Avis posté après lecture du premier cycle de cinq albums.
J’ai toujours une appréhension lorsque je découvre ce genre de série concept – dont Istin et Soleil sont coutumiers. La peur d’un empilement de déjà vu enrobé dans du clinquant et une surenchère de fantastique, et la peur aussi d’un délayage à coup d’une infinité de tomes.
Pour ma deuxième crainte, je ne risque plus rien, car je vais m’arrêter à ces 5 albums.
Pour la première, je ne suis qu’en partie convaincu par ma lecture.
Je ne suis généralement pas fan des changements de dessinateurs au cours d’une série. Disons qu’ici ça passe, malgré les variations, tous font le job, sans non plus être trop originaux.
Concernant l’histoire, ou plutôt les intrigues, le principe est un peu répétitif et roublard. A chaque fois c’est un vieillard qui raconte une histoire à un jeune homme, admiratif et conquis (très jeune dans le premier tome, au point que ça m’est apparu incongru qu’on raconte viols, massacres et autres joyeusetés à un gamin !) : le cinquième tome boucle la boucle, puisque le vieillard meurt et passe la main à son auditeur devenu adulte. Auditeur prénommé Homère, cela m’a un temps gêné, car cela semble se passer au Vème siècle avant J.C., alors que si Homère a existé et vécu, ce serait trois siècles auparavant : il s’agirait donc d’un autre Homère, et non pas du célèbre aède.
Répétitif, mais aussi malin, car, sous couvert de suivre quelques personnages et aventures, c’est une façon pour les auteurs de nous faire visiter la Grèce, et sa mythologie. Ça se laisse lire, mais j’en suis sorti visiblement moins enthousiaste que certains, je pense que le fait qu’il n’y ait pas de personnages récurrents, comme pour une vraie série, est plutôt dommage (c’est le revers des choix scénaristiques et de la série/collection).
C'est avec la réédition chez Delcourt de cette album (il en aura fait des maisons d'éditions dites-donc !) que je découvre cet album tranchant par bien des aspects.
Déjà au vu des commentaires précédents, on se rend bien compte qu'il ne laisse pas indifférent (vous me direz, chez Clowes, c'est un peu une marque de fabrique), ensuite de part ce regard caustique que portent nos deux jeunes protagonistes Enid et Becky sur leur environnement. La petite bourgade typique des USA est passé au crible de ces deux ados en mal de tout. Que ce soit les boutiques (tant les restos que les sex-shop) ou les gens qui y évoluent, rien ne leur échappe et devient la cible de leur sarcasmes.
Alors oui, il ne se passe pas grand chose ; on est plus sur la création d'une ambiance singulière où nos ados en pleine transition vers le monde des adultes se lâchent et dégobillent sur ce monde qui ne leur apporte et ne leur rend rien. C'est cynique, la critique de ces banlieues américaines caricaturales est acerbe et montre bien cette cruauté gratuite dont est capable l'animal "ado".
Le trait de Daniel Clowes toujours aussi marqué et ses personnages bruts de décoffrage (ne cherchez pas de pin-ups peroxydées ou botoxées) mettent plus l'accent sur la laideur où le commun et renforcent cette ambiance si particulière qui se dégage de ses productions.
2.5
Je me retrouve dans l'avis de Mac Arthur.
Il y a des qualités dans cet album : le dessin est bon, la narration est fluide, l'idée de départ est intéressante et on parle de sexualité avec pudeur sans tomber dans le voyeurisme... Il y a de quoi plaire aux fans de romans graphiques. L'ennui c'est que si c'est bien fait, j'ai trouvé que la plupart du temps c'était pas très passionnant à lire parce que je n'ai pas réussi à m'attacher à la plupart des personnages. J'écris souvent que j'ai besoin d'aimer les personnages pour bien apprécier une œuvre et selon moi c'est particulièrement le cas dans un roman graphique. C'est pas trop grave si je ne m'attache pas aux personnages dans un récit d'aventure ou de polar du moment que l'intrigue est bien faite, mais ça passe moins bien lorsque le récit est centré sur les émotions de personnages qui me laissent indifférent.
