalement, c'est un dessin plutôt maîtrisé de style animation, avec des visages proches des cartoons, mais que ses couleurs et ses décors rares rendent un peu froid. Mélange d'humour, de fantastique et de culture geek, l'album est structuré en chapitres d'une vingtaine de pages en moyenne qui sont autant d'étapes dans la relation entre le héros et son démon, et dans ses difficiles tentatives de séduire sa dulcinée. Le ton de l'histoire est à la déconne. Tous les protagonistes y sont tournés en dérision, plus idiots ou caricaturaux les uns que les autres. C'est une lecture plutôt marrante malgré quelques soucis de rythme et un personnage principal un peu pénible. On est dans du divertissement qui ne se prend pas au sérieux et qui part dans toutes les directions. Il y a quelques gags qui marchent bien, d'autres moins, mais dans l'ensemble les dialogues sont plutôt bien écrits. Bref, sympa.