Il y a juste le gamin de 8 ans qui découvre sa sexualité qui m'a semblé un peu attachant et dont l'intrigue m'a un peu intéressé. Il faut dire que c'est le personnage le plus développé de l'album. Il y aussi des intrigues sur les relations amoureuses difficiles de sa grande sœur et de ses parents (enfin surtout la mère vu que le père est absent la plupart du temps), mais c'est tellement peu développé qu'au final ce sont des sous-intrigues secondaires alors que je pense qu'on aurait du mettre sur le même plan les trois intrigues pour mieux développer les personnages ou alors juste faire l'intrigue autour du gamin qui est clairement le personnage principal de l'album.
Ça se laisse lire, mais je ne recommanderais pas cet album sauf aux gros fans du genre.
La vie de Socrate est un mystère presque total. On sait qu'il a vécu à Athènes au 5me siècle avant JC, qu'il a eu une femme, des enfants, qu'il dispensait son enseignement sans se faire payer, et qu'il fut condamné à mort pour avoir corrompu la jeunesse et pour avoir introduit des nouveaux dieux dans la Cité. Mais on ne sait à peu près rien du reste. Mais son influence fut immense, et son histoire est sujet à nombre de fantasmes.
Fasciné par le personnage, le philosophe Olivier Pourriol décide de consulter toutes les sources disponibles et de raconter son histoire, à sa façon. En bouchant les trous. Cette version fantasmée est assumée, revendiquée par le scénariste. Ce qui lui permet de créer une figure dont les actes sont en accord total avec sa pensée. Et quoi de mieux pour parler de quelqu'un que de rassembler ses amis (ou ennemis intimes) en son absence ? Des personnages dont on ne parle quasiment jamais. C'est le stratagème qui nous permet de découvrir en creux qui était Socrate. C'est plutôt intéressant, surtout avec l'interaction entre les différentes personnalités qui entouraient Socrate. Il y a également l'évocation de plusieurs épisodes du passé, comme cette bataille où le futur sophiste prend conscience qu'il aime se battre, et que ça le dégoûte. A partir de là, il va décider qu'il vaut mieux subir l'injustice que la commettre. Ce qui va en faire une victime, enfin plein d'ennemis en cherchant la justice à la moindre occasion. Et causer sa perte.
L'occasion donc, pour Olivier Pourriol, de battre quelques clichés en brèche : Socrate, par exemple, n'était pas si pauvre ; il a une belle maison, une tenue de hoplite correcte. Il est mort du fait de son choix d'être libre : il dispensait son enseignement aux interlocuteurs qu'il choisissait. Pour mettre tout ça en images, le scénariste s'est adjoint les services d'Eric Stalner, à l'aise dans de nombreuses époques, avec lequel il s'est longuement documenté sur els décors, les costumes, les coutumes de la Grèce antique. On sent qu'il y a un souci de véracité dans son dessin ; je suis moins convaincu par sa mise en couleurs, que je trouve étouffante, oppressante. Les ambiances déteignent sur les visages, c'est un peu étrange.
Le résultat est un album plaisant, permettant d'en savoir un peu plus sur une époque particulière, d'imaginer ce qu'aurait pu être Socrate à travers le regard de son entourage, et même de son fils.
Je poste mon avis après avoir lu le premier triptyque, et le one-shot qui l’a suivi.
C’est une série sympathique, qui se laisse lire agréablement, c’est très rythmé (en tout cas il y a pas mal de castagne !), mais je ne l’ai pas trouvée aussi extraordinaire que la majorité des lecteurs précédents, je me contenterai de trois étoiles.
Si l’intrigue est rythmée, elle est aussi assez classique sur le premier triptyque. J’ai bien aimé le rendu de certains quartiers de Barcelone, la colorisation (qui manque de nuance hélas, mais qui est agréable), mais moins certains visages, certains corps bodybuildés, à croire que Barcelone est remplie d’armoires à glace. Les nombreuses (trop nombreuses !) scène de castagnes sont bordéliques.
Mais ça se laisse lire.
Concernant le one-shot suivant, si la colorisation est toujours aussi agréable (même si pas assez nuancée à mon goût), j’ai trouvé le dessin meilleur.
Par contre c’est un peu plus mollasson, l’action met du temps à démarrer (il y a donc moins de violence, même si ça se déchaine vers la fin).
Au final, une série polar inégale, avec des qualités, mais aussi des défauts. Les scènes de baston s’étirent trop et son mal rendues, et il y a quelques facilités un peu grossières, Jazz arrivant à mains nues à dézinguer une dizaine de gros bras surarmés (et lorsqu’il a un flingue, il en descend des douzaines, avec quelques égratignures quand même…).
Une lecture d’emprunt, mais ne m’a pas marqué plus que ça.
J’ai beaucoup aimé la première moitié de cet album, et le concept de l’histoire : Will prend l’ascenseur pour aller venger la mort de son frère, et à chaque étage une nouvelle personne se joint à lui… une personne morte. Hallucinations ? Rêve ? Fantômes ? On n’en sait rien, mais j’ai trouvé le procédé narratif habile, puisque chaque apparition apporte des nouvelles pièces au puzzle de l’intrigue.
Et puis je trouve que le soufflé retombe un peu. Ça devient répétitif, et le dénouement ne m’a pas du tout satisfait. Je ne suis pas forcément contre les fins ouvertes qui donnent libre cours à l’imagination du lecteur, mais dans le cas précis, je suis resté sur ma faim.
Je ne connais pas le roman original, mais la mise en image de Danica Novgorodoff est réussie, avec des couleurs aquarelles du plus bel effet.
Un bon moment de lecture, sans plus.
Sur un sujet sensible, Lucie Albrecht évite de surjouer le pathos, et la mièvrerie qui guettait est aussi absente.
Nous suivons deux sœurs (et leur père), alors qu’en arrière-plan – mais quand même très présente – leur mère/femme est en phase terminale du cancer, et décède même. « Sylvain » est le nom donné par Charlotte, la plus jeune fille, au cancer de sa mère. Collégienne, elle est confrontée aux questions de l’adolescence (premières règles, premier « flirt »), en plus des angoisses et bouleversements entrainés par la maladie de sa mère.
Mais c’est une fille vivante et forte, qui tient une chaine youtube, et qui ne se laisse pas abattre. Sa sœur Romane, un peu plus âgée est, elle aussi, en plein « tournant » dans sa vie (études et amours), et les deux sœurs sont très proches. Le père est lui plus en retrait dans cette histoire.
L’album est vite lu, car il n’y a pas beaucoup de texte. Mais c’est une lecture fluide, agréable.
Le dessin ressemble à celui de Chloé Wary. Pas forcément mon truc, mais il passe finalement bien.
Les sujets abordés, l’âge des protagonistes principales et le ton employé font que les jeunes adolescent(e)s sont sans doute le cœur de cible – ça peut tout à fait être acheté pour un CDI de collège. Mais des adultes peuvent aussi y trouver leur compte.
J'aime beaucoup cette BD, elle m'a rappelé un peu Galipettes de Pertuzé par son côté paillard dans tous les coins, mais avec une touche de fantasy qui est assez plaisante à lire !
Disons-le tout net, ça ne vole pas très haut, en tout cas en-dessous de la ceinture. Mais je dois reconnaitre l'ingéniosité des auteurs pour nous sortir toutes les situations les plus absurdes qui ne feront toutes que parler de la même chose. Là où j'adore l'idée, c'est qu'elle tourne autour d'un ingénu qui ne comprend jamais rien à la situation. Chaque situation sera l'occasion pour le personnage de découvrir le monde des Ghlomes (et surtout des Ghlomettes) mais à l'envers, puisqu'aucune allusion sexuelle n'arrive au cerveau de ce brave jeune homme complètement à côté de la plaque.
Je n'ai pour l'instant que les deux premiers tomes, assez difficiles à trouver en occasion d'ailleurs, mais j'ai bien envie de lire la suite si je la trouve en occasion pas trop chère dans les prochains temps. Cela dit, vu le prix sur Internet, je ne suis pas prêt de les avoir. Mais j'apprécierais de les lire au détour d'une bibliothèque. Je reste fripon sur les bords, ça ne peut que me plaire !
Je ne suis pas un grand fan de Tardi, mais Jeux pour mourir reste une bonne pioche dans ses nombreux albums.
En fait ce que j’ai surtout apprécié et qui ne m’a pas fait décrocher comme dans d’autres de ses œuvres, c’est la période et la couleur. Je suis tout de suite rentré dans l’histoire avec cette bande de gamins qui zonent, le contexte est bien rendu, quelques jours d’été dans la banlieue des années 50. Du polar classique mais agréable à suivre et sous un soleil de plomb, ça monte doucement façon cocotte minute.
Je regrette juste une narration peu folichonne avec ce manque de cases par page surtout pour le format ?!
Malgré ça, une adaptation réussie d’un roman au titre bien choisi.
Mon avis sera assez proche de celui de roedlingen, un premier tome enchanteur pour un deuxième sympa mais malheureusement trop en deçà. Ça ternit un peu le ressenti final.
Niveau contexte, j’ai aimé me perdre dans ce petit monde arabisant, nous allons découvrir quelques histoires méconnues des milles et une nuit. Il ne faut pas être allergique aux contes et j’ai apprécié le côté tiroir, le conte dans le conte de l’histoire etc… il y’a plusieurs niveaux, narrateurs. Sans être transcendant c’est dépaysant et agréable.
Au dessin, David B possède un trait qui convient parfaitement à l’univers, homogène mais quelques ombres m’empêchent de m’enthousiasmer complètement (alors que c’est très bon). J’ai trouvé le 1er tome somptueux, rempli de trouvailles et inspiré dans la mise en page. Le 2eme m’a paradoxalement bien déçu sur ce point, à quelques exceptions j’ai trouvé la narration bien fade, trop classique et peu d’envolées graphiques, du coup le trait m’a paru un peu maladroit parfois, moins lisse dans certains contours, il y a quelques cases qui m’ont semblé comme trop agrandi.
Bref à mes yeux c’est un beau cran en dessous niveau réalisation, l’œuvre y a perdu du charme et une étoile, mais ça reste plus que pas mal.
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Avis posté après lecture du premier cycle de cinq albums. J’ai toujours une appréhension lorsque je découvre ce genre de série concept – dont Istin et Soleil sont coutumiers. La peur d’un empilement de déjà vu enrobé dans du clinquant et une surenchère de fantastique, et la peur aussi d’un délayage à coup d’une infinité de tomes. Pour ma deuxième crainte, je ne risque plus rien, car je vais m’arrêter à ces 5 albums. Pour la première, je ne suis qu’en partie convaincu par ma lecture. Je ne suis généralement pas fan des changements de dessinateurs au cours d’une série. Disons qu’ici ça passe, malgré les variations, tous font le job, sans non plus être trop originaux. Concernant l’histoire, ou plutôt les intrigues, le principe est un peu répétitif et roublard. A chaque fois c’est un vieillard qui raconte une histoire à un jeune homme, admiratif et conquis (très jeune dans le premier tome, au point que ça m’est apparu incongru qu’on raconte viols, massacres et autres joyeusetés à un gamin !) : le cinquième tome boucle la boucle, puisque le vieillard meurt et passe la main à son auditeur devenu adulte. Auditeur prénommé Homère, cela m’a un temps gêné, car cela semble se passer au Vème siècle avant J.C., alors que si Homère a existé et vécu, ce serait trois siècles auparavant : il s’agirait donc d’un autre Homère, et non pas du célèbre aède. Répétitif, mais aussi malin, car, sous couvert de suivre quelques personnages et aventures, c’est une façon pour les auteurs de nous faire visiter la Grèce, et sa mythologie. Ça se laisse lire, mais j’en suis sorti visiblement moins enthousiaste que certains, je pense que le fait qu’il n’y ait pas de personnages récurrents, comme pour une vraie série, est plutôt dommage (c’est le revers des choix scénaristiques et de la série/collection).
Ghost World
C'est avec la réédition chez Delcourt de cette album (il en aura fait des maisons d'éditions dites-donc !) que je découvre cet album tranchant par bien des aspects. Déjà au vu des commentaires précédents, on se rend bien compte qu'il ne laisse pas indifférent (vous me direz, chez Clowes, c'est un peu une marque de fabrique), ensuite de part ce regard caustique que portent nos deux jeunes protagonistes Enid et Becky sur leur environnement. La petite bourgade typique des USA est passé au crible de ces deux ados en mal de tout. Que ce soit les boutiques (tant les restos que les sex-shop) ou les gens qui y évoluent, rien ne leur échappe et devient la cible de leur sarcasmes. Alors oui, il ne se passe pas grand chose ; on est plus sur la création d'une ambiance singulière où nos ados en pleine transition vers le monde des adultes se lâchent et dégobillent sur ce monde qui ne leur apporte et ne leur rend rien. C'est cynique, la critique de ces banlieues américaines caricaturales est acerbe et montre bien cette cruauté gratuite dont est capable l'animal "ado". Le trait de Daniel Clowes toujours aussi marqué et ses personnages bruts de décoffrage (ne cherchez pas de pin-ups peroxydées ou botoxées) mettent plus l'accent sur la laideur où le commun et renforcent cette ambiance si particulière qui se dégage de ses productions.
Toutes les princesses meurent après minuit
2.5 Je me retrouve dans l'avis de Mac Arthur. Il y a des qualités dans cet album : le dessin est bon, la narration est fluide, l'idée de départ est intéressante et on parle de sexualité avec pudeur sans tomber dans le voyeurisme... Il y a de quoi plaire aux fans de romans graphiques. L'ennui c'est que si c'est bien fait, j'ai trouvé que la plupart du temps c'était pas très passionnant à lire parce que je n'ai pas réussi à m'attacher à la plupart des personnages. J'écris souvent que j'ai besoin d'aimer les personnages pour bien apprécier une œuvre et selon moi c'est particulièrement le cas dans un roman graphique. C'est pas trop grave si je ne m'attache pas aux personnages dans un récit d'aventure ou de polar du moment que l'intrigue est bien faite, mais ça passe moins bien lorsque le récit est centré sur les émotions de personnages qui me laissent indifférent. Il y a juste le gamin de 8 ans qui découvre sa sexualité qui m'a semblé un peu attachant et dont l'intrigue m'a un peu intéressé. Il faut dire que c'est le personnage le plus développé de l'album. Il y aussi des intrigues sur les relations amoureuses difficiles de sa grande sœur et de ses parents (enfin surtout la mère vu que le père est absent la plupart du temps), mais c'est tellement peu développé qu'au final ce sont des sous-intrigues secondaires alors que je pense qu'on aurait du mettre sur le même plan les trois intrigues pour mieux développer les personnages ou alors juste faire l'intrigue autour du gamin qui est clairement le personnage principal de l'album. Ça se laisse lire, mais je ne recommanderais pas cet album sauf aux gros fans du genre.
La Vérité sur Socrate
La vie de Socrate est un mystère presque total. On sait qu'il a vécu à Athènes au 5me siècle avant JC, qu'il a eu une femme, des enfants, qu'il dispensait son enseignement sans se faire payer, et qu'il fut condamné à mort pour avoir corrompu la jeunesse et pour avoir introduit des nouveaux dieux dans la Cité. Mais on ne sait à peu près rien du reste. Mais son influence fut immense, et son histoire est sujet à nombre de fantasmes. Fasciné par le personnage, le philosophe Olivier Pourriol décide de consulter toutes les sources disponibles et de raconter son histoire, à sa façon. En bouchant les trous. Cette version fantasmée est assumée, revendiquée par le scénariste. Ce qui lui permet de créer une figure dont les actes sont en accord total avec sa pensée. Et quoi de mieux pour parler de quelqu'un que de rassembler ses amis (ou ennemis intimes) en son absence ? Des personnages dont on ne parle quasiment jamais. C'est le stratagème qui nous permet de découvrir en creux qui était Socrate. C'est plutôt intéressant, surtout avec l'interaction entre les différentes personnalités qui entouraient Socrate. Il y a également l'évocation de plusieurs épisodes du passé, comme cette bataille où le futur sophiste prend conscience qu'il aime se battre, et que ça le dégoûte. A partir de là, il va décider qu'il vaut mieux subir l'injustice que la commettre. Ce qui va en faire une victime, enfin plein d'ennemis en cherchant la justice à la moindre occasion. Et causer sa perte. L'occasion donc, pour Olivier Pourriol, de battre quelques clichés en brèche : Socrate, par exemple, n'était pas si pauvre ; il a une belle maison, une tenue de hoplite correcte. Il est mort du fait de son choix d'être libre : il dispensait son enseignement aux interlocuteurs qu'il choisissait. Pour mettre tout ça en images, le scénariste s'est adjoint les services d'Eric Stalner, à l'aise dans de nombreuses époques, avec lequel il s'est longuement documenté sur els décors, les costumes, les coutumes de la Grèce antique. On sent qu'il y a un souci de véracité dans son dessin ; je suis moins convaincu par sa mise en couleurs, que je trouve étouffante, oppressante. Les ambiances déteignent sur les visages, c'est un peu étrange. Le résultat est un album plaisant, permettant d'en savoir un peu plus sur une époque particulière, d'imaginer ce qu'aurait pu être Socrate à travers le regard de son entourage, et même de son fils.
Jazz Maynard
Je poste mon avis après avoir lu le premier triptyque, et le one-shot qui l’a suivi. C’est une série sympathique, qui se laisse lire agréablement, c’est très rythmé (en tout cas il y a pas mal de castagne !), mais je ne l’ai pas trouvée aussi extraordinaire que la majorité des lecteurs précédents, je me contenterai de trois étoiles. Si l’intrigue est rythmée, elle est aussi assez classique sur le premier triptyque. J’ai bien aimé le rendu de certains quartiers de Barcelone, la colorisation (qui manque de nuance hélas, mais qui est agréable), mais moins certains visages, certains corps bodybuildés, à croire que Barcelone est remplie d’armoires à glace. Les nombreuses (trop nombreuses !) scène de castagnes sont bordéliques. Mais ça se laisse lire. Concernant le one-shot suivant, si la colorisation est toujours aussi agréable (même si pas assez nuancée à mon goût), j’ai trouvé le dessin meilleur. Par contre c’est un peu plus mollasson, l’action met du temps à démarrer (il y a donc moins de violence, même si ça se déchaine vers la fin). Au final, une série polar inégale, avec des qualités, mais aussi des défauts. Les scènes de baston s’étirent trop et son mal rendues, et il y a quelques facilités un peu grossières, Jazz arrivant à mains nues à dézinguer une dizaine de gros bras surarmés (et lorsqu’il a un flingue, il en descend des douzaines, avec quelques égratignures quand même…). Une lecture d’emprunt, mais ne m’a pas marqué plus que ça.
Long way down
J’ai beaucoup aimé la première moitié de cet album, et le concept de l’histoire : Will prend l’ascenseur pour aller venger la mort de son frère, et à chaque étage une nouvelle personne se joint à lui… une personne morte. Hallucinations ? Rêve ? Fantômes ? On n’en sait rien, mais j’ai trouvé le procédé narratif habile, puisque chaque apparition apporte des nouvelles pièces au puzzle de l’intrigue. Et puis je trouve que le soufflé retombe un peu. Ça devient répétitif, et le dénouement ne m’a pas du tout satisfait. Je ne suis pas forcément contre les fins ouvertes qui donnent libre cours à l’imagination du lecteur, mais dans le cas précis, je suis resté sur ma faim. Je ne connais pas le roman original, mais la mise en image de Danica Novgorodoff est réussie, avec des couleurs aquarelles du plus bel effet. Un bon moment de lecture, sans plus.
Sylvain
Sur un sujet sensible, Lucie Albrecht évite de surjouer le pathos, et la mièvrerie qui guettait est aussi absente. Nous suivons deux sœurs (et leur père), alors qu’en arrière-plan – mais quand même très présente – leur mère/femme est en phase terminale du cancer, et décède même. « Sylvain » est le nom donné par Charlotte, la plus jeune fille, au cancer de sa mère. Collégienne, elle est confrontée aux questions de l’adolescence (premières règles, premier « flirt »), en plus des angoisses et bouleversements entrainés par la maladie de sa mère. Mais c’est une fille vivante et forte, qui tient une chaine youtube, et qui ne se laisse pas abattre. Sa sœur Romane, un peu plus âgée est, elle aussi, en plein « tournant » dans sa vie (études et amours), et les deux sœurs sont très proches. Le père est lui plus en retrait dans cette histoire. L’album est vite lu, car il n’y a pas beaucoup de texte. Mais c’est une lecture fluide, agréable. Le dessin ressemble à celui de Chloé Wary. Pas forcément mon truc, mais il passe finalement bien. Les sujets abordés, l’âge des protagonistes principales et le ton employé font que les jeunes adolescent(e)s sont sans doute le cœur de cible – ça peut tout à fait être acheté pour un CDI de collège. Mais des adultes peuvent aussi y trouver leur compte.
Chroniques du temps de la vallée des Ghlomes
J'aime beaucoup cette BD, elle m'a rappelé un peu Galipettes de Pertuzé par son côté paillard dans tous les coins, mais avec une touche de fantasy qui est assez plaisante à lire ! Disons-le tout net, ça ne vole pas très haut, en tout cas en-dessous de la ceinture. Mais je dois reconnaitre l'ingéniosité des auteurs pour nous sortir toutes les situations les plus absurdes qui ne feront toutes que parler de la même chose. Là où j'adore l'idée, c'est qu'elle tourne autour d'un ingénu qui ne comprend jamais rien à la situation. Chaque situation sera l'occasion pour le personnage de découvrir le monde des Ghlomes (et surtout des Ghlomettes) mais à l'envers, puisqu'aucune allusion sexuelle n'arrive au cerveau de ce brave jeune homme complètement à côté de la plaque. Je n'ai pour l'instant que les deux premiers tomes, assez difficiles à trouver en occasion d'ailleurs, mais j'ai bien envie de lire la suite si je la trouve en occasion pas trop chère dans les prochains temps. Cela dit, vu le prix sur Internet, je ne suis pas prêt de les avoir. Mais j'apprécierais de les lire au détour d'une bibliothèque. Je reste fripon sur les bords, ça ne peut que me plaire !
Jeux pour mourir
Je ne suis pas un grand fan de Tardi, mais Jeux pour mourir reste une bonne pioche dans ses nombreux albums. En fait ce que j’ai surtout apprécié et qui ne m’a pas fait décrocher comme dans d’autres de ses œuvres, c’est la période et la couleur. Je suis tout de suite rentré dans l’histoire avec cette bande de gamins qui zonent, le contexte est bien rendu, quelques jours d’été dans la banlieue des années 50. Du polar classique mais agréable à suivre et sous un soleil de plomb, ça monte doucement façon cocotte minute. Je regrette juste une narration peu folichonne avec ce manque de cases par page surtout pour le format ?! Malgré ça, une adaptation réussie d’un roman au titre bien choisi.
Hâsib et la reine des serpents
Mon avis sera assez proche de celui de roedlingen, un premier tome enchanteur pour un deuxième sympa mais malheureusement trop en deçà. Ça ternit un peu le ressenti final. Niveau contexte, j’ai aimé me perdre dans ce petit monde arabisant, nous allons découvrir quelques histoires méconnues des milles et une nuit. Il ne faut pas être allergique aux contes et j’ai apprécié le côté tiroir, le conte dans le conte de l’histoire etc… il y’a plusieurs niveaux, narrateurs. Sans être transcendant c’est dépaysant et agréable. Au dessin, David B possède un trait qui convient parfaitement à l’univers, homogène mais quelques ombres m’empêchent de m’enthousiasmer complètement (alors que c’est très bon). J’ai trouvé le 1er tome somptueux, rempli de trouvailles et inspiré dans la mise en page. Le 2eme m’a paradoxalement bien déçu sur ce point, à quelques exceptions j’ai trouvé la narration bien fade, trop classique et peu d’envolées graphiques, du coup le trait m’a paru un peu maladroit parfois, moins lisse dans certains contours, il y a quelques cases qui m’ont semblé comme trop agrandi. Bref à mes yeux c’est un beau cran en dessous niveau réalisation, l’œuvre y a perdu du charme et une étoile, mais ça reste plus que pas mal